Définition de PORTER

DÉFINITIONS - PROVERBES - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : por-té

DÉFINITIONS

1
Soutenir comme on soutient une charge, un faix.
Ô Dieu, que la gloire couronne, Dieu, que la lumière environne, Qui voles sur l'aile des vents, Et dont le trône est porté par les anges
de Jean RACINE dans Esth. I, 5
Devant elle [la Liberté] on portait ces piques et ces dards, On traînait ces canons, ces échelles fatales Qu'elle-même brisa, quand ses mains triomphales De Genève en danger défendaient les remparts
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Ép. 76
Au bûcher qui l'attend vous allez la porter ?
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Olymp. v, 3
J'ai porté dans mes bras l'empereur à l'armée
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Orphel. v, 1
Déjà, lui [Rapp] le premier, il touchait [à la redoute], lorsqu'à son tour il est atteint ; c'était sa vingt-deuxième blessure.... on porta Rapp à l'empereur, qui lui dit : Eh quoi, Rapp, toujours ?
de Philippe de SÉGUR dans Hist. de Nap. VII, 9
Sémantique : Fig.
Lorsqu'une pensée est trop faible pour porter une expression simple, c'est la marque pour la rejeter
de VAUVENARGUES. dans Max. 111
Porter la croix, se dit de Jésus-Christ portant le bois de sa croix jus qu'au lieu du crucifiement.
On lui donne même à porter la croix qui lui est destinée
de Louis BOURDALOUE dans Exhort. sur J. C. portant sa croix, t. II, p. 136
Sémantique : Fig.
L'école d'un Dieu qui nous enseigne à porter tous les jours notre croix, et à renoncer à nous-mêmes
de Blaise PASCAL dans Factum pour les curés de Rouen
Prov. Chacun porte sa croix en ce monde, c'est-à-dire chacun a ses afflictions particulières.
Porter la robe, la queue de quelqu'un, soutenir a queue de sa robe, afin qu'elle ne traîne pas par terre.
Être porté sur, marcher involontairement sur.
On marche, on est porté sur les corps des mourants
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Mérope, v, 6
Sémantique : Fig. et familièrement. En porter (sous-entendu des cornes), être mari malheureux, trompé.
Sémantique : Ironiquement. Il est le plus fort, il portera les coups, c'est-à-dire c'est lui qui sera battu.
Sémantique : Fig. Porter tout le poids des affaires, en être chargé seul.
Il dit que du labeur des ans Pour nous seuls il portait les soins les plus pesants
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. X, 2
Sémantique : Fig. Porter le poids du jour et de la chaleur, avoir seul toute la fatigue, tout le travail, tandis que les autres se reposent.
Avoir plus de travail, plus d'affaires qu'on n'en peut porter, être chargé de tant de travail, de tant d'affaires qu'on n'y peut suffire.
J'ai de la peine tout ce que j'en peux porter
de Denis DIDEROT dans Père de fam. v, 9
Sémantique : Fig. Porter le joug, subir l'autorité de quelqu'un.
Ô portera le joug désormais sans se plaindre
de Pierre CORNEILLE dans Cinna, V, 3
Sémantique : Fig. Porter des fers, être captif, être esclave.
Porter des fers se dit aussi de l'esclavage amoureux.
Le sort vous y voulut l'une et l'autre amener, Vous pour porter des fers, elle pour en donner
de Jean RACINE dans Andr. I, 4
Sémantique : Fig. Porter. Être chargé de.
Me voilà seul, portant la haine universelle !
de LEGOUVÉ dans Épich. et N. V, 4
Il en portera la peine, il en sera puni.
Il portera la peine de son iniquité
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Lévit. V, 1
Nos pères ont péché, nos pères ne sont plus, Et nous portons la peine de leurs crimes
de Jean RACINE dans Esth. I, 5
Il en portera la folle enchère, c'est lui qui en sera responsable.
Sémantique : Fig. Porter les iniquités d'autrui, être puni pour autrui.
Que tous les serviteurs et les proches des traîtres Portent l'iniquité des parents et des maîtres
de Jean de MAIRET dans Soliman, V, 6
Sémantique : Fig. et familièrement. On le porte sur les épaules, se dit de quelqu'un d'ennuyeux, de fatigant.
Sémantique : Fig. Porter dans son coeur, chérir.
Sachez que je vous porte toutes dans mon sein et dans mes entrailles ; vous m'êtes toutes présentes à l'esprit jour et nuit
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Sermons, 2e exhort. pour une visite.
Vous ne sauriez lire Démosthène sans voir qu'il porte la république dans le fond de son coeur
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans t. XXI, p. 11
Mes chers enfants, je vous porte en mon coeur
de Pierre Augustin Caron de BEAUMARCHAIS dans Mère coupable, II, 16
2
Sémantique : Terme de manége. Porter son cheval, le soutenir, en marchant, de la main, des jarrets et de la cuisse.
Porter en avant, faire aller son cheval devant soi à droite ou à gauche.
Porter haut, faire marcher son cheval la tête levée.
3
Se dit des femmes et des femelles d'animaux qui ont, pendant un temps déterminé, le nouvel être dans leur sein.
Une mère peut-elle oublier son enfant et n'avoir point de compassion du fils qu'elle a porté dans ses entrailles ?
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Isaïe, XLIX, 15
Heureuses les entrailles qui n'ont pas porte d'enfants [lors de la ruine de Jérusalem] !
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Histoire, II, 8
La femelle du buffle ne fait qu'un petit, et le porte environ douze mois
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Quadrup. t. V, p. 113
Nature : Absolument. Les cavales portent onze mois.
Il y a une variété infinie dans les animaux pour le temps et la manière de porter, de s'accoupler et de produire
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Hist. anim. IX
Il se dit de la terre, des arbres qui produisent, parce que la terre, l'arbre portent ce qui est produit.
Quand nous arrivâmes sur cette côte, nous y trouvâmes un peuple sauvage qui errait dans les forêts, vivant de sa chasse et des fruits que les arbres portent d'eux-mêmes
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. X
Le pays [la Suède] est stérile et pauvre ; la Scanie est la seule province qui porte du froment
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Charles XII, 1
Sémantique : Fig.
Les grands hommes se font les uns les autres ; et, si Rome en a plus porté qu'aucune autre ville, c'est que l'État romain était, pour ainsi parler, du tempérament qui devait être le plus fécond en héros
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. III, 6
Si le climat avait tant de puissance, la Grèce porterait encore des Platon et des Anacréon, comme elle porte les mêmes fruits et les mêmes fleurs
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Somarokof, 26 fév. 1769
Cette somme porte intérêt, elle produit un intérêt.
Sémantique : Fig.
Au fond du coeur reconnaissant le bienfait porte intérêt
de Denis DIDEROT dans Claude et Nér. II, 29
Ce billet a porté, n'a pas porté, il a gagné, il n'a pas gagné.
4
Transporter d'un lieu en un autre. Portez ces papiers dans mon appartement. On porta les tableaux dans le musée. Porter une lettre à la poste.
Quand il fut question de porter ce tribut [une somme d'argent], Le mulet et l'âne s'offrirent, Assistés du cheval ainsi que du chameau
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. IV, 12
Sémantique : Fig.
Vous portâtes soudain la guerre dans la Perse
de Pierre CORNEILLE dans Héracl. IV, 4
Il n'y a chose si innocente où les hommes ne puissent porter du crime
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Tart. Préface
Quand vous vous promenez par ces beaux jours que je connais, y portez-vous cette douleur et cette pesanteur ? n'êtes-vous jamais sans plus ou moins de cette incommodité ?
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Mme de Grignan, 19 janv. 1680
Aussitôt qu'il eut porté de rang en rang l'ardeur dont il était animé
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Louis de Bourbon.
Qui est-ce qui a jamais porté plus de voeux et plus de prières au pied du trône ?
de Esprit FLÉCHIER dans Duc de Mont.
Faites-lui concevoir Qu'il doit porter ailleurs ses voeux et son espoir
de Jean RACINE dans Brit. II, 3
L'heureux succès de cette première expédition des Carthaginois leur fit naître l'envie de porter leurs armes en Espagne
de Charles ROLLIN dans Hist. anc. Oeuv. t. I, p. 245
Tu sais que je te quitte, et le destin m'ordonne De porter nos drapeaux aux champs de Babylone
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Mort de Cés. I, 1
J'ai porté mon courroux, ma honte et mes regrets Dans les sables mouvants, dans le fond des forêts
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Alz. II, 1
Oui, portez-lui la foi que vous m'avez jurée ; que votre coeur remplisse avec elle tous les engagements qu'il prit avec moi
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Hél. VI, 6
La hardiesse du célèbre Drake, qui porta le ravage sur les côtes du Pérou
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans Hist. phil. VII, 33
Je [la Gorgone] porte l'épouvante et la mort en tous lieux ; Tout se change en rocher à mon aspect horrible ; Les traits que Jupiter lance du haut des cieux N'ont rien de si terrible Qu'un regard de mes yeux
de QUIN. dans Pers. III, 1
Vous portâtes la mort jusque sur leurs murailles
de Jean RACINE dans Bérén. I, 3
On dit dans un sens analogue : porter le carnage.
