L'oeuvre De la Recherche de la vérité de Nicolas MALEBRANCHE
Ecrit par Nicolas MALEBRANCHE
Date : 1674
Citations de "De la Recherche de la vérité"
Pages 1
Utilisé pour le mot | Citation |
ATTRIBUT | C'est un attribut du sage de.... La fluidité, la dureté, la mollesse, le mouvement et le repos se pouvant séparer de la matière, il s'ensuit que tous ces attributs ne lui sont point essentiels |
CAVALIÈREMENT | Ayant honte de parler simplement pour parler, comme font beaucoup de gens qui parlent cavalièrement de toutes choses |
CHIMISTE | Les chimistes et tous ceux qui employent leur temps à faire des expériences |
CIRCONSPECTION | J'avoue que la loi que j'impose est bien rigoureuse ; qu'une infinité de gens aimeront mieux ne raisonner jamais que de raisonner à ces conditions ; qu'on ne courra pas si vite avec des circonspections si incommodes |
COMMA | Quelques-uns même s'imaginent que le ton majeur n'est point différent du ton mineur, de sorte que le comma, qui en est la différence, leur est insensible |
CONCEVOIR | Comme les yeux ont besoin de lumière pour voir, l'esprit aussi a besoin d'idées pour concevoir |
CONCUPISCENCE | Les passions de son coeur lui cachent presque toujours la vérité et ne la lui laissent paraître que lorsqu'elle est teinte de ces fausses couleurs qui flattent la concupiscence |
CONFIGURATION | J'appelle simplement figure celle qui est extérieure, et j'appelle configuration la figure qui est intérieure et qui est nécessaire à toutes les parties dont chaque corps est composé |
CONSENTIR | Toutes les fois que l'on consent aux vraisemblances, on se met certainement en danger de se tromper |
CONSERVATION | Je crois qu'il est certain que la conservation n'est qu'une création continuée, puisque ce n'est que la même volonté de Dieu, qui continue de vouloir ce qu'il a voulu |
CONTIGUÏTÉ | Je ne parle point ici de la contiguïté ; car il est visible que les choses contiguës se touchent si peu qu'il y a toujours beaucoup de matière subtile entre elles |
CONTINGENT, ENTE | Il y a deux sortes de vérités, les unes sont nécessaires, et les autres contingentes |
CONTREDIRE | Comme Aristote se contredit souvent et qu'on peut appuyer presque toutes sortes de sentiments par quelques passages tirés de lui |
CONVENIR | On est obligé de les mettre [des pièces] les unes sur les autres pour voir d'une manière plus sûre que par la vue si elles conviennent en grandeur |
CONVEXITÉ | Si le rayon tombe perpendiculairement sur une loupe ou verre convexe, il continuera son chemin en ligne droite et passera par le centre de sa convexité |
CORDELIER | Les cordeliers embrassent les sentiments de Scot, parce que Scot était cordelier |
COUP | La plupart des livres de certains savants ne sont fabriqués qu'à coups de dictionnaires, et ils n'ont guère lu que les tables des livres qu'ils citent, ou quelques lieux communs ramassés de différents auteurs |
COUSU, UE | Un livre cousu de passages grecs, hébreux, arabes, de citations de rabbins et d'autres auteurs obscurs et extraordinaires |
CRITIQUE | Saumaise, le plus grand critique de nos jours |
CRITIQUER | Il faut, autant qu'on peut, apporter des exemples illustres des choses qu'on dit, lorsqu'elles sont de conséquence, et c'est quelquefois faire honneur à un livre que de le critiquer |
DITON | Ceux qui ont l'oreille la plus délicate ne sont pas encore assez sensibles pour reconnaître la différence qu'il y a entre certains sons.... il y en a qui ne mettent point de différence entre une octave et trois ditons |
ENFUMÉ, ÉE | L'expérience du verre enfumé, dont on a parlé d'abord |
ENLEVER | Ceux qui joignent le sublime au nouveau, le grand à l'extraordinaire, ne manquent presque jamais d'enlever et d'étourdir le commun des hommes, quand même ils ne diraient que des sottises |
ENSEIGNER | L'amour généreux de la vérité fait très souvent perdre les chaires où l'on ne doit enseigner que la vérité |
ENTENDEMENT | J'appelle la faculté ou la capacité qu'a l'âme de recevoir différentes idées et différentes modifications, entendement |
ENTITÉ | Voici ce qui arrive ordinairement aux philosophes : ils voient quelque effet nouveau ; ils imaginent aussitôt une entité nouvelle pour le produire |
