Définition de JUGER

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : ju-jé. Le g prend un e devant a et o : je jugeais, nous jugeons

DÉFINITIONS

1
Prononcer, en qualité de juge, sur une affaire ou sur une personne. Juger un procès, une personne.
L'affaire est prête à juger
dans Dict. de l'Académie
Et vous, rois, ouvrez maintenant votre coeur à l'intelligence ; instruisez-vous, vous qui jugez la terre
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Psaum. II, 10
Il nous veut tous juger les uns après les autres
de Jean RACINE dans Plaid. I, 1
Il fut jugé à mort unanimement, sans que l'arrêt prononçât le genre du supplice
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Russie, II, 10
La coutume horrible de juger et de condamner à mort pour des opinions religieuses fut introduite chez les chrétiens dès le quatrième siècle de l'ère vulgaire
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Hist. parlem. ch. XIX.
On dit que l'affaire est jugée au moment que je vous écris, et j'attends avec impatience le moment de juger l'arrêt
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Mme de Lutzelbourg, 2 septembre 1753
Sémantique : Fig.
J'appelle vérité cette règle éternelle, cette lumière intérieure qui juge nos jugements, qui nous éprouve, qui nous condamne
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Avent, Épiphan.
Juger sur l'étiquette du sac, ou, absolument, juger sur l'étiquette, prononcer un jugement sur une affaire en regardant seulement l'étiquette que portaient autrefois les sacs contenant les pièces d'un procès ; et fig. porter son jugement sur quelque affaire, sur quelque personne, sans avoir examiné les pièces, les raisons.
Nature : Absolument.
Souvenez-vous, ma bonne, de la règle de Corbinelli, qu'il ne faut pas juger sans entendre les deux parties
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 15 nov. 1684
Un ministre si zélé pour la justice ne devait pas mourir avec le regret de ne l'avoir pas rendue à tous ceux dont les affaires étaient préparées ; malgré cette fatale faiblesse qu'il commença de sentir, il écouta, il jugea
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans le Tellier.
Où courez-vous la nuit ? - Je veux aller juger
de Jean RACINE dans Plaid. I, 4
2
Il se dit de la fonction des juges ou premiers magistrats des Hébreux.
Il y avait en ce temps-là une prophétesse nommée Débora, laquelle jugeait le peuple
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Juges, IV, 4
3
Il se dit de l'arrêt que Dieu porte sur les hommes.
Il me semble que je les vois déjà [les personnes de piété] dans un de ces trônes où ceux qui auront tout quitté, jugeront le monde avec Jésus-Christ, selon la promesse qu'il en a faite
de Blaise PASCAL dans Lett. à Mlle de Roannez, 3
Que s'il [Dieu] ne dédaigne pas de juger ce qu'il a créé, et encore ce qu'il a créé capable d'un bon et d'un mauvais choix, qui leur [aux impies] dira ou ce qui lui plaît, ou ce qui l'offense, ou ce qui l'apaise ?
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Anne de Gonz.
Dieu juge chacun par sa conscience
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Polit. VII, II, 3
La divine parole.... ceux qu'elle ne touche pas, elle les juge ; ceux qu'elle ne convertit pas, elle les condamne
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 2e sermon, Parole de Dieu, 3
[Dieu] Juge tous les mortels avec d'égales lois, Et du haut de son trône interroge les rois
de Jean RACINE dans Esth. III, 4
4
Décider comme arbitre en quelque différend. Un coup difficile à juger. Je m'en rapporte à ce qu'il en jugera.
Juge-nous un peu sur une gageure que nous avons faite
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Impromptu, 3
Nous disputons qui est le marquis de la Critique de Molière ; il gage que c'est moi, et moi je gage que c'est lui. - Et moi je juge que ce n'est ni l'un ni l'autre
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans ib.
Parbleu, tu jugeras toi-même si j'ai tort
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Fâch. II, 2
5
Se former, énoncer une opinion sur quelqu'un ou sur quelque chose. Vous jugez cet homme bien sévèrement. Juger un livre, une pièce de théâtre, un opéra.
Garde-toi, tant que tu vivras, De juger les gens sur la mine
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VI, 5
Il ne faut pas juger les gens par l'apparence
de Jean de LA FONTAINE dans ib. XI, 7
Mais nous, qui d'un autre oeil jugeons les conquérants
de Jean RACINE dans Alex. II, 2
Je remplis mon devoir, et j'obéis aux rois ; Le soin de les juger n'est point notre partage ; C'est celui des dieux seuls
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Sémir. III, 2
Et l'on vous jugera, vous qui jugez les autres
de Marie-Joseph CHÉNIER dans (parlant de la Harpe), les Nouveaux saints
Juger un homme, apprécier sa valeur intellectuelle ou morale.
Sous le ministère d'un homme qui jouissait d'une grande réputation, mais que la révolution a déjà jugé