Et moi jusqu'en son camp j'ai porté le carnage
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Fanat. I, 1
Porter la vie, vivifier, ranimer.
Et l'astre qui les dore [les montagnes] en ouvrant sa carrière, Sans y porter la vie y répand la lumière
de ST-LAMB. dans Sais. III
Sémantique : Fig. et familièrement. Il ne le portera pas loin, il ne le portera pas en paradis, en l'autre monde, c'est-à-dire je me vengerai.
Si dans mon pays un pareil dieu venait faire un pareil miracle, il ne le porterait pas loin
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dial. 27
Ne pas le porter loin, succomber promptement à une maladie, à un chagrin.
M. et Mme de Chaulnes ne s'en consolèrent ni l'un ni l'autre [de la perte du gouvernement de Bretagne], et ne le portèrent pas loin
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 27, 58
Porter quelqu'un en terre, le porter pour l'enterrer.
Sur la fin d'avril 1774, le roi, allant à la chasse, rencontre le convoi d'une personne qu'on portait en terre
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Louis XV, 41
Porter quelqu'un par terre, le renverser.
Le Tolédan ne put résister à la force du coup qui le porta par terre
de Alain René LESAGE dans Diable boit. ch. 15
5
En parlant des animaux, soutenir, transporter quelque chose de pesant. Un mulet portant cinq cents pesant. Le cheval qui le portait s'abattit.
Brezé lui disait quelquefois [à Louis XI, qui disait qu'il portait tout son conseil dans sa tête], par une équivoque du goût de ce temps, que son cheval était le plus fort qu'il y eût au monde, puisqu'il portait le roi et son conseil
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Oeuvr. t. III, p. 342
6
Il se dit des nouvelles, des ordres qui sont transmis. Il porte de mauvaises nouvelles.
Lorsque, occupé d'un côté, il envoie reconnaître l'autre, le diligent officier qui porte ses ordres, s'étonne d'être prévenu et trouve déjà tout ranimé par la présence du prince
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Louis de Bourbon.
Ce fut à la sinistre lueur des flammes du bazar que Napoléon l'acheva [une lettre à Alexandre], et que partit le Russe ; celui-ci dut porter la nouvelle de ce désastre à son souverain, dont cet incendie fut la seule réponse
de Philippe de SÉGUR dans Hist. de Nap. VIII, 6
Porter la parole, voy. PAROLE, n° 6.
Porter parole, voy. PAROLE, n° 13.
Porter témoignage, témoigner qu'une chose est ou n'est pas.
Je vous avais bien dit que la pierre porterait témoignage
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Zadig, 10
7
Avoir sur soi ou tenir à la main, sans égard à la pesanteur de l'objet. Il ne porte jamais d'argent sur lui.
Donner la chasse aux gens Portants bâtons et mendiants
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. I, 5
Sémantique : Fig.
Un dieu qui porte les excuses de tout ce qu'il fait faire : l'amour
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Av. V, 3
Vous me jugez capable De vous porter en dot un bien considérable
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Femm. sav. V, 1
Nous faisons voir, par les pièces mêmes de nos adversaires, que, comme les juifs, ils portent leur condamnation
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 16 mars 1689
Un jeune prince du sang qui portait la victoire dans ses yeux
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Louis de Bourbon.
Vous savez que les droits qu'elle porte avec elle Peuvent de son époux faire un prince rebelle
de Jean RACINE dans Brit. I, 2
Bien loin que les rois de France puissent, de leur propre mouvement, ôter la vie à un de leurs sujets comme nos sultans, ils portent au contraire toujours avec eux la grâce de tous les criminels : il suffit qu'un homme ait été assez heureux pour voir l'auguste visage de son prince, pour qu'il cesse d'être indigne de vivre
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Lett. pers. 102
8
Mettre sur soi pour servir à l'habillement, à la parure, à la défense. Porter des habits brodés. Porter une bague. Porter des pistolets, une épée, une cuirasse.
J'ai une délicatesse furieuse pour tout ce que je porte
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Préc. 10
Où pouvez-vous donc prendre de quoi entretenir l'état que vous portez ?
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Av. I, 5
Il est bien nécessaire d'employer de l'argent à des perruques, lorsque l'on peut porter des cheveux de son cru, qui ne coûtent rien
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans ib.
On ne voit point ici la grandeur insultante Portant de l'épaule au côté Un ruban que la vanité A tissu de sa main brillante
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Ép. 76
Ils vont presque nus ; leur vêtement ne consiste que dans une toile de coton qui les couvre depuis la ceinture jusqu'au milieu de la cuisse ; c'est tout ce que la chaleur du pays leur permet, disent-ils, de porter sur eux
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Hist. nat. homme, Oeuv. t. V, p. 134
Les femmes avaient les cheveux extrêmement longs, et les hommes les tenaient courts ; les femmes portaient en bracelets des os d'une blancheur éclatante que les hommes portaient en collier
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans Histoire philosophique, IX, 5
Cela est bien porté, cela est mal porté, signifie qu'une mode ou un vêtement est porté par les personnes estimables ou du grand monde, ou bien par les personnes de bas étage ou sans moeurs.
Sémantique : Fig. Bien porter, mal porter, soutenir avec honneur, avec déshonneur. Il porte mal une si haute dignité. Bien porter le nom de ses ancêtres.
Milord, me dit-il, en me donnant le saint nom d'ami, vous m'apprîtes à le porter
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Hél. VI, 3
Il porte le cheveux longs, les cheveux courts, il se coiffe en cheveux longs, en cheveux courts.
Porter la barbe, ne pas se raser la barbe, la laisser croître.
On dit dans le même sens : porter moustache.
Un homme portant barbe, un homme qui a de la barbe au menton, un homme fait.
La gent qui porte crête, les poules et les coqs.
La gent qui porte crête au spectacle accourut
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VII, 13
Porter lunettes, porter des lunettes, se servir de lunettes pour remédier à quelque défaut de la vue. Je suis myope, je porte lunettes.
Porter le mousquet, servir comme soldat.
Porter l'épée, être officier.
Porter la robe, la soutane, le petit collet, le froc, être magistrat, ecclésiastique, abbé, moine.
Porter la couronne, être roi.
Tous les rois ont une couronne ; Tous ne la savent pas porter
de GODEAU dans Ode à Louis XII
S'il portait la couronne ou de Sparte ou d'Argos
de Pierre CORNEILLE dans Oedipe, II, 2
Porter les armes, faire la guerre, servir dans une armée.
Autrefois, porter l'arme, faire le mouvement de l'arme, qui consiste, pour les simples soldats, à la placer perpendiculairement contre l'épaule gauche ; aujourd'hui, placer l'arme sous le bras droit, le pontet en avant.
Porter les armes à quelqu'un, lui faire le salut militaire qui consiste à porter l'arme. Les sentinelles portent les armes pour rendre le salut militaire.
Il a porté les chausses, il a été page.
Il a porté les couleurs, les livrées, la livrée, il a été laquais.
Elle porte le haut-de-chausse, elle porte les chausses, elle porte la culotte, se dit d'une femme qui au logis est plus maîtresse que le mari.
Porter les couleurs d'une dame, porter, dans son ajustement, des couleurs semblables à celles qu'elle affectionne le plus ; et fig. se mettre au rang de ses adorateurs.
Porter le deuil d'une personne, être vêtu de vêtements de deuil à cause de la mort de cette personne.
9
Il se dit du maintien, de la contenance, des attitudes, des différentes manières de tenir son corps, sa tête, ses bras. Porter la tête haute. Il portait le bras en écharpe.
Porter le pied en dedans, en dehors, tourner, en marchant, la pointe du pied en dedans, en dehors.
Bien porter son âge, porter bien son âge, avoir encore, malgré un grand âge, de la fraîcheur, de la vigueur, de l'agilité.
Et si je forme un voeu, C'est que, vous ressemblant d'humeur et de visage, Le roi qui se fait vieux porte aussi bien son âge
de Casimir DELAVIGNE dans Louis XI, III, 3
En un autre sens, il porte bien son âge, il présente tous les signes d'un âge avancé.
En parlant des animaux, particulièrement du cheval et du chien. Ce chien porte bas l'oreille.
Ils [les fous] portent en volant le cou tendu et la queue étalée
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Ois. t. XVI, p. 131
Porter le nez au vent, ou, elliptiquement, porter au vent, se dit d'un cheval qui tient le nez en l'air, au vent.
