Définition de PRENDRE
Prononciation : pren-dr'
DÉFINITIONS
1
Saisir, mettre en sa main.Prends ta foudre, Louis, et va....
de François de MALHERBE dans II, 12
Il vit son éléphant couché sur l'autre rive ; Il le prend, il l'emporte, au haut du mont arrive
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. x, 14
Célimène : Puis-je empêcher les gens de me trouver aimable ?... Dois-je prendre un bâton pour les mettre dehors ? - Alceste : Non, ce n'est pas, madame, un bâton qu'il faut prendre, Mais un coeur à leurs voeux moins facile et moins tendre
Je sais que, quand j'aurai dans l'esprit de prendre une chose plutôt qu'une autre, la situation de cette chose me fera diriger de son côté le mouvement de ma main
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lib. arb. 2
Elle vit avec étonnement que Dieu.... alla prendre comme par la main le roi son fils pour le conduire à son trône
Il le prend par la main, le fait descendre avec lui
de Jean de LA BRUYÈRE dans XI
On a inventé aux tables une grande cuiller pour la commodité du service : il la prend, la plonge dans le plat
de Jean de LA BRUYÈRE dans ib.
Télémaque, qui était abattu et inconsolable, oublie sa douleur ; il prend ses armes, don précieux de la sage Minerve
Cent écus par jour sont bons à prendre, monsieur mon frère
de Florent Carton, sieur d'Ancourt, dit DANCOURT dans Déroute du pharaon, II, 3
Il arriva qu'à l'oraison funèbre du maréchal de Guébriant, prononcée à Notre-Dame, les présidents des enquêtes prirent par le bras le vieux doyen Savare et l'arrachèrent de sa place
Prendre les armes, s'armer, soit pour combattre, soit simplement pour rendre des honneurs.
Et, sans jeter d'alarmes, à tous mes Tyriens faites prendre les armes
de Jean RACINE dans Athal. II, 6
Prendre quelqu'un aux cheveux, le saisir par les cheveux.
Sémantique : Fig. Prendre l'occasion aux cheveux, saisir l'occasion, en profiter.
On ne sait par où le prendre pour ne pas le faire crier, se dit d'un malade dont le corps est si douloureux qu'on ne peut le remuer sans lui causer de vives souffrances.
Sémantique : Fig. On ne sait par où le prendre, se dit d'un homme très susceptible ou insensible à tout.
Au jeu de paume, prendre la balle de volée, à la volée, au bond, la jouer de volée, la jouer au bond.
Sémantique : Fig. Prendre la balle au bond, saisir vivement et à propos une occasion.
Sémantique : Fig. Prendre le tison par où il brûle, prendre une affaire par le côté le plus difficile. Sémantique : Fig. Prendre la mouche, prendre la chèvre, se fâcher tout à coup et pour un sujet qui n'en vaut pas la peine.
On vient civilement pour s'éclaircir d'un doute, Et monsieur prend la chèvre, il met tout en déroute....
Prendre la clef, mettre en sa poche la clef qui ouvre un appartement. Il a pris la clef, je ne puis rentrer.
Sémantique : Fig. Prendre la clef des champs, s'évader, s'échapper.
Prendre une chose à pleine main, en prendre à poignée autant que la main peut en tenir.
Sémantique : Fig. Prendre une affaire en main, la diriger.
Tous les magistrats sont intéressés à prendre cette affaire en main
Si vous ne prenez pas cette affaire [faire jouer une tragédie de Voltaire] avec vivacité, avec emportement, avec rage, je suis perdu
Prendre en main les intérêts, le droit de quelqu'un, soutenir ses intérêts, ses droits.
Mais souvent sur ses vers un auteur intraitable à les protéger tous se croit intéressé, Et d'abord prend en main le droit de l'offensé
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. I
Dans le style soutenu, prendre en main le timon des affaires, les rênes de l'État, etc. gouverner les affaires publiques.
2
Saisir une chose non avec la main, mais avec quelque instrument ou de toute autre manière. Prendre du feu sur une pelle.Prendre la lune avec les dents, voy. LUNE.
Il est à prendre, ou il n'est pas à prendre avec des pincettes, se dit de quelqu'un, de quelque chose extrêmement sale.
3
Il se dit des animaux qui saisissent avec leur gueule, leurs pattes, leurs griffes, etc. Le perroquet prend avec sa patte ce qu'on lui donne.Prendre le mors aux dents, voy. MORS.
4
En parlant de vêtements, mettre sur soi. Vous avez pris aujourd'hui un habit bien léger.Prendre le deuil, s'habiller de noir à l'occasion de la mort d'une personne.
J'ai su sa mort à Rome, ou j'en ai pris le deuil
de Pierre CORNEILLE dans Suite du Ment. I, 1
Elle dit que tout est son parent en France ; dès qu'il meurt quelque grand, elle prend le deuil
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 216
Il était mon cousin ; la cour prendra le deuil
de Casimir DELAVIGNE dans Louis XI, III, 13
Prendre l'habit de religieux, ou, simplement, prendre l'habit, entrer en religion.
Prendre le voile, se faire religieuse.
Sémantique : Familièrement. Prendre le froc, se faire moine.
Prendre le petit collet, entrer dans l'ordre ecclésiastique.
Prendre la cuirasse, embrasser la profession des armes.
Prendre le bonnet, se faire recevoir docteur.
Prendre la haire, embrasser une vie pénitente.
Il prit, laissa, reprit la cuirasse et la haire
Prendre la livrée, se faire laquais.
Prendre la perruque, ou prendre perruque, commencer à porter perruque.
5
Emporter avec soi certaines choses par besoin ou par précaution. Prendre un parapluie, une lanterne. Prendre sa canne. son mouchoir, sa tabatière.6
Emporter en cachette ou de force, ôter à quelqu'un ce qu'il a. On lui a pris une vache dans son pré.Prenez tout, s'il se peut ; ne soyez jamais prise
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. XII
On a traité mon maître avec moins de rigueur, On n'a pris que sa bourse, et tu prends jusqu'au coeur
de Pierre CORNEILLE dans Suite du Ment. I, 2
Il m'a pris le ruban que vous m'aviez donné
Harpagon : Allons, rends-le-moi sans te fouiller. - La Flèche : Quoi ? - Harpagon : Ce que tu m'as pris. - La Flèche : Je ne vous ai rien pris du tout
Je veux que tu me dises des nouvelles de l'argent qu'on m'a pris. - On vous a pris de l'argent ?
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans ib. V, 2
Nature : Absolument.
Figaro : J'étais né pour être courtisan. - Suzanne : On dit que c'est un métier si difficile. - Figaro : Recevoir, prendre et demander, voilà le secret en trois mots
Absolument et en un sens particulier. Faire des profits illicites.
Il [le chancelier Séguier] était aussi riche en entrant à la cour, qu'il l'était en mourant ; il est vrai qu'il a établi sa famille ; mais, si l'on prenait chez lui, ce n'était pas lui
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 3 févr. 1672
Prendre un baiser, se dit d'un baiser ravi à une femme sans qu'elle le veuille.
Cet objet.... Me fit prendre un baiser sur votre belle bouche ; Mais las ! ce fut plutôt le baiser qui me prit
de Vincent VOITURE dans Poés. Oeuv. t. II, p. 90
Prendre la maîtresse de quelqu'un, le supplanter près de sa maîtresse.
Ah ! s'il vous a pris votre maîtresse, repartit Freind, c'est une autre chose ; il ne faut jamais prendre le bien d'autrui
Sémantique : Poétiquement, prendre les jours, la vie, disposer de la vie de quelqu'un, le faire mourir.
Avec ma liberté, que vous m'avez ravie, Si vous le souhaitez, prenez encor ma vie
de Jean RACINE dans Brit. IV, 2
Il me devait tes jours ; je rougis de les prendre En frappant un captif qui ne peut se défendre
de Casimir DELAVIGNE dans Fille du Cid, III, 6
Sémantique : Fig. Il en prendrait sur l'autel, sur le maître autel, c'est-à-dire il prend hardiment tout ce qu'il peut et partout où il peut.
Prendre se dit aussi des animaux. Le chat a pris le fromage. Le renard m'a pris trois poules.
7
Se saisir, s'emparer d'une personne. Il voulait résister, on l'a pris de force.Nous n'avons pu prendre le jeune homme, parce qu'il était plus fort que nous, et qu'ayant ouvert la porte il s'est sauvé
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Daniel, XIII, 39
Prendre au corps, arrêter prisonnier.
Prendre de force ou par force une femme, attenter à son honneur.
Il se dit aussi des choses que l'on saisit, dont on s'empare. Il a pris le sabre de son ennemi.
De mon trône en son âme elle prend la moitié
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. I, 2
Prendre son bien où on le trouve, mettre ia main sur ce qui est à soi, en quelque endroit qu'on le rencontre.
La même réponse que faisait Molière à ceux qui lui reprochaient d'avoir pris une scène entière à Cyrano de Bergerac : cette scène m'appartient, puisqu'elle est bonne, et je prends mon bien où je le trouve
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Éloges, Despréaux.
8
Prendre se dit de levées d'hommes qui se font. L'empereur Napoléon prenait tous les jeunes gens de chaque conscription.Il prendra vos enfants pour conduire ses chariots, il s'en fera des gens de cheval, et il les fera courir devant son char
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Rois, I, VIII, 11
9
Prendre se dit de Dieu qui fait disparaître un être humain par la mort.Quoi ! c'est mon fils ! - Le vôtre : Dieu vous en a pris un, il vous en rend un autre
de Casimir DELAVIGNE dans Fille du Cid, I, 9
10
Arrêter pour emprisonner.Aussitôt le roi ordonna en secret à Hégésippe de prendre Protésilas et Timocrate, de les conduire en sûreté dans l'île de Samos, et de les y laisser
J'ouvre la bouche et dis : je voudrais, s'il vous plaisait, ne pas payer Chambord ; sur ce mot on me prend, on me met en prison
de Paul Louis COURIER dans Rép. aux anonym.
Il a été pris comme dans un blé, il a été attrapé de manière à ne pouvoir se sauver.
11
En guerre, s'emparer, se rendre maître de.Vauban dit que le canon prendra cette place
On avait conté auparavant qu'un courtisan avait dit au roi : " Sire, vous prenez des loups comme Monseigneur, et il prend des villes comme vous, "
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 474
Philisbourg est pris, ma chère enfant, votre fils se por e bien
de Paul PELLISSON dans 475
Je m'en vais après dîner à Brévanes.... Mme de Coulanges m'y souhaite, il y a six semaines : mais j'avais Philisbourg à prendre
de Paul PELLISSON dans 479
Ce duc [le duc de Lunebourg] avait chargé le maréchal de Créquy en flanc, pris son canon et son bagage
de Paul PELLISSON dans 205
La prise du vaisseau de guerre ostendois a satisfait Sa Majesté, et vous devez observer que ce n'est pas faire beaucoup que de prendre un vaisseau et laisser aller ensuite le capitaine et l'équipage...
dans Seignelay à Panetié, 7 févr. 1678, dans JAL
Cet étranger [un Allemand au service de Russie], exalté du désir de reprendre Moscou et de se naturaliser en Russie par cet exploit signalé, s'emporta loin des siens.... il se précipite vers le Kremlin, rencontre des avant-postes, les méprise, tombe dans une embuscade, et, se voyant pris dans une ville qu'il voulait prendre....
de Philippe de SÉGUR dans Hist. de Nap. IX, 6
Faire prisonnier.
Josèphe leur concitoyen [des Juifs], un de leurs capitaines, un de leurs prêtres, qui avait été pris dans cette guerre en défendant son pays
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. II, 8
S'ils [les Grecs] l'eussent prise [Artémise], elle n'aurait mérité que d'être comblée de louanges et d'honneurs
12
Attraper à la chasse, à la pêche, dans un piége, etc.Tel est pris qui croyait prendre
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VIII, 9
Un manant au miroir prenait des oisillons
de Jean de LA FONTAINE dans ib. VI, 15
Là, cormoran, le bon apôtre.... Vous les prenait sans peine [les poissons], un jour l'un, un jour l'autre
de Jean de LA FONTAINE dans ib. X, 4
Honteux comme un renard qu'une poule aurait pris
de Jean de LA FONTAINE dans ib. I, 18
Les poissons se moquent de moi comme les hommes ; je ne prends rien, je meurs de faim
On prend la pie dans les mêmes piéges et de la même manière que la corneilie
Sémantique : Fig. Se laisser prendre au piége, à l'hameçon, se laisser tromper.
Je me suis laissé prendre à l'appât des grandeurs
de P. LEBRUN dans Marie Stuart, II, 2
Dans un sens analogue. Ne vous laissez pas prendre à ses paroles, à sa feinte douceur.
Qui, chaleur, force, enthousiasme, voilà ses expressions, et vous vous laissez prendre à ce galimatias
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Théât. d'éduc. les Faux amis, I, 4
Sémantique : Fig. Cette femme l'a pris dans ses filets, cette femme l'a séduit.
Sémantique : Fig. Prendre quelqu'un au trébuchet, obtenir par artifice quelque chose de quelqu'un.
Sémantique : Fig. Prendre un rat, voy. RAT.
Prendre se dit aussi des animaux qui chassent ou pêchent. Le chat a pris une souris. La mouette a pris un poisson.
Sémantique : Fig. S'emparer de l'esprit, du coeur.
Alléguant maint exemple en ce siècle où nous sommes, Qu'il n'est rien si facile à prendre que les hommes
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. III
Que la vengeance est douce à l'esprit d'une femme ! Je l'attaquai par là, par là je pris son âme
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, V, 2
Pour une qu'amour prend par l'âme, Il en prend mille par les yeux
de Jean de LA FONTAINE dans Nicaise.
Tout ce qu'elle m'a dit m'a semblé si spirituel, que, si elle avait manqué de me prendre par les yeux, elle m'aurait pris par les oreilles
de BOURSAULT dans Lett. nouv. t. III, p. 39, dans POUGENS
Comme la raison n'est pas toujours écoutée, lorsque nos inclinations y résistent, parce que notre inclination est elle-même souvent la plus pressante raison qui nous émeuve, Dieu saura nous prendre encore de ce côté-là....
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lib. arb. VII
Il me prenait par mon propre intérêt
Les jeunes gens veulent être pris par les sens
de Denis DIDEROT dans Pens. philos. n° 26
Cette manière de prendre toujours les enfants, comme on dit, par la sensibilité, ne vaut rien lorsqu'on en abuse
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Ad. et Théod. t. I, p. 208, dans POUGENS
Prendre quelqu'un par son faible, flatter, toucher son inclination favorite.
