L'oeuvre Défense et illustration de la langue française de Joachim DU BELLAY

Ecrit par Joachim DU BELLAY

Date : 1549

Citations de "Défense et illustration de la langue française"

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Utilisé pour le motCitation
ÀToutes les langues ont esté formées d'un mesme jugement à une mesme fin
ÀJe laisserai cest argument choisir Aux plus savants et aux plus de loisir
ÀAfin qu'à son retour le malheureux se voye Manger aux avocats
ABÂTARDIRCeste arrogance grecque, admiratrice seulement de ses inventions, n'avoit loi ni privilege de legitimer ainsi sa nation, et abastardir les autres
ABÂTARDIRLa peur descouvre un coeur abastardi
ABÂTARDISSEMENTLa trop grande et indocte multitude des escrivains qui de jour en jour s'eleve en France, au grand deshonneur et abastardissement de nostre langue
ABÎMEToi qui du coeur les abysmes connois
ABÎMEJe vois sortir des abysmes Une orque pour m'abysmer
ABÎMEROh ! quantes fois de ton grave sourcy Tu abysmas ce faulx peuple endurcy !
ABOIAvoir pour son exercice Force oiseaux et force abbois
ABRUPTEMENTJ'ai quasi oublié un autre defaut bien usité et de très mauvaise grace ; c'est quand la sentence est trop abruptement coupée
ACCOMPAGNERAinsi qu'avec l'Espaigne La France s'accompaigne [s'allie]
ACCOUPLERCar si tu as des mots tant seulement soucy, Tu seras bien grossier et lourdaut, ce me semble, Si par art tu ne peux en accoupler ensemble Quelque peu....
ADVERSITÉBaïf, qui, comme moy, prouves l'adversité, Il n'est pas tousjours bon de combattre l'orage
AFFOLEMENTLorsqu'Apollon vient troubler sa prestresse De son divin et sainct affollement....
AIGRE-DOUX, DOUCELazare de Baif a donné à nostre langue le nom d'epigrammes et d'elegies, avecq ce beau nom composé aigre-doux, à fin qu'on n'attribue l'honneur de ces choses à quelqu'autre
AIGUILLONNERMais je ne sçay comment ce daemon de Jodelle.... M'aiguillonne, m'espoint, m'espouvante, m'affolle
AILÉ, ÉEPressant la legere fuyte Des cerfs ailez par la peur
AINSI.... Comme si le temps, ainsi que les vins, rendoit les poësies meilleures
AINSIJ'avois horreur des trop maigres, ainsi Comme j'avois des trop grasses aussi
AINSIS'il vouloit faire paix, il y venoit aussi, Et en toute autre chose en usoit tout ainsi
AJOURNERTe faudroit voir tous ces vieux romans et poetes françois, où tu trouveras un ajourner, pour faire jour ; que les praticiens se sont faict propre ; et mil autres bons mots, que nous avons perdus par nostre negligence
AJOURNERD'une entresuivante fuyte Il ajourne, et puis ennuyte [il fait huit]
ALAMBIQUERMais le mal par les yeux ne s'allambique pas ; De quoi donques nous sert ce fascheux larmoyer ?
AMORCERMais ces fols qui leur font hommage, Amorcez de vaines douceurs, Ne peuvent sentir le dommage Que traynent ces mignardes soeurs
ANIMERFncelade est là dedans Qui anime de sa gorge La cyclopienne forge
ANIMERVoi le cy comme il anime Les bandes du ciel, qui vont Là où plus fort s'envenime L'assaut que les geans font
ANIMERLes sainctes soeurs, qui me feront revivre Mieux que la main qui anime le cuyvre
ANIMEROu quand alors qu'on l'animoit, à coups de patte il escrimoit
ANIMERPuis d'une voix guerriere Camille la derniere Ces beaux vers anima
ANUITER (S')Te faudroit voir tous ces vieux romans et poetes françois où tu trouveras un anuicter, pour faire nuict.... et mil' autres bons mots, que nous avons perdus par nostre negligence
ANUITER (S')D'une entre-suivante fuyte Il ajourne, et puis enuyte
ANUITER (S').... et quand il anuytoit, Le fier Énée en songe l'agitoit
APPARAÎTREL'ombre au matin nous voyons ainsi croistre, Sur le midy plus petite apparoistre, Puis s'augmenter devers la fin du jour
APPÂTEREt tous les arts dont la vieille rusée Sçait appaster la jeunesse abusée
ARCHEROTEt toy, Magny, puisque ton cueur Sent encor l'archerot vainqueur, Chante d'amour....
ARCHETCe ne sont pas les deux archets [sourcils] encore De ces beaux yeux de cent yeux adorez
ARGENTERUne barbelette argentée
ARGENTIN, INEJe voy les ondes encor De ces tresses blondelettes, Qui se crespent dessous l'or Des argentines perlettes
ARGENTIN, INEL'une après l'autre ont fait plus d'une fois Hault rechanter tout le courbé rivage Sous l'argentin de leurs celestes voix
ARGENTIN, INEL'argentin de ces ruisseaux Qui paisiblement murmurent
ARGENTIN, INECouvert d'un poil gris argentin, Ras et poly comme satin
ARPENTERLes Getes durs à la peine Nature a trop mieux contentez, Qui ont leurs champs non arpentez
ARPENTERQue me sert voir tout le monde En papier, où je me fonde à l'arpenter pas à pas ?
ASSAISONNERL'espic jaunit en grain, que le chaud assaisonne
ASSAISONNERMais ne peult-on l'amour assaisonner, Comme les fruicts, et par art luy donner Maturité....
ASSENERTe faudroit voir tous ces vieux romans et poetes françois, où tu trouveras un assener, pour frapper où on visoit, et proprement d'un coup de main : .... et mil'autres bons mots, que nous avons perdus par nostre negligence
ATTENTERCombien ce Dieu qui noz esprits resveille, Faisant plus haut mes desirs attenter
AUSSITÔTIl est parfaict aussi tost que conceu
AUSSITÔTSur Bollongne vendue un tel exploit il fit, Qu'aussi tost qu'il l'eut veue, aussi tost il la prit
AVANCERL'un pour ne s'avancer se voit estre avancé, L'autre pour s'avancer se voit desavancé
AVARECar ta main seule invinciblement forte Peult des enfers briser l'avare porte
AVAREMENTComme un don avarement offert
AVEUGLER.... Quand, d'une grace au danger aveuglée, Le gay berger au combat se hazarde
AVEUGLERLe Philistin de fureur aveuglé, Rouant sa masse, alloit d'ardent courage
AVEUGLERHélas ! amour, le plus puissant des Dieux, Rends moy l'ouye, et m'aveugle les yeux
AVEUGLEREt si mon desir n'eust aveuglé ma raison, N'estoit-ce pas assez pour rompre mon voyage ?
