Définition de ABOMINABLE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : a-bo-mina-bl'

DÉFINITIONS

1
Qui mérite répulsion, aversion. Ils ont tenu des propos abominables. Jours abominables. C'est une femme abominable. Projets abominables.
Tout ce qui est dans les hommes, est abominable
de Blaise PASCAL dans Édit. Cousin.
Des plaisirs abominables
de Blaise PASCAL dans ib.
De l'offrir [le saint sacrifice de l'Eucharistie] pour avoir de quoi contenter nos passions, de quoi nourrir nos cupidités... ne serait-ce pas l'usage le plus abominable ?
de Louis BOURDALOUE dans Pens. t. III, p. 291
Ah ! quel abominable maître me vois-je obligé de servir
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Festin de Pierre, I, 14
Voilà, je vous l'avoue, un homme abominable
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Tart. IV, 6
Qui ? ce chef d'une race abominable, impie
de Jean RACINE dans Est. II, 1
Fourbe abominable
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Zaïre, IV, 5
L'abominable arrêt de ce conseil farouche
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Alz. v, 4
2
Sémantique : Par exagération, se dit de tout ce qui est très mauvais. Une odeur abominable. Il fait un temps abominable.
Se dit des personnes et des choses, et se met avant ou après le substantif, suivant l'oreille, surtout dans le style poétique et passionné ; car dans le style ordinaire il se met presque toujours après.

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Ces malades estoient si despis que les privés sergeants du benoit roi en estoient abominables [en avaient de l'abomination, du dégoût]
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 352
2
XIVe s.
Chose naturelment abhominable
de Nicolas ORESME dans Thèse de Meunier.
3
XVe s.
Finalement ils regarderont et considereront entre eux que cette mesaise ils ne pouvoient longuement souffrir ni porter, tant leur estoit la punaisie abominable
de Jean FROISSART dans I, I, 115
4
XVIe s.
C'estes vous qui vous justifiez devant les hommes ; mais ce qui est haut est abominable à Dieu
de Jean CALVIN dans Inst. 593
Icelle ostée, toutes les choses qu'on lui presente non-seulement sont fatras, mais ordures puantes et abominables
de Jean CALVIN dans ib. 609

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. abhomenable ; espagn. abominable ; ital. abbominabile ; de abominabilis, de abominor, détester, de ab, indiquant l'éloignement, et omen, présage : abominable, ce qui doit être écarté comme un mauvais présage. Omen, d'après les Latins, signifie proprement un augure qui se fait par la bouche des hommes, comme l'explique Cicéron, De div. I, 45, et par extension toute espèce de présage bon ou mauvais. Ainsi, pendant que les Romains délibéraient après la destruction de Rome par les Gaulois, s'ils iraient s'établir à Veies, un centurion qui faisait ranger sa troupe, cria : Porte-drapeau, arrête le drapeau, nous serons très bien ici. Le sénat, entendant cette parole, s'écria qu'il acceptait l'augure (omen). En conséquence, les Latins ont fait venir omen, archaïque osmen, de os, bouche (voy. ORAL).

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