L'oeuvre Poèmes et épîtres de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE
Ecrit par François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE
Date : 1777
Citations de "Poèmes et épîtres"
Pages 1
Utilisé pour le mot | Citation |
ABOYER | Jean-Jacques.... En nouveau Diogène aboie à nos beautés |
ABOYEUR | Quelque Fréron.... Vient l'entamer de sa dent mercenaire ; à l'aboyeur il reste abandonné |
ACCOINTANCE | Je suis bien aise, en vérité, De cette honorable accointance |
AFFADIR | De Molière oublié le sel s'est affadi |
AFFAIRE | Vous trouverez un statuaire ; Mais vous n'en avez plus affaire |
AFFÉTÉ, ÉE | L'Ésope des Français.... A de la Champmeslé vanté la voix aimable, Ses accents amoureux et ses sons affétés |
AFFOLER | Voyez-vous pas de tous côtés De très décrépites beautés.... S'affoler de dévotion ? |
ALBÂTRE | Il [Dieu] se plut à pétrir d'incarnat et d'albâtre Les charmes arrondis du sein de Pompadour |
APANAGE | Le présent seul est de notre apanage, Et l'avenir peut consoler le sage, Mais ne saurait altérer son repos |
ASSOMMER | La formalité dont on assomme une ambassade |
ATTIQUE | Au sel attique, au riant badinage, Il faut mêler la force et le courage |
AUBADE | Hubert me faisait rire avec ses pasquinades, Et j'entrais dans la tombe au son de ses aubades |
AUDIENCE | Il est très vraisemblable que Cléopatre parlait souvent dans ce goût, mais ce n'est point cette indécence qu'il faut représenter devant une audience respectable |
AUTANT | Songez bien seulement à vivre s'il se peut heureuse autant que belle |
BAGUIER | Gens tout nourris de flatteries Sont un bijou qui n'entre pas Dans son baguier de pierreries |
BARBET, ETTE | Circé.... changeait en chiens barbets les compagnons d'Ulysse |
BARBOTER | Avant qu'un Allemand trouvât l'imprimerie, Dans quel cloaque affreux barbotait ma patrie ! |
BARBOUILLEUR | Un bavard en robe.... de papiers timbrés barbouilleur mercenaire |
BÉMOL | On me soutient que leur musique [des rossignols] Cède aux bémols des Monsignis |
BILLET | L'un dans la main vous glisse un billet doux, L'autre à Passy vous propose une fête |
BON | La critique a du bon, je l'aime et je l'honore |
BORD | Mon lac est le premier ; c'est sur ses bords heureux Qu'habite des humains la déesse éternelle, L'âme des grands travaux, l'objet des nobles voeux, Que tout mortel embrasse ou désire ou rappelle, La liberté.... |
BOUCHÉ, ÉE | Que ne puis-je aller à mon gré Dans l'Olympe.... Mais le chemin m'en est bouché |
BOUQUET | Et nous assemblons pour lui plaire, Dans ses vallons et dans ses bois, Les fleurs dont Horace autrefois Faisait des bouquets pour Glycère |
BOURBIER | Au fond de son bourbier je fais rentrer Fréron |
BOURSOUFLÉ, ÉE | Quels seront les heureux poëtes, Les chantres boursouflés des rois ? |
BRODER | Qu'un autre.... Brode encor des fables antiques, Je veux de neuves vérités |
CACOCHYME | Croyez qu'un vieillard cacochyme Doit mettre, s'il a quelque sens, Son âme et son corps au régime |
CARCAN | Ces riches carcans, ces colliers Et cette pompe enchanteresse Ne valent pas un des baisers Que tu donnais dans ta jeunesse |
CARRER | On l'a mille fois fustigé, Il se carre encor dans la boue |
CARTOUCHE | Ces noms que la gloire a tracés Dans un cartouche de lumière |
CASSER | Songez que les boulets ne vous respectent guère, Et qu'un plomb, dans un tube entassé par des sots, Peut casser d'un seul coup la tête d'un héros |
CATARRHEUX, EUSE | La fièvre au minois catarrheux |
CATIN | Cette liberté mitigée N'étant ni prude, ni catin |
CHAMAILLIS | Ce chamaillis de cent propos croisés Ressemble aux vents l'un à l'autre opposés |