ENTRECOUPER | En exprimant par des lignes ces mouvements, et en tirant à ces lignes des parallèles qui s'entrecoupent |
ENVIRON | La réfraction d'un rayon qui, de l'air, entre dans l'humeur aqueuse, est à peu près comme 4 à 3, dans le cristallin comme 3 à 2, dans l'humeur vitrée comme 10 à 7 ou environ |
ESPÈCE | La plus commune opinion est celle des péripatéticiens, qui prétendent que les objets de dehors envoient des espèces qui leur ressemblent, et que ces espèces sont portées par les sens extérieurs jusqu'au sens commun ; ils appellent ces espèces-là impresses, parce que les objets les impriment dans les sens extérieurs |
ESPRIT | Je crois pouvoir dire qu'un maître qui voudrait être honoré et servi, comme ayant en lui-même une autre puissance que celle de Dieu, serait un démon ; et que ceux qui le serviraient dans cet esprit seraient des idolâtres |
ESSENTIELLEMENT | Il est nécessaire, pour la conservation du corps, que nous ayons des sensations essentiellement différentes, quoique les impressions que les objets font sur notre corps ne diffèrent que très peu |
ESTIMÉ, ÉE | Il suffit, pour être estimé savant, de savoir ce que les autres ne savent pas, quand même on ignorerait les vérités les plus nécessaires et les plus belles |
ÉTENDRE | On n'étend l'esprit qu'en abrégeant ses idées |
ÉTENDU, UE | L'esprit de l'homme, n'étant point matériel ou étendu, est sans doute une substance simple, indivisible, et sans aucune composition de parties |
ÉTENDUE | La question se réduit à savoir si cette idée de l'étendue est une modalité de l'âme ; je prétends que non, parce que cette idée est trop vaste, qu'elle est infinie, comme je viens de le prouver |
EUCHARISTIE | La raison humaine ne nous fait point comprendre qu'il y a un Dieu en trois personnes ; que le corps de Jésus-Christ soit réellement dans l'eucharistie ; et comment il se peut faire que l'homme soit libre, quoique Dieu sache de toute éternité ce que l'homme fera |
ÉVIDEMMENT | Les uns veulent toujours croire aveuglément, les autres veulent toujours voir évidemment |
EXACTITUDE | L'exactitude de l'esprit n'a presque rien de pénible : ce n'est point une servitude comme l'imagination la représente |
EXCÈS | L'excès ou le défaut d'une idée sur une autre, ou, pour me servir des termes ordinaires, l'excès ou le défaut d'une grandeur |
EXISTENCE | La preuve de l'existence de Dieu la plus belle, la plus relevée ; la plus solide et la première, ou celle qui suppose le moins de choses, c'est l'idée que nous avons de l'infini |
EXPLICATION | J'entends clairement cette explication, et je la reçois |
EXPRESSION | L'algèbre réduit à des expressions simples et générales et qui n'ont qu'un très petit nombre de lettres, les résolutions d'un nombre infini de problèmes et souvent même des sciences entières |
FIN, FINE | Les esprits fins sont ceux qui remarquent par la raison jusques aux moindres différences des choses ; qui prévoient les effets des causes cachées, peu ordinaires et peu visibles ; enfin ce sont ceux qui pénètrent davantage les sujets qu'il considèrent |
IMPRESSE | La plus commune opinion est celle des péripatéticiens, qui prétendent que les objets de dehors envoient des espèces qui leur ressemblent, et que ces espèces sont portées par les sens extérieurs jusqu'au sens commun : ils appellent ces espèces-là impresses, parce que les objets les impriment dans les sens extérieurs |
IMPRIMER | " Plusieurs auteurs se sont servis de cette locution inscrite dans le Dictionnaire de l'Académie : C'est Dieu qui imprime à la matière son mouvement et qui règle sa détermination |
MAÎTRESSE | Ce n'est pas un défaut que d'avoir le cerveau propre pour imaginer fortement les choses et recevoir des images très distinctes et très vives des objets les moins considérables, pourvu que l'âme demeure toujours la maîtresse de l'imagination |
MANIER | Les hommes ne sentent pas la chaleur qui est dans leur coeur, quoiqu'elle donne la vie et le mouvement à toutes les autres parties de leur corps ; il faut qu'ils se touchent et qu'ils se manient pour s'en convaincre, parce que cette chaleur est naturelle ; il en est de même de la vanité, elle est si naturelle à l'homme qu'il ne la sent pas |
MANIÈRE | Les trois manières dont l'âme aperçoit, savoir par les sens, par l'imagination et par l'esprit, ne la touchent pas toutes également |
