Définition de REPRENDRE
Prononciation : re-pran-dr'
DÉFINITIONS
1
Prendre de nouveau. Reprendre sa place.Je suis bien aise de vous mander que nous avons repris Corbie sur les ennemis
de Vincent VOITURE dans Lett. 74
Ils reprirent leurs serviteurs et leurs servantes à qui ils avaient donné la liberté, et ils les assujettirent de nouveau au joug de la servitude
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Jérémie, XXXIV, 11
Vous avez fait transir le bon abbé, de lui parler de ne pas reprendre à Paris votre petit appartement
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 282
Les Parthes, souvent vaincus, deviennent redoutables du côté de l'Orient sous l'ancien nom de Perses qu'ils reprennent
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. III, 7
S'il sut soutenir le poids des affaires, il sut aussi les quitter et reprendre son premier repos
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans le Tellier.
Ces esclaves fugitifs qu'il faut aller reprendre
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Anne de Gonz.
J'allais, en reprenant et mon nom et mon rang, Des plus grands rois en moi reconnaître le sang
de Jean RACINE dans Iphig. II, 1
....Loin de me reprendre après m'avoir chassé, Il [le peuple] croit voir un tyran dans un prince offensé
de Jean RACINE dans Théb. II, 3
Me quitter, me reprendre, et retourner encor De la fille d'Hélène à la veuve d'Hector
de Jean RACINE dans Andr. IV, 5
Je sais bien d'autre part que la justice approuve Qu'on reprenne son bien partout où l'on le trouve
de Florent Carton, sieur d'Ancourt, dit DANCOURT dans Sancho Pança, III, 2
Je ne serai pas seul qui d'une âme enchantée Aura repris sa femme après l'avoir quittée
de Jean-François REGNARD dans Démocrite, V, 7
Il devait délivrer dix chevaliers chrétiens, Venir rompre leurs fers, ou reprendre les siens
Mlle de Saint-Yves, en entendant ce discours, disait tout bas à sa compagne : Mademoiselle, croyez-vous qu'il reprenne sitôt ses habits ?
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans l'Ingénu, 4
On saisit, on reprend par un contraire effort Ce rempart teint de sang, théâtre de la mort
Combien de fois elles la reprirent tour à tour dans leurs bras !
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Lév. d'Éphraïm, I
Les évêques déclarèrent Thetberge [femme de Lothaire] innocente [son champion ayant subi l'épreuve de l'eau bouillante], et Lothaire la reprit ; deux ans après, elle avoua le même crime dont elle avait été si parfaitement justifiée
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Oeuv. t. I, p. 325
Sémantique : Fig.
Reprendre en gémissant le fardeau de la vie
de ARNAULT dans Oscar, II, 1
Reprendre un navire, enlever à l'ennemi un bâtiment dont il s'était emparé. Reprendre son poste, y revenir.
Reprendre un chemin, y rentrer après l'avoir quitté.
Reprendre le chemin de, retourner à.
Vous allez me faire le plaisir de reprendre sur-le-champ la route de Paris
de Louis-Benoît PICARD dans Cap. Belronde, II, 13
Elle allait à Bordeaux, j'en reprends le chemin
de Casimir DELAVIGNE dans les Coméd. I, 2
Sémantique : Fig. Reprendre le dessus, regagner l'avantage perdu.
Reprendre le dessus, signifie aussi se rétablir d'une longue maladie.
Reprendre terre, mettre le pied sur la terre, en parlant d'un nageur qui arrive à l'endroit où l'eau n'est plus profonde.
Sémantique : Fig.
Il ne s'est jamais vu d'amour reprendre terre comme celui-là
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 342
Sémantique : Familièrement. On ne m'y reprendra plus, je ne m'exposerai plus au même danger, au même ennui.
On dit par forme de menace : que je ne vous y reprenne plus ; que je vous y reprenne.
2
Prendre de nouveau, en parlant de boissons, de potions, d'aliments. Il a repris médecine. Il est obligé de reprendre du sulfate de quinine. On nous rend [à nous chiens de qualité] le morceau de sucre, Les chats reprennent leur café, BÉRANG. Requête3
Sémantique : Fig. Être saisi de nouveau par des sentiments, des passions.Il a repris toute sa colère Tant à nous voir marcher en si bon équipage, Les plus épouvantés reprenaient de courage !
de Pierre CORNEILLE dans Cid. IV, 3
Reprenez un orgueil digne d'elle [Rome] et de vous
de Pierre CORNEILLE dans Nic. I, 2
[Toi Sylla] Tu l'as fait un parjure, un méchant, un infâme ; Mais, s'il me laisse encor quelques droits sur son coeur, Il reprendra sa foi, sa vertu, son honneur
de Pierre CORNEILLE dans Sertor I, 3
Sauvons-le ; nos efforts deviendraient impuissants S'il reprenait ici sa rage avec ses sens
de Jean RACINE dans Andr. V, 5
Reprendre courage, redevenir courageux.
