L'oeuvre Morales de Jacques AMYOT
Ecrit par Jacques AMYOT
Citations de "Morales"
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ABANDON | Comme le vent souffle à son abandon Le duvet blanc du vieux chenu chardon... |
ABANDONNER | Il seroit estrange que nous qui voulons estre tenus pour gens de bien, laississions porter par terre nostre vertu et l'abandonnissions |
ABOYER | Nous nous courrouceons contre les chiens qui nous abayent et contre les asnes qui nous regibbent |
ACCESSION | Je ne trouve pas estrange que aux bonnes parties qui jà estoient en toy, il y ait une accession et accroissement si grand |
ACCLAMATION | Aussi ne fault il pas inconsideréement user de toutes sortes d'acclamations à la louange du disant |
ADHÉRER | Le vice adhere toujours aux entrailles de celuy qui s'en est une fois emparé |
ADMINISTRATEUR, TRICE | Ayans soubs eulx des commis, des receveurs et administrateurs |
ADMINISTRATION | Ils veulent que pour eulx les aultres soient nonchalans et oublians du devoir en l'administration d'un magistrat, en leurs jugements et en leurs actions |
ADROIT, OITE | Carneades souloit dire que les enfants des roys et des riches n'apprenoient rien adroit, qu'à picquer et manier les chevaulx |
AÉRER | Le meilleur seroit de ne se tenir du tout point en maison qui fut mal aerée |
AFFILER | Langue je n'ay diserte et affilée Pour haranguer devant une assemblée |
AGRAFE | Ne plus ne moins que les chirurgiens se servent des tiredents et des agraphes à joindre les levres des playes |
AIGRE | L'abeille trouve naturellement es plus aigres fleurs et parmy les plus aspres espines le plus parfaict miel et le plus utile |
ALENTOUR ou À L'ENTOUR | Ils se perdent eulx mesmes, dansant, comme l'on dit en commun proverbe, la danse d'alentour du puis |
ALLÈCHEMENT | Les allechements du plaisir |
ALLÉGEMENT | Cela au moins apporte quelque gracieux et honeste allegement à leur passion |
AMASSEUR | On est bien aise d'ouïr ceulx qui se nomment amasseurs de sagesse |
AMBIDEXTRE | Où beaulté est, ambidextre je suis |
AMERTUME | Elle engendre en l'ame une mauvaise habitude, que l'on appelle cholere, laquelle finablement devient un feu d'ire soudain, une amertume vindicative |
AMI, IE | Ces amis de fricassée et de nappe mise |
AMIDON | Celuy qui auparavant et hier rejettoit avec horreur des oeufs, de l'amidon et du pain le plus blanc du monde, aujourd'hui mange du pain bis |
ANCHE | Marsyas qui inventa la hanche pour emboucher le hautbois |
ANSE | Les sciences mathematiques ne sont pas si proprement les anses de la philosophie, comme vouloit dire Xenocrates, comme le sont les passions des jeunes gens |
APPROCHE | Le flatteur vient de loing tournant tout à l'entour, et puis fait ses approches petit à petit, sans faire bruit |
ARGUER | Ses mouvemens et ses contenances arguent et monstrent grande foiblesse et bassesse |
ARTIFICE | Si nous prenons le vray flatteur qui sçache bien avec artifice et dexterité grande mener le mestier |
ARTIFICIELLEMENT | Que celuy qui est studieux d'eloquence y note diligemment ce qu'il y a d'escrit purement et artificiellement [avec art] |
ARTISON | Ne plus ne moins que les artisons s'engendrent et se mettent principalement es bois tendres et doulx |
ASPÉRITÉ | Ayant estudié de le rendre plus clair qu'il m'a esté possible, en si profonde obscurité bien souvent, et si scabreuse et si raboteuse asperité presque partout |
ASSIDU, UE | Le flatteur est en cela assidu, continuel, sans jamais se lasser |
ATTENDRIR | Ceulx qui trempent le fer, après qu'ils l'ont amolly et attendry par le feu.... |
AUBE | Dès l'aube du jour |
AUDITOIRE | Ceulx aussi qui maintenant introduisent es auditoires des mots estranges, en voulant louer ceulx qui harenguent |
AUSTÈREMENT | Ils aiment mieulx vivre mollement à leur plaisir, comme leur maistre Menedemus, que durement et austerement, comme je les enseigne |
AVEUGLER | Ceulx qui veulent à plein fond regarder le cercle mesme du soleil, ils s'aveuglent |
BADINERIE | Ce sera quelqu'un qui fera mention d'une autre personne en bonne part [dans les épitaphes], ou celuy-là est le meilleur amy que j'aye, et plusieurs autres escripts pleins de telle badinerie |
BÂILLEMENT | Un ris, un baillement, comme quand on a envie de dormir, est reprehensible |
BANNIR | Comme si c'est un confinement où les ames fussent releguées et bannies |
BAYER | Ressemblans aux petits oysellets qui ne peuvent encore voler, et qui baillent toujours attendans la becquée d'autruy et voulans que l'on leur baille ja tout masché et tout prest |
BÉATIFIER | C'est en quoy les roys ressemblent mieulx à la divinité, de pouvoir beatifier et rendre heureux tout un monde, par maniere de dire |
BÉATITUDE | La beatitude et le souverain bien de l'homme ne gist point en quantité d'argent |
BEC | Si quelqu'un assis bec à bec raconte.... |
BECQUÉE ou BÉQUÉE | Ressemblans aux petits oysellets qui ne peuvent encore voler, et qui baillent tousjours attendans la becquée d'autruy |
BERLUE | Et en nos maulx nous avons la barlue par ignorance à tout propos |
BEUGLER | Ils s'offensent de ceux qui hurlent, ou qui buglent, et fremissent |
BOMBANCE | Il y a plusieurs telles hargnes secrettes en ceulx qui sont riches, que le vulgaire ne cognoist pas, pour autant que la pompe et le bombant les cache |
BON | La joye d'un roy en prosperité ne se cache point, ny son rire quand il est en ses bonnes |
BORNE | La nature a mis une borne aux richesses |
BOUCHE | Apelles luy ferma la bouche dextrement en luy disant.... |
BOUFFER | Point ne t'est bien ceste forme seante ; Jette moy là toute fluste bouffante, Et prens en main les armes, sans enfler Si laidement tes joues à souffler |
BOUILLI | Mais celuy là qui jamais n'est content Que son rosty ou bouilly le soit tant |
