L'oeuvre Le lutrin de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX

Ecrit par Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX

Date : 1673-1683

Citations de "Le lutrin"

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Utilisé pour le motCitation
ABATTRELes livres sur Évrard fondent comme la grêle Qui, dans un grand jardin, à coups impétueux, Abat l'honneur naissant des rameaux fructueux
ABÎMERPour soutenir tes droits.... Abîme tout plutôt, c'est l'esprit de l'Église
ABSTINENCELe seul chanoine Évrard d'abstinence incapable
ACCUSEROù donc est ce grand coeur dont tantôt l'allégresse Semblait du jour trop long accuser la paresse ?
AFFADI, IE[Il] a longtemps le teint pâle et le coeur affadi
ÂGECe vieillard dans le choeur a déjà vu quatre âges
ÂGELe monde, de qui l'âge avance les ruines, Ne peut plus enfanter de ces âmes divines
AIGREMais Evrard, en passant coudoyé par Boirude, Ne sait point contenir son aigre inquiétude
AISSur l'ais qui le soutient auprès d'un Avicenne Deux des plus forts mortels l'ébranleraient à peine
ALCORANPour moi, je lis la Bible autant que l'Alcoran
ALCÔVEDans le réduit obscur d'une alcôve enfoncée
ALLEREt le Rhin de ses flots ira grossir la Loire, Avant que tes faveurs sortent de ma mémoire
ALLONGER ou ALONGERSidrac, à qui l'âge allonge le chemin
APPELERLes cloches dans les airs de leurs voix argentines Appelaient à grand bruit les chantres à matines
APPRÊTERÀ suivre ce grand chef, l'un et l'autre s'apprête
ARGENTIN, INELes cloches, dans les airs, de leurs voix argentines, Appelaient à grand bruit les chantres à matines
ARMERChacun s'arme au hasard du livre qu'il rencontre
ARMORIEREt pour toute vertu fit au dos d'un carrosse, à côté d'une mitre armorier sa crosse
ARRÊTERL'un et l'autre rival, s'arrêtant au passage, Se mesurent des yeux
ASSIDU, UED'écoliers libertins une troupe indocile, Loin des yeux d'un préfet au travail assidu, Va tenir quelquefois un brelan défendu
ASSIETTEGarde au sein du tumulte une assiette tranquille
ASSURERGirot en vain l'assure
ATTENTIF, IVELe fidèle, attentif aux règles de sa loi
ATTRISTÉ, ÉEIl rend tous ses voisins attristés de sa joie
AUMÔNIERLe prudent Gilotin, son aumônier fidèle
AUMUCE et AUMUSSEDéjà, l'aumusse en main, il marche vers l'église
AUTRUIPour consumer autrui, le monstre se consume
AVENUEDe leurs appartements percer les avenues
BANNIÈREIllustre porte-croix, par qui notre bannière N'a jamais en marchant fait un pas en arrière
BARREAUSi quelque exploit nouveau Chaque jour, comme moi, vous traînait au barreau
BASSEEt Gorillon la basse et Grandin le fausset
BÂTIREt sur un bois détruit bâtit mille procès
BÉNÉDICTIONLui donne toutefois la bénédiction
BILLETQue l'on tire au billet ceux que l'on doit élire
BLÊMELa disette au teint blême et la triste famine....
BOEUFQuatre boeufs attelés, d'un pas tranquille et lent, Promenaient dans Paris le monarque indolent
BOUCHELe monstre composé de bouches et d'oreilles [la Renommée]
BOUGEMais d'un bouge prochain accourant à ce bruit....
BOUGIEIls rallument le feu de leur bougie éteinte
BOURGEONElle peint de bourgeons son visage guerrier
BRELAND'écoliers.... une troupe.... Va tenir quelquefois un brelan défendu
BRILLANT, ANTEDes chanoines vermeils et brillants de santé
BROUILLERUn des noms reste encore, et le prélat par grâce Une dernière fois les brouille et les ressasse
BROUILLERJ'aurai pu jusqu'ici brouiller tous les chapitres
BROYERL'autre broie en riant le vermillon des moines
BRUITLes cloches argentines Appelaient à grand bruit les chantres à matines
BRUITLà le chantre à grand bruit arrive et se fait place
BUISEt deux fois de sa main le buis [peigne] tombe en morceaux
BULLEAttends-tu donc que sans bulle et sans titre....
BUVANT, ANTEEt de chantres buvants les cabarets sont pleins
CAILLOUDes veines d'un caillou qu'il frappe au même instant, Il fait jaillir un feu qui petille en sortant
CANONISTEN'en doutez pas, leur dit ce savant canoniste
CÉDERAux cris d'un vil oiseau vous cédez sans combat
CÉLESTINQuoi, dit-elle d'un ton qui fit trembler les vitres, J'aurai pu jusqu'ici brouiller tous les chapitres, Diviser cordeliers, carmes et célestins
CESSERCesse donc à mes yeux d'étaler un vain titre
CHAMPViens combattre en champ clos aux joutes du barreau
CHAMPIONAussitôt contre Évrard vingt champions s'élancent
CHANOINESes chanoines vermeils et brillants de santé S'engraissaient d'une longue et sainte oisiveté
CHANTRELes cloches, dans les airs, de leurs voix argentines, Appelaient à grand bruit les chantres à matines
CHANTREC'est en vain que le chantre abusant d'un faux titre....
CHAOS.... Fit régler le chaos des ténébreuses lois
CHAPELAINLe souper hors du choeur chasse les chapelains
CHAPELLEParmi les doux loisirs d'une paix fraternelle, Paris voyait fleurir son antique chapelle
CHAPITREC'est en vain que le chantre, abusant d'un faux titre, Deux fois l'en fit ôter [un lutrin] par les mains du chapitre
CHARMÉ, ÉELa Piété charmée Sent renaître la joie en son âme calmée
CHAUD, CHAUDE.... je vois bien où tend tout ce discours trompeur, Reprend le chaud vieillard ; le prélat vous fait peur
CHICANELui souffle avec ces mots l'ardeur de la chicane
CHICANELà, sur des tas poudreux de sacs et de pratiques, Hurle tous les matins une sibylle étique ; On l'appelle Chicane ; et ce monstre odieux Jamais pour l'équité n'eut d'oreilles ni d'yeux
CHOIXCes volumes sans choix à la tête jetés
CHORISTELorsqu'en ce sacré lieu, par un heureux hasard, Entrent Jean le choriste et le sonneur Girard
CILICELe moine secoua le cilice et la haire
CIMENTD'un ciment éternel ton église est bâtie
CLERCAborder sans argent un clerc de rapporteur
CLERGÉElle y voit aborder le marquis, la comtesse, Le bourgeois, le manant, le clergé, la noblesse
CLIENTNon loin de ce palais où je rends mes oracles, Est un vaste séjour des mortels révéré Et de clients soumis à toute heure entouré
CLOCHELes cloches dans les airs de leurs voix argentines, Appelaient à grand bruit les chantres à matines
CLOCHERLa Nuit baisse la vue et du haut du clocher Observe les guerriers, les regarde marcher
COCHEElle y voit par le coche et d'Évreux et du Mans Accourir...
