L'oeuvre Tartuffe, ou l'imposteur de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE
Ecrit par Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE
Date : 1664
Citations de "Tartuffe, ou l'imposteur"
Utilisé pour le mot | Citation |
À | .... à l'orgueil de ce traître, De mes ressentiments je n'ai pas été maître |
À | La curiosité qui vous presse est bien forte, Ma mie, à nous venir écouter de la sorte |
ABHORRER | Sauvez-moi du tourment d'être à ce que j'abhorre |
ABOMINABLE | Voilà, je vous l'avoue, un homme abominable |
ACCOMMODEMENT | Le ciel défend, de vrai, certains contentements ; Mais on trouve avec lui des accommodements |
ADROIT, OITE | D'abord j'appréhendais que cette ardeur secrète Ne fût du noir esprit une surprise adroite |
AIGREUR | Je ne garde pour lui, monsieur, aucune aigreur |
AIMER | J'aimerais mieux souffrir la peine la plus dure Qu'il eût reçu pour moi la moindre égratignure |
AIMER | Et songez qu'il vaut mieux encor qu'il en mésuse Que si de l'en frustrer il faut qu'on vous accuse |
AIR | Contes en l'air |
AIR | Vous preniez tout l'air d'un méchant garnement |
AISE | J'ai voulu vous parler en secret d'une affaire, Et suis bien aise ici qu'aucun ne nous éclaire |
ALARME | Remettez-vous, monsieur, d'une alarme si chaude |
ALLER | Il ne va pas à moins qu'à vous déshonorer |
ALLER | Tous ses soins vont au ciel |
AMUSEMENT | Je t'attends ici pour moins d'amusement |
APPARENCE | Non, non, vous vous laissez tromper à l'apparence |
APPARENCE | Il n'y a nulle apparence à cela |
APPAS | Tous les biens de ce monde ont pour moi peu d'appas |
ASSOMMER | Je n'en puis revenir, et tout ceci m'assomme |
ATTACHE | Et sa puissante attache aux choses éternelles |
AU, AUX | Et qu'au dû de ma charge, on ne me trouble en rien |
AUNE | C'est véritablement la tour de Babylone, Car chacun y babille, et tout du long de l'aune |
AUTEL | Ils n'ont point de faveur qu'ils n'aillent divulguer, Et leur langue indiscrète, en qui l'on se confie, Déshonore l'autel où leur coeur sacrifie |
AVANT | Je les conjure de tout mon coeur de ne point condamner les choses avant que de les voir |
AVANT | Ah ! mon Dieu, je vous prie, Avant que de parler, prenez-moi ce mouchoir |
AVANT-HIER | Madame eut avant-hier la fièvre jusqu'au soir |
AVEC | Et qu'avecque le coeur d'un perfide vaurien Vous confondiez les coeurs de tous les gens de bien |
AVOIR | Il a l'oreille rouge et le teint bien fleuri |
BABILLER | C'est véritablement la tour de Babylone ; Car chacun y babille, et tout du long de l'aune |
BAILLIVE | Madame la baillive et madame l'élue |
BALANCE | Il ne tient pas l'auditeur en balance |
BAYER | Allons, vous, vous rêvez, et bayez aux corneilles |
BÉNIN, IGNE | Mais si d'un oeil bénin vous voyez mes hommages |
BIGOT, OTE | Vous moquez-vous des gens d'avoir fait ce complot ? Votre fille n'est point l'affaire d'un bigot |
BILE | Ma bile s'échauffe |
BLEU, BLEUE | Voilà les contes bleus qu'il vous faut pour vous plaire |
BON, BONNE | .... Je n'y veux point aller, De peur qu'elle ne vînt encor me quereller ; Que cette bonne femme.... - Ah ! certes, c'est dommage Qu'elle ne vous ouît tenir un tel langage ; Elle vous dirait bien qu'elle vous trouve bon, Et qu'elle n'est point d'âge à lui donner ce nom |
BON | Enfin le bon de tout c'est qu'à d'autres qu'à lui On ne peut vous lier que vous ne disiez oui |
BON | J'ai douté fort longtemps que ce fût tout de bon |
BONJOUR | Et je vais lui donner le bonjour seulement |
BOUCHE | Que sais-je si le coeur a parlé par la bouche ? |
BOUCHE | Le Tartuffe, dans leur bouche, est une pièce qui offense la piété |
BOUT | À table, au plus haut bout il veut qu'il soit assis |
BRAVE | Il est de faux dévots ainsi que de faux braves |
BRILLANT, ANTE | Mais voyant de ses yeux tous les brillants baisser |
BROCARD | Aux brocards de chacun vous alliez vous offrir |
BROUILLER | Non, non ; faisons toujours ce que le ciel prescrit, Et d'aucun autre soin ne nous brouillons l'esprit |
BRU | Quiconque à son mari veut plaire uniquement, Ma bru, n'a pas besoin de tant d'ajustement |
BRUIT | Voici une comédie dont on a fait beaucoup de bruit |
BRUYANT, ANTE | Tous ces galants de cour dont les femmes sont folles, Sont bruyants dans leurs faits et vains dans leurs paroles |
CACHER | Approchons cette table et vous mettez dessous. - Comment ? - Vous bien cacher est un point nécessaire |
CAGOT, OTE | Quoi ! je souffrirai, moi, qu'un cagot de critique Vienne usurper céans un pouvoir tyrannique ! |
CAGOTERIE | Et l'insolent orgueil de sa cagoterie |
CAGOTISME | Lui qui connaît sa dupe et qui sait en jouir, Par cent dehors fardés a l'art de l'éblouir ; Son cagotisme en tire à toute heure des sommes, Et prend droit de gloser sur tous tant que nous sommes |
CAPE | Et vous menez sous cape un train que je hais fort |
CAQUET | Quel caquet est le vôtre ! |
CAQUET | À tous les sots caquets n'ayons donc nul égard |
CARNAVAL | Là, dans le carnaval, vous pouvez espérer Le bal et la grand'bande, à savoir deux musettes, Et parfois Fagotin et les marionnettes |
CAS | Donc de ce que je dis on ne fera nul cas ? |
CATON | Vous êtes le seul sage et le seul éclairé, Un oracle, un Caton, dans le siècle où nous sommes |
CAUSE | Vous ne lui voulez mal, et ne le rebutez Qu'à cause qu'il vous dit à tous vos vérités |
CE | Certes c'est une chose aussi qui scandalise De voir qu'un inconnu céans s'impatronise |
CÉANS | Qu'est-ce qu'on fait céans ? comme est-ce qu'on s'y porte ? |
CÉLESTE | Et lorsqu'on vient à voir vos célestes appas |
CHACUN, CHACUNE | Hautement d'un chacun elles blâment la vie |
CHAIR | Vous êtes donc bien tendre à la tentation ; Et la chair sur vos sens fait grande impression |
CHAIR | Vous considérerez, en regardant votre air, Que l'on n'est pas aveugle et qu'un homme est de chair |