BOURSE | C'est un but où tirent les couppebourses, les larrons domestiques, et les calumniateurs |
BOURSE | Amy, je n'ai point d'argent en ma bourse |
BOUTON | Tantost ils laschent un petit la bride aux appetits de leurs enfans, et tantost aussi ils leur serrent le bouton, et leur tiennent la bride roide |
BROUILLER | Nous l'augmentons, et la brouillons encore d'avantage [la colère] |
BROUILLERIE | Il reprendra à tous coups de choses petites et legeres, comme qu'il sera un peu subject à jouer, ou à faire bonne chere, ou quelques telles brouilleries |
BROUT | Ceulx qui ne bougent d'alentour des tables plantureuses et friandes, qui ne cherchent que le broust, comme l'on dit |
BRUSQUE | Celuy qui a esté attainct au vif et deschiré d'une remonstrance, si on le laisse ainsi tout brusque, enflé et esmeu de cholere, il est puis après difficile à remettre |
BRUSQUE | On cache dessoubs les couleurs brusques et mornes, et met-on au dessus les guayes et claires |
CASUEL, ELLE | Quand ils veulent injurier quelqu'un, ils ne s'attachent point aux marques exterieures du corps, ny aux choses casuelles de la fortune |
CATARRHEUX, EUSE | Ne plus ne moins que par une toux continuelle il contracte en son ame une disposition ulcereuse et catarreuse |
CE | Difficile est contenter un malade, ce dit le poëte Ion |
CÉDULE | Il faudroit veoir si tu le pourrois induire à te prester un talent sans cedule ny obligation |
CELA | L'amour a cela qu'il s'attache et se lie à tout ce qu'il trouve comme fait le lierre |
CESSION | Ils ne font point ces cessions et ces reculemens là pour reverence qu'ils leur portent |
CHARNEL, ELLE | Ceulx qui sont de leur nature subjects aux voluptez charnelles.... |
CHAUSSURE | La chaussure patricienne ne guarit pas de la goutte des pieds |
CHER, CHÈRE | Ceste ville est merveilleusement chere, le vin de Chio couste dix escus |
CHEVEU | Quelques uns les tordans à force, et les tirans, comme l'on dit, par les cheveux, en expositions allegoriques.... |
CHIGNON | Tu vois le fils d'Atrée Agamemnon, Que Jupiter fait dessus l'eschignon Du col, porter le faix pour tout le monde |
CIRCONSPECT, ECTE | Une prudence circonspecte estoit reputée generale paresse |
CIRCONVENIR | Souvent se doit laisser circonvenir Celuy qui veult bon en fin devenir |
CLANDESTIN, INE | Et si ses clandestins et secrets rapports poignans en derriere n'engendrent pas soudainement un ulcere |
CLIN | Seulement un clin d'oeil ou de teste, un ris, un baillement est reprehensible |
COLÈRE | Nous reprenons en cholere ceulx qui se corroucent et cholerent |
COLLATION | Par collation de plusieurs passages respondants l'un à l'autre |
COMMENT | Enquiers toy là où descend le soleil, de là où il monte ; cherche comment est-ce que la lune a perdu une si grande lumiere, d'où est-ce qu'elle l'a depuis recouvrée |
COMMETTRE | Nous en voyons qui n'auroient pas le coeur de commettre une voyelle avec une voyelle en parlant |
COMPOSEUR | Ils font comme les composeurs de tragedies |
CONCÉDER | Et ne conceder point choses deraisonnables et deshonnestes à telz effrontez |
CONCOURS | Quand il se fait un concours [réunion] de plusieurs personnes pour quelque occasion |
CONCUPISCENCE | La vertu qui regle la concupiscence, et qui limite ce qui est moderé et opportun ès voluptez, se nomme temperance |
CONCUPISCIBLE | La partie intelligente [de l'âme] resiste bien souvent à la concupiscible et irascible |
CONDOULOIR (SE) | [Ils ne trouvent pas bon] de condouloir et compatir, ny mesme fleschir avec eulx [les malheureux] |
CONFINEMENT | C'est une gehenne et lieu de tourments ou un confinement où les ames sont releguées |
CONFIRE | Le but où il vise, est de tousjours inventer, apprester et confire quelque jeu, quelque faict, et quelque parole à plaisir et pour donner plaisir |
CONFIRMATEUR | Il admet près de soy un flatteur estranger, lequel il pense et veult luy estre tesmoing et confirmateur de l'opinion qu'il a de soy mesme |
CONFIRMER | Et qui n'a honte de rien, tant il est de longue main accoustumé et confirmé à mal faire |
CONFIRMER | L'habitude est une qualité confirmée, laquelle.... |
CONNIVER | Et pourtant fault il sur l'heure conniver en telles faultes, et ne faire pas semblant de les appercevoir |
CONTENTEMENT | Chascun de nous a en soy-mesme les thresors de contentement et de mescontentement |
CONTENTIEUX, EUSE | Le vice, de soy mesme, est opiniastre et contentieux à se deffendre |
CONTRACTER | Voyant que ce n'estoit point une maladie ordinaire, ny contractée des causes accoustumées et communes |
CONTRACTER | Ne contracte pas legerement avec toute personne |
CONTRACTION | Ce sont certaines pointures d'aiguillons, et certaines contractions et dilatations qui reçoivent plus ou moins par raison |
CONTRADICTION | Il attent jusques à ce que celuy qui parle ait achevé ; encores après qu'il a achevé, il ne va pas soudainement luy jetter au devant une contradiction |
CONTRAIRE | Des monstres en nature, qui n'ont point de jambes, ou qui ont les bras tournés au contraire |
CONTREFAISEUR, EUSE | Un serieux et grave, non pas satyrique, ni comique, c'est à dire contrefaiseur d'amitié |
CONTRISTER | Il faut contrister son ami en intention de lui profiter, non pas de rompre l'amitié |
CONTRISTER | Il s'adressa à un de ses familiers qui faisait le plus de mine de s'en condouloir et contrister avec lui |
CONTRÔLEUR, EUSE | Il fault estre aspre et severe examinateur et contrerolleur de ce qui aura esté dit quant à l'usage et à la verité |
CONVENABLEMENT | Ce pendant le jugement de la raison trouve et le moyen et la mesure de faire la punition convenablement |
CONVERSATION | Puis après, la longue conversation par laps de temps y ayant imprimé la passion d'amour, il la cherit et l'aime plus tendrement qu'il n'avoit proposé du commencement |