COGNÉESur son épaule il charge une lourde cognée
COHORTEIl sort demi-paré ; mais déjà sur sa porte Il voit de saints guerriers une ardente cohorte, Qui tous, remplis pour lui d'une égale vigueur....
COLORISL'autre broie en riant le coloris des moines
COMTELes rois.... S'endormaient sur le trône, et, me servant sans honte, Laissaient le sceptre aux mains ou d'un maire ou d'un comte
CONNAÎTRESi, dès mes premiers ans, heurtant tous les mortels, L'encre a toujours pour moi coulé sur tes autels [de la chicane], Daigne encor me connaître en ma saison dernière
CONSULTERConsultons sur ce point quelque auteur signalé
CONTOURQuatre rideaux pompeux par un double contour En défendent l'entrée à la clarté du jour
COUDOYÉ, ÉEMais Evrard, en passant, coudoyé par Boirude, Ne sait point contenir son aigre inquiétude
COURBERLui-même, se courbant, s'apprête à le rouler [le lutrin]
COUSSINSon menton sur son sein descend à double étage ; Et son corps ramassé dans sa courte grosseur Fait gémir les coussins sous sa molle épaisseur
COUTUMELa coutume porte que.... Sans cesse feuilletant les lois et la coutume
COUVERT, ERTE....Le héros en prière Demeura tout couvert de feux et de lumière
CRASSEL'ambition partout chassa l'humilité, Dans la crasse du froc logea la vanité
CRÉCELLEPrenons du saint jeudi la bruyante crécelle
CRÊPEDès que l'ombre tranquille Viendra d'un crêpe noir envelopper la ville
CRIN[Un dragon en forme de lutrin] Dont le triangle affreux tout hérissé de crins....
CRINIÈRECe nouvel Adonis à la blonde crinière
CRUCHED'un vin pur et vermeil il fait remplir sa coupe ; Il l'avale d'un trait, et, chacun l'imitant, La cruche au large ventre est vide en un instant
DÉCOLORÉ, ÉELe nouveau Cicéron tremblant, décoloré
DÉFENDRELe désolé vieillard, qui hait la raillerie, Lui défend de parler, sort du lit en furie
DÉGOÛTÀ quoi bon ce dégoût et ce zèle inutile ? Est-il donc, pour jeûner, quatre-temps ou vigile ?
DÉJEUNERDu reste, déjeunons, messieurs, et buvons frais
DÉJEUNER ou DÉJEUNÉ.... Qu'un ample déjeuné Longtemps nous tienne à table et s'unisse au dîné
DESSERVIRSi tôt que du nectar la troupe est abreuvée, On dessert....
DÉVORÉ, ÉEEt l'orphelin n'est plus dévoré du tuteur
DEXTREIl tira du manteau sa dextre vengeresse
DIFFÉRERSi mon coeur de tout temps facile à tes désirs, N'a jamais d'un moment différé tes plaisirs
DIGESTEDu Digeste et du Code ouvre-nous le dédale, Et montre-nous cet art connu de tes amis, Qui dans ses propres lois embarrasse Thémis
DIGNITÉDe votre dignité soutenez mieux l'éclat
DILIGENT, ENTESous leurs pas diligents le chemin disparaît
DÎNER ou DÎNÉReprenez vos esprits, et souvenez-vous bien Qu'un dîné réchauffé ne valut jamais rien
DIREElle dit, et du vent de sa bouche profane Lui souffle avec ces mots l'ardeur de la chicane
DISCORDEQuand la Discorde encor toute noire de crimes, Sortant des cordeliers pour aller aux minimes, Avec cet air hideux qui fait frémir la paix, S'arrêta près d'un arbre auprès de son palais
DISGRÂCELa Discorde, qui voit leur honteuse disgrâce, Dans les airs cependant tonne, éclate, menace
DIVISERJ'aurai pu jusqu'ici brouiller tous les chapitres, Diviser cordeliers, carmes et célestins
DORMIRC'est là que le prélat, muni d'un déjeuné, Dormait d'un léger somme, attendant le dîné
DOULOUREUX, EUSEAux élans redoublés de sa voix douloureuse, Tous ses valets tremblants quittent la plume oiseuse
DRAPQuoi ! même dans ton lit, cruel entre deux draps....
DUVETLà, parmi les douceurs d'un tranquille silence, Règne sur le duvet une heureuse indolence
ÉBRANLERLe sacristain, bouillant de zèle et de courage, Le prend [un Quinault], se cache, approche, et, droit entre les yeux, Frappe du noble écrit l'athlète audacieux ; Mais c'est pour l'ébranler une faible tempête ; Le livre sans vigueur mollit contre sa tête
ÉBRANLERSur l'ais qui le soutient auprès d'un Avicenne, Deux des plus forts mortels l'ébranleraient à peine
ÉBRANLERRaffermis ma vertu, qu'ébranlent tes soupirs
ÉCHEVELÉ, ÉEElle accourt l'oeil en feu, la tête échevelée
ÉCOULER (S')La foule Avec un bruit confus par les portes s'écoule
ÉCUMANT, ANTELà bornant son discours, encor tout écumante, Elle souffle aux guerriers l'esprit qui la tourmente
EFFARÉ, ÉESon amante effarée Demeure le teint pâle....
EFFORTSur l'ais qui le soutient auprès d'un Avicenne, Deux des plus forts mortels l'ébranleraient à peine ; Le chanoine pourtant l'enlève sans effort
EFFRAYANT, ANTEMille oiseaux effrayants, mille corbeaux funèbres, De ces murs désertés habitent les ténèbres
ÉGLISED'un ciment éternel ton Église est bâtie, Et jamais de l'enfer les noirs frémissements N'en pourront ébranler les fermes fondements
ÉLANAux élans redoublés de sa voix douloureuse Tous ses valets tremblants quittent la plume oiseuse
ÉLANCERContre moi sur mon banc je le vois qui s'élance
ÉLIREQue l'on tire au billet ceux que l'on doit élire
EMBONPOINTCe discours, que soutient l'embonpoint du visage, Rétablit l'appétit, réchauffe le courage
ENCENSERQui voudra désormais encenser mes autels ?