Ils reprennent courage, ils attaquent le roi, Qu'un reste de soldats défendait avec moi
de Jean RACINE dans Mithr. V, 4
Reprendre courage, signifie aussi sortir de son abattement, se ranimer.
4
Sémantique : Fig. Il se dit des maladies, des maux, qui s'emparent de nouveau d'un patient. La goutte l'a repris.Comme les joies des misérables ne durent guère, le lendemain que je l'eus reçue [votre lettre], ma colique me reprit
de Vincent VOITURE dans Lett. 25
À cette nouvelle son émotion a été si vive que la fièvre qui l'avait quittée l'a reprise
5
Rentrer en possession. Ne plaidez pas contre ce malheureux, il n'y a rien à reprendre sur lui. Il laisse de grands biens, mais sa veuve a beaucoup à reprendre sur sa succession.Sémantique : Fig.
Elle savait racheter le temps, selon le conseil de l'Apôtre, et reprendre sur son sommeil les heures qu'on avait dérobées à sa retraite
de Esprit FLÉCHIER dans Mar.-Thér.
6
Prendre ce qu'on avait donné.Ô sort.... Reprenez la faveur que vous m'avez prêtée
de Pierre CORNEILLE dans Poly. II, 1
Ciel..., Reprenez le pouvoir que vous m'avez commis, Si, donnant des sujets, il ôte des amis
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, IV, 2
Ce roi si grand, si fortuné, Plus puissant que César, plus vaillant qu'Alexandre, On dit que Dieu nous l'a donné : Hélas ! s'il voulait le reprendre !
dans Épigr. sur le nom de Dieudonné que portait Louis XIV, attribuée à Bussy-Rabutin
Ma vie est votre bien ; vous voulez le reprendre
de Jean RACINE dans Iphig. IV, 4
Fallait-il me donner ton coeur, Puisque tu voulais le reprendre ?
de QUIN. dans Alceste, I, 4
Reprenez, reprenez vos funestes bienfaits
Reprendre sa parole, retirer la promesse qu'on avait donnée.
J'ai donné ma parole et je viens la reprendre
de BARON dans Andrienne, III, 4
7
Reprendre quelque chose à quelqu'un, ou, simplement, reprendre quelque chose, rétracter quelque chose, ce qu'on a dit de quelque chose.La marquise [d'Uxelles] reprend, tous les ordinaires, les nouvelles qu'elle a mandées ; appelle-t-on cela savoir tout ce qui se passe ?
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 14 janv. 1689
Il faut que je vous reprenne l'âme damnée de la Voisin [célèbre empoisonneuse] : on dit au contraire que son confesseur a dit qu'elle avait dit Jésus, Maria, dans le milieu du feu ; c'est peut-être une sainte
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans Mercredi des cendres, 1680
Voilà qui est bien triste, monsieur, de vous reprendre une si jolie nouvelle [retour du prince de Conti]
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Moulceau, 1er mai 1686
Pour Esther [de Racine], je ne vous reprends point du tout les louanges que je lui ai données
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 23 mars 1689
8
Rejoindre quelqu'un pour l'emmener.Il a prié en mourant la comtesse de Guiche de venir reprendre sa femme à Nancy, et lui laisse le soin de la consoler
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 281
Mon fils me mande que le sien [son voyage] finira bientôt selon toutes les apparences, et qu'il me viendra reprendre ici
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 223
Attendez-moi, je viens vous reprendre pour vous mener chez ma soeur
de BRUEYS dans Muet, V, 6
Ramener chez soi, faire rentrer au logis, auprès de soi. La jeune demoiselle restera chez vous, jusqu'à ce que sa mère la reprenne.