CONVERSER | Si tu converses avec un boitteux, tu apprendras à clocher |
CONVIER | Il te reconviera si une fois tu le convies, et te donnera à soupper quand tu luy en donneras |
COOPÉRER | Il nous grieve de donner, nous rougissons de tesmoigner, nous encourons infamie de cooperer |
CORDE | Comme ce cordier là que l'on paint en la description des enfers, laisse consumer à un asne paissant auprès de luy, autant de chorde de genest, comme il en peult plier et tordre |
CORNET | Rompant son cornet relié à cercles d'or fin delié Et de sa lyre l'harmonie |
CORNET | Ainsi comme les cornets et ventoses attirent du cuir ce qu'il y a de pire, aussi les aureilles de curieux attirent tous les plus mauvais propos qui soient |
CORPULENCE | Le soudard de seiche corpulence |
CORRECTEMENT | Vivre correctement |
COUARD | Ouy, dit-il, je suis couard, voirement timide ès choses villaines et deshonnestes |
COULER | Ayant nouvelles que sa navire estoit perie, charge et tout coulés à bas en pleine mer |
COURAGE | ....Un que je sceusse avoir courage lasche |
COURTIER | Il sera fidele courtier et ministre de quelques folles amourettes |
CREUSER | Les gouttes d'eau qui tombent dessus une roche dure, la creusent |
CRIBLE | Les semences sauvages qui sont de mesme forme en grandeur et grosseur que le froument, se trouvans meslées parmy, sont bien malaisées à trier, et separer d'ensemble avec le crible : .... aussi est l'amitié très difficile à cribler et discerner d'avec la flaterie |
CROCHETER | Ils se mettront à crocheter les lettres missives d'autruy |
CROISEMENT | Une torse de corps, un croisement de cuisses l'une sur l'autre mal-honeste |
CURE | Consumer son ame de cures et d'ennuis |
CURIEUX, EUSE | Les curieux laissent perdre et abandonnent leurs affaires propres pour vaquer à enquerir ceulx d'autruy |
DANGEREUX, EUSE | Et n'en demouroit sinon la reputation de malignité et de dangereuse et mauvaise langue à ceulx qui les disoient |
DÉBORDER | Quelque fois aussi l'instinct se laisse aller à la debordée, estant dissolu et desordonné |
DÉBOURSER | J'aurois honte de desbourser [dépenser] avec vous et ne rembourser pas ce que je dois à cestui-ci |
DÉBRIDER | Leur langue estant orde ou aspre et desbridée à proferer paroles indignes |
DÉCADENCE | Traittant de l'origine des royaumes, pour quelles causes ils diminuent, et qui leur apporte finale decadence et totale ruine |
DÉCLINEMENT | Ce n'est point par un declinement de la vigueur corporelle qui se passe, que ta cholere se soit passée et finée |
DÉFECTUEUX, EUSE | La doctrine sans nature est defectueuse |
DÉFECTUOSITÉ | La defectuosité, corruption et depravation miserable du texte original grec |
DÉFIGURER | Celle maladie est la plus mauvaise et la plus dangereuse qui defigure le visage de l'homme et le rend dissemblable à soy mesme |
DÉMENER (SE) | Ne renforcer pas sa passion, comme une maladie, à force de crier hault, et de se demener, et tourmenter |
DÉNIGRER | Ne frequente point avec hommes diffamez et denigrez pour leur meschante vie |
DENT | Si on luy commande de parler des grosses dents à un fascheux beau pere, il est sans honte et sans mercy |
DÉPLOYER | Il se mocque et gaudist d'eulx à gorge desployée |
DÉPRAVATION | La defectuosité, corruption et depravation miserable du texte original grec |
DÉPRAVER | Toutes les copies transcrittes d'un original defectueux ou depravé retiennent les faultes du premier exemplaire |
DÉRIVER | Tout ainsi comme du chef sourdent et se derivent les nerfs, instruments du sentiment et du mouvement |
DESCENDRE | Et ne fault pas oublier de descendre toujours en soy mesme, et dire à part soy : ne suis-je point tel ? |
DÉSESPÉRÉMENT | Infinis lieux [du texte] y sont desesperéement estropiez et mutilez |
DÉSIREUX, EUSE | Renommée dont ils doivent estre plus desireux que de la conservation de leur propre vie |
DÉTERMINÉMENT | Et quant à ceulx qui estiment qu'il y ait determinéement quelque speciale sorte de vie qui soit sans aucune fascherie, comme.... |
DÉTOURNEMENT | Ceste torse du regard qui tord l'ame quant et quant, et ce destournement en est laid |
DÉTRACTER | En blasmant, detractant, mocquant, et injuriant les choses contraires, tacitement ils louent et approuvent les vices et imperfections qui sont en ceulx qu'ils flattent |
DEVANT | Ne te souvient-il pas que devant hyer, ainsi que nous dinions chez toy.... |
DÉVÊTIR | Devestant l'habit qui les tenoit en bonne et honneste contenance, ils se remplissent incontinent de toute dissolution |
DEVISE | Les devises [propos] de Pythagoras, et les enseignemens de Platon, ou les preceptes de Chilon |
DÉVOYER | Les veneurs n'endurent pas que leurs chiens se desvoyent |
DEXTRE | Le flatteur est soupple et dextre à se transmuer en toutes similitudes |
DILATATION | Ils disent que ce sont certaines pointures d'aiguillons, et certaines contractions et dilatations qui reçoivent plus ou moins par raison |
DILATION | Une dilation providente estoit representée honeste couardise |
DIRECTEUR, TRICE | Le jugement de la raison doit estre le directeur et le maistre du donner et de la liberalité gratuite, non pas la honte de refuser |
DOUCEMENT | À celle fin que, s'il advient qu'on les perde, qu'on en supporte la peine plus doulcement |
DOULEUR | Quant ils ont incisé un membre, ils ne laissent pas la partie dolente en sa douleur et en son tourment |
DOULOIR (SE) | Ils doutent si la partie qui se courrouce, qui appete, qui se deult, qui s'esjouit en nous, peut bien obeïr à la raison |
DOUX, DOUCE | Grattant tout doulx le sanglier herissé |
DUPLICITÉ | Toutefois qu'il y ait encore quelque duplicité [double nature] et meslange en l'ame mesme, et quelque diversité de nature et difference entre la partie raisonnable et l'irraisonnable |