Savoir prendre quelqu'un, connaître les mobiles par lesquels on peut agir sur lui.
Et quand on sait le prendre, on en fait ce qu'on veut
de Jean-Baptiste ROUSSEAU dans Flatt. I, 1
Prendre quelqu'un par ses propres paroles, le convaincre par ce qu'il a dit lui-même, se faire contre lui un droit de ses propres paroles.
M. Basnage fait semblant de me vouloir prendre par mes propres paroles
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Déf. Var. 1er disc. 42
13
Surprendre. Je l'ai pris à voler des fruits. On m'a pris au dépourvu.Je te prends sur le livre. - Hé bien, qu'en veux-tu dire ? Tant d'excellents esprits qui se mêlent d'écrire, Valent bien qu'on leur donne une heure de loisir
de Pierre CORNEILLE dans Gal. du Pal. I, 7
En un sens analogue.
Dieu connaît de toute éternité tout ce que la créature fera librement, en quelque temps qu'il la puisse prendre, et en quelques circonstances qu'il la puisse mettre
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lib. arb. VI
Prendre quelqu'un sur le fait, le prendre au moment même où il fait quelque chose qu'il voulait cacher.
Sémantique : Fig.
En vain la nature s'était cachée dans des lieux si profonds et si inaccessibles pour travailler à la végétation des pierres, elle fut, pour ainsi dire, prise sur le fait par des curieux si hardis
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Tournefort.
Ah, disait-il [le nain de Saturne], j'ai pris la nature sur le fait ; mais il se trompait sur les apparences....
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Microm. 8
On dit dans le même sens : prendre quelqu'un en flagrant délit (voy. LAGRANT).
Prendre quelqu'un la main dans la poche, la main dans le sac, le surprendre au moment où il commet un vol ou quelque détournement.
Prendre en faute, surprendre pendant qu'une faute se commet.
Ma situation était pire encore par l'animosité de mes ennemis, qui ne cherchaient qu'à me prendre en faute
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Conf. XI
Prendre quelqu'un sans vert, voy. VERT.
Prendre quelqu'un au pied levé, voy. LEVÉ, n° 1.
Prendre quelqu'un au saut du lit, l'aller trouver dès le matin afin de ne pas le manquer.
Prendre quelqu'un au mot, se hâter d'accepter une offre.
Prendre quelqu'un à son avantage, le saisir, le surprendre quand on a l'avantage sur lui.
J'ai fait une réponse à M. de Carcassonne.... je l'ai pris à mon avantage, et, comme je le tiens à cent cinquante lieues de moi, je lui dis tout ce que je pense
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 510
Prendre le défaut d'un joueur, à la paume, pousser la balle de manière que celui qui est obligé de la renvoyer ne puisse aisément aller au-devant.
Sémantique : Terme d'escrime. Prendre sur le temps, porter une botte à son adversaire dans l'instant où il s'occupe de quelque mouvement.
Y prendre, prendre à cela, c'est-à-dire prendre quelqu'un dans une occupation, dans une circonstance, dans un état d'esprit indiqués par le contexte du discours Le corbeau, honteux et confus, Jura, mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. 1, 2
Ah ! je vous y prends enfin, perfide ! me voilà sûre de votre inconstance....
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Écoss. IV, 4
Vous lisez donc des chansonnettes ? Ah ! je vous y prends, monseigneur
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Cardin.
14
Manger, boire, avaler Je n'ai encore rien pris de la journée.Mon avis est qu'on la remette sur son lit, et qu'on lui fasse prendre quantité de pain trempé dans du vin
J'ai pris une, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit médecines
J'ai voulu me raccommoder avec le chocolat, j'en pris avant-hier pour digérer mon dîner, afin de bien souper ; et j'en ai pris hier pour me nourrir, et pour jeûner jusqu'au soir
Il était incommodé d'un dévoiement au commencement de son service ; il prit du lait sans préparation pour le faire cesser
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 128
J'ai pris, j'ai fait couler dans mes brûlantes veines Un poison que Médée apporta dans Athènes
de Jean RACINE dans Phèdre, V, 7
Voudriez-vous prendre quelque chose ? se dit à une personne que l'on invite à manger un morceau.
Peut-être le matin prenez-vous quelque chose : Un bouillon ? du café ? que vous plaît-il des deux ?
de BOURSAULT dans Fables d'Ésope, I, 2
On dit : prendre du café, du thé, du chocolat, plutôt que boire.
Trop prendre de son vin, ou, absolument, en trop prendre, s'enivrer.
Il faut.... Ou que mon maître ait pris le soir pour le matin, Ou que trop tard au lit le blond Phébus sommeille, Pour avoir trop pris de son vin
C'est lui qui en a trop pris ; pour moi, j'en ai pris aussi ; ils sont si longtemps à table que par contenance on boit, et puis on boit encore, et on se trouve avec une gaieté extraordinaire
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 29 août 1677
Sémantique : Fig.
Son coeur n'est pas usé pour moi, il n'est seulement qu'un peu rassasié du plaisir de m'aimer, pour en avoir trop pris d'abord
de Pierre de MARIVAUX dans Marianne, part. 8
Faire usage d'une chose pour sa santé, pour son agrément, etc. Prendre un bain.
Comment ! que voulez-vous faire ? - Prendre ce petit lavement-là ; ce sera bientôt fait
De quoi vous mêlez-vous.... d'empêcher monsieur de prendre mon clystère ?
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans ib.
On a fait refus de prendre le remède que j'avais prescrit
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans ib. III, 6
Je prendrai la douche dans quelques jours
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 277
J'ai donc pris des eaux ce matin, ma très chère ; ha ! qu'elles sont méchantes !
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 277
Prendre du tabac, mettre de la poudre de tabac dans son nez.
Il n'est rien d'égal au tabac.... ne voyez-vous pas bien, dès qu'on en prend, de quelle manière obligeante on en use avec tout le monde ?
Prendre la poudre d'escampette, voy. ESCAMPETTE.
Prendre l'air, sortir d'un lieu où l'on était renfermé pour aller dans un endroit découvert, aéré.
Allons prendre un peu d'air dans la cour des prisons
de Pierre CORNEILLE dans Suite du Ment. II, 7
Je me promène, il est vrai ; mais il faut qu'on défende le beau temps, si l'on veut que je ne prenne pas l'air
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 369
Prendre l'air, sortir de la ville pour aller passer quelque temps à la campagne.
Sémantique : Familièrement. Prendre l'air, s'évader, se retirer d'une situation où l'on court quelque péril. On voulut l'arrêter ; mais il avait pris l'air.
Prendre le frais, respirer la fraîcheur.
Quel grand mal est-ce qu'il y a à prendre le frais la nuit ?
Candide et Martin, en retournant à la petite métairie, rencontrèrent un bon vieillard qui prenait le frais à sa porte sous un berceau d'orangers
En un sens analogue.
Quand j'ai pris toute la beauté du soleil en marchant toujours, je rentre dans ma chambre
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 26 nov. 1684
Prendre du repos, prendre du relâche, interrompre le travail, l'action, par du repos, par du relâche.
Prends du repos, ma fille, et calme tes douleurs
de Pierre CORNEILLE dans Cid, II, 9
Dans les maisons religieuses, prendre la discipline, se donner la discipline. Ces religieuses prenaient la discipline deux fois la semaine.
15
Être atteint par communication, en parlant de maladies contagieuses. Il a pris le typhus dans l'hôpital.Je suis effrayée de ces fièvres que je crains que vous ne preniez à Versailles ; on mande ici que tout en est plein
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 22 sept. 1687
Sémantique : Fig. Prendre un mal, une passion, contracter un mal moral, une passion, etc.
Vous avez pris ce mal-là de moi
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 18 oct. 1688
Son maître.... Prit insensiblement dans les yeux de sa nièce L'amour où je voulais amener sa tendresse
de Jean RACINE dans Brit. IV, 2
Elle ne pensait jamais à donner de l'amour, mais elle était sujette à en prendre
Le roi prit de l'amour pour Mme de Montespan dans le temps qu'il vivait avec Mlle de la Vallière en maîtresse déclarée
de Mme DE CAYLUS dans Souvenirs.
16
Il se dit de certaines conditions corporelles. Prendre de l'embonpoint, du corps, devenir plus gras, plus gros.Le tarier prend beaucoup de graisse dès la fin de l'été, et alors il ne le cède point à l'ortolan pour la délicatesse
Un coq est capable d'engendrer à l'âge de trois mois, et il n'a pas alors pris plus du tiers de son accroissement
Prendre du ventre, devenir ventru.
Prendre des forces, se fortifier.
Sémantique : Fig.
J'ai pris dans l'horreur même où je suis parvenue Une force nouvelle à mon coeur inconnue
Prendre de l'âge, avancer en âge.
Ce cheval prend quatre ans, cinq ans, il entre dans sa quatrième, dans sa cinquième année.
Prendre les dents, se dit du cheval, lorsque les secondes dents lui poussent.
Prendre une posture, une attitude, placer son corps d'une certaine manière.
Il se dit de certains mouvements du corps. Prendre son vol, commencer à s'envoler.
Déjà prenait l'essor, pour se sauver dans les montagnes, cet aigle dont le vol hardi avait d'abord effrayé nos provinces
de Esprit FLÉCHIER dans Tur.
Prendre son élan. se donner une certaine impulsion en courant afin de s'élancer plus loin.
Prendre la fuite, s'enfuir.
Anciennement, prendre son escousse, s'élancer.
Prendre le trot, le galop, se dit d'un cheval qui se met à trotter, à galoper.
Prendre les aides des jambes, se dit d'un cheval qui commence à répondre à ces aides.
Prendre chair, se dit d'un cheval qui commence à se rétablir après une longue maladie.
Prendre les coins, entrer dans les angles du manége.
17
Contracter, adopter, en parlant de certaines qualités ou manières. Il prend de mauvaises habitudes. Il prit un ton sévère.Conjuguez avec moi, pour bien prendre l'accent
Il [Alexandre] prit les moeurs des Perses, pour ne pas désoler les Perses en leur faisant prendre les moeurs des Grecs
Jeune, égaré, j'avais tous les caprices ; De mes amis j'avais pris tous les vices
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Enf. prod. IV, 3
Elle prend des caprices, de l'humeur ; elle se forme enfin
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Théât. d'éduc. le Méchant par air, I, 6
Cet homme prend des airs, prend certains airs, il affecte un ton, des manières qui ne lui conviennent pas.
Prendre le haut ton, parler avec fierté.
En un même sens, le prendre sur le haut ton, ou, elliptiquement, le prendre haut.
Tu le prends d'un haut ton, et je crois qu'au besoin Ce discours emphatique irait encor bien loin
de Pierre CORNEILLE dans Mél. I, 1
Le sage, disaient les stoïciens, est invulnérable et inaccessible à toute sorte de maux.... il est lui-même sa félicité ; c'est le prendre d'un ton bien haut pour des hommes faibles et mortels
Au commencement de 1520, il [Luther] le prit d'un ton un peu plus haut
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Var. I, 23
Enfin Rolando, fatigué d'une scène où il mettait inutilement beaucoup du sien, le prit sur un ton si haut, qu'il imposa silence à la compagnie
de Alain René LESAGE dans Gil Bl. I, 5
On dit de même : Vous le prenez bien haut.
Mais, mon petit monsieur, prenez-le un peu moins haut. - Ma foi, mon grand monsieur, je le prends comme il faut
Le prendre sur un certain ton, affecter telle ou telle manière.
Luther le prenait d'un ton de prophète contre ceux qui s'opposaient à sa doctrine
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Var. I, 31
.... Je ne veux pas le prendre Sur le ton fier et sérieux
de Thomas CORNEILLE dans Circé, I, 2
De quel ton le prenez-vous là, s'il vous plaît ?
Tout innocent que je suis, vous le prenez sur un ton qui ne laisse pas d'embarrasser mon innocence
de Alain René LESAGE dans Crispin rival, 14
Oui, sur ce ton Puisque vous le prenez, je la garde
Le prendre par là, le prendre sur ce ton.
Qui ! tu le prends par là ?
Elle [la princesse de Tarente] me demande toujours de vos nouvelles : si elle le prend par là, elle me fera fort bien sa cour
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 29 sept. 1675
Le prendre ainsi, même sens.
Puisque vous le prenez ainsi, je ne puis vous le refuser
de Blaise PASCAL dans Prov. VII
Le prendre d'un air, d'une façon, employer un air, une façon.
Elle eut beau le prendre d'un air riant avec lui, et lui dire même : Je vous attendais, il n'en reprit pas plus de sérénité
18
Prendre quelque chose, un nom, un titre, se le donner, se l'appliquer.Ces titres glorieux plaisaient à mes amours ; Je les pris sans horreur pour conserver tes jours
de Pierre CORNEILLE dans Médée, III, 3
Et l'ingrate en fuyant me laisse pour salaire Tous les noms odieux que j'ai pris pour lui plaire
de Jean RACINE dans Andr. V, 4
Prendre un titre, une qualité, se donner un titre, une qualité, l'employer en parlant de soi.
Prendre la liberté de faire une chose, prendre sur soi de la faire.
Sémantique : Par politesse. J'ai pris la liberté de vous écrire.
Prendre des libertés, agir trop librement, peu décemment avec quelqu'un.
Il se dit particulièrement d'actions, de gestes trop libres auprès des femmes.
On dit de même : prendre des licences, des privautés.
On dit de même : prendre des licences, des privautés.
19
Exiger un certain prix pour une chose. Ce marchand prend trente francs de ce drap. à l'octroi, on prend tant par kilogramme d'huile. Les fiacres prennent tant par heure.Allez, faites-moi vendre [procurez-moi du débit], Et pour l'amour de vous je n'en voudrai rien prendre [d'un objet qu'on vend]
de Pierre CORNEILLE dans Galer. du Pal. IV, 14
On dit qu'il prenait une fois plus de ceux qui venaient à lui pour apprendre à jouer de la flûte après avoir eu un autre maître
Il se dit quelquefois pour acheter. Je prendrai cela pour six francs, si vous voulez me le donner.
Si M. le duc de Praslin veut des montres, nous sommes à ses ordres ; M. le duc de Choiseul a la bonté de nous en prendre
Nature : Absolument.
Il faut prendre ou laisser, et l'on ne choisit pas
de Jean-François REGNARD dans Démocrite, I, 1
C'est à prendre ou à laisser, vous avez le choix, mais il faut vous décider pour le oui ou le non.
Nature : Substantivement. Avoir le prendre ou le laisser, avoir le choix.