CHALEUR | Des chaleurs l'empêchaient de pouvoir sommeiller |
CHALEUR | La chaleur qu'ils ont pour les intérêts du ciel |
CHALEUR | Certes, je ne sais pas quelle chaleur vous monte ; Mais à convoiter, moi, je ne suis pas si prompte |
CHANGE | Je sais l'affaire et ne prends point le change |
CHANSON | Ne nous amusons pas, ma fille, à ces chansons |
CHAPE | Mais il n'est, comme on dit, pire eau que l'eau qui dort, Et vous menez, sous chape, un train que je hais fort |
CHARGER | De l'intérêt du ciel pourquoi vous chargez-vous ? Pour punir le coupable, a-t-il besoin de nous ? |
CHAUD, CHAUDE | Remettez-vous, monsieur, d'une alarme si chaude |
CHOYER | Il le choie, il l'embrasse, et pour une maîtresse On ne saurait, je pense, avoir plus de tendresse |
CIEL | Mais comment consentir à ce que vous voulez, Sans offenser le ciel, dont toujours vous parlez |
CIRCONSPECTION | Je l'ai faite, sire, cette comédie [le Tartuffe], avec tout le soin, comme je le crois, et toutes les circonspections que pouvait demander la délicatesse de la matière |
CLIN | A prix de faux clins d'yeux et d'élans affectés |
COEUR | Les dévots de coeur |
COIFFÉ, ÉE | Que de son Tartuffe elle paraît coiffée ! |
COLÈRE | D'autant plus dangereux en leur âpre colère, Qu'ils prennent contre nous des armes qu'on révère |
COLORÉ, ÉE | Vous nous payez ici d'excuses colorées |
COMBATTU, UE | Sachez que d'une fille on risque la vertu, Lorsque dans son hymen son goût est combattu |
COMÉDIE | Voici une comédie dont on a fait beaucoup de bruit, qui a été longtemps persécutée ; et les gens qu'elle joue ont bien fait voir qu'ils étaient plus puissants en France que tous ceux que j'ai joués jusqu'ici |
COMÉDIE | Il est très assuré, sire, qu'il ne faut plus que je songe à faire des comédies, si les tartuffes ont l'avantage ; qu'ils prendront droit par là de me persécuter plus que jamais, et voudront trouver à redire aux choses les plus innocentes qui pourront sortir de ma plume |
COMÉDIE | Le devoir de la comédie étant de corriger les hommes en les divertissant |
COMÉDIE | Je ne puis pas nier qu'il n'y ait eu des Pères de l'Église qui ont condamné la comédie ; mais on ne peut pas me nier aussi qu'il n'y en ait eu quelques-uns qui l'ont traitée un peu plus doucement |
COMÉDIE | Si l'emploi de la comédie est de corriger les vices, je ne vois pas par quelle raison il y en aura de privilégiés |
COMME | Comme sage, J'ai pesé mûrement toutes choses |
COMPAGNIE | Il est en compagnie |
COMPATIR | Mon Dieu, de quelle humeur, Dorine, tu te rends ! Tu ne compatis point au déplaisir des gens |
COMPLAISANT, ANTE | Il se rend complaisant à tout ce qu'elle dit, Et pourrait bien avoir douceur de coeur pour elle |
COMPTER | Ah ! souffrez qu'un couvent dans les austérités Use les tristes jours que le ciel m'a comptés |
CONDAMNER | Et c'est trop condamner ma bouche d'imposture |
CONDUITE | À vous mettre en lieu sûr je m'offre pour conduite |
CONFIER | Et leur langue indiscrète, en qui l'on se confie, Déshonore l'autel où leur coeur sacrifie |
CONFIT, ITE | Cet hymen de tous biens comblera vos désirs, Il sera tout confit en douceurs et plaisirs |
CONJECTURE | Ma comédie, sire, n'a pu jouir ici des bontés de Votre Majesté ; en vain je l'ai produite sous le titre de l'Imposteur et déguisé le personnage sous l'ajustement d'un homme du monde.... La cabale s'est réveillée aux simples conjectures qu'ils ont pu avoir de la chose |
CONSCIENCE | Selon divers besoins il est une science D'étendre les liens de notre conscience, Et de rectifier le mal de l'action Avec la pureté de notre intention |
CONSCIENCE | C'est une conscience Que de vous laisser faire une telle alliance |
CONSEILLER | Que me conseillez-vous ? - Je vous conseille, moi, de prendre cet époux. - Vous me le conseillez ? |
CONSULTER | Que l'on doit commencer par consulter ensemble Les choses qu'on peut faire en cet événement |
CONTE | Voilà les contes bleus qu'il vous faut pour vous plaire |
CONTENTER | Contentez mon désir et n'ayez point d'effroi, Je vous réponds de tout, et prends le mal sur moi |
CONTESTE | La maison à présent, comme savez de reste, Au bon monsieur Tartuffe appartient sans conteste |
CONTRARIER | Il en vient jusque-là que de se méconnaître, De contrarier tout et de faire le maître |
CONTRAT | De vos biens désormais il est maître et seigneur, En vertu d'un contrat duquel je suis porteur |
CONTREFAIT, AITE | Attraper les hommes avec un zèle contrefait et une charité sophistiquée |
CONTRÔLER | Car il contrôle tout, ce critique zélé. - Et tout ce qu'il contrôle est fort bien contrôlé |
CONVALESCENCE | Oui, je vais à madame annoncer par avance La part que vous prenez à sa convalescence |
CONVOITER | Vous épousez ma fille, et convoitez ma femme |
CONVOITER | Certes je ne sais pas quelle chaleur vous monte ; Mais à convoiter, moi, je ne suis pas si prompte |
CORNEILLE | Allons, vous, vous rêvez et bayez aux corneilles ; Jour de Dieu ! je saurai vous frotter les oreilles |
CORPS | Et l'on sait qu'elle est prude à son corps défendant |
CORRECTION | Le théâtre a une grande vertu pour la correction |
CORRUPTION | Toute la conséquence qu'on peut tirer de cette diversité d'opinions, c'est que les uns ont considéré la comédie dans sa pureté, lorsque les autres l'ont regardée dans sa corruption |
CORRUPTION | Les choses mêmes les plus saintes ne sont point à couvert de la corruption des hommes |
COUCHÉ, ÉE | .... J'aurais regret d'être obligé d'écrire, Et de vous voir couché dans mon procès-verbal |
COUP | [Tartuffe] But, à son déjeuner, quatre grands coups de vin |
COUPABLE | Par de pareils objets [une femme trop décolletée] les âmes sont blessées, Et cela fait venir de coupables pensées |
