Définition de PORTE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : por-t'

DÉFINITIONS

1
Ouverture pratiquée dans les murs d'une ville, pour y entrer et en sortir (ce qui est le sens propre du latin porta).
Thèbes le pouvait disputer aux plus belles villes de l'univers ; ses cent portes chantées par Homère sont connues de tout le monde
Il ne faut qu'ouvrir l'Écriture, pour trouver partout que la puissance publique paraissait aux portes des villes, où se tenaient les conseils et se prononçaient les jugements
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 2e instr. sur les prom. de l'Église, 40
Dès que Darius se vit en possession de Babylone, il fit enlever les cent portes et abattre les murailles de cette superbe ville, pour la mettre hors d'état de se révolter dans la suite
Un étranger né à Mynde voulut savoir comment il [Diogène] avait trouvé cette ville : j'ai conseillé aux habitants, répondit-il, d'en fermer les portes, de peur qu'elle ne s'enfuie. C'est qu'en effet cette ville, qui est très petite, a de très grandes portes
Ouvrir ses portes, capituler.
Alexandrie lui ouvre ses portes
Dans le sens contraire. Fermer ses portes, se décider à soutenir une attaque, un siége.
Fermer les portes d'une ville, empêcher d'y entrer.
Déclarons-nous, madame, et rompons le silence ; Fermons-lui dès de jour les portes de Byzance
L'ennemi est aux portes, l'ennemi est tout près de la ville.
On s'occupait toujours de controverse, et les Turcs étaient aux portes
Sémantique : Fig.
Tes plus grands ennemis, Rome, sont à tes portes
Porte de secours, porte d'une citadelle donnant sur la campagne et par laquelle on peut introduire du secours.
2
Ouverture faite pour entrer dans un lieu fermé et pour en sortir. La baie, le seuil d'une porte. Percer une porte dans un mur.
Entrez dans cette porte et laissez-vous conduire
L'un est un bon marchand à grand'porte cochère, Où l'étoffe par aune est d'un écu plus chère
de BOURSAULT dans Mots à la mode, sc. 4
Qui pourrait le croire ? les architectes ont été souvent obligés de hausser, de baisser et d'élargir leurs portes, selon que les parures des femmes exigeaient d'eux ce changement
Mettre quelqu'un à la porte, le chasser de chez soi.
On me mit à la porte avec un peu plus de vingt francs en petite monnaie qu'avait produits ma quête
Mettre un domestique à la porte, le congédier avec mécontentement.
Sémantique : Familièrement. Prendre, gagner la porte, se retirer, s'échapper.
J'ai gagné doucement la porte sans rien dire
Prenez-moi la porte, et bien vite, sortez d'ici au plus tôt.
On dit dans le même sens : passez la porte, passez-moi la porte, enfilez-moi la porte bien vite.
Être à la porte, être mis dehors.
Si j'épouse une fois monsieur, me voilà forte ; Une heure après l'hymen, ils sont tous à la porte
À la porte, en entrant.
Pourquoi veux-tu, cruel, agir d'une autre sorte ? Laisse, en entrant ici, tes lauriers à la porte
Il avait accoutumé de dire qu'un novice, entrant dans le monastère, devait laisser son corps à la porte
Chacun peut le traiter [un auteur dramatique] de fat et d'ignorant, C'est un droit qu'à la porte on achète en entrant
Il [Corneille] laissait, pour me servir de ses propres termes, ses lauriers à la porte de l'Académie
de Jean RACINE dans Rép. au disc. de Th. Corneille.
Sémantique : Familièrement. Être logé à la porte de quelqu'un, avoir une habitation voisine de la sienne.
Sémantique : Fig.
Cette mort qui est peut-être à la porte
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Mort.
Serez-vous toujours, Seigneur, à la porte de mon coeur pour en solliciter l'entrée ?
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Myst. Visit.
On dit dans un sens analogue : il a une maison à la porte, aux portes de la ville, il a une maison qui est fort près de la ville.
Être à la porte, attendre la sortie de quelqu'un.
Les chiens à qui son bras a livré Jézabel, Attendant que sur toi sa fureur se déploie, Déjà sont à ta porte, et demandent leur proie
Être porte à porte, se dit de personnes qui logent dans des maisons contiguës.
