Définition de OUTRAGER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : ou-tra-jé. Le g prend un e devant a et o : outrageant, outrageons

DÉFINITIONS

1
Offenser cruellement.
Tigre, assassine-moi du moins sans m'outrager
de Pierre CORNEILLE dans Poly. V, 3
Qui se laisse outrager mérite qu'on l'outrage
de Pierre CORNEILLE dans Héracl. I, 2
Il reçut plusieurs blessures, et mourut généreusement pour sa patrie et pour un prince qui l'avait outragé
de Esprit FLÉCHIER dans Hist. de Théodose, I, 69
Un discours trop sincère aisément nous outrage
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. VII
Oubliez-vous qui j'aime et qui vous outragez ?
de Jean RACINE dans Iphig. IV, 6
Il [Dieu] entend les soupirs de l'humble qu'on outrage
de Jean RACINE dans Esth. III, 4
Jean Jacques est un malade de beaucoup d'esprit et qui n'a d'esprit que quand il a la fièvre ; il ne faut ni le guérir, ni l'outrager
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Lett. à Voltaire, 9 avril 1761
2
Insulter quelqu'un de paroles prononcées ou écrites. Ah ! c'est trop m'outrager.
- N'outragez plus les morts
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. II, 3
Croyez qu'il faut aimer autant que je vous aime, Pour avoir pu souffrir tous les noms odieux Dont votre amour le vient d'outrager à mes yeux
de Jean RACINE dans Iphig. III, 6
Fontenelle, neveu très zélé du grand Corneille, et que d'ailleurs Racine avait outragé, nous a laissé un parallèle entre ces deux grands hommes, où il met son oncle fort au-dessus de son ennemi
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Éloges, Despréaux, note 12
3
Il se dit aussi des choses que l'on considère comme un outrage.
Non, je ne puis souffrir un bonheur qui m'outrage
de Jean RACINE dans Phèdre, IV, 6
4
Sémantique : Fig. Porter une atteinte violente et odieuse.
Le duc d'Estrées est outré qu'un homme qu'il logeait généreusement ait ainsi blessé et outragé l'hospitalité
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 535
Elle [Mme de Monaco] a été défigurée avant que de mourir ; son desséchement a été jusqu'à outrager la nature par le dérangement de tous les traits de son visage
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 20 juin 1678
Ces spectres affamés, outrageant la nature, Vont au sein des tombeaux chercher leur nourriture [lors de la famine du siége de Paris]
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Henr. X
J'ai de tous deux outragé la tendresse
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Enf. prod. III, 5
Profaner.
Par lui, des fils d'Éli la brutale luxure Outragea le saint lieu, les lois et la nature
de Jacques DELILLE dans Parad. perdu, I
5
Faire violence à une femme.
Ils [certains grands singes] sont très ardents pour les femmes, et assez forts pour les violer lorsqu'ils les trouvent seules, et souvent ils les outragent jusqu'à les faire mourir
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Quadrup. t. VII, p. 141
6
S'outrager, Nature : v. réfl. Se faire réciproquement des outrages. Ils se sont outragés publiquement.

HISTORIQUE

1
XVe s.
Si vous dy voirement que monseigneur en a conquis [vaincu] en cest an plus de cent, ne il ne cuydoit pas trouver chevalier qui d'armes l'en oultrageast [le surpassât]
dans Lancelot du lac, t. II, f° 43, dans LACURNE
2
XVIe s.
Oultrager quelqu'un
de Jacques AMYOT dans Solon, 32

ÉTYMOLOGIE

1
Outrage.

Synonymes de OUTRAGER

Termes proches de OUTRAGER