dans Décret du 23 floréal, ou 2e rapport de CAMBON, p. 87
Nature : Absolument. Ne jugez point si vous ne voulez être jugé.
....Le plus souvent l'apparence déçoit ; Il ne faut pas toujours juger sur ce qu'on voit
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Tart. V, 3
M. de Montmoron mourut il y a quatre jours d'une violente apoplexie, en six heures ; c'est une belle âme devant Dieu ; cependant il ne faut pas juger
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 4 oct. 1684
6
Croire, estimer, être d'opinion.
Que jugez-vous que je doive faire ? Tant que j'ai pu juger qu'elle [ma vie] vous était chère....
de Jean de ROTROU dans Bélis. II, 4
Elle croit, elle qui jugeait la foi impossible
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Anne de Gonz.
Nous jugeons assez de là que l'impureté était regardée....
de Louis BOURDALOUE dans Car. Impur. II, 125
Un bruit assez étrange est venu jusqu'à moi, Seigneur ; je l'ai jugé trop peu digne de foi
de Jean RACINE dans Iph.
Vous-même jugerez s'il faut qu'elle vous suive
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Olymp. I, 2
7
Conjecturer. Il n'est pas difficile de juger ce qui en arrivera.
Mais des fureurs du roi que puis-je enfin juger ?
de Jean RACINE dans Mithr. II, 6
En ce sens il se dit avec à. Je jugeai à son air qu'il était malade.
Le dernier [Philopémen], à voir agir les Romains dans la Macédoine, jugea bien que la liberté de la Grèce allait expirer
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. III, 6
J'entrevois vos mépris, et juge à vos discours Combien j'achèterais vos superbes secours
de Jean RACINE dans Iphigénie, IV, 6
8
Se figurer, s'imaginer. Il est aisé de juger d'où cela part.
Ceux qui voyaient la reine d'Angleterre attentive à peser toutes ses paroles, jugeaient bien qu'elle était sans cesse sous les yeux de Dieu
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Reine d'Anglet.
Ceux qui ont vu de quel front il [Charles 1er] a paru dans la salle de Westminster.... peuvent juger aisément combien il était intrépide à la tête de ses armées
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib.
Jugez ce que les saints auraient pensé des vôtres [pénitences] et ce que l'Église en pense encore aujourd'hui
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Inconst.
9
Au jeu de paume, juger la balle, prévoir le lieu où la balle va tomber ; et fig. prévoir quel tour une affaire prendra.
Sémantique : Terme de chasse. Reconnaître l'âge, le sexe, la taille et l'espèce de bête par le pied, les fumées, etc.
Tirer au juger, tirer sans voir distinctement la bête, et en jugeant qu'elle est en tel endroit.
10
Sémantique : Terme de médecine. Terminer une maladie, en faire la crise. Un dépôt jugea la fièvre.
11
Nature : Absolument. Discerner la convenance ou la disconvenance de deux idées.
La vraie perfection de l'entendement est de bien juger
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Connaiss. I, 16
Qui doute que les enfants ne conçoivent, qu'ils ne jugent, qu'ils ne raisonnent conséquemment ?
de Jean de LA BRUYÈRE dans XI
Juger, c'est affirmer qu'une chose que nous concevons est telle ou n'est pas telle : comme lorsque, ayant conçu ce que c'est que la terre, et ce que c'est que rondeur, j'affirme de la terre qu'elle est ronde
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Gramm. P. R. Oeuv. t. IX, p. 53, dans POUGENS
12
Nature : V. n. Porter un jugement, prononcer un arrêt (emploi qui est rare).
La Syrie à vos lois est-elle assujettie Pour souffrir qu'une femme [Théodore] y soit juge et partie ? Jugez de Théodore
de Pierre CORNEILLE dans Théod. V, 7
Et quant à ce rebelle.... Rome entre vous et lui jugera de l'outrage
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. IV, 4
Lancer ses traits et puis retirer sa main, accuser M. Koenig, mon ami, d'être un faussaire.... opprimer Koenig et moi avec les mêmes artifices ; c'est ce que Maupertuis a fait, et c'est sur quoi l'Europe littéraire peut juger
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Roquet, 1752
13
Juger de, apprécier, se faire une opinion sur. Je ne pouvais pas bien juger de la distance.
Et vous pouvez juger des soins qu'elle en a pris Par les hautes vertus et les illustres marques....
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. II, 3
Et me venger enfin ou sur vous ou sur moi, Si j'eusse mal jugé de tout ce que je voi
de Pierre CORNEILLE dans ib. V, 10
Le monde juge bien des choses ; car il est dans l'ignorance naturelle, qui est le vrai siége de l'homme
de Blaise PASCAL dans Pensées, III, 18, édit. HAVET.
Quand il [le pape] voulut juger des cinq propositions, le point de la grâce efficace fut mis à couvert de toute censure
de Blaise PASCAL dans Prov. XVII
Saint Augustin voulait qu'on jugeât des personnes par la foi, et non de la foi par les personnes
de Louis BOURDALOUE dans Exhort. char. env. les nouv. cath. t. I, p. 130
