Définition de ABOI
Prononciation : a-boi
DÉFINITIONS
1
Cri du chien. L'aboi des différentes espèces de chiens. Dans la rage, l'aboi du chien est modifié d'une façon caractéristique.Leur maître les rompit, Bien que de leurs abois ils perçassent les nues
de Jean de LA FONTAINE dans Fab. XII, 23
Trois pasteurs, enfants de cette terre, Le suivaient, accourus aux abois turbulents Des molosses...
de André CHÉNIER dans 23
2
Nature : S. m. plur. Moment où le cerf, serré par les chiens qui aboient après lui, est à l'extrémité. Le cerf est aux abois. Il tient les abois.Son frère ayant couru mainte haute aventure, Mis maint cerf aux abois, maint sanglier abattu
de Jean de LA FONTAINE dans Fab. VIII, 24
3
Sémantique : Fig. Dernière extrémité. Ils sont aux abois. Les assiégés étaient réduits aux derniers abois.Mais pardonne aux abois d'une vieille amitié, Qui ne peut expirer sans me faire pitié
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, III, 2
[Il] nous surprend, nous assiége, et fait un tel effort, Que, la ville aux abois, on lui parle d'accord
de Pierre CORNEILLE dans Rod. I, 6
Unissons ma vengeance à votre politique Pour sauver des abois toute la république
de Pierre CORNEILLE dans Sert. I, 3
Ah ! quel âpre tourment ! quels douloureux abois !
de Pierre CORNEILLE dans Méd. v, 5
Ah ! je m'en souviendrai jusqu'aux derniers abois [la mort]
de Pierre CORNEILLE dans Théod. I, 2
En cet heureux moment rappelés des abois, [ils] Rendent grâces au Ciel d'une commune voix
de Pierre CORNEILLE dans Oed. v, 11
Et ces esprits légers, approchant des abois, Pourraient bien se dédire une seconde fois
de Pierre CORNEILLE dans Nic. IV, 2
J'en laissai deux sans vie et mis l'autre aux abois
de Pierre CORNEILLE dans Oed. I, 6
De sa haine aux abois la fierté se redouble
de ID. dans Soph. v, 8
D'effroyables remords, mégères éternelles, Invisibles bourreaux des âmes criminelles, Vous persécuteront jusqu'aux derniers abois
de Jean de ROTROU dans Antig. v, 5
Sans languir si longtemps aux abois
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Dial.
Une nymphe fuyante Qui, réduite aux abois....
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Ép. I
Où l'on voit tous les jours l'innocence aux abois
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. I
Dès que j'y veux rêver, ma veine est aux abois
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans ib. VII
Cette idée est capable de me réduire aux abois
Louis XIV réduisant l'hérésie aux derniers abois
de Jean de LA FONTAINE dans Disc. à l'Acad.
Il semblait, à me voir, que je fusse aux abois
de Jean de LA FONTAINE dans Épît. XXII, 19
Réduire un esprit aux abois
de Jean de LA FONTAINE dans Je vous prends sans verd, 3
Nous sommes réduits aux abois
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Pent. I
Philisbourg est aux abois en huit jours
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans L. de Bourb.
L'idolâtrie qui semblait aux abois
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. II, 12
4
Tenir quelqu'un en aboi, le repaître de vaines espérances.REMARQUE
1
Voltaire, sur le vers de Nicomède cité plus haut, remarque que l'expression des abois, qui par elle-même n'est pas noble, n'est plus d'usage aujourd'hui. Néanmoins cette expression est restée, à juste titre, dans l'usage, et elle n'a rien qui l'empêche d'entrer dans le meilleur style. Seulement, on en use moins librement qu'au XVIIe siècle, et on peut voir plus haut quelques emplois qu'en fait Corneille et qui paraissent un peu surannés.SYNONYME
1
ABOI, ABOIEMENT. Aboi se dit particulièrement de la qualité naturelle du cri du chien. Ce chien a un aboi perçant. Aboiement se dit plutôt des cris mêmes : de longs aboiements, des aboiements continuels. On dit : Faites cesser les aboiements de ce chien, et non pas : Faites cesser son aboi ou ses abois, LAVEAUX.HISTORIQUE
1
XIIIe s.Il n'a garde d'aba de chien
de RUTEBEUF dans 253
Renart li commença à rire, Si lui a jeté un abai ; Certes, fait-il, je me gabai ; Ce fis je pour vous peor [peur] faire
dans Ren. 1785
2
XVe s.Quand il eut esté bien reprouvé et rigolé de ses compagnons, et, comme un sanglier, mis aux abois de tous costés
de LOUIS XI dans Nouv. 19
3
XVIe s.Las ! quantes fois par rochers et par bois, Les chiens courans l'ont tenu aux abbois
de Clément MAROT dans IV, 82
Avoir pour son exercice Force oiseaux et force abbois
de Joachim DU BELLAY dans III, 87, recto.
Et finirent leur vie, chantans jusques aux derniers abois un cantique
de D'AUE. dans Hist. I, 67
L'authorité duquel doit bien rabattre tous les abois de ce chien mastin
de Jean CALVIN dans Inst. 321
Par leur importunité, comme par aboi, ils arrachent...
de Jean CALVIN dans ib. 875
L'empereur avoit deja rendu les abbois [cédé] et fait toutes submissions proposées par le duc Maurice
de Vincent CARLOIX dans IV, 25
L'autre pressant le cerf d'abois, Devient satyre des bocages
de Pierre de RONSARD dans 882
Car tant seulement mangeoit pour refrener les abois de l'estomac
de François RABELAIS dans Garg. I, 23
Rendre les abbois [n'en pouvoir plus] a bonne grâce en ce passage de BELLEAU : Aussitost que ces advocas Nous ont empietez une fois, Ils nous font rendre les abbois
de Henri ESTIENNE dans Précell. p. 90
ÉTYMOLOGIE
1
Voy. ABOYER.