Trouvant sur les arbres un refuge, il a partout le prendre et le laisser
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Orig. I
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Accepter, recevoir. Prenez ce petit présent. J'ai pris ce qu'on m'a donné.Oui, fort bien, hors l'argent qu'il ne fallait pas prendre
Il y a des gens bavards dont je ne prends jamais les nouvelles
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 21 août 1675
Sémantique : Fig. Dans ce qu'il dit, il faut en prendre et en laisser, ce qu'il dit ne mérite pas grande confiance.
Nature : Absolument. Prendre à pleines mains, à toutes mains, de toutes mains, à deux mains, se dit des gens avides qui ne laissent échapper aucune occasion de s'enrichir.
L'autre prend à deux mains et demande toujours
de BOISROBERT dans Belle plaideuse, I, 4
Sémantique : Par analogie.
Son hommage auprès d'elle a-t-il eu plein effet ? Comment l'a-t-elle pris ? et comment l'a-t-il fait ?
de Pierre CORNEILLE dans Othon, II, 1
Prendre l'ordre de quelqu'un, recevoir l'ordre de celui qui doit le donner.
Voudront-ils recevoir un ordre souverain De qui l'a jusqu'ici toujours pris de leur main ?
de Pierre CORNEILLE dans Pulch. II, 2
Sémantique : Par politesse, prendre les ordres de quelqu'un, lui demander ce qu'il a à commander.
Prendre congé de quelqu'un, lui faire, avant de partir, les adieux qu'exige la politesse.
L'évêque de***.... dont, avant de prendre congé de lui, il a ramassé la pantoufle, comme l'un de ses gants
de Jean de LA BRUYÈRE dans XI
Prendre des leçons, recevoir des leçons.
Prendre les choses comme elles viennent, les recevoir avec indifférence sans se mettre en peine des suites qu'elle peuvent avoir.
Prendre les hommes comme ils sont, s'en accommoder quel que soit leur caractère.
Je prends tout doucement les hommes comme ils sont
Il faut prendre les gens comme ils sont, à ce qu'on dit
Homère n'inventa rien sur les dieux ; il les prit comme ils étaient
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Philos. Déf. Bolingbr. 12
Prendre le temps comme il vient, s'accommoder à tous les événements.
Si vous aviez appris à prendre le temps comme il vient....
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 399
Prendre légèrement quelque chose, le supporter, en user avec une sorte d'allégresse.
Jeune encore, Honfroy prenait légèrement la vie
de François René CHATEAUBRIAND dans Natch. V
Sémantique : Familièrement. Prenez que, supposez que.
Prenons donc pour très véritable que....
de Blaise PASCAL dans Équil. des liqueurs, II
Çà, je le veux, prenons que la chose est douteuse
de BARON dans Andrienne, III, 4
Tenez, parlons en conscience ; prenez que je sois vous et que vous soyez moi
Prenez qu'on m'a surpris et que je n'ai rien dit
Prends pour sûr que je leur tiendrai tête
de Casimir DELAVIGNE dans Fille du Cid, I, 1
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Être partie prenante. Le rapport de l'argent donné se fait en moins prenant dans le numéraire de la succession, Code Nap. art 869.22
Au jeu de l'écarté, prendre des cartes, changer une ou plusieurs des cartes de son jeu pour autant de cartes du talon.Jouer sans prendre, à l'hombre, nommer l'atout et jouer sans écarter.
Nature : S. m. Se dit, à l'hombre, quand on fait jouer sans écarter. Demander le sans prendre.
Au jeu de quadrille, jouer sans prendre, se dit de celui qui entreprend de jouer sans appeler une autre carte.
23
Recevoir en partage.Je trouve plaisant que cette vertu ne soit donnée qu'aux mâles de notre maison, et que nous autres femmes nous ayons pris toute la timidité
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans Lett. à Bussy, 15 oct. 1674
24
Tirer de, emprunter. Il a pris cela dans Cicéron. Il a pris l'idée de cette tragédie dans un vieux roman.Le Pompée, où j'ai beaucoup pris de Lucain, et ne crois pas être demeuré fort au-dessous de lui, quand il a fallu me passer de son secours
de Pierre CORNEILLE dans Médée, Examen.
Molière ne prit-il pas deux scènes du Pédant joué de Cyrano de Bergerac, son compatriote et son contemporain ?
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans l'Héraclius espagnol, Dissertation
Sémantique : Familièrement.
Où avez-vous pris cela ? c'est-à-dire qui vous a dit cette nouvelle ? qui vous fait avoir cette pensée ? Peste ! où prend mon esprit toutes ces gentillesses ?
On demanda aigrement à la Chaise où il avait pris cela : il fit voir un manuscrit
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 560
Où est-ce qu'il prend tout ce qu'il me dit ?
On dit de même : où avez-vous pris que je voulusse vendre ma maison ?
Où avez-vous pris qu'un enfant qui n'a point de dents et qui ne se soutient pas à dix-huit mois, ait échappé à tous les périls ?
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 14 juill. 1677
On le dit avec l'indicatif, quand on a dans l'esprit quelque assertion positive.
Si on lui demande [à l'athée] d'où il a pris que cette exclusion de tous les autres êtres appartient à la nature de l'infini....
de René DESCARTES dans Rép. aux secondes obj. 25
Où avez-vous pris, mon cher duc, que je suis affligée des discours des courtisans, vous qui savez que nous vivons d'injures ?
de Françoise d'Aubigné, marquise de MAINTENON dans Lett. au D. de Noailles, t. V, p. 98, dans POUGENS
25
Sémantique : Terme de peinture. Prendre le trait, calquer un tableau.Prendre au voile, calquer au moyen d'un voile de soie noire.
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Engager quelqu'un sous certaines conditions, ou s'engager avec lui sous certaines conditions. Prendre un domestique, une cuisinière. Prendre un maître de danse. Prendre un associé.J'ai encore ouï dire, madame, qu'il a pris aujourd'hui, pour renfort de potage, un maître de philosophie
Elle prendra une douzaine d'ouvrières avec elle, s'il le faut, et nous vous aurons l'obligation d'une nouvelle manufacture
Prendre femme, se marier.
Quant à vous, suivez Mars, ou l'amour, ou le prince ; ...Prenez femme, abbaye, emploi, gouvernement, Les gens en parleront, n'en doutez nullement
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. III, 1
Cléonte et Lycidas ont pris femme tous deux
Prendre une femme, choisir une femme et l'épouser.
Alexandre prit des femmes de la nation qu'il avait vaincue ; il voulut que ceux de sa cour en prissent aussi
Prendre se dit aussi d'une femme qui prend un homme pour amant, ou pour mari, ou d'un homme qui prend une femme pour maîtresse.
Il n'avait pris la Castelmaine que quand son maître n'en voulait plus
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 11
Voilà nos honnêtes femmes, poursuivit-il : quand elles nous prennent, c'est excès d'amour ; quand elles nous quittent, c'est effort de vertu
À propos, savez-vous que la belle Mme de N*** a pris un amant ?
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Ad. et Théod t. III, p. 15, dans POUGENS
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Aller joindre quelqu'un en quelque endroit, pour de là se rendre ailleurs avec lui.Elle me vint prendre à mon hôtellerie
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 290
Songez-y ; je vous laisse, et je viendrai vous prendre Pour vous mener au temple où ce fils doit m'attendre
de Jean RACINE dans Andr. III, 7
Comment donc ! est-ce ainsi que l'on se fait attendre ? Moi-même il faut chez vous que je vienne vous prendre
de BOISSY dans Deh. tromp. III, 5
Je sais où vous prendre, c'est-à-dire je sais où vous êtes, où je pourrai m'adresser si j'ai quelque affaire avec vous.
Je sais où vous êtes, et cette connaissance démêle un peu mon imagination, qui sait où vous prendre à point nommé
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 508
Je ne sais plus où le prendre [M. Trouvé] ; il a quitté Saint-Jacques....
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 11 mai 1683
Je ne sais où vous prendre, monsieur ; vous ne m'avez point informé de votre demeure à Paris
Prendre quelqu'un, l'emmener avec soi.
Ramène-moi, barbare, aux lieux où tu m'as prise
de Thomas CORNEILLE dans Ariane, III, 4
Ha que vous avez bien fait, ma fille, de la prendre [Pauline qui avait été mise dans un couvent pendant un voyage à Paris] ! gardez-la, ne vous privez pas de ce plaisir
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 379
Aux portes du palais prends le Juif Mardochée
de Jean RACINE dans Esth. II, 5
Il se dit d'une troupe que l'on emmène avec soi.
Il prit son régiment des gardes, et courut à l'aile gauche
de D'ABLANCOURT dans Arrien, dans RICHELET
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Recueillir quelqu'un, lui donner l'hospitalité.Il [M. Trouvé] a quitté Saint-Jacques par discrétion, ne voulant pas abuser de la bonté extrême du plus pauvre curé de Paris ; un autre [curé] l'a pris
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 11 mai 1683
Savez-vous bien que j'ai chez moi un jésuite pour aumônier ?... il est vrai que je ne l'ai pris qu'après m'être bien assuré de sa foi
Prendre quelqu'un, signifie aussi recevoir sa visite.
Je ferai ce que je pourrai, je ne promets pas, vous me prendrez si je viens
de Denis DIDEROT dans Mém. t. IV, p. 224
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Prendre quelqu'un, le séparer du reste de la compagnie et s'adresser à lui. Prendre quelqu'un à part.Quand le repas fut fini, la déesse prit Télémaque et lui parla ainsi
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Retrancher une partie d'un tout, ôter, tirer. J'ai pris le quart de cette somme.Bienfaisant et par conséquent juste, Montesquieu ne voulait rien prendre sur sa famille, ni des secours qu'il donnait aux malheureux, ni des dépenses considérables auxquelles ses longs voyages, la faiblesse de sa vue et l'impression de ses ouvrages l'avaient obligé
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Éloges, Montesq.
Nature : Absolument. Prendre sur sa nourriture, sur sa dépense, retrancher de sa nourriture, de sa dépense ordinaire, pour subvenir à autre chose.
Prendre sur son sommeil pour travailler, pour étudier, diminuer les heures du sommeil, pour augmenter celles du travail, de l'étude.
Sémantique : Fig. Prendre sur, retrancher à.
Voilà le vrai secret de faire Attale roi, Comme vous l'avez dit, sans rien prendre sur moi
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. II, 3
Je ferai vos compliments à Brancas.... prenez une page sur moi pour lui donner
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 10 août 1680
Prendre un peu sur sa probité pour donner aux intérêts d'un maître
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 8
Toutes ces entreprises commencées et qui ne prenaient rien sur les devoirs, marquent assez combien M. Dodart était laborieux
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Dodart.
Que prenons-nous sur nos passions, sur nos humeurs, sur nos goûts ....pour pouvoir prétendre au titre de ses disciples [de Jésus] ?
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Mot. de conv.
Le monde n'a-t-il rien pris sur tes moeurs ?
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. V
Nature : Absolument.
Si .... vous êtes incommodée d'écrire, comme il y a bien de l'apparence, prenez sur moi comme sur celle qui vous aime le plus, sans faire tort à personne
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 5 nov. 1684
Vous prenez sur votre repos, sur vos plaisirs, sur vos besoins mêmes, quand il s'agit de votre devoir
Cette philosophie de Newton a un peu pris sur notre commerce, mais rien sur mes sentiments
Sémantique : Familièrement. Je n'y prends ni n'y mets, c'est-à-dire la chose m'est indifférente.
Voilà ce qu'il [Corbinelli] vous demande ; vous voyez bien que je n'y prends ni n'y mets
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 19 juill. 1677
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Se charger de. Prendre une somme en dépôt.Prendre une affaire à ses risques, périls et fortune, s'en charger à tout hasard, profit ou perte.
Prendre une affaire à forfait, s'en charger pour un prix convenu, qu'il y ait perte ou gain.
Prendre un ouvrage à la tâche, s'en charger à raison de tant pour telle ou telle mesure, telle ou telle quantité.
Prendre une somme à intérêt, l'emprunter à condition d'en payer les intérêts.
Prendre un intérêt dans une affaire, dans une entreprise, contribuer de ses fonds dans une entreprise, à la condition d'avoir part aux profits ou aux pertes.
Prendre un engagement, contracter un engagement.
Prendre un rôle, voy. RÔLE.
Prendre quelqu'un sous sa protection, le protéger.
Prendre sur soi, se charger de quelque obligation.
Et moi, comme héritant son sceptre et sa couronne, Je prends sur moi sa dette, et je vous la fais bonne
de Pierre CORNEILLE dans D. Sanche, I, 3
C'est une dette dont vous pourriez lui demander compte ; mais cette dette, je la prends sur moi
de Louis BOURDALOUE dans Serm. 21e dim. après la Pentecôte, Dominic. t. IV, p. 308
Prendre sur soi quelque chose, consentir qu'une chose nous soit imputée.
Il ne se contente pas de se charger de nos crimes, il en prend sur lui toute la honte
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Passion.
Prendre quelque chose sur soi, s'en porter responsable ou solidaire.
Je réponds de ma femme, et prends sur moi l'affaire
De son bannissement prenez sur vous l'offense
de Jean RACINE dans Brit. II, 3
Je prendrai sur moi la rupture ; vos père et mère ne sauront rien de l'aveu que vous m'aurez fait
de Jean-François MARMONTEL dans Mém. VIII
Ces dames s'y opposent, et je n'ose rien prendre sur moi
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Voeux téméraires, t. II, p. 122, dans POUGENS
Il n'importe, obéis, je prends sur moi le reste
On dit aussi : prendre quelque chose sur son compte.
Prendre sur soi quelque chose, se décider à faire quelque chose.
Il faut donc que j'aie le courage de prendre ce voyage sur moi
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 520
Vous prendrez sur vous de voir votre frère
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Pardon.
Jamais il [le régent] ne put prendre sur lui de rien refuser à ses amis, à ses ennemis, à ses maîtresses....
Prendre sur soi, signifie quelquefois regarder comme adressé à soi.
Il [le Seigneur] prend sur lui les plus légers mépris dont on déshonore ses serviteurs
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Médis.
Prendre tout sur soi, trop sur soi, se donner toute la peine, se donner beaucoup de peine, vouloir faire plus qu'on ne peut.
Je vous recommande, ma chère enfant, un peu de repos.... vous prenez tout sur votre courage, cela fait mal
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 26 nov. 1688
Je prends trop sur moi, pour que le corps ou l'esprit n'y succombe pas
Elle prend tout sur elle, et ne songe qu'à faire du bien
Nature : Absolument. Prendre sur soi, beaucoup sur soi, se contraindre.