Il ne faut pas juger des hommes comme d'un tableau ou d'une figure, sur une seule et première vue ; il y a un intérieur et un coeur qu'il faut approfondir
de Jean de LA BRUYÈRE dans XII
On ne juge pas de la racine par les branches, mais des branches par la racine
de Charles ROLLIN dans Hist. anc. liv. XXVI, 2e part. ch. 2, art. 2
Si le ciel veut un meurtre, est-ce à moi d'en juger ?
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Fanat. IV, 4
Il [Boileau] était jeune, et dans l'âge où l'on juge des hommes par la réputation, et non point par eux-mêmes
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict. phil. Rochester et Waller.
Jugeons des actions des hommes, et laissons Dieu juger de leur foi
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Lettre à d'Alembert.
On dit dans un sens analogue. L'oeil juge des couleurs. L'oreille juge des sons.
Juger des coups, regarder des joueurs et apprécier en quoi ils jouent bien ou mal.
Sémantique : Fig. Juger des coups, être simple spectateur des événements, et n'avoir qu'à les blâmer ou à les louer.
Le maréchal du Plessis ne quittera point Paris ; il est bourgeois et chanoine ; il met à couvert tous ses lauriers et jugera des coups
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 8 avr. 1672
Aujourd'hui on dit souvent juger les coups ; c'est une autre nuance de sens.
14
Juger de, se faire une idée de. Vous pouvez juger de ma surprise.
Juge de son pouvoir [de mon amour] : dans une telle offense, J'ai pu délibérer si j'en prendrais vengeance !
de Pierre CORNEILLE dans Cid, III, 4
Si nos cheveux sont comptés, jugez de nos oeuvres
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Avent, Jugem.
15
Juger de, porter, en bien ou en mal, un jugement sur autrui. Il juge bien de tout le monde. Juger mal de son prochain.
Et la mort d'Annibal m'eût fait mal juger d'eux [des Romains]
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. I, 5
J'ai mal jugé de toi, j'ai tort, je le confesse
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Ét. I, 10
Juger d'autrui par soi-même, estimer les sentiments d'autrui par les siens.
Seigneur, ne jugez pas de son coeur par le vôtre
de Jean RACINE dans Brit. V, 1
La vertu simple et sévère juge des autres par elle-même
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Pet. carême, Écueils.
16
Juger de, être connaisseur en, apprécier le mérite de. Il juge bien de la poésie et de la peinture. Il juge mal de ces sortes de choses.
Par la raison qu'il y en a plusieurs qui sont capables de juger d'une pièce selon les règles, et que les autres en jugent par la bonne façon d'en juger, qui est de se laisser prendre aux choses
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Critique, 6
Ceux qui jugent d'un ouvrage par règle sont à l'égard des autres comme ceux qui ont une montre à l'égard des autres
de Blaise PASCAL dans Pensées, VII, 5
Je ne puis juger de mon ouvrage en le faisant ; il faut que je m'éloigne comme les peintres, et que je m'en éloigne, mais encore pas trop
de Blaise PASCAL dans XXV, 63
Là, tous mes sots, enflés d'une nouvelle audace, Ont jugé des auteurs en maîtres du Parnasse
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. III
Pour juger des poëtes, il faut savoir sentir, il faut être né avec quelques étincelles du feu qui anime ceux qu'on veut connaître
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Ess. poés. épique, ch. II
Nature : Absolument.
Ceux qui sont accoutumés à juger par le sentiment ne comprennent rien aux choses de raisonnement
de Blaise PASCAL dans Pens. VIII, 33
Tous les jours à la cour un sot de qualité Peut juger de travers avec impunité
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. IX
Tel excelle à rimer qui juge sottement
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. IV
17
Se juger, porter un jugement sur soi-même, avoir une opinion sur soi-même.
Il se juge en autrui, se tâte, s'étudie
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. III, 1
Jugez-vous : répondez avec la vérité Que vous devez au moins à ma sincérité
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Zaïre, IV, 6
Jugez-vous dans mon coeur, prenez-le pour votre conscience
de Anne Staël-Holstein, dite Mme DE STAËL dans Corinne, XII, 2
Porter un jugement les uns sur les autres. Ils ne se jugent pas l'un l'autre bien favorablement.
Dans le langage de la dévotion, s'infliger une perpétuelle mortification.
Le jugement général en causera une générale [émotion] dans le monde, excepté ceux qui se seront déjà jugés eux-mêmes
de Blaise PASCAL dans Lett. à Mlle de Roannez, 8
18
Croire quelque chose sur son propre compte. Il s'était jugé digne d'une récompense.
19
Être jugé. Le procès se jugera demain.
20
Sémantique : Terme de médecine. Une maladie se juge par des sueurs, par une diarrhée, etc. quand une amélioration sensible et soutenue se manifeste à la suite d'une évacuation quelconque.