CHANSON | Les dieux de l'amoureux délire Avec toi dansent aux chansons |
CHANSONNIER, IÈRE | Je voulais.... Réveiller l'enjouement badin De Votre Altesse chansonnière |
CHANTER | Lorsque les chantres du printemps Réjouissent de leurs accents Mes jardins et mon toit rustique, Lorsque mes sens en sont ravis, On me soutient que leur musique Cède aux bémols des Monsignis Qu'on chante à l'Opéra-Comique |
CHANTRE | Que le chantre flatteur du tyran des Romains, L'auteur harmonieux des douces Géorgiques.... |
CHARMER | L'heureux talent dont vous charmez la France |
CHATTEMITE | Les renards, autres chattemites, Se glissant dans nos basses-cours |
CHENU, UE | Ce vieillard chenu qui s'avance, Le temps dont je subis les lois |
CHÉRIR | Très sots enfants de Dieu, chérissez-vous en frères |
CHEVILLER | Ce beau nom de machine ronde, Que nos flasques auteurs, en chevillant leurs vers, Donnaient à l'aventure à ce plat univers |
CHICANEUR, EUSE | .... Un bavard en robe, apprenti chicaneur |
CHIEN, CHIENNE | Quiconque veut vivre sans boire Fera très bien de voyager Dans votre chien de territoire |
CIRCONCIS, ISE | Faites mordre la poussière Aux circoncis insolents [Turcs] |
CLABAUDER | Un peuple aimable et vain [les Parisiens].... Qui vole au moindre bruit, et qui tourne à tout vent, Y juge les guerriers, les ministres, les princes, Rit des calamités dont pleurent les provinces, Clabaude le matin contre un édit du roi, Le soir s'en va siffler quelque moderne ou moi |
CLAQUÉ, ÉE | De tous les yeux vous êtes remarquée ; De mille mains on vous verrait claquée |
COLORIS | De sa main triomphante il [le roi de Prusse] me trace une épître, Une épître où son coeur a paru tout entier ; Je vois le bel esprit, et l'homme et le guerrier ; C'est le vrai coloris de son âme intrépide |
COMPILATEUR | Pour l'achever [l'écrivain], quelque compilateur, Froid gazetier, jaloux d'un froid auteur, Vient l'entamer de sa dent mercenaire |
COMPTE | Leurs fronts sont couronnés de ces fleurs que la Grèce Aux champs de Marathon prodiguait aux vainqueurs ; C'est là leur diadème ; ils en font plus de compte Que d'un cercle à fleurons de marquis ou de comte |
CONFINER | Je plains tout être faible, aveugle en sa manie. Qui dans un seul objet confina son génie |
CONSUMER | Nous autres hommes c'est souvent par vanité, quelquefois par intérêt, que nous consumons notre vie dans la culture des arts |
COQ | Si mes paons de leur beau plumage Me font admirer les couleurs, Je crois voir nos jeunes seigneurs Avec leur brillant étalage ; Et mes coqs d'Inde sont l'image De leurs pesants imitateurs |
CORNU, UE | Du fond de cet antre pierreux, Entre deux montagnes cornues |
CORRECT, ECTE | Boileau, correct auteur de quelques bons écrits |
COTON | Vraiment sur votre menton La main de l'aimable jeunesse N'a mis encor que son coton |
COURONNER | Leurs fronts sont couronnés de ces fleurs que la Grèce Aux champs de Marathon prodiguait aux vainqueurs |
COURTINE | Bellone va réduire en cendres Les courtines de Philipsbourg |
COUSU, UE | Ce vieux Crésus, en sablant du champagne, Gémit des maux que souffre la campagne Et, cousu d'or, dans le luxe plongé, Plaint le pays de tailles surchargé |
CRAYONNER | Insipide écrivain, qui crois à tes lecteurs Crayonner les portraits de tes trois Imposteurs, D'où vient que, sans esprit, tu fais le quatrième ? |
CRÉPUSCULE | Je jouis peu, mais j'aime encore ; Je verrai du moins vos amours ; Le crépuscule de mes jours S'embellira de votre aurore |
CREVER | [ô Boileau] J'embrasserai Quinault, en dusses-tu crever |
CROASSER | Vainement de Dijon l'impudent écolier Croassa contre lui [Delille] du fond de son bourbier |