Dans le langage familier, être porte à porte de quelqu'un.
La maréchale de Villars, qui logeait porte à porte de nous, entre chez Mme de Saint-Simon
Heureusement la servante d'un vieux bon homme qui logeait au-dessous de moi se leva au bruit, courut appeler M. le châtelain, dont nous étions porte à porte
Dans les couvents, faire la porte, remplir les fonctions de portier.
Donner la porte à quelqu'un, le faire passer devant soi par honneur.
Ils passent devant les uns dans leur propre maison, ils chicanent avec les autres pour éviter de leur offrir la porte
de CAILLIÈRES dans Mots à la mode, II
Sémantique : Fig. Rentrer par une autre porte, avoir recours à un autre moyen.
Varangeville rentra par une autre porte et dit à Monsieur....
Sémantique : Fig. Par la porte et par les fenêtres, de toutes parts.
La fortune entre dans cette maison de Fouquet par la porte et les fenêtres
Sémantique : Fig. Si on le chasse par la porte, il rentre par la fenêtre, se dit d'un importun dont on ne peut se défaire.
3
Il se dit, par extension, des endroits de Paris où étaient anciennement les portes de l'enceinte.
Du faubourg Saint-Jacques à la porte de Richelieu, de la porte de Richelieu ici, d'où je dois aller encore à la Place-Royale
Porte se dit, à Paris, de quelques monuments en forme d'arcs de triomphe. La porte Saint-Martin.
Là est le dessin de la porte Saint-Denis, dont la plupart des Parisiens ne connaissent pas plus les beautés, que le nom de François Blondel, qui acheva ce monument
4
Assemblage de bois et quelquefois de métal qui sert à fermer l'entrée d'une maison, d'une ville, d'une chambre, etc. Les vantaux, les battants d'une porte.
T'attendre aux yeux d'autrui, quand tu dors, c'est erreur : Couche-toi le dernier, et vois fermer ta porte
Songez-vous que je tiens les portes du palais ; Que je puis vous l'ouvrir ou fermer pour jamais ?
Vous savez.... Que ces portes, seigneur, n'obéissent qu'à moi
On accourut, on enfonça la porte
Frapper à la porte, y donner des coups avec le marteau pour se la faire ouvrir.
Déjà, plein du beau feu qui pour vous [mes vers] le transporte, Barbin [un libraire] impatient chez moi frappe à la porte
Sémantique : Fig.
Quand ce divin Esprit frappe à la porte du coeur, pour s'y faire entendre en qualité de docteur et de maître
Sémantique : Fig. Heurter, frapper à toutes les portes, s'adresser à toutes sortes de personnes, chercher toutes sortes de moyens pour réussir.
Fénelon avait frappé longtemps à toutes les portes sans se les pouvoir faire ouvrir
Dans un sens analogue : il a heurté à la bonne porte, il s'est adressé à qui il fallait.
Sémantique : Fig. Heurter à la porte, faire quelque demande.
Vous me faites rire, quand vous dites que vous n'avez plus d'esprit ; mais, si vous heurtiez tant soit peu à cette porte, vous trouveriez bientôt qui vous répondrait
Quoi ! une inconnue nommée la raison, soutenue de la vérité, heurtera à la porte, et elle en sera chassée.... et on ne voudra pas seulement l'entendre
Sémantique : Fig. Mettre la clef sous la porte, quitter furtivement sa maison.
Fermer à quelqu'un la porte au nez, sur le nez, fermer une porte avec vivacité pour empêcher quelqu'un d'entrer.
Qu'on lui [au naturel] ferme la porte au nez, Il reviendra par la fenêtre
Et que, si, aujourd'hui pour demain, je vous avais tout donné, vous me feriez fermer votre porte au nez
Pousser la porte au nez de quelqu'un, même sens.
On dit dans le même sens : faire de la porte un masque sur le nez.
....Si jamais chez nous vous revenez, Je vous fais de la porte un masque sur le nez
Écouter aux portes, être aux aguets pour surprendre les secrets de quelqu'un.