COUPER | Laissez-moi, je lui veux couper les deux oreilles |
COUR | Oui je sors de chez vous fort mal édifiée ; Dans toutes mes leçons j'y suis contrariée ; On n'y respecte rien, chacun y parle haut, Et c'est tout justement la cour du roi Pétaud |
COURROUCER | C'est contre le péché que son coeur se courrouce, Et l'intérêt du ciel est tout ce qui le pousse |
COUVENT | Ah ! souffrez qu'un couvent, dans les austérités, Use les tristes jours que le ciel m'a comptés |
COUVRIR | Qui, pour perdre quelqu'un, couvrent insolemment De l'intérêt du ciel leur fier ressentiment |
CRAINDRE | Peut-on craindre que des choses si généralement détestées fassent quelque impression dans les esprits ? |
CREVER | Et que puisse l'envie en crever de dépit |
CRIAILLERIE | Délivrez-moi, monsieur, de la criaillerie |
CRIER | Qui criaient après les vices de leur siècle |
CRIMINEL, ELLE | D'un criminel d'État l'importante cassette |
CRITIQUE | Quoi ! je souffrirai, moi, qu'un cagot de critique Vienne usurper céans un pouvoir tyrannique |
CROIRE | Juste retour, monsieur, des choses d'ici-bas ; Vous ne vouliez pas croire, et l'on ne vous croit pas |
CROIRE | Allez, ne croyez point à monsieur votre père |
CURIOSITÉ | La curiosité qui vous presse est bien forte |
DAMNER | Vous me feriez damner, ma mère ; je vous di Que j'ai vu, de mes yeux, un crime si hardi |
DE | Et tâchons d'ébranler, de force ou d'industrie, Ce malheureux dessein qui nous a tous troublés |
DE | Ah ! voilà justement de mes religieuses, Lorsqu'un père combat leurs flammes amoureuses |
DÉ | .... L'on est chez vous contrainte de se taire : Car madame, à jaser, tient le dé tout le jour |
DÉBATTRE | Ce titre [d'hommes pieux] par aucun ne leur est débattu |
DEBOUT | Debout [à une fille qui était à genoux] ! Plus votre coeur répugne à l'accepter, Plus ce sera pour vous matière à mériter |
DÉCLARATION | La déclaration est tout à fait galante |
DÉCRÉTER | On pourrait bien punir ces paroles infâmes, Ma mie ; et l'on décrète aussi contre les femmes |
DÉDALE | Et sur moins que cela le poids d'une cabale Embarrasse les gens dans un fâcheux dédale |
DÉFENDRE | Et l'on sait qu'elle est prude à son corps défendant |
DÉGOÛT | Le soir elle eut un grand dégoût |
DEHORS | Mes gens vous aideront, et je les ai pris forts, Pour vous faire servir à tout mettre dehors |
DÉLIVRER | Délivrez-moi, monsieur, de la criaillerie |
DÉLOYAL, ALE | Ce monsieur Loyal porte un air bien déloyal |
DÉLOYAUTÉ | Et sa déloyauté va paraître trop noire Four souffrir qu'il en ait le succès qu'on veut croire |
DEMANDER | Pourquoi donc me donner un semblable conseil ? - Pourquoi m'en demander sur un sujet pareil ? |
DÉMANGER | .... à cette audace étrange J'ai peine à me tenir et la main me démange |
DÉMÊLER | Démêlez la vertu d'avec ses apparences |
DÉNICHER | Dénichons de céans et sans cérémonie |
DÉNONCER | D'où vient que, pour paraître, il [votre zèle] s'avise d'attendre Qu'à poursuivre sa femme il ait su vous surprendre, Et que vous ne songez à l'aller dénoncer Que lorsque son honneur l'oblige à vous chasser ? |
DÉPENSIER, IÈRE | Vous êtes dépensière |
DÉPLAIRE | .... Ma bru, qu'il ne vous en déplaise, Votre conduite en tout est tout à fait mauvaise |
DÉPLOYER | Allons à ses pieds avec joie Nous louer des bontés que son coeur nous déploie |
DÉSAVOUER | Et vous avez eu peur de le désavouer Du trait qu'à ce pauvre homme il a voulu jouer |
DÉSERTER | Il leur est dur de voir déserter les galants |
DÉSESPOIR | Et l'accord que son père a conclu pour ce soir La fait à tous moments entrer en désespoir |
DESSEIN | Vous avez bien vu que j'ai fait mes efforts Pour rompre son dessein et calmer ses transports |
DESSERVIR | Le fourbe trop longtemps a gouverné mon père Et desservi mes feux avec ceux de Valère |
DÉVISAGER | Je ne suis point du tout pour ces prudes sauvages Dont l'honneur est armé de griffes et de dents Et veut au moindre mot dévisager les gens |
DÉVOT, DÉVOTE | Pour être dévot, je n'en suis pas moins homme |
DÉVOT, DÉVOTE | Il est de faux dévots ainsi que de faux braves |
DÉVOT, DÉVOTE | Que ces francs charlatans, que ces dévots de place |
DÉVOTEMENT | Il soupa, lui tout seul, devant elle, Et fort dévotement il mangea deux perdrix |
DÉVOTION | J'aurai toujours pour vous, ô suave merveille, Une dévotion à nulle autre pareille |
DIABLE | C'en est fait, je renonce à tous les gens de bien ; J'en aurai désormais une horreur effroyable, Et m'en vais devenir pour eux pire qu'un diable |
DIABLESSE | Je veux une vertu qui ne soit point diablesse |
DIANTRE | Encor ! diantre soit fait de vous ! Si.... je le veux |
DIRE | Donc, de ce que je dis on ne fera nul cas ? |
DIRE | Vous ne lui voulez mal et ne le rebutez Qu'à cause qu'il vous dit à tous vos vérités |
DISCERNEMENT | D'un fin discernement sa grande âme pourvue Sur les choses toujours jette une droite vue |
DISCIPLINE | Laurent, serrez ma haire avec ma discipline |
DISSIPER | L'estime où l'on vous tient a dissipé l'orage, Et mon mari de vous ne peut prendre d'ombrage |
DIVULGUER | Ils n'ont point de faveur qu'ils n'aillent divulguer |
DON | D'un souverain pouvoir il [le roi] brise les liens Du contrat qui lui fait un don de tous vos biens |
DONATION | Et je vais, de ce pas, en fort bonne manière, Vous faire de mon bien donation entière |
DONNER | Du meilleur de mon coeur je donnerais sur l'heure Les vingt plus beaux louis de ce qui me demeure.... |
DONNER | J'ignore le détail du crime qu'on vous donne |
DONNER | Oh ! oh ! l'homme de bien, vous m'en voulez donner |
DORMIR | Aux menaces du fourbe on doit ne dormir point |
DORMIR | Mais il n'est, comme on dit, pire eau que l'eau qui dort |
DOUCET, ETTE | ....Vous faites la discrète, Et vous n'y touchez pas, tant vous semblez doucette |