Vous n'êtes plus en état, ma fille, de prendre sur vous ; tout y est pris, ce qui reste tient à votre vie
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 379
Ils [M. et Mme de Chaulnes] savaient fort bien prendre sur eux-mêmes pour soutenir les grandes places où Dieu les a destinés
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 3 févr. 1695
Vous avez appris à prendre sur vous-même, et à sacrifier tous les jours vos penchants à des intérêts plus forts
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Samarit.
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S'établir dans.Gagner les bords de la Düna, où il prendra ses quartiers d'hiver
de Philippe de SÉGUR dans Hist. de Nap. IX, 6
Entrer en jouissance d'une chose à certaines conditions. Prendre des terres à ferme.
Prendre un logement, un appartement à loyer, ou, simplement, prendre un logement, un appartement, retenir par bail ou autrement un logement, un appartement.
Je vous conjure seulement de mander à d'Hacqueville ce que vous avez résolu pour cet hiver, afin que nous prenions l'hôtel de Carnavalet ou non
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 6 sept. 1677
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Choisir, préférer, se décider pour. Il faut prendre le plus beau papier pour cette impression.....Tombant dans les mains de la nécessité, Ils ont pris le théâtre en cette extrémité
de Pierre CORNEILLE dans Illus. com. V, 5
Dois-je dans la province établir mon séjour, Prendre emploi dans l'armée, ou bien charge à la cour ?
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. III, 1
Ainsi chacune prit son inclination
de Jean de LA FONTAINE dans ib. II, 20
À quel parti me doit résoudre ma raison ? Ai-je l'éclat ou le secret à prendre ?
Elle [la Providence] a déterminé Mme de Lesdiguières à prendre une livrée magnifique et modeste ; c'est un fond isabelle, car elle a envoyé promener le rouge
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 11 mai 1683
Prends-moi le bon parti : laisse-là tous les livres
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. VIII
Prendre le haut bout, choisir la place la plus honorable.
Prendre un expédient, choisir un moyen, un expédient pour terminer une affaire.
Tu prends, pour me toucher, un mauvais artifice
de Pierre CORNEILLE dans Héracl. III, 2
Prendre des mesures, prendre ses mesures, employer des moyens, des expédients pour faire réussir une chose.
Prendre ses précautions, ses sûretés, prendre les moyens nécessaires pour éviter un danger, un dommage.
Prendre une résolution, une détermination, un dessein, se résoudre à quelque chose.
Prendre le parti de, prendre son parti de, voy. PARTI 3, n° 7.
Prendre le parti de la robe, des armes, etc. voy. PARTI 3, n° 10.
Prendre les ordres sacrés, entrer dans les ordres.
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Trier, faire un choix.Je ne prends que les vertus extraordinaires, et je choisis les fleurs que je jette sur son tombeau
de Esprit FLÉCHIER dans Duch. d'Aiguil.
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S'engager dans une route, dans une voie de communication, etc.J'ai pris un escalier, elle venait par l'autre
de Thomas CORNEILLE dans Baron d'Albikrac, III, 1
Lève-toi, m'a-t-il dit, prends ton chemin vers Suse
de Jean RACINE dans Esth. I, 1
Faut-il de si grands talents et une si bonne tête à un voyageur pour suivre d'abord le grand chemin, et, s'il est plein et embarrassé, prendre la terre, et aller à travers champs ?
de Jean de LA BRUYÈRE dans VI
Avec cette armée, il [le czar Pierre] prit son chemin par la Moldavie et la Valachie, autrefois le pays des Daces
Ils voient [à Moscou] d'autres flammes s'élever précisément dans la nouvelle direction que le vent venait de prendre sur le Kremlin
Prendre le plus long, le plus court, son plus long, son plus court, prendre le chemin le plus long ou le plus court.
On aime une personne qu'on va trouver, et on prend son plus court ; cela est naturel
Nature : Absolument. Prendre à droite, à gauche, entrer dans un chemin situé à main droite ou à main gauche.
Promote, un des lieutenants généraux de l'empereur, prit à gauche avec une partie de la cavalerie
On dit de même : prendre à l'est, au nord, etc.
Pour avoir trop pris à l'ouest, la petite flotte manqua son terme
Prendre par, suivre une direction par un certain endroit.
Mets sur mon bras ton bras timide, Viens, nous prendrons par les tilleuls
de Victor HUGO dans Odes, V, 24
Prenez par ici, par là, allez par ce chemin-ci, par ce chemin-là.
Prendre à travers champs, à travers les terres labourées, aller directement, sans suivre le chemin frayé.
Fig et familièrement. Prendre à travers les choux, à travers choux, aller à son but tout droit, sans s'inquiéter d'aucune considération, et aussi procéder au hasard, sans méthode.
Prendre la voie de la messagerie, de la diligence, la voie du coche, aller par la messagerie, par la diligence, par le coche.
On dit de même : prendre la diligence, prendre la poste, prendre la messagerie, prendre le coche, prendre le chemin de fer, le premier train.
On dit dans le même sens : prendre un fiacre, un bateau, un cheval.
Sémantique : Fig. Prendre la bonne voie, la mauvaise voie, se porter au bien, au mal.
Sémantique : Fig. Prendre la bonne voie, se servir de bons ou de mauvais moyens pour réussir en quelque chose.
On dit dans le même sens : prendre les voies de la rigueur, de la douceur, etc.
Sémantique : Fig. Prendre le chemin de se ruiner, de faire fortune, faire ce qu'il faut pour se ruiner, pour s'enrichir.
Prendre les devants, le devant, partir avant quelqu'un, et fig. le prévenir, le devancer dans une affaire.
Prendre le pas sur quelqu'un, passer devant lui pour le précéder ; prendre sa droite, se mettre à sa droite.
Prendre la main, prendre le pas, c'est-à-dire prendre la droite. Les princes du sang prennent la main chez eux.
Prendre la main, prendre le pas, c'est-à-dire prendre la droite. Les princes du sang prennent la main chez eux.
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Il se dit de la façon dont on taille, emploie une étoffe. Le tailleur a mal pris cette étoffe. Prendre du drap à contre-poil.Prendre un habit, faire un habit sur un patron donné.
Je vous porte un habit complet à la valaisane, et j'espère qu'il vous ira bien ; il a été pris sur la plus jolie taille du pays
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Hél. I, 23
Je gagerais qu'elles ont été prises d'après le même modèle
Il se dit, en un sens analogue, de viandes qu'on découpe. Vous coupez mal ce bouilli ; vous n'avez pas pris le sens de la viande.
Sémantique : Fig. Prendre une affaire à contre-poil, la prendre en un sens contraire à celui qui serait convenable.
Sémantique : Fig. Prendre bien, prendre mal une affaire, la conduire bien ou mal.
Sémantique : Fig. Prendre une affaire du bon, du mauvais biais, la conduire bien, la conduire mal.
Et du biais qu'il faut vous prenez cette affaire
Sémantique : Fig. Prendre une chose du bon, du mauvais côté, la considérer comme il convient, comme il ne convient pas, et aussi supposer une bonne, une mauvaise intention.
Elle prend toujours les choses du mauvais côté
de Jean-François REGNARD dans Sérénade, 13
Prendre une chose d'une certaine façon, la considérer, la traiter d'une certaine façon.
Entrez dans ce cabinet, pour nous écouter, et vous verrez comme je vais prendre la chose
Aurais-je pris la chose ainsi qu'on m'a vu faire ?
Vous prenez, croyez-moi, comme il faut cette affaire
de Jean-François REGNARD dans le Joueur, V, 8
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Comprendre, interpréter, considérer d'une certaine manière.Vous prenez tout d'un sens contraire à ma pensée
de Jean de ROTROU dans Antig. II, 4
Je vous crois l'âme trop raisonnable Pour ne pas prendre bien cet avis profitable
Je lui fis excuse d'avoir mal pris son sentiment
de Blaise PASCAL dans Prov. I
Ils [les philosophes] ont été sous l'erreur qui a aveuglé tous les hommes dans le premier : ils ont tous pris la mort comme chose naturelle à l'homme
de Blaise PASCAL dans Lettre du 17 oct. 1651
On a pris cela, comme s'il avait voulu braver le roi ; jamais rien ne fut si innocent
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 134
On demande comment il faut prendre cette parole de saint Antoine.... que la vraie raison ne se connaît pas elle-même
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Or. V, 12
On prend tout à mal
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Pensées, 29
Il faut vous accoutumer à bien prendre mes lettres
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lett. Corn. 88
Lorsque la suite du discours détermine le sens auquel on les prend [les termes]
Vous avez fait comme tous les commentateurs ; vous n'avez pas pris le sens de l'auteur
Ne lui fais pas de plaisanterie à deux sens, puisqu'il les prend à mal
de Honoré Gabriel Riqueti, comte de MIRABEAU dans Lett. orig. t. III, p. 545
Oh ! vous savez bien prendre la chose
de AL. DUVAL dans Projet de mar. sc. 12
Le bien prendre, se faire une juste idée de la chose.
Vraiment, dit Ariste, vous le prenez bien, et je ne doute presque pas que votre explication ne soit la meilleure
de BOUHOURS dans Entret. d'Ariste et d'Eug. VI
À le bien prendre, en donnant une juste interprétation.
À le bien prendre au fond, elle n'est pas si bête
Dans l'état opulent où Dieu vous a placées, vous êtes, à le bien prendre, les servantes des pauvres
de Louis BOURDALOUE dans Exhort. char. envers les pauv. t. I, p. 9
Prendre quelque chose en bonne part, en mauvaise part, recevoir bien ou mal ce qu'on nous dit, ce qu'on nous fait.
Prendre mal, se fâcher de.
Il pourrait se trouver des gens qui prendraient mal vos discours
de Blaise PASCAL dans Prov. VIII
Le prendre mal, se fâcher mal à propos.
Prendre pour soi, s'attribuer, se faire l'application de.
Le jeune Ménécée a pris ces mots pour lui
de Jean de ROTROU dans Antig. I, 3
Je vous supplie de ne prendre pour vous aucune des plaintes que je ferai, parce que je ne vous impute aucune des choses dont je me plains
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Lett. à Noailles, 8 juin 1697
Prendre une chose à la lettre, au pied de la lettre, l'expliquer selon le sens littéral, dans la rigueur de l'expression.
S'il faut prendre au pied de la lettre et sans figure tout ce qu'il vient de raconter
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 6e avert. I, 8
Comment, sans vous compromettre, Vous tourner un compliment ? De ne rien prendre à la lettre Nos juges ont fait serment
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Halte-là.
Prendre les choses à la rigueur, les interpréter trop selon le sens propre.
Le prendre à, s'en rapporter au sens de.
Si vous le voulez prendre aux usages du mot, L'alliance est plus grande entre pédant et sot
Prendre sérieusement une chose, l'entendre comme si elle avait été dite sérieusement.
Vous moquez-vous de le prendre sérieusement avec un homme comme cela ? ne voyez-vous pas qu'il est fou ?
Il a pris sérieusement et de travers tout mon badinage
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 17 janv. 1689
Prendre sérieusement, prendre au sérieux, donner une attention sérieuse.
Ceux qui vivent dans les plaisirs.... ne prennent rien sérieusement
Jupiter prend le fait très sérieusement
de Florent Carton, sieur d'Ancourt, dit DANCOURT dans Céphale et Procris, I, 7
Au bout de cinquante ans, vous avez daigné enfin me prendre sérieusement
La chose fut prise au sérieux
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Conf. I
Prendre en riant quelque chose, ne s'en point fâcher, n'en faire que rire.
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Prendre quelqu'un, le considérer, en faire l'objet d'une étude.Il [Bourdaloue, dans une oraison funèbre] a pris le prince [de Condé] dans ses points de vue avantageux
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 15 déc. 1683
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Soutenir, adopter.Elle vous a banni, j'ai pris votre querelle
de Pierre CORNEILLE dans Sertor. IV, 2
Loin d'être les premiers à prendre ma vengeance, Eux-mêmes font obstacle à mon ressentiment
Et vous devez, en raisonnable époux, être pour moi contre elle, et prendre mon courroux
C'est prendre les vrais intérêts du christianisme, que de soutenir que les démons n'ont point été les acteurs des oracles
Prendre le parti de, parti pour, voy. PARTI 3, n° 5, et, absolument, prendre parti, voy. le n° 10.
Sémantique : Terme de palais. Prendre le fait et cause de quelqu'un, ou prendre fait et cause pour quelqu'un, intervenir en cause pour lui.
Sémantique : Fig. Dans le discours ordinaire, prendre fait et cause pour quelqu'un, prendre la défense de quelqu'un.
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Il se dit des sentiments, des passions que l'on éprouve.Par l'estime qu'on prend pour un autre mérite
de Pierre CORNEILLE dans Sophon. I, 2
Prenez des sentiments plus justes et plus doux
de Pierre CORNEILLE dans Tois. d'or, IV, 3
Où prends-tu cette audace et ce nouvel orgueil ?
de Pierre CORNEILLE dans Cid, III, 1
Mon coeur en prend par force une maligne joie
de Pierre CORNEILLE dans Poly. III, 5
J'en pris pour l'avenir dès lors quelques alarmes
de Pierre CORNEILLE dans Oedipe, I, 4
Un ami, qui m'est joint d'une amitié fort tendre, Et qui sait l'intérêt qu'en vous j'ai lieu de prendre
J'y retournai le lendemain, toujours en badinant de cet amour que je disais vouloir prendre et qui, à ce que je crois, était tout pris
Je suis environné de chagrins, quoique je tâche de n'en point prendre
Je pris du goût pour la littérature et quelque discernement des bons livres
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Confess. III
J'ai pris goût à la république, Depuis que j'ai vu tant de rois
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Républ.
Prendre l'épouvante, avoir tout à coup une grande frayeur.
41
Obtenir, se procurer.Vous savez quel empire il a pris sur mon âme
de Casimir DELAVIGNE dans Vêpres sicil. I, 4
Prendre des renseignements, des informations, se renseigner, s'informer.
On dit à peu près dans le même sens : prendre connaissance d'une chose.
Prendre la vengeance, se venger de.
Pour m'ouvrir une voie à prendre la vengeance De son hypocrisie et de son insolence
Prendre ses avantages, profiter des occasions qui se présentent.
Il [Mazarin] croyait que, tous les gros joueurs ayant la réputation de tromper, il ne lui était pas défendu de faire comme les autres, ce qu'il appelait d'un ton plus doux prendre ses avantages
de BRIENNE dans Mémoires, ch. VIII
Prendre avantage, même sens. Cet homme prend avantage de tout.
Prendre de l'avantage, prendre son avantage pour monter à cheval, se dit de ceux qui, pour monter plus facilement à cheval, s'aident d'une pierre, d'un banc.
