Définition de SONNER

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : so-né

DÉFINITIONS

1
Rendre un son. Les cloches sonnent. Ce tonneau sonne creux.
Il marchait d'un pas relevé, Et faisait sonner sa sonnette
Chères soeurs, n'entendez-vous pas Des cruels Tyriens la trompette qui sonne ?
Partout en même temps la trompette a sonné
de Jean RACINE dans ib. V, 6
Le son de sa voix était net, plein, bien timbré ; une voix de basse étoffée et mordante, qui remplissait l'oreille et sonnait au coeur
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans dans LAVEAUX
Faire sonner une montre, se dit d'une montre à répétition dont on pousse le ressort et qui marque les heures par les sons.
Alors Sainville, pour toute réponse, tira sa montre et la fit sonner
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Voeux témér. t. III, p. 53, dans POUGENS
Sonner le fêlé, se dit d'un vase que l'on frappe et dont le son indique une fêlure.
Faire sonner une pièce de monnaie pour juger si elle est bonne.
2
Sonner du cor, de la trompette, de la trompe, faire rendre des sons à ces instruments.
Alors les sept anges qui avaient les sept trompettes se préparèrent à en sonner
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bibl. St Jean, Apocal. VIII, 6
Nature : Absolument. Ces piqueurs sonnent bien, sonnent mal.
3
Il se dit du son que produisent les lettres, les mots, etc. L'r sonne dans mer.
Je n'entends qu'erre partout, en supposant qu'on ne fera pas mal à propos et contre l'usage sonner les s d'airs et de mers, où elles ne sont que signes de pluriel
de D'OLIVET dans Prosod. franç. II, 2
Faire sonner une lettre, la faire entendre avec tout le son qui lui appartient.
Ne pas faire sonner une lettre, ne pas la faire entendre, ou ne la faire entendre que faiblement.
Ce mot sonne bien à l'oreille, le son en est agréable.
Olympie sonne mieux à l'oreille que la ville de Reheboth
Ce vers, cette stance, cette période sonne bien, sonne mal à l'oreille, l'arrangement des paroles y est harmonieux, n'y est pas harmonieux.
Sémantique : Fig. Cette action sonne bien, ne sonne pas bien, sonne mal dans le monde, elle est bien, mal reçue du public.
Sémantique : Fig. Cela sonne mal, se dit d'un acte qui n'a pas bonne apparence.
Une jeunesse comme vous, vendre comme ça toutes ses nippes et en cachette, ça sonne mal
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Théât d'éduc. la Lingère, I, 2
Faire sonner un mot, le prononcer avec emphase.
Étaler force mots qu'elles n'entendent pas ; Faire sonner Lamboy, Jean de Vert et Galas
Faire sonner signifie aussi appuyer sur, parler de.
Est-ce un sujet pourquoi Vous fassiez sonner vos mérites ?
Il a bien fallu faire sonner le nom de miracle
Ce diable de marquis qui s'en va, d'importance, Faire sonner partout son manque de finance
de Thomas CORNEILLE dans Comtesse d'Orgueil, I, 1
Mme la duchesse fit bien sonner la pauvreté de ses filles
Faire sonner signifie enfin répéter à haute voix.
Chimène : De qui peux-tu savoir ces nouvelles étranges ? - Elvire : Du peuple qui partout fait sonner ses louanges, Le nomme de sa joie et l'objet et l'auteur, Son ange tutélaire et son libérateur
Faire bien sonner, faire sonner haut, bien haut, vanter à l'excès, faire beaucoup valoir.
Elle fait bien sonner ce grand amour de mère
Certes, vous vous targuez d'un bien faible avantage, Et vous faites sonner terriblement votre âge
Je sais qu'on fait sonner très haut deux grands avantages en faveur de l'éducation des colléges, la société et l'émulation
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Oeuv. t. III, p. 171
4
Être indiqué, annoncé par quelque son. Les vêpres sonnent à la paroisse.
Adieu, ma chère enfant, voilà complies qui sonnent