Sémantique : Fig. Porter le nez au vent, et, elliptiquement, porter au vent, avoir l'air hautain, avantageux.
Ils portent au vent, attelés tous deux au char de la fortune, et tous deux fort éloignés de s'y voir assis
de Jean de LA BRUYÈRE dans VIII
Toujours portant au vent, fier comme un Ecossais
de Philippe Néricault DESTOUCHES dans Glor. I, 3
Porter haut, porter bas, se dit d'un cheval qui tient la tête haute, basse.
Sémantique : Fig. Le porter haut, se prétendre de grande qualité, et aussi se prévaloir de ses avantages, afficher de grandes prétentions.
On dirait d'un seigneur, tant il le porte haut
de Noël LEBRETON, sieur de HAUTEROCHE dans Bourg. de qual. III, 4
Détrompez-vous, de grâce, et portez-le moins haut
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. V, 6
On lui impute qu'il aime à dominer, et qu'il aime mieux avoir dans son église des moines dont il prétend disposer, quoique peut-être il se trompe, que des chanoines séculiers qui le portent un peu plus haut
de Jean RACINE dans Lett. 23 à Vitart.
Ce cheval porte beau, il porte bien sa tête.
Sémantique : Fig. Le porter beau, faire figure et parade.
Sémantique : Terme de chasse. Lorsqu'un cerf pousse sa nouvelle tête, on dit qu'il porte quatre, six ou huit de refait. Il porte quatre, quand il a dehors un bout de perche et un tout petit andouiller ; six quand il a un petit surandouiller de plus ; huit, ou mi-tête lorsque chaque perche porte un andouiller, ce qui arrive vers la mi-mai.
Porter la hotte, se dit d'un lièvre qui a beaucoup couru et dont le dos est arrondi.
Porter le trait, se dit d'un limier qui va devant assez pour faire tendre le trait.
10
Aux jeux de cartes, porter, avoir telle ou telle carte.
Je porte l'as de trèfle
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Fâch. II, 2
Seissac fit une tenue à M. de Lorge, puis un va-tout qu'il gagna, ne portant quasi rien
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 55, 168
Porter beau jeu, vilain jeu, avoir beau jeu, vilain jeu aux premières cartes.
Bien porter, mal porter, garder ou écarter les cartes que la rentrée favorise.
Porter une couleur, se dit de la couleur dont on a le plus de cartes en main. Il portait coeur, mais il ne lui est rien rentré.
Porter à une couleur, se dit en parlant de la couleur dans laquelle on cherche à faire son jeu. Il portait à carreau.
11
Il se dit des choses qui soutiennent comme on soutient un fardeau. Des colonnes qui portent une galerie.
Les pièces de bois de quatorze pieds de longueur sur cinq pouces d'équarrissage peuvent porter au moins cinq milliers
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Hist. nat. Part. expér. Oeuv. t. VIII, p. 218
Il [le peuple de Sumatra] croit que la terre, parfaitement immobile, est portée par un boeuf, le boeuf par une pierre, la pierre par un poisson, le poisson par l'eau, l'eau par l'air, l'air par les ténèbres, les ténèbres par la lumière ; c'est là que finit son système
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans Hist. phil. II, 12
Sémantique : Familièrement. Tant que terre le pourra porter, aussi loin qu'il pourra aller.
Ils sont allés à la rencontre de cette princesse, tant que terre les pourra porter
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 405
Sémantique : Fig. L'un portant l'autre, compensation faite du plus et du moins (locution qui signifie que l'un porte l'autre, que le plus fort soutient, compense le plus faible).
On ne vit à Paris, l'un portant l'autre, que vingt-deux à vingt-trois ans ; l'un portant l'autre, on n'a tout au plus que cent vingt livres par an à dépenser
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans l'H. aux 40 écus, Entret. avec un géomètre.
En France chaque mille carré contient 200 habitants, l'un portant l'autre
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Russ. I, 1
La durée moyenne de chaque règne est d'environ 20 à 22 ans, en sorte que 15, 20, 30, 50 rois successifs et davantage ne règnent qu'environ 20 à 22 ans l'un portant l'autre
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Quest. calc. probab. Oeuv. t. IV, p. 298, dans POUGENS.
On dit dans le même sens : le fort portant le faible.
12
En parlant d'un navire. Porter de la toile, de la voile, avoir beaucoup de voiles dehors.
Les vents ayant été favorables depuis Madère, n'y ayant pas eu un seul jour de calme, on a porté beaucoup de voiles la nuit
de D'ESTRÉES dans à Seignelay, 30 juin 1680, dans JAL
Ce bâtiment porte la voile, porte bien la voile, il penche peu, quoiqu'il ait beaucoup de voiles et que le vent souffle avec quelque force.
13
Porter bateau, se dit d'une rivière dont l'eau est assez profonde pour qu'on y puisse naviguer.
14
Faire aller, diriger, conduire. Porter les aliments à sa bouche. Porter le pied en avant. Porter un verre à ses lèvres.
Nature : Absolument.
Il se sert de ses pieds de devant pour porter à sa gueule
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Quadrup. t. III, p. 76
Porter la santé de quelqu'un, porter une santé, boire à la santé de quelqu'un en s'adressant à un autre pour l'inviter à en faire autant ; ainsi dit, parce qu'en portant la santé on élève et porte en avant le verre.
Cependant mon hâbleur, avec une voix haute, Porte à mes campagnards la santé de notre hôte
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. III
Nous n'avons pas porté de santé, ma nièce et moi, depuis un souper où nous nous trouvâmes tous deux un peu mal, à Francfort
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Richelieu, 30 déc. 1753
Porter la main à, étendre la main jusqu'à.
J'ai bien sué pour le faire [un mouvement], dit-il en portant la main sur le front
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Lett. pers. 101
Qu'un habile organiste porte sans dessein les mains sur le clavier....
de Etienne Bonnot de CONDILLAC dans Log. I, 9
Ils portaient ensuite cette même main au coeur, au front et aux yeux
de François René CHATEAUBRIAND dans Itin. 3e part.
Porter la main à l'épée, au chapeau, étendre la main pour tirer l'épée ou pour ôter son chapeau.
Porter la main sur quelqu'un, le frapper, ou l'arrêter prisonnier.
Je me garderais bien de porter la main sur la personne du fils du roi
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Rois, II, XVIII, 12
Porter un coup à quelqu'un, lui donner un coup.
Si le détestable parricide de notre grand roi Henri IV avait porté ce coup sur un roi des Indes
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Lett. pers. 103
On dit dans le même sens : porter une botte.
Sémantique : Fig. Porter un coup, porter un coup mortel, porter le dernier coup, ébranler, renverser.
Le même jour que ce grand criminel Dut à la liberté porter le coup mortel
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Mort de Cés. III, 2
Pour porter le dernier coup à la France, l'empereur se ligue avec les Vénitiens, le pape Adrien et les Florentins
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Ann. Emp. Charles-Quint, 1523
Porter un coup, se dit aussi des choses qui nuisent. Cette affaire a porté un coup à sa réputation. Ce malheur a porté un coup mortel à sa santé.
Sémantique : Fig. Porter coup, se dit de choses qui font une grande impression. Toutes ses paroles portent coup.
Porter coup se dit aussi de choses qui nuisent. Ce chagrin porta coup à sa santé.
Sémantique : Fig. Porter bonheur, porter malheur, porter guignon, se dit des choses ou des personnes que l'on croit influer sur la réussite.
Si cela était, reprit-elle, c'est vous qui me porteriez bonheur, c'est à vo s que je devrais la protection du ciel
de Anne Staël-Holstein, dite Mme DE STAËL dans Corinne, VII, 3
Sémantique : Fig. Porter préjudice, porter un préjudice, nuire.
Porter ses pas en quelque lieu, s'y transporter.
Sous les murs du palais quelqu'un porte ses pas
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Zaïre, v, 8
Porter les yeux, la vue, les regards sur, regarder.
Mais dessus ce vieillard plus je porte les yeux, Plus je crois l'avoir vu jadis en d'autres lieux
de Pierre CORNEILLE dans Oedipe, IV, 4
Sémantique : Fig.
Rome ne porte point ses regards curieux Jusque dans des secrets que je cache à ses yeux
de Jean RACINE dans Brit. III, 8
Gardons-nous d'oser porter un oeil curieux sur ces mystères ; rendons ce respect à l'essence infinie, de ne rien prononcer d'elle
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Lett. de la Montagne, III
Sémantique : Fig. Porter sa vue bien loin, prévoir les choses de loin.
Sémantique : Fig. Porter ses vues bien haut, former de grands desseins.
Au sens de faire aller, diriger, conduire, il se dit de choses qui donnent le mouvement. La tempête porta le vaisseau contre un écueil. Les courants portaient rapidement le navire à la côte. Des tuyaux qui portent l'eau dans un jardin.
