Définition de POULET

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : pou-lè ; le t ne se prononce pas et ne se lie pas ; au pluriel, l's se lie : des poulè-z engraissés 

DÉFINITIONS

1
Le petit d'une poule.
La, déjeunons, dit-il ; vos poulets sont-ils tendres ?
Il m'est, disait-elle, facile D'élever des poulets autour de ma maison ; Le renard sera bien habile, S'il ne m'en laisse assez pour avoir un cochon
de Jean de LA FONTAINE dans ib. VII, 10
Jamais, contre un renard chicanant un poulet, Un renard de son sac n'alla charger Rolet
Ce que l'on aperçoit d'abord dans le germe du poulet, est un point saillant, dont le mouvement perpétuel fixe agréablement l'attention de l'observateur
Poulet de grain, petit poulet nourri avec du grain, sans être enfermé pour être engraissé.
Il n'a point voulu manger ? - Pardonnez-moi, madame ; mais fort peu de chose, un poulet de grain seulement, un dindon et un lapereau
de Florent Carton, sieur d'Ancourt, dit DANCOURT dans le Fonds perdu, II, 5
Poulets sacrés, voy. SACRÉ.
Sémantique : Fig. Manger le poulet, s'entendre avec un entrepreneur pour partager un bénéfice illicite.
Four à poulets, voy. FOUR, n° 3.
2
Poulet d'Inde, dindonneau. Engraisser des poulets d'Inde avec du gland.
Gardeur, gardeuse de poulets d'Inde, ou, simplement, de poulets, s'est dit, par dérision, des gentilshommes campagnards et des dames de campagne.
Poulet de bois, la huppe.
Poulet de mer, nom donné, dans la Loire-Inférieure, à l'espèce de crabe que l'on mange, ainsi dit à cause de sa bonté.
3
Fig. Sémantique : Terme de caresse qu'on emploie en parlant à un enfant, à un jeune homme, à une jeune femme.
Hé bien, mon poulet, me dit-il, lorsque nous fûmes hors de table, es-tu content de mon ordinaire ?
4
Sémantique : Fig. Billet de galanterie, missive d'amour.
S'elle baille en cachette, ou reçoit un poulet
Mademoiselle, j'aurais à cette heure de quoi vous écrire un beau poulet, et je pourrais dire, sans mentir, que je passe les jours sans lumière, et les nuits sans fermer l'oeil
Enfin le président le Coigneux, qui s'impatienta de toutes ces niaiseries, prit le billet, qui avait effectivement plus l'air d'un poulet que d'une lettre de négociation ; il l'ouvrit
Et m'a droit dans ma chambre une boîte jetée Qui renferme une lettre en poulet cachetée
....Le déplaisir que j'ai eu d'avoir été trouvée dans le nombre de celles qui lui ont écrit [à Fouquet] ; il est vrai que ce n'était ni la galanterie, ni l'intérêt.... mais cela n'empêche pas que je n'aie été fort touchée de voir qu'il les avait mises [mes lettres] dans la cassette de ses poulets
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Ménage, 9 oct. 1661
Il [Fouquet de Varenne] fit en peu de temps une fortune si considérable, que la duchesse de Bar lui dit : tu as plus gagné à porter les poulets de mon frère [Henri IV], qu'à piquer les miens
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Oeuv. t. X, p. 261
Il se dit quelquefois, par plaisanterie, de toute autre missive.
N'ai-je pas bien fait de vous envoyer le poulet apostolique du saint-père à Mme Chaulnes ?
5
Papier doré propre à écrire des poulets.

REMARQUE

1
Il y a plusieurs explications de poulet au sens de billet doux. D'après quelques-uns, porter un poulet est une locution qui vient de ce que ceux qui se chargeaient de remettre un billet d'amour, portant des poulets sous prétexte de les vendre, mettaient le billet sous l'aile du plus gros, ce qui était un avertissement à la dame avec qui on était d'intelligence. D'après Génin, Récréat. t. II, p. 135, le Vocabulaire napolitain, 1789, interprète portapollastri par rufien, disant que, parmi les paysans, un amant est heureux, s'il peut attendrir le coeur de sa belle par le don de quelque paire de poulets ou de pigeons ; et que de là, porter poulets, porter pigeons est devenu une expression injurieuse pour désigner ceux qui servent d'entremetteurs. Génin adopte cette explication. Lamonnoye reconnaît bien que l'italien pollastriere est expliqué dans Oudin par entremetteur, et portar polli par faire le métier d'entremetteur ; mais comme les Italiens n'emploient pas pollo dans le sens de lettre amoureuse, il ne pense pas que notre mot poulet vienne de ces locutions italiennes, et il adopte l'explication de Furetière, qui dit qu'on a ainsi nommé ces billets parce que, en les pliant, on y faisait deux pointes qui représentaient les ailes d'un poulet ; on remarquera que sans doute Molière adoptait cette dernière explication, puisqu'il a dit cachetée en poulet ; elle a le plus de vraisemblance.

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Au vert jus de nouvele grape Lui donna Blonde un froit poulet
dans Bl. et Jeh. 1342
2
XVIe s.
Veau mal cuit et poulets crus Font les cimetieres bossus
De ce mesme papier où il vient d'escrire l'arrest de condamnation contre un adultere, le juge en desrobe un lopin pour en faire un poulet à la femme de son compagnon
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 128
[Henri IV disait en 1597 que] Mlle de Guise aimoit bien autant les poulets en papier qu'en fricassée
de SULLY dans Mém. 2e partie, p. 114, dans GÉNIN, Récréat. t. II, p. 135
Un porte poulet [un entremetteur]
de SULLY dans dans GÉNIN, ib. p. 136

ÉTYMOLOGIE

1
Diminutif de poule ; wallon, polet ; bourguig. poulô ; genev. poulet, un robinet ; provenç. polet, pollet, pollat ; espagn. pollito.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Poulet d'Inde. Ajoutez :
En argot militaire, poulet d'Inde, le cheval de cavalerie.
Manoeuvres fort utiles à la tête d'un régiment, mais tout à fait superflues lorsqu'au lieu d'un poulet d'Inde on a une chaise entre les jambes
de H. MALOT dans Clotilde Martory, ch. XXXVIII
2
Poulet de carême, nom populaire des harengs blancs.

Synonymes de POULET

Termes proches de POULET