On dit de même : c'est un écouteur aux portes.
Cela vous apprendra à écouter aux portes, se dit à quelqu'un dont l'indiscrète curiosité a été punie.
Il a écouté aux portes, se dit de quelqu'un qui paraît avoir deviné un secret ; ou, dans un sens ironique, de celui qui répète mal quelque chose entendu ou compris à moitié.
Sémantique : Fig. Enfoncer une porte ouverte, faire un effort pour surmonter un obstacle qui n'existe pas.
On dit de même : c'est un enfonceur de portes ouvertes.
Il est entré, il est sorti par la belle porte, par une bonne porte, par une mauvaise porte, il a obtenu, il a quitté son emploi honorablement ou d'une manière peu honorable.
Dites-leur, reprit-il, que, si jamais j'entre à l'Académie, ce sera par la belle porte
Sémantique : Fig. et en un sens analogue, porte se dit des différentes issues, des différents partis que l'on prend.
C'est la vraie porte pour en sortir honnêtement
Il [Brancas] est à l'armée, volontaire, désespéré de mille choses, qui n'évitera pas trop de rêver ou de s'endormir vis-à-vis d'un canon ; il ne voit guère d'autre porte pour sortir de tous ses embarras
Vous voyez un jeune homme tout frais sorti de l'académie, qui cherche à entrer dans le monde, mais qui aimerait mieux n'y mettre jamais le pied, que de n'y pas entrer par une belle porte
de Florent Carton, sieur d'Ancourt, dit DANCOURT dans la Femme d'intr. II, 6
Il vaut mieux, puisque je veux sortir par là (et c'est la bonne porte), leur dire ce qu'ils veulent
de Honoré Gabriel Riqueti, comte de MIRABEAU dans Lett. origin. t. III, p. 272
Porte vitrée, porte partagée par des croisillons de petit bois, dont les vides sont remplis par des carreaux de verre.
Porte de glace, porte vitrée avec des morceaux à glace étamée, au lieu de verre transparent.
Porte coupée, porte à deux ou à quatre vantaux coupés à hauteur d'appui.
Porte brisée, porte dont une moitié se brise et se replie sur l'autre, dans le sens de la hauteur.
Porte-croisée, fenêtre sans appui qui ouvre sur un balcon, sur une terrasse.
Porte battante, châssis ordinairement couvert d'étoffe, qu'on met devant les portes des chambres, et qui retombe et se ferme de lui-même.
Porte perdue, porte à laquelle on a donné le même arasement et la même décoration qu'au lambris où elle est pratiquée.
Porte feinte, imitation de porte qui sert à faire symétrie avec une ou plusieurs portes véritables.
Fausse porte, synonyme de porte feinte.
Fausse porte, se dit aussi d'une porte dissimulée par laquelle on peut se dérober.
Rien ne tourne, et les ais sont joints de telle sorte Qu'on ne s'aperçoit point de cette fausse porte
Le cardinal [de Richelieu] entra par une fausse porte dans la chambre où l'on concluait sa ruine ; le roi sort sans lui parler
Fausse porte, se dit encore, dans une maison, d'une petite porte par laquelle on ne passe pas ordinairement.
Fausse porte, dans une place de guerre, porte destinée pour faire des sorties, ou pour recevoir du secours en cas de siége.
Porte flamande, porte composée de deux jambages avec un couronnement et une fermeture de grilles de fer.
Porte de derrière, porte ouverte sur les derrières d'un bâtiment.
Quand le roi [Jacques II] fut à Rochester, on le garda moins ; il y avait des portes de derrière à son palais ; un domestique qui était au roi lui fit trouver des chevaux, dont il se servit
de Marie-Madeleine Pioche de la Vergne, comtesse de la Fayette, dite Madame DE LA FAYETTE dans Mém. cour de France, Oeuvr. t. II, p. 402, dans POUGENS.
Sémantique : Fig. Porte de derrière, faux-fuyant, défaite, échappatoire.
Il a toujours quelque porte de derrière, se dit d'un homme peu loyal qui trouve moyen d'échapper à ses engagements, à ses promesses.
5
Dans l'ancienne cour, gardes de la porte, gardes qui veillaient dans l'intérieur du palais.