Dès que midi était sonné
Si l'heure eût sonné tandis qu'il lisait sa phrase, il eût fermé le livre sans achever
Sa mort sonne ; une.... deux.... c'est l'instant de frapper
5
Sémantique : Terme de musique. Sonner sur la basse, se dit d'une note qui entre dans l'accord et fait partie de l'harmonie, à la différence des notes de passage.
6
Nature : V. a. Tirer du son d'une cloche, d'une sonnette, etc. Sonner les cloches, le tocsin, etc.
On ne marchande pas un couvercle de marmite, sans l'avoir sonné pour connaître si le métal est bon
Sonner la cloche, c'est faire que le battant frappe des deux côtés (comparez COPTER).
7
Annoncer quelque office de l'église par le son des cloches. Sonner la messe, les vêpres, le sermon. Sonner un baptême. Sonner le premier coup, le dernier coup de matines, ou, simplement, sonner le premier, sonner le dernier.
Nature : Absolument. Sonner pour les morts.
Sémantique : Par extension.
Le signal ? - Un tocsin sonnant la mort des traîtres
de Marie-Joseph CHÉNIER dans Charles IX, II, 4
Aux accents de l'airain sonnant les homicides
de Marie-Joseph CHÉNIER dans ib. V, 2
8
Dans les omnibus, sonner un voyageur, indiquer sur le cadran, en le faisant sonner, qu'un voyageur a monté.
9
Sémantique : Terme de musique. Sonner un ton, un accord, le faire entendre.
Sonner s'est dit des airs de danse que l'on joue.
Cela eût duré trop longtemps, si les violons n'eussent vitement sonné une sarabande si gaie, que tout le monde se leva aussi joyeux que si de rien n'eût été
10
Sémantique : Terme de chasse. Il se dit des différentes manières de sonner du cor, de la trompe. Sonner le laisser-courre. Sonner du gros ton, sonner du grêle.
En chasse ! le maître en personne Sonne
Sonner un ou deux mots, donner un ou deux tons prolongés avec le cor.
Nature : Absolument. Faire retirer les chiens.
11
Sémantique : Terme de guerre. Donner avec la trompette différents signaux. Sonner le boute-selle. Sonner la retraite.
Comme il sonna la charge, il sonne la victoire
Sonner à cheval, sonner pour faire monter à cheval la cavalerie.
Sémantique : Fig. Il est temps de sonner la retraite, il est temps de se retirer des affaires, du monde.
12
Sémantique : Terme de marine. Sonner le quart, avertir de venir faire le quart.
13
Sonner ses gens, agiter une sonnette pour les faire venir. Sonner la femme de chambre.
Nature : Absolument. Agiter une sonnette pour appeler, pour se faire ouvrir une porte. J'entends sonner. On sonne à votre porte. Vite, madame a sonné.
Drelin, drelin, drelin ! tout comme si je ne sonnais point ; chienne ! coquine !
14
Sémantique : Fig. et familièrement. Ne sonner mot, ne dire mot, ne prononcer aucune parole.
Vous avez raison, je ne sonnerai mot
de Florent Carton, sieur d'Ancourt, dit DANCOURT dans les Trois cousins, I, 7
Ne pas sonner mot d'une chose, n'en pas parler. Il [Baronius] a eu tort de dire que les hérétiques en furent si accablés [d'un livre sur la prétendue papesse Jeanne], qu'ils eurent honte d'avoir parlé de cette fable, et qu'ils n'osent plus en sonner mot, Anal. de Bayle, t. II, p. 319.
Ce billet.... Paraît être daté de deux mois ; et mon maître Pendant tout ce temps-là ne m'en a sonné mot
de Jean-Baptiste ROUSSEAU dans Flatt. V, 3
15
Sémantique : Fig. Signifier, en parlant de mots, de paroles.
Ainsi on sera toujours en garde contre les expressions de l'Évangile, de peur qu'un chicaneur ne nous vienne dire que vous êtes janséniste, en les prenant avec les saints selon ce qu'elles sonnent !
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Avert. sur le livre des Réflex. mor. V
Je ne suis pas comme Michel Morin, qui sonne les cloches et qui va à la procession
de CARMONTELLE dans Prov. les Voisins, sc. 7