DOUCEUR | Il se rend complaisant à tout ce qu'elle dit, Et pourrait bien avoir douceur de coeur pour elle |
DOUCEUR | J'aime qu'avec douceur nous nous montrions sages |
DRESSER | Allons vite en dresser un écrit |
DÛ | Et qu'au dû de ma charge on ne me trouble en rien |
DUPE | Lui qui connaît sa dupe et qui veut en jouir, Par cent dehors fardés a l'art de l'éblouir |
DUPER | Quoi ! parce qu'un fripon vous dupe avec audace Sous le pompeux éclat d'une austère grimace, Vous voulez que partout on soit tout comme lui, Et qu'aucun vrai dévot ne se trouve aujourd'hui ? |
EAU | Il n'est, comme on dit, pire eau que l'eau qui dort |
ÉBAUBI, IE | Je suis toute ébaubie et je tombe des nues |
ÉCLAIRER | J'ai voulu vous parler en secret d'une affaire, Et suis bien aise ici qu'aucun ne nous éclaire |
ÉCLAT | Ce n'est point mon humeur de faire des éclats |
ÉCOT | .... Taisez-vous, vous ; parlez à votre écot ; Je vous défends, tout net, d'oser dire un seul mot |
ÉCOUTER | Le choix est glorieux et vaut bien qu'on l'écoute |
ÉDIFIÉ, ÉE | Oui, je sors de chez vous fort mal édifiée |
EFFAROUCHER | Les hypocrites n'ont point entendu raillerie ; ils se sont effarouchés d'abord et ont trouvé étrange que j'eusse la hardiesse de jouer leurs grimaces |
ÉGRATIGNURE | J'aimerais mieux souffrir la peine la plus dure, Qu'il eût reçu pour moi la moindre égratignure |
ÉLAN | À prix de faux clins d'yeux et d'élans affectés |
ÉLANCEMENT | Il faisait des soupirs, de grands élancements |
ÉLIRE | Croire que le mari.... que j'ai su vous élire.... |
ÉLU, UE | Vous irez visiter pour votre bienvenue Madame la baillive et madame l'élue |
EMBRASSER | Qui d'une sainte vie embrasse l'innocence Ne doit point tant prôner son nom et sa naissance |
EMBRASSER | Nous ne devons point la tirer [la censure de la comédie] des bornes qu'elle s'est données, l'étendre plus loin qu'il ne faut, et lui faire embrasser l'innocent avec le coupable |
EMPORTER | Ah ! vous êtes dévot, et vous vous emportez ! |
ENCLIN, INE | .... à jouer on dit qu'il est enclin |
ENCOLURE | Elle ! elle n'en fera qu'un sot, je vous assure.... Je dis qu'il en a l'encolure |
ENFIN | C'est un homme.... qui.... oh !... un homme.... un homme enfin ! |
ENSEMBLE | Ensemble vous vivrez dans vos ardeurs fidèles, Comme deux vrais enfants, comme deux tourterelles |
ENTÊTÉ, ÉE | Mais il est devenu comme un homme hébété, Depuis que de Tartuffe on le voit entêté |
ENTICHÉ, ÉE | Mon frère, ce discours sent le libertinage ; Vous en êtes un peu dans votre âme entiché |
ENTRE | C'est un homme, entre nous, à mener par le nez |
ENTRER | Et l'accord que son père a conclu pour ce soir La fait à tous moments entrer en désespoir |
ENVERS | Je vois qu'envers mon frère on tâche à me noircir |
ENVIEUX, EUSE | Les envieux mourront, mais non jamais l'envie |
ESPÉRER | Mais j'espère aux bontés qu'une autre aura pour moi |
ÉTAGE | C'est un haut étage de vertu que cette pleine insensibilité où ils veulent faire monter notre âme |
ÉTAT | Je suis bien en état que l'on me vienne voir ! |
ÉTENDRE | Selon divers besoins il est une science D'étendre les liens de notre obéissance |
ÉTOFFE | Je tâte votre habit ; l'étoffe en est moelleuse |
ÉTRANGE | Je sais qu'un tel discours de moi paraît étrange ; Mais, madame, après tout, je ne suis pas un ange |
ÊTRE | Mais enfin si j'étais de mon fils son époux, Je vous prierais bien fort de n'entrer point chez nous |
ÊTRE | On connaîtra que, n'étant autre chose qu'un poëme ingénieux, on ne saurait le censurer sans injustice |
EXCÈS | Et toujours d'un excès vous vous jetez dans l'autre |
EXCUSER | Vous m'excuserez sur l'humaine faiblesse |
EXÉCUTER | On n'exécute pas tout ce qui se propose, Et le chemin est long du projet à la chose |
EXPÉDIER | C'est le coup, scélérat, par où tu m'expédies, Et voilà couronner toutes tes perfidies |
EXPLÉTIF, IVE | Avant que de parler prenez-moi ce mouchoir |
EXPLOIT | Et je vous viens, monsieur, avec votre licence, Signifier l'exploit de certaine ordonnance.... |
FACILE | De véritables gens de bien, faciles à recevoir les impressions qu'on veut leur donner |
FAÇONNIER, IÈRE | De tous vos façonniers on n'est point les esclaves, Il est de faux dévots comme il est de faux braves |
FAGOTIN | Là dans le carnaval vous pouvez espérer Le bal et la grand'bande, à savoir deux musettes, Et parfois fagotin et les marionnettes |
FAIBLEMENT | Que le coeur d'une femme est mal connu de vous, Et que vous savez peu ce qu'il veut faire entendre, Lorsque si faiblement on le voit se défendre ! |
FAIRE | À nul fâcheux débat jamais vous ne viendrez, Et vous ferez de lui tout ce que vous voudrez |
FAIRE | Ces gens qui, par une âme à l'intérêt soumise, Font de dévotion métier et marchandise |
FAIRE | Il l'appelle son frère, et l'aime dans son âme, Cent fois plus qu'il ne fait mère, fils, fille et femme |
FAIT, AITE | Il est noble chez lui, bien fait de sa personne |
FAIT | Tout son fait, croyez-moi, n'est rien qu'hypocrisie |
FANFARON, ONNE | Ce ne sont point fanfarons de vertu |
FANTÔME | Estimer le fantôme autant que la personne |
FARDÉ, ÉE | Lui, qui connaît sa dupe et qui veut en jouir, Par cent dehors fardés a l'art de l'éblouir |
FARIBOLE | Là jamais on n'entend de pieuses paroles ; Ce sont propos oisifs, chansons et fariboles |
FAT | Il faut que de ce fat j'arrête les complots, Et qu'à l'oreille un peu je lui dise deux mots |
FATAL, ALE | Le moindre amusement [retard] vous peut être fatal |
FAVEUR | Ils n'ont point de faveurs qu'ils n'aillent divulguer |
FAVEUR | Afin que, pour nier en cas de quelque enquête, J'eusse d'un faux-fuyant la faveur toute prête |
FEMME | Que le coeur d'une femme est mal connu de vous, Et que vous savez peu ce qu'il veut faire entendre, Lorsque si faiblement on le voit se défendre ! |