Le dessein généreux qui portait là ses pas
de Jean de ROTROU dans Antig. I, 2
Des figures qui semblent pleurer autour d'un tombeau.... des colonnes qui semblent vouloir porter jusqu'au ciel le magnifique témoignage de notre néant
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Louis de Bourb.
Sémantique : Fig.
Ah ! qu'un seul des soupirs que mon coeur vous envoie, S'il s'échappait vers elle, y porterait de joie !
de Jean RACINE dans Andr. I, 4
Ce fusil porte bien son plomb, c'est-à-dire le menu plomb qu'il lance ne s'écarte pas trop
On dit de même : ce fusil porte bien la balle.
Porter son ombre, porter ombre, se dit d'un corps qui projette son ombre sur une surface.
Sémantique : Fig.
Qui ne sait que de pareils désordres ont toujours été le mauvais côté des grandes guerres, la partie honteuse de la gloire ; que la renommée des conquérants porte son ombre comme toutes les choses de ce monde ?
de Philippe de SÉGUR dans Hist. de Nap. VIII, 8
15
Sémantique : Terme de marine. Porter le cap à, avoir le cap dirigé vers, faire marcher le navire vers.
Porter à la route, pousser, en parlant du vent, dans la direction de la route que veut faire le navire. Un moment après cette séparation [d'avec l'escadre de M. de Preuilly], nous essuyâmes un coup de vent le plus terrible dont j'aie mémoire ; mais il dura peu et nous porta à la route, Mém. du marquis de Villette, dans JAL.
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Pousser, étendre. Il faut porter plus loin ce mur, cette haie.
Après avoir porté votre empire jusqu'aux extrémités de la terre
de Claude Favre de VAUGELAS dans 507
D'avoir porté si loin vos armes dans l'Asie Que même votre Rome en a pris jalousie
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. IV, 2
Sémantique : Fig.
Serait-il possible que vous ne lui eussiez point fait vos compliments [au cardinal Forbin de Janson] comme tout le monde ? auriez-vous porté si loin vos vieux ressentiments ?
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans avril 1690
Comme on dit sans cesse aux humains qu'ils ne sont estimables qu'au tant qu'ils aiment la gloire, ils portent là toutes leurs pensées, et cela forme toute la bravoure française
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Bussy 23 oct. 1683
Pendant qu'il passait sa vie dans ces occupations, et qu'il portait au-dessus de ses actions les plus renommées la gloire d'une si belle et si pieuse retraite
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Louis de Bourbon.
Ne portez pas la vengeance jusqu'à lui ravir une vie spirituelle et immortelle
de Louis BOURDALOUE dans 1er avent, Sur le scandale, p. 101
Ce palais achevé, et dans cette splendeur où vous désirez de le porter avant de l'habiter
de Jean de LA BRUYÈRE dans VI
Les Athéniens n'occupaient pas un for grand terrain dans la Grèce ; mais jusqu'où leur réputation ne s'étendit-elle point ? en portant le sciences à leur perfection, ils portèrent leur propre gloire à son comble
de Charles ROLLIN dans Traité des Ét. disc prélim.
Athènes n'est point née pour le repos ; ce n'est point par cette voie que nos ancêtres l'ont portée au point de grandeur où nous la voyons
de Charles ROLLIN dans Hist. anc Oeuv. t. III, p. 624, dans POUGENS
À ce coupable excès porter sa hardiesse !
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Zaïre, V, 8
Il [Anaximandre] passe pour avoir porté les mathématiques fort au delà du point où Thalès les avait laissées
de Denis DIDEROT dans Opin. des anc. phil. (ioniques).
Porter haut une chose, la faire valoir, la relever.
Mais porte-lui si haut la douceur de régner, Qu'à cet éclat du trône il se laisse gagner
de Pierre CORNEILLE dans Rod. I, 2
Porte, porte plus haut le fruit de ta victoire : Je t'ai donné la vie et tu me rends ma gloire
de Pierre CORNEILLE dans Cid, III, 6
Porter haut, signifie aussi élever à un haut degré de perfection.
Je n'ai jamais vu porter si haut l'élégance de l'ajustement
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Préc. 10
Sémantique : Fig. Porter aux nues, porter aux cieux, louer extrêmement.
On porte jusqu'aux cieux leur justice suprême
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Oedipe, I, 3
Sémantique : Fig. Porter dans l'esprit, persuader.
Une banqueroute immense d'un de leurs missionnaires acheva de les perdre [les jésuites].... ces seuls mots de missionnaires et de banqueroutiers, si peu faits pour être joints ensemble, portèrent dans tous les esprits l'arrêt de leur condamnation
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Pol. et lég. Traité de la tolérance, suite et conclusion.
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Sémantique : Fig. Montrer, manifester. On porte partout son caractère.
Je désire vivement voir le monde et le connaître ; mais j'y porterai bien de la gaucherie et de la timidité
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Veillées du chât. t. III, p. 36, dans POUGENS
Mais cette amour si ferme et si bien méritée Que tu m'avais promise et que je t'ai portée
de Pierre CORNEILLE dans Poly. IV, 3
Un mari, une femme, un père, un fils ne sont liés entre eux que par l'amour qu'ils se portent, ou par les bienfaits qu'ils se procurent
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Lett. pers. 104
Porter amitié, porter affection à quelqu'un, l'avoir en amitié.
Porter honneur, porter respect, honorer, respecter.
Nous vous y porterons autant de respect que si vous étiez chez vous, ainsi qu'il est juste
de Pierre de MARIVAUX dans Marianne, 9e part.
Porter envie, envier.
Porter envie, signifie aussi souhaiter pour soi, sans malveillance, un bonheur qu'on voit arriver à un autre.
Hélas ! à notre sort ne portez point envie, Un seul de vos printemps vaut toute notre vie
de Jacques DELILLE dans Trois règ. VII
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Il se dit simplement pour avoir.
Sous un visage d'homme il porte un coeur de marbre
de François L'Hermite, sieur du Soliers, dit TRISTAN L'HERMITE dans Panthée, I, 7
Je porte un coeur sensible, et vous l'avez percé
de Pierre CORNEILLE dans Poly. V, 3
Parmi ces grands sujets d'allégresse publique Vous portez sur le front un air mélancolique
de Pierre CORNEILLE dans Toison d'or, I, 1
De qui même le front, déjà pâle et glacé, Porte empreint le trépas dont il est menacé
de Pierre CORNEILLE dans Oed. I, 1
Ils ne savent que trop que l'homme, par sa propre nature, a toujours le pouvoir de pécher et de résister à la grâce, et que, depuis sa corruption, il porte un fond malheureux de concupiscence, qui lui augmente infiniment ce pouvoir
de Blaise PASCAL dans Prov. XVIII
Portant encore sur leurs corps les glorieuses marques des tourments qu'ils avaient soufferts
de Esprit FLÉCHIER dans Hist. de Théod. I, 82
Quoiqu'il soit Italien et qu'il porte une face équivoque, il peut être un fort honnête homme
de Alain René LESAGE dans Estev. I, 7
Monsieur porte sur sa physionomie les traits de probité dont cette action est une preuve éclatante
de Pierre de MARIVAUX dans Paysan parvenu, part. 6
J'ai beaucoup vu dans mon enfance l'abbé Gédouin, l'abbé de Châteauneuf et Mlle Lenclos ; je puis assurer qu'à l'âge de quatre-vingts ans son visage portait les marques les plus hideuses de la vieillesse
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dictionn. phil. Dictionnaire
On ne corrige pas les moeurs, on les peint, et un laid visage ne paraît point laid à celui qui le porte
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Lett. à d'Alemb.
Ce misérable enfant qui porte les traits d'un perfide
de Pierre Augustin Caron de BEAUMARCHAIS dans Mère coupable, I, 8
Sémantique : Familièrement. Il montre tout ce qu'il porte, il découvre les parties du corps qu'il devrait cacher.
Cet homme porte la mine d'avoir fait telle chose, on juge à sa mine qu'il a fait telle chose.
On dit dans le même sens : il porte tout l'air d'un fripon, il porte la mine d'un drôle.
Ce monsieur Loyal porte un air bien déloyal
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mart. v, 4
Il porte sa recommandation sur sa figure, c'est-à-dire sa figure prévient en sa faveur.
Porter un nom, être nommé ou intitulé de telle ou telle façon.
Quoique ma tragédie [Andromaque] porte le même nom que la sienne [d'Euripide], le sujet en est pourtant très différent....
de Jean RACINE dans Andr. 2e préf.
Sa première pièce [de Corneille] fut donc Mélite ; la demoiselle qui en avait fait naître le sujet porta longtemps dans Rouen le nom de Mélite, nom glorieux pour elle, et qui l'associait à toutes les louanges que reçut son amant
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Hist. vie de Corn.