Prendre le dessus, se dit d'une personne dont la santé, les affaires, etc. se rétablissent.
Prendre la grande main, la haute main dans une affaire, y prendre la principale autorité.
Prendre l'avis, consulter.
De Maxime et de toi j'ai pris les seuls avis
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, V, 1
Prendre les avis, les voix, les recueillir.
Prendre des inscriptions en médecine, en droit, s'inscrire pour commencer ses études dans la médecine, dans le droit.
Prendre ses degrés, ses grades, obtenir, dans une université, les titres de maître ès arts, de bachelier, de licencié, de docteur.
On dit de même : prendre ses licences.
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Avec un nom de temps, remettre à une autre époque, à un autre moment. Prendre du délai. Prendre du temps.Prends un an, si tu veux, pour essuyer tes larmes
de Pierre CORNEILLE dans Cid, V, 7
Prendre un moment, se réserver un moment.
Il faudrait être bien misérable pour ne vouloir pas prendre un moment en toute sa vie pour mettre un chapelet à son bras, ou un rosaire dans sa poche, et assurer par là son salut
de Blaise PASCAL dans Prov. IX
Prendre jour, fixer un jour.
Mais hier, quand elle sut qu'on avait pris journée, Et qu'enfin la bataille allait être donnée....
de Pierre CORNEILLE dans Hor. I, 1
Prenez entre vous l'ordre et du temps et du feu [pour un duel], Je m'y rendrai sur l'heure et vais l'attendre ; adieu
de Pierre CORNEILLE dans D. Sanche, I, 4
Vous aviez pris jour pour un lien si doux
Prendre son temps, ne point se presser, faire une chose à loisir.
Prendre le temps, l'occasion, le moment, saisir le temps, l'occasion, le moment favorable.
Prendre le temps, l'occasion, le moment, saisir le temps, l'occasion, le moment favorable.
Prenons l'occasion, tandis qu'elle est propice
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, I, 3
Ils [les loups] vous prennent le temps que dans la bergerie Messieurs les bergers n'étaient pas
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. III, 13
Pour arriver ici mon père a pris le frais [le temps du frais]
J'ai pris ce moment-là pour demander au roi, qu'on ne fasse rien là-dessus que par vous
Prendre son temps, choisir le moment favorable.
Sur l'ennemi commun [ils] sauront prendre leur temps
de Pierre CORNEILLE dans Héracl. V, 6
Dans l'abord il [le moucheron] se met au large, Puis prend son temps, fond sur le cou Du lion qu'il rend presque fou
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. II, 6
Je ferais le voyage qu'il vous conseille ; je prendrais mon temps ; je mettrais ce remède au rang de mes affaires indispensables
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 11 oct. 1679
Don Gabriel forma le dessein de m'enlever, et prit si bien son temps et ses mesures, qu'il l'exécuta sans peine un soir que je m'en retournais toute seule à la ferme
de Alain René LESAGE dans Estev. Gonz. 55
Dans le sens contraire.
J'aime mieux qu'on me blâme d'avoir mal pris mon temps que d'avoir été indifférent dans un déplaisir qui vous a été si sensible
de Paul SCARRON dans Lett. Oeuv. t. I, p. 217, dans POUGENS
Que vous prenez mal votre temps, madame Jacob ! vous me voyez en compagnie...
de Alain René LESAGE dans Turc. V, 9
Prendre le temps de quelqu'un, attendre le moment qui convient à quelqu'un dont on a besoin.
En un sens différent, prendre le temps de quelqu'un, lui dérober une partie de son temps.
43
Prendre les choses de haut, les traiter avec une grande étendue d'esprit.Prendre la chose de plus haut, en parlant d'une narration, faire le récit des choses qui ont précédé celles que l'on raconte.
On dit dans le même sens : prendre les choses de loin.
44
Il se dit de quelques opérations scientifiques.Sémantique : Terme d'astronomie. Prendre des distances d'astres, observer avec un instrument les distances angulaires de ces astres.
Sémantique : Terme de marine. Prendre la hauteur du soleil, de la lune ou d'un autre astre, ou, absolument, prendre hauteur, mesurer avec un instrument la hauteur d'un astre au dessus de l'horizon pour en conclure la latitude. Pendant douze jours je n'ai pas quitté le compas et la carte marine ; j'ai même pris hauteur, ce qui est très fort pour un ambassadeur ecclésiastique, Lettre du card. de Polignac, 1693, dans JAL.
En médecine clinique, prendre l'observation d'un malade, consigner jour par jour les phénomènes de la maladie.
En général, prendre des observations, recueillir des notes sur certaines choses.
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Au jeu, prendre sa revanche, jouer une seconde partie pour se racquitter de ce qu'on a perdu.Sémantique : Fig. Prendre sa revanche, regagner un avantage qu'on avait perdu, ou l'équivalent.
Au jeu de paume, prendre sa bisque, compter le quinze qu'on a reçu de celui contre qui l'on joue, et qu'on est en droit de prendre quand on veut.
Sémantique : Fig. et familièrement. Bien ou mal prendre sa bisque, faire usage à propos ou mal à propos d'un moyen qu'on a pour réussir dans une affaire, pour obtenir une grâce.
46
Sémantique : Terme de chasse. Prendre le change, se dit des chiens lorsqu'ils quittent la bête qui a été lancée pour en prendre une autre.Sémantique : Fig. Prendre le change sur un objet, sur une affaire, s'y tromper.
Faire prendre le change à quelqu'un, le tromper, l'induire en erreur.
Prendre les devants, faire un tour avec les chiens pour requêter et retrouver la voie d'un animal.
On dit que le cerf prend son buisson, quand il choisit un endroit dans une forêt pour se retirer le jour et aller aisément la nuit dans les champs.
Prendre le vent, se dit de l'action des chiens qui vont à la rencontre du gibier.
Sémantique : Terme de fauconnerie. Prendre motte, se dit d'un oiseau qui se pose à terre au lieu de se percher.
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Sémantique : Terme de marine. Prendre le bord du large, prendre au large, prendre le large, s'éloigner de terre pour gagner la haute mer. Les galères sortirent à petit bruit de leurs postes, et prirent au large, Duquesne à Seignelay, 1680, dans JAL.Sémantique : Fig. Prendre le large, s'enfuir.
Prendre la haute mer, gagner la haute mer.
Prendre le largue, passer de l'allure du plus près du vent à celle du largue, c'est-à-dire courant près du vent, élargir l'angle de sa route.
Prendre la mer, s'embarquer.
Prendre terre, prendre port, débarquer.
Il ne vient que vous perdre en venant prendre port
de Pierre CORNEILLE dans Pompée, I, 1
Prendre les amures sur le bord, les fixer.
Prendre vent devant, virer de bord.
Prendre la mer de bout, mettre ou avoir le cap dans la direction de la lame, et la couper directement avec l'étrave en faisant route.
Prendre une bitture, retirer de la cale et élonger sur le pont la longueur de câble nécessaire pour un fond où l'on va mouiller.
Prendre un corps-mort, en faire parvenir les câbles à bord pour s'amarrer, au mouillage, sur ce corps-mort.
Prendre chasse, fuir devant la poursuite d'un ennemi.
Un bâtiment, une voile, prennent ou sont pris, lorsqu'en venant au vent le bâtiment est masqué ou la voile coiffée.
Prendre des ris, voy. RIS.
Prendre le plus près, voy. PRÈS.
Prendre en chargement, prendre du monde, des troupes, des passagers, etc. les mettre, les recevoir à bord.
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Prendre à, accepter comme.Puisque Dieu le voulut, je pris le tout à gré
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. X
Mon ami, prenez ce discours à bon présage
de Blaise PASCAL dans Prov. II
Prendre une chose à coeur, s'en affecter.
Il me semble que vous prenez la chose fort à coeur
Prendre une chose à tâche, chercher tous les moyens de la faire.
Prendre quelqu'un à témoin, invoquer son témoignage. Je les prends à témoin de l'insulte que vous me faites.
Je prends à témoin le prince votre père si ce n'est pas vous que j'ai demandée
On dit de même : prendre Dieu à témoin.
Prendre à partie, voy. PARTIE 1, n° 17.
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Prendre dans, puiser à.Il mêle avec l'orgueil qu'il a pris dans leur sang La fierté des Nérons qu'il puisa dans mon flanc
de Jean RACINE dans Brit. I, 1
Cet amour du pouvoir que l'on prend dans les camps
de Marie-Joseph CHÉNIER dans Gracques, II, 3
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Prendre quelqu'un en, le surprendre, l'attaquer d'une certaine façon.Va, tu l'as pris en traître ; un guerrier si vaillant N'eût jamais succombé sous un tel assaillant
de Pierre CORNEILLE dans Cid, V, 6
Tu [Ulysse] as pris les amants [de Pénélope] en trahison, c'étaient des hommes amollis par les plaisirs
Attaquer. Prendre les ennemis en queue, en flanc, les attaquer par la queue, par le flanc.
L'empereur, avec le reste, côtoyant la colline à droite, s'approcha des ennemis pour les prendre en flanc
Sémantique : Fig. Prendre quelqu'un en, ressentir un certain sentiment pour lui. Prendre quelqu'un en amitié, en haine. Prendre quelque chose en gré.
Cela me fait prendre le monde en horreur avec justice
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans lett. roi de Prusse, 21 avril 1760
Prendre quelqu'un ou quelque chose en guignon, en grippe, être prévenu contre quelqu'un, contre quelque chose.
Prendre quelqu'un en pitié, avoir pour lui de la pitié ou du dédain.
Quand le substantif n'est pas sans article, on met dans au lieu de en.
Aussi m'a-t-elle pris dans le plus parfait dédain
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Hél. I, 34
Prendre le mal d'autrui en pitié, en être touché.
Prendre les choses en patience, les supporter patiemment.
Prendre une chose en considération, la remarquer, en tenir compte.
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Prendre pour, regarder comme, supposer.Quand je prendrai l'un pour l'autre, vous me remettrez au droit chemin
Ils prennent pour affront la pitié qu'on a d'eux
de Pierre CORNEILLE dans Hor. III, 2
Un jour le cuisinier, ayant trop bu d'un coup, Prit pour oison le cygne
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. III, 12
Car enfin, mes pères, pour qui voulez-vous qu'on vous prenne ? pour des enfants de l'Évangile, ou pour des ennemis de l'Évangile ?
de Blaise PASCAL dans Prov. XI
Je n'aurais pas pris votre courage pour de la force comme on a fait
Athènes, la plus polie et la plus savante de toutes les villes grecques, prenait pour athées ceux qui parlaient des choses intellectuelles, et c'est une des raisons qui avaient fait condamner Socrate
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. II, 5
Tircis, l'amour n'est point de votre connaissance, Vous prenez sa soeur pour lui
de DESHOUL. dans Poés. t. I, p. 126
C'est lui [le distrait] encore qui entre dans une église, et, prenant l'aveugle qui est collé à la porte pour un pilier et sa tasse pour le bénitier, y plonge sa main
de Jean de LA BRUYÈRE dans XI
Rien n'est plus commun que de prendre sa tête pour son coeur
Sémantique : Familièrement. Pour qui me prenez-vous ? se dit pour avertir quelqu'un qu'il se trompe du tout au tout sur ce que je suis.
Comment, madame, pour qui prenez-vous monsieur Jourdain ?
Que va-t-il penser de moi ? pour qui me prendra-t-il ? mon Dieu ! que je suis malheureuse !
de Pierre de MARIVAUX dans Marianne, part. 3
Prendre saint Pierre pour saint Paul, prendre l'un pour l'autre.
Sémantique : Familièrement. Prendre quelqu'un pour un autre, en juger autrement qu'il ne faut. Allez chercher votre dupe ailleurs, vous m'avez pris pour un autre.
Sémantique : Fig. Prendre martre pour renard, se méprendre.
Prendre un homme pour une dupe, le regarder comme facile à tromper.
Prendre un homme pour dupe, le tromper.
Prendre pour bon, croire (presque toujours avec un sens ironique).
Voyez ce que c'est que de n'être pas jour et nuit en ce pays-ci [la cour] ! le coadjuteur.... prend pour bon ce que la reine vient de lui dire
Fig et familièrement. Il a pris ce qu'on lui a dit pour argent comptant, il a cru trop facilement ce qu'on lui a dit, il a trop compté sur ce qui n'était qu'apparence.
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Prendre avec un nom de chose pour sujet.Entourer, envelopper.
Cette draperie est une seule et unique pièce d'étoffe qui s'en va prendre les bras, les jambes, le corps, les épaules, le dos, toute la figure
Sémantique : Fig. Faire impression, s'emparer de l'esprit.
Et l'ingrate beauté dont le charme m'a pris
de Jean de ROTROU dans Vencesl. IV, 2
Laissons-nous aller de bonne foi aux choses qui nous prennent par les entrailles, et ne cherchons point de raisonnements pour nous empêcher d'avoir du plaisir
Toinette : La tendresse paternelle vous prendra. - Argan : Elle ne me prendra point
Ils [les sacrements] nous prennent l'esprit par la vue et par l'ouïe tout ensemble
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Euch. II, 6
Il se dit des maladies qui saisissent. L'accès le prit à telle heure.
La fièvre de monsieur le Dauphin, qui le prend dans cette saison à Saint-Germain
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 22 juill. 1671
Ma colique m'a pris assez mal à propos
de Jean-François REGNARD dans Légat. II, 4
Eh ! dis-moi, je te prie, Te prennent-ils souvent ces accès de folie ?
Il se dit, dans un sens analogue, des sentiments, des passions, etc.
L'épouvante les prend à demi descendus
de Pierre CORNEILLE dans Cid, IV, 3
Le repentir m'a pris, et j'ai craint le courroux céleste
Si la curiosité me prenait de savoir....
de Blaise PASCAL dans Prov. I
Vous souvient-il des fantaisies qui vous prenaient quelquefois de trouver qu'il y a des mois qui ne finissent point du tout ?
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 25 mai 1680
À peine y sommes-nous entrés [dans l'église] à certains jours que l'ennui nous prend et que nous pensons à nous retirer
de Louis BOURDALOUE dans Exhort. sur le reniem. de St Pierre, t. I, p. 466
Quand la colère me prend, ordinairement la mémoire me quitte
Nature : Absolument.
L'âge s'avance, les charmes passent, les hommes s'éloignent, la mauvaise humeur prend
de Denis DIDEROT dans Père de famille, II, 2
Contracter certaines qualités bonnes ou mauvaises.
