Définition de NON

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : non ; l'n ne se lie jamais : non ici, mais là

DÉFINITIONS

1
Particule négative opposée à oui, particule affirmative. L'avez-vous fait ? - Non. Répondez par oui ou par non.
Si vous répondez que non
Les langues sont des chiffres où non les lettres sont changées en lettres, mais les mots en mots ; de sorte qu'une langue inconnue est indéchiffrable
Hippocrate dit out, mais Galien dit non
Pour moi, j'aime les gens dont l'âme se peut lire, Qui disent bonnement oui pour oui, non pour non
Non, en métaphysique, ne me paraît guère plus sage que oui ; non liquet [la chose n'est pas claire] est la réponse raisonnable à presque tout
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Lett. à Voltaire, 4 août 1770
Sémantique : Familièrement. Je ne dis pas non, je ne refuse pas.
Dans quelques cas, la phrase interrogative est telle, qu'il y peut être répondu par non ou par oui, sans que le sens soit changé.
Dorante : Vous n'avez seulement qu'à dire une parole. - Philiste : Qu'une ? - Dorante : Non ; cette nuit j'ai promis de la voir
2
Non s'emploie pour nier une proposition entière qui est sous-entendue.
Je mourrai par vos feux, éteignez-les ou non
de François de MALHERBE dans v, 30
Je parle de Néarque et non de votre époux
Et que m'importe à moi si Rome souffre ou non ?
Valère a votre foi, la tiendrez-vous ou non ?
On délibérait en plein sénat s'il fallait admettre un dieu dans le Capitole ou non
de Louis BOURDALOUE dans Dim. de la Quinquagésime, t. I, p. 450
Si de tous les hommes les uns mouraient, les autres non...
de Jean de LA BRUYÈRE dans XI
Que l'on approuve ou non ma fermeté sévère
On croirait, à voir les dernières entreprises d'Innocent IV, que c'était un guerrier ; non, il passait pour un profond théologien
3
Il peut remplacer un substantif, un adjectif. Malice, ou non, le mal est fait. Sage ou non.
Enfin les uns sont contents, les autres non, c'est le monde ; il n'y a rien de nouveau à cela
On te propose pair ou non ; tu choisis pair et tu n'en vois pas le motif
4
Il se met dans le cours du discours pour nier quelque chose, très souvent avec une reprise par mais. Il a fait cela non par méchanceté, mais pour jouer.
Certes, monsieur Tartuffe, à bien prendre la chose, N'est pas un homme, non, qui se mouche du pié
Je regrette dans le sénat, dit le héros, non ce qu'il a été, mais ce qu'il pouvait être
5
Il se joint souvent avec pas, mais non avec point (du moins ce n'est pas l'usage ; car il n'y aurait pas de faute). Prendrai-je cela ? non pas, s'il vous plaît.
Le mérite n'y a point de part, non pas même le mérite de la race
Et mon coeur, qui sans cesse en sa faveur se flatte, Cherche qui le soutienne et non pas qui l'abatte
J'envisage non pas sa fortune, mais sa vertu ; les services qu'il a rendus, non pas les places qu'il a remplies ; les dons qu'il a reçus, non pas les honneurs qu'on lui a rendus sur la terre
Je crains votre silence et non pas vos injures
Je ne puis que me plaindre et non pas vous punir
Commandez que je meure, et non pas que je fuie
Après le que qui suit un comparatif, les anciens ajoutaient souvent non pas ; tournure qui tombe en désuétude.
Mes jours Devaient plutôt finir que non pas son discours
Quand il a fallu qu'il [Dieu] ait paru [dans l'incarnation], il s'est encore plus caché en se couvrant de l'humanité ; il était bien plus reconnaissable quand il était invisible, que non pas quand il s'est rendu visible
Quand, dans une tournure semblable, la phrase finale a un verbe, la construction demanderait deux que qui seraient intolérables, par exemple : il vaut mieux que vous y alliez, que que j'y aille. Aujourd'hui on tourne autrement la phrase pour les éviter ; autrefois entre les deux que on intercalait non pas ; tournure fort recommandable et à reprendre.
Ils [les apôtres] jugent plus sûr que Dieu approuve ceux qu'il remplit de son esprit, que non pas qu'il faille observer la loi
6
Il s'emploie devant sans, loin, etc. pour en changer le sens restrictif.
Les puissantes faveurs dont Parnasse m'honore, Non loin de mon berceau commencèrent leur cours
de François de MALHERBE dans Il, 12
Beau parc et beaux jardins qui dans votre clôture Avez toujours des fleurs et des ombrages verts, Non sans quelque démon qui défend aux hivers D'en effacer jamais l'agréable pointure
de François de MALHERBE dans V, 14
Il vécut non sans gloire et meurt en homme libre
de SAURIN dans Spartac. V, 13
Non sans rougeur, les deux sexes découvrent Que l'amitié qui les unit longtemps, S'est transformée en d'autres sentiments