Robert Sorbon s'est immortalisé par la maison qu'il a fondée, et qui porte son nom
de Denis DIDEROT dans Opin. des anc. philos. (scholastiques).
Que le favori d'Auguste [Mécène] serait surpris de voir son nom si souvent profané, et le ton rampant que les gens de lettres prennent avec ceux qui le portent !
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Ess. sur la soc. des gens de lett.
Il se dit aussi des objets qui ont en soi ou sur soi quelque chose. Ce monument porte telle inscription.
Ce que je veux de toi porte le caractère D'une vertu plus haute et digne de te plaire
de Pierre CORNEILLE dans Perth. III, 3
Un ridicule qui porte un caractère d'agrément
de MONTCRIF dans dans DESFONTAINES
L'univers porte encor les marques du chaos
de BERNIS dans Poés. div. Mond. poét.
Porter en soi quelque honte, avoir en soi quelque chose de honteux.
Accepter de l'argent porte en soi quelque honte
de Pierre CORNEILLE dans Suite du Ment. I, 2
Cela porte son excuse avec soi, se dit d'un empêchement légitime qu'on allègue, pour s'excuser de n'avoir pas fait quelque chose.
Cette viande porte sa sauce, ce fruit porte son sucre, la sauce, le sucre n'est pas nécessaire à cette viande, à ce fruit.
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Sémantique : Fig. Porter quelqu'un à, le faire parvenir à.
Moins pour me seoir si haut, que pour vous y porter
de Pierre CORNEILLE dans Othon, III, 3
S'étant élevés jusqu'à un certain degré où ils [les anciens] nous ont portés, le moindre effort nous fait monter plus haut ; et avec moins de peine et moins de gloire nous nous trouvons au-dessus d'eux
de Blaise PASCAL dans Fragm. sur le vide.
Pour vous porter au trône où vous n'osiez prétendre
de Jean RACINE dans Mithr. IV, 4
Vous m'avez porté à cette haute dignité par des acclamations et des voeux publics qui me sont peut-être plus glorieux que la dignité même dont vous m'avez honoré
de Abbé de René Aubert de VERTOT dans Révol. rom. XII, 187
Aider de son crédit, favoriser. Il y a des personnes puissantes qui le portent.
Le duc d'Orléans me croyait trop jacobite, il se persuadait que ma haine pour Noailles et mon éloignement de Canillac m'en donnaient pour les Anglais qu'ils portaient
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 444, 185
Porter, se dit d'électeurs qui sont décidés à donner leurs voix à un candidat. Il est porté par la majeure partie des électeurs. Qui portons-nous ?
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Sémantique : Fig. Induire, exciter, pousser à, en parlant des personnes.
Elle m'a.... Tant dit qu'au désespoir je porterais son âme, Si je lui refusais ce qu'exige sa flamme
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Éc. des maris, III, 2
Il [Clovis] gagna sur les Allemands la bataille de Tolbiac par le voeu qu'il fit d'embrasser la religion chrétienne, à laquelle Clotilde sa femme ne cessait de le porter
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. I, 11
Quel démon vous irrite et vous porte à médire ? Un livre vous déplaît ; qui vous force à le lire ?
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. IX
La force qui met nos esprits en mouvement, c'est la volonté de Dieu qui nous anime et qui nous porte vers le bien
de Nicolas MALEBRANCHE dans Rech. vér. éclairc. liv. VI, t. IV, p. 315, dans POUGENS.
Être porté d'amitié pour quelqu'un, avoir de l'amitié pour lui.
Il se dit aussi des choses qui poussent, excitent.
Je suis marri que la colère Me porte jusqu'à lui déplaire
de François de MALHERBE dans V, 10
Je crois qu'un bon dessein dans le cloître te porte....
de Pierre CORNEILLE dans Place roy. V, 8
D'autres soins éteindront cette ardeur de vengeance ; Ceux de vous agrandir vous porteront ailleurs
de Pierre CORNEILLE dans Sertor. III, 4
Les tentations qui le portent au péché
de Blaise PASCAL dans Prov. IV
Il est impossible que cette surprise ne fasse rire, parce que rien n'y porte davantage qu'une disproportion surprenante entre ce qu'on attend et ce qu'on voit
de Blaise PASCAL dans ib. X
Voyez un peu où me porte le libertinage de ma plume
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 5 janv. 1689
Qui sait même où m'allait porter ce repentir ?
de Jean RACINE dans Phèdre, IV, 5
Quelques heureux essais d'éloquence le portèrent d'abord vers le barreau
de MAIRAN dans Éloges, Lémery
Nature : Absolument.
Et sur ces grands objets qui doivent porter à Dieu, vous vous trouvez embarrassé dans votre religion sur ce qui se passe à Rome et au conclave
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Coulanges, 26 juillet 1691
Des accents de langueur qui, répandus sur le calme des eaux ou se mêlant à leur murmure, portent au recueillement et à la mélancolie
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Ois. t. XIV, p. 333
Le spectacle de la nature, qui porte à la rêverie
de Anne Staël-Holstein, dite Mme DE STAËL dans Corinne, XVII, 2
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Sémantique : Fig. Supporter, souffrir.
Ce coup est un peu rude à l'esprit le plus fort ; Et je doute comment vous portez cette mort
de Pierre CORNEILLE dans Hor. v, 11
En consentant à prendre la robe d'un esclave, il a consenti à en porter toute l'ignominie
de Louis BOURDALOUE dans Exhort. sur la flagell. de J. C. t. II, p. 77
Sans doute on ne veut pas que, mêlant nos douleurs, Nous nous aidions l'un l'autre à porter nos malheurs
de Jean RACINE dans Brit. I, 3
J'aurais beaucoup de choses à vous proposer ; mais vous ne pouvez pas les porter maintenant
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans t. XVII, p. 162
Nous craignons comme le dernier des malheurs qu'on nous en prive [du temps] pour toujours, et nous craignons presque comme un malheur égal d'en porter l'ennui et la durée
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Temps
Dès que ce spectacle de vanité ne nous environne point, on porte impatiemment le silence et la solitude qui nous suit
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Confér. Zèle contre les vices
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Sémantique : Fig. Porter bien le vin, en boire beaucoup sans s'enivrer ; porter mal le vin, s'enivrer vite.
L'épitaphe de ce prince [Darius], où il se vante d'avoir eu le mérite de boire beaucoup et de bien porter le vin, montre que c'était là véritablement une gloire chez les Perses
de Charles ROLLIN dans Hist. anc. Oeuvr. t. III, p. 165, dans POUGENS
Ce vin porte bien l'eau, il conserve une partie de sa force quoiqu'on y mette de l'eau. On dit dans le sens contraire : il ne porte pas l'eau.
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Soumettre à une juridiction.
Ils [les rois] ne portaient point d'affaires au peuple qu'elles n'eussent été délibérées dans le sénat
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Esp. XI, 12
On faisait un crime à Lalli de ne s'être pas emparé de ce poste, nommé Chetoupet, avant d'aller à Madras ; tous les maréchaux de France assemblés auraient eu bien de la peine à décider de si loin si on devait assiéger Chetoupet ou non ; et on portait cette question à la grand'chambre
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Pol. et lég. Fragm. Hist. Inde, 19
Les habitants des îles et des villes soumises à la république sont obligés de porter leurs affaires aux tribunaux d'Athènes, pour qu'elles y soient jugées en dernier ressort
de Auguste Marseille BARTHÉLEMY, dit L'ABBÉ BARTHÉLEMY dans Anach. ch. 16
Je porte ma tête à la justice du roi, si je suis coupable ; mais, si c'est M. de Montaigu qui l'est, je porte ma plainte aux pieds du trône
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Lett. à M. du Theil, Corresp. t. IV, p. 219. dans POUGENS
Porter plainte, adresser à une autorité une plainte contre quelqu'un.
De tous côtés, on portait des plaintes au parlement de refus de sacrements
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Hist. parlem. 65
Environ deux années auparavant, le cardinal de Polignac avait déjà porté plainte contre l'abbé de Saint-Pierre, à l'occasion du mémoire de ce dernier sur l'établissement de la taille proportionnelle
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Éloges, l'ab. de St-P.
24
Sémantique : Fig. Porter une loi, un arrêt, établir une loi, rendre un arrêt.
L'an de Rome 428, les consuls portèrent une loi qui ôta aux créanciers le droit de tenir les débiteurs en servitude dans leurs maisons
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Esp. XII, 21
Souillé de trois divorces et du sang de deux femmes, il [Henri VIII] fit porter une loi dont la honte et la cruauté sont égales : c'est que tout homme qui sera instruit d'une galanterie de la reine doit l'accuser sous peine de haute trahison
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Moeurs, 135
Quand l'arrêt est porté, qui conseille est coupable
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Orph. v, 2
Pour contenir tant de nations diverses et si ennemies les unes des autres, il a été porté des lois atroces
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans Hist. phil. II, 19
Porter un arrêt, se dit aussi de la simple décision d'une volonté.