AVOIRSi tu n'as point pitié de moy, Ayes au moins pitié de toy
BAISEROu elle tient Ascaigne qu'elle embrasse, Et baise en luy de son pere la grace
BAISERJe sçay le vent Libyen, Je sçay bien Quelz flots ceste coste baisent
BAISERUn long baiser
BAISERCar je baisois volontiers une bouche Qu'à plein baiser des deux levres on touche
BALAIPrend le ballay et tout à l'environ Va nettoyant la meule et le gyron
BALANCERComme un asne balançant Deux grands oreilles pointues
BALANCERLes parlemens.... Où d'un contrepois loyal Les sainctes loix on balance
BALANCERCe seul icy a fleschi ma pensée, Ce seul icy mon ame balancée A esbranlé
BALANCERTout aultre animal est ou vers terre tourné, Ou caché dessoubs l'onde, ou d'aile ballancée Est pendu parmy l'air
BALANCERBallancer tous ses mots, respondre de la teste, Avec un Messer non ou bien un Messer si
BALAYERL'autre le va par les flancs costoyant, Et l'autre encor va devant balloyant Les bancs de sable....
BALLOTTERIl fait bon voir de tout leur senat balloter [aller au ballottage sur toute chose]
BARIGEL ou BARISELJe ne craignois d'aller sans ma patente ; Car j'estois franche et de tribut exempte ; Je n'avois peur d'un gouverneur fascheux, D'un barisel ny d'un sbire outrageux
BÂTARDISEDe deux grandes citez il despouilla l'eglise, Pour fonder un estat venu de bastardise
BAYEROres des dieux les autelz elle adore, Et de presents chacun jour les honore ; Ores beant aux poitrines sanglantes, Regarde au fond des entrailles saillantes
BAYERTu ne verras beer les portes grandes De la maison espouvantable à veoir, Si paravant tu n'as fait ton devoir
BÉANT, ANTE.... et si est la caverne Du noir Pluton beante nuict et jour
BÉNÉFICIERSi l'officier estoit digne de son office, Et le beneficier digne du benefice
BESSON, ONNEUne louve je vy sous l'antre d'un rocher Allaictant deux bessons : je vis à sa mammelle Mignardement jouer ceste couple jumelle
BETTELa s'espandoit la bette au grant feuillage
BIGARREMENTLa queue longue à la guenone, Mouchetée diversement D'un naturel bigarrement
BIGARRERSon oraison tant bien parée Semble une juppe bigarrée De plus de sortes de couleurs Que les prez ne portent de fleurs
BLANCHIRTu verras tost par force de ramer Autour de toi blanchir toute la mer
BLANCHIREll' prit son tein de beaux liz blanchissans
BLÊMELa couleur du portraict est blesme, Et la mienne est tousjours de mesme
BLÊMIRJe voy dedans ces oeillets Rougir les deux levres closes Dont les boutons vermeillets Blesmissent le teint des roses
BLONDELET, ETTEJe voy les ondes encore De ses tresses blondelettes
BLONDIRCest or blondissant
BLONDOYERCes belles tresses undoiantes, Et d'un beau fin or blondoiantes
BLONDOYERSur l'un quelque fois ondoient Mille sillons qui blondoient
BOITEUX, EUSEL'un gist en terre tout honteux, L'autre a le col tout boiteux
BONDIRLes animaux aussi parmy les gros herbages Bondissent à grands saults
BONDIRAins, comme balles, d'vn grand sault [ils] Bondissoient en bas et en hault
BORNERIl se borna plus loing [étendit les bornes de l'empire], il rompit le pouvoir De l'heureux adversaire, et trompa son sçavoir
BOUFFONC'est à ce mestier là que des biens on amasse, Non à celui des vers, où moins y a d'acquet Qu'au mestier d'un bouffon ou celui d'un naquet [homme de rien]
BOUFFONNERAllons voir Marc Antoine ou Zany bouffonner Avec son magnifique à la venitienne
BOUILLIREt puis on va, pour la faire bouillir, L'herbe nouvelle à la lune cueillir
BOUILLIRL'herbe nouvelle on fauche au cler serein, Pour la bouillir dedans vaisseaux d'airein
BOUTPetit bout d'homme, et honte de nature
BRAIMENTEncore que le bray d'vn asne ou la chanson D'vne importune rane ait beaucoup plus de son....
BRANCHECe bon Bacchus, qui de branches de vigne Guide le cours de tigres attelez
BRAVADECe sont beaux mots, que bravade, Soldat, cargue, camisade, Avec un brave sangDieu
BRINDeux petits brins de coral rougissant
BRONCHERLe grand colosse, à ce coup estonné, D'un sault horrible alla bruncher par terre
BRONCHERLe pré aux clers en est tesmoing, Où il n'y a si petit coing De muraille, qu'à coups de pierre On ne face bruncher par terre
BROUILLARDMais une nuict, qui dessus luy s'arreste, D'un noir brouillas luy ombrage la teste
BROUILLARDEt dont le chef sans cesse couronné D'obscurs brouillards....
BROUILLERPeut estre aussi que les ans, Après un long et long aage, Par estrangers courtisans Brouilleront nostre langage
BROUILLERQue l'eternelle tempeste Qui brouille dedans ma teste Mille tourbillons enclos
BROUILLERLà fut le vase, où les sorts se brouilloient
BROUILLER.... car la guerre en avoit la serrure brouillée
BRUINELes costeaux soleillez de pampre sont couvers, Mais des hyperborés les eternels hyvers Ne portent que le froid, la neige et la bruine
BRUIRESi faut-il toutefois que Bellay s'esvertue, Aussi bien que la mer, de bruire ta vertu
BRÛLER[Il] Rendoit ma muse lente, Bien qu'elle fust bruslante De s'offrir à vos yeux
BRÛLERDidon se brusle, et de son mal enclos Jà la fureur luy saccage les os
BRÛLERÔ la fureur d'une bruslante rage, Qui maintenant transporte mon courage !
BRÛLERQui contrefaict ce Tantale mourant Bruslé de soif au milieu d'un torrent
BUCCINATEURÔ bienheureux adolescent, qui as trouvé un tel buccinateur [trompette] de tes louanges
BUFFLEIl [le Français] n'eust point esprouvé le mal qui fait peler, Il n'eust fait de son nom la verole appeler, Et n'eust fait si souvent d'un bufle sa monture
BUFFLEJe demande sans plus que le mien on ne mange, Et que j'aye bien tost une lettre de change, Pour n'aller sur le bufle au despartir d'icy
BUFFLEVoyons courir le pal à la mode ancienne, Et voyons par le nez le sot bufle mener
BURIN[Vulcain] D'un burin laborieux Grave tes fatales armes
BURINERLà se voit l'image encor' De tes victoires futures, Par le feuvre Lemnien.... Divinement burinées
CAGNARDERL'une aux armes s'adonne, et l'autre sa paresse Caignarde en sa maison, l'autre hante la court
CAMUSET, ETTELes bergiers, avec leurs musettes, Gardant leurs brebis camusettes
CANDEURCeste mesme candeur, ceste grace divine Qu'en ton Virgile on voit....