ENFANTERLe monde, de qui l'âge avance les ruines, Ne peut plus enfanter de ces âmes divines
ENGRAISSERLes chanoines, vermeils et brillants de santé, S'engraissaient d'une longue et sainte oisiveté
ENTREMISEEt toi, fameux héros, dont la sage entremise De ce schisme naissant débarrassa l'Église
ENVISAGERL'un et l'autre rival, s'arrêtant au passage, Se mesure des yeux, s'observe, s'envisage
ÉPAISSEURSon menton sur son sein descend à double étage, Et son corps, ramassé dans sa courte grosseur, Fait gémir les coussins sous sa molle épaisseur
ÉPAULEJe vous ai vu cent fois sous sa main bénissante Courber servilement une épaule tremblante
ÉPINECouraient chercher le ciel au travers des épines
ESPÉRERJ'espérais y régner sans effroi ; Moines, abbés, prieurs, tout s'arme contre moi
ETOn dit que ton front jaune et ton teint sans couleur Perdit en ce moment son antique pâleur
ÉTAGEElle fuit, et, de pleurs inondant son visage, Seule pour s'enfermer vole au cinquième étage
ÉTAGESon menton sur son sein descend à double étage
ÉTENDRE[La Mollesse] Soupire, étend les bras, ferme l'oeil et s'endort
ÉTINCELERMais déjà la fureur dans vos yeux étincelle
ÉTROIT, OITEIl me favorisa même quelquefois de sa plus étroite confidence et me fit voir son ame entière, et que n'y vis-je point !
EXIGERSi, pour te prodiguer mes plus tendres caresses, Je n'ai point exigé ni serments, ni promesses
EXPLOITTous les jours il m'éveille au bruit de ses exploits
FAINÉANT, ANTEHélas ! qu'est devenu ce temps, cet heureux temps, Où les rois s'honoraient du nom de fainéants ?
FATIGUERJe me fatiguerais à te tracer le cours Des outrages cruels qu'il me fait tous les jours
FAUSSETEt Gorillon la basse et Grandin le fausset
FERMOIRUn vieil infortiat.... Où pendait à trois clous un reste de fermoir
FERTILEL'Église était alors fertile en grands courages
FEURien ne peut arrêter sa vigilante audace [de Louis XIV] ; L'été n'a point de feux, l'hiver n'a point de glace
FIELTant de fiel entre-t-il dans l'âme des dévots !
FIERTÉSa fierté l'abandonne, il tremble, il cède, il fuit
FLEURLa jeunesse en sa fleur brille sur son visage
FLEURIRParmi les doux plaisirs d'une paix fraternelle, Paris voyait fleurir son antique chapelle
FOLÂTRERLes plaisirs nonchalants folâtrent à l'entour
FORFAITÔ toi [ô nuit], de mon repos compagne aimable et sombre, à de si noirs forfaits prêteras-tu ton ombre ?
FORTUNÉ, ÉE....Et d'un bras fortuné Bénit subitement le guerrier consterné
FOUDROYERBruxelle attend le coup qui la doit foudroyer
FOUGUEUX, EUSELeur appétit fougueux, par l'objet excité, Parcourt tous les recoins d'un monstrueux pâté
FRAIS, FRAÎCHEDu reste, déjeunons, messieurs, et buvons frais
FRAPPEREt, droit entre les yeux, [il] Frappe du noble écrit l'athlète audacieux
FRATERNEL, ELLEParmi les doux plaisirs d'une paix fraternelle
FRAYEURIl donne à la frayeur ce qu'il doit au respect
FRÉMIREt déjà, tout confus, croyant midi sonné, En soi-même frémit de n'avoir pas dîné
FRÉMISSEMENTD'un ciment éternel ton église est bâtie, Et jamais de l'enfer les noirs frémissements N'en sauraient ébranler les fermes fondements
FRÉQUENTÉ, ÉEEntre ces vieux appuis dont l'affreuse grand'salle Soutient l'énorme poids de sa voûte infernale, Est un pilier fameux des plaideurs respecté Et toujours de Normands à midi fréquenté
FRIMASJ'allai chercher le calme au séjour des frimas
FRIVOLEMais, ô d'un déjeuner vaine et frivole attente !
FRONTSon front, nouveau tondu, symbole de candeur, Rougit en approchant d'une honnête pudeur
FRUCTUEUX, EUSELa grêle.... qui.... Abat l'honneur naissant des rameaux fructueux
FUIRSa fierté l'abandonne, il tremble, il cède, il fuit
FUNÈBREMille oiseaux effrayants, mille corbeaux funèbres De ces murs désertés habitent les ténèbres
FUREURQuelle fureur, dit-il, quelle aveugle caprice, Quand le dîner est prêt, vous appelle à l'office !
FUREURGilotin en gémit, et, sortant de fureur....
FURIETel qu'on voit un taureau qu'une guêpe en furie A piqué dans les flancs aux dépens de sa vie
FUSEAUTel, Hercule en filant rompait tous les fuseaux
FUSILBoirude ....Les arrête, et, tirant un fusil de sa poche, Des veines d'un caillou qu'il frappe au même instant, Il fait jaillir un feu qui pétille en sortant
GARDELe vigilant Girot.... C'est d'un maître si saint le plus digne officier ; La porte dans le choeur à sa garde est commise
GÉMIREvrard a beau gémir du repas déserté
GÉMIREt son corps, ramassé dans sa courte grosseur, Fait gémir les coussins sous sa molle épaisseur
GÉMISSEMENTEt l'orgue même en pousse un long gémissement
GENOU....Profanes, à genoux !
GÉSIRC'est là que du lutrin gît la machine énorme
GLACERien ne peut arrêter sa vigilante audace : L'été n'a point de feux ; l'hiver n'a point de glace
GLACEIl ne sent plus le poids ni les glaces de l'âge
GLACÉ, ÉES'il fallait, sans amis, briguant une audience, D'un magistrat glacé soutenir la présence
GOTHIQUEÀ ces mots il saisit un vieil infortiat, Inutile ramas de gothique écriture
GOTHIQUEL'élève de Barbin Veut en vain s'opposer à leur fureur gothique
GOUTTEUX, EUSEOn dit que ton front jaune et ton teint sans couleur Perdit en ce moment son antique pâleur, Et que ton corps goutteux, plein d'une ardeur guerrière, Pour sauter au plancher fit deux pas en arrière
GRAVEEt garde-toi de rire en ce grave sujet
GRÊLELes livres sur Évrard fondent comme la grêle
GROSSEUREt son corps, ramassé dans sa courte grosseur, Fait gémir les coussins sous sa molle épaisseur
GROSSIRPourquoi toi-même, en proie à tes vives douleurs, Cherches-tu sans raison à grossir tes malheurs ?