Il semblait que tout prît un vice particulier et se corrompît en même temps
L'arc parut prendre quelque élasticité entre ses mains
Des barres de fer qu'on laisse tomber plusieurs fois de suite d'une certaine hauteur prennent du magnétisme par l'effet de leurs chutes réitérées
Ce jaspe qui prend très bien le poli
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans ib. t. I, p. 66
Le sommet est d'un brun noirâtre qui prend un peu de jaune par derrière et sur les côtés
Le coton ne prend le rouge de la garance d'une manière solide que lorsqu'il a été imprégné d'huile
de CHAPTAL dans Instit. Mém. scienc. t. II, p. 289
Prendre son pli, voy. PLI.
Absorber, détourner.
C'est ce qui prend tout l'argent et toute l'attention
Prendre du temps, exiger beaucoup de temps. Ce travail m'a pris beaucoup de temps, peu de temps.
Surprendre. La pluie nous prit en chemin.
La nuit et le sommeil les prirent en même temps
Prendre sa source, en parlant d'un cours d'eau, commencer à couler, avoir son origine.
Prendre son cours, suivre une certaine direction en coulant.
Cette affaire prend un bon tour, un mauvais tour, on peut présumer, vu la manière dont elle marche, qu'elle réussira, ne réussira pas.
On dit de même : cela prend une bonne, une mauvaise tournure.
Sémantique : Par analogie. Le train que prennent les choses.
S'imprégner. Prendre l'eau.
Il veut que les souliers des enfants prennent l'eau
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. II
Prendre le sel, son sel, voy. SEL.
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Prendre se construit avec plusieurs substantifs sans article, et forme locution ; on en donne ici quelques exemples, en y joignant parfois, pour marquer la différence, l'emploi avec l'article.Prendre foi, prendre créance, se fier.
Mais je n'ai point pris foi sur ces méchantes langues
Et tâchez, comme il prend en vous quelque créance, De le dissuader de cette autre alliance
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans ib. V, 6
Prendre droit, acquérir des droits.
Et je serais encore à nommer le vainqueur, Si le mérite seul prenait droit sur un coeur
Prendre droit, avec un nom de chose pour sujet, être capable de (locution qui vieillit).
Cependant apprenez prince, à vous mieux armer Contre ce qui prend droit de vous trop alarmer
Prendre patience. supporter patiemment.
Il a affaire à un fâcheux, à un homme oisif qui se retirera à la fin, il l'espère, et il prend patience
de Jean de LA BRUYÈRE dans XI
Prendre courage, se remettre en courage, en espoir.
Prends courage, ma fille....
de Pierre CORNEILLE dans Cid, II, 9
Prendre visée, s'attacher à.
Elle est sage, elle m'aime, et votre amour l'outrage ; Prenez visée ailleurs, et troussez-moi bagage
Prendre garde, voy. GARDE 1, n° 5.
Prendre peine, travailler à.
Tant pis encore de prendre peine à dire des sottises
Prendre de la peine, travailler avec soin.
Travaillez, prenez de la peine, C'est le fonds qui manque le moins
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. v, 9
Prendre plaisir, se plaire à. Il prend plaisir à nous tourmenter.
Il se dit aussi avec de.
Car le ciel a trop pris plaisir de m'affliger
Je prends plaisir d'être seule
Je pense qu'il ne prend pas plaisir de nous voir
Prendre le plaisir de la chasse, de la pèche, de la promenade, etc. aller à la chasse, à la pêche, à la promenade.
Prendre soin, donner des soins. Prendre soin d'un malade. Je voulais, en mourant, prendre soin de ma gloire.
Et dérober au jour une flamme si noire
de Jean RACINE dans Phèdre, I, 3
Prendre le soin, ne pas négliger de.
C'est un étrange fait du soin que vous prenez à me venir toujours jeter mon âge au nez
Prendre parole de quelqu'un, tirer assurance, promesse verbale que telle chose sera faite.
Prendre la parole de quelqu'un, recevoir son engagement, sa promesse.
Prendre la parole, commencer à parler.
Prendre mesure, noter d'une certaine façon les quantités nécessaires pour faire un habit, un soulier, etc.
Prendre la mesure, les dimensions d'un objet, le mesurer.
Prendre place, se mettre parmi.
Prendre la place de, se mettre à la place de.
Il n'est plus temps, madame, une autre a pris la place
Prendre langue, voy. LANGUE, n° 4.
Prendre pied, s'établir solidement. Il a pris pied dans cette administration.
Prendre le pied, s'autoriser.
De peur que, sur votre faiblesse, il ne prenne le pied de vous mener comme un enfant
Sémantique : Fig. Prendre un pied, s'emparer d'une étendue égale à celle d'un pied, s'impatroniser le moins du monde.
Laissez-leur prendre un pied chez vous, Ils en auront bientôt pris quatre
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. II, 8
Prendre racine, s'enraciner.
Prendre loi, obéir à.
Il serait beau vraiment qu'on le vît aujourd'hui Prendre loi de qui doit la recevoir de lui !
Prendre les lois, des lois, même sens.
Et tu devais tenir pour assuré présage, ....Que toute cette Europe allait prendre tes lois
Vous ne prenez de lois que de votre caprice
de Jean de ROTROU dans Venc. I, 1
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Nature : V. n. S'enraciner. La vigne ne prend pas dans ce terrain. Des plantes qui prennent de bouture.Sémantique : Fig.
Sans lui [Dieu] nous ne pouvons rien faire, et ses plus saintes paroles ne prennent point en nous, comme il l'a dit lui-même
Jésus-Christ leur dit : Vous voulez me tuer, méchants que vous êtes, parce que mon discours ne prend point en vous
Son esprit est ce que l'a fait la nature : la culture et les soins n'y prennent pas
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Confess. VII
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Sémantique : Fig. Réussir, avoir du succès.Cet exemple prit universellement, et répandit dans l'arche un esprit de coquetterie qui dura pendant tout le séjour qu'on y fit
de MONCRIF dans dans DESFONTAINES
Cette doctrine eut de la peine à prendre à la Chine et au Japon
Je ne pense pas que la méthode de l'illustre Réaumur pour faire éclore les poulets ait pris en France
de Charles BONNET dans 9e lett. hist. nat.
Il se dit aussi des personnes. Ce jeune homme a bien pris dans le monde.
D'Aquin n'avait jamais pu prendre avec Mme de Maintenon
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S'attacher à, avec un nom de personne pour sujet. On a beau faire étudier cet enfant, il ne prend à rien.J'en demeurerai à la simple approbation [des bouts-rimés], quand ce ne serait que pour faire voir à Pauline qu'il y a des choses où mon esprit ne prend pas
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 12 juil. 1690
C'est un homme qui prend à tout, qui ne prend à rien, qui s'intéresse à tout, qui ne s'intéresse à rien.
57
Faire son effet, s'attacher à, avec un nom de chose pour sujet. Cette couleur ne prend pas. Les vésicatoires ont bien pris. Les sangsues n'ont pas pris.Sémantique : Fig.
L'évêque de Chartres m'avertissait qu'on m'avait rendu les plus mauvais offices auprès du roi, et qui avaient pris
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 212, 119 Espérant me causer de l'inquiétude, tout cela ne prenait point, J. J. ROUSS. Ém. II.
Cette raison prend peu sur nous, riches
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans ib. IV
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Faire une impression trop forte.Je me porte à merveilles, hors que je n'ai pu souffrir la douche, c'est que je n'en avais nul besoin cette année, et qu'elle prenait trop sur moi
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 21 sept. 1677
Sémantique : Particulièrement. Faire une impression trop forte à la gorge, au nez. Ce ragoût prend à la gorge. La moutarde prend au nez.
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Il se dit de ce qui s'allume ou fait explosion.Leur hôtel de Paris a pensé brûler : une chambre, avec ce qui était dedans, a été brûlée tout entière ; et le miracle, c'est qu'il y avait dans cette chambre de la poudre qui ne prit point
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 5 janv. 1680
Elle [la flamme] prend partout en un instant, et cet admirable édifice est réduit en cendres
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. II, 8
Comme il vit que la flamme commençait à prendre au bûcher
À vous entendre, J'ai cru qu'à la maison le feu venait de prendre
de Jean-François REGNARD dans le Distr. I, 2
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S'épaissir, se cailler, se glacer. Cette gelée ne prendra pas. La rivière a pris cette nuit.61
Commencer en un point et s'étendre de là.Une tache d'un pourpre clair prend à l'angle de l'oeil, et se termine en arrière par un trait du bleu le plus vif
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Il se dit des maladies qui font invasion.La maladie de Mme la comtesse de Montrevel, qui lui prit le lendemain qu'elle arriva
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Ménage, 19 août 1652
Le frisson lui prit à Versailles ; c'est demain le quatrième jour
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 313
Nous avons eu beaucoup de peine à faire revenir mademoiselle d'un évanouissement qui lui a pris
de Pierre de MARIVAUX dans Marianne, part.
Une petite toux qui prit au mari abrégea toutes les politesses
Nature : Impersonnellement.
Il lui prit un frisson, et il changea de visage
de Alain René LESAGE dans Diabl. boit. 20
Il lui prit un étouffement qui le fit retomber à sa place, où nous crûmes qu'il allait expirer
de Pierre de MARIVAUX dans Marianne, part. 10
Il se dit, au même sens, des affections morales.
On eût dit que chaque chambre était un oratoire : l'envie d'y faire oraison y prenait en entrant
Cette délicatesse lui prit un matin, comme Il venait de faire la cour à une prude
Nature : Impersonnellement.
Il m'en a pris quelque petite crainte [que des lettres ne fussent perdues]
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 319
Il prit à ce Mordant un dégoût de la vie ; il paya ses dettes, écrivit à ses amis pour leur dire adieu....
Il lui a pris en gré de faire telle chose, la fantaisie lui est venue de faire telle chose.
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Nature : Impersonnellement. Avoir de bonnes ou de mauvaises suites.Bien vous prend que son frère ait tout une autre humeur
Bien lui prend de n'être pas de verre
Lise : Elle n'a que vingt ans. - Le marquis : Bien lui prend ; la jeunesse est mon goût....
de Thomas CORNEILLE dans Comt. d'Orgueil, I, 2
Mais Madame tint ferme, et ne se relâcha point, dont bien lui prit
de LA FAY. dans Hist. Hte d'Angl.
Il se dit au même sens avec en explétif.
Je ne sais pas comment il m'en prendra ; mais je sais bien que vous me devez beaucoup d'estime et d'amitié
de Paul SCARRON dans Lettres, Oeuv. t. I, p. 199, dans POUGENS
Il en prit aux uns comme aux autres : Maint oisillon se vit esclave retenu
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. I, 8
.... Ce conseil ne plut pas ; Il en prit mal ; et force états Voisins du sultan en pâtirent
de Jean de LA FONTAINE dans ib. XI, 1
L'esprit peut causer des passions par lui-même, et bien en prend aux femmes
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Dial. Platon, Marg. d'Éc.
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Se prendre, Nature : v. réfl. Être saisi avec la main. Cela se prend avec des mitaines.Cette étoffe se prend à pleine main, elle est moelleuse, bien fournie.
Se prendre par la main, se saisir l'un l'autre par la main.
Je me disais : on va signer la paix dans Hanovre,.... on ne songera plus qu'à aller à la comédie.... tout le monde se prendra par la main pour danser depuis Collioure jusqu'à Dunkerque
Se prendre aux cheveux, se saisir l'un l'autre par les cheveux.
Nos braves s'accrochant se prennent aux cheveux
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. III
Fig et familièrement. Se prendre aux cheveux, avoir une vive querelle. Ils se prirent aux cheveux, et la discussion fut très vive.
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S'attacher, s'accrocher. Un homme qui se noie se prend à tout ce qu'il atteint. Sa perruque se prit à un clou. Il s'est pris à des épines, et son habit a été déchiré.Il faut se prendre à l'arbre et non pas aux rameaux
Il tend les mains à tous les objets qui l'environnent comme pour s'y prendre encore ; et il ne saisit que des fantômes
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Avent, Mort du péch.
À quelles branches ne se prend-on point, quand on se noie dans les systèmes ?
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Singul. nat. X
Sans cette précaution les filets se prendraient les uns dans les autres
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Maison rust. t. I, p. 386, dans POUGENS
Sémantique : Fig.
L'esprit se rebute et s'abat aussitôt qu'il a fait quelque effort pour se prendre et pour s'arrêter à quelque vérité
Il semble que le coeur ....s'ennuie de sa liberté... et que, ne trouvant plus, pour ainsi dire, où se prendre, il se prenne à tout
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Profess. relig. Serm. 3
Où le désir trompé ne sait plus où se prendre
de Jacques DELILLE dans Imagin. II
Ne savoir où, à quoi se prendre, ne savoir à quoi s'en tenir, à quoi recourir.
Je me suis pris à tout, ne sachant où me prendre
de Pierre CORNEILLE dans Galer. du Palais, v, 4
Ils [les Juifs] ont laissé passer ces précieux moments sans en profiter ; c'est pourquoi on les voit ensuite livrés au mensonge, et ils ne savent plus à quoi se prendre
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. II, 9
66
Être saisi dans un piége, dans un filet.Sachez, lui dit-il [Anacharsis à Solon], que ces écritures [les lois] ressemblent proprement à des toiles d'araignées : les faibles et les petits s'y prendront et s'y arrêteront ; mais les puissants et les riches les rompront sans peine
Les chardonnerets ne se prennent point à la pipée, et ils savent échapper à l'oiseau de proie en se réfugiant dans les buissons
Nature : Impersonnellement.
L'Église est représentée comme un filet où il se prend toute sorte de poissons
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Euchar. II, 3
Sémantique : Fig.
Cela vous a pu servir avant ma quinzième lettre ; mais à présent, mes pères, on ne s'y prend plus : on va voir le concile et on trouve que vous êtes des imposteurs
de Blaise PASCAL dans Prov. XVI
Quand on veut poursuivre les vertus jusqu'aux extrêmes.... on se prend à la perfection même
Ce piége [une adroite flatterie] ne sera jamais usé ; l'amour propre des rois et des grands s'y prendra toujours
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Éloges, Despréaux, note 13
Eh ! c'est toi qui es un innocent de venir te prendre au piége apprêté pour un autre
67
Sémantique : Fig. Être captivé.C'est un mal terrible que cette disposition à se prendre par les yeux
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 23 oct. 1675
Si les coeurs des philosophes allemands se prennent par la lecture, les Wolfius, les Hanschius et les Tumingius seront tous amoureux d'elle [Mme du Châtelet] sur son livre
Mon coeur se prit et très vivement
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Confess. VII
Se laisser prendre, se laisser captiver.