L'arrêt qu'en ta faveur aura porté ma fille....
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Scythes, I, 2
Porter un jugement, porter son jugement d'une chose, sur une chose, la juger, l'apprécier.
25
Sémantique : Fig. Inscrire. Porter quelqu'un sur une liste.
Au lieu de fatiguer les conjurés de quantité de petites corrections qu'il faudrait porter sur l'ancien exemplaire, j'envoie un cinquième acte bien propre [du Triumvirat]
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. d'Argental, 11 janv. 1764
Il se trouva plus d'une fois des articles qui n'étaient pas portés sur les factures
de Guillaume Thomas, abbé RAYNAL dans Hist. philosophique, VII, 32
Dans le même sens, porter à compte, en recette, en débet, au crédit.
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Sémantique : Fig. Exprimer, déclarer. L'ordonnance porte que.... Que porte la lettre que vous avez reçue ? La traduction ne reproduit pas exactement ce que porte le texte.
L'arrêt porte restitution de fonds
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lett. abb. 82
La tradition portait que les armées de Sémiramis et de Cyrus avaient péri dans ces déserts
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Espr. XXI, 8
27
Sémantique : Fig. Évaluer.
On dit que son mari [le duc de Choiseul] a autant de dettes qu'il a fait de belles actions ; on les porte à plus de deux millions
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Mme du Deffant, 19 janv. 1771
28
Sémantique : Fig. Causer, amener, entraîner avec soi, avec un nom de chose pour sujet.
Après son action qui n'eut jamais d'égale, Le commerce entre nous porterait du scandale
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Tart. IV, 1
Un portrait porte absence et présence, plaisir et déplaisir ; la réalité exclut absence et déplaisir
de Blaise PASCAL dans Pens. XVI, 7, éd. HAVET
L'amitié que j'ai pour vous porte bien des peines et des amertumes avec elle
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Mme de Grignan, 7 août 1675
Le péché en général porte séparation d'avec Dieu, et attache très intime avec la créature
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 3e sermon, Passion, 2
Une pensée neuve, forte, juste, lumineuse porte avec elle son expression
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Mél litt. Oeuv. t. III, p. 153, dans POUGENS
29
Sémantique : Fig. Avoir telle dimension.
J'ai fait abattre deux chênes fort lisses, dont la tige portait plus de vingt-cinq pieds sans aucunes grosses branches
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Hist. nat. part. expér. Oeuv. t. VIII, p. 221
Sémantique : Terme de maçon. Cette pierre porte tant de long et de gros, elle a tant de longueur et de grosseur.
30
Sémantique : Fig. Comporter.
S'ils n'ont pas plus d'esprit que ne porte leur condition
de Jean de LA BRUYÈRE dans IX.
31
Nature : V. n. Être soutenu, être posé sur. Tout l'édifice porte sur ces colonnes.
L'autre exige que mon corps porte sur mes genoux
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Lett. pers. 46
Sémantique : Fig.
Sa confiance doit porter sur l'autorité de la raison
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. IV
C'est un tissu d'idées qui ne portent sur rien
de Denis DIDEROT dans Mém. t. IV, p. 312, dans POUGENS
Porter à fond, en parlant d'une construction, reposer sur son fondement.
On dit aussi dans la même acception : porter de fond.
Porter à cru, reposer directement sur le sol même.
Porter à faux, ne pas porter directement sur la base, sur le point d'appui, être mal posé, être hors de son aplomb. Cette poutre porte à faux.
Substantivement, un porte à faux, un endroit d'une construction qui est hors de son aplomb. Il y a dans l'Église de Saint-Denis plusieurs porte à faux. Ce mur est hors d'aplomb, il est en porte à faux.
Porter à faux, se dit aussi des parties en saillie, d'un balcon par exemple.
Sémantique : Fig. Porter à faux, se dit de raisonnements, de propositions dont le principe est vicieux, ou qui ne sont pas d'accord avec leur principe.
Je vous remercie de l'Anti-financier ; l'ouvrage est violent, et porte à faux d'un bout à l'autre
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Damilaville, 18 janv. 1764
La selle de ce cheval porte sur le garrot, elle touche ce cheval sur le garrot.
Ce carrosse porte sur la flèche, il touche, il bat la flèche quand il est en mouvement.
Tirer à bout portant, tirer en appuyant le bout de l'arme sur le corps de quelqu'un ou du moins de fort près.
Sémantique : Fig. Dire quelque chose à bout portant, dire en face quelque chose de fâcheux, de direct.
On sent bien le reproche, il est à bout portant
de FAGAN dans Rendez-vous, sc. 5
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Se dit de la glace qui est en état de soutenir les hommes, les voitures. Il a gelé fortement, la glace porte.
Le fleuve était pris, il portait : le cours des glaçons, que jusque-là il charriait, contrarié par un brusque contour de ses rives, s'était suspendu
de Philippe de SÉGUR dans Hist. de Nap. X, 8
33
Sémantique : Terme de blason. Avoir dans ses armes une certaine couleur. Il porte de gueules.
Cette maison de Montfort portait d'argent à la croix de gueules, givrée d'or
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 188, 9
34
Faire les commissions. Cette femme a longtemps porté pour une marchande de modes.
35
Atteindre, en parlant des armes de jet, des projectiles, et de tout ce qu'on lance. Une longue carabine qui portait fort loin. Tous les traits ont porté. Le boulet ne porta que jusqu'au pied de la muraille.
Le premier soutenant que le canon porterait au delà d'une hauteur voisine ; l'autre, au contraire, qu'il n'y porterait pas
de Paul PELLISSON dans Lett. hist. t. I, p. 380, dans POUGENS
Le prince d'Harcourt et la Feuillade eurent querelle avant-hier..., le prince lui jeta une assiette à la tête, l'autre lui jeta un couteau ; ni l'un ni l'autre ne porta
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Bussy, 25 nov. 1655
Sémantique : Fig.
Les coups de canon que l'on tira à Bordeaux avaient porté jusqu'à Paris, avant même que l'on y eût mis le feu
de Jean-François Paul de Gondi, cardinal de RETZ dans Mém. t. II, liv. III, p. 17, dans POUGENS
Ton triomphe est parfait ; tous tes traits ont porté
de Jean RACINE dans Phèdre, III, 2
Il se dit également des coups d'armes à feu ou autres. La blessure est dangereuse, le coup a porté sur l'os.
Porter juste, toucher au but, l'atteindre. Le coup a porté juste.
Sémantique : Fig. Il se dit de ce qui fait impression, est décisif.
Il n'y a pas un mot dans la vôtre [lettre] qui ne porte ; on ne voudrait ni en ôter ni en mettre un seul
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Bussy, 10 sept. 1681
Sémantique : Fig. Porter contre, être défavorable, en parlant des choses.
Par la même raison qu'il [Jurieu] a convaincu Luther d'impiété, il s'en est convaincu lui-même, et sa preuve porte contre lui
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 2e avert. 9
Sémantique : Fig. Je ne vois point où porte ce discours, je n'en vois pas l'intention.
Sémantique : Fig. Cette observation, cette objection porte sur telle chose, elle a telle chose pour objet.
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Parcourir une certaine étendue, en parlant du son, du regard. Sa vue porte loin. Le bruit du canon portait à plusieurs lieues.
Il se dit du vent, en un sens analogue. Quand le vent porte, on entend le bruit de la cascade jusqu'ici.
37
Heurter, toucher. La tête a porté contre une pierre.
Au jeu de paume, la balle a porté sur le toit, sur les deux toits, elle y a touché.
La balle porte au mur, ou, absolument, la balle porte, de son premier bond elle touche au mur qui la renvoie.
38
Sémantique : Terme de marine. Avancer vers.
Le Fortuné tira l'Adroit de l'embarras où le gros vaisseau l'aurait pu mettre ; il porta dessus et fit prendre le parti de faire...
dans Rapport de J. Bart, 11 juill. 1694, dans JAL
Porter au sud, au nord, etc. gouverner, faire route au sud, au nord.
On dit de même. porter au large, porter à terre.
Porter à telle aire de vent, gouverner à cette aire de vent.
Porter plein ou bon plein, gouverner de manière à avoir du largue dans les voiles.
Faire porter, remplir, gonfler de vent une voile ou les voiles.
Nous découvrîmes, à dix ou douze lieues de Naples, les quatorze vaisseaux hollandais.... nous fîmes porter à toutes voiles sur ces vaisseaux qui étaient sous le vent
dans Mém. de Villette, 1677, dans JAL
Laisser porter, laisser arriver.
On dit qu'un courant porte à telle aire de vent, pour dire qu'il prend la direction de tel rumb.