MANIÈRE | Les plaisirs étant des manières d'être de notre âme |
MANIFESTE | Il est manifeste que le commun des hommes doit être dans une ignorance très grossière à l'égard même des choses qui ont quelque rapport à eux |
MATIÈRE | La matière ou l'étendue renferme en elle deux propriétés ou deux facultés : la première faculté est celle de recevoir différentes figures, et la seconde est la capacité d'être mue |
MÉDITER | Il vaut mieux ne point méditer que de méditer sur des chimères |
MÊME | Quelquefois un même homme les voit [les objets] plus grands de l'oeil gauche que du droit, selon les observations que l'on en a faites, qui sont rapportées dans le journal des savants de Rome, du mois de janvier 1669 |
MÉPRISABLE | Il n'y a rien de méprisable dans la nature, et tous les ouvrages de Dieu sont dignes qu'on les respecte et qu'on les admire |
MONITEUR | Un docteur pour nous instruire de la vérité, ou plutôt un moniteur assez fidèle pour nous disposer à en être instruits |
NATUREL, ELLE | C'est Dieu même qui éclaire les philosophes dans les connaissances que les hommes ingrats appellent naturelles, quoiqu'elles ne leur viennent que du ciel |
NATURELLEMENT | Il est évident que des sons et des paroles n'ont point et ne peuvent avoir naturellement de rapport aux choses qu'elles signifient, quoi qu'en disent le divin Platon et le mystérieux Pythagore |
NÉCESSAIRE | Il n'est pas nécessaire de passer deux fois la ligne pour voir observer religieusement des lois et des coutumes déraisonnables |
NÉGATIF, IVE | S'étant approché jusqu'au point qu'on appelle le foyer négatif de la loupe, c'est-à-dire un foyer pris de l'autre côté de la loupe |
NOBLESSE | La noblesse d'une science se tire de la noblesse de son objet : c'est un grand principe |
NOVATEUR, TRICE | Ils appellent indifféremment du nom odieux de novateur les hérétiques et les nouveaux philosophes |
OCCASIONNEL, ELLE | Les causes naturelles ne sont point de véritables causes : ce ne sont que des causes occasionnelles, qui n'agissent que par la force et l'efficace de la volonté de Dieu |
OFFENSÉ, ÉE | Épicure avait raison de dire que les offenses étaient supportables à un homme sage ; mais Sénèque a tort de dire que les sages ne peuvent pas même être offensés |
ORDONNER | Les médecins ne visitent point assez et ordonnent trop |
ORDRE | Dieu veut l'ordre dans ses ouvrages : ce que nous concevons clairement être conforme à l'ordre, Dieu le veut ; et ce que nous concevons clairement être contraire à l'ordre, Dieu ne le veut pas |
ORDRE | Il faut conclure que les passions sont de l'ordre de la nature, puisqu'elles ne peuvent être de l'ordre de la grâce |
OREILLE | Quoique les musiciens distinguent fort bien les différentes consonnances, ce n'est point qu'ils en distinguent les rapports par des idées claires ; c'est l'oreille seule qui juge chez eux de la différence des sons ; la raison n'y connaît rien |
PAÏEN, ENNE | Depuis le péché, l'esprit de l'homme est tout païen |
PARCOURIR | Il est constant que nous ne saurions juger de la grandeur du mouvement d'un corps que par la longueur de l'espace que ce même corps a parcouru |
PAROLE | Il n'est pas permis de croire les hommes sur leur parole, lorsqu'ils accusent les autres des plus grands crimes |
PARTI | Qu'avons-nous tant faire de savoir si Saturne est environné d'un anneau ou d'un grand nombre de petites lunes, et pourquoi prendre parti là-dessus ? |
PARTICIPABLE | Dieu, comme parle saint Thomas, connaît parfaitement sa substance ou son essence, il y découvre par conséquent toutes les manières dont elle est participable par les créatures |
PARTICIPATION | Toutes ces idées particulières ne sont que des participations de l'idée générale de l'infini |
PARTICULIER, ÈRE | Lorsqu'on descend dans le particulier |
PARTICULIÈREMENT | La partie principale du cerveau dans laquelle l'âme réside plus particulièrement |
PARTIR | Toutes les parties dont l'oeil est composé ont un rapport si juste et si sagement proportionné à l'action de la lumière, que la lumière et les yeux sont visiblement faits l'un pour l'autre, et partent d'une même main |
PASSER | Il [Régis] me passe que Dieu agit toujours par les voies les plus simples |