GUERREPendant que tout conspire à la guerre sacrée
GUERRIER, IÈRELà, bornant son discours, encor tout écumante, Elle souffle aux guerriers [les chanoines de la Sainte-Chapelle] l'esprit qui la tourmente
GUIDERMuse, c'est à ce coup que mon esprit timide Dans sa course élevée a besoin qu'on le guide
HABITERMille oiseaux effrayants, mille corbeaux funèbres De ces murs [la tour de Monthléry] désertés habitent les ténèbres
HAGARD, ARDEEt le barreau n'a point de monstres si hagards, Dont mon oeil n'ait cent fois soutenu les regards
HAIRELe moine secoua le cilice et la haire
HALEINELe vieillard, accablé de l'horrible Artamène, Tombe aux pieds du prélat sans pouls et sans haleine
HARDI, IEÔ toi.... Qui, par les traits hardis d'un bizarre pinceau, Mis l'Italie en feu pour la perte d'un seau
HASARDChacun s'arme au hasard du livre qu'il rencontre
HÂTÉ, ÉELes morceaux trop hâtés se pressent dans sa bouche
HERCULETel Hercule filant rompait tous les fuseaux
HERMINESans sortir de leurs lits plus doux que leurs hermines
HÉSITERLe nouveau Cicéron tremblant, décoloré, Cherche en vain son discours sur sa langue égaré ; ....Il hésite, il bégaie...
HEUREDonnons à ce grand oeuvre [la destruction du lutrin] une heure d'abstinence ; Et qu'au retour tantôt un ample déjeuner....
HEURTERLà, Xénophon dans l'air heurte contre un La Serre
HIVERL'été n'a point de feux, l'hiver n'a point de glace
HIVERLà, depuis trente hivers un hibou retiré
HONNEURMarchez, courez, volez où l'honneur vous appelle
HONNEURMartyr glorieux d'un point d'honneur nouveau
HONNEUR....La grêle Qui, dans un grand jardin, à coups impétueux, Abat l'honneur naissant des rameaux fructueux
HORREURD'une subite horreur leurs cheveux se hérissent
HORREUREt, dans la sacristie entrant, non sans terreur, En percent jusqu'au fond la ténébreuse horreur
HORREURPartez ; mais à ces mots les champions pâlissent, De l'horreur du péril leurs courages frémissent
HUISSIERValet souple au logis, fier huissier à l'église
HUMECTÉ, ÉED'un breuvage.... Gilotin, avant tout, le veut voir humecté
HUMILITÉL'ambition partout chassa l'humilité
HURLEMENTAllez donc de ce pas par de saints hurlements Vous-mêmes appeler les chanoines dormants
HURLERJe vois hurler en vain la chicane ennemie
HYPOTHÈQUESur quelle vigne à Reims nous avons hypothèque
IMPÉTUEUX, EUSEAu récit imprévu de l'horrible insolence, Le prélat hors du lit impétueux s'élance
INACCESSIBLEDes lits au bruit inaccessibles
INCAPABLELe seul chanoine Évrard, d'abstinence incapable, Ose encore proposer qu'on apporte la table
INDOLENT, ENTEQuatre boeufs attelés d'un pas tranquille et lent Promenaient dans Paris le monarque indolent
INFORTIATÀ ces mots il saisit un vieil infortiat Grossi des visions d'Accurse et d'Alciat
INJUREVous verrez tous les jours le chanoine insolent Au seul mot de hibou vous sourire en parlant ; Votre âme, à ce penser, de colère murmure ; Allez donc de ce pas en prévenir l'injure
INONDERIl va nous inonder des torrents de sa plume
INONDEREt chacun tour à tour s'inondant de ce jus [le vin], Célébrer, en buvant, Gilotin et Bacchus
IN-QUARTOD'un Pinchène in-quarto Dodillon étourdi
INQUIÉTUDEMais Évrard, en passant coudoyé par Boirude, Ne sait point contenir son aigre inquiétude
INSULTEEvrard seul, en un coin prudemment retiré, Se croyait à couvert de l'insulte sacré
INTERROMPRELa mollesse en pleurant.... Laisse tomber ces mots qu'elle interrompt vingt fois
INTRÉPIDITÉEn achevant ces mots, la déesse guerrière.... Rend aux trois champions leur intrépidité
IRRITANT, ANTEPar le sel irritant la soif est allumée
IVOIREL'ivoire [peigne] trop hâté deux fois rompt sur sa tête
JAILLIRDes veines d'un caillou qu'il frappe au même instant, Il fait jaillir un feu qui pétille en sortant
JAUNEOn dit que ton front jaune et ton teint sans couleur Perdit en ce moment son antique pâleur
JEUNESSELa jeunesse en sa fleur brille sur son visage
JOUREt toi, rebut du peuple, inconnu Caloandre, Dans ton repos, dit-on, saisi par Gaillerbois, Tu vis le jour alors pour la première fois
JOUTEQuand, la première fois, un athlète nouveau Vient combattre en champ clos aux joutes du barreau
JUSChargé d'une triple bouteille D'un vin.... L'odeur d'un jus si doux lui rend le faix moins rude
LAMENTERLe chantre désolé lamentant son malheur
LARGESSEJ'apprends que dans le temple où le plus saint des rois Consacra tout le fruit de ses pieux exploits, Et signala pour moi sa pompeuse largesse....
LENT, ENTEQuatre boeufs attelés, d'un pas tranquille et lent, Promenaient dans Paris le monarque indolent
LEVERLe prélat radouci veut se lever de table
LITDans le réduit obscur d'une alcôve enfoncée S'élève un lit de plume à grands frais amassée
LIVREChez le libraire absent tout entre, tout se mêle ; Les livres sur Évrard fondent comme la grêle Qui, dans un grand jardin, à coups impétueux, Abat l'honneur naissant des rameaux fructueux ; Chacun s'arme au hasard du livre qu'il rencontre
LOIMais ne présume pas qu'en te donnant ma foi L'hymen m'ait pour jamais asservi sous ta loi
LONGUEURL'espoir d'un juste gain.... Pourrait de ton absence adoucir la longueur
LUTRINJe chante les combats, et ce prélat terrible Qui.... Fit placer à la fin un lutrin dans le choeur
MACHINEC'est là que du lutrin gît la machine énorme
MAGISTRATS'il fallait, sans amis, briguant une audience, D'un magistrat glacé soutenir la présence....