Elle ne m'ennuyait pas, non, elle ne peut jamais m'ennuyer ; mais je trouvais qu'on tardait bien à venir la reprendre
de Mme RICCOBONI dans Oeuv. t. I, p. 74, dans POUGENS
Cette femme si capricieuse, si effrontée pourra bien me reprendre un jour son enfant
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Mères riv t. II, p. 12, dans POUGENS
9
Continuer ce qui avait été interrompu. Reprenons notre lecture.Il me reste beaucoup d'autres choses à examiner touchant les attributs de Dieu et touchant ma propre nature, c'est - à - dire celle de mon esprit ; mais j'en reprendrai peut-être une autre fois la recherche
de René DESCARTES dans Médit. V, 1
Timagène : Mais de grâce achevez l'histoire commencée. - Laonice : Four la reprendre donc où nous l'avons laissée....
de Pierre CORNEILLE dans Rod. I, 6
Elles [les pluies] ont cessé, et j'ai repris mes tristes et aimables promenades
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 565
Si on reprend la charrue mal attelée de l'Encyclopédie et qu'on veuille de ces articles, je les renverrai corrigés
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans à d'Alembert, 7 mars 1758
Cette conversation intéressa tellement le roi, qu'il la reprit plusieurs jours de suite
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Mme de Maintenon, t. I, p. 180
Ce grand projet fut repris par les Espagnols, aussitôt qu'ils eurent fait la conquête du Pérou
Autour de lui, le temps, sous mille aspects nouveaux, Achevait, renversait, reprenait ses travaux
de Jacques DELILLE dans Trois règn. I
D'après ce discours artificieux, l'accusation d'adultère est reprise
de Denis DIDEROT dans Claude et Nér. I, 85
10
Récapituler, résumer.Il [le duc de Bourgogne] reprenait tout ce qui s'était fait depuis le traité d'Arras, et reprochait au roi Louis XI] de vouloir rompre la paix
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Oeuv. t. II, p. 112
Reprendre une chose, une histoire de plus haut, la raconter en commençant d'un temps plus éloigné.
Denis d'Halicarnasse.... en reprenant dès leur origine les anciennes institutions de la république romaine, si propres de leur nature à former un peuple invincible et dominant
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. III, 6
Après avoir raconté les prospérités, il reprend dès l'origine toute la suite des maux
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib. II, 4
Il faut reprendre mon histoire de plus haut
Reprendre les choses de plus haut, remonter à des principes généraux, à des vérités antérieures.
11
Se mettre à.Vous coupiez court, et je reprenais tout aussitôt le silence
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 1er mai 1680
Reprendre la parole, se remettre à parler.
12
Reprendre une tragédie, une comédie, etc. la remettre au théâtre.En 1717, M. de Crébillon fit représenter Sémiramis ; elle n'eut aucun succès, et ne sera jamais reprise
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Mél. litt. Élog. Crébillon.
13
Sémantique : Terme de maçonnerie. Reprendre un mur, le réparer, en en fermant les crevasses.Reprendre un mur sous oeuvre, en sous-oeuvre, par-dessous oeuvre, en rétablir les parties inférieures, en soutenant le reste par des étançons.
Sémantique : Fig. Reprendre sous oeuvre un projet, un ouvrage, y travailler sur le même plan, mais avec certaines modifications.
14
Reprendre une étoffe, une toile, un bas, en rejoindre les parties rompues.Un tisserand continuellement occupé à reprendre les fils de sa toile
Sémantique : Terme de couture. Reprendre une maille, c'est refaire à l'aiguille celle qui a manqué et ainsi la rejoindre avec celles qui la suivent.
Se dit aussi, au tricot, d'une maille tombée que l'on rattrappe en la remontant jusqu'au tour où elle manque.
15
Sémantique : Terme de marine. Reprendre un hauban, un palan, remonter l'amarrage du cap de mouton ou de la poulie, de manière à pouvoir tendre davantage le hauban ou faire marcher plus loin la moufle.Reprendre une manoeuvre, la raccourcir lorsqu'elle a trop allongé.
Reprendre la tournevire, en lever les tours du bas en haut de la fusée d'un cabestan, lorsqu'ils tendent à se croiser par de nouvelles révolutions.
16
Recouvrer, avec un nom de personne pour sujet.Je n'ai pu reprendre la vie Sans reprendre aussi mon amour
de QUIN. dans Alceste, V, 4
Elle a repris sur vous son souverain empire
de Jean RACINE dans Brit. IV, 4
Et je reprends ma gloire et ma félicité En dérobant mon sang à l'infidélité
Il reprit à la fin sa juste autorité
Quand une fois on a perdu le goût des plaisirs de l'âme, qu'il est difficile de le reprendre !
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. IV
Reprendre ses esprits, reprendre ses sens, revenir à soi.