PASSION | Je crois pouvoir dire que toutes les passions se peuvent rapporter aux trois primitives : savoir, au désir, à la joie et à la tristesse |
PASSIONNER | Il est vrai néanmoins que les personnes passionnées nous passionnent, et qu'elles font dans notre imagination des impressions qui ressemblent à celles dont elles sont touchées |
PÉCHÉ | Depuis le péché, les plaisirs des sens ont abaissé l'âme vers les choses sensibles |
PÉDANT | Ce terme pédant est fort équivoque ; mais l'usage, ce me semble, et même la raison veulent qu'on appelle pédants ceux qui, pour faire parade de leur fausse science, citent à tort et à travers toutes sortes d'auteurs, qui parlent simplement pour parler et pour se faire admirer des sots |
PENCHER | Si Alexandre penche la tête, ses courtisans penchent la tête |
PENDU, UE | Passer toutes les nuits pendu à une lunette pour découvrir dans les cieux quelque nouvelle planète |
PENSÉE | La pensée toute seule est donc l'essence de l'esprit, ainsi que l'étendue toute seule est l'essence de la matière |
PERCEPTION | Nos jugements ont plus d'étendue que nos perceptions |
PÉRIR | Les corps peuvent donc changer, mais ils ne peuvent pas périr |
PERMUTATION | Il ne se fait dans ce cas, comme dans les mouvements contraires, qu'une permutation réciproque des mouvements, à cause de l'égalité des masses |
PERSONNE | Les personnes d'étude ne veulent pas se donner la peine de philosopher par ordre |
PERTE | À la vue de la perte prochaine d'un grand bien, il se forme naturellement sur le visage des caractères de rage et de désespoir |
PETIT, ITE | Les petits esprits, avec toute leur vivacité et toute leur délicatesse, ont la vue trop courte pour voir tout ce qui est nécessaire à l'établissement de quelque système ; ils s'arrêtent à de petites difficultés qui les rebutent, ou à quelques lueurs qui les éblouissent |
PIQUER | Le bon sens et l'expérience nous assurent que le meilleur moyen pour n'être point blessé par la douleur d'une piqûre, c'est qu'il ne faut point se piquer ; mais les stoïciens disent : Piquez, et je vais, par la force de mon esprit et par le secours de ma philosophie.... |
PLAIE | Les plaies du coeur sont plus dangereuses que celles de l'esprit |
PLAN, ANE | Sachant que ma rétine n'est pas plane, mais concave, la géométrie m'apprend que les lignes perpendiculaires sur une surface concave se croisent nécessairement |
PLUS | L'Écriture sainte, les Pères, les plus gens de bien |
POINT | S'ils lisent l'Écriture sainte, ce n'est pas pour y apprendre la religion et la piété ; les points de chronologie, de géographie, et les difficultés de grammaire les occupent tout entiers |
POLYGONE | Le cercle, l'ellipse, et généralement toute figure régulière ou irrégulière, curviligne, se peut considérer comme un polygone d'un nombre infini de côtés |
POLYMATHIE | Quand un homme se met en tête de devenir savant, et que l'esprit de polymathie commence à l'agiter |
POMPER | Lorsqu'on a appliqué un verre à la machine du vide et qu'on en a pompé l'air grossier, autant qu'il se peut |
PORTER | La force qui met nos esprits en mouvement, c'est la volonté de Dieu qui nous anime et qui nous porte vers le bien |
PRATICIEN | Les plus habiles praticiens, ceux qui ont l'oreille la plus délicate et la plus fine, ne sont pas encore assez sensibles pour reconnaître la différence qu'il y a entre certains sons |
PRÉALABLE | Je dois distinguer l'idée de ma main, de la perception que j'en ai ; les idées des objets sont donc préalables aux perceptions que nous en avons |
PRÉCÉDER | L'on ne doit pas s'imaginer que ce qui précède un effet en soit la véritable cause |
PRENDRE | Lorsque la suite du discours détermine le sens auquel on les prend [les termes] |
PRENDRE | L'esprit se rebute et s'abat aussitôt qu'il a fait quelque effort pour se prendre et pour s'arrêter à quelque vérité |
PRENDRE | Lorsque notre âme veut se représenter sa nature et ses propres sensations, elle fait effort pour s'en former une image corporelle ; elle se cherche dans tous les êtres corporels, elle se prend tantôt pour l'un et tantôt pour l'autre |
PRÉOCCUPER | Les fausses louanges que les commentateurs lui donnent [à leur auteur] sont souvent cause que des personnes peu éclairées, qui s'adonnent à la lecture, se préoccupent et tombent dans une infinité d'erreurs |