DÉCLIN | Qu'il est doux d'employer le déclin de son âge Comme le grand Virgile occupa son printemps ! |
DÉCRÉPIT, ITE | Voyez-vous pas de tous côtés De très décrépites beautés ? |
DÉDAIGNEUX, EUSE | Tout monarque indolent, dédaigneux de s'instruire, Est le jouet honteux de qui veut le séduire |
DESCENDU, UE | Vingt siècles descendus dans l'éternelle nuit T'ont dit comme tout change.... |
DÉTENDRE | Le temps, la triste adversité Détend les cordes de ma lyre |
DEVERS | Lorsqu'à Berlin vous commençâtes à prendre ce vol immortel Devers la gloire où vous volâtes |
DISPENSATEUR, TRICE | Prince, ne croyez pas que ces hommes vulgaires Soient les dispensateurs de l'immortalité |
DISPUTANT | Je distinguai toujours de la religion Les malheurs qu'apporta la superstition.... J'ai dit aux disputants, l'un sur l'autre acharnés : Assez, impertinents, assez, infortunés, Très sots enfants de Dieu, chérissez-vous en frères, Et ne vous mordez point pour d'absurdes chimères |
DOGUE | Du faubourg Saint-Médard les dogues aboyèrent, Et les renards d'Ignace avec eux se glissèrent |
DOUCEUR | Le voilà [le roi de Prusse] ce savant que la gloire environne, Qui préside aux combats, qui commande à Bellone, Qui, du fier Charles Douze égalant le grand coeur, Le surpasse en prudence, en esprit, en douceur |
ÉBAUDI, IE | On bat des mains, et l'auteur ébaudi Se remercie et pense être applaudi |
ÉCONOME | Le ciel nous envoya, dans ces temps corrompus, Le sage et doux pasteur des brebis de Fréjus [le cardinal Fleuri], Économe sensé, renfermé dans lui-même, Et qui n'affecta rien que le pouvoir suprême |
ÉCRASER | Un livre est-il mauvais, rien ne peut l'excuser ; Est-il bon, tous les rois ne peuvent l'écraser |
ÉGAYER | Boileau, correct auteur de quelques bons écrits, Zoïle de Quinault et flatteur de Louis, Mais oracle du goût dans cet art difficile Où s'égayait Horace, où travaillait Virgile |
ÉLEVER | Et les Alpes de loin, s'élevant dans la nue, D'un long amphithéâtre enferment les coteaux |
EMBOURSER | Nos héros de finance Emboursent l'argent de la France |
ÉMOUSSER | Jean Rousseau, banni de Paris, Vit émousser dans ce pays [Bruxelles] Le tranchant aigu de sa pince |
EMPAQUETÉ, ÉE | Près d'un bain chaud [Plombières] toujours crotté, Plein d'une eau qui fume et bouillonne, Où tout malade empaqueté Se baigne, s'enfume et se donne La question pour la santé |
EN | Un cuistre en son taudis compose une satire |
EN | En habit d'amazone, au fond de mes déserts Je te vois arriver plus belle et plus brillante Que la divinité qui naquit sur les mers |
EN | Tu ne veux pas, grand roi, dans ta juste indulgence, Que cette liberté dégénère en licence |
EN | De nos cailloux frottés il sort des étincelles, La lumière en peut naître ; et nos grands érudits Ne nous ont éclairés qu'en étant contredits |
ENCRE | Mais je vois venir sur le soir Notre astronomique Émilie, Avec un vieux tablier noir, Et la main d'encre encor salie |
ÉPICURE | Ô maison d'Aristippe, ô jardins d'Épicure, Vous qui me présentez dans vos enclos divers Ce qui souvent manque à mes vers, Le mérite de l'art soumis à la nature |
ÉPRIS, ISE | Un esprit vrai doit être épris Pour des vérités éternelles |
ÉTAGE | Et ton menton, l'honneur de ton chapitre, Aura bientôt deux étages de moins |
ÉTALAGE | Si mes paons de leur beau plumage Me font admirer les couleurs, Je crois voir nos jeunes seigneurs Avec leur brillant étalage |
ÉTÉ | J'étais encor dans mon été, Quand cette noire déité Me fit du fleuve de Léthé Passer la rive malheureuse |
