Définition de RAILLER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : râ-llé, ll mouillées, et non râ-yé

DÉFINITIONS

1
Tourner en ridicule avec quelque acerbité.
Tel vous semble applaudir, qui vous raille et vous joue
Il y a de petits défauts qu'on abandonne volontiers à la censure, et dont nous ne haïssons pas à être raillés : ce sont de pareils défauts que nous devons choisir pour railler les autres
de Jean de LA BRUYÈRE dans v.
Quand on est sage, on ne raille ni les grands, ni ceux qu'il y a danger de railler, ni ses amis, ni un ordre, ni une nation
de THIERS dans Des jeux, ch. 4
Vous avez si souvent loué le célibat, Vous avez tant raillé, déploré la folie De tout homme d'esprit qui pour jamais se lie
Je sais bien que je suis pauvre ; mais il n'est pas nécessaire de m'en railler, non plus que des secours qu'on a bien voulu me donner
Nature : Absolument.
Il y a une manière de railler délicate et flatteuse qui touche seulement les défauts que les personnes dont on parle veulent bien avouer, qui sait déguiser les louanges qu'on leur donne sous des apparences de blâme, et qui découvre ce qu'elles ont d'aimable, en feignant de le vouloir cacher
Votre petit esprit se mêle de railler
Pour badiner avec grâce et rencontrer heureusement sur les plus petits sujets, il faut trop de manières, trop de politesse, et même trop de fécondité : c'est créer que de railler ainsi, et faire quelque chose de rien
Et railla bien qui railla le dernier
de LAMOTTE dans Fabl. IV, 6
Tous ceux que j'ai raillés vont railler à leur tour
2
Nature : V. n. Il se dit des personnes qu'on raille.
Vous savez que, dans les triomphes, les soldats ont accoutumé de railler avec leurs empereurs
De choquer un auteur qui choque le bon sens, De railler d'un plaisant qui ne sait pas vous plaire, C'est ce que tout lecteur eut toujours droit de faire
Ne raillons point ici de la magistrature
Il se dit aussi des choses.
Pourquoi railler de la conversion de cet homme ? ce qu'il fait, c'est ce qu'il faudra que vous fassiez vous-même un jour
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. I, p. 385
3
Ne pas parler sérieusement, badiner. Ne raillez point.
Je vous parle sans feindre, et ne sais point railler, Lorsqu'au salut commun il nous faut travailler
4
Se railler, Nature : v. réfl. Se moquer.
C'est une méchante raillerie que de se railler du ciel
Il n'y a maintenant qu'à nier d'un certain air le péché originel, l'immortalité de l'âme, ou se railler de quelque sentiment reçu dans l'Église, pour acquérir la rare qualité d'esprit fort parmi le commun des hommes
De là vient qu'on s'est raillé de Gorgias pour avoir appelé Xercès le Jupiter des Perses, et les vautours des sépulcres animés
Se moquer l'un de l'autre.
Vous aviez épuisé tout votre voisinage [pour s'en moquer], Et la disette enfin allait nous obliger à nous railler l'un l'autre
de Jean-François COLLIN D'HARLEVILLE dans Malice pour malice, I, 2
5
Badiner, ne pas parler sérieusement.
Cet homme se raillait assez hors de saison

HISTORIQUE

1
XVe s.
Lequel d'estre plaisant raillart Eut le bruyt lorsque jeune estoit ; On tiendroit à fol et paillart Vieil, si à railler se mettoit
de François de Montcorbier, dit VILLON dans Ball. en vieux langage.
Le suppliant et icelui Breton en rasglant et devisant comme ilz avoient accoustumé de faire

ÉTYMOLOGIE

1
Diez en rapproche l'espagnol rallar, racler ; du lat. rallum, racloir ; de sorte que railler serait proprement racler, frotter. Cela est confirmé par la forme rasgler.
Il y avait un substantif raille, signifiant moquerie : Se truiffler en raille, en moquerie

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
RAILLER. - ÉTYM. Ajoutez : Railler est le même mot que érailler ; et, comme il est probable que érailler a pour origine eradiculare, il est probable aussi que radiculare est l'origine de railler (voy. ÉRAILLER au Supplément).

Synonymes de RAILLER

Termes proches de RAILLER