L'oeuvre Projet de livre intitulé de la précellence du langage français de Henri ESTIENNE
Ecrit par Henri ESTIENNE
Date : 1579
Citations de "Projet de livre intitulé de la précellence du langage français"
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Utilisé pour le mot | Citation |
ABOI | Rendre les abbois [n'en pouvoir plus] a bonne grâce en ce passage de BELLEAU : Aussitost que ces advocas Nous ont empietez une fois, Ils nous font rendre les abbois |
ABONDANCE | De l'abondance du coeur la bouche parle, expression tirée des propres mots de la Sainte Escriture |
AMI, IE | Au besoin cognoist on l'ami |
ÂNE | À rude asne rude asnier |
ARGENT | Il est serf de l'argent [il est avare, avide] |
AUTEL | Il en prendroit sur le grand autel |
AVEUGLE | Borgne est roy entre aveugles |
BESOIN | Besoing fait la vieille trotter |
BORGNE | Borgne est roy entre aveugles |
CHAUD, CHAUDE | Rien ne lui est trop chaud ni trop froid |
CHÈRE | Belle chere et coeur arriere |
CHIEN, CHIENNE | À petit chien, petit lien |
CLERC | Il ne s'y entend comme clerc d'ar mes [il y est habile] |
DIABLE | De jeune angelot vieux diable |
DIEU | Il est riche que Dieu aime, il est poure que Dieu hait |
DONNER | Qui tost donne, deux fois donne |
ÉCORCE | On ne doit mettre le doigt entre l'escorce et le bois |
ENCOMBRER | À haute montée le faix encombre |
ENTENDEUR | À bon entendeur il ne faut qu'un mot |
FOU ou FOL, FOLLE | Fol devise, et Dieu depart. De ce que fol pense, souvent en demeure. Il n'est au monde si grand dommage que seigneur à fol courage. Il n'est pas sage qui n'a peur d'un fol |
FROID, OIDE | Rien ne lui est trop chaud ne trop froid |
FROMAGE | Tout fromage est bien sain qui vient de chiche main [c'est-à-dire il ne faut pas, pour la santé, manger beaucoup de fromage] |
GOURMAND, ANDE | Les gourmands font leurs fosses avec leurs dents |
JUGER | Qui trop tost juge, tost se repent |
LAIT | Vin sur laict est souhait ; laict sur vin est venin |
LEURRER | Il y est leurré [phrase proverbiale pour dire : il s'y connaît] |
MAL, ALE | Mal pense, qui ne repense |
MÉNIE ou, par altération, MÉGNIE | Tel seigneur, telle mesnie |
MIGNON, ONNE | Aussi n'a faict Belleau aucune difficulté d'en user, quand, parlant d'un enfançon (car il use de ce diminutif), il dit : Tant que sa levre mignotte à petits soupirs suçotte |
MYRRHE | De bonne myrrhe playe puante, proverbe par corruption de : debonnaire mire [médecin] fait playe puante |
NIAIS, AISE | Entre tant de François qui usent tous les jours de ces mots, niais ou niez, hagard, debonnaire, leurré, bien peu prennent garde à leur premier usage et s'aperçoivent qu'ils disent des hommes ce qui se dit proprement des oiseaux de proye... ceux-là sçauront que niais ou niez se dit proprement du faucon ou autre oiseau de proye qui est pris au nid et n'ayant encore volé |
NOUVEAU ou, devant une voyelle ou une h muette, NOUVEL, NOUVELLE | Il n'y est pas nouveau [il a de l'expérience en cela] |
OEUF | Il partiroit un oeuf en deux ; il trouveroit à tondre sur un oeuf ; il ne donneroit pas un gros oeuf pour un menu ; pour dire il est avare |
OISEAU | Ce que nous disons oiseau, et nos ayeuls ou bisayeuls oisel |
PANTOIS, OISE | , duquel romman sont ces vers, touchant deux maladies ausquelles oiseaux de proye sont subjects : Ils ont pantais (bien m'en recors) Et filandres dedans le corps ; au lieu duquel mot pantais on escrit pantois, qu'on lit au romman d'Alexandre, dict du halletement d'un homme travaillé |
PARTIR | Il partiroit un oeuf en deux, une maille en deux |
PAUME | Je donneray le premier lieu à celuy [le jeu de la paume], auquel on peut aussi dire la nation françoise estre plus adonnée qu'aucune autre : temoin le grand nombre de tripots qui sont en ceste ville de Paris |
PIAFFE | Nous appelons parade et bravade, eux [les courtisans] diroyent piaffe, ce que nous nommions magnificence |
PLAINTIF, IVE | Je veux faire au lecteur mes plaintifs [plaintes] touchant quelques choses qui concernent les dicts vocables |
PORTE-ÉPÉE | Quant aux mots porte-enseigne et porte-espée, ils estoient en usage dejà du temps de nos ancestres |
PORTEFAIX | Il feroit beau voir que nous eussions fait un composé pour un crocheteur en l'appelant portefaix, et que.... |
PORTE-QUEUE | En la cour sont assez usités ces trois : porte-table, porte-chaise, porte-queue |