MAGNIFICATSeul à magnificat je me vois encensé
MAILLETBrontin tient un maillet et Boirude un marteau
MAIRELes rois .... Laissaient leur sceptre aux mains ou d'un maire ou d'un comte
MANTEAUIl [le prélat] tire du manteau sa dextre vengeresse ; Il part, et, de ses doigts saintement allongés, Bénit tous les passants, en deux files rangés
MARCHE...le prélat vers lui fait une marche adroite
MARCHERIllustre porte-croix, par qui notre bannière N'a jamais, en marchant, fait un pas en arrière
MARCHERMarchez, courez, volez où l'honneur vous appelle
MARGUILLIEREt son rare savoir, de simple marguillier, L'éleva par degrés au rang de chevecier
MARQUED'une longue soutane il endosse la moire, Prend ses gants violets, les marques de sa gloire
MARTYR, YREEt martyr glorieux d'un point d'honneur nouveau
MARTYREDans les temps orageux de mon naissant empire [de la religion], Au sortir du baptême on courait au martyre
MASSEIl faut que trois de nous.... du lutrin rompu réunissant la masse, Aillent d'un zèle adroit le remettre en sa place
MATINMais un démon fatal à cette ample machine Fit tomber à nos yeux le pupitre un matin
MATINESSans sortir de leurs lits, plus doux que leurs hermines, Ces pieux fainéants faisaient chanter matines
MÈCHEEt bientôt au brasier d'une mèche enflammée Montre, à l'aide du soufre, une cire allumée
MÊLERChez le libraire absent tout entre, tout se mêle
MENACERLa discorde en ces lieux menace de s'accroître
MENACER[Deux taureaux] à l'aspect l'un de l'autre embrasés, furieux, Déjà le front baissé, se menacent des yeux
MENTONSon menton sur son sein descend à double étage
MESSAGER, ÈREDes désastres fameux ce messager fidèle [un hibou] Sait toujours des malheurs la première nouvelle
MESURERLes guerriers de ce coup vont mesurer la terre
MESURERL'un et l'autre rival, s'arrêtant au passage, Se mesure des yeux, s'observe, s'envisage
MEURTRISSUREChaque coup sur la chair laisse une meurtrissure
MIDIEt déjà, tout confus, tenant midi sonné, En soi-même frémit de n'avoir pas dîné
MINISTRECes valets, autour d'eux étendus, De leur sacré repos ministres assidus
MITRETu dors ! attends-tu donc que, sans bulle et sans titre, Il te ravisse encor le rochet et la mitre ?
MOELLEUX, EUSEQue chacun prenne en main le moelleux Abéli [auteur de la Moelle théologique]
MOIÀ moi, à moi, soldats ! À moi, Girot, je veux que mon bras m'en délivre [du lutrin]
MOINDRELe moindre d'entre nous, sans argent, sans appui, Eût plaidé le prélat et le chantre avec lui
MOIRED'une longue soutane il endosse la moire
MOISSONIls s'adorent l'un l'autre ; et ce couple charmant S'unit longtemps, dit-on, avant le sacrement ; Mais, depuis trois moissons, à leur saint assemblage L'official a joint le nom de mariage
MOLLESSEL'air qui gémit du cri de l'horrible déesse [la Discorde], Va jusque dans Cîteaux réveiller la Mollesse ; C'est là qu'en un dortoir elle fait son séjour ; Les plaisirs nonchalants folâtrent à l'entour : L'un pétrit dans un coin l'embonpoint des chanoines ; L'autre broie en riant le vermillon des moines
MOLLIRLe livre [un Quinault lancé contre le chanoine Évrard] sans vigueur mollit contre sa tête
MOMENTMais le barbier, qui tient les moments précieux
MONCEAU[La chicane].... dévorant maisons, palais, châteaux entiers, Rend pour des monceaux d'or de vains tas de papiers
MONDELe monde, de qui l'âge avance les ruines, Ne peut plus enfanter de ces âmes divines
MONSTRECependant cet oiseau qui prône les merveilles, Ce monstre composé de bouches et d'oreilles, La renommée...
MONSTRUEUX, EUSELeur appétit fougueux, par l'objet excité, Parcourt tous les recoins d'un monstrueux pâté
MONTERIls montent au sommet de la fatale église
MONTERLe fidèle.... Fuyant des vanités la dangereuse amorce, Aux honneurs appelé, n'y montait que par force
MONTERDe l'auguste chapelle ils montent les degrés
MORCEAULes morceaux trop hâtés se pressent dans sa bouche
MORCEAUL'ivoire trop hâté deux fois rompt sur sa tête, Et deux fois de sa main le buis tombe en morceaux
MORTEL, ELLESur l'ais qui le soutient, auprès d'un Avicenne, Deux des plus forts mortels l'ébranleraient à peine [un infortiat]
MORTEL, ELLELe prélat.... Tout d'un coup tourne à gauche, et d'un bras fortuné Bénit subitement le guerrier consterné ; Le chanoine surpris de la foudre mortelle....
MOTLe prélat.... Leur confie en ces mots sa trop juste douleur
MOU, MOLLEOn apporte à l'instant ses somptueux habits, Où sur l'ouate molle éclate le tabis
MOURIRLe chantre désolé, lamentant son malheur, Fait mourir l'appétit et naître la douleur
MUET, ETTEEt le triste orateur Demeure enfin muet aux yeux du spectateur
MUGIRLes murs en sont émus, les voûtes en mugissent
MUIDVingt muids rangés chez moi font ma bibliothèque
MUSEMuse, redis-moi donc quelle ardeur de vengeance De ces hommes sacrés rompit l'intelligence
NAISSANT, ANTELa grêle Qui.... à coups impétueux Abat l'honneur naissant des rameaux fructueux
NAPPELa déesse, en entrant, qui voit la nappe mise, Admire un si bel ordre
NECTARSitôt que du nectar la troupe est abreuvée
NEFIls passent de la nef la vaste solitude
NIJe n'ai point exigé ni serments, ni promesses
NITREDu corps de ce dragon plein de soufre et de nitre
NOIR, OIREQuand la Discorde encor toute noire de crimes
NONCHALANT, ANTELes plaisirs nonchalants folâtrent à l'entour
NOURRI, IECe guerrier dans l'Église aux querelles nourri
NOVICEGuillaume, enfant de choeur, prête sa main novice
NUESes murs [de la tour de Montlhéri]... Sur la cime d'un roc s'allongent dans la nue
NUÉEDu fond de notre sacristie Une épaisse nuée à longs flots est sortie, Qui, s'ouvrant à mes yeux dans son bleuâtre éclat, M'a fait voir un serpent conduit par le prélat
NUIREJ'abats ce qui me nuit partout où je le trouve
NUITOn reposait la nuit, on dormait tout le jour
NUITMais la Nuit aussitôt de ses ailes affreuses Couvre des Bourguignons les campagnes vineuses
NUITMais jusque dans la nuit de mes sacrés déserts....