CANDIDEQue pleust à Dieu, le naturel d'un chacun estre aussi candide à louer les vertus, comme diligent à observer les vices d'autruy
CAPE.... Celuy qui de plein jour Aux cardinaux en cappe a veu faire l'amour
CAPTIF, IVELa belle main dont la forte foiblesse D'un joug captif donte les plus puissans
CAPTIF, IVEAs-tu point veu une nymphe craintive, Qui va menant ma liberté captive Par les sommets des plus haultes montaignes ?
CAPTIVERL'or des cheveux me captive
CASANIER, IÈREJe hay plus que la mort un jeune casanier, Qui ne sort jamais hors, sinon aux jours de feste
CEEn l'un defaut ce qui est le commencement de bien escrire, c'est le savoir
CECe qui me nuit, c'est ce qui m'est plaisant
CEMon fils, c'est assez combattre
CECes beaux noms de vertu, ce n'est rien que du vent
CEMais tout le bien que je reçoi De mon inviolable foi, Ce sont soupirs et larmes
CECe ne sont pas ni ces lis ni ces roses, Ni ces deux rangs de perles si bien closes, C'est cet esprit rare, present des cieux
CEEt qu'est-ce des ans qui glissent, Qu'est-ce des biens allechans ?
CEINTURERNon celle desnaturée, Qui de Venus ceinturée Les loix ne recognoist point
CESSERSi la charrue cesse, et si la main rustique Oisive par les champs au labeur ne s'applique
CHACUN, CHACUNEVoicy le carneval, menons chascun la sienne, Allons baller en masque, allons nous pourmener
CHAÎNONNous avons un certain nombre de syllabes en chascun genre de poëme, par lesquelles, comme par chainons, le vers françois lié et enchainé....
CHAPEDe chappes, de rochetz...
CHAPERONIl fait bon voir le bec de leurs chapprons antiques
CHARBONNERAussi voit on bien à mon nez Et à mes yeulx tous charbonnez, Que je n'ay pas la veuë claire
CHARGECe sont beaux mots, que bravade, Soldat, cargue, camizade, Avec un brave sangdieu
CHAROGNEUX, EUSE.... Tous oiseaux funebres, Chazhuans, amis des tenebres, Avec maint charogneux corbeau
CHARRETÉEMille bourdes qu'il a en France rapportées, Assez pour en charger quatre grandes chartées
CHARRETIER, IÈREQue de mon nom la mer nommer je face, Ou que je sois ce chartier mal appris....
CHEFCe jour premier fut la cause et le chef Et de la mort, et de tout le meschef
CHENU, UENon autrement qu'on voit parmy les nues Les haults sourcils des grands Alpes chenues
CHENU, UELa foy chenue, alors non violable, Tiendra le lieu des punissantes loix
CHENU, UEMesme en ces tant jeunes ans, Ceste vertu tant chenue
CHÈRE.... Et puis appaisoit sa cholere Tout soudain qu'on luy faisoit chere
CHEVALINE.... Et la chevaline source [l'Hippocrène] De sa course Avoit arresté les pas
CHEVELU, UEPar l'espaisseur des forets chevelues
CHEVELU, UEAllez, filles de la Nuict, De longs serpens chevelues
CHEVELUREHerissant sa chevelure
CHEVEUPrenons l'heure aux cheveux, l'homme rappelle en vain La sourde occasion alors qu'elle est absente
CHEVEUComme l'autonne saccage Les verds cheveux du boccage
CHEVRONOn rue à bas les gros chevrons de fresne
CIMETIÈREOres tu marches solitere, Parmy l'horreur d'un cimetere
CIRERQui des ailes mal cirées [d'Icare] Le vol n'imiteront pas
CLABAUDERC'est un vertueux office, Avoir pour son exercice Force oiseaux, et force abbois, Et en meutes bien courantes Clabauder toutes ses rentes Par les champs et par les bois
CLAIRVOYANT, ANTEOr avez vous Pesprit si elervoyant, Que nul destour, tant soit il fourvoyant, Vos pas certains pourroit tromper....
COCHETant qu'à l'entour du monde Sa coche vagabonde Neptune conduira
COEURJe croy qu'il s'addoucira, Ou sera Plus dur que le coeur d'un arbre
COIFFURETous ces esprits portent la teste ceincte Du blanc attour d'une coyfure saincte
COLLERJe voy plus de cent ruisseaux Collez de fange et de bourbe
COMMEQue sçais-tu quel j'estois devant qu'aller à Rome ? Quel j'en suis retourné ? quel j'ay vescu, et comme ?
COMPÉTEMMENTJe croy, qu'à un chascun sa langue puisse competemment communiquer toute doctrine
CONQUETelle qu'estoit la nouvelle Cyprine Venant à bord dans sa conque de mer
CONSÉCUTIONLa signification de ce mot [rhythme] est fort ample, et emporte beaucoup d'autres termes, comme reigle, mesure, melodieuse consonance de voix, consecution, ordre, comparaison
CONTEMPTIBLEPour nous rendre encore plus odieux et contemptibles
CONTOURNEMENTAvec une petite maniere d'irrision et contournement de nez, je les adverty qu'ils n'attendent aucune response de moy
CONTOURNERLe fier taureau au combat ordonné Deçà de là va contournant sa teste
CONTRE-BALANCERC'est luy que nulle violence Peult esbranler tant seulement, Si bien il se contrebalance En tous ses faicts egalement
COPIEIl fault necessairement que ces deux langues soient entendues de celuy qui veult acquerir ceste copie et richesse d'invention
COPIELa sententieuse briefveté de l'un, et la divine copie [abondance] de l'autre [Platon]
COPIEUSEMENTToutes sciences se peuvent fidelement et copieusement traitter en icelle [langue française]
COPIEUSEMENTL'office de l'orateur est de chacune chose proposée elegamment et copieusement parler
COPIEUX, EUSEAussi est-ce le plus utile de bien imiter, mesmes à ceux dont la langue n'est encor bien copieuse et riche
COQ-À-L'ÂNEAutant te dy-je des satyres que les François, je ne sçay comment, ont appelées cocs à l'asne.... Cette inepte appellation de coc à l'asne
COQUEÀ toucher plus polie et fine Que n'est une coque marine
COQUILLEVoulant les Dieux à la guerre animer, Il fendoit l'air de sa coquille creuse
COQUIN, INEArriere aussi la Habertine, Qui a faict la muse coquine
COQUIN, INEOu soit que ce petit coquin [son chat] Privé sautelast sur ma souche
CORALLIN, INESoit qu'en riant ses levres coralines Montrent deux rancs de perles crystalines
COULEREt qui de loing coules tes cleres eaux En l'Ocean d'une assez vive course
COULERDe loing quelquefois reluit Une estoille espoinçonnée, Qui coule ou semble couler
COULERLe miel qui les oreilles touche, à Nestor couloit de la bouche
COULPEQue doivent esperer les meschans, qui sans cesse Portent dedans le cueur leur coulpe vengeresse ?