POULET | Veau mal cuit et poulets crus Font les cimetieres bossus |
PRÉCELLER | La chouse sera bien tournée si je puis monstrer que le nostre [langage] precelle le leur [l'italien] |
PRONONCIATION | Je monstreray comme nostre langage, pour rendre sa prononciation plus douce, a trouvé moyen d'eviter la rencontre des voyelles en vocables contigus |
QUERIR | Chacun quiert son semblable |
REBAILLER | Ces deux vers-là [un distique de Martial] furent traduits en ces deux-ci (qui ont pareillement la forme l'un d'hexametre, l'autre de pentametre) : Aube, rebaille le jour ; pourquoy nostr' aise retiens-tu ? Cesar doit revenir ; aube, rebaille le jour |
RENARD | Renard qui dort la matinée N'ha pas la langue emplumée |
RÉPUBLIQUE | Chacun doit penser à la republique comme à chose où il va de son interest |
RIEN | Comme je ne voudrois user des deux autres [mots], aussi ne voudrois je dire sur toute rien ou sur tout rien, comme au premier livre d'Amadis : toutesfois il est bien deceu, car elle le hait sur tout rien ; je ne voudrois, dis-je, ainsi parler, encore que je sache bien que rien signifie autant que chose ; car je n'ay rien du monde, et je n'ay chose du monde valent autant l'un que l'autre |
RUDÂNIER, IÈRE | À rude asne, rude asnier |
RUER | Quand je seray venu à ceste proposition et qu'il faudra ruer les grands coups de part et d'autre |
RUSÉ, ÉE | Il est rusé en cela [il y est habile] |
SADINET, ETTE | De sade, le composé duquel est mausade, longtemps y a qu'on a dict sadinet |
SAINT, AINTE | Le saint de la ville n'est point oré [prié] |
SCIENCE | Nos ancestres disoyent : diligence passe science ; mais aucuns aujourd'hui disent : patience passe science |
SEIGNEURIAL, ALE | Il est plus seigneurial d'user de peu de paroles |
STYLER | Il y est stilé [il connaît cela] |
SUFFISANCE | Qui a suffisance a prou de bien ; qui n'a suffisance, il n'a rien |
SUFFISANT, ANTE | Il est fort suffisant en cela [il s'y connaît] |
SUPERLATIF, IVE | Ce mesme personnage (je di Bembo) use d'adverbes ayant forme de superlatifs, lesquels je confesse que notre langue n'ha point.... mais je respons premierement que les Grecs nous ont faict le plaisir de nous prester une petite particule, laquelle mestans devans les adverbes aussi bien que devant les noms, exprimons ceste superlation |
SUSPENS | J'ay peur de tenir trop long-temps le lecteur suspens touchant la provision curieuse de notre langage |
SYNCOPE | Au lieu de dire parlare.... ils disent parlar.... et sont si bien accoustumez à ceste syncope, ou plustost apocope (que j'appelle retranchement).... |
TALENT | Talent, ancien mot, pour volonté |
TALUS | Ils voudront que ces façons de parler qui estoyent en credit eux estans jeunes, obtiennent reintegrande asçavoir fossé en talut ou talus.... |
TAQUIN, INE | Nous disons avare ou avaricieux, eschars, taquin |
TERMINAISON | Je viendray à des exemples de diminutifs ayans autres terminaisons |
TIERCELET | À propos de ce que j'ay dict du gentilhomme qu'on appelle un hobreau, il me souvient qu'on dit : il fait du tiercelet de prince, du gentilhomme qui veut enjamber par dessus le rang des gentilshommes, et en quelques façons qui sentent non seulement le bien grand seigneur, mais le prince |
TISANE | Ptisane, qu'on appelle communéement tisane |
TOCSIN | On dit sonner le tocsin.... mais il vaut mieux escrire toquesin ; et encore, si en adjoutant un g, on escrit toquesing, on approchera plus près de l'étymologie ; car c'est un mot gascon, composé de toquer, au lieu de ce que nous disons toucher ou frapper, et de sing qui signifie cloche, et principalement une grosse cloche, comme voulentiers en effroy on sonne la plus grosse |
VAIRON | Il faut perdre un veron pour pescher un saumon |
VEAU | Veau mal cuit et poulets crus Font les cimetieres bossus |
VÉNERIE | Quant à la venerie qui est proprement la chasse à toutes les bestes sauvages, mais le plus communement s'entend de la chasse aux bestes rousses, ou fauves, et aux noires |
VIEIL ou VIEUX, VIEILLE | Vin vieux, ami vieux, or vieux |
VILAIN, AINE | C'est un double vilain, c'est un vilain tout outre [avare] |
VOIE | À Paris, une voye de bois, c'est autant que si on disoit une chartée de bois |
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