Les autres en jugent par la bonne façon d'en juger, qui est de se laisser prendre aux choses, et de n'avoir ni prévention aveugle, ni complaisance affectée, ni délicatesse ridicule
Se prendre d'amitié, d'amour, d'aversion pour quelqu'un, concevoir de l'amitié, de l'amour, de l'aversion pour lui.
Ce petit étourdi s'est pris de goût pour moi, Et me croit son ami, je ne sais pas pourquoi
On dit de même : Se prendre de belle passion pour quelqu'un.
Nature : Absolument.
Et bien qu'il fût d'humeur Douce, traitable, à se prendre facile, Constance n'eut sitôt l'amour au coeur, Que la voilà craintive devenue
de Jean de LA FONTAINE dans Courtis. amour.
Se prendre de vin, s'enivrer.
68
S'unir ensemble. Ils se sont pris pour mari et femme.On fait accepter ses soins dès la première entrevue ; on en est récompensé dans la seconde ; et dans la troisième on se sépare comme on s'est pris, sans reproches et sans infidélité
de SAINT-FOIX dans Ess. Paris, Oeuvr. t. III, p. 417, dans POUGENS
C'est quelque chose de merveilleux, par exemple leur façon de vivre avec les femmes.... on se prenait, on se quittait, ou, se convenant, on s'arrangeait
de Paul Louis COURIER dans Simple discours.
69
Se prendre à, attaquer.Il fait mauvais se prendre aux poëtes
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Épître III
Et que sous l'étrivière il puisse tôt connaître, Quand on se prend aux miens, qu'on s'attaque à leur maître
de Pierre CORNEILLE dans Gal. du Palais, I, 9
Tu te prends à plus dur que toi, Petit serpent à tête folle
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. V, 16
Il se dit aussi des choses qu'on attaque.
Quel impie osera se prendre à leur vouloir [des dieux] ?
de Pierre CORNEILLE dans Hor. III, 2
Se prendre de paroles avec quelqu'un, avoir un démêlé.
Ils se prirent de paroles, le duc de C.... et lui
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 535
On dit dans le même sens, mais familièrement : Ils se sont pris de bec.
Se prendre à quelqu'un de, le quereller à cause de, le rendre responsable, lui imputer le tort.
Cependant, malheureux, à qui me dois-je prendre D'une accusation que je ne puis comprendre ?
de Pierre CORNEILLE dans Clit. IV, 7
Si vous fussiez tombé, l'on s'en fût pris à moi
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. V, 11
C'est ainsi qu'aux flatteurs on doit partout se prendre Des vices où l'on voit les humains se répandre
Vous dites que c'est pour se prendre à Dieu de tout : lisez, lisez ce traité [les Essais de morale, de Nicole] que je vous ai marqué, et vous verrez que c'est à lui en effet qu'il s'en faut prendre, mais c'est avec respect et résignation
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 25 mai 1680
Il [Ch. de Sévigné] s'est pris à moi, et me dit que je lui avais donné de ma glace
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 8 avr. 1671
Il se dit avec en explétif.
Mais, puisqu'il est vaincu, qu'il s'en prenne aux destins
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. I, 1
Ne nous en prenons pas à la dévotion, mais à nous-mêmes, et n'y cherchons du soulagement que par notre correction
Il me faut l'auteur de l'univers pour raison de tout ce qui arrive ; quand c'est à lui qu'il faut m'en prendre, je ne m'en prends plus à personne, et je me soumets
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 423
Sa vessie le fait souffrir, et il s'en prend à qui il peut
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Lett. à Voltaire, 31 oct. 1761
L'un d'eux s'en prenait à Voltaire, et surtout à Rousseau, de l'irréligion du siècle
70
Se prendre à, employer de l'adresse, de l'habileté à.Voilà comme en amour un novice se prend
Elle se prend d'un air le plus charmant du monde aux choses qu'elle fait
Oui, madame, voyons d'un esprit adouci Comment vous vous prendrez à soutenir ceci
Je ne sais comme je dois me prendre à vous faire cette sollicitation
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Moulceau, t. X, p. 549, éd. RÉGNIER
Mais par où m'y prendrai-je ? et que faudra-t-il faire ?
D'abord il s'y prit mal, puis un peu mieux, puis bien ; Puis enfin il n'y manqua rien
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. XII, 9
On obtient tout de moi quand on s'y prend de la bonne façon
Elle allait éprouver comment il s'y prenait pour tourmenter
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 7
Vous-même, qui vous plaignez que vous ne savez comment vous y prendre pour prier
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Prière 1
C'est à Hercule à dire comme il faut s'y prendre pour étouffer Antée
Pour faire le bien il faut le pouvoir, et, quand on le peut, il faut savoir s'y prendre
71
Suivi de à et d'un infinitif, commencer, se mettre à.Ayant appris le sujet de sa détention, il s'en prit à rire, et dit qu'on le renverrait le lendemain
Un des plus effrontés coquins de la lie du peuple se prit à outrager Périclès de paroles
de Paul Louis COURIER dans Lett. II, 326
Sentant son coeur faillir, elle [Jeanne d'Arc] baissa la tête, Et se prit à pleurer
de Casimir DELAVIGNE dans Messéniennes, I, 5
72
Être contracté, en parlant de maladies.Il y a des folies qui se prennent comme les maladies contagieuses
Le mal se prend à voir des amants de trop près
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Poés. past. Oeuv. t. IV, p. 18, dans POUGENS
73
Se prendre s'est dit quelquefois pour s'allumer, du moins au figuré.Le feu se prit au coeur d'un muletier
de Jean de LA FONTAINE dans Mulet.
74
Se figer. L'huile se prend dès que la température baisse. Ce sirop se prendra.Par le refroidissement la liqueur s'est prise en sirop épais
de THENARD dans Instit. Mém. scienc. phys. et math. Sav. étrang. t. II, p. 120
75
Se prendre pour, prendre sa propre personne pour quelque autre.Lorsque notre âme veut se représenter sa nature et ses propres sensations, elle fait effort pour s'en former une image corporelle ; elle se cherche dans tous les êtres corporels, elle se prend tantôt pour l'un et tantôt pour l'autre
de Nicolas MALEBRANCHE dans Rech. vér. I, 13
76
Être compris, entendu, interprété. Ce mot se prend au sens propre.C'est ainsi que, du temps des Romains, les faisceaux se prenaient pour l'autorité consulaire ; les aigles romaines, pour les armées des Romains, qui avaient des aigles pour enseignes ; l'aigle, qui est le plus fort des oiseaux de proie, était le symbole de la victoire chez les Égyptiens
de DUMARS. dans Tropes, II, 2
Ce mot se peut prendre en bonne, en mauvaise part, il est susceptible d'une bonne, d'une mauvaise interprétation.
77
Être employé, en parlant de mots et de locutions. Ce verbe se prend figurément. Cet adjectif se prend substantivement.78
À tout prendre, Nature : loc. adv. Tout bien examiné.Tellement qu'à tout prendre, en ce monde où nous sommes....
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. v.
Encore qu'à ne regarder que les rencontres particulières, la fortune semble seule décider de l'établissement et de la ruine des empires, à tout prendre il en arrive à peu près comme dans le jeu, où le plus habile l'emporte à la longue
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. III, 2
79
Au fait et au prendre, Nature : loc. adv. Au moment de l'exécution, quand il est question d'agir, de parler.Au fait et au prendre, il fallait aux Romains et aux jésuites un homme dans cette dignité [le cardinalat] dont ils pussent faire un autre usage que de dire ce qu'ils lui avaient soufflé à mesure
PROVERBES
1
Exemple : Chacun prend son plaisir où il le trouve.2
Exemple : Ils sont pris, s'ils ne s'envolent, se dit pour se moquer de ceux qui ont manqué quelque capture.3
Exemple : Il n'y a qu'à se baisser et en prendre, se dit d'une chose très abondante ou très facile.Isabelle : Je prends Monsieur : il faut en courir le hasard. - Araminte : Et moi, je prends Monsieur. - Ménechme : Il semble à vous entendre, Que vous n'ayez ici qu'à vous baisser et prendre
4
Exemple : Ce qui est bon à prendre est bon à rendre, c'est-à-dire il vaut mieux se saisir d'une chose sur laquelle on croit avoir quelque droit, que de la laisser prendre à un autre, parce que, au pis aller, on est quitte pour la rendre.5
Exemple : Ce qui est bon à prendre est bon à garder.Basile : Puis comme dit le proverbe, ce qui est bon à prendre.... - Bartholo : J'entends, Est bon.... - Basile : à garder
6
Exemple : Qui prend s'engage, ceux qui empruntent ou qui reçoivent des présents, s'assujettissent à ceux qui les obligent.7
On dit dans le même sens : Exemple : Qui prend se vend.Mais vous avez reçu : quiconque prend se vend
de Pierre CORNEILLE dans Suite du Ment. II, 5
La raison de douter était tous les cadeaux, Bijoux donnés, et des plus beaux : Qui prend se vend
de Jean de LA FONTAINE dans Poés. mêlées, VI
8
Exemple : Fille qui prend se vend, et Exemple : fille qui donne s'abandonne.REMARQUE
1
1. On ne dit pas : prends-je ? mais : est-ce que je prends ?2
2. Prendre mal, pour se trouver mal, tomber en faiblesse, n'est pas français.3
3. L'idée les a pris d'aller à la campagne. Dites : l'idée leur a pris d'aller à la campagne.4
4. Prendre peur pour s'effrayer a été condamné par des grammairiens. Mais cette expression n'a rien d'incorrect, puisqu'on dit prendre pitié.HISTORIQUE
1
IXe s.Et ab Ludher nul plaid nunquam prindrai
dans Serment
2
XIe s.[Ils] Drecent lur sigle [voile], laisent curre par mer, Là pristrent terre o [où] Deus les volt mener
dans St Alexis, XVI
Cordres [il] a prise et les murs peceiez [mis en pièces]
dans Ch. de Rol. VIII
Dès or [il] comence le conseil que mal prist
dans ib. XI
À vos Franceis un conseil en presistes
dans ib. XI
Et Guene [il] ad pris par la main destre à doigts
dans ib. XXXVIII
Tant cops [il] a pris [reçu] de lances et d'espiez
dans ib. LX
Pernez mil Francs de France nostre terre
dans ib. LXII
Promis nous est, fin [nous] prendrum à itant
dans ib. CXIV
Mout grant vengeance en prendra l'emperere
dans ib. CXI
Vint tresqu'à els, sis [si les] prist à chastier
dans ib. CXXX
Li reis fait prendre le come Guenelon
dans ib. CXXXV
De plusurs choses à remembrer il prist
dans ib. CLXXIII
Pernez m'as bras, me dressez en seant
dans ib. CXCVIII
Entres qu'à Ais [il] ne velt prendre sejur
dans ib. CCLXIX
3
XIIe s.Cui [laquelle] je devoie et panre et noçoier
dans Ronc. p. 99
Quant il se prist au col de l'auferant [cheval]
dans ib. p. 138
Mais prent batisme, jel te di sans contraire
dans ib. p. 145
Il [l'épervier] prit son vol qu'ainz ne se volt targer
dans ib. p. 164
Mieus ne puet-ele [l'amour] trahir Celui où ele se prent
dans Couci, IV
[Ses beaux yeux] M'orent ainz pris que [je] m'osaisse donner
dans ib. VI
Que de lui pitié vous praigne
dans ib. IX
Dame, comment qu'il m'en preigne, [je] Merci amour de ce qu'ele me deingne [daigne] Tenir à sien....
dans ib.
Benoit soit li hardemens Où j'ai pris si bon espoir !
dans ib. XI
Doucement [je] sui engigniez et soupris [surpris] ; Car, s'ele veut, longuement serai pris
dans ib. XVII
Grant peché fait qui son home veut prendre Par beau semblant monstrer, tant que bien tient
dans ib. XX
et conment Conviendra il qu'à la fin congié [je] praigne ?
dans ib. XXII
Où que il voit le duc, si lui a pris à dire
dans Sax. X
Mais de chevage [impôt] panre est moult grant li enuis
dans ib. XVIII
Eslisez trois messages [messagers] en ceste vostre gent ; Girart de Montloon prenez premierement
dans ib. XX
Tut sul se combateit, n'i ot gueres amis : Car tuit près li evesque [presque tous les évêques] s'esteient al rei pris [attachés]
dans Th. le mart. 28
Mais turnerent à avarice, pristrent luiers, e falserent justice e dreiture
dans Rois, 26
Pren moi à feme, franc chevalier eslis ; Si demorra nostre guere à toz dis
dans Raoul de C. 223
Penre disons nos à la fois por tolir
dans Job, 507
4
XIIIe s.Chanter m'esteut [il me faut chanter], que m'en est pris courage
de QUESNES dans Romancero, p. 85
S'on prent, par droit, d'un larron la justice, Doit-on desplaire as loiaus, de neant ?
dans ib.
Se leur pese de ce que [je] vous ai di, Si s'en preignent à mon maistre d'Oisi, Qui m'a appris à chanter dès enfance
dans ib.
De ce pristrent li message jour de respondre à l'endemain
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans XV
Et fut devisés qu'il prendroient port à Corfol, et que li premier attendroient les derreniers, tant qu'il [jusqu'à ce qu'ils] seroient ensemble
dans ib. LVI
Jà [que ma dame] ne m'ait en grant vilté Pour la fievre qui m'est prise
dans Romancero, p. 127
Car largesse fait home aimer ; Et qui l'a moult lui est bien pris [bien lui en prend]
de LE COMTE DE BRET. dans Romanc. p. 162
Sa mere entra, si s'assiet devant li [elle], Bel li pria : fille, prenez mari
dans ib. p. 73
Il ne le nous vouloit baillier, S'un respoudant ne li bailloit, à cui il penre s'en pourroit
dans Saint-Graal, v. 1856
Dont doi-je prendre en gré se j'ai froit et pouverte [pauvreté]
dans Berte, XXX
Me gardez que [je] ne soie prise à beste cuiverte [malfaisante]
dans ib.