Capitaine de la porte, capitaine de ces gardes.
Les solitaires de Martaigne ne logèrent que le père de la Chaise, confesseur du roi, et son frère capitaine de la porte
6
Sémantique : Fig. Il se prend au sens de demeure, logis.
Jamais homme de sa profession [d'Ormesson, dans l'affaire Fouquet] n'a eu une plus belle occasion de se faire paraître, et ne s'en est mieux servi ; s'il avait voulu ouvrir sa porte aux louanges, sa maison n'aurait pas désempli
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Pompone, 17 déc. 1664
Veux-tu voir tous les grands à ta porte courir....
Se présenter à la porte de quelqu'un, se présenter à sa demeure pour lui rendre visite.
On dit de même : être à la porte de quelqu'un.
Il était tous les jours à sa porte
Passer à la porte de quelqu'un, même sens.
On ne m'a pas dit que M. l'archevêque de Sens soit venu à ma porte ; et je n'en ai point été surprise, parce qu'il m'a toujours paru que, par une discrétion bien rare dans un évêque, il ne me voulait voir que pour affaires
Se faire écrire à la porte de quelqu'un, se faire écrire sur la liste du portier, afin que la personne qu'on va voir sache qu'on est venu.
Trouver porte close, ne trouver personne, ou n'être pas reçu dans la maison où l'on va.
La porte de cette maison est ouverte à tous les honnêtes gens, c'est-à-dire tous les honnêtes gens sont bien reçus dans cette maison.
Refuser la porte à quelqu'un, ne pas le laisser entrer en quelque endroit.
Faire refuser la porte à quelqu'un, ne pas vouloir recevoir sa visite.
Faites-moi refuser votre porte
Fermer sa porte à quelqu'un, ne plus le recevoir.
Je ne puis vous souffrir vivre de cette sorte : Vous m'avez obligé de vous fermer ma porte
Nature : Absolument. Fermer sa porte, ne plus recevoir de visites.
À dix heures elle s'habilla, fit fermer sa porte, et ne vit que le roi, avec qui elle passa tout le reste de la matinée
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Mme de Maintenon, t. I, p. 235, dans POUGENS
Ouvrir, rouvrir sa porte, commencer, recommencer à recevoir.
Faire défendre sa porte, défendre de laisser entrer personne chez soi.
On dit dans le même sens : sa porte était défendue.
Que, de ce jour, pour lui ma porte est défendue
de DESMAHIS dans l'Impatient, sc. 18
Forcer la porte de quelqu'un, entrer chez lui bien que sa porte soit défendue.
Toutes les portes lui sont ouvertes, toutes les portes tombent devant lui, se dit d'un homme à qui ses places, son crédit, sa considération rendent toutes les entrées faciles.
Le roi fit fort bien à M. de Pompone, et lui parla comme à l'ordinaire ; mais d'être dans la foule, après avoir vu tomber les portes devant lui, c'est une chose qui le pénètre toujours
Se morfondre la porte de quelqu'un, essayer de pénétrer chez lui sans pouvoir y réussir.
[Il] Laissa le créancier se morfondre à sa porte
7
Les portes du temple de Janus, à Rome, que l'on ouvrait quand on déclarait la guerre, et qu'on fermait quand on faisait la paix.
Deux portes qu'on nomma les portes de la guerre, Se rouvrant, se fermant, font le sort de la terre ; Janus en est le garde, et Mars le souverain
Sémantique : Poétiquement. Fermer les portes du temple de Janus, fermer les portes de la guerre, faire la paix.
Les portes de Janus par vos mains sont fermées
8
Chez les anciens monarques de l'Asie, la porte du roi, le palais du roi.
Les jeunes seigneurs [chez les anciens Perses] étaient élevés à la porte du roi, avec ses enfants
Une légère attention de la part d'une femme qui envoyait des pelisses et quelques bagues, comme il est d'usage dans toutes les cours ou plutôt dans toutes les portes orientales
Aujourd'hui, la Porte, la Porte ottomane, la Sublime Porte (avec une majuscule), la cour de l'empereur des Turcs.