COUPABLECertes, seigneur, je sens bien que ma faulte Me rend coulpable à ta majesté haulte
COUPEAUQuand la fureur qui bat les grands coupeaux....
COUPLEVoici la jeune Cynthienne, Vefve de son Endymion : Belle couple, heureuse union
COUPLEDe maint propos ce couple [Énée et Achates] devisoit
COUPLERLes vers sacrez, les celestes augures, Les poincts couplez, les magiques figures
COURGELa s'estendoit la friande laictue, Et là s'enfloit la coucourde ventrue
COURSDiane en l'onde il vaudroit mieux trouver Ou voir Meduze, ou au cours s'esprouver Avecques Atalante....
CRAQUERD'un horrible regard rouant ses yeux ardents Et d'un horrible son faisant cracquer ses dents
CRAQUETER....de là s'entend le bruit Des gemissans sous le fouet esclattant, Et des gros fers tirez en cracquetant
CRAQUETERQuand j'oy les Muses cacqueter, Enflant leurs mots d'un vain langage, Il me semble ouyr cracqueter Un perroquet dedans sa cage
CRASSEÔ temps ! ô meurs ! ô crasse ignorance !
CRASSELa peur, la faim, mauvaise conseillere, La pauvreté de crasse toute pleine
CRASSEUX, EUSESur ce rivage un passager estoit, Crasseux, hydeux, qui la face portoit De barbe blanche espessement couverte
CRÉDITQui pour acquerir le nom de sçavans, traduisent à credit les langues, dont jamais ils n'ont entendu les premiers elements
CRÊPEDieu, qui en mon Loyre mouilles L'or de tes crespes cheveux
CRÊPEÔ front crespe et serein !
CRÉPELU, UESa longue oreille velue D'une soye crespelue
CRÉPELU, UE.... Marche à longs pas, et d'un doré lien.... Noue à l'entour ses cheveux crespelez
CRÊPERJe voy les ondes encor' De ces tresses blondelettes Qui se crespent dessous l'or Des argentines perlettes
CRÉPONEn mille crespillons les cheveux se frizer....
CRIBLERJe cognois que je seme au rivage infertile, Que je veulx cribler l'eau, et que je bats le vent
CRISTALLa froide bize ferme Le gozier des oiseaux, Et les poissons enferme Soubz le crystal des eaux
CROSSERAussi chascun n'a pas merité que d'un roy La liberalité luy face comme à toy, Ou son archet doré, ou sa lyre crossée [cela s'adresse à Ronsard]
CROULER[Les vents] Croulent son tronc d'une horrible menace, Et de fueillars pavent toute la place
CULTIVATEUR, TRICEAu moyen de l'industrie et diligence des cultivateurs d'icelle [langue française]
CULTIVERPour la coulpe de ceux qui l'ont eue en garde [nostre langue] et ne l'ont cultivée à suffisance
CULTUREQue si les anciens Romains eussent esté aussi negligens à la culture de leur langue....
CYMBALEL'enroué des cymbales
DELa philosophie est un fais d'autres espaules que de celles de nostre langue
DEIlz trouveront mauvais de ce que j'ose si librement parler
DEPour monstrer ce qui est de semblable en ces deux Et ce qui est aussi de difference entre eux
DEMais si mes vers sont de quelque merite, C'est pour l'honneur qu'ils ont de vous chanter
DEIl me semble de voir cette troppe legere En un rond assemblée autour de vostre pere
DEIl fait du bon chrestien, et n'a ny foy, ny loy
DÉBORDNy le debord de ce dieu tortueux Qui tant de fois t'a couvert de son onde
DÉBORDERComme un torrent debordé qui emmeine Tects et troupeaux, contreval par la plaine
DÉBROUILLER[Dieu] Debrouilla ce caos, où d'une horrible guerre Ensemble combattoient le feu, l'onde, la terre
DÉCLINABLEQui eust gardé nos ancestres de varier toutes les parties declinables....
DÉCLINAISONNostre langue n'a ses declinations, ses pieds et ses nombres, comme ces deux autres
DÉCLINERNostre langue se decline, si non par les noms, etc. pour le moins par les verbes
DÉCLINERMais quelque jour viendra ce dernier jugement, Que roy, ny magistrat, ny juge aucunement Ne pourront decliner
DÉCOCHERPlustost que la fleche ailée Ne s'en vole au descocher, Nostre verdeur escoulée Voit son printemps desseicher
DÉCOREREncores moins veux je que l'on me donne Le mol rameau en Cypre decoré [honoré]
DÉCORERLe ciel en rid, et le soleil encore De nouveaux rays ses blons cheveux decore
DÉCOUCHERPuis quand l'aube se descouche De sa jaunissante couche Pour nous esclerer le jour....
DÉDORERTout le malheur qui nostre age dedore
DÉDUIREJ'ai plusieurs points que je pourrois induire à ce propos, si je voulois deduire Ce fait au long....
DÉFÂCHER (SE)Et si je suis fasché d'un fascheur serviteur, Dessus les vers [en faisant des vers], Boucher, soudain je me desfasche
DÉGOISERQuand tout boys reverdist, et parmy les boccages Les oyseaux bien chantans degoysent leurs ramages
DÉGORGERMais cependant Venus, de deuil attainte, Desgorge ainsi à Neptune sa plainte
DÉGOUTPar le degout des larmes que je pleure
DÉGOUTQuand le degout d'une pluie dorée
DÉGOUTTERAu vase estroit, qui degoute Son eau, qui veult sortir toute
DÉGOUTTER.... Tout moyte et degoutant s'est sauvé du naufrage
DEHORSCommande doncq aux gentilles Naïades Sortir dehors leurs beaux palais humides
DÉJÀSon peché palle il voit courir devant Les pieds ailez de la peine suyvant Qui jadé-jà les deux talons luy presse
DÉLACEROnde pour ma flamme esteindre, Mains pour mes noeuds delacer
DÉMANCHERDesmanchez vos chalumeaux
DENTSes dentelettes d'ivoyre
DENTÉEEt la beauté tant vantée Qui du feudroyant sangler Sentit la fiere dentée
DÉPLUMERIl tente la voye des cieux, Croyant en des ailes de cire, Dont Phoebus le peult deplumer
DÉSAIGRIRMe plaist lascher, pour desaigrir ma peine, Aux pleurs, aux criz et aux souspirs la bride
DÉSESPÉREROù desperé d'avoir mieux, Je m'en iray rendre hermite
DESSERREREt permettez que ce bras angevin Par l'air françois desserre un traict qui vole Mieux que jamais de l'un à l'autre pole
DESSERRER.... France durant la guerre Nouveaux enfans de son ventre desserre
DESSERRERQuand l'obscurité desserre Ses ailes dessus la terre
DESSILLERAlors, Forget, alors ceste erreur ancienne, Qui n'avoit bien cogneu ta princesse et la mienne, La venant à revoir, se dessilla les yeux
DESSOUDEROres leurs fors bras dessoudent Leurs ponts, ecluses et ports
DEVISERCeux qui ayment le vin, deviseront [causeront] de boire
DEVISERBref il est si poltron, pour bien le deviser, Que depuis quatre mois, qu'en ma chambre il demeure, Son umbre seulement me fait poltronniser
DISTILLERTu te distilles le cerveau Pour faire un poeme nouveau
DISTILLERLe soleil donne vie, agite, et sa chaleur Distille dans les os sa celeste vigueur
DOGUEQui le mastin villageois, A veu tombé sous la force Du genereux dogue anglois
DORMIRL'esprit troublé de mon cher pere Anchise En mon dormant haste mon entreprise
DORMIRFilz de deesse, en quelle seureté Es-tu icy au dormir arresté Si longuement ?