OBLIQUEPar les détours étroits d'une barrière oblique, Ils gagnent les degrés et le perron antique
OBSERVERL'un et l'autre rival, s'arrêtant au passage, Se menace des yeux, s'observe, s'envisage
OEILMais le prélat vers lui fait une marche adroite, Il l'observe de l'oeil
OEUVREDonnons à ce grand oeuvre une heure d'abstinence
OFFICELes trois que Dieu destine à ce pieux office
OFFICEL'office de la nuit, du matin, du soir Quelle fureur, dit-il, quel aveugle caprice, Quand le dîner est prêt, vous appelle à l'office ?
OFFICIALMais, depuis trois moissons, à leur saint assemblage L'official a joint le nom de mariage
OFFICIERLe vigilant Girot court à lui [le chantre de la Sainte Chapelle] le premier ; C'est d'un maître si saint le plus digne officier ; La porte dans le choeur à sa garde est commise
OISEUX, EUSESors de ce lit oiseux qui te tient attaché
OISIVETÉLes chanoines vermeils et brillants de santé S'engraissent d'une sainte et longue oisiveté
OMBRAGERCe pupitre fatal qui me doit ombrager
ORATEUR....Et le triste orateur Demeure enfin muet aux yeux du spectateur
ORDRELa déesse en entrant, qui voit la nappe mise, Admire un si bel ordre, et reconnaît l'Église
ORÉMUSLe chantre aux yeux du choeur étale son audace, Chante les orémus, fait des processions
Hélas ! qu'est devenu ce temps, cet heureux temps Où les rois s'honoraient du nom de fainéants ?
OUATEOù sur l'ouate molle éclate le tabis
PAIXQuand la discorde encor toute noire de crimes.... Avec cet air affreux qui fait frémir la Paix
PALAISPour augmenter l'effroi la Discorde infernale Monte dans le palais, entre dans la grand'salle
PÂLEUROn dit que ton front jaune et ton teint sans couleur Perdit en ce moment son antique pâleur
PAPIER[La chicane] Rend pour des monceaux d'or de vains tas de papiers
PARCOURIRLeur appétit fougueux, par l'objet excité, Parcourt tous les recoins d'un monstrueux pâté
PARDONQuoi ? le pardon sonnant te retrouve en ces lieux ?
PARÉ, ÉE....Il se peigne, il s'apprête ; L'ivoire trop hâté deux fois rompt sur sa tête.... Il sort demi-paré....
PARESSEOù donc est ce grand coeur dont tantôt l'allégresse Semblait du jour trop long accuser la paresse ?
PARMI....Parmi les douceurs d'un tranquille silence
PARTIRIl veut partir à jeun ; il se peigne, il s'apprête
PARTISANGilotin en gémit, et, sortant, de fureur, Chez tous ses partisans va semer la terreur
PASIllustre porte-croix, par qui notre bannière N'a jamais, en marchant, fait un pas en arrière
PASSERIls passent de la nef la vaste solitude, Et dans la sacristie entrant, non sans terreur....
PÂTÉUn monstrueux pâté
PATERNEL, ELLEEt d'un ton paternel réprimant ses douleurs : Laisse au chantre, dit-il, la tristesse et les pleurs
PEIGNERIl veut partir à jeun ; il se peigne, il s'apprête
PÉNÉTRERLe prélat pousse un cri qui pénètre la nue
PERRONIl gagne les degrés et le perron antique Où, sans cesse étalant bons et mauvais écrits, Barbin vend aux passants des auteurs à tous prix
PERRUQUIERCe nouvel Adonis, à la blonde crinière, Est l'unique souci d'Anne sa perruquière
PÉTRIRL'un pétrit dans un coin l'embonpoint des chanoines
PIEDIl sait que l'ennemi, que ce coup va surprendre, Désormais sur ses pieds ne l'oserait attendre
PIÉTÉLa Piété sincère, aux Alpes retirée, Du fond de son désert entend les tristes cris De ses sujets cachés dans les murs de Paris
PILIEREntre ces vieux appuis dont l'affreuse grand'sale Soutient l'énorme poids de sa voûte infernale, Est un pilier fameux des plaideurs respecté, Et toujours de Normands à midi fréquenté
PINCEAU[ô toi] Qui, par les traits hardis d'un bizarre pinceau, Mis l'Italie en feu pour la perte d'un sceau
PIQUERTel qu'on voit un taureau qu'une guêpe en furie A piqué dans les flancs aux dépens de sa vie
PIVOTLe sacristain achève en deux coups de rabot, Et le pupitre enfin tourne sur son pivot
PLACELà le chantre à grand bruit arrive et se fait place
PLAIDERLe moindre d'entre nous, sans argent, sans appui, Eût plaidé le prélat et le chantre avec lui
PLAINTIF, IVELa plaintive Progné de douleur en frémit
PLANCHEREt que ton corps goutteux, plein d'une ardeur guerrière, Pour sauter au plancher fit deux pas en arrière
PLEIN, EINELe souper hors du choeur chasse les chapelains, Et de chantres buvants les cabarets sont pleins
PLUMEDans le réduit obscur d'une alcôve enfoncée S'élève un lit de plume à grands frais amassée
PLUMEMais en vain dans leur lit un juste effroi les presse ; Aucun ne laisse encor la plume enchanteresse
POIGNÉEAussitôt de longs clous il prend une poignée
PORTE-CROIXIllustre porte-croix, par qui notre bannière N'a jamais en marchant fait un pas en arrière
POUDREOh ! que d'écrits obscurs, de livres ignorés Furent en ce grand jour de la poudre tirés !
POUDREUX, EUSELà, sur des tas poudreux de sacs et de pratique, Hurle tous les matins une sibylle étique
POULSLe vieillard, accablé de l'horrible Artamène, Tombe au pied du prélat, sans pouls et sans haleine
POURRI, IESes ais demi-pourris [du lutrin], que l'âge a relâchés, Sont à coups de maillet unis et rapprochés
POURVOIRBrontin.... sort.... chargé d'une triple bouteille D'un vin dont Gilotin, qui savait tout prévoir, Au sortir du conseil eut soin de le pourvoir
POUSSIÈRE[Le hibou] De ses ailes en l'air secouant la poussière
PRATIQUELà sur des tas poudreux de sacs et de pratique
PRÉCIEUX, EUSEMais le barbier, qui tient les moments précieux
PRÉFETAinsi lorsqu'en un coin, qui leur tient lieu d'asile, D'écoliers libertins une troupe indocile, Loin des yeux d'un préfet au travail assidu, Va tenir quelquefois un brelan défendu
PRÉLATEst-ce pour travailler que vous êtes prélat ?
