Définition de ESSOR

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : è-ssor

DÉFINITIONS

1
Action de l'oiseau qui s'élance pour prendre son vol.
Avant que la nitée Se trouvât assez forte encor Pour voler et prendre l'essor
de Jean de LA FONTAINE dans Fab. IV, 22
Déjà prenait l'essor pour se sauver dans les montagnes cet aigle....
de Esprit FLÉCHIER dans Tur.
Il reprit l'essor, il alla se reposer un peu plus loin, et revint encore sur le sein de Vénus
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Céphise et l'Am.
Être à l'essor, se dit d'un oiseau qui vole loin de son nid pour ses différents besoins.
L'aube du jour arrive, et d'amis point du tout ; L'alouette à l'essor, le maître s'en vient faire Sa ronde....
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. IV, 22
Sémantique : Terme de fauconnerie. Monter d'essor, se dit du vol de l'oiseau lorsqu'il monte à perte de vue pour trouver un air plus frais.
Sémantique : Par extension.
Et dès que son Dieu l'ordonne, Son âme, prenant l'essor, S'élève d'un vol rapide Vers la demeure où réside Son véritable trésor
de Jean RACINE dans Cantique, II
Son âme, hélas trop tôt prenant l'essor, Tel un fruit mûr qu'un jeune enfant dérobe, Nous est ravie....
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Quénescourt.
Prendre l'essor, s'est dit aussi pour s'en aller à la hâte.
M'en croirez-vous, monsieur ? prenez l'essor
de Noël LEBRETON, sieur de HAUTEROCHE dans le Souper mal apprêté, sc. 18
Sémantique : Fig. Prendre l'essor s'est dit pour s'écarter de son sujet.
Pourquoi, me dira-t-on, nous ramener toujours Cette cassette ? est-ce une circonstance Qui soit de si grande importance ? Oui, selon mon avis ; on va voir si j'ai tort ; Je ne prends point ici l'essor, Ni n'affecte de railleries
de Jean de LA FONTAINE dans Fianc.
2
Sémantique : Fig. Mouvement moral, comparé à l'essor de l'oiseau, par lequel un homme, un esprit, une âme se portent aux choses élevées, étendues.
Leur esprit prend l'essor où leur langue les guide
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. v.
Et quand je me demande un titre légitime D'où prendre quelque gloire et chercher quelque estime, Je vois pour tout appui de mes plus hauts essors Le néant que je suis et le rien d'où je sors
de Pierre CORNEILLE dans Imit. III, 40
Son âme toute royale garde l'équilibre, même dans ses plus grands essors ; ses élévations mêmes ont quelque chose de modéré dans le principe
de SAINTE-BEUVE dans Causeries, 19 janvier 1852
Donner l'essor à son génie, à son imagination, à sa plume, lui donner libre carrière.
Vous n'avez qu'à suivre les traits d'une imagination qui se donne l'essor
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Critique, 7
En un sens plus restreint, il se dit d'une personne qui se dégage d'une contrainte, d'une sujétion, d'une infériorité. Ce jeune homme a pris tout à coup l'essor.
Quand le poids du malheur accablant son enfance Interdisait l'essor à ses puissants destins
de SAURIN dans Spart. II, 1
3
Succès qu'obtient un livre, une idée.
N'espérons plus que la haine pardonne à mes chansons leur trop rapide essor
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Ad. à la camp.
Essor s'est dit pour publication.
Si l'on peut pardonner l'essor d'un mauvais livre, Ce n'est qu'aux malheureux qui composent pour vivre
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. I, 2
4
Développement qui a quelque chose de rapide comme le vol de l'oiseau. Essor des sciences, des arts, de l'industrie.
5
Sémantique : Terme des fouriéristes. Essor harmonique, marche que suivraient les passions individuelles dans une société réglée selon les principes de cette école. Essor subversif, la marche que suivent les passions dans les sociétés mal organisées qui contrarient la nature de l'homme.

HISTORIQUE

1
XVe s.
Sans estre mis à l'essor de largesse
de Charles D'ORLÉANS dans Ball. 122
2
XVIe s.
Les ames donc tirent la penitence De leurs vieux maulx ; les unes hault pendues Sont parmy l'air à l'essor estendues ; Aucunes sont dedans la mer plongées
de Joachim DU BELLAY dans IV, 60, recto.
Nous sommes en un royaume auquel, pour la facilité de nos rois, les choses viennent aisément à l'essor [au désordre]
de Étienne PASQUIER dans Recherches, p. 46, dans LACURNE
J'apprehende bien que nous laissions les choses presentes et asseurées pour nous jetter à l'essor [à l'aventure]
de SULLY dans Mém. t. VI, p. 432, dans LACURNE

ÉTYMOLOGIE

1
Voy. ESSORER.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Sémantique : Terme de fauconnerie. Plumes d'essor, dites aussi vanneaux, plumes allongées, roides et fortes de l'aile des oiseaux, et surtout des oiseaux de proie.

Synonymes de ESSOR

Termes proches de ESSOR

Phonétiquement proche de ESSOR