de MALFIL. dans Narcisse, I
Que vos heureux destins, les délices du ciel, Coulent toujours trempés d'ambroisie et de miel, Et non sans quelque amour paisible et mutuelle
7
Il se met au commencement d'une phrase négative pour en annoncer le caractère. Non, je n'en ferai rien.
Non, je ne puis, dit-il, égorger Marius
Il peut se redoubler. Non, non, je n'y consentirai jamais. Non, cent fois non.
Non, non, je le connais, mon désespoir le flatte
8
Il se joint aux adverbes certes, certainement, vraiment, qui rendent la négation plus formelle. Non certes, non vraiment, je ne le ferai pas.
9
Il se joint à des adjectifs, à des substantifs, à des verbes. Non solvable. Non-activité. Fin de non-recevoir. (Pour le tiret, voy. la Rem. 2.)
10
Non-seulement, Nature : loc. adv. qui est ordinairement suivie de la conjonction adversative mais (on met un tiret à non-seulement, mais non à mais encore).
L'Église traite non-seulement de criminels, mais d'hérétiques tous ceux qui emploient de l'argent pour obtenir les ministères ecclésiastiques
de Blaise PASCAL dans Réfutation de la réponse à la 12e lettre
Toujours prêts à donner à leur troupeau non-seulement leurs veilles et leurs travaux, mais leur propre vie
Ainsi l'art de se détruire est non-seulement tout autre de ce qu'il était avant l'invention de la poudre, mais de ce qu'il était il y a cent ans
Ayant déclaré non-seulement hérétique mais absurde le mouvement de la terre
On disait que cela me faisait du mal ; je crois, moi, que cela me fit du bien, et non-seulement à mon âme, mais à mon corps
11
Non plus que, Nature : loc. adv. Ne.... pas plus que.
Quel malheur, si l'amour de sa femme Ne peut non plus sur lui que le mien sur ton âme !
Ah ! si non plus que vous je n'ai point le coeur bas
Cette impiété de Luther.... que nous ne coopérons en aucune sorte à notre salut, non plus que des choses inanimées
On ne serait non plus en peine de son salut [d'un homme mort subitement] que de celui de M. de Turenne
Je suis assurée qu'elle [Mme de Guitaut qui venait d'accoucher] a reçu des visites.... et ne s'est non plus ménagée sur le bruit que si elle était reine ou dauphine
On ne doute non plus de sa volonté que de son être
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Libre arb. 1
Il y sera décidé qu'on ne tient non plus devant les Français en Allemagne qu'en Flandre
Il [Maximien] ne voulait non plus pour compagnons de l'empire ses enfants que les étrangers
Un être éternel incréé aussi bien qu'incorruptible, et qui n'avait non plus de commencement que de fin
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib. II, 6
L'humilité non plus que la foi n'est ni timide, ni raisonneuse
de Esprit FLÉCHIER dans Panég. I, 301
Chassez un chien du fauteuil du roi, il grimpe à la chaire du prédicateur, il regarde le monde indifféremment, sans embarras, sans pudeur ; il n'a pas, non plus que le sot, de quoi rougir
de Jean de LA BRUYÈRE dans II
Ils [les criminels du Tartare] ont horreur d'eux-mêmes, et ils ne peuvent non plus se délivrer de cette horreur que de leur propre nature
Non plus signifie quelquefois pareillement, mais seulement dans une phrase négative. Vous ne le voulez pas, ni moi non plus.
Le secret n'en est su ni de lui, ni de lui [en montrant les deux princes] ; Tu n'en sauras non plus les véritables causes
Comme les successions sont réciproques, la perte du droit de succession est double [pour les mainmortables], parce que ceux à qui on ne peut succéder ne peuvent succéder non plus
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Polit. et lég. Cout. de Franche-Comté.
12
Non que, avec le subjonctif, ce n'est pas que. Non qu'il ne soit fâcheux de le mécontenter.
Considérez le prix que vous avez coûté, Non pas qu'elle vous croie avoir trop acheté
Non que votre colère ou la mort m'intimide
de ID. dans ib. V, 1
Non que je veuille à Rome imputer quelque crime
Il me semble qu'en les joignant ensemble [la lecture d'Épictète et de Montaigne], elles ne pourraient réussir fort mal, parce que l'une s'oppose au mal de l'autre ; non qu'elles puissent donner la vertu, mais seulement troubler dans les vices
de Blaise PASCAL dans Entret. avec Saci.
13
Nature : S. m. Un non. Des non.
Que le non prononcé soit un mur d'airain, contre lequel l'enfant n'aura pas épuisé cinq ou six fois ses forces, qu'il ne tentera plus de le renverser
Ma fierté naturelle est assez satisfaite de quelques non bien fermes que j'ai prononcés dans ma vie
de Jean-François DUCIS dans Correspondance, 7 novembre 1806
Pour un oui ou pour un non, pour peu de chose. Il se fâche pour un oui ou pour un non.

