Définition de FUREUR

DÉFINITIONS - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : fu-reur

DÉFINITIONS

1
Folie frénétique. La fureur est une cause d'interdiction. Il lui prend de temps en temps des accès de fureur.
Le majeur qui est dans un état habituel d'imbécillité, de démence ou de fureur, doit être interdit
dans Code Nap. art. 489
Sémantique : Par exagération. Sorte de folie.
Au défaut d'un meilleur refuge, iront-ils enfin se plonger dans l'abîme de l'athéisme, et mettront-ils leur repos dans une fureur qui ne trouve presque point de place dans les esprits ?
Quelle fureur, dit-il, quelle aveugle caprice, Quand le dîner est prêt, vous appelle à l'office !
Comme tout ce qui a rapport à l'histoire des arts est au moins aussi important que des récits de batailles, monuments de notre fureur, je finirai cette année par un fait qui servit à perfectionner la chirurgie
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Hist. Louis XI, Oeuv. t. III, p. 51, dans POUGENS
N'y a-t-il pas de la fureur à nourrir des paons dont le prix n'est pas moindre que celui des statues ?
Fureur utérine, voy. NYMPHOMANIE.
Fureur amoureuse, le rut.
Cette fureur amoureuse ne dure que trois semaines ; pendant ce temps-là, ils [les cerfs] ne mangent que très peu, ne dorment ni ne reposent
2
Passion excessive, démesurée pour une personne. Il aime, il hait jusqu'à la fureur.
Une ombre chérie avec tant de fureur
Je l'ai livrée entre les mains de ceux qu'elle avait aimés, entre les mains des Assyriens, dont elle avait été passionnée jusqu'à la fureur
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Ézéchiel, XXIII, 9
Songez-y bien, il faut désormais que mon coeur, S'il n'aime avec transport, haïsse avec fureur
Ce coeur né pour haïr qui brûle avec fureur
Parmi les causes qui contribuèrent à la conquête du nouveau monde, on doit compter cette fureur des femmes américaines pour les Espagnols
À la fureur, d'une façon passionnée.
Ciel ! que je vous haïrais, si je ne vous aimais à la fureur !
Le gouverneur aimait les femmes à la fureur
3
Passion excessive, démesurée pour une chose.
Que n'a-t-on pas dit de sa fermeté [de Louis XIV], à laquelle nous voyons céder jusqu'à la fureur des duels ?
Les fausses religions, le libertinage d'esprit, la fureur de disputer des choses divines sans fin, sans règle, sans soumission
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans reine d'Anglet.
Les jeux sont devenus ou des trafics, ou des fraudes, ou des fureurs
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Car. Él.
Eh bien ! son Dorante, que t'a-t-il fait ? car il me semble que ta fureur est que je le haïsse
La fureur de la plupart des Français c'est d'avoir de l'esprit
Malgré la fureur du paganisme dont il était possédé, il ne répandit pas une goutte de sang chrétien
On n'y eut pas plutôt ouvert des cafés [à Constantinople] qu'ils furent fréquentés avec fureur
Faire fureur, être fort en vogue. Cette actrice, cette pièce fait fureur. On dit aussi : Tout le monde s'y porte ; c'est une fureur ; et dans un sens analogue : Il est dans la fureur de ses succès.
4
Sémantique : Familièrement. Habitude importune, fatigante, nuisible de faire quelque chose. Il a toujours la fureur de se mêler des affaires des autres.
Comme il connaissait la fureur dont sa femme se donnait en spectacle pour sa danse et pour sa parure
Qui n'a pu retenir sa misérable fureur de parler
Cette fureur de charger une histoire de portraits a commencé en France par les romans
5
Colère extrême.
Vous eussiez vu leurs yeux s'enflammer de fureur
Tu céderas ou tu tomberas sous ce vainqueur, Alger, riche des dépouilles de la chrétienté.... dans ta brutale fureur, tu te tournes contre toi-même, et tu ne sais comment assouvir ta rage impuissante
Il tourna sa fureur contre les Juifs
Craignez de négliger Une amante en fureur qui cherche à se venger
Ma tranquille fureur n'a plus qu'à se venger
L'auriez-vous cru, madame, et qu'un si prompt retour Fît à tant de fureur succéder tant d'amour ?
Cette chasse acheva de la mettre en fureur
De fureur, par un mouvement de fureur.
....J'étais si transporté, Que, donnant de fureur tout le festin au diable....
Gilotin en gémit, et, sortant de fureur....
Se dit aussi des animaux. La fureur d'un taureau. Un lion en fureur.
Semblable à une bête en fureur
Sémantique : En termes de l'Écriture sainte, la colère de Dieu. Seigneur, ne me repoussez pas dans votre fureur
6
Emportement, violence.
L'autre d'un si grand zèle admire la fureur
De protestations, d'offres et de serments, Vous chargez la fureur de vos embrassements
Dans la plus grande fureur des guerres civiles
Témoins de la fureur de mes derniers adieux
La fureur des combats que Mentor tâchait d'éteindre
Nous n'aurions pas le temps de nous entretenir, si nous ne prévenions pas la fureur de ses politesses
J'avais toutes les raisons de croire que la fureur de ses désordres céderait aux charmes de Primerose et aux étonnantes vertus de mon ami
C'est en Angleterre surtout, plus qu'en aucun pays, que s'est signalée la tranquille fureur d'égorger les hommes avec le glaive prétendu de la loi
7
Agitation violente de choses inanimées. L'aquilon en fureur.
Mais enfin le ciel m'aime, et ses bienfaits nouveaux Ont arraché Maxime à la fureur des eaux
Celui qui met un frein à la fureur des flots Sait aussi des méchants arrêter les complots
La mer lasse de se mettre en fureur
La terre tremblante Frémit de terreur ; L'onde turbulente Mugit de fureur
de Jean-Baptiste ROUSSEAU dans Cantate, Circé.
8
Transport qui ravit l'âme. Il fut saisi d'une fureur divine. La fureur prophétique. La fureur poétique. Fureur martiale. Une sainte fureur s'empara de lui.
Je sens au second vers que la muse me dicte, Que contre sa fureur ma raison se dépite
[Les esprits faciles qui] N'éprouvèrent jamais en maniant la lyre Ni fureurs ni transports
9
Nature : Au plur. Il se dit des emportements, des transports en tout genre. Les fureurs de Roland. De poétiques fureurs.
Vous voyant exposée aux fureurs d'une femme
Ce qu'ont de plus affreux les fureurs de la guerre
de Pierre CORNEILLE dans ib. III, 1
Pour ne point rappeler ici les guerres des Albigeois, les séditions des Vicléfites en Angleterre, et les fureurs des Taborites en Bohême, on n'avait que trop vu à quoi avaient abouti toutes les belles protestations des Luthériens en Allemagne
Venez, à vos fureurs [les fureurs des Euménides] Oreste s'abandonne
Défendez-moi des fureurs de Pharnace
À de moindres fureurs je n'ai pas dû m'attendre
....De l'amour j'ai toutes les fureurs
Il n'eût point eu le nom d'Auguste Sans cet empire heureux et juste Qui fit oublier ses fureurs
Tu peux faire trembler la terre sous tes pas, Des enfers allumés déchaîner la colère ; Mais tes fureurs ne feront pas Ce que tes attraits n'ont pu faire
de Jean-Baptiste ROUSSEAU dans Cantate, Circé.
Les princes trouvent toujours des âmes assez viles pour excuser leurs fureurs
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Hist. de Louis XI, Oeuvres, t. II, p. 475, dans POUGENS.
Conçois-tu bien l'excès de mes fureurs jalouses ?
Ceux qui sont pénétrés de l'amour des sciences, qui n'en font pas un indigne métier et qui ne les font point servir aux misérables fureurs de l'esprit de parti
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Mél. litt. Lett. au P. Tournemine.
Cavalier [un des chefs des protestants des Cévennes, lors des dragonnades] est mort officier général et gouverneur de l'île de Jersey, avec une grande réputation de valeur, n'ayant conservé de ses premières fureurs [la violence de son fanatisme religieux] que le courage
Pourquoi demandez-vous que ma bouche raconte Des princes de mon sang les fureurs et la honte ?
Sémantique : Familièrement. Des fureurs, des scènes violentes, des emportements sans raison.
Ce prince [le régent] lui opposait en vain des raisons ; elle [la duchesse de Berri] y répondait par des fureurs
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Mém. Rég. Oeuv. t. V, p. 396