Le prince, sans s'émouvoir, lui laisse reprendre ses esprits
La voilà qui reprend ses sens
Reprendre son haleine, recommencer à respirer après une interruption.
Sémantique : Fig. Reprendre haleine, se reposer afin d'être en état de se remettre à une action, à un travail quelconque.
Reprendre se dit des animaux qui reviennent à leur ancien état.
Les animaux [les loups], quoique adoucis par l'éducation, reprennent avec l'âge leur férocité naturelle
Dans les hautes montagnes et dans les pays du Nord, ils [les lièvres] deviennent blancs pendant l'hiver, et reprennent en été leur couleur ordinaire
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans ib. t. II, p. 115
Il se dit des choses. Cette manufacture a repris un peu d'activité.
L'empire reprend quelque force sous Justinien par la valeur de Bélisaire et de Narsès
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. III, 7
L'empire reprit bientôt sous lui sa première splendeur
J'en ai vu d'autres [tables de lave] qui pliaient sous une forte charge, mais qui reprenaient le plan horizontal, par leur élasticité
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Add. th. terre, Oeuv. t. XIII, p. 157
Tout renaît ; son séjour est plus doux, l'air plus pur, Et la voûte céleste a repris son azur
de Jacques DELILLE dans Parad. perdu, VI
17
Censurer quelqu'un parce qu'on juge qu'il a fait ou dit quelque chose mal à propos.Seigneur, ne me reprenez pas dans votre fureur ; et ne me punissez pas dans votre colère
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Psaum. VI, 2
Si vous m'aviez repris dans mes premières fautes, je n'aurais pas fait celle-ci
de Blaise PASCAL dans Fragm. d'une lett. à M. Périer, 1661
Quand il [le juste] reprend ses serviteurs, il souhaite leur conversion par l'esprit de Dieu
Lycurgue donnait des lois à Lacédémone ; il est repris de les avoir faites toutes pour la guerre, à l'exemple de Minos dont il avait suivi les institutions
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. I, 6
Il a peut-être raison de reprendre ce savant auteur [Grotius] de l'excès de ses citations
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 5e avert 53
Le plaisir de dogmatiser sans être repris ni contraint par aucune autorité
Aimez qu'on vous censure, Et, souple à la raison, corrigez sans murmure ; Mais ne vous rendez pas dès qu'un sot vous reprend
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. IV
J'avoue que je dois à M. Descartes, ou à sa manière de philosopher, les sentiments que j'oppose aux siens, et la hardiesse de le reprendre
Aristote, dans le livre où il marque les avantages et les inconvénients du gouvernement de Carthage, ne la reprend point de n'avoir que des milices étrangères
Il se dit aussi des choses que l'on censure.
Veuillent les immortels conducteurs de ma langue Que je ne dise rien qui doive être repris !
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. XI, 7
Je vous dis que.... Et qu'il ne reprend rien qui ne soit à reprendre
C'est par leurs actions qu'ils [les vrais dévots] reprennent les nôtres
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans ib. I, 6
Nature : Absolument.
À quoi qu'en reprenant on soit assujettie, Je ne m'attendais pas à cette repartie
Quand on veut reprendre avec utilité et montrer à un autre qu'il se trompe
de Blaise PASCAL dans Pens. VI, 26
C'est beaucoup si vous avez obtenu de vous de ne reprendre jamais en public ; voyez dans vos réflexions si vous ne seriez pas bien aise qu'on vous dît vos fautes en particulier
Elle reprend avec bonté, et en reprenant elle encourage
Non moins prudent ami que philosophe austère, Mornai sut l'art discret de reprendre et de plaire
Reprenant tout bas, louant tout haut
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Veillées du château t. II, p. 481, dans POUGENS
Être repris de justice, avoir subi une condamnation en justice.
Il n'est pas rare que dans une famille il y ait un homme habile qui fasse fortune, et un autre mal avisé qui soit repris de justice
Sémantique : Fig. Avec un nom de chose pour sujet, corriger, servir d'instruction.
Rien ne reprend mieux la plupart des hommes que la peinture de leurs défauts
[La comédie] n'étant autre chose qu'un poëme ingénieux qui, par des leçons agréables, reprend les défauts des hommes
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans ib.