ÉBLOUIR | Un langage elegant et brave esblouit les oreilles de l'escoutant, qu'il ne puisse sainement juger de ce qu'il signifie |
ÉCART | Loing de ses gens se retirant à part, S'en va plorer chaudement à l'esquart |
ÉCHAFAUD | Qui feit monter Neron sur l'echafaud avec une masque sur le visage et des brodequins aux jambes, ne furent-ce pas les louanges des flatteurs ? |
ÉCOULER (S') | Soudain qu'il leur advient quelque changement de fortune, ils [les flatteurs] s'escoulent et se tirent arriere |
ÉCUMER | Celle qui t'a enfanté c'est la mer, Et les rochers qui la font escumer |
ÉDIFIER | Le jeune homme a besoing d'estre bien guidé en la lecture des poetes, à fin que la poésie ne l'envoye point mal edifié, mais plutost preparé et rendu ami et familier à l'estude de philosophie |
EFFICACEMENT | Auxquelles passions la raison et la loy venans à toucher avec une touche discrette et salutaire, remet promptement et efficacement le jeune homme en la droitte voye |
EFFROYABLEMENT | Il leur aura ouy reputer très heureux les riches hommes, et redouter effroyablement la mort avec horreur, ou le travail |
ÉHONTÉ, ÉE | Si vous arguez publiquement et devant tout le monde un homme, sans l'espargner ne luy rien celer, vous le rendrez à la fin eshonté |
ÉLAN | Mais en l'homme, que le corps se meuve et seuffre quant et les eslans des passions, on l'apperçoit evidemment par la couleur pasle en frayeur.... |
ÉLARGISSEMENT | On l'apperçoit par les espanouissemens et eslargissemens du visage, quand l'homme est en esperance de quelques voluptez |
ÉLECTION | Patience et continence sont habitudes aptes et idoines à suivre l'election de la raison |
ÉLIRE | Il fault que le laboureur soit homme entendu, et que la semence soit choisie et eleue |
ÉMENDATION | [Ce] qui empeschera que nous ne puissions aussi retirer les jeunes gens du pis au mieulx en usant de semblables emendations [corrections de certains passages des poëtes] |
ÉMOUSSER | Les aigles et les lions en marchant resserrent leurs ongles au dedans, de peur qu'ilz n'en usent et emoussent les pointes |
EMPARER (S') | Le vice adhere tousjours aux entrailles de celuy qui s'en est une fois emparé |
EMPOISONNER | Il y a quelques nations barbares qui empoisonnent leurs armes |
ENDÉMENÉ, ÉE | Cette fleur d'aage là ordinairement s'epargne bien peu, et est fort chatouilleuse et endemenée à prendre tous les plaisirs |
ENDURANT, ANTE | Achilles qui, de sa nature, n'estoit point endurant ne patient |
ENNOBLIR | Comment mettrois-je Ulisses en oubly, Qui de vertu divine est ennobly ? |
ENNUI | Si je m'endors quand mes ennuis me tiennent, Je suis perdu des songes qui me viennent |
ENRICHIR | Si j'ai par ceste traduction mienne aucunement enrichy ou ploy vostre langue, honoré vostre regne.... |
ENTORSE | Mieulx qu'un luicteur, avec toute sa force, Ne lui sçauroit donner la moindre entorse [croc en jambe] |
ÉPANOUIR | Celuy qui espanouit ses ailes en rongnant celles d'autrui, comme estant homme net et sincere sans aucune passion, se fait reputer importun et fascheux |
ÉPANOUISSEMENT | On l'apperçoit par les espanouissemens et eslargissemens du visage, quand l'homme est en esperance de quelques voluptez |
ÉQUANIMITÉ | Cela donc est une de ces choses qui trouble l'equanimité et tranquillité d'esprit |
ESPIONNER | Ouy certainement, luy respon dit-il, je suis espie voirement, qui suis venu pour espionner ton imprudence et ta folie |
ESPRIT | Par iceulx [nerfs] influe l'esprit animal en toutes les parties du corps humain |
ESTROPIER | Infinis lieux y sont [dans le texte] desesperéement estropiez et mutilez |
ÉVERSION | Elle trouvera, dans les histoires, destructions de maisons, eversions de royaumes et de seigneuries |
EXAMINATEUR, TRICE | Il faut estre bien aspre et severe examinateur et contrerolleur de ce qui aura esté dit quant à l'usage et à la verité |
EXPÉDIER | Les grands travaux [maux] expedient et depeschent promptement l'homme, et les longs ne sont pas grands |
EXTENSION | La cholere ne ressemble point à des nerfs de l'ame, ains plustost ou à des extensions ou à des convulsions d'icelle |
EXTRÊMEMENT | C'est estre bien insensé et hors du sens extremement, que.... |
FADE | Il treuve puis après tous les autres propos fades, bas et indignes de son exaulcement |
FAÎNE | Ils appellent elaea, c'est à dire l'olive, et phegos la fouine, de mesme nom que les arbres qui les portent |
FAIRE | Ctesiphon l'escrimeur voulut faire [lutter] à coups de pied, et regibber à l'encontre de sa mule |
FARCER | Comme quelqu'un des assistants, à l'heure qu'on le farçoit et gaudissoit ainsi, lui demandast : ne te courrouces tu point, Socrates, de te voir ainsi blasonner ? |
FAUTE | Cela, respondit-il, est-ce ma faulte ou la faulte d'elle ? Metrocles respondit : la faulte en est à elle, et l'infortune en est à toy |
FERMOIR | Il inventa les fermoirs de la museliere que l'on attache à l'entour de la bouche |
FÉRULE | La ferule du dieu Bacchus (qui est comme une canne dont on donne sur la main aux enfans qui ont failly) est suffisante punition de l'yvrongne |
FIGURATION | Cette figuration [après une description du cancre] est celle d'un escornifleur poursuyvant de repeue franche |
FIGURE | Le chasteau du tyran [Denys] fut plein de poulciere, pour la multitude d'estudians qui trassoient les figures de la geometrie |
FIGURER | Il n'y a rime, ny carme, ny langage figuré, ni haultesse de style qui.... |
FIL | Il ne leur addresse pas des louanges de droit fil, ains vient de loing tournant tout à l'entour |
FILASSE | ....à filler la fillace Esteindras-tu la gloire de ta race ? |
FLATTERIE | La flatterie la pire qui soit est celle qui est couverte |
FLUXION | Ne plus ne moins qu'un lieu bas qui reçoit toutes fluxions |
FOLLEMENT | Tu le loueras hautement et follement, et feras bruit des mains en lui applaudissant |