REMARQUE

1
1. Sonner, Nature : v. n. se conjugue avec l'auxiliaire avoir, quand on veut marquer l'acte : l'heure a sonné tout à l'heure ; avec l'auxiliaire être, quand on veut marquer l'état : l'heure est sonnée depuis longtemps.
2
2. On ne dit pas sonner la trompette ; il faut : de la trompette.

HISTORIQUE

1
XIe s.
N'i ad celoi qui mot sunt ne mot tint
dans Ch. de Rol. XX
Parmi cel ost [ils] funt mil grailles suner
dans ib. LIII
[Du bruit] Sunent li mont et respundent li val
dans ib. CLIV
2
XIIe s.
Quant jel rovai [je le demandai].... se li cors fust sonez
dans Roncisv. p. 82
À sun pere n'en sunad mot
dans Rois, p. 45
Ce qu'à saint iglise unt si ancesur duné, En parmenable almosne li unt tut graanté ; Ainkes de barunie ni out un mot suné
dans Th. le mart. 45
3
XIIIe s.
Les cloches de la ville sonnerent hautement
dans Berte, IX
Il n'a [n'y a] cloche en la vile que l'on n'i ait sonnée
dans ib. CXXVI
Quant li empereres vit que par assaut ne porroit le castiel avoir, si fist sonner le retrait
de H. DE VALENC. dans XXXV
Li talemeliers [boulangers] puent cuire les lundis ains jour, si tost comme matines de Nostre-Dame sonent, se aucunes des festes desus dites n'i escheent
dans Liv. des mét. 11
4
XIVe s.
Si come une fois advint du jugleur de la harpe auquel un autre promist que tant miex joueroit ou sonneroit, tant plus de bien ly feroit
L'endemain, au matin, aprez prime sonnée, Fu dedens Terascon ceste gent aprestée, Pour ceste ville rendre qui bien estoit fermée
dans Guesclin. 13993
Et a ordené le roi Charles V premier à Paris les cloches qui à chascune heure sonent par points, à maniere d'horloge
dans Hist. litt. de la Fr. t. XXIV, p. 656
5
XVe s.
Lors sonnerent les Anglois leurs trompettes
Ensi ala [la métamorphose de Danaé en laurier], com je vous sonne, Si com Ovides l'araisonne En ses escris
de Jean FROISSART dans Poés. mss. p. 110, dans LACURNE
Je suis filz d'une gentille dame reyne, et fils de son mary, qui fait moult à recommander ; et moult le recommandasse, si bien sonnast en ma bouche
dans Perceforest, t. IV, f° 116
6
XVIe s.
Il envoya sonner le tabourin à l'entour de la ville
Une messe bien sonnée est à demy dicte
de François RABELAIS dans ib. I, 40
Entrez dedans la navire, et, quand je vous sonneray, tournez le tour sur le tillac diligentement
Ainsy edifia Amphion, sonnant de sa lyre, la grande cité de Thebes
de François RABELAIS dans ib. III, Prol.
Mynuict est pieça sonné
de ST-GELAIS dans 227
Homere premier sonna Et les rats et les grenouilles
Au demourant, cette response ne sonne [signifie] non plus que feroit la mienne à qui s'enquerroit....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 214
Ce mot [bibat] sonne plus sortablement en la langue d'un gascon, qui change volontiers en v le b
de Michel de MONTAIGNE dans II, 221
Il commanda aux trompettes qu'ilz sonnassent le son de la bataille
de Jacques AMYOT dans Sylla, 62
Le flatteur ayant accoustumé de tousjours sonner une seule note, qui est de complaire
Je fy sonner pour chiens : la trompe les assemble
de Pierre de RONSARD dans 670
Quant aucun acquiert aucun heritage ou droit censé et reputé pour heritage, par contract de vente ou sonnant ou equipollant à vente....
dans Coust. gén. t. II, p. 640
J'ay veu un bon organiste, lequel, estant reprins des chanoines pour ne sonner rien qui vaille, disoit que le souffleur qu'on luy avoit baillé en estoit cause
de BOUCHET dans Serées, III, p. 255, dans LACURNE
Pour pauvre personne guere on ne sonne
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. I, p. 54

ÉTYMOLOGIE

1
Berry, sonner ; saintong. souner ; bourguig. senai ; prov. et esp. sonar ; port. soar ; ital. sonare ; du lat. sonare, qui vient de sonus, son 3.

Synonymes de SONNER

Termes proches de SONNER