Les mauvais succès sont les seuls maîtres qui peuvent nous reprendre utilement et nous arracher cet aveu d'avoir failli qui coûte tant à notre orgueil
Il n'y a point de vérité que nous devions aimer davantage que celle qui nous reprend
de Louis BOURDALOUE dans 4e dim. après Paq. Domin. t. II, p. 127
18
Nature : V. n. Sémantique : Terme de manége. Se dit d'un cheval qui repart après un demi-arrêt.Il se dit d'un cheval qui cesse, au galop, d'entamer avec la même jambe, et qui entame avec l'autre ; ce qui se dit aussi changer de pied. Votre cheval reprend bien.
Sémantique : Terme de chasse. Ce chien reprend bien, il retrouve bien la voie.
19
Reprit-il, il reprit, expressions qui, dans un dialogue, indiquent qu'on fait parler de nouveau l'un des interlocuteurs.Laissons, reprit Iris, cette triste pensée
de Jean de LA FONTAINE dans Filles de Minée.
Il est vrai que Quinault est un esprit profond, A repris certain fat....
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. III
20
Attaquer de nouveau, en parlant des maladies.Cela lui reprend de moment en moment, et je crois qu'elle ne passera pas la journée
La fièvre a repris traîtreusement à Mme de la Fayette
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 140
La rage des tragédies m'a repris comme à vous
Vous n'êtes qu'à moitié guéri ; votre ancien mal vous reprend toujours
Il se dit aussi de sentiments, de passions.
C'est sa timidité qui lui reprend, madame
de LEGRAND dans Famille extrav. sc. 14
21
En parlant des végétaux, prendre de nouveau racine, après avoir été transplanté. Cet arbre a bien repris.On dit également : Cette greffe a bien repris.
Ces greffes malheureuses qui n'ont point repris, qui touchent bien le tronc de l'arbre qui les soutient, mais qui n'en sont pas vivifiées
22
En parlant des chairs, des plaies, se rejoindre, se refermer. Les chairs ont repris. La plaie commence à reprendre.23
Se rétablir d'une maladie. Le malade commence à reprendre.24
Regagner de l'activité, de la prospérité, en parlant de choses. Le commerce reprend.Ce quartier-ci va reprendre ; voilà la paix
25
Ce drame a repris, il s'est relevé après avoir été mal accueilli.26
Recommencer, revenir. Le froid reprend. Cette mode a repris.27
Se glacer de nouveau. La rivière a repris.28
Reprendre sur, revenir sur.Puis le mercredi matin, j'en reçois encore une [lettre], et je reprends sur des chapitres que j'ai déjà commencés
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 19 août 1676
Elles [des lettres] sont écrites d'un trait ; vous savez que je ne reprends guère que pour faire plus mal
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 3 avr. 1671
Reprendre, Nature : v. n. se conjugue avec avoir quand on veut marquer l'action : La rivière a repris hier ; avec le verbe être, quand on veut marquer l'état : La rivière est reprise depuis hier.
29
Se reprendre, Nature : v. réfl. Être pris de nouveau.C'est l'orgueil qui n'ose pas dire ses secrets, et qui, dans les égards qu'il a pour les autres, se quitte pour se reprendre
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Déf. Espr. lois, part. 3
30
En parlant des chairs, des plaies, se rejoindre, se refermer. La plaie se reprend. Les chairs se sont déjà reprises.31
Lier de nouveau amitié.Nous étions sur le point de nous reprendre et de nous recoudre avec le parlement
de Jean-François Paul de Gondi, cardinal de RETZ dans III, 24
Une amitié qui a pu se reprendre malgré les obstacles
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Serm. Pén. 1
32
Concevoir de nouveau de l'attachement pour.Peut-être que mon âme.... à la vie un moment se reprendrait encore
de Alphonse de LAMARTINE dans Méd. II, 15
33
Se corriger, se rétracter de quelque chose qu'on a mal dit. Il a mal prononcé d'abord, mais il s'est repris.Mais, quand soi-même on sait se faire entendre Que la raison nous doit donner la loi, On sent l'honneur de se reprendre, Et le plaisir de ne céder qu'à soi
de LA MOTTE dans Fabl. IV, 19
34