PRESSEMENT | Ils aiment mieux recourir.... à des qualités de la lune pour le flux et le reflux de la mer, qu'au pressement de l'air qui environne la terre |
PRESSER | La moindre force est capable de les séparer [les deux moitiés de la sphère d'Otto de Guericke], lorsque l'air, étant rentré dans la sphère de cuivre, pousse les surfaces concaves et intérieures, autant que l'air de dehors presse les surfaces extérieures et convexes |
PRÉVENANT, ANTE | Il [Adam] sentait comme nous des plaisirs, et même des douleurs ou des dégoûts prévenants et indélibérés |
PRIVATION | Il faut remarquer que la douleur est un mal réel et véritable, et qu'elle n'est pas plus la privation du plaisir que le plaisir n'est la privation de la douleur |
PROCHE | L'expérience apprend que la lune paraît d'autant plus grande qu'elle est plus proche de l'horizon |
PRODUIRE | Le choc actuel est cause naturelle ou occasionnelle de la communication actuelle des mouvements, par laquelle Dieu, sans changer de conduite, produit une infinité d'ouvrages admirables |
PROJECTION | Quand nous regardons un cube, par exemple, il est certain que tous les côtés que nous en voyons ne font presque jamais de projection ou d'image d'égale grandeur |
PROVIDENCE | Si l'on examine les raisons et la fin de toutes ces choses, on y trouvera tant d'ordre et de sagesse, qu'une attention un peu sérieuse sera capable de convaincre les personnes les plus attachées à Épicure et à Lucrèce qu'il y a une Providence qui régit le monde |
PRUNELLE | Il est nécessaire pour la perfection de l'organe de la vue, que le trou de la prunelle diminue ou augmente à proportion que les objets sont plus ou moins éclairés |
PYRRHONIEN, IENNE | Ceux qui ont lu Montaigne savent assez que cet auteur affectait de passer pour pyrrhonien, et qu'il faisait gloire de douter de tout |
QUALITÉ | Une qualité est ce qui fait qu'on appelle une chose d'un tel nom ; on ne peut le nier à Aristote ; car enfin cette définition est incontestable |
QUALITÉ | Ces livres de science et principalement ceux qui traitent de la physique, de la médecine, de la chimie, sont tous pleins de raisonnements fondés sur les qualités élémentaires et sur les qualités secondes, comme les attractives, les rétentrices, les concoctrices, et autres semblables |
QUE | Que ce soit l'homme ou la femme qui ait introduit le péché dans le monde, c'est la même chose, selon saint Augustin |
RADOTER | On avertit seulement que l'état du vieillard n'arrive pas précisément à soixante ou à soixante et dix ans ; que tous les vieillards ne radotent pas.... |
RAILLER | Il n'y a maintenant qu'à nier d'un certain air le péché originel, l'immortalité de l'âme, ou se railler de quelque sentiment reçu dans l'Église, pour acquérir la rare qualité d'esprit fort parmi le commun des hommes |
RAMASSER | Ramassera-t-on tous les passages qui sont pour et contre ? |
RAPPORT | Il est évident à tout homme qui consulte sa raison, et qui méprise les rapports de ses sens, que ce ne sont point les objets que nous sentons, qui agissent effectivement en nous |
RAPPORT | Quand, par exemple, on dit que du drap que l'on mesure a trois aunes, le drap et les aunes sont réelles, mais l'égalité entre trois aunes et le drap n'est point un être réel ; ce n'est qu'un rapport qui se trouve entre les trois aunes et le drap |
RAYON | J'appelle rayon de lumière, ou simplement rayon, la ligne droite tirée de l'objet lumineux, ou éclairé, par laquelle se transmet l'action qui le rend visible |
RAYONNER | Un auteur s'applique à un genre d'étude ; les traces du sujet de son occupation s'impriment si profondément et rayonnent si vivement dans tout son cerveau, qu'elles effacent quelquefois les traces des choses même fort différentes |
RÉACTION | Il faut faire attention à ce principe certain, que la réaction est égale à la résistance que trouve l'action, ou qu'un corps qui en choque un autre, souffre dans ses parties la même compression qu'il produit dans l'autre |
RECEVOIR | Ce que je vais dire d'abord n'est que pour ceux qui reçoivent le principe de M. Descartes |