Et que premier [d'abord] leur prist talent [volonté] de la traïr
dans ib. LXIII
[Je] Ne sai quel mal la prist sous sa destre maissele [mâchoire]
dans ib. LXXXVI
Par mon cief, dit li rois englois, je m'en r'irai [retournerai] en Engleterre, et, si tost come jou i venrai, jou prenrai le roi de guerre [je ferai la guerre au roi]
dans Chr. de Rains, p. 45
Il [Théophraste] ne tient pas homme por sage Qui femme prent par [en] mariage, Soit bele ou lede, ou povre ou riche
dans la Rose, 8602
Dignités et poissance donne [la Fortune], Ne ne prent garde à quel personne
dans ib. 6586
Et quant se prent l'une [plante] à florir
dans ib. 5079
Si ne doit l'en mie tout prendre à la letre quanque l'en ot [entend]
dans ib. 7191
À Dedalus prennent exemple, Qui fist eles à Ycarus
dans ib. 5242
Amis, dist-il, [je] fais vous savoir, Vez-ci mon cors, vez-ci l'avoir Où vous avez autant com gié [je], Prenés-en sans prendre congé
dans ib. 8106
Et sachiés quant j'oï lor chant, Et je vi le leu verdoier, Je me pris moult à esgaier
dans ib. 684
Biaus amis, que faites vous là ? Fait courtoisie, çà venez. Et avecques nous vous prenez à la carole [danse], s'il vous plest
dans ib. 796
Ne cessent [les chevaliers] ne ne finent ne ne prisent [prirent] maison, Tant que virent de Nique les tours et le donjon
dans Ch. d'Ant. II, 327
Quant Solimans l'entent, près n'a le sens desvé : Ahi ! Mahomes sire, Com m'avez pris en hé [en haine] !
dans ib. III, 532
Et doit estre gaitant de dire ses paroles, si que son aversaire ne le puisse prendre à point, par quoi il perde sa carelle
dans Ass. de J. 50
Mix [mieux] vaut qu'on prengne [accepte] se [sa] penitence de son fol serement, qu'à fere mal por son serement tenir
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXXIV, 24
Et s'il estoient pris fesant [en flagrant delit de fausse monnaie]
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXX, 12
Quiconques est pris en cas de crieme et atains du cas si comme de murdre ou de traïson....
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXX, 2
Cil qui pert par le [la] negligence de son compagnon ne s'en doit penre qu'à sa folie
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXI, 32
Et se li enfant font aucun meffet, elquel meffet il appartiegne amende d'avoir, on se prent du meffet au pere, s'on ne pot trouver celi qui fist le meffet
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXI, 20
Se je baille me [ma] meson à ferme ou à loier, et li fus [feu] y prent, par l'outrage de celi à qui je l'ai baillie
de ID XLIII dans 41
Quar dès le berçuel commença, Dès le berçuel, et puis en çà Jusqu'en la fin de son eage, Jusques mort en prist le paage [péage]
de RUTEBEUF dans II, 124
Pour ce que un fort vent nes prist [ne les prît], et le menast en autres terres
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 214
Quant l'en prent les cités des ennemis, des biens que l'en treuve dedans, le roy doit en avoir le tiers
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 217
Les goutes et maladies de fourcelle [estomac] me prenroient
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 194
Et il sailli sus et le prist par les cheveus
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 275
Et de ce coup que nostre nef prist, furent li notonnier si desesperez....
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 196
Se il [le feu grégeois] se feust pris à riens sur li, il eust esté ars [brûlé]
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 228
Le sire de Courcenay et monseigneur Jehan de Saillenay me conterent que six Turs estoient venus au frain le roy et l'emmenoient pris
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 227
Nule dolor ne se prent à la moie [à la mienne] ; Car je sai bien, jamès ne la veré
dans Mss. de poésies franç. avant 1300, t. IV, p. 1438
J'ay paeur que par les infortunitez des dix hommes [des décemvirs] il li fust mal prins [il eût eu un revers]
de Pierre BERCHEURE dans f° 70, verso.
Se je me prens à escripre les choses fetes par les Romains....
de Pierre BERCHEURE dans f° 7
Je feray vo volloir, ne le doy refuser ; Mais se rien y mesfais à vo gré accorder, Vous le prendrez sur vous pour trestout amender
dans Hugues Capet, v. 3320
Pour lesquelles choses le juge dudit lieu a jugié et condempné à pranre mort ledit exposant
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans prendere.
Le comte Estienne entra soudainement au royaulme d'Angleterre, ne oncques ne se print [ne tint compte] à ce que le comte d'Angiers avoit eu à femme la fille de celui roy....
dans Chr. de St-Denis, t. I, f° 259, dans LACURNE
Il [l'auteur] prent incontinence pour le vice de desattrempance
de Nicolas ORESME dans Eth. 74
Il se fait boin fier en elles [femmes] vraiement, Otretant que sus glache [glace] qui sur une nuit prent
dans Baud. de Seb. III, 402
5
XVe s.La belle.... me dist moult amoureusement : Revenez nous, car vraiement à vostre line prenc plaisir
de Jean FROISSART dans Espin. amour.
Or regardez, dit Aymerigot à ses compagnons quand il tint les clefs, si j'ai bien sçu decevoir ce fol, je en prendrois bien assez de tels
de Jean FROISSART dans II, II, 214
Et si nous faisions une chose que je vous dirai, que nous presissions cinq ou six cens des nostres bien montés....
de Jean FROISSART dans II, III, 70
Je vueil que tous ceux qui sont là dedans y soient tellement enclos, que jamais par les portes en saillent ; je leur ferai prendre autre chemin
de Jean FROISSART dans II, III, 7
Angleterre est un pays moult dangereux à arriver ; et prenons que nous y arrivions, c'est un pays.... qui est très mauvais pour hostoyer [faire la guerre]
de Jean FROISSART dans II, III, 47
Jean Lyon prit paroles [querelle] et debat à lui, et l'occit
de Jean FROISSART dans II, II, 52
Et aussi cher avoit-il prendre la mort avec celle noble dame, qui dechassée estoit hors de son pays, si mourir y devoit, comme autre part
de Jean FROISSART dans I, I, 16
Vous avez grand tort, qui vous prenez à ce chevalier ; jà savez-vous qu'il est à madame la roine
de Jean FROISSART dans II, II, 235
Si leur pria ledit roi cherement, qu'ils voulsissent si bien penser et soigner de Tournay que nul dommage ne s'en prist....
de Jean FROISSART dans I, I, 126
La treve durant, qui fut prise entre le duc de Normandie et....
de Jean FROISSART dans I, I, 116
Je prens le temps ainsi qu'il peut venir
de Charles D'ORLÉANS dans Rond.
Dame, soies raisonnable droit cy, et ne pren pas les choses en leur pire entendement
de Georges CHASTELAIN dans Exposit. s. vérité.
I' fit response qu'ils mourroient tous ensemble, et que pas ne vouloit qu'on les prenst à rançon ni mist à finances
de Enguerrand de MONSTRELET dans I, 50
Mais que cuidez-vous que je soys ? Par le sang de moy je pensois Pour qui c'est que vous me prenez
dans Patelin
Il est, fait-elle, si chault que c'est merveilles ; et m'a dit la nourrice qu'il y a deux jours qu'il ne print la mamelle
dans les Quinze joyes de mariage, p. 79
Sus, emmenons ce malfaicteur ; Prenez devant, et moy derriere
dans Rec. de farces, p. 440
Tant faisoit d'armes que à luy ne se osoit prendre [comparer] autre, tant fust bon chevalier
dans Perceforest, t. IV, f° 60
Prenez [supposez] que le plus fort viengne au dessus ; a il pour ce droict en la cause ? par ma foy non
dans ib. t. VI, f° 88
Qui ne prent quant il peut, il ne prent pas quant il veult
dans ib. t. V, f° 17
Un chevalier à qui nul ne se povoit prendre [attaquer] qu'il ne fust desconfit
dans Lancelot du lac, t. III, f° 36, dans LACURNE
Lequel me print en son service
de Philippe de COMMINES dans I, 1
Prendre fin et desolations [les royaumes]
de Philippe de COMMINES dans I, 3
Et aux aucuns en print mal
de Philippe de COMMINES dans I, 8
L'an 1470 print vouloir au roy de se revencher du duc de Bourgongne
de Philippe de COMMINES dans III, 1
Il se print en mocquerie et dist....
de Philippe de COMMINES dans III, 10
Et s'en print l'on à rire, et s'en alla chascun desarmer et coucher
de Philippe de COMMINES dans I, 5
Il print de là son chemin en Normandie
de Philippe de COMMINES dans III, 10
Et tantost après que il en eust des nouvelles, il print la maladie
de Philippe de COMMINES dans V, 18
Et prenoit merveilleusement ceste matiere à cueur
de Philippe de COMMINES dans III, 8
6
XVIe s.En maint bon lieu j'ai donné mainte chose, Que l'on prenoit, sans penser le donneur Pretendre rien du prenant que l'honneur
de Clément MAROT dans I, 401
Tant m'ont pressé d'escrire, et me contraignent, Qu'il semble au vray, que plaisir elles preignent En mes propos....
de Clément MAROT dans II, 57
Il se print à plourer comme une vache
de François RABELAIS dans Garg. I, 15
Sans prendre alaine
de François RABELAIS dans ib. I, 51
Incontinent le feu se print à la paille
de François RABELAIS dans Pant. II, 14
Comment il en est prins [ce qui en est résulté], chacun le voit
de Jean CALVIN dans Instit. 980
Vous avez prins Calais, deux cens ans imprenable, Monstrant qu'à la vertu rien n'est inexpugnable
de Joachim DU BELLAY dans III, 66, recto
Je pren sur moy tout ce labeur icy
de Joachim DU BELLAY dans IV, 9, recto
Il se paissoit de cresson allenois, Qui prend au nez....
de Joachim DU BELLAY dans VII, 5, recto
... Et l'assura qu'il prenoit sur sa vie qu'elle n'auroit plus mal
Il y avoit un gentilhomme duquel elle estoit si fort prise [éprise] qu'elle n'en pouvoit plus
de Joachim DU BELLAY dans ib. XLIII
L'on ne se prend qu'à ce qu'on voit
dans ib. LXX
On ne se peut prendre à nous que de ce que nous faisons
de Michel de MONTAIGNE dans I, 55
Je n'en prendrai pas la peine
de Michel de MONTAIGNE dans I, 103
Prendre son ply [s'habituer]
de Michel de MONTAIGNE dans I, 107
Prendre medecine
de Michel de MONTAIGNE dans I, 131
S'y prendre [commencer] de bonne heure
de Michel de MONTAIGNE dans I, 184
Prendre au mot
de Michel de MONTAIGNE dans I, 404
Il le print [ce que je lui disais] de cette façon....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 185
Prendre terre [aborder]
de Michel de MONTAIGNE dans I, 230
Mais il leur prend [survient] des changements
de ID. dans I, 232
À le bien prendre, c'est en ce seul poinct que consiste la vraye victoire
de Michel de MONTAIGNE dans I, 242
Cap de bieu, encore avez-vous à choisir, à prendre ou à laisser
de Bonaventure DESPÉRIERS dans Contes, LII
J'ay montré la legereté dont on use à prendre querelle sans nul fondement
Lors que quelqu'un prent fantaisie de s'aller battre
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans ib.
Et qui en use autrement, il lui en prend comme à l'avare, lequel, ayant la felicité en ses coffres, n'en sçait ni n'en peut jouir
La terre couvrit le bout de la hampe, laquelle print, et commença à jetter branches
de Jacques AMYOT dans Rom. 32
Quand on approche quelque matiere aride, le feu y prend incontinent
de Jacques AMYOT dans Numa, 17
Il n'y en a guere eu qui ayent usé de ceste licence, et encore moins en est-il bien pris à celles qui en ont usé
de Jacques AMYOT dans ib. 18
On le blasma d'avoir fait cest accord pour recouvrer des gens qui par lascheté s'estoient laissez prendre aux ennemis
de Jacques AMYOT dans Fab. 19
Soudainement il lui estoit pris un relaschement de tous ses membres
de Jacques AMYOT dans Cor. 37
La fortune avoit pris à favoriser Timoleon, comme voulant estriver et faire à l'envy de sa vertu
de Jacques AMYOT dans Timol. 31
Quand ce vint au fait et au prendre
de Jacques AMYOT dans Pélop. 66
Il endure patiemment que son amy prenne la liberté de le reprendre hardiment des lourdes et grosses faultes
Peu d'arquebusades prirent [firent feu]
Le prince, n'aiant peu repasser la Meuze, prend vers le Quesnoy
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans ib. I, 339
Il [Laverdin] arrive sur le midi dans le quartier du general, et, aiant dit son nom, donne, sans autre ordre qu'à prene qui peut, dans le logis du comte
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans ib. III, 175
Cela se feroit plus aisement lorsque l'on fond et liquefie l'acier, plustost que d'attendre qu'il soit pris et consolidé en barre
de Ambroise PARÉ dans IX, 16
Par ce moyen la sangsue prendra plus facilement
de Ambroise PARÉ dans XV, 69
Cy pris cy mis [à tout hasard]
de GILLES DU GUEZ dans dans PALSGR
p. 895. Qui faict bien, bien lui en prent
de GILLES DU GUEZ dans p. 579
Commun proverbe, toute chose qui est bonne à prendre est bonne à rendre
Ce qui est bon à prendre n'est pas bon à rendre
dans Moyen de parvenir, p. 83, dans LACURNE
Qui a apprins à prendre sçait tard que c'est de rendre
de Randle COTGRAVE dans
Qui peu seme peu prend
de Randle COTGRAVE dans
Vieil oiseau ne se prend à retz
de Randle COTGRAVE dans
ÉTYMOLOGIE
1
Berry, prenre ; bourg. prarre, parre, prin, pris ; wallon, preind ; picard, prinde ; prov. prendre, penre, prener ; cat. pendrer ; espagn. prender ; ital. prendere ; du lat. prendere ou prehendere, de pre ou prae, et un radical hendere, que l'on rapproche du verbe grec signifiant saisir, prendre.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
1
Sémantique : Terme de turf. Prendre un cheval, parier en sa faveur. On dit : je prends Marengo à 7 contre 2 ; en admettant que le pari soit de 10 louis, cela veut dire : Si Marengo perd, je vous donnerai 20 louis ; s'il gagne, vous me donnerez 70 louis.2
Ajoutez :5. Mme de Sévigné a dit : La fantaisie m'a pris de me lever, 24 juill. 1675. Des grammairiens ont dit qu'il fallait m'a prise. Sans doute, si l'on fait ici prendre verbe actif ; mais il est neutre, et la tournure est plus élégante.
Synonymes de PRENDRE
- ABSORBER
- ABUSER
- ACCAPARER
- ACCOMMODER
- AGIR
- ANNEXER
- APPROPRIER
- ARRÊTER
- ASSIMILER
- ATTRAPER
- AVALER
- BOIRE
- COLLETER
- CONDUIRE
- CONFISQUER
- CONTRACTER
- DIGÉRER
- EMPLOYER
- ENGLOUTIR
- ENTREPRENDRE
- ENVAHIR
- EXÉCUTER
- FAIRE
- GRONDER
- INGÉRER
- LUTTER
- PROCÉDER
- SAISIR
- VOLER