REMARQUE

1
Dans le sens de être d'opinion, de sentiment que, juger régit l'indicatif quand la phrase est affirmative, et le subjonctif quand elle est négative ou interrogative : Je juge que vous devez partir ; Je ne juge pas que vous deviez partir ; Jugiez-vous que je dusse partir ? Dans le sens de croire, il régit l'infinitif quand le verbe régi se rapporte au sujet de la phrase : Il jugea devoir se comporter ainsi. Quand le verbe ne se rapporte pas au sujet de la phrase, il faut se servir de que avec l'indicatif : Votre père a jugé que vous devez vous comporter ainsi.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Si il ne pot prover sor saintz que melz [mieux] ne sot juger
dans Lois de Guill. 1
Si as juget [tu as décidé] qu'à Marsilion en alge [j'aille]
dans Ch. de Rol. X
2
XIIe s.
Dont [pour cela] [ils] firent la hataille sur deus homes jugier [remettre la bataille à deux champions]
dans Sax. IV
À mort serez jugié se je ne vous estrif [tire d'affaire]
dans ib. XXIV
Mult achate l'onur qui est à mort jugiez
dans Th. le mart. 121
3
XIIIe s.
Se cil qui est apelés de defaute de droit ou de faus jugement est convaincus en l'apel et atains, il pert le jugier et le [la] justice de sa terre
de Philippe de BEAUMANOIR dans LXI, 39
Ele fu jugie à ardoir [être brûlée], et fu arse
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXXIX, 14
Il iroit contre le jugié....
de Philippe de BEAUMANOIR dans VI, 20
L'autre point si est tel, que il [les Bédouins] croient que nulz ne peut mourir que jeusques au jour que il lui est jugé
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 260
4
XIVe s.
Le juge corrumpu qui a jugié injustement un champ à la partie, il ne prent pas le champ pour soy, mais il prent l'argent
de Nicolas ORESME dans Eth. 161
5
XVe s.
Et pour tels comme ils sont eux-memes, ils jugent les autres
de Enguerrand de MONSTRELET dans liv. I, ch. 9
Voyant grande quantité de lances debout, ce leur sembloit, jugerent que c'estoient les batailles du roy qui estoient aux champs
de Philippe de COMMINES dans I, 11
Il [le prince] sera jugé, à l'oppinion des gens, d'estre de la condition et nature de ceulx qu'il tiendra les prochains de luy
de Philippe de COMMINES dans II, 3
Qui veut bien juger, il doit la partie escouter
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. II, p. 408
6
XVIe s.
Son port et sa façon ne le jugeoient pas de maulvaise affaire ny de seditieuse humeur
de Vincent CARLOIX dans III, 13
Erreur de calcul ne passe jamais en force de chose jugée
de Antoine LOYSEL dans 872
Les juges non royaux sont tenus de soutenir leur jugé, au peril de l'amende sur eulx ou leur seigneur
de Antoine LOYSEL dans 881
Il leur fist prester le serment de juger selon le droit et l'equité
de Jacques AMYOT dans Cimon, 14
C'est le jour [celui de la mort] qui doibt juger de toutes nos années
de Michel de MONTAIGNE dans I, 67
Un habile homme ayant jugé que ce n'estoit que fantaisie....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 100
Pour juger du lustre de l'escarlatte, on nous ordonne de....
de ID. dans II, 100
Qui trop tost juge, tost se repent
de Henri ESTIENNE dans Precell. 188
Mieulx vault juger entre ennemis qu'entre ses amis
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. II, p. 348

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. jutjar, jutgar ; espagn. juzgar ; portug. julgar ; ital. giudicare ; du lat. judicare, de jus, droit, et dicere, dire, prononcer.

Synonymes de JUGER

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