Des courants rapides qui portent quelquefois à l'est, et quelquefois à l'ouest
de BUACHE dans Inst. Mém. scienc. mor. et pol. t. V, p. 37
On dit qu'une voile porte, quand elle reçoit le vent sur sa face postérieure et fait avancer le navire.
Une voile porte à culer quand elle est disposée de manière à faire marcher le navire dans le sens de la poupe.
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Sémantique : Terme de couture. Faire porter signifie qu'en assemblant deux morceaux quelconques, on a fait plisser légèrement un des côtés sur l'autre, de façon qu'un des deux morceaux soit plus long que l'autre ; synonyme d'emboire. Cette couture porte, est portée. Vous avez fait porter votre couture.
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Sémantique : Fig. Il se dit de quelque mal ou dommage. Dans le combat, la perte a porte surtout sur l'aile gauche. La maladie porta sur ceux qui avaient le plus souffert de privations.
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Porter à la tête, se dit d'une liqueur, d'une odeur, d'une chaleur qui étourdit, qui en-tête.
Mlle Pulchérie lui avait assuré que le feu lui portait à la tête, et qu'elle voulait s'accoutumer à s'en passer
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Veillées du chât. t. II, p. 531, dans POUGENS
Porter sur les nerfs, les agacer.
Ce n'est pas ma faute si les étrangetés dont nous sommes bernés me portent sur les nerfs
de G. SAND dans Famille de Germandre.
42
Se porter, Nature : v. réfl. Être porté, soutenu comme un faix. Les pots au lait se portent sur la tête.
Se porter, se dit de gens tellement serrés que leurs pieds ne touchent plus la terre. Il y avait tant de monde qu'on se portait.
Se porter soi-même.
Le sage, se portant partout avec lui, porte aussi son bonheur
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Hél. I, 65
On s'y portait [au discours de réception de M. de Noyon] dans le désir d'en faire sa cour au roi, et dans l'espérance de s'y divertir
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 14, 23
Cette grande barge rousse qui se trouve sur nos côtes et sur celles d'Angleterre se porte également sur les côtes de Barbarie
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Ois. t. XIV, p. 287
Il se dit, dans un sens analogue, des choses qui se meuvent. Le sang s'est porté à la tête.
Quel Louvre ! un vrai charnier dont l'odeur se porta D'abord au nez des gens
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VII, 7
Sémantique : Fig. Se diriger, en parlant du regard, de la pensée, de l'attention, etc.
C'est sur toutes ces choses que l'éducation se porte
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Esp. IV, 2
À Smolensk, une fièvre d'hésitation s'empare de lui ; ses regards se portent sur Kief, Pétersbourg et Moscou
de Philippe de SÉGUR dans Histoire de Napoléon, VI, 9
43
Être porté comme vêtement. Cette étoffe ne se porte plus.
44
Sémantique : Fig. Agir de telle ou telle manière dans certaines occasions. Il s'y est porté un peu mollement.
Un combat général où Vannius fut défait après s'être porté vaillamment
de PERROT dans Tac. 356
45
Sémantique : Fig. Avoir disposition à, inclination pour.
Au lieu que vous les aviez menacés de leur faire signer cette constitution, quand vous pensiez qu'ils y résisteraient, lorsque vous vîtes qu'ils s'y portaient d'eux-mêmes, vous n'en parlâtes plus
de Blaise PASCAL dans Prov. XVII
On ne conclut rien, et l'on ne se porte à rien, parce qu'on n'y pense point
de Louis BOURDALOUE dans Serm. 19e dim. après la Pentec. Dominic. t. IV, p. 202
Monsieur, ne craignez rien ; Isabelle toujours doit se porter au bien
de Jean-François REGNARD dans Ménech. III, 8
Il [Louis XIV] se porta de lui-même, dans le cours de sa maladie, à donner au duc du Maine une distinction dont le duc d'Orléans fut vivement piqué
de STAAL dans Mém. t. I, p. 277
Mais, bien loin de sauver son amant du pillage, C'est elle qui s'y porte avec plus de courage
de Philippe Néricault DESTOUCHES dans Diss. II, 1
Se porter, se laisser emporter à, aller à.
Volage, fallait-il pour un peu de rudesse Vous porter si soudain à changer de maîtresse ?
de Pierre CORNEILLE dans Gal. du Pal. V, 4
Comment, mon père, c'est vous qui vous portez à ces honteuses actions ?
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Av. II, 2
Nous donnons à tous les meilleurs ordres que nous pouvons ; j'admire comme on se porte naturellement à ce qui touche le goût
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 3 mai 1680
Il ne faut pas trouver étrange, si, Jésus leur prêchant [aux Juifs] ce qu'il avait appris au sein de son père, ils se portent à la dernière fureur et se résolvent de le mettre à mort
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Sermons, Sur l'Église, 1
À quels excès ne se porte-t-on pas contre des concurrents qui se présentent et qui font ombrage ?
de Louis BOURDALOUE dans 1er dim. après l'Épiphan. Dominic. t. I, p. 53
Jusques où les hommes ne se portent-ils point par l'intérêt de la religion, dont ils sont si peu persuadés, et qu'ils pratiquent si mal ?
de Jean de LA BRUYÈRE dans XVI
Se porter à la dernière extrémité, à des extrémités contre quelqu'un, exercer sur lui des actes de violence, d'emportement.
Se porter à des excès contre quelqu'un, même sens.
46
Sémantique : Fig. Se porter bien, être en bonne santé ; se porter mal, être malade, indisposé.
Comment vous portez-vous ? c'est-à-dire quel est l'état de votre santé ? Il est vrai que ce n'est que de la santé dont il est question en ce monde ; comment vous portez-vous ? comment vous portez-vous ? et l'on ignore entièrement ce qui touche cette science qui nous est si nécessaire
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 387
Rien de plus agréable que de se bien porter, et de savoir qu'il y a des gens qui craignent qu'on ne se porte mal
de Françoise d'Aubigné, marquise de MAINTENON dans Lett. à d'Aubigné, 24 juill. 1680
Il se dit aussi des animaux.
Elle [l'intelligence humaine] les voit [les bêtes] vivre et mourir, être malades et se porter bien, à peu près comme font les hommes
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Conn. V, 1
M. Brinkenhof, ayant fait accoupler des chameaux.... a obtenu un petit chameau qui se porte bien
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Quadrup. t. IX, p. 175
Sémantique : Fig. Ses affaires se portent mal, c'est-à-dire il est dans une situation fâcheuse, critique.
Ainsi, de tous côtés primé par un rival, Ses affaires sans moi se porteraient fort mal
de Pierre CORNEILLE dans Veuve, II, 5
47
Sémantique : Fig. Se porter, se présenter comme candidat à une élection. Il se porte dans le département des Vosges.
48
Sémantique : Fig.
Prendre une qualité et agir en conséquence L'infâme Barcochébas, un voleur, un scélérat, parce que son nom signifiait le fils de l'étoile, se disait l'étoile de Jacob prédite au livre des Nombres, et se porta pour le Christ
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. II, 9
Une duègne qui se portait pour gouvernante
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 6
Il se porte pour amant déclaré
de Antoine HAMILTON dans ib. 11
Ces premiers poëtes n'eurent qu'à se porter pour inspirés par les dieux, pour envoyés des dieux, pour enfants des dieux, on les en crut
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Sur la poés. en gén. Oeuv. t. VIII, p. 286, dans POUGENS.
Se porter fort pour quelqu'un, l'appuyer, répondre de son consentement.
Sémantique : Terme de jurisprudence. Se porter partie contre quelqu'un, intervenir contre lui dans un procès.
Se porter pour appelant, interjeter appel d'une sentence.
Se porter héritier, ou pour héritier, prendre la qualité d'héritier et agir en conséquence.
49
Nature : S. m. Ces gants sont d'un bon porter.

PROVERBES

1
Exemple : Argent comptant porte médecine.
2
Exemple : La nuit porte conseil, c'est-à-dire il est bon de laisser passer une nuit, et, en général, du temps sur un parti à prendre.

HISTORIQUE

1
XIe s.
An dreit Taison espeiret arriver, Mais ne puet estre, ailurs l'estot aler [il lui faut aller ailleurs] ; An dreit à Rome les portet li orez [le vent]
dans St Alexis, XXXIX
De l'altre dei qui porte l'anel
dans Lois de Guill. 13
Branches d'olive en vos mains porterez
dans Ch. de Rol. v
Ne vus ne il n'i porterez les piez
dans ib. XVIII
Qu'à Marsilion [il] me portast mon message
dans ib. X
Tant vus [mon épée] aurai en curt à rei portée
dans ib. XXX
Mult [il] se fait fier de ses armes porter
dans ib. LXX
Ce dist Rolanz : purquei me portez ire ?
dans ib. CXXIX
2
XIIe s.