FER | D'autant plus dangereux dans leur âpre colère, Qu'ils prennent contre nous des armes qu'on révère, Et que leur passion, dont on leur sait bon gré, Veut nous assassiner avec un fer sacré |
FEU | Le Tartuffe dans leur bouche [des hypocrites] est une pièce qui offense la piété ; elle est d'un bout à l'autre pleine d'abominations, et l'on n'y trouve rien qui ne mérite le feu |
FIEFFÉ, ÉE | Mais quoi ! si votre père est un bourru fieffé Qui s'est de son Tartuffe entièrement coiffé.... La faute à votre amant doit-elle être imputée ? |
FIN | Et vos ravissements ne prendraient point de fin |
FINESSE | .... Pour dire un mot faut-il tant de finesse ? |
FLAMME | Et je l'ai surpris, là, qui faisait à madame L'injurieux aveu d'une coupable flamme |
FLEUR | Le traître, l'autre jour, nous rompit de ses mains Un mouchoir qu'il trouva dans une Fleur des saints |
FLEURI, IE | La campagne à présent n'est pas beaucoup fleurie |
FLEURI, IE | Il a l'oreille rouge et le teint bien fleuri |
FOI | Mon Dieu ! laissons là le mérite ; J'en ai fort peu sans doute et vous en faites foi |
FORCE | Et tâchons d'ébranler, de force ou d'industrie, Ce malheureux dessein qui nous a tous troublés |
FORFAIT | De quelque grand forfait qu'on me puisse reprendre, Je n'ai garde d'avoir l'orgueil de m'en défendre |
FORFANTERIE | Que d'affectation et de forfanterie ! |
FORME | En vertu d'un contrat duquel je suis porteur ; Il est en bonne forme, et l'on n'y peut rien dire |
FORT, ORTE | Mes gens vous aideront, et je les ai pris forts Pour vous faire service à tout mettre dehors |
FORT, ORTE | Vous êtes, ma mie, une fille suivante, Un peu trop forte en gueule et fort impertinente |
FOU ou FOL, FOLLE | Être fou de, avoir une passion, une affection, un goût très prononcé pour.... Enfin il en est fou [de Tartufe] ; c'est son tout, son héros |
FOURVOYÉ, ÉE | Que le ciel au besoin l'a céans envoyé Pour redresser à tous votre esprit fourvoyé |
FRANC, FRANCHE | Je vous parle un peu franc, mais c'est là mon humeur, Et je ne mâche point ce que j'ai sur le coeur |
FRAUDE | Nous vivons sous un prince ennemi de la fraude |
FRIPON, ONNE | Allons, qu'on se rétracte, et qu'à l'instant, fripon, On se jette à ses pieds pour demander pardon |
FROTTER | Jour de Dieu ! je saurai vous frotter les oreilles |
FUMIER | Qui suit bien ses leçons goûte une paix profonde, Et comme du fumier regarde tout le monde |
GALANT, ANTE | Tous ces galants de cour dont les femmes sont folles Sont bruyants dans leurs faits et vains dans leurs paroles ; De leurs progrès sans cesse on les voit se targuer |
GARANTIR | J'ignore ce qu'au fond le serviteur peut être ; Mais pour homme d'honneur je garantis le maître |
GARÇON | Il n'est pas jusqu'au fat qui lui sert de garçon Qui ne se mêle aussi de nous faire leçon |
GARNEMENT | Et j'ai prédit cent fois à mon fils votre père, Que vous preniez tout l'air d'un méchant garnement |
GÂTER | C'est le moyen de gâter les affaires |
GAUCHIR | Contre son insolence on ne doit point gauchir |
GAUPE | Jour de Dieu ! je saurai vous frotter les oreilles ; Marchons, gaupe, marchons |
GENDARMER (SE) | Est-ce qu'au simple aveu d'un amoureux transport Il faut que notre honneur se gendarme si fort ? |
GENOU | Chaque jour, à l'église, il venait d'un air doux Tout vis-à-vis de moi se mettre à deux genoux |
GENS | Ces gens, dis-je, qu'on voit d'une ardeur non commune Par le chemin du ciel courir à leur fortune |
GENS | Et regardez un peu les gens [c'est-à-dire moi qui vous parle] sans nulle haine |
GÎTE | Tout beau, monsieur, tout beau ; ne courez point si vite, Vous n'irez pas fort loin pour trouver votre gîte |
GLOIRE | C'est où je mets aussi ma gloire la plus haute |
GLOSER | Et prend droit de gloser sur tous tant que nous sommes |
GRÂCE | Et remettez le fils en grâce avec le père |
GRÂCE | Un fort honnête médecin, dont j'ai l'honneur d'être le malade, me promet et veut s'obliger par-devant notaire de me faire vivre encore trente années, si je puis lui obtenir une grâce de Votre Majesté [un canonicat pour son fils] |
GRAND, ANDE | Le bal et la grand'bande, à savoir deux musettes |
GRIMACE | Quoi ! parce qu'un fripon vous dupe avec audace Sous le pompeux éclat d'une austère grimace, Vous voulez que partout on soit fait comme lui ? |
GRIMACE | Le Tartuffe met en vue les grimaces étudiées des hypocrites |
GUÉRIR | Il [le médecin] m'ordonne des remèdes, je ne les fais pas et je guéris |
GUETTER | Je n'ai rien à me dire - Encore un petit mot - Il ne me plaît pas, moi - Certes je t'y guettais |
GUEULE | Vous êtes, ma mie, une fille suivante Un peu trop forte en gueule et fort impertinente |
GUEUSER | Et moi qui l'ai reçu gueusant et n'ayant rien |
GUEUX, EUSE | Choisir un gendre gueux... ? - Taisez-vous, s'il n'a rien, Sachez que c'est par là qu'il faut qu'on le révère |
GUEUX, EUSE | Un gueux qui, quand il vint, n'avait pas de souliers, Et dont l'habit entier valait bien six deniers |
HABILE | Mais demain, du matin, il vous faut être habile à vider de céans jusqu'au moindre ustensile |
HABIT | Je tâte votre habit [l'habit d'Elmire], l'étoffe en est moelleuse |
HACHIS | Il mangea deux perdrix Avec une moitié de gigot en hachis |
HAIRE | Laurent, serrez ma haire avec ma discipline |
HALTE | ....Halte-là, mon beau-frère ; Vous ne connaissez pas celui dont vous parlez |
HANTER | Je ne remarque point qu'il hante les églises |
HANTER | ....Pourquoi, surtout depuis un certain temps, Ne saurait-il souffrir qu'aucun hante céans ? |
HASARD | Vraiment, je ne sais pas si c'est un bruit qui part De quelque conjecture ou d'un coup du hasard |
HAUT, AUTE | Ils ont trouvé le moyen de surprendre des esprits qui, dans toute autre matière, font une haute profession de ne se point laisser surprendre |