SYNONYME

1
FUREUR, FURIE. Le radical de ces deux mots est le même ; le suffixe seul est différent. Étymologiquement, la fureur est l'état d'un homme furieux ; la Furie est un personnage mythologique chargé des vengeances des dieux. De là résulte que la fureur, bien que violente, peut être cachée dans le fond de l'âme, tandis que la furie éclate au dehors. Par une conséquence naturelle, furie a pu se dire de l'impétuosité d'une attaque, comme dans cette phrase consacrée : la furie française, qui exprime l'impétuosité des assaillants ; tandis que fureur ne serait pas applicable et aurait un autre sens. D'autre part, il y a dans fureur une signification de folie, de transport qui n'est pas dans furie ; ce qui fait qu'on dit fureur prophétique, et non furie prophétique.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Sire, ne me arguer en ta fuirur, e en la tue ire ne castier [châtier] mei
dans Liber psalm. p. 49
Lores parlerat à els sa ire, et en sa furur les conturberat
dans ib. p. 2
2
XIIIe s.
Ele [Judith] ne douta pas les furors des rois, ainz se offri à mort por sauver le pueple
3
XIVe s.
La fureur du pueple qui avoit cessé de coustiver [cultiver] les terres
de Pierre BERCHEURE dans f° 40, recto.
4
XVIe s.
Ô la fureur d'une bruslante rage, Qui maintenant transporte mon courage

ÉTYMOLOGIE

1
Prov. et esp. furor ; ital. furore ; du lat. furorem.

Synonymes de FUREUR

Termes proches de FUREUR