Définition de ARGUER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : ar-gu-é. L'Académie ne conjugue pas ce verbe ; mais il faut écrire avec tréma : j'arguë, tu arguës,

DÉFINITIONS

1
Contredire, accuser. Arguer une pièce de faux.
2
Tirer une conséquence. Qu'arguez-vous de cela ?
Nature : Absolument.
Je suis ce juge intègre Qui toujours parle, arguë et contredit

HISTORIQUE

1
XIe s.
Qui de bataille s'arguent et hasteient
dans Ch. de Rol. LXXVI
2
XIIe s.
Rolanz senti que la mort mout l'argue
dans Ronc. p. 104
La nuit, quant s'amour m'argue
dans Couci, Dame de Faiel
Li altre l'arguent et reprenent et dient k'il soffrir ne puient la perece de sa tevor [tiédeur]....
de ST BERN. dans 567
3
XIIIe s.
Et tout fussent mort se ne fust la chevalerie.... qui soustint le fais des Sarrasins, qui moult les arguoient
dans Chr. de Rains, 93
Coart le lievres moult s'argue De cort en cort, de rue en rue
dans Ren. 11071
Mes cil mauvesement arguent
dans la Rose, 6302
4
XIVe s.
Et ne te dois nul temps meler d'arguer ne de contredire chose que tu lui oies dire
de BRUYANT dans dans Ménagier, t. II, p. 22
Et par ceste difference povons nous arguer à cest propos
Qui diroit ou argueroit ainsy : la terre est entre le soleil et la lune
de Nicolas ORESME dans ib. 5
Maistres Thumas, dist il, vous parlés folement ; J'arguerai à vous ; car je sai bien comment : Uns mos de l'escripture vous desmontre et aprent
dans Baud. de Seb. XII, 321
5
XVe s.
Logique qui enseigne arguer, et entre le vray et fauls discerner
D'autre costé on le argueroit de sa promesse
de Philippe de COMMINES dans II, 1
Il ne me appartenoit pas de arguer ny parler contre son plaisir
de Philippe de COMMINES dans V, 13
6
XVIe s.
Le regime des choses humaines argue si clairement de la providence de Dieu qu'on ne la sauroit nier
Ses mouvemens et ses contenances arguent et monstrent grande foiblesse et bassesse

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. arguir ; ital. arguire. Le provençal et l'italien viennent bien d'arguere, par un changement de la troisième conjugaison en la quatrième. Mais le français n'en vient pas ; s'il en était venu, quel qu'eût été l'infinitif, le présent eût été j'argue, prononcé j'arghe, et non j'argue, prononcé j'arguë, comme le montrent les vers. Il vient d'argutare, argutari, fréquentatif d'arguere, répéter sans cesse, caqueter, sautiller. Primitivement, arguer signifie quereller, tancer, attaquer, par un changement de sens semblable à celui qui de calumniari a fait chalenger, appeler en justice, provoquer au combat. Puis arguer, refait sans doute sur le latin arguere au XIVe siècle, prend le sens actuel d'arguer, sans étouffer pourtant le sens primitif qu'on trouve encore dans le dictionnaire de Furetière, mais qui maintenant est tout à fait tombé en désuétude.

Synonymes de ARGUER

Termes proches de ARGUER

Phonétiquement proche de ARGUER