E si vos les volez saver [savoir les nouvelles], mandez qui les vos port
dans Machab. II, 2
Vous porterez ma chartre, où li seax d'or pend
dans Sax. XX
Plus biaux princes de lui [que lui] ne put porter escu
dans ib. XXVIII
Sire, li reis vus ad porté grand amistié : Bien li devriez faire co qu'il vus ad preié
dans Th. le mart. 25
3
XIIIe s.
Ce qu'on a tant porté, Quant chiet [tombe], adès en poise [on en a toujours du chagrin], Hist. litt. t. XXIII, p. 572. Et li Grieu [les Grecs] les commencierent à enhaïr et à porter mauvais cuer
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans CXXVI
[Elle] De tout portoit les cles, qu'elle l'ot deservi [mérité]
dans Berte, LIX
Et mainte grant riviere qui bien porte navie
dans ib. LXXII
Com je vous ai porté mauvaise compaignie !
dans ib. CX
Ma mescheance [j'] ai, sire [Dieu], pour vous en gré portée
dans ib. CXXVI
À cinq labiaus de gueule l'ainsnés fils le porta [porta l'écu]
dans ib. CXXXI
Les escus [il] froisse et fent com s'il fussent d'escorce ; à chevalier n'assemble qu'à terre ne le porce
de AUDEFROI LE BAST. dans Romancero, p. 19
La boucle d'une pierre fu, Qui ot grant force et grant vertu ; Car cis qui sor soi la portoit Nesuns venins ne redotoit
dans la Rose, 1077
Atant s'en entrent tot es nes [dans les navires] ; Or ont boin vent et bien portant
dans Fl. et Bl. 114
Si vous cri merci jointes paumes, Que cis las dolereus Guillaumes, Qui si bien s'est vers moi portés [comporté], Soit secorus et confortés
dans ib. 10695
Tout li enfant que cele porte qui est serve sont serf, tout soit ce que li peres soit frans hons
de Philippe de BEAUMANOIR dans XLV, 45
On ne croit pas que tex teroirs puist tel vin porter
de Philippe de BEAUMANOIR dans XLV, 14
Et l'un des Turs porta un chevalier du Temple à terre
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 419
4
XIVe s.
Il me souffist, se je tout seul porte mes infortunes
de Nicolas ORESME dans Eth. 290
Et as choses maintenant dites font et portent tesmoignage et signe de verité aucunes ordenances propres....
de Nicolas ORESME dans ib. 72
Pour ce se porta il folement et sotement
de Nicolas ORESME dans ib. 201
Car le vin fait souvent d'ire maint fol parler, Et s'en doit bien garder qui ne le peut porter
dans Guesclin. 22113
5
XVe s.
Dieu merci ! je me porte assez bien ; mais j'avois plus d'argent quant je faisois guerre pour la partie du roi d'Angleterre
de Jean FROISSART dans II, III, 24
Ainsi se porta celle journée, et n'y eut rien fait, non chose qui fasse à recorder
de Jean FROISSART dans I, I, 91
Et s'en alla denoncer audit messire Hervey, et dire la besogne ainsi comme elle se portoit
de Jean FROISSART dans I, I, 177
Les barons qui demeurés estoient et le remenant du pays, ne le [Hue le Despensier] purent plus porter [supporter]
de Jean FROISSART dans I, I, 9
Au regard de celle que j'ayme loyaulment, elle me suffit très bien ; mais à ce que vous voulez porter la vostre plus belle que la myenne, cela ne pourroye souffrir, ains deffendray sa beauté à l'encontre de tous autres
dans Perceforest, t. V, f° 21
Or en as tu assez et plus que porter n'en pues [tu n'en peux porter]
de Alain CHARTIER dans Quadril. invect.
Quelles nouvelles, ma maistresse ? Comment se portent nos amours ?
de Charles D'ORLÉANS dans Ball. 14
E stendoit ses limites plus avant que le traicté ne portoit
de Philippe de COMMINES dans III, 1
Je sçay bien que ma langue m'a porté grant dommage
de Philippe de COMMINES dans I, 10
Le duc de Bourgogne portoit fort grant honneur aux ambassadeurs et gens estranges
de Philippe de COMMINES dans V, 9
Autant que la veue pouvoit porter
de Philippe de COMMINES dans I, 6
Sa personne pouvoit assez porter le travail qui luy estoit necessaire
de Philippe de COMMINES dans III, 3
Je luy ose bien porter ceste louenge, et ne sçay si je l'ay dit ailleurs
de Philippe de COMMINES dans III, 12
6
XVIe s.
J'ay faict de diligence ce que la compaignie que je mene en a peu porter
de Marguerite de Navarre, dite aussi de Valois, ou d'Angoulême, reine de Navarre dans Lett. 41
Madame s'est bien portée jusques à ceste nuict qu'elle a eu peur d'avoir sa goutte
de Marguerite de Navarre, dite aussi de Valois, ou d'Angoulême, reine de Navarre dans ib. 52
Vous savés combien vostre paine est necessaire aux affaires dont vous portés le faix
de Marguerite de Navarre, dite aussi de Valois, ou d'Angoulême, reine de Navarre dans ib. 64
Le desir que j'ay de savoir comme se porte votre santé ne me laisse passer en ce lieu sans vous escripre
de Marguerite de Navarre, dite aussi de Valois, ou d'Angoulême, reine de Navarre dans ib. 17
Comme les occasions de la guerre le portent [comportent] souvent
de Michel de MONTAIGNE dans I, 49
Quelque masque qu'ils portent
de Michel de MONTAIGNE dans I, 108
Je regarde tousjours comment s'en est porté le bout [de la vie]
de ID. dans I, 68
La main se porte souvent où nous ne l'envoyons pas
de Michel de MONTAIGNE dans I, 98
On peult se porter excessivement en une action juste
de Michel de MONTAIGNE dans I, 233
Ceulx ci portent leurs testes tousjours couvertes de beguins
de Michel de MONTAIGNE dans I, 260
Le pape Boniface huitiesme entra, dict on, en sa charge comme un regnard, s'y porta comme un lion et morut comme un chien
de Michel de MONTAIGNE dans II, 1
Lorsqu'ils commençoient à porter les armes
de Michel de MONTAIGNE dans II, 83
Ny les traicts ny les glaives ne portent que par le congé de nostre fatalité
de Michel de MONTAIGNE dans III, 132
Il est porté par leurs loix, que le larron soit condamné en amende pour le larecin
de Étienne de LA BOÉTIE dans 219
La terre qui porte des herbes sauvages
de Étienne de LA BOÉTIE dans 227
Le bon renom qu'acquiert celui qu'on void qui se porte en toute douceur et facilité avec ses semblables
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 47
Et qui s'assujettira aux coustumes domestiques, portera obeissance aux lois publiques
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans ib.
Le zele que chascun porte à sa religion
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 67
Le noble a davantage d'obligation que l'ignoble à se porter vertueusement
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 186
Tirant de près, les coups portent, qu'ils adressent tousjours aux cuisses ou aux visages
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 313
N'esperant plus que ses affaires se portassent jamais comme il desiroit
de Jacques AMYOT dans Thés. 43
Le temps prefix à porter le deuil estoit fort court
de Jacques AMYOT dans Lyc. 56
Proculus et Velesus porterent la parole
de Jacques AMYOT dans Numa, 9
Il estoit singulierement aimé et porté des gens de bien
de Jacques AMYOT dans Péric. 11
Il fut eleu consul contre sa voulunté, non jà pour affection que le peuple portoit à ce Lepidus, mais pour gratifier à Pompeius, qui le portoit et luy favorisoit
de Jacques AMYOT dans Sylla, 70
Agesilaus, encore qu'il se portoit fort mal, à cause de plusieurs bleceures....
de Jacques AMYOT dans Agésil. 28
Je suis demourée pour porter encore malheur au grand Pompeius
de Jacques AMYOT dans Pomp. 105
Et ne seroit sa charge gueres vacante, car vous estes icy tout porté pour lui succeder
de Vincent CARLOIX dans I, 38
La Mozelle est si glacée qu'elle porte
de Vincent CARLOIX dans V, 8
L'eau de la mer soustient et porte, sans comparaison, plus facilement que la douce des fleuves
de Ambroise PARÉ dans I, 35
Qui rien ne porte, rien ne lui chet [tombe]
de Randle COTGRAVE dans

ÉTYMOLOGIE

1
Bourguig. potai ; Berry, pourter ; provenç. et espagn. portar ; ital. portare ; du lat. portare, qui est un dénominatif issu d'un participe passé portum (qu'on ne trouve pas), comme tutari l'est de tutum, qui vient de tueor ; portum tient au radical grec, j'apportai (voy. PORTE).

Synonymes de PORTER

Termes proches de PORTER