DORMIRMais quand l'homme a perdu ceste douce lumiere, La mort luy fait dormir une eternelle nuict
DOSJe voy le dos d'une mer Couppé de rames legeres
DOS.... et qui se donne los D'avoir porté son vieil pere [Anchise] à son dos
DOTAL, ALESoit asservie à un phrygien prince, Avec Didon sa dotale province
DOUTEUSEMENTLa lune l'accompaigne, ornement de la nuict, Qui d'une autre clarté douteusement reluit
ÉBÉNIN, INELe col grosset, courte l'oreille, Et, dessous un nez ebenin, Un petit mufle lyonin [il s'agit d'un chien]
ÉCARLATEVieille qui as joue et narine Bordées de crasse et de farine.... Et les yeux d'escarlate vive
ÉCHAUFFEMENTComment puis-je sentir eschauffement pareil à celuy qui est près de sa flamme divine ?
ÉCOULER (S')Je ne souhaitte point me pouvoir transformer, Comme feit Jupiter, en pluye jaunissante, Pour escouler en vous d'une trace glissante Cest ardeur qui me fait en cendres consommer
ÉDENTERÔ vieille edentée
ÉGAYERSoit que des vers sans loy tu accordes les sons, Ou soit que tu t'esgaye' en rustiques chansons
ÉLANCER....Et des croppes hautaines Les fiers torrents s'eslancent par les plaines
ÉLANCEREt de son coeur la playe trop voisine En eslançant luy pince la poctrine
ÉLÉGAMMENTL'office de l'orateur est de chacune chose proposée elegamment et copieusement parler
ÉLÉGIEMais d'avantage, Lazare de Baïf a donné à nostre langue le nom d'epigrammes et d'elegies, aveq ce beau nom composé aigre-doux, à fin qu'on n'attribue l'honneur de ces choses à quelqu'autre
ÉMAILLERCe sont mes vers que les chastes Charites [Grâces] Ont esmaillez de plus de cent couleurs
EMBOUCHERSes fiers chevaux il attele, et embouche D'escumeux freins leur braveté farouche
ÉMONDER[Là les âmes sont] de tout vice emondées
EMPENNERÔ fol qui haste les années Qui ne sont que trop empennées
EMPERLERDe l'aurore Les rivages emperlez
EMPOISONNEUR, EUSELes herbes empoisonneresses
EMPOUPERLors un bon vent vint empoupper la flotte
ENCHÂSSERUse de mots purement françois, non toute fois trop communs, non point aussi trop inusitez, si tu ne voulois quelquefois usurper et quasi comme enchasser, ainsi qu'une pierre precieuse et rare, quelques mots insignes en ton poeme à l'exemple de Virgile
ENCLIN, INESi mes innocentes mains, Pures de sang et rapines, Ne furent oncques inclines à rompre les droits humains
ENDORMANT, ANTEOignons, pavots d'endormante nature
ENDROITTous les arts et sciences en toutes les quatre parties du monde, sont, chacune endroit soy, une mesme chose
ENDROITLes espiceries que l'Inde nous envoye, sont mieux cogneues, et traittées de nous, et en plus grand pris, qu'en l'endroit de ceux qui les sement ou recueillent
ENDROITNon que je me vante d'avoir en cest endroit contrefait au naturel les vrais lineamens de Virgile
ENFONCER....assise à la senestre, Est la melancholie au sourcil enfonsé
ENLACEMENTÔ vigne heureuse, heureux enlacemens
ENLACERSon caducée embrassent Deux serpents, qui s'enlacent, Se joignant par le bout
ENLACERCourage donc, Ronsard : la victoire te donne, Pour enlacer ton front, la plus docte couronne
ENTONNERQui aura l'haleine assez forte Et l'estomac pour entonner Jusqu'au bout la buccine [la trompette] torte Que le Mantuan fit sonner ?
ENTRETISSU, UE....Et si avoit encor Entretissu les toiles de fin or
ENVIE[Le vin] douce liqueur, le plaisir de la vie, Qui au nectar porte bien peu d'envie
ENVIEUX, EUSEJe ne suis pas sur vostre aise envieux
ÉPAIS, AISSE[La forêt] Voit par l'espais de sa neuve ramée Mainct libre oiseau qui de tous côtés erre
ÉPAIS, AISSEMeutes de chiens, piqueurs Massiliens Marchent espais [serrés nombreux]
ÉPAISSEURPar l'espesseur des forests chevelues
ÉPARPILLEREsparpillez de toutes pars, Belle, ces beaux cheveux espars
ÉPAULEHaste-toy donq' et n'attend pas Que la grand' espaule chenue Des Alpes deçoive tes pas
ÉPICERAinsi l'or n'y aura, ny la faveur, accez, Et ne sera besoin d'espicer les procez
ÉPIGRAMMEMais d'avantage, Lazare de Baïf a donné à nostre langue le nom d'Epigrammes et d'Elegies, aveq ce beau mot composé Aigredoux, afin qu'on n'attribue l'honneur de ces choses à quelqu'autre
ÉPOINÇONNERTous sont espoinçonnez d'une mesme fureur
ÉPROUVEROu voir Meduze, ou au cours [à la course] s'esprouver Avecques Atalante....