FOURMI | ....Mais de pinser, mordre et serrer, c'est à faire à une formis, ou à une souris |
FRANC, FRANCHE | Ny l'oeil enflammé ne reçoit une claire lumiere, ny l'ame passionnée un parler franc, ny une reprehension toute crue |
FRÉMIR | Ils s'offensent de ceux [animaux] qui hurlent, ou qui buglent et fremissent, ou qui ont une hydeuse et triste mine à les voir |
FRÉQUENT, ENTE | Ce qui plus engendre de frequentes et continuelles hargnes de cholere en nostre ame, c'est l'amour de nous-mesmes |
FRÉQUENT, ENTE | Les curieux se jettent au plus frequent lieu du port où abondent les navires |
FRIAND, ANDE | C'est un mauvais compagnon à la table, parce qu'il est friand et gourmand |
FRIAND, ANDE | Ceulx qui ne bougent jamais d'alentour des tables plantureuses et friandes |
FRISURE | Les marques et signes qui descouvrent les hommes aspres et choleres, vous les verrez imprimez sur les visages des serviteurs, des frisures et esgratignures, et aux fers qu'ils auront aux pieds |
FRONCIS | Un froncis de sourcil, ou une triste chere de visage, un regard de travers |
FRUCTUEUX, EUSE | Plus fructueuse ne plus salutaire estude ne pourroit il faire |
FUMER | Celuy qui veut prendre garde à la cholere du commencement, en voyant qu'elle commence à fumer et à s'allumer.... |
GÂCHER | Gaschant de la boue pour l'attacher à des parois |
GALAMMENT | Il y a d'autres qui le font encore plus galantement, et en parlant à d'autres admonestent leurs familiers |
GAUCHE | Les ignorans, recevans à gauche bien souvent la fortune qui leur vient à droitte, y commettent de villaines faultes |
GENS | [Un roi doit] tenir tousjours auprès de luy gens de sçavoir et de vertu |
GENT | Celuy qui est terrible, qui transfere les couronnes et royaumes d'une gent [nation] à autre |
GERME | Tydeus a engendré de son germe Un fils qui n'a comme luy le coeur ferme |
GOULU, UE | Il les nourrit si diversement [deux chiens], qu'il en rendit l'un gourmand et goulu, et l'autre bon à la chasse et à la queste |
GRATUIT, ITE | Le jugement de la raison doit estre le directeur et le maistre du donner et de la liberalité gratuite, non pas la honte de refuser |
GUÊPIER | Tout cela ensemble nous en produit un exaim comme d'abeilles et une guespiere |
GUÉRIR | La chaussure patricienne ne guarit pas de la goutte aux pieds |
HARGNEUX, EUSE | Quand l'homme est sain ordinairement, il n'est pas si hargneux, que.... |
HARMONIQUE | ....Ains fault faire comme les harmoniques et musiciens, en rebouchant tousjours la pointe des adverses par la recordation des prosperes |
HOCHEMENT | Une risée, un clin d'oeil, un hochement de teste, mettent plusieurs en cholere |
HONTEUX, EUSE | Il faut que d'un peché, comme d'une maladie honteuse, la descouverture et la correction soit secrette, non pas publique |
HORS | Il n'estime ny ne prise personne hors luy |
IL, au singulier, ILS, au pluriel | Il semble que ce soient les habillemens qui eschauffent l'homme, et toutefois ce ne sont ils pas qui l'eschauffent ne qui luy donnent la chaleur |
IMPASSIBILITÉ | Les vertus morales ne sont pas impassibilitez, mais plus tost reglements et moderations des passions et affections de nostre ame |
IMPROPRE | Une maigre invention, une impropre locution |
IMPUDEMMENT | Nous donnons à d'autres qui nous demandent continuellement et impudemment |
IMPUDICITÉ | Ceste honte, venant à corrompre et solliciter l'impudicité, trahit et rend toutes forteresses foibles |
INCLINER | Ceux qui veulent recevoir aucune chose que l'on verse d'un vase en un autre, enclinent et tournent leurs vases la bouche devers ce que l'on y verse |
INDIGNEMENT | L'indignation sert à l'encontre de ceulx qui indignement sont heureux |
INDUCTION | Commander, conduire et guider, non par dures ni violentes contraintes, mais par molles et douces inductions et persuasions |
INDUSTRIEUSEMENT | Et si ce n'estoit que j'aurois peur qu'il ne semblast que j'allasse industrieusement ramasser de toutes parts des inductions plaisantes, pour aggreer aux jeunes gens |
INEXORABLE | Le flatteur monstre premierement d'estre aspre, violent et inexorable envers les autres |
INFORTUNE | Pourtant n'est-ce pas sans cause que le bonhomme Phoenix, en priant Achilles, luy allegue ses infortunes |
INFORTUNÉ, ÉE | Les femmes sont plus aigres et plus coleres que les hommes, et les bien fortunés que les infortunés |
INFUSION | Quand ils ont incisé quelque membre, ils [les médecins] usent de quelques fomentations ou infusions lenitives |
INSTRUCTION | Celui qui prend les poetes en main pour en tirer utile instruction |
INTEMPÉRANT, ANTE | L'intemperant est bien aise et se resjouit d'avoir peché ; l'incontinent en a douleur et regret |
INTERROGATION | Bien souvent une interrogation ou une narration nous ouvrent la porte pour entrer en libre remonstrance |
IRASCIBLE | La partie intelligente resiste bien souvent à la concupiscible et irascible |
JASEUR, EUSE | Tu ne peulx t'eschapper à la prise d'un babillard, ains te laisses proumener à ce jaseur, sans avoir la fermeté de luy ozer dire.... |
JAUGE | Comme une terre bien labourée prent du labourage une egalité et profond jauge qui profite à la fertilité.... |
JOUR | Ne le [un anneau] regarde pas ainsi, Polemon, mais à son jour, et il te semblera beaucoup plus beau |
JOURNÉE | En continuant petit à petit, il s'engendre à la journée une familiarité et cognoissance grande |
JOURNELLEMENT | Tant de faveurs que vous me faittes journellement |
JUSSION | Cela n'adoulcit pas seulement l'aspreté de la reprehension et do la jussion, ains engendre une emulation envers soy-mesme |
JUSTEMENT | En ce pays nul n'est qui comparer Se peut à toy pour justement tirer [tirer à l'arc] |
LAIDEMENT | Et [toi Minerve] prens en main les armes, sans enfler Si laidement tes joues à soufler |