Sémantique : Terme des mystiques. Se reprendre soi-même, réfléchir sur ses besoins et sur les actes que Dieu nous commande ; ce que les mystiques interdisent.HISTORIQUE
1
XIIe s.Vus ne li devez pas [au roi] tut son voil conseillier, Ainz le devez suvent reprendre et chastier
dans Th. le mart. 28
[Le cheval] Reprent s'aleine, tost est revigorez
dans La bat. d'Aleschans, V. 562
Chacun torna sa resne, et son tor a repris
dans Ronc. p. 193
Et la guerre dura tante mainte saison, Li uns rois après l'autre la reprist en son non
dans Sax. III
[Sa première femme étant morte] Il en reprist une autre qui fu assez vaillans
dans ib. V
2
XIIIe s.Et la semenche que je semme Ne reprendroit en nule terre
de GUI DE CAMBRAI dans Barl. et Jos. p. 235
Et dites moi comment savés, Puisque li hons sera chi mors, Reprendera l'ame son cors
de GUI DE CAMBRAI dans ib. p. 51
En dormant vous cuid [je pense] embrassier ; E quant j'i faille au resveiller, Nule riens ne m'i peut aidier ; Lors me reprend à souhaitier
de AUDEFR. LE BAST. dans Romanc. p. 43
Li pueple de Israel le trainierent à chevaus [Ézéchiel], porce qu'il les reprenoit des crimes et des deableries que il faisoient
de Brunetto LATINI dans Trésor, p. 58
Mauvaistié.... Qui peüst en lor cuers grener, Ne reprendre ne rachiner
dans Roi Guillaume, p. 95, dans DU CANGE, Gloss. français
Sa conscienche le reprit de la terre de Normandie, que li rois Phelippes avoit conquis sour le mauvais roi Jehans d'Engletiere
dans Chr. de Rains, 233
Quant la vielle ot tant fabloié [la vieille eut tant parlé], Bel-acueil reprent la parole
dans la Rose, 14806
Ce demanderent il [les pharisiens] à nostre Seigneur, ne mie por aprendre, mais por reprendre, s'il peussent
dans Serm. de Maurice de Sully, dans Arch. des miss. scientif. t. V, p. 156
3
XIVe s.Se les enemis eussent reprins courage
de Pierre BERCHEURE dans f° 43, recto.
4
XVe s.Je ne vueil pas reprendre vostre parolle, mais je la vueil amender
5
XVIe s.Incontinent que Domitian eust esté tué, les mois reprirent leurs anciens noms
de Jacques AMYOT dans Numa, 31
Le mary pouvoit prester sa femme à temps, pour puis après la reprendre
de Jacques AMYOT dans Lyc. et Num. comp. 6
Et lors commencea l'on à mettre en avant, qu'il estoit besoing de reprendre la guerre contre Mithridate
de Jacques AMYOT dans Lucull. 11
Silanus mesme se reprit de ce qu'il avoit dit, et interpreta son opinion, disant....
de Jacques AMYOT dans Cicéron, 24
Faire reprendre [cicatriser] une playe
de Jacques AMYOT dans Comm. ouïr, 25
Fabius s'en prist à rire, et luy respondit sur le champ : Tu as dit la verité ; car, si tu ne l'eusses point perdue [la ville de Tarente], je ne l'eusse point reprise
de Jacques AMYOT dans Fab. 47
Reprendre les faultes d'aultruy
de Michel de MONTAIGNE dans I, 156
Avant que se laisser reprendre, il se donna de l'espée au travers....
de Michel de MONTAIGNE dans II, 32
Quand je veins à revivre, et à reprendre mes forces
de Michel de MONTAIGNE dans II, 58
Ce testu indocile pense il pas reprendre un nouvel esprit, pour reprendre une nouvelle dispute ?
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 248
Par advertissements et instructions reprinses à intervailes
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 272
Ils firent un grand retranchement du coin de la Grange Loudis à travers la rue, pour aller reprendre [rejoindre] la muraille
Les nerfs, veines et arteres se reprennent quelquesfois
de Ambroise PARÉ dans VII, 4
Reprenons notre chevre à la barbe
de Randle COTGRAVE dans
ÉTYMOLOGIE
1
Bourguig. reprare ; wallon, ripreind ; provenç. reprendre, reprehendre, reprenre, repenre ; catal. rependrer ; espagn. reprender ; portug. reprehender ; ital. riprendere ; du lat. reprehendere, de re et prehendere (voy. PRENDRE).Synonymes de REPRENDRE
- ABRÉGER
- CONDENSER
- PARTIR
- RATTACHER
- RATTRAPER
- RAVOIR
- RÉCAPITULER
- RECOMMENCER
- RÉCONCILIER
- RECOUVRER
- RÉCUPÉRER
- RÉEMPLOYER
- REFAIRE
- REGAGNER
- REJOINDRE
- REMPLOYER
- RENGAGER
- RENOUER
- REPARTIR
- RÉPRIMANDER
- RESSERVIR
- RÉSUMER
- RETIRER
- SYNTHÉTISER