ERREMais quoi ? je vole un peu trop hault, Et m'esloigne trop de mes errès
ERREURLà fut soubs toy Moyse ton amy chef de ta gent, qui murmuroit parmy Les longs erreurs de ce desert sauvage
ESCADRONDe mil' autres vertus cachées Un long escadron j'apperçoy
ESCOFFIONCar les pendants et les bracelets d'or, Les scoffions et les chaisnes encor
ESCROQUEUR, EUSEMais par sus tout je craignoy le danger Des escroqueurs, ne me tenant mocquée....
ESPACER....Observant la loy de traduire, qui est, n'espacier point hors des limites de l'auteur
ESSORLes ames donc tirent la penitence De leurs vieux maulx ; les unes hault pendues Sont parmy l'air à l'essor estendues ; Aucunes sont dedans la mer plongées
ESSUYERSus donc et qu'on essuye Les pleurs et le soucy
ÉTALERIl fait soudain ses vaisseaux envoiler, Guinder au mast, les verges estaler
ÉTERNEL, ELLEPour voir ces monts couverts d'une neige eternelle
ÉTINCELANT, ANTEVoici Henri qui s'avance, Qui d'un fer estincelant Le chef lui va martelant
ÉTONNERÔ bien heureux qui de rien ne s'estonne, Et ne pallist, quand le ciel iré tonne
ÊTREBref, fust de nuict ou fust de jour, Je ne songeois rien que l'amour
ÊTREPrenez le cas que cinq ou six hyvers Soi'nt jà passez, et qu'avec longue peine Ils soi'nt venus en accroissance pleine
ÊTRESoyez doux et clement, la doulceur te doit plaire
ÉTUIOisifs dedans leur chambre, ainsi qu'en un estui
ÉVEILLEUREt l'eveilleur du rustique sejour Jà par son chant avoit predict le jour
ÉVOCATIONLes abus qui se font par faveurs et surprises, Aux evocations, et aux causes commises
FAIREDessoubs le voile nocturne Tout se fait paisible et coi
FATALITÉLe vouloir toutefois ou la necessité Changent souvent le cours de la fatalité
FEINDREN'est-ce pas toy, dont la divine main De vil bourbier forma le corps humain, Pour y enter l'ame que tu as feinte Sur le portrait de ton image saincte ?
FÉLICITÉLa memoire et la pronuntiation ne s'apprennent pas tant par le benefice des langues, comme elles sont données à chascun selon la felicité de sa nature
FEUILLARD[Les vents] Croulent son tronc d'une horrible menace, Et de feuillars pavent toute la place
FEUILLETERFeuillete de main nocturne et journelle Les exemplaires grecs et latins
FEUILLU, UELe bras feuillu de l'hierre
FEUTRERÔ roc feutré d'un verd tapy sauvage !
FILUn petit fil de vinaigre
FILANDIÈREQue mauldictes soyez-vous, Filandieres de la vie
FILERBelaud [un chat] ne filoit au rouet, Grommelant une litanie De longue et fascheuse harmonie
FLAMBANT, ANTEQuand un guerrier flambant d'armes insignes
FLAMBEAUCuides-tu par ta plainte Soulever un tombeau, Et d'une vie esteinte Rallumer le flambeau ?
FLAMBEAU[Le lion] Allume de ses yeux les deux flambeaux ardents
FLUIDECeux qui ne s'emploient qu'à orner et amplifier nos romans, et en font des livres certainement en beau et fluide langage
FORT, ORTEAmour grava vostre beauté Au plus fort de ma loyauté
FORT, ORTEQui quiert le feu aux veines d'une pierre, Qui court au bois, forts des bestes sauvages
FORTERESSEMais la fortresse de mon cueur, Dont vostre oeil fut le seul vainqueur, S'est rendue imprenable
FOURNIREt quant à ce, te fourniront de matiere les louanges des dieux et des hommes vertueux
FOURVOYANT, ANTEOr avez vous l'esprit si clervoyant Que nul destour, tant soit il fouryoyant, Vos pas certains pourroit tromper....
FRAÎCHEURPrès d'un boccage, au milieu d'un beau pré, Où d'un ruisseau la frescheur tousjours dure
FRAIS, FRAÎCHEUse donc hardiment de l'adjectif substantivé, comme le liquide des eaux, le vuyde de l'air, le frais des ombres
FRAUDEREt se fraudant de la louange Que tu luy dois en contre-change
FREDONNERMes doigts fredonnent la gloire De celuy qui est trois fois Dieu
FREDONNERViennent d'un doux fredonner Les abeilles sur ta couche
FRÉTILLARD, ARDESoit que d'une façon gaillarde, Avec sa patte fretillarde, Il se frottast le musequin
FRISEÀ chapiteaux d'albastre et frizes de crystal
FRISERSous l'oeil palle de la nuict J'ay fait ma course premiere, Frizant la mer, qui reluit Sous la tremblante lumiere
FRISERJe vous promets et voue, à la mode romaine, Immoler trois aigneaux frisez de noire laine
FRISER....Ains que du premier poil la toison colorée Eust frizé son menton d'une barbe dorée
FRISEREn mille crespillons les cheveux se friser
FRISERAdieu le soing de friser les cheveux
FRISUREIl en avoit la parole et le teint, La belle taille et la frizure blesme De ses cheveux, c'estoit Mercure mesme
FROID, OIDEUne peur froide avoit saisi mon ame
FROIDUses donc hardiment de l'adjectif substantivé, comme le liquide des eaux, le vuyde de l'air.... pourveu que telle maniere de parler adjouste quelque grace, et vehemence ; et non pas le chault du feu, le froid de la glace, le dur du fer, et leurs semblables
FROIDEURPourquoy as-tu mafroideur attisée ?
FROIDUREUX, EUSED'un hiver froidureux un gracieux printemps
FRONTISPICETu vas renouvelant d'un hardy frontispice La superbe grandeur des plus vieux monumens
FUMANT, ANTELà où Phebus sa course ayant finie Oste la bride à ses fumans chevaux
FUMÉEMais grant faveur passe comme fumée
FUMERQuand revoirai-je helas, de mon petit village, Fumer la cheminée, et en quelle saison Revoiray-je le clos de ma pauvre maison ?
FUMERCeux-cy [fourmis] trainent les grains trop pesans et trop gros, Ceux-là les vont poussant de l'espaule et du doz : Tout le chemin en fume
FUREURÔ la fureur d'une bruslante rage, Qui maintenant transporte mon courage
FURIBOND, ONDELa malheureuse ardente et furibonde [Didon] Court par la ville errante et vagabonde
FURIELes furies l'ont sonné [mon hymen] Et donné Le signe à ma destinée
FURIEIcy se teut ; mais pleine de furie La grand prestresse impatiente enrage Par la caverne
FURIEUX, EUSELas, qu'ont servy tant de temples divins Et tant de voeux à ceste furieuse [Didon amoureuse] ?