HAUT, AUTE | Et je vous verrais nu du haut jusques en bas, Que toute votre peau ne me tenterait pas |
HAUT, AUTE | Mes prières n'ont pas le mérite qu'il faut Pour avoir attiré cette grâce d'en haut |
HÉBÉTÉ, ÉE | Mais il est devenu comme un homme hébété |
HISTOIRE | Oui ! oui ! vous nous contez une plaisante histoire ! |
HOMME | L'homme est, je vous l'avoue, un méchant animal |
HORS | Mettre vos meubles hors, et faire place à d'autres |
HUISSIER | Je m'appelle Loyal, natif de Normandie, Et suis huissier à verge en dépit de l'envie |
HUMAIN, AINE | Et leur dévotion est humaine et traitable |
HUMAIN, AINE | Et je verrais mourir frère, enfants, mère et femme, Que je m'en soucierais autant que de cela. - Les sentiments humains, mon frère, que voilà ! |
HUMBLEMENT | Il faisait des soupirs, de grands élancements, Et baisait humblement la terre à tous moments |
HYPOCRISIE | Il passe pour un saint dans votre fantaisie ; Mais son fait, croyez-moi, n'est rien qu'hypocrisie |
HYPOCRITE | Quoi ! la feinte douceur de cette âme hypocrite Vous fera démentir... |
HYPOCRITE | Les hypocrites n'ont point entendu raillerie ; ils se sont effarouchés d'abord, et ont trouvé étrange que j'eusse la hardiesse de jouer leurs grimaces |
IDÉE | Mon trouble, il est bien vrai, m'a si fort possédée, Que de le démentir je n'ai point eu l'idée |
ILLUMINER | Laurent, serrez ma haire avec ma discipline, Et priez que toujours le ciel vous illumine |
IMPATRONISER | Un inconnu céans s'impatronise |
IMPOSER | Le fourbe qui longtemps a pu vous imposer |
IMPOSTURE | Et c'est trop condamner ma bouche d'imposture |
IMPOSTURE | Ils ont l'art de donner de belles couleurs à toutes leurs impostures |
IMPRESSION | Et qui, par la chaleur qu'ils ont pour les intérêts du ciel, sont faciles à recevoir les impressions qu'on veut leur donner |
IMPUTER | Il s'impute à péché la moindre bagatelle |
INCIDENT | Nous allons régaler, mon père, votre abord D'un incident tout frais, qui vous surprendra fort |
INDUIRE | Et mon fils à l'aimer vous devrait tous induire |
INFAILLIBLE | Et je sais de mes maux l'infaillible remède |
INFÂME | Avec un si bon dos, ma foi, monsieur Loyal, Quelques coups de bâton ne vous siéraient pas mal. - On pourrait bien punir ces paroles infâmes, Ma mie, et l'on décrète aussi contre les femmes |
INJURE | On n'est pas où l'on pense en me faisant injure |
INJURIEUX, EUSE | Et je l'ai surpris là, qui faisait à madame L'injurieux aveu d'une coupable flamme |
INQUIÉTER | Votre zèle pour moi s'est trop inquiété |
INSOLENT, ENTE | Ses discours insolents m'ont mis l'esprit en feu, Et je veux prendre l'air pour me rasseoir un peu |
INSOLENT, ENTE | Et l'insolent orgueil de sa cagoterie N'a triomphé que trop de mon juste courroux |
INTENTION | Et de rectifier le mal de l'action Avec la pureté de notre intention |
INTÉRÊT | C'est contre le péché que son coeur se courrouce, Et l'intérêt du ciel est tout ce qui le pousse |
INTERPRÉTER | Je dois interpréter à charitable soin Le désir d'embrasser ma femme ! |
INTERPRÉTER | ....Aux faux soupçons la nature est sujette ; Et c'est souvent à mal que le bien s'interprète |
JASER | Car madame à jaser tient le dé tout le jour |
JASER | Ah ! jamais les amants ne sont las de jaser |
JEU | Ce que je dis, ma fille, n'est point jeu |
JOIE | Je sortais et j'ai joie à vous voir de retour |
JOIE | Le ciel vous tienne tous en joie |
JOINDRE | Un ami, qui m'est joint d'une amitié fort tendre |
JOUER | Aussi ne vois-je rien qui soit plus odieux.... Que ces francs charlatans, que ces dévots de place De qui la sacrilége et trompeuse grimace Abuse impunément et se joue à leur gré De ce qu'ont les mortels de plus saint et sacré |
JOUR | Vous aviez pris jour pour un lien si doux |
JOUR | Jour de Dieu ! je saurai vous frotter les oreilles |
JOUR | Un prince dont les yeux se font jour dans les coeurs |
JUGEMENT | Votre Majesté a beau dire, et M. le légat et MM. les prélats ont beau donner leur jugement ; ma comédie, sans l'avoir vue, est diabolique, et diabolique mon cerveau |
JUGER | ....Le plus souvent l'apparence déçoit ; Il ne faut pas toujours juger sur ce qu'on voit |
JUPON | Vous pourriez bien ici sur votre noir jupon, Monsieur l'huissier à verge, attirer le bâton |
JUS | Vous plaît-il un morceau de ce jus de réglisse ? - C'est un rhume obstiné, sans doute ; et je vois bien Que tous les jus du monde ici ne feront rien |
JUSQUE et JUSQUES | voulant l'indicatif et signifiant au point que.... Un rien presque suffit pour le scandaliser ; Jusque-là qu'il se vint l'autre jour accuser D'avoir pris une puce en faisant sa prière, Et de l'avoir tuée avec trop de colère |
JUSTEMENT | Et c'est tout justement la cour du roi Pétaud |
JUSTICE | Et d'un homme de bien il sait trop bien l'office Pour se vouloir du tout opposer à justice |
JUSTIFIER | Et pour justifier à tout le monde l'innocence de ma conduite |
JUSTIFIER | C'est aux vrais dévots que je veux partout me justifier sur la conduite de ma comédie |
LAISSER | Laissez, ma bru, laissez, ne venez pas plus loin : Ce sont toutes façons dont je n'ai pas besoin |
LAISSER | Les fautes que nous avons laissées échapper ; Je vous ai laissés tout du long quereller |
LANGAGE | J'enrage Lorsque j'entends tenir ces sortes de langage |
LANGUE | Dorine : Il [Tartuffe] passe pour un saint dans votre fantaisie ; Tout son fait, croyez-moi, n'est rien qu'hypocrisie. - Mme Pernelle : Voyez la langue |
LARGE | Quoi ? se peut-il, monsieur, qu'avec l'air d'homme sage, Et cette large barbe au milieu du visage.... |
LAS | Où voulez-vous courir ? - Las ! que sais-je ? |
LEÇON | Il n'est pas jusqu'au fat qui lui sert de garçon [à Tartuffe], Qui ne se mêle aussi de nous faire leçon |
