Définition de FRONDER

DÉFINITIONS - REMARQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : fron-dé

DÉFINITIONS

1
Lancer avec la fronde.
Chacun d'eux avait une fronde, Non pas pour fronder des arrêts, Mais des pierres, cailloux et grès
de Paul SCARRON dans Virg. V
Nature : Absolument.
Bachaumont s'avisa de dire un jour que le parlement faisait comme les écoliers qui frondent dans les fossés de Paris, qui se séparent dès qu'ils voient le lieutenant civil, et qui se rassemblent dès qu'il ne paraît plus
de Jean-François Paul de Gondi, cardinal de RETZ dans II, 385
Sur les bords bienheureux du Tibre Vous trouverez un peuple libre, Et qui fronde en diable et demi, Quand il lui vient quelque ennemi
de Paul SCARRON dans Virg. v.
Sémantique : Par extension. Il lui fronda une assiette à la tête.
Fronder quelque chose ou quelqu'un, le frapper avec une chose lancée.
Rincy, méprisant la soupe de village, entame un pain, le trouve dur et trop rassis, en fronde un abricotier voisin
de Paul SCARRON dans Lett. Oeuvres, t. I, p. 210, dans POUGENS
2
Nature : Absolument, s'est dit, sous la minorité de Louis XIV, pour prendre part aux intrigues, aux luttes de la Fronde.
Sémantique : Par extension.
L'art de fronder et bouleverser les États, est d'ébranler les coutumes établies, en sondant jusque dans leur source, pour marquer leur défaut de justice
de Blaise PASCAL dans Du vrai bien, 4, éd. FAUGÈRE.
3
Faire le mécontent, le critique à l'égard de choses ou de personnes.
Bien des gens ont frondé cette comédie
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Préf. de l'École des femmes
Il ne se soucie pas qu'on fronde ses pièces, pourvu qu'il y vienne du monde
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Critique, 7
À mon ordinaire, je frondai cette dépense
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 317
La grandeur d'âme ne consiste point à fronder ceux qui ont l'autorité en main
de Françoise d'Aubigné, marquise de MAINTENON dans Lett. à Mme de Caylus. 14 déc. 1716
Je te redisais les mêmes paroles qu'il m'a dites lorsque j'ai voulu fronder sa conduite
de BARON dans Homm. à bonn. fort. I, 12
De nos vaines témérités Vos vers sont la fidèle histoire ; On peut fronder les vanités Quand on est au sein de la gloire
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. au roi de Pr. 24 janv. 1747
J'aime à fronder les préjugés gothiques, Et les cordons de toutes les couleurs
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Nouv. Diog.
Nature : Absolument.
On a frondé rudement contre M. de Saint-Malo
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 239
Chacun fronde sur sa dépense
de Philippe Néricault DESTOUCHES dans Diss. III, 6
C'est un homme qui passe sa vie à fronder, se dit d'un homme qui montre une humeur morose, qui désapprouve, blâme tout.

REMARQUE

1
Fronder, dans le sens de faire la guerre de la Fronde, et puis de blâmer, vient du mot, rapporté plus haut, de Bachaumont. Quelques jours après, le même Bachaumont, entendant opiner quelques-uns de messieurs du parlement en faveur du ministère, se souvenant de sa comparaison, dit qu'il allait fronder cet avis. Ces mots ayant été reçus avec approbation par ces conseillers, et employés ensuite heureusement en vers par M. de Marigny, on appela frondeurs ceux qui étaient contraires au ministre et au ministère.

ÉTYMOLOGIE

1
Fronde ; provenç. fondeiar.

Synonymes de FRONDER

Termes proches de FRONDER

Phonétiquement proche de FRONDER