FUSÉEEt la fusée ardent sifller menu par l'air
FÛTLa France n'avoit qui peust, Que toy, remonter de cordes De la lyre le vieil fust
GALÈREPour ceste mesme raison, j'ay usé de gallées pour galleres, endementiers pour en ce pendant ... et autres dont l'antiquité me semble donner quelque majesté aux vers, pourveu toutefois que l'usage n'en soit immoderé
GARANTIRTout entier je ne mourray pas, De moy la meilleure partie De la mort sera garentie
GÉMIRAyant tant de malheurs gemy profondement
GÊNEREt si nostre langue n'est si curieusement reiglée, ou plustost liée et geinée en ses autres parties...
GIRONPrend le ballay, et tout à l'environ Va nettoyant la meule et le gyron
GLACEDesir m'enflamme, et crainte me rend glace
GLACESus, chauds souspirs, allez à ce froid coeur, Rompez ce glas qui ma poitrine enflamme
GLAÇONEt bref ce n'est, à ouïr leurs chansons, De leurs amours que flammes et glaçons
GONFALON ou GONFANONOn ne voit que soldats, enseignes, gomphanons, On n'oit que tabourins, trompettes et canons
GOÛTER[Ulysse] s'il eust gousté à la couppe circeïenne, De sa doulce terre ancienne Il n'eust regousté les plaisirs
GRÂCEOr sommes nous, la grace à Dieu, par beaucoup de perils et flots estrangers, rendus au port, à seureté
GRÊLERPar toy les vignes sont gelées, Par toy les plaines sont greslées
GRISONNERTu grisonneras ainçois Que tu sois Au bout de ton navigage
GUIDELa cour est mon autheur, mon exemple et ma guide
HAINEUX, EUSEPour toy je suis aux libyques provinces Faite hayneuse, et aux nomades princes
HAINEUX, EUSED'un haineux estranger l'envieuse malice Exerce contre luy son courage odieux
HÉRISSER[La prètresse] herissant sa chevelure
HIDEUX. EUSESur l'autre sont les murs vieux, Hideux de ronces et d'hierre
HIVERNAL, ALELes neiges hyvernales
HOCHERMinos, qui a la charge principale de la torture, hoche l'urne fatale
HOMICIDELe bon Thebain [Hercule], des monstres homicide
HOSPITALIER, IÈREAu XVIe siècle on ne connaissait guère hospitalier, au sens de donnant l'hospitalité, propre à l'hospitalité (dans l'exemple de Montaigne le sens n'est pas très précis) ; on disait hospital : Auprès de l'hospitale ombre
HUMIDEEt sans craindre la froidure, Dessus l'humide verdure Bale au serain de la nuict
HUMIDITÉDu chauld et de l'humidité Procede la fecondité Des semences du monde
HURE....C'est que tu te gardes de rymer les mots manifestement longs avec les brefs aussi manifestement brefs, comme un passe et trace, un maistre et mettre, une chevelure et hure, un bast et bat, et ainsi des autres
HURETout renversé dans la caverne obscure, Auquel [Cerbère] voyant jà herisser la hure De gros serpens...
HURLEMENT....Et des sommets mainte nymphe estonnée Par hullemens a chanté l'hymenée
HURLERToy Hecaté par les cantons hullée, Quand dessus nous la nuict est devallée
HURLERIls hurlent comme chiens leurs barbares chansons
IDOLÂTRERQui, mesprisant de son Dieu les louanges, Idolatroit après les dieux estranges
IDOLÂTRIEEt nous chantons la vanité de l'idolatrie ancienne
IGNARENul, s'il n'est vrayement du tout ignare, voire privé de sens commun...
ILIADEChoisy moy quelqu'un de ces beaux vieux romans françois, comme un Lancelot, un Tristan ou autres, et en fay renaistre au monde une admirable Iliade et laborieuse Eneide
IMITABLECeluy vrayment contre Dieu s'esleva, Qui fist premier le tonnerre imitable
IMITATIONComme l'un [Cicéron] se fust entierement adonné à l'imitation des Grecz
IMMODÉRÉ, ÉEEt autres mots dont l'antiquité semble donner quelque majesté aux vers, pour vu que l'usage n'en soit immoderé
IMPORTUN, UNEMais l'importun souci qui nous suit pas à pas Et par terre et par mer, nous ne le fuyons pas
IMPOSERFinablement, silence il s'imposa, Et faisant fin, icy se reposa
IMPRENABLEVous avez prins Calais, deux cens ans imprenable
INCLINATIONLe ciel donne aux esprits diverses passions, Diverses volontés et inclinations, à mestiers tout divers
INCLINERJa sur l'aage inclinant ce prince le trouva
INEPTESoubz le nom de satyre, et non de ceste inepte appellation de coc à l'asne
INEPTEMENTBarbares anciennement estoient nommez ceux qui ineptement parloient grec
INEXPUGNABLEVous avez prins Calais, deux cens ans imprenable, Monstrant qu'à la vertu rien n'est inexpugnable
INFINITIFUses donques hardiment de l'infinitif pour le nom, comme l'aller, le chanter, le vivre, le mourir
INIMITABLEOutrecuidé, qui du dieu souverain, En galoppant dessus un pont d'airain, Contr'imitoit l'inimitable orage
INTEMPÉRÉ, ÉELe mal d'un corps intemperé Peult estre esteint ou moderé Par jus d'herbe ou racine
INTERVALLED'où vient que les gestes du peuple romain sont tant celebrez de tout le monde, voire de si long intervalle preferez à ceulx de toutes les autres nations ensemble ?
JALOUSIESiffler toute la nuit par une jalousie
JAUNISSANT, ANTEJe ne souhaite point me pouvoir transformer, Comme feit Jupiter, en pluye jaunissante
JEUNESSEUn tas de jeunesses folles
LAMBRUCHE ou LAMBRUSQUE....Qui d'infertile rend un terrain plantureux, Qui change la lambrusque en un cep plus heureux
LÉGER, ÈREUses hardiment des noms pour les adverbes, comme ils combatent obstinez, pour obstineement, il voleleger, pour legerement
LÉGER, ÈREÀ vous [les vents], troppe legere, Qui d'aile passagere Par le monde volez
LÉOPARDJe voy tomber soubs les flesches françoises Le leopard, ton antiq' ennemy
LIBREL'amour, les vins libres [généreux] et toute bonne chere
LIBREIl vaudroit beaucoup mieux ne rymer point, mais faire des vers libres [blancs], comme a fait Petrarque en quelque endroit
LIBREQue l'on voise [aille] sautant, Que l'on voise hurtant D'un pié libre la terre
LIERRELe chef environné de verdoyant lierre
LIERRESus doncq', qu'un autel on m'appreste D'hierre à la racine velue
LINÉAMENTNon que je me vante d'avoir en cest endroit contrefait au naturel les vrais lineamens de Virgile
LINGOTAinsi le marinier souvent pour tout tresor Rapporte des harens au lieu de lingots d'or
LIQUIDEUsez hardiment de l'adjectif substantivé, comme le liquide des eaux, le vuyde de l'air, etc.