LÉGER, ÈRE | Orgon : Non, rien de plus méchant n'est sorti de l'enfer. - Elmire : Mon Dieu ! l'on ne doit point croire trop de léger |
LETTRE | Vous êtes un sot en trois lettres, mon fils |
LEVER | ....Je sais l'art de lever les scrupules |
LIBERTIN, INE | C'est être libertin que d'avoir de bons yeux |
LIBERTIN, INE | Laissez aux libertins ces sottes conséquences |
LIBERTINAGE | Mon frère, ce discours sent le libertinage |
LICENCE | Et je vous viens, monsieur, avec votre licence, Signifier l'exploit de certaine ordonnance.... |
LIMITE | La raison a pour eux des bornes trop petites ; En chaque caractère ils passent les limites |
LOIN | Laissez, ma bru, laissez ; ne venez pas plus loin ; Ce sont toutes façons dont je n'ai pas besoin |
LOIN | On peut vous mener loin avec de pareils gages |
LONG, ONGUE | Je vous ai laissés tout du long quereller |
LONG, ONGUE | C'est véritablement la tour de Babylone, Car chacun y babille et tout du long de l'aune |
LOTI, IE | La voilà bien lotie [avec un tel mari] ! |
MÂCHER | Je vous parle un peu franc, mais c'est là mon humeur ; Et je ne mâche point ce que j'ai sur le coeur |
MAIN | Si j'avais su qu'en main il a de telles armes, Je n'aurais pas donné matière à tant d'alarmes |
MAISON | Que de souffrir ainsi, contre toute raison, Qu'on en chasse pour vous le fils de la maison |
MAÎTRE | J'ignore ce qu'au fond le serviteur peut être ; Mais pour homme de bien je garantis le maître |
MAÎTRE | C'est a vous de sortir, vous qui parlez en maître |
MAÎTRE | ....à l'orgueil de ce traître, De mes ressentiments je n'ai pas été maître |
MAL, ALE | Et le mal n'est jamais que dans l'éclat qu'on fait |
MAL, ALE | Madame eut avant-hier la fièvre jusqu'au soir, Avec un mal de tête étrange à concevoir |
MAL, ALE | Vous voilà mal, au moins, si j'en crois l'apparence |
MALIN, MALIGNE | Ces visites, ces bals, ces conversations Sont du malin esprit toutes inventions |
MANGER | ....Il mangea deux perdrix Avec une moitié de gigot en hachis |
MANTEAU | Comme il sait de traîtresse manière Se faire un beau manteau de tout ce qu'on révère ! |
MARCHANDISE | Ces gens, qui par une âme à l'intérêt soumise Font de dévotion métier et marchandise |
MARCHÉ | Ce n'est pas assez que le feu expie en public mon offense [que je sois brûlé] ; j'en serais quitte à trop bon marché.... il [un curé, dans un libelle] veut absolument que je sois damné |
MARCHER | Vous marchez d'un tel pas qu'on a peine à vous suivre |
MARI | ....Qui donne à sa fille un mari qu'elle hait Est responsable au ciel des fautes qu'elle fait |
MARIONNETTE | Là, dans le carnaval, vous pourrez espérer.... Et parfois Fagotin et les marionnettes |
MASQUE | Je vais par des douceurs, puisque j'y suis réduite, Faire poser le masque à cette âme hypocrite |
MATIN | Mais demain, du matin, il vous faut être habile à vider de céans jusqu'au moindre ustensile |
MAUVAIS, AISE | Et j'ai prédit cent fois à mon fils, votre père, Que vous preniez tout l'air d'un mauvais garnement |
MÉCHANT, ANTE | Non, rien de plus méchant n'est sorti de l'enfer |
MÉDECIN | Un fort honnête médecin, dont j'ai l'honneur d'être le malade, me promet et veut s'obliger de me faire vivre encore trente années.... |
MÉDIRE | Ceux de qui la conduite offre le plus à rire, Sont toujours sur autrui les premiers à médire |
MÉDISANCE | Contre la médisance il n'est point de rempart |
MÊLER | Un métier dont tant de gens se mêlent |
MÊLER | Vous vous mêlez sur tout de dire votre avis |
MÊME | Jamais il ne s'est vu de surprise de même |
MÉNAGE | C'est que je ne puis voir tout ce ménage-ci, Et que de me complaire on ne prend nul souci |
MENER | On peut vous mener loin avec de pareils gages |
MENER | Qu'est-il besoin pour lui du soin que vous prenez ? C'est un homme, entre nous, à mener par le nez |
MENER | Et vous menez sous cape un train que je hais fort |
MENTIR | Et, pour n'en point mentir, n'êtes-vous pas méchante De vous plaire à me dire une chose affligeante ? |
MERCI | Hé ! merci de ma vie ! il en irait bien mieux, Si tout se gouvernait par ses ordres pieux |
MERVEILLE | Et Tartufe ? - Tartufe ? il se porte à merveille, Gros et gras, le teint frais et la bouche vermeille |
MESURE | Nous perdons des moments en bagatelles pures, Qu'il faudrait employer à prendre des mesures |
MÉSUSER | Et songez qu'il vaut mieux encor qu'il en mésuse [de son bien], Que si de l'en frustrer il faut qu'on vous accuse |
METTRE | Vous devriez leur mettre un bon exemple aux yeux |
METTRE | Si pour les sots discours où l'on peut être mis, Il fallait renoncer à ses meilleurs amis |
METTRE | Approchons cette table, et vous mettez dessous |
MIEL | C'est sans doute, madame, une douceur extrême Que d'entendre ces mots d'une bouche qu'on aime ; Leur miel dans tous mes sens fait couler à longs traits Une suavité qu'on ne goûta jamais |
MIEUX | On n'en peut pas user mieux que je fais, je pense |
MILIEU | Et soyez pour cela dans le milieu qu'il faut |
MILLION | Je sais que pour un million Vous ne voudriez pas faire rébellion |
MIRACULEUX, EUSE | Mon Dieu ! que de ce point l'ouvrage est merveilleux ! On travaille aujourd'hui d'un air miraculeux |
MISÈRE | Sa misère est sans doute une honnête misère |
MODÈLE | Il est bien difficile enfin d'être fidèle à de certains maris faits d'un certain modèle |
MODÈLE | Votre homme, à dire vrai, n'est pas de ce modèle [des vrais dévots] |
MODESTIE | Mettez dans vos discours un peu de modestie, Ou je vais sur le champ vous quitter la partie |
MOELLEUX, EUSE | Je tâte votre habit, l'étoffe en est moelleuse |
MOINS | Pour montrer que son coeur sait, quand moins on y pense, D'une bonne action verser la récompense |
MOITIÉ | Et ce n'est pas peu d'heur que d'être sa moitié [de Tartufe] |
MOLLIR | Je ne compatis point à qui dit des sornettes, Et dans l'occasion mollit comme vous faites |