Partis de la vie pastorale, les Turcs ont fait de la tente immobilisée le symbole de l'empire ; cette tente.... a deux portes : la porte du gouvernement et la porte de la béatitude (le harem)
de MICHELET dans Orig. du droit franç. Introd. XXXVIII
9
Sémantique : Fig. Les portes de la mort, état où la vie est près d'abandonner un homme.
Et pour le rappeler des portes du trépas
de Pierre CORNEILLE dans Gal. du Pal. III, 5
Ma soeur avait touché aux portes de la mort
Être aux portes de la mort, être à l'extrémité.
Il [Télémaque] périssait, tel qu'une fleur qui.... ainsi le fils d'Ulysse était aux portes de la mort
Vous avez été jusqu'aux portes de la mort
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Impénit.
On dit de même : les portes du tombeau.
Borgia ne pouvait pas prévoir que lui-même serait aux portes du tombeau
Les portes de l'éternité, la mort.
Dès que la mort se fait voir de près, que les portes de l'éternité s'ouvrent à lui
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Avent, Mort du péch.
Recevez mes tendres et derniers adieux ; les portes de l'éternité s'ouvrent pour moi
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Socrate, III, 10
Malherbe a dit aux portes de la peur, comme on dit aux portes de la mort, c'est-à-dire à l'approche d'une grande peur.
[Pierre] De vaillant fait couard, de fidèle fait traître, Aux portes de la peur abandonne son maître, Et jure impudemment qu'il ne le connaît pas
de François de MALHERBE dans I, 4
10
Les portes de la Jérusalem céleste, les portes éternelles, la porte de la maison du Seigneur, l'entrée du paradis.
Il [le Seigneur] vient enfin de vous ouvrir la voie des saints et les portes éternelles
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Avent, Mort du péch.
C'est un droit qui nous ouvre la porte de la maison du Seigneur
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Vocal.
La porte des cieux, même sens.
Aveugles pour la terre, ils aspirent aux cieux, Et croyant que la mort leur en ouvre la porte....
Sémantique : Par opposition. Les portes de l'enfer, les puissances de l'enfer.
Les portes d'enfer signifient naturellement toute la puissance des démons
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 2e instr. sur les prom. de l'Église, 40
Tandis que l'Église de Jésus-Christ subsistera (or elle subsistera toujours, puisque les portes de l'enfer ne prévaudront jamais contre elle)
de Louis BOURDALOUE dans Sur la récomp. des saints, 1er avent, p. 38
11
Sémantique : Terme de mythologie. Porte de corne, celle par laquelle sortaient les songes véridiques. Porte d'ivoire, celle par laquelle passaient les songes menteurs.
12
Une ouverture quelconque.
Et [dans un coucher de soleil] vers l'occident seul, une porte éclatante Laissait voir la lumière à flots d'or ondoyer
13
Ce qui permet d'entrer dans un pays. Cette place est la porte de tel pays.
Fermer la porte, les portes d'un pays à une nation, ne pas lui permettre d'y entrer. Les Japonais avaient fermé la porte de leur pays à tous les Européens, sauf les Hollandais.
14
Sémantique : Fig. Ce qui sert de passage aux impressions intellectuelles ou morales.
Que pour sortir d'un coeur elles [les vérités] trouvent de portes !
Je ne parle que des vérités de notre portée ; et c'est d'elles que je dis que l'esprit et le coeur sont comme les portes par où elles sont reçues dans l'âme
Hélas ! vous sentez qu'à ces derniers moments.... toutes les portes de mon entendement sont fermées, mes idées s'enfuient, ma pensée s'éteint
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Polit. et lég. Diat. entre un mourant et un homme qui se porte bien
Tout entre dans l'esprit par la porte des sens
15
Entrée, introduction. La géométrie est la porte des sciences mathématiques.
Accès, moyen d'arriver. La porte des honneurs, des grandeurs, des emplois.
Placide : De mon rang [de gouverneur] en tous lieux je soutiendrai l'honneur. - Marcelle : Considérez donc mieux quelle main vous y porte ; L'hymen seul de Flavie en est pour vous la porte
Maître de lui ouvrir ou fermer à son gré la porte des grandes magistratures
Les portes secrètes, les moyens cachés de réussir.