LOUANGEHeureux, qui pour guyde ont eu La louange qui est mere Et fille de la vertu
LOUEUR, EUSE[La louange] Venant d'un loueur louable, C'est un bruvage amiable
MÂCHER... Qui fait le brave, et de sa bouche humide Maschele frein de l'escumeuse bride
MALHEUREUX, EUSEQue la malheureuse avene Ne foisonne sur la plaine, Ny toute autre herbe qui nuit
MANCHEAucunefois n'estant de la partie, J'estoy si bien de mon faict advertie, Qu'autant de fois qu'une reste on gaignoit, Autant de fois la manche on me donnoit
MANIFESTERMais le remede helas trop tard se treuve à la douleur que la mort manifeste
MANQUEL'ancienne langue avait l'adjectif manc, manque, qui signifiait estropié, défaillant, manquant de, et même gauche, du latin mancus : Tu m'as ouvert le manque flanc
MARIERCe grand Monmorency, le Nestor de la France, Qui sçait au bon conseil marier la vaillance
MATOUMatou est-il une corruption et dérivation de mite dans chatte-mite ? Est-ce un nom propre devenu un nom d'animal ? Cela semble certain pour marcou, qui s'est dit pour chat mâle : Et de nuict n'alloit point criant Comme ses gros marcoux terribles, En longs miaudemens horribles
MÊMENostre langue ne doit pourtant estre deprisée, mesmes [surtout] de ceux auxquels elle est propre et naturelle
MÊMENostre langue se pourra egaler aux mesmes Grecs et Romains, produisant comme eux des Homeres....
MÊMELuy donnant beaucoup de manieres de parler poetiques qui ont bien servy mesmes aux plus excellens de nostre temps
MÊMESans la divine muse d'Homere, le mesme tombeau qui couvroit le corps d'Achille eust aussi accablé son renom
MENERCe procès tant mené et qui encore dure, Lequel des deux vault mieulx, ou l'art, ou la nature
MENTEUR, EUSECeste Grece menteresse
MÉTIERMais il est paresseux, et craint tant son mestier, Que, s'il devoit jeuner, ce croy-je, un mois entier, Il ne travailleroit seulement un quart d'heure
MÉTIERVoilà comment sur le mestier humain Non les trois soeurs, mais Amour de sa main Tist et retist la toile de ma vie
MIGNARDEMENTAins se plaignoit mignardement D'un enfantin myaudement
MIGNONNEMENTÔ beaux cheveux d'argent mignonnement retors
MINEUR, EURECeluy qui en procez a ruiné son frere, Ou le bien d'un mineur a converty à soy
MISÉRICORDIEUSEMENTIls pensent avoir fait un grand chef d'oeuvre en françois, quand ils ont rymé un misericordieusement et un melodieusement
MOEURSLes Grecs transporterent ce nom [barbare] aux meurs brutaux et cruelz, appelant toutes nations hors la Grece, barbares
MÔMEOr cessent donques les momes De mordre les escripts miens, Puisqu'ils sont freres des tiens
MORSHeureuse la nef arrestée Par le mors de l'ancre jettée Dedans le sein d'un si beau port !
MORSLe cheval furieux, aiant le mors pour guide, Tousjours en sa fureur ne dedaigne la bride
MOTContens n'avoir rien dict qui vaille aux neuf premiers vers, pourveu qu'au dixieme il y ait le petit mot pour rire
MOTSouvent pour un bon mot on perd un bon amy
MOTDes mots de gueule.... des mots dorés
MOTEUR, TRICES'il est, comme chantent nos vers, L'esprit moteur de l'univers
MOUCHER.... Par là il se poussa, Et aux plus hauts honneurs du palais s'avança, Ayant mouché [abusé] les rois avec telle prattique
MOULUREJe veux un arc eslever Sur deux colonnes doriques, Pour vostre gloire y graver En cent moulures antiques
MUET, ETTEEt n'est si grand douleur, qu'une douleur muette
MUET, ETTENe monstre que tu sois trop ennemi du vice, Et sois souvent encor muet, aveugle et sourd
MUGUETERCar autrement il vous grattoit, Et avec la patte friande De loing muguetoit la viande
MUSEAUPetit museau, petites dens [d'un chien]
NAULAGEEn vain tendons les mains vers le nautonnier sourd ; Nous n'avons un quatrin pour payer le naulage
NENul, s'il n'est vrayement du tout ignare, voire privé de sens commun, ne doute point que les choses n'ayent premierement esté, puis après, les mots....
NEAs-tu point veu une nymphe craintive....
NEEt qui sait si les derniers Se feront point les premiers ?
NELes flots courroussez qui baignent Leurs rivages qui se plaignent, Ne sont plus sourds que je suis
NONJe voudroi bien que tous rois defendissent à leurs subjects, de non mettre en lumiere oeuvre aucun, si premierement il n'avoit enduré la lime de quelque sçavant homme
OBSCUR, UREAu fon d'enfer va pleurer tes ennuis, Parmy l'obscur des eternelles nuicts
OBSTINÉMENTUses donques hardiment des noms pour les adverbes, comme, ils combatent obstinez, pour obstinéement
ODEFameux harpeur et prince de nos odes
OMBELLEEt du persil aux petites umbelles
OMBRELes uns aiment les fresches ombres des foretz
ORC'est ores la saison qu'on voit de toutes choses Multiplier par tout les semences encloses
ORQUEJe voy sortir des abysmes Une orque, pour m'abysmer...
ORTHOGRAPHIEC'est encor' la raison pourquoy j'ay si peu curieusement regardé à l'orthographie, la voyant aujourd'hui aussi diverse qu'il y a de sorte d'escrivains
OUBLITu bois le long oubli de tes travaux passez
OUBLIERAu milieu des tormens, oubliant ma douleur, Je me resjouïray de voir vostre malheur
OURDISSEUR, EUSERetirez-vous, ourdisseurs de finesse, Propos flatteurs qui gastez la jeunesse
PAILLASSEQuand il entr'oyoit quelque bruit Des rats qui rongeoient ma paillasse....
PARTAGERL'une a esté comme la plus aagée, Premierement sur mon coeur partagée
PASSAGERAucune fois en accoustrement d'homme Je passageoy pompeusement par Romme, Sur un cheval de mesme enharnaché
PASSAGER, ÈREBien que soyez comme ce passager [Mercure], Oyseau sans pieds, qui volette sans cesse
PASSAGER, ÈRESur ce rivage un passager [passeur] estoit [Charon], Crasseux, hydeux....
PASSERHomme ne doit passer dedans ma barque [de Charon], S'il n'a passé par les mains de la Parque
PASSEURCe passeur-là est appellé Caron

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