MONDE | Au monde qui la quitte, elle veut renoncer |
MONNAIE | Confondre l'apparence avec la vérité, Estimer le fantôme autant que la personne Et la fausse monnaie à l'égal de la bonne |
MONNAYEUR | Ces faux monnayeurs en dévotion, qui veulent attraper les hommes avec un zèle contrefait et une charité sophistiquée |
MONSIEUR | Et que nous ne puissions à rien nous divertir, Si ce beau monsieur-là n'y daigne consentir |
MONTER | Certes je ne sais pas quelle chaleur vous monte ; Mais à convoiter, moi, je ne suis pas si prompte |
MOQUER (SE) | Je me moquerais fort de prendre un tel époux |
MOQUER (SE) | Votre père se moque ; et ce sont des chansons |
MORCEAU | Les bons morceaux de tout, il faut qu'on les lui cède |
MOT | De grâce, un mot, mon frère |
MOUCHER | Certes, monsieur Tartufe, à bien prendre la chose, N'est pas un homme, non, qui se mouche du pied |
MOURIR | Les envieux mourront, mais non jamais l'envie |
MUFLE | Du meilleur de mon coeur je donnerais sur l'heure Les vingt plus beaux louis de ce qui me demeure, Et pouvoir à loisir sur ce mufle assener Le plus grand coup de poing que je puisse donner |
MÛREMENT | J'ai pesé mûrement toutes choses |
MUSEAU | Orgon : Sans être damoiseau, Tartuffe est fait de sorte.... - Dorine : Oui, c'est un beau museau |
MUSETTE | Le bal et la grand bande, à savoir deux musettes |
NE | Je me soucierais peu de ce qu'ils peuvent dire, n'était l'artifice.... |
NE | On n'en peut pas user mieux que je fais, je pense |
NE | T'ai-je pas là-dessus ouvert cent fois mon coeur ? Et sais-tu pas pour lui jusqu'où va mon ardeur ? |
NET, ETTE, | ....Taisez-vous, vous ; parlez à votre écot ; Je vous défends tout net d'oser dire un seul mot |
NEZ | Et songez à vous taire, Sans mettre votre nez où vous n'avez que faire |
NEZ | À votre nez, mon frère, elle se rit de vous |
NIER | Je ne puis pas nier qu'il n'y ait eu des Pères de l'Église qui ont condamné la comédie ; mais on ne peut pas me nier aussi qu'il n'y en ait eu quelques-uns qui l'ont traitée un peu plus doucement |
NOIRCIR | Si vous pouviez savoir avec quel déplaisir Je vois qu'envers mon frère on tâche à me noircir |
NOM | Mon frère, au nom de Dieu, ne vous emportez pas |
NON | Valère a votre foi, la tiendrez-vous ou non ? |
NON | Certes, monsieur Tartuffe, à bien prendre la chose, N'est pas un homme, non, qui se mouche du pié |
NONOBSTANT | Il faut nonobstant tout avoir pitié de vous |
NU, NUE | Et je vous verrais nu du haut jusques en bas, Que toute votre peau ne me tenterait pas |
NUE | Je suis toute ébaubie, et je tombe des nues |
OBSTINÉ, ÉE | C'est un rhume obstiné, sans doute |
OEIL | Ils [les dupes en dévotion] veulent que chacun soit aveugle comme eux, C'est être libertin [incrédule] que d'avoir de bons yeux |
OEIL | Il m'avertit des gens qui lui font les yeux doux [à ma femme] |
OEIL | Je l'ai vu, dis-je, vu, de mes propres yeux vu, Ce qu'on appelle vu |
OH | Monsieur Tartuffe ! oh ! oh ! n'est-ce rien qu'on propose ? |
OMBRAGE | Et mon mari, de vous, ne peut prendre d'ombrage |
ON | De tous vos façonniers on n'est point les esclaves |
ON | Mais puisque l'on s'obstine à m'y vouloir réduire |
ON | Puisqu'on [Orgon] ne veut point croire à tout ce qu'on [Elmire] peut dire, Et qu'on [Orgon] veut des témoins qui soient plus convaincants ; Il faut bien s'y résoudre et contenter les gens |
OR | Or sus, nous voilà bien |
ORACLE | Vous êtes le seul sage et le seul éclairé, Un oracle, un Caton, dans le siècle où nous sommes |
ORAGE | L'estime où l'on vous tient a dissipé l'orage |
ORDURE | Chaque instant de ma vie est chargé de souillures, Elle n'est qu'un amas de crimes et d'ordures |
OREILLE | Faut-il vous le rebattre Aux oreilles cent fois, et crier comme quatre ? |
OREILLE | Il faut que de ce fat j'arrête les complots, Et qu'à l'oreille un peu je lui dise deux mots |
OREILLE | Il a l'oreille rouge, et le teint bien fleuri |
OREILLE | Laissez-moi, je lui veux couper les deux oreilles |
OREILLE | Jour de Dieu ! je saurai vous frotter les oreilles |
OU | Monsieur, j'ai grande honte et demande pardon D'être sans vous connaître ou savoir votre nom |
OÙ | Orgon : Vous devez n'avoir soin que de me contenter. - Mariane : C'est où je mets aussi ma gloire la plus haute |
OÙ | De vos regards divins l'ineffable douceur Força la résistance où s'obstinait mon coeur |
OUI | Enfin, le bon de tout, c'est qu'à d'autres qu'à lui On ne peut vous lier que vous ne disiez oui |
OUTRANCE | Une comédie qui décriât les hypocrites, et mît en vue, comme il faut, toutes les grimaces étudiées de ces gens de bien à outrance, toutes les friponneries couvertes de ces faux-monnoyeurs en dévotion |
OUVRIR | Et contre cet hymen ouvrez-moi du secours |
PARAÎTRE | Quels sentiments aurai-je à lui faire paraître ? |
PARDONNER | Ô ciel ! pardonne-lui comme je lui pardonne |
PAREIL, EILLE | Voilà de vos pareils les discours ordinaires |
PARER | Et ce sont de ces coups que l'on pare en fuyant |
PARER | Et songeons à parer ce fâcheux mariage |
PARER | Quoi ! de votre poursuite on ne peut se parer ? |
PARLER | C'est à vous d'en sortir, vous qui parlez en maître ; La maison m'appartient, je le ferai connaître |
PARLER | Je me parle à moi-même |
PARLER | Je veux croire qu'au fond il ne se passe rien, Mais enfin on en parle, et cela n'est pas bien |
PART | Et je vais à madame annoncer par avance La part que vous prenez à sa convalescence |
PARTAGER | Si l'on vient pour me voir, je vais aux prisonniers Des aumônes que j'ai partager les deniers |
PARTIE | Mettez dans vos discours un peu de modestie, Ou je vais sur le champ vous quitter la partie |
PAS | Vous marchez d'un tel pas qu'on a peine à vous suivre |
PAS | Je ne vous réponds pas des volontés d'un père |