Vous me dites une grande parole, que les portes secrètes s'ouvriront ou se fermeront, selon ce qui plaira à M. d'Argenson
Ouvrir la porte, donner accès.
Le soin de la chair.... Aux fragiles pensers ayant ouvert la porte
de François de MALHERBE dans I, 4
Il n'est ni train pompeux, ni superbes palais Qui n'ouvrent quelque porte à des maux incurables
Il est nécessaire qu'il y ait de l'inégalité parmi les hommes, cela est vrai ; mais, cela étant accordé, voilà la porte ouverte non seulement à la plus haute domination, mais à la plus haute tyrannie
C'était ouvrir une porte bien large à la calomnie
Mon premier vol ouvrit la porte à d'autres
Fermer la porte à, exclure, refuser, couper court à.
Il faut fermer la porte à leurs prétentions
De l'humeur que je sais la chère Marinette, L'hymen ne ferme pas la porte à la fleurette
De borner nos talents à des futilités, Et nous fermer la porte aux sublimes clartés
Peut-on, avec un si bon esprit, fermer les yeux et la porte à cette pauvre vérité ?
Mme la Dauphine lui dit [à Mme de la Ferté] avec un air sérieux : Madame, je ne suis pas curieuse, et ferme ainsi la porte, c'est-à-dire la bouche aux médisances et aux railleries
Sémantique : Fig. Une porte fermée, une incapacité à comprendre, à sentir.
On ne fait point entrer certains esprits durs et farouches dans le charme et dans la facilité des ballets de Benserade et des fables de la Fontaine ; cette porte leur est fermée
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Bussy, 14 mai 1686
Laisser une porte, ne pas empêcher complétement.
Le moyen d'apaiser le mal était de laisser une porte au repentir, et non de jeter les hommes dans le désespoir par un refus absolu et irrévocable de pardon
16
Ce qui ferme certains meubles, certaines constructions. Les portes d'une armoire. La porte d'un four.
Porte d'écluse, grande clôture de bois qui arrête l'eau dans les écluses.
Bateau-porte, bateau que l'on coule à fond à la porte d'un bassin pour le fermer.
Porte marinière, synonyme de passelis.
Les portes marinières [sur la Sarthe], ménagées dans les massifs des barrages, n'offrent que 4m, 30 à 5m, 20 de passage, comme celles de la Mayenne, et, comme ces dernières, elles sont fermées au moyen d'aiguilles et de petites vannes ou appareils super posés
de E. GRANGEZ dans Voies navig. de France, p. 598
Ces portes, réservées dans les barrages, pour la descente ou la remonte des bateaux, se composaient, comme on le voit encore sur plusieurs points, et même, au rapport des voyageurs, sur les canaux de la Chine, d'une voie de 6 à 7 mètres de largeur, fermée par plusieurs poutrelles mobiles placées les unes au-dessus des autres, et suivie d'un plan plus ou moins incliné, bordé latéralement par des estacades en charpente, et servant à racheter la différence de niveau des deux biefs contigus
de DUTENS dans Hist. de la navig. intér. de la France, I, 80
17
Porte d'agrafe, petit fil de cuivre étamé, plié en forme de cercle d'un côté, les deux bouts formant deux petits cercles serrés l'un à côté de l'autre ; le bout arrondi sert à retenir l'agrafe, et les deux petits cercles à fixer la porte sur l'étoffe.
18
Nature : Au plur. Pas, gorge, défilé.
Plusieurs de ces gorges [du Caucase], les seules sans doute qui fussent praticables, étaient fermées par des portes connues sous le nom de portes Caspiennes, de portes d'Albanie, et, en général, de portes du Caucase
de BAILLY dans Atlantide, p. 140
19
Sémantique : Terme d'anatomie. Portes du lait, nom donné aux ouvertures par lesquelles, chez la vache, les veines mammaires, s'étendant de la partie antérieure des mamelles jusqu'à la région antérieure et latérale du ventre, pénètrent dans les parois profondes et inférieures de la poitrine ; elles sont faciles à explorer.
20
Les portes du Sadder, les chapitres de ce livre.