REDIRE | La principale chose que l'on trouve à redire dans la manière dont M. Descartes fait naître le soleil, les étoiles, la terre et tous les corps qui nous environnent, c'est qu'elle paraît contraire à ce que l'Écriture sainte nous apprend de la création du monde |
REDRESSER | Les corps durs qui font ressort, se redressent lorsqu'on les a courbés |
RÉDUIT, ITE | La force qui donne l'être à toutes choses n'est pas sujette au changement, et, par les forces ordinaires de la nature, ce qui est ne peut être réduit à rien |
RÉFRACTION | Tout le monde sait que l'on a dressé des tables de réfractions pour les observations astronomiques, lesquelles tables donnent, pour les différents degrés de hauteur des planètes, différentes élévations apparentes, fondées sur ce que je viens de dire |
RÉGÉNÉRATION | Il n'est pas nécessaire de savoir précisément comment se fait la régénération des enfants, pourvu qu'on admette en eux une véritable régénération, ou une justification intérieure et réelle, causée, si on le veut, par les actes qui accompagnent le sacrement |
REJAILLIR | De sorte que le plus faible doit rejaillir avec un mouvement égal à la quantité du choc, ou continuer son mouvement avec une augmentation égale aussi à la quantité du choc |
RELIGIEUX, EUSE | Les religieux n'ont pas l'esprit ni le coeur tourné comme les autres hommes du monde, ni même comme les ecclésiastiques ; ils sont unis à moins de choses, mais ils y sont naturellement plus fortement attachés |
REMUER | Nous voulons parler ou chanter ; mais nous ne savons pas seulement quels muscles il faut remuer pour parler ou pour chanter |
REPAÎTRE | Se repaître plutôt l'esprit de la vanité des paroles que de la solidité des choses |
REPOS | Je crois devoir avertir que ce qui gâte le plus la physique de M. Descartes est ce faux principe, que le repos a de la force ; car de là il a tiré des règles du mouvement qui sont fausses |
REPOUSSER | Il [un corps] est poussé sans repousser, puisque le repos n'a point de force pour résister au mouvement |
REPRENDRE | J'avoue que je dois à M. Descartes, ou à sa manière de philosopher, les sentiments que j'oppose aux siens, et la hardiesse de le reprendre |
RETENIR | Retenons bien que les objets extérieurs ne renferment rien d'agréable ni de fâcheux |
RÉVOLUTION | Les observations astronomiques apprennent que les carrés des temps des révolutions des planètes sont entre eux comme les cubes de leurs distances du centre commun de leur révolution |
RÉVULSION | Il faut se servir d'adresse, et se représenter des choses contraires à celles qui excitent et qui entretiennent ce mouvement, et cela fera révulsion |
RIEUR, EUSE | La faveur et les rieurs, comme l'on dit ordinairement, ne sont que rarement du côté de la vérité |
ROMPRE | Des crimes qui rompent la société, qui abrégent la vie, et qui déshonorent Dieu en toutes manières |
ROMPU, UE | Les rayons sont diversement, ou réfléchis, ou rompus |
SARBACANE | Si l'on considère que le souffle seul est capable de pousser une balle de plomb avec violence par le moyen des sarbacanes, à cause que la force du souffle ne se dissipe point et se renouvelle sans cesse |
SAVANT, ANTE | Les faux savants ne sont pas les seuls qui veulent paraître ne rien ignorer ; presque tous les hommes ont ce défaut, principalement ceux qui ont quelque lecture et quelque étude |
SCHISMA | Quelques-uns s'imaginent que le ton majeur n'est point différent du ton mineur ; de sorte que le comma, qui en est la différence, leur est insensible, et à plus forte raison le schisma, qui n'est que la moitié du comma |
SEMBLABLE | Comme on ne peut trouver deux visages qui se ressemblent entièrement, on ne peut trouver deux imaginations tout à fait semblables |
SENS | Nous devons observer exactement cette règle de ne juger jamais par les sens de ce que les choses sont en elles-mêmes, mais seulement du rapport qu'elles ont avec notre corps |
SENSATION | Les sensations ne sont rien autre chose que des manières d'être de l'esprit ; et c'est pour cela que je les appellerai des modifications de l'esprit |
SENSIBILITÉ | Il faut bien prendre garde à tempérer de telle manière la sensibilité de ses expressions que l'on ne fasse que rendre l'esprit plus attentif |