PREMIER, IÈREMais enfin rappelant son audace première
PRESSERLes morceaux trop hâtés se pressent dans sa bouche
PRÊTERÔ toi [nuit], de mon repos compagne aimable et sombre, à de si noirs forfaits prêteras-tu ton ombre ?
PRÊTERGuillaume, enfant de choeur, prêta sa main novice [pour un tirage au sort]
PRIEURJe [moi, la Mollesse] croyais.... Que l'Église du moins m'assurait un asile ; Mais en vain j'espérais y régner sans effroi ; Moines, abbés, prieurs, tout s'arme contre moi
PRIXLe perron antique Où sans cesse, étalant bons et mauvais écrits, Barbin vend aux passants des auteurs à tout prix
PROCESSIONLe chantre aux yeux du choeur étale son audace, Chante les orémus, fait des processions, Et répand à grands flots les bénédictions
PRODIGUEVers ce temple fameux, si cher à tes désirs, Où le ciel fut pour toi si prodigue en miracles
PROMENERQuatre boeufs attelés, d'un pas tranquille et lent, Promenaient dans Paris le monarque indolent
PRÔNERCependant cet oiseau qui prône les merveilles [la Renommée]
PROPOSERLe seul chanoine Évrard, d'abstinence incapable, Ose encor proposer qu'on apporte la table
PROUESSEMais bientôt, rappelant son antique prouesse, Il [le prélat] tire du manteau sa dextre vengeresse
PRUDEMMENTÉvrard seul, dans un coin prudemment retiré, Se croyait à couvert de l'insulte sacré
PUPITREEt le pupitre enfin tourne sur son pivot
QUARTIERCe perruquier superbe est l'effroi du quartier, Et son courage est peint sur son visage altier
QUEInconnu dans l'église, ignoré dans ce lieu, Je ne pourrai donc plus être vu que de Dieu
QUILa déesse en entrant qui voit la nappe mise
RABAISSEREn plaçant un pupitre on croit nous rabaisser
RABOTLe sacristain achève en deux coups de rabot
RADIEUX, EUSEÀ peine sur son banc on discernait le chantre, Tandis qu'à l'autre banc le prélat radieux, Découvert au grand jour, attirait tous les yeux
RADOUCI, IEÀ l'aspect imprévu de leur foule agréable Le prélat radouci veut se lever de table
RAFFERMI, MIE....L'oiseau sort ; l'escadron raffermi Rit du honteux départ d'un si faible ennemi [un hibou]
RAFFERMIRRaffermis ma vertu, qu'ébranlent tes soupirs
RAFFINEMENTLes chagrins dévorants et l'infâme ruine, Enfants infortunés de ses raffinements [de la chicane]
RALLIERTa valeur, arrêtant les troupes fugitives, Rallia d'un regard leurs cohortes craintives
RALLONGERSes griffes [de la chicane], vainement par Pussort accourcies, Se rallongent déjà, toujours d'encre noircies
RALLUMERIls rallument le feu de leur bougie éteinte
RAMASUn vieil infortiat, Grossi des visions d'Accurse et d'Alciat, Inutile ramas de gothique écriture
RAMASSÉ, ÉEEt son corps, ramassé dans sa courte grosseur, Fait gémir les coussins sous sa molle épaisseur
RAMEAUComme la grêle Qui, dans un grand jardin, à coups impétueux, Abat l'honneur naissant des rameaux fructueux
RANGÉ, ÉEVingt muids rangés chez moi font ma bibliothèque
RAPPELERLa force l'abandonne ; et sa bouche, trois fois Voulant le rappeler, ne trouve plus de voix
RAPPELERMais enfin rappelant son audace première
RAPPORTEUR, EUSEOu, d'un nouveau procès hardi solliciteur, Aborder sans argent un clerc de rapporteur ?
RAPPROCHERSes ais demi-pourris, que l'âge a relâchés, Sont, à coup de maillet, unis et rapprochés
RASERBoirude fuit le coup : le volume effroyable Lui rase le visage
RATTRAPERSa servante Alison la rattrape et la suit
REBELLELe chanoine, surpris de la foudre mortelle [la bénédiction], Se dresse, et lève en vain une tête rebelle
RÉCHAPPERTout s'écarte à l'instant ; mais aucun n'en réchappe [de la bénédiction]
RÉCHAUFFÉ, ÉESouvenez-vous bien Qu'un dîner réchauffé ne valut jamais rien
RÉCHAUFFERCe discours, que soutient l'embonpoint du visage, Rétablit l'appétit, réchauffe le courage
RECOINLeur appétit fougueux, par l'objet excité, Parcourt tous les recoins d'un monstrueux pâté
REDIREMuse, redis moi donc quelle ardeur de vengeance De ces hommes sacrés rompit l'intelligence
REDRESSÉ, ÉEUn rival orgueilleux.... A détruit le lutrin par nos mains redressé
RÉDUITDans le réduit obscur d'une alcôve enfoncée S'élève un lit de plume à grands frais amassée
RÉFORMEJ'ai vu dans Saint-Denis la réforme établie
REFUGELà [dans la tour de Montlhéri], depuis trente hivers un hibou retiré Trouvait contre le jour un refuge assuré
REGAGNERDes chantres désormais la brigade timide S'écarte, et du palais regagne les chemins
RÈGLEEt la règle déjà se remet dans Clairvaux
RÉGLERVierge, effroi des méchants, appui de mes autels, Qui, la balance en main, règles tous les mortels
RÉGNERDans le réduit obscur d'une alcôve enfoncée.... Là, parmi les douceurs d'un tranquille silence, Règne sur le duvet une heureuse indolence
REGRETTERBrontin en est ému [d'un bruit redoutable] ; le sacristain pâlit ; Le perruquier commence à regretter son lit
REINEReine des longs procès, dit-il [à la Chicane], dont le savoir Rend la force inutile et les lois sans pouvoir
RELÂCHERSes ais demi-pourris [d'un lutrin], que l'âge a relâchés, Sont à coups de maillet unis et rapprochés
RELEVERLa Mollesse, en pleurant, sur un bras se relève, Ouvre un oeil languissant....