LAISSER | Il seroit estrange que nous qui voulons estre tenus pour gens de bien laisissions porter par terre notre vertu, et l'abandonnissions |
LATENT, ENTE | Cela monstre une malignité latente et cachée |
LE, LA, LES | Les sciences mathematiques ne sont pas si proprement les anses de la philosophie, comme le sont les passions desjeunes gens |
LÈVRE | La vengeance, quand on y procede par cholere, se consume ordinairement en morsure de levres, grincement de dents |
LIMITER | La raison lui trace et limite quelques bornes [à la passion], et lui establit quelque ordre |
LISSER | Les mousches ne se peuvent tenir contre les endroicts des miroirs qui sont bien lissez |
LUSTRE | Ainsi comme les escus faulx, et qui ne sont pas de bon aloy representent seulement le lustre de la splendeur de l'or.... |
LUSTRER | Quand ils ont rompu ou frappé trop avant quelque partie d'une statue, ils la polissent et la lustrent puis après |
MÂCHER | Ressemblans aux petits oysellets qui baillent tousjours attendans la becquée d'autruy, et voulans que l'on leur baille ja tout masché et tout prest |
MAIS | Cela n'est pas fait en amy, mais en sophiste, qui ne quiert que l'apparence |
MAJEUR, EURE | En cela peuvent ils bien encore aujourd'hui ensuivre leurs majeurs [ancêtres], et se rendre semblables à eulx |
MALIGNITÉ | Les convices, les courroux, les envies, les malignitez sont taches de ceulx qui les ont.... |
MARTEAU | Anciennement on avoit des marteaux attachez aux portes dont on tabouroit pour avertir ceulx de dedans |
MASQUE | C'est nostre office de despouiller ce masque qui se vest et pare des couleurs et habits d'autruy, à faute d'en avoir de propres à luy |
MASQUER | Inventer des deguisemens coulorez pour masquer des choses infames et vilaines |
MASQUER | Le flatteur se masquant et deguisant des marques et enseignes d'un amy |
MÂTIN | De me mesler avec la concubine à mon vieil pere, à fin que la mastine En eust après en haine le vieillard ; Ce que je creus, et feus lasche paillard |
ME | Jette le moy, jette le moy par terre, Et que du pied la gorge on me luy serre |
MÉCONTENTEMENT | Chascun de nous a en soy-mesme les thresors de contentement et de mescontentement |
MÉDIOCRITÉ | La raison imprime en la partie irraisonnable les vertus morales, qui sont mediocritez entre le peu et le trop |
MÉMORATIF, IVE | Ceste partie memorative de l'ame ne sert pas seulement aux hommes à apprendre les lettres |
MERCENAIRE | Il ne fault pas s'en reposer et rapporter du tout à la discretion de quelques maistres mercenaires |
MÉRITE | Dieu applique le loyer au merite, et la peine au demerite |
MERVEILLE | Chascun luy rapporta qu'il faisoit merveille de le louer partout |
MOLESTER | De repoulser ceulx qui nous molestent impudemment et effrontéement, en ne nous laissant point vaincre à la honte |
MOLLASSE | Il est des viandes qui engendrent une chair mollace et demy pourrie |
MORNE | Quand on peint un tableau, on cache dessoubs les couleurs brusques et mornes, et met on au-dessus les guayes et claires |
MOUCHE | Il n'y a rien qui rende tant odieux les tyrans que les mouches, c'est à dire les espions qui vont partout espiant ce qui se fait et qui se dit |
MUANCE | Es muances de la gamme, telle note qui est la plus basse en une octave, est la plus haute en regard d'une autre |
NANTIR | Nostre intention est de traitter de la vertu morale.... à sçavoir si la partie de l'ame qui la reçoit, est nantie et ornée de raison qui luy soit propre à elle, ou si elle en emprunte l'usage et la participation d'ailleurs |
NEF | Comme une nave attachée au rivage, Venu le vent, rompt tout chable et cordage |
NOIRAUD, AUDE | S'il est noirault, il l'appellera viril ; s'il est blanc, enfant des dieux |
OBJECTION | Pour repoulser ces objections là et autres semblables, ils disent que.... |
OCCASION | Dieu sourdre fait de la guerre achoison, Quand ruiner il veut une maison |
OCCURRENCE | Les affaires et occurrences humaines ayans des contrequarres les unes avec les autres |
OCTAVE | Es muances de la gamme, telle note qui est la plus basse en une octave, est la plus haute au regard d'une autre |
OMBRAGEUX, EUSE | Les peintres, pour relever les choses luisantes et claires, les renforcent avec des obscures et ombrageuses qu'ils mettent auprès |
OMISSION | Autant trouveras-tu de pechez en ta vie, de passions en ton ame, et d'omissions en ton devoir |
ON | Quand on est bien, qu'a l'on besoing d'amis ? |
OPINIÂTRE | Le vice, de soy mesme, est opiniastre et contentieux à se deffendre |
OPINIÂTRE | D'une conference de lettres elle en fait une opiniastre emulation et contention |
OREILLETTE | Et pourtant à bonne cause vouloit Xenocrates que l'on meist aux enfans des aureillettes de fer pour leur couvrir et defendre les aureilles |
OUVERTURE | Si quelqu'un d'adventure luy fait ouverture de tels propos, s'il est à cheval, mettant pied à terre, il l'embrassera |
OUVRABLE | Et ont esté instituez non seulement les jours ouvrables, mais aussi les jours de feste |
PALLIER | Dont il advient à ces ambitieux temeraires et presumptueux, qu'ils sont contraints de pallier, desguiser et couvrir l'ignorance qui demeure tousjours avec eulx |
PAN | Neron ayant une fois fait faire un pavillon à huit pans, beau, sumptueux... |
PARTICULIER, ÈRE | Des memoires que j'ai compilez pour mon particulier |
PASSION | Les passions et affections de nostre ame |
PAUSE | Y a une irresolution, qui est comme une pause et un arrest de l'entendement ne pouvant passer outre |
PEINE | Il en jetta l'ung dedans les carrieres où l'on mettoit les criminels et serfs de peine |
PERCER | S'il y a quelque esperance qui luy rie, incontinent soing et sollicitude perce, qui comme une nuée vient à brouiller et troubler toute la serenité du beau temps |