SENSIBLE | Ceux qui s'abandonnent à toutes sortes de divertissements très sensibles et très agréables, ne sont pas capables de pénétrer des vérités qui renferment quelque difficulté considérable |
SENTIMENT | On ne connaît son âme que par le sentiment intérieur qu'on en a |
SENTIMENT | Je distingue entre connaître par idée claire, et connaître par sentiment intérieur |
SÉRIEUX, EUSE | Ils n'apportent presque jamais une attention forte et sérieuse pour découvrir la vérité |
SERVIR | S'il y a des choses que l'on doive ignorer, ce sont celles qui ne servent à rien |
SIGNIFIER | S'il est certain que tout ce qui est intelligible se réduit aux êtres et aux manières d'être, il est évident que tout terme qui ne signifie aucune de ces choses ne signifie rien |
SON | Nul homme n'est à soi-même sa raison, sa lumière, sa sagesse ; si ce n'est peut-être lorsque sa raison est une raison particulière, sa lumière une fausse lueur, sa sagesse une folie |
SONGE | C'est une chose assez ordinaire à certaines personnes d'avoir, la nuit, des songes assez vifs pour s'en ressouvenir exactement lorsqu'ils sont réveillés |
SORCIER, IÈRE | Encore que je sois persuade que les véritables sorciers soient très rares, que le sabbat ne soit qu'un songe, et que les parlements qui renvoient les accusations des sorcelleries soient les plus équitables |
SOUFFRIR | L'imagination ne peut souffrir les vérités abstraites et extraordinaires : elle les regarde, ou comme des spectres qui lui font peur, ou comme des fantômes dont elle se moque |
SOUMETTRE | Il faut se soumettre à l'autorité de l'Église, parce qu'elle ne peut jamais se tromper ; mais il ne faut pas se soumettre aveuglément à l'autorité des hommes, parce qu'ils peuvent toujours se tromper |
SOUPÇONNER | Il n'y a rien dans mes écrits qui puisse faire, je ne dis pas juger, mais seulement soupçonner à une personne équitable, que j'aie jamais eu un sentiment si extravagant et si impie |
SOUPLESSE | Ce n'est pas ici le lieu de découvrir les souplesses de l'amour-propre |
SOUTENABLE | La proposition que M. Régis prétend prouver dans le chapitre 30 du troisième tome de sa philosophie, et par laquelle il le finit, n'est pas soutenable |
SOUTIEN | Les poids, pour demeurer en équilibre, doivent être en proportion réciproque avec leurs distances du soutien ; c'est-à-dire, qu'un poids doit être à l'autre poids, comme la distance qui est entre le dernier et le soutien, est à la distance du premier d'avec le même soutien |
SPIRITUEL, ELLE | Les idées que Dieu a eues [des êtres en les créant] ne sont point différentes de lui-même ; et ainsi toutes les créatures, même les plus matérielles et les plus terrestres, sont en Dieu, quoique d'une manière toute spirituelle que nous ne pouvons comprendre |
SPIRITUEL, ELLE | Je crois que ceux-là se trompent, qui pensent que la rébellion du corps n'est cause que des vices grossiers, tels que sont l'intempérance et l'impudicité ; et non de ceux qu'on appelle spirituels, comme l'orgueil et l'en vie |
SUBSTANCE | On doit conclure de tout ceci, que les esprits créés seraient peut-être plus exactement définis, substances qui aperçoivent ce qui les touche ou les modifie, que de dire simplement que ce sont des substances qui pensent |
SUIVRE | Les jacobins se croient obligés de suivre saint Thomas, et pourquoi ? c'est souvent parce que ce saint docteur était de leur ordre |
SUIVRE | Ainsi les satellites de Jupiter et les couches qui les entraînent doivent suivre la règle de Kepler |
SUPERBE | Le superbe est un homme riche et puissant, qui a un grand équipage, qui mesure sa grandeur par celle de son train, et sa force par celle des chevaux qui tirent son carrosse |
SUPERFICIEL, ELLE | Les premières, qu'on appelle perceptions pures, sont, pour ainsi dire, superficielles à l'âme, elles ne la pénètrent et ne la modifient pas sensiblement |
SUPERFICIEL, ELLE | Un fort grand nombre d'esprits superficiels qui n'approfondissent jamais rien, et qui n'aperçoivent que confusément les différences des choses |
SURNATUREL, ELLE | On peut distinguer l'ordre surnaturel du naturel en plusieurs manières ; car on peut dire que le surnaturel a rapport aux biens futurs |
TAIRE | Il y a certaines gens qui apprennent toute leur vie à parler, et qui devraient peut-être se taire toute leur vie |