RELIÉ, ÉEL'un prend le seul Jonas qu'on ait vu relié, L'autre un Tasse français, en naissant oublié
REMETTREChacun bénit tout haut l'arbitre des humains, Qui remet leur bon droit en de si bonnes mains
REMETTREEt la règle déjà se remet dans Clairvaux
REMONTERAussitôt dans le choeur la machine emportée Est sur le banc du chantre à grand bruit remontée
REMPARTEt ses ruses [de la chicane], perçant et digues et remparts, Par cent brèches déjà rentrent de toutes parts
REMPLIR....L'esprit enivré d'une douce fumée [dans un songe], J'ai cru remplir au choeur ma place accoutumée
RENCONTRERChez le libraire absent tout entre, tout se mêle.... Chacun s'arme au hasard du livre qu'il rencontre
RENDREPour consumer autrui, le monstre [la chicane] se consume, Et, dévorant maisons, palais, châteaux entiers, Rend pour des monceaux d'or de vains tas de papiers
RENDREEn achevant ces mots, la déesse guerrière.... Rend aux trois champions leur intrépidité
RENDREJe sais ce qu'un fermier nous doit rendre par an
RENOMMÉELorsque d'un pied léger la prompte Renommée, Semant partout l'effroi, vient au chantre éperdu Conter l'affreux détail de l'oracle rendu
REPASÉvrard a beau gémir du repas déserté ; Lui-même est au barreau par le nombre emporté
RÉPONDREIl va nous inonder des torrents de sa plume ; Il faut, pour lui répondre, ouvrir plus d'un volume
REPORTERTu sais par quel conseil, rassemblant le chapitre, Lui-même [le chantre], de sa main, reporta le pupitre
RESPECTLe prélat voit la soupe, et, plein d'un saint respect, Demeure quelque temps muet à cet aspect
RESPIRERChacun, plein de mon nom, ne respirait que moi
RESSASSERUn des noms reste encore, et le prélat par grâce Une dernière fois les brouille et les ressasse
RESSORTIls sortent à l'instant, et, par d'heureux efforts, Du lugubre instrument [une crécelle] font crier les ressorts
RESSOUVENIRMéritez les lauriers qui vous sont réservés, Et ressouvenez-vous quel prélat vous servez
RESTELe chantre, s'arrêtant à cet endroit funeste, à ses yeux effrayés laisse dire le reste
RESTERViens, Girot, seul ami qui me reste fidèle
RÉTABLIRCe discours, que soutient l'embonpoint du visage, Rétablit l'appétit, réchauffe le courage
RETIRÉ, ÉEÉvrard seul, en un coin prudemment retiré, Se croyait à couvert de l'insulte sacré
RETIRERLa lune, qui du ciel voit leur démarche altière, Retire en leur faveur sa paisible lumière
RETOURNEREt de leur vain projet les chanoines punis S'en retournent chez eux éperdus et bénis
RÉUNIREt du lutrin rompu réunissant la masse
RÉVEILLERJ'ai crié, mais en vain, et, fuyant sa fureur [d'un dragon en un rêve], Je me suis réveillé plein de trouble et d'horreur
REVOLERMais la nuit aussitôt de ses ailes affreuses Couvre des Bourguignons les campagnes vineuses, Revole vers Paris....
RIDEAUQuatre rideaux pompeux, par un double contour, En défendent l'entrée [d'une alcôve] à la clarté du jour
RIDERCe vieillard dans le choeur a déjà vu quatre âges.... à l'aspect du prélat qui tombe en défaillance, Il devine son mal, il se ride, il s'avance
RIREEt toi [Lamoignon].... Viens d'un regard heureux animer mon projet, Et garde-toi de rire en ce grave sujet
RIREElle voit le barbier, qui, d'une main légère, Tient un verre de vin qui rit dans la fougère (voy. FOUGÈRE, n° 2)
RIVAL, ALEL'un et l'autre rival, s'arrêtant au passage, Se mesure des yeux, s'observe, s'envisage
ROCHETTu dors ! attends-tu donc que, sans bulle et sans titre, Il [le chantre] te ravisse encor le rochet et la mitre ?
ROGNERIl [le chantre] saisit, en pleurant, ce rochet qu'autrefois Le prélat trop jaloux lui rogna de trois doigts
ROMPRETel Hercule filant rompait tous ses fuseaux
ROMPREMuse, redis-moi donc quelle ardeur de vengeance De ces hommes sacrés rompit l'intelligence
ROMPREIl se peigne, il s'apprête ; L'ivoire trop hâté deux fois rompt sur sa tête
ROULER[Deux champions frappés par un infortiat] .... du bois et des clous meurtris et déchirés, Longtemps loin du perron roulent sur les degrés
RUDEBrontin.... Sort à l'instant, chargé d'une triple bouteille.... L'odeur d'un jus si doux lui rend le faix moins rude
RUSÉ, ÉEAttendez, leur dit-il, couple lâche et rusé
SACLà, sur des tas poudreux de sacs et de pratique, Hurle tous les matins une sibylle étique
SACRÉ, ÉEQuelle ardeur de vengeance De ces hommes sacrés rompit l'intelligence ?
SACREMENTIls s'adorent l'un l'autre, et ce couple charmant S'unit longtemps, dit-on, avant le sacrement
SACRISTIEJ'eus beau prendre le ciel et le chantre à partie, Il fallut l'emporter [le lutrin] dans notre sacristie, Où, depuis trente hivers sans gloire enseveli, Il languit tout poudreux dans un honteux oubli
SAINTEMENTIl [le prélat] tire du manteau sa dextre vengeresse ; Il part, et, de ses doigts saintement allongés, Bénit tous les passants, en deux files rangés
SAISONReine des longs procès.... Si, dès mes premiers ans, heurtant tous les mortels, L'encre a toujours pour moi coulé sur tes autels, Daigne encor me connaître en ma saison dernière
SALLEEntre ces vieux appuis dont l'affreuse grand'salle Soutient l'énorme poids de sa voûte infernale
SAPERSur l'ennemi commun [le lutrin] ils fondent en tumulte ; Ils sapent le pivot, qui se défend en vain
SAUTEROn dit.... que ton corps goutteux, plein d'une ardeur guerrière, Pour sauter au plancher fit deux pas en arrière
SCEPTRE[Les rois fainéants] Laissaient leur sceptre aux mains ou d'un maire ou d'un comte
SCIEEt derrière son dos qui tremble sous le poids, Il attache une scie en forme de carquois
SEAUÔ toi [Muse].... Qui, par les traits hardis d'un bizarre pinceau, Mis l'Italie en feu pour la perte d'un seau
SÉCHERVa maigrir, si tu veux, et sécher sur un livre
SECOUER[Le hibou] De ses ailes dans l'air secouant la poussière
SECOUERLe moine secoua le cilice et la haire
SEINMais une église seule à ses yeux immobile Garde au sein du tumulte une assiette tranquille
SELPar le sel irritant la soif est allumée

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