Le Sadder est divisé en cent articles, que les Orientaux appelaient portes ou puissances
21
De porte en porte, Nature : loc. adv. De maison en maison.
J'aimerais mieux chercher mon pain de porte en porte, Que servir plus longtemps un maître de la sorte
Adieu le Marais, l'île Saint-Louis, maisons où l'on va de porte en porte s'ennuyer, ou faire un quadrille
de D'ALAINVAL dans École des bourgeois, II, 9
Vous ignorez peut-être qu'un polisson, nommé Clément, va de porte en porte, lisant une mauvaise satire contre vous
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Lett. à Volt. 6 mars 1772
Il va de porte en porte comme le pourceau de saint Antoine.
22
De porte à porte, sans intermédiaire, en face.
Jusque-là je suis assez glorieux pour vous dire de porte à porte que je ne vous crains ni ne vous aime
de Pierre CORNEILLE dans Lett. apolog.
23
À porte close, Nature : loc. adv. En secret.
On dit dans le même sens : à porte fermée.
J'aurais donné tout au monde pour le voir représenter [le Devin de village] à ma fantaisie, à portes fermées, comme on dit que Lulli fit une fois jouer Armide pour lui seul
Sémantique : Par opposition. à portes ouvertes, publiquement.
Apollon à portes ouvertes Laisse indifféremment cueillir Les belles feuilles toujours vertes Qui gardent les noms de vieillir
de François de MALHERBE dans III, 2
Heureusement en Angleterre aucun procès n'est secret.... tous les interrogatoires se font à portes ouvertes
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Polit. et lég. Hist. d'Élis. Canning.
24
À porte ouvrante, à portes ouvrantes, à porte fermante, à portes fermantes, à l'heure où, dans une place de guerre, les portes s'ouvrent ou se ferment.

HISTORIQUE

1
XIe s.
De pareïs [paradis] li seit la porte uverte
dans Ch. de Rol. CLXIV
2
XIIIe s.
Li empereres Marchufle.... vint à une porte que on apele porte oirée [dorée]
Et il les assistrent [assiégèrent] à mout poi de gent devant deus portes
À celle journée que nous entrames en nos nez [navires], fist l'en [on] ouvrir la porte de la nef
Aumona au lit de la mort messires Gaucher li Granz dix livres chascun an à la porte [lieu dans les couvents où l'on faisait l'aumône] d'Igni, por doner cotes as mesiax [lépreux] de la terre
3
XIVe s.
Comme Guillaume de Breul, advocat en notre dit parlement, lequel est prisonnier à Paris dedens les portes [libre dans Paris, à la condition de n'en pas sortir]
dans Bibl. des chartes, 5e série, t. IV, p. 136
Et quant je voy que pas n'en rient [les maris], Mais dient que, leurs femmes mortes, Ne passeront jamais telz portes [ne se remarieront pas]
de Eustache DESCHAMPS dans Miroir de mariage, p. 13
Nous perdismes Julien Bourgneuf le capitaine de la porte du roy
de COM. dans VIII, 6
4
XVIe s.
À porte ouvrant
Deux chiaoux qui estoient venus de la porte du sultan
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans ib. III, 419
Il a tellement esté pipé, qu'il a veu, devant que mourir, ses enfans aux portes [mendier], sa femme au bordel, et sa personne à l'hospital
Tous ces desguisements sont vaines mascarades Qui aux portes d'enfer presentent leurs aubades
Tout cela est frapper à la porte d'un trespassé
de Randle COTGRAVE dans
Les derniers venus ferment les portes
de ID. dans

ÉTYMOLOGIE

1
Bourguig. pote ; provenç. et ital. porta, espagn. puerta ; du lat. porta, que les Latins, Tite Live entre autres, tirent de portare, parce que, en traçant l'enceinte des villes avec une charrue, on soulevait, portait la charrue à l'endroit où l'on voulait ménager des portes ; mais portare eût donné portata, et non porta. Porta est bien un participe passif d'un verbe simple perdu, poro, pero, traverser (sanscrit, par, traverser).

Synonymes de PORTE

Termes proches de PORTE

Phonétiquement proche de PORTE