PERCER | Maison mal aërée, mal percée, obscure, froide, et mal saine |
PÉTILLANT, ANTE | Ce sont les moyens de dompter doulcement une jeunesse petillante |
PILER | Nicocreon fait piler et briser Anaxarchus avec des pilons de fer dedans un mortier |
PIQUERIE | Porter patiemment les moqueries, traicts de piqueries et risées |
PLAINDRE | Dieu ne la plaint [la sagesse] à personne qui la luy demande avec fermeté de vive foy |
PLISSER | Mais un enfant de sa main imbecille, Grattant tout doux le sanglier herissé, Le tournera à son vouloir plissé, Mieux qu'un luicteua.... |
POISON | Le vin pur, qui autrement est un certain remede contre la poison de la ciguë, si vous le meslez avec le jus de la ciguë rend la force de la poison irremediable |
POPULACE | Plaire à une populace est ordinairerement desplaire aux sages |
POURRIR | Semblablement aussi fuyons nous une personne malade ou pourrie d'ulceres, comme chose hydeuse à veoir |
PRÉMÉDITATION | Demosthenes, en l'oraison qu'il feit à l'encontre de Midias, nous met devant les yeux l'utilité de la premeditation |
PRENDRE | Il endure patiemment que son amy prenne la liberté de le reprendre hardiment des lourdes et grosses faultes |
PROGRESSION | Par ceste doulce et philosophique progression de poinct en poinct, il luy monstra et prouva que tout son reproche et sa maledicence n'estoit autre chose que l'abboy d'un chien |
PROMETTEUR, EUSE | Les poëtes comiques introduisent de tels prometteurs en leurs comedies |
PRUNELLE | Nous voyons noz yeulx reluisans dedans les prunelles de ceulx de nos prochains |
PUDICITÉ | Nous voyons que le poete attribue la cause de continence et de pudicité à la sagesse |
PUDIQUE | Au paravant Clitaemnestre pudique.... |
PUISSANCE | La flatterie ne suit point les pauvres ou petites personnes, et qui n'ont aucune puissance |
PUISSANT, ANTE | Au petit se fera misericorde, mais les puissans seront tourmentez puissamment |
PURETÉ | La purité du langage naïfvement attique |
QUI | Qui est le corps si robuste et si fort, qui par oysiveté et delicatesse n'aille perdant sa force ? |
QUI | Il ne pardonne à homme qui vive |
RAGER | Il ne fault pas, à mon advis, que le sentiment exterieur vague et rage à son plaisir, comme une chambriere dissolue et mal apprise |
RAPPORTEUR, EUSE | Jamais ne fut de bon fruict rapporteur Un parler vain et langage menteur |
REBRASSER | Les vents que nous haïssons le plus, ce sont ceulx qui nous rebrassent nos habillements ; mais le curieux ne rebrasse pas seulement les robbes et les sayes de ses voisins.... |
RÉCIPROCATION | Ce debat là ne sentiroit pas sa reciprocation de remontrance, mais plutost son coeur felon, qui ne pourroit supporter qu'on luy feist aucune remonstrance |
RECONVIER | Il te reconviera si une fois tu le convies, et te donnera à soupper quand tu luy en donneras |
RÉCRÉATIF, IVE | Les peintres broyent des couleurs plaisantes et recreatives |
RECULEMENT | Ils ne font point ces cessions et ces reculements là pour reverence qu'ils portent à la vertu.... |
RELATIVEMENT | Toutes les choses sont ou absolument et simplement en leur estre, ou relativement eu esgard à nous |
RELENT | Mais quant à la moysissure et au reland du dedans de son ame, il ne l'eschauffe ny ne l'esclaircit point par la philosophie |
RELUIRE | Tout ainsi que nous voyons nos yeux reluisans dedans les prunelles de ceulx de nos prochains.... |
REMBOURSER | J'aurois, dit-il, honte de desbourser [dépenser] avec vous, et ne rembourser pas ce que je doys à cestuycy |
RENFONCER | Ne plus ne moins qu'une peincture affettée, qui, avec couleurs renfoncées, avec plis rompus et avec rides et angles, chercheroit de se montrer bien vivement apparente |
RENVERSER | On luy peult renverser [rétorquer] sa raison en luy alleguant que.... |
REPRENDRE | Faire reprendre [cicatriser] une playe |
REPURGER | Il fault repurger et nettoyer la franchise de parler de toute parole injurieuse |
RÉSOLUTION | Cest amollissement et addoulcissement là ne procede pas ny d'une paresse, ny d'une resolution de la vigueur du corps |
RESPECT | Ariston tenoit qu'en substance il n'y avoit qu'une seule vertu, laquelle il appeloit santé, mais selon divers respects il y en avoit plusieurs differentes l'une de l'autre |
RESPECTUEUX, EUSE | Les uns, pour une reverence respectueuse qu'ils portent au disant, ne l'osent interroger |
REVERS | Je n'estime pas que.... mais au revers je pense que.... |
RIRE | Rire un ris acheté à prix d'argent à des baladins |
RÔT | Qui est celuy de nous si aspre, qu'il batte et fouette son vallet, pour avoir il y a cinq ou six jours bruslé le rost ? |
RÔTI | Mais celuy là qui jamais n'est content Que son rosty ou bouilly le soit tant.... |
RUPTURE | Toutes les vieilles rompures et desnoueures s'esmeuvent en nostre corps, soudain qu'il lui advient quelque nouveau mal |
SACRISTAIN | Estans leurs sacristains et leurs portes-torches [des grands philosophes], en maniere de parler.... ordonnez pour monstrer aux hommes les reliques de leur sapience |
SAISINE | Depuis que Dionysius eut abandonné la philosophie.... ils [les flatteurs] furent incontinent espris d'une haine des lettres, oubliance de toute honnesteté, et saisine de toute sottie |
SAPER | ... à fin que tout seuls nous sappions Les haultes tours et murailles de Troie |
SAPER | Quand douteusement avecques crainte et peu à peu elle [la remontrance] vient à approcher et toucher le faillant, elle sappe et mine petit à petit son vice |
SCABREUX, EUSE | Ayant estudié de le rendre le plus clair qu'il m'a esté possible, en si profonde obscurité bien souvent, et si scabreuse et raboteuse asperité presque par tout |
SCEAU | Les seaux et cachets s'impriment aiseement en de la cire molle |
SEC, SÈCHE | Les sages font comme les abeilles qui tirent du thym le plus penetrant et le plus sec miel |