REMARQUE

1
1. Dans cet exemple : Non-seulement tous ses honneurs et toutes ses richesses, mais encore toute sa vertu s'évanouit, on met s'évanouit au singulier, à cause de mais qui interrompt la phrase C'est là l'usage le plus ordinaire. Cependant, si quelque chose l'exigeait, rien n'empêcherait de mettre s'évanouirent.
2
2. Le tiret se met après non quand il s'agit d'un substantif composé : non-sens, non-usage, etc. ; il ne se met pas, en tout autre cas : les artisans non maîtres pouvaient travailler....

HISTORIQUE

1
Xe s.
Ne ule cose non la pouret [avait pu] omque pleier [ployer]
dans Eulalie
2
XIe s.
Nun ferez certes, dist li quens [le comte] Oliviers
dans Ch. de Rol. XVIII
Par lui orrez [entendrez] si aurez pais ou non
dans ib. XXX
Mais ce [il] ne sait li quels vaint [triomphe] ne quels nun
dans ib. CLXXXII
3
XIIe s.
Ne dist ne o ne non
dans Ronc. 11
Non mie à ceste fois
dans ib. 27
Au camp estez que non soiez vaincus
dans ib. 45
Je ne sui ne liés [joyeux] ne dolens, Ne ne sai se vif [vivant] ou non
dans Couci, X
Ou voil ou non, servir la [la servir] me convient
dans ib. XX
4
XIIIe s.
Chanter m'estuet [il me faut chanter], que m'en est pris corage, Non pas pour ce que d'amours me soit rien
de QUESNES dans Romanc. p. 85
Raison : Congnois le tu point ? - l'Amant : Oïl, dame. - Raison : Non fais. - l'Amant : Si fais...
dans la Rose, 4267
5
XVe s.
Je crois que non, car ainsi le me semble
de Charles D'ORLÉANS dans p. 6
Adonc il se mist à escouter s'il orroit par leans personne parler ; ce que non ; pourquoy il se print à heurter, et lors il ouyt une voix qui dist : qui es tu qui heurtes à celle heure ?
dans Perceforest, t. v, f° 76
6
XVIe s.
J'ay plus estudié à rendre ce que l'autheur a voulu dire, que non pas à orner ou polir le langage
de Jacques AMYOT dans Épit.
Jusques icy les historiens sont bien d'accord ; mais au demeurant, non
de Jacques AMYOT dans Thésée, 17
Quant à luy, il estimoit plus honorable commander à ceulx qui avoient de l'or, que non pas en avoir
de Jacques AMYOT dans Caton, 4
Je commenceray à parler, quand je sçauray dire choses dignes de non estre teues
de Jacques AMYOT dans C. d'Utiq. 8
Et ne se remuoit non plus qu'une souche
Non pas un seul, dit on, du camp de Cire, ne se rendit du costé du roy
Aux uns les dieux donnent le bonheur de la vie, aux autres non
.... Qui sont de naturel pour aymer le proufit, mais non que [seulement] bien à poinct
Je ne feray bonne chiere de deuz, non pas [ni] de quatre jours
Croyez la ou non, ce m'est tout ung
de François RABELAIS dans ib. III, 52
Non les palayz, maisons, eschaffaultz.... seullement estoyent pleins de gens, mais aussi les toictz
de François RABELAIS dans la Sciomachie.
Je voudroi bien que tous rois defendissent à leurs subjects, de non mettre en lumiere oeuvre aucun, si premierement il n'avoit enduré la lime de quelque sçavant homme
... Ville que jamais l'empereur n'a ausé regarder, non que [loin de] l'assaillir
de Vincent CARLOIX dans II, 6
L'estimation, non plus que l'affection, nous ne la debvons qu'à leur vertu
de Michel de MONTAIGNE dans I, 13
Ne jamais dire une verité, non pas [même] quand elle est utile
de Michel de MONTAIGNE dans I, 37
On ne me pouvoit arracher de l'oisiveté, non pas pour me faire jouer
de Michel de MONTAIGNE dans I, 195
L'honneur de la vertu consiste à combattre non à battre
de Michel de MONTAIGNE dans I, 244
Sert aussi beaucoup à la conservation de la veue le tenir des pieds secs, le non dormir sur le jour, le non encliner par trop la face en bas
de Olivier DE SERRES dans 891
Ce prince est tant obeissant aux volontés du roy d'Espagne, qu'il ne sçauroit dire de non à chose qu'il lui commande
dans Mém. de Bellièvre et de Sillery, p. 440, dans LACURNE

ÉTYMOLOGIE

1
Bourguig. nain daime [non dame] ; picard, nein, naie, na ; provenç. non, no ; espagn. no ; portug. não ; ital. no, non ; du lat. non, anciennement noenu, noenum, que les étymologistes tirent de ni, non, et oenum, ancienne forme de unus, un.

Synonymes de NON

Phonétiquement proche de NON