TAIRE | Il faut que les sens et les passions se taisent, si l'on veut entendre la parole de la vérité |
TAPISSÉ, ÉE | Le fond de l'oeil étant tapissé par la choroïde aussi bien que par la rétine |
TÂTER | Il faut se tâter, se manier, se sonder, pour savoir qu'on est vain |
TELLEMENT | L'esprit est tellement esclave de l'imagination, qu'il lui obéit toujours lorsqu'elle est échauffée |
TENIR | Leur but principal est de savoir au vrai les opinions qu'ils ont tenues, sans se mettre beaucoup en peine de ce qu'il en faut tenir |
TENIR | Il n'y a rien à quoi l'on ne tienne, quoiqu'on ne le sente pas toujours ; de même qu'on ne sent pas toujours que son âme est unie, je ne dis pas à son bras et à sa main, mais à son coeur et à son cerveau |
TENIR | Toutes les choses de la nature se tiennent et se prouvent les unes les autres |
TOMBER | Une plume dans le vide d'air doit tomber aussi vite que du plomb |
TON | La différence des tons ne vient point de la force des vibrations de l'air, mais de leur promptitude |
TOUCHER | Les hommes se plaisent généralement dans tout ce qui les touche de quelque passion que ce puisse être ; ils ne donnent pas seulement de l'argent pour se faire toucher de tristesse par la représentation d'une tragédie, ils en donnent aussi à des joueurs de gobelets pour se faire toucher d'admiration |
TOUR | Le tour des paroles de Tertullien, de Sénèque, de Montaigne et de quelques autres, a tant de charmes et tant d'éclat, qu'il éblouit l'esprit de la plupart des gens, quoique ce ne soit qu'une faible peinture et comme l'ombre de l'imagination de ces auteurs |
TOURNER | Ceux qui ne veulent point se délasser avec moi peuvent passer outre ; il leur est permis, ils n'ont qu'à tourner la page |
TRACE | Les traces du cerveau n'obéissent point à l'âme, elles ne s'effacent pas lorsqu'elle le souhaite : elles lui font au contraire violence, et l'obligent même à considérer sans cesse les objets, d'une manière qui l'agite et qui la trouble en faveur des passions |
TRANSFORMER | Les démons se transforment quelquefois en anges de lumière |
TRANSMETTRE | M. Huyghens, dans son traité de la lumière, conclut par les éclipses des satellites de Jupiter, que la lumière se transmet environ six cent mille fois plus vite que le son |
TRANSPIRER | Il se transpire beaucoup plus d'humeurs par les pores imperceptibles des artères et de la peau, qu'il n'en sort par les autres passages du corps |
TRANSSUBSTANTIATION | Si on croyait qu'il fût à propos, pour la satisfaction de quelques esprits, d'expliquer comment le sentiment qu'on a de la matière s'accorde avec ce que la foi nous enseigne de la transsubstantiation, on le ferait peut-être d'une manière assez nette et assez distincte, et qui certainement ne choquerait en rien les décisions de l'Église |
TRINITÉ | On croit le mystère de la Trinité, quoique l'esprit humain ne le puisse concevoir ; et on ne laisse pas de croire que deux choses qui ne diffèrent point d'une troisième ne diffèrent point entre elles, quoique cette proposition semble le détruire |
TROU | Si l'on fait un petit trou à une carte, qu'on l'expose au soleil ou au grand jour, et qu'on mette dessous un verre sur lequel tombe le rayon intercepté, on verra deux petits cercles éclairés.... |
VIBRATION | Le son ne se fait entendre que par le moyen des vibrations de l'air qui ébranlent le nerf de l'oreille |
VICISSITUDE | Cette vicissitude continuelle qui fait la beauté de l'univers |
VISIONNAIRE | Le second défaut de ceux qui ont l'imagination forte et vigoureuse, est d'être visionnaires d'imagination, ou simplement visionnaires ; car on appelle du terme de fou ceux qui sont visionnaires des sens |
VISIONNAIRE | Voici donc les mauvaises qualités des esprits visionnaires : ces esprits sont excessifs en toutes rencontres : ils relèvent les choses basses ; ils agrandissent les petites ; ils approchent les éloignées ; rien ne leur paraît tel qu'il est |
VOIR | Il est indubitable que ce n'est pas en soi-même ni pour soi-même que l'esprit voit l'existence des choses, mais qu'il dépend en cela de quelque autre chose |
VOULOIR | Dès que l'âme veut que le bras soit mû, le bras est mû, quoiqu'elle ne sache pas seulement ce qu'il faut faire pour le remuer |
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