SENSITIF, IVE | S'il est vray ou non, laissons le decider et juger à ceulx qui ont le palais plus aigu et plus sensitif que le cueur |
SENSUEL, ELLE | Hommes dissolus et abandonnez à toutes sensuelles voluptez |
SÉRIEUX, EUSE | Des choses serieuses et de grande consequence |
SESSION | Mes beaux amis, quelle est l'occasion De ceste vostre estrange session [manière d'être assis] ? |
SILENCE | Ils ne vont pas souvent aux champs, d'autant qu'ils ne peuvent supporter le requoy ni le silence de la solitude |
SINCÈRE | Homme net et sincere sans aucune passion |
SONNER | Le flatteur ayant accoustumé de tousjours sonner une seule note, qui est de complaire |
SOÛL, OÛLE | Ceulx qui ont esté engendrez de peres saouls et yvres deviennent ordinairement yvrongnes |
STABLE | La consultation se fait des choses qui sont et adviennent tantost d'une sorte, et tantost d'une autre, non pas de celles qui sont fermes et stables toujours en un estre immuable |
SUBDIVISER | Cette partie de l'âme de rechef se soubsdivise en deux autres parties, dont l'une s'appelle corporelle ou vegetative, l'autre irascible ou concupiscible |
SUBLIMER | Sapience est la perfection.... qui enlumine, sublime et affine le discours de la raison par la cognoissance des choses |
SUBSTANCE | Nostre intention est d'escrire et traitter de la vertu que l'on appelle morale : quelle substance elle a, et comment elle subsiste |
SUPPORTABLE | Honneur et credit avoir, Rend le labour agreable Et la peine supportable |
SUPPOSER | [Les flatteurs] hommes faulx et supposez |
SUPPURER | Le medecin Philotimus dit un jour à quelqu'un qui estoit suppuré et plein d'apostumes dedans le corps.... |
TACITEMENT | En blasmant les choses contraires, tacitement ils louent les vices qui sont en ceulx qu'ils flattent |
TAILLEUR | Les tailleurs d'images et sculpteurs |
TANNER | Il y a un milieu qui est composé des deux extremitez, comme le gris, ou le tané, composé du blanc et du noir |
TAON | On dit que le tahon qui tourmente les taureaux se fiche auprès de leurs aureilles |
TAQUIN, INE | Un prodigue despensier qui consumera tout, ils luy reprocheront qu'il sera un taquin mechanique |
TAQUINERIE | La faulte qu'il a commise est procedée ou d'infirmité, ou d'erreur, ou de hastivité, ou de paresse, ou de taquinerie [avarice] |
TARE | La curiosité est un desir de sçavoir les tares et imperfections d'autrui |
TEMPÉRER | Elle en tempere le relaschement ou roidissement, reduisant chascune passion à temperature moderée pour la garder de faillir |
TERNIR | Pourquoy est-ce que tu as les yeux si agus à voir le mal d'autruy, et si ternis à voir le tien propre ? |
TIQUE | On dit que le tahon qui tourmente les taureaux, se fiche auprès de leurs aureilles, et aussi fait la tique aux chiens |
TOMBER | Il est meilleur de se tenir quoy, quand on sent comme un accès du hault mal qui nous veut prendre, de peur que nous n'en tombions |
TORDRE | Les curieux sont subjects à tordre le col et se retourner. .. |
TOUCHE | Mais d'ouïr une vive touche et une reprehension qui, pour reformer les moeurs, use de parole poignante, sans en estre resserré |
TOUCHE | Auxquelles passions la raison et la loy, venant à toucher avec une touche discrette et salutaire, remet promptement et efficacement le jeune homme en la droite voye |
TRAIT | Les veneurs n'endurent pas que leurs chiens poursuyvent toutes odeurs, ains les retiennent et retirent en arriere avec leurs traits |
TRANSITOIRE | Je sçavois bien que j'avois des richesses transitoires, et non permanentes |
TRÉBUCHER | Quand ils auront commis quelque faulte, et seront tresbuchez |
TRESSAILLEMENT | Les battemens de mains, les tressaillements des assistans à ouïr une harengue |
TRIER | Les semences sauvages qui sont de mesme forme en grandeur et grosseur que le froument, se trouvant meslées parmy, sont bien malaisées à trier et separer d'ensemble avec le crible |
TRISTE | Demourer en la cogitation des fortunes adverses et tristes |
TRUANDERIE | Nous n'estimons pas que ceulx-là soient flatteurs, qui n'ont rien d'honeste, et dont la villanie se manifeste à un seul plat de viande et un verre de vin avec toute truanderie et meschanceté |
TURBULENT, ENTE | Il n'est pas moins ennuyeux, ne moins turbulent à l'esprit, omettre les choses honnestes, que commettre les deshonnestes |
ULCÈRE | Une personne pourrie d'ulceres |
ULCÈRE | Il lui demandoit quelque medecine pour guarir un petit ulcere qu'il avoit au bout de l'ongle |
ULCÉREUX, EUSE | Il contracte en son ame une disposition ulcereuse et catarreuse, qui à la fin luy cause une habitude de cholere |
VAGUER | Il ne faut pas à mon advis, que le sentiment exterieur vague et rage à son plaisir, comme une chambriere dissolue et mal apprise |
VASE | Comme l'eau que l'on transvase, qui toujours coule, et s'accomode à la façon et figure des vases et lieux qui la reçoivent |
VERMOULU, UE | C'est la pire et plus petite partie de nous, fresle et vermoulue |
VEUVAGE | Ainsi baignoit de larme son visage Penelopé, en plorant le veufvage De son espoux tout joignant d'elle assis |
VILAIN, AINE | La cholere, enflant et estendant le visage villainement, jette encore une plus villaine et mal plaisante voix |
VINDICATIVEMENT | Vindicativement |
VIOLIER | Parmi chardons et espineux halliers Naissent les fleurs des tendres violiers |
VOLÉE | L'ame prenant hors du corps sa volée, En souspirant aux enfers est allée |
VOLUPTUEUX, EUSE | Si nous approchons de la maison d'un homme voluptueux et luxurieux, nous entendrons dès l'aube du jour une menestriere qui sonnera l'aubade |
VULGAIREMENT | S'il rencontre quelque lourdault qui ait un peu le cuir gros, et, comme l'on dit vulgairement, qui soit un peu de grosse paste |
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