Définition de NEF
Prononciation : nèf
DÉFINITIONS
1
Synonyme poétique de navire.Il devait mieux remplir nos voeux et notre attente, Faire voir sur ses nefs la victoire flottante
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. I, 1
[Gens] À qui la demeure des villes Plaisait plus que celle des nefs
de Paul SCARRON dans Virg. VI
Peut-être ces débris promenés par les flots Sont-ils ceux de la nef qui portait ce héros !
de Jean-François DUCIS dans Oscar, I, 2
La nef tourne, s'abîme et disparaît aux yeux
de Jacques DELILLE dans Énéide, I
Sa nef avait franchi les colonnes d'Alcide
de Jacques DELILLE dans Trois règnes, VI
Dès qu'on signale une nef vagabonde, Serait-ce lui [Napoléon] ? disent les potentats ?
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Cinq mai.
Quand sur le flot sombre et grossi Je risquai ma nef insensée, Moi je cherchais un monde aussi
de Victor HUGO dans Feuilles d'automne, IX
2
Moulin à nef, moulin à eau construit sur un bateau.Nef ou bateau de Condé, sorte de bateau naviguant sur les rivières du Nord et assez semblable aux alléges de la Seine.
3
La partie d'une église qui est depuis le portail jusqu'au choeur et entre les deux rangées de piliers qui soutiennent la voûte ; ainsi dite par assimilation de forme avec un navire.Ils passent de la nef la vaste solitude
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Lutr. III
Nef centrale, la nef, par opposition aux collatéraux.
Nefs latérales, les bas côtés d'une église.
Aujourd'hui, on ne donne plus le nom de nef qu'à la nef centrale, et pour les nefs latérales on dit les bas côtés, les collatéraux.
4
Petite machine en forme de navire où l'on enfermait le couvert du roi, et qui se servait sur un bout de la table.Il y eut un grand couvert chez Madame la Dauphine, où Monsieur le Dauphin dîna ; Villacerf, son premier maître d'hôtel, la servit avec le bâton ; la nef était sur la table du prêt [le dîner servi tout prêt]
de DANGEAU dans Journal, t. XIII, p. 452
François Ier fut très offensé par les billets qu'ils [les protestants] firent couler dans la nef dont on le servait à table
de VARILLAS dans dans BAYLE, Dict. Melanchthon, note N.
5
Dans la vie privée du moyen âge, on appelait nef un vase allongé et de vaste capacité, qu'on plaçait sur la table en face du seigneur. Cette nef contenait tout ce que la cuisine ne fournissait pas ; j'entends les épices, les vins, les vases à boire, les cuillers. DE LABORDE, Émaux, p. 403.HISTORIQUE
1
XIe s.Jo jettai voz choses de la nef par poür [peur] de mort
dans Lois de Guill. 38
2
XIIe s.Si com fait nes que vens guie
dans Couci, III
3
XIIIe s.Nous ferons, dist li dus, vaissiaus pour passer quatre mille et cinq cens chevaux, et nes pour passer quatre mille cinq cens chevaliers
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans XIV
Nous apelons nef qui cort par mer ou par flueve ou par estanc, jà soit ce que ele soit petite
dans Dig. f° 165
4
XIVe s.En la maniere que l'en fait en medecine et en l'art de gouverner une naif
de Nicolas ORESME dans Eth. 36
La grant nef d'or, à deux angres [anges] sur les deux bouts, à iij escuçons esmailliez de France, dont les deux sont à iij fleurs de lys et les autres semez de fleurs de lys à vi lyons d'or qui la soustiennent
de Léon de LABORDE dans Émaux, p. 404
5
XVe s.Ceux qui dient la messe et l'escripture De l'evangile, Si sont dehors et les gens de la ville ; Et en la nef sont les dames sans guile, Qui respondent de haulte voix habile à ceulx de hors
de Christine de PISAN dans Dit de Poissy
À Jehan Tarenne, changeur, pour avoir fait faire et forgier une grant nef d'argent doré, asise sur VI tigres, et est laditte nef esmaillée tout autour à oiseaux enlevez des armes de France, et aux deux bouts d'icelle nef sur deux terrasses a deux paons qui font la roue, esmaillées de leur couleur
de Léon de LABORDE dans Émaux, p. 404
6
XVIe s.L'artillerie au champ sembloit tonnerre, Les grosses naux de Pregent respondoyent
de Jean des Mares ou Des Marets, dit Jean MAROT dans V, 29
Chascun se retira en sa nauf, et, en bonne heure, feirent voille on vent grec levant
de François RABELAIS dans Pant. IV, 1
Comme une nave attachée au rivage, Venu le vent, rompt tout chable et cordage
de Jacques AMYOT dans De la vertu morale, 13
Qui entre en nef n'a pas vent à gré
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. II, p. 142
ÉTYMOLOGIE
1
Wallon, nâve, bateau ; provenç. nau ; esp. nave ; port. nao ; ital. nave ; du lat. navem ; sansc. nau (a accent long) ; la racine est snu, couler, nager : nau(a accent long), navis, signifie donc la nageante.