Définition de CULTIVER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : kul-ti-vé

DÉFINITIONS

1
Travailler la terre pour lui faire produire les végétaux utiles aux besoins de l'homme et des animaux domestiques. Cultiver un jardin.
Il cultive son champ de ses propres mains
Un des premiers soins du prince était de faire fleurir l'agriculture ; et les satrapes dont le gouvernement était le mieux cultivé avaient la plus grande part aux grâces
Se livrer, s'adonner à la culture de certaines plantes. Cultiver la vigne.
Je ne veux, je n'attends rien de vous, et je mourrai en cultivant ma vigne
Je confie à vos soins Les plantes que par choix cultivait ma tendresse
2
Sémantique : Fig. Cultiver la poésie, la musique.
M. Lieutaud [médecin à la cour] donnait à l'étude tout le temps que ses devoirs lui laissaient ; il cultiva les sciences dans son nouveau séjour comme il les avait cultivées dans sa patrie ; il demeurait à Versailles, mais il ne vivait pas à la cour
Il apprit à cultiver les vertus
L'histoire naturelle peut passer aujourd'hui, par la manière dont elle est traitée, pour la plus intéressante de toutes les sciences que les hommes cultivent, et celle qui vous ramène le plus naturellement de l'admiration des ouvrages à l'amour de l'ouvrier
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Projet d'éducation.
Combien de citoyens aujourd'hui prévenus Pour ces arts séduisants que l'Arabe cultive !
Nos modestes aïeux Parlaient moins de vertus et les cultivaient mieux
3
Former, développer. Cultiver sa mémoire.
Les Grecs, naturellement pleins d'esprit et de courage, avaient été cultivés de bonne heure par des rois et des colonies venues d'Égypte
Leur esprit était vif et ferme ; mais ils prenaient peu de soin de le cultiver, mettant leur confiance dans leurs corps robustes et leurs bras nerveux
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib. III, 3
Dans les douceurs qu'il goûtait avec ses enfants, il ne cessait de leur inspirer les sentiments de la véritable vertu ; et ce jeune prince, son petit-fils, se sentira éternellement d'avoir été cultivé par de telles mains
Il est temps de montrer cette ardeur et ce zèle Qu'au fond de votre coeur mes soins ont cultivé
Vous cultivez déjà leur haine et leur fureur
Soumise à mon époux et cachant mes ennuis, De son fatal hymen je cultivais les fruits
Ce malheureux Brutus Dont Caton cultivait les farouches vertus
Ces semences de haine Que mes soins en secret cultivaient avec peine
J'avais cultivé quelques talents agréables
Avec quelle tendresse Ce père infortuné cultiva ma jeunesse
Et ceux qui, de nos arts utiles inventeurs, Ont défriché la vie et cultivé les moeurs
Faire prospérer.
De ton trône agrandi portant seul tout le faix, Tu cultives les arts, tu répands les bienfaits
4
Entretenir des relations amicales et bienveillantes avec quelqu'un.
J'ai toujours eu beaucoup d'attache à le cultiver [Ménage], et je n'ai jamais voulu manquer de reconnaissance à tous les bons offices qu'il m'a rendus
de SEGRAIS dans Mémoires, t. II, p. 109
Vous devez cultiver avec soin Mgr Giori
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lett. quiét. 258
Il est doux de voir ses amis par goût et par estime ; il est pénible de les cultiver par intérêt
de Jean de LA BRUYÈRE dans IV
Les respecter, les cultiver, leur plaire
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Mélange.
Ces soins et ces empressements à cultiver l'estime des hommes
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Tiédeur. 2
On ouvre sa maison à des serviteurs de Dieu ; on cultive leur amitié ; on conserve avec eux des liaisons d'estime et de confiance
de Jean-Baptiste MASSILLON dans ib. Véritable culte.
Vous n'en cultivez pas moins des liaisons fatales à votre innocence
de Jean-Baptiste MASSILLON dans ib. Rech.
Est-ce la prudence chrétienne qui cultive les grands pour en faire les protecteurs de la vérité ?
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Confér. 1, Cond. des clercs dans le monde.
C'est un homme qu'il faut cultiver, c'est une connaissance à cultiver, c'est un homme dont il faut entretenir la bienveillance.
5
Se cultiver, Nature : v. réfl. Être cultivé. Ces terres se cultivent facilement.
Sémantique : Fig.
Le plaisir de la société entre amis se cultive par une ressemblance de goût sur ce qui regarde les moeurs, et par quelque différence d'opinions sur les sciences
L'amitié qui se cultive aux dépens du devoir, n'a plus de charmes

HISTORIQUE

1
XIe s.
Cil qui custivent la terre
dans L. de Guill. 33
2
XIIe s.
Sunt lur ententes totes mises à la terre de lung gastie, Povre, deserte et enermie, Cum coiltivée funt à dreit
de Benoît de Sainte-Maure dans Chron. V. 7059
Elle [la terre] ert maleite soz ta main, Tu la cotiveras en vain
dans Adam, Mystère, p. 35
3
XIIIe s.
Se la terre n'est bien semée Et cultivée et gaegniée, El ne vaut guere
dans Choses qui faillent en ménage
4
XIVe s.
Les champs qui n'avoient pas este coutivez
de Pierre BERCHEURE dans f° 39, verso.
5
XVe s.
Belle soeur, cy garde prenon ; Quand elle [la vigne] est fouie et fuenbrée [fumée] Et tailliée et bien cultivée....
dans Mir. de Ste Genev
6
XVIe s.
Terre portoit les fruicts tost et à poinct Sans cultiver
de Clément MAROT dans IV, 17
Pour la coulpe de ceux qui l'ont eue en garde [nostre langue] et ne l'ont cultivée à suffisance
Il destourna le peuple au labourage, à fin que, cultivant la terre, il se cultivast et s'addoulcist aussi soy mesme
de Jacques AMYOT dans Numa, 28
Laissant durant ce temps là les terres en repos, en les cultivant toutesfois ; à ce que les herbes y croissans, n'en succent la substance
de Olivier DE SERRES dans 90

ÉTYMOLOGIE

1
Saintong. coutiver ; provenç. cultivar, coltivar ; ital. coltivare ; d'un adjectif cultif qu'on peut supposer dérivé de cultus, participe passé de colere.

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