ÉTEIGNOIR | .... Messieurs les pédants De qui la science chagrine Est l'éteignoir du sentiment |
ÉTEINDRE | Si vous brillez à votre aurore, Quand je m'éteins à mon couchant |
ÉTEINT, EINTE | Grand prince [le prince Eugène], qui, dans cette cour [de Louis XIV] Où la justice était éteinte, Sûtes inspirer de l'amour, Même en nous donnant de la crainte |
ÉTRENNE | Pourrez-vous souffrir que ma veine Ose vous donner une étrenne, Vous qui n'en recevez que de la main des dieux ? |
ÉTRENNER | La nature en vous faisant naître Vous étrenna de ses plus doux attraits |
EXTRAIT | Ce siècle ridicule est celui des brochures, Des chansons, des extraits, et surtout des injures |
FAIT, AITE | Les ennuyeux et les pervers Composent ce vaste univers ; Le monde est fait comme la France |
FALOT, OTE | Un bon couplet chez ce peuple falot [le Français] De tout mérite est l'infaillible lot |
FAUX | Et qu'on ne doit pas moins, pour le soutien du trône, à la faux de Cérès qu'au sabre de Bellone |
FENDRE | Je laissai mon vaisseau fendre le sein de l'onde, Et je restai dans ma maison |
FESSER | Nos Zoïles honteux.... Des serpents d'Alecton nous les verrons fesser |
FEU, FEUE | Vous étiez, madame, aussi bien que feu madame la princesse de Conti, à la tête de ceux qui se flattaient de cette espérance |
FEUILLE | [La sibylle] Qui, possédant pour tout trésor Des recettes d'énergumène, Prend du Troyen le rameau d'or, Et lui rend des feuilles de chêne |
FIACRE | Philis, qu'est devenu ce temps Où dans un fiacre promenée ... |
FLASQUE | Quel style flasque ! Ce beau nom de machine ronde Que nos flasques auteurs.... Donnaient à l'aventure à ce plat univers |
FLEUR | Ô vous surtout, infortuné Bavière, Jeune Froulai, si digne de nos pleurs, Qui chantera votre vertu guerrière ? Sur vos tombeaux qui répandra des fleurs ? |
FLEURETTE | Et craignez plus les jeunes saints Que les florettes d'un vieux sage |
FOISONNER | De ces lieux où l'ennui foisonne, J'ose encore écrire à Paris |
FOURRÉ, ÉE | Et se moquait très librement Des bavards fourrés de l'école |
FRACAS | Ce tourbillon qu'on appelle le monde Est si frivole, en tant d'erreurs abonde, Qu'il n'est permis d'en aimer le fracas Qu'à l'étourdi qui ne le connaît pas |
FRIPON, ONNE | Avec tant d'attraits précieux, Hélas ! qui n'eût été friponne ? |
FRONDE | Les romans de Scarron n'ont point troublé le monde ; Chapelain ne fit point la guerre de la Fronde |
GALAMMENT | Toi [Mlle Clairon] qui ressuscitas sous mes rustiques toits L'Électre de Sophocle aux accents de ta voix, Non l'Électre française à la mode soumise, Pour le galant Itys si galamment éprise |
GAZOUILLIS | D'autres oiseaux.... En sautillant font entendre à la fois Le gazouillis de leurs confuses voix |
GÉORGIQUES | Que le chantre flatteur du tyran des Romains, L'auteur harmonieux des douces Géorgiques Ne vante plus ces lacs et leurs bords magnifiques, Ces lacs que la nature a creusés de ses mains Dans les campagnes italiques |
GLAÇON | Le bon vieillard très inutile Que vous nommez Anacréon.... Achève sa pénible vie Auprès d'un poêle et d'un glaçon Sur les montagnes d'Helvétie |
GLAPIR | ....Cette statue Contre laquelle a tant glapi Des méchants l'énorme cohue |
GOURMANDER | Ainsi cette Circé, qui savait dans son temps Disposer de la lune et des quatre éléments, Gourmandant la nature au gré de son caprice, Changeait en chiens barbets les compagnons d'Ulysse |
GRÉ | Très peu de gré, mille traits de satire Sont le loyer de quiconque ose écrire |
GRELUCHON | On pourrait bien à l'aventure Choisir un autre greluchon, Plus Alcide pour la figure, Et pour le coeur plus Céladon, Mais quelqu'un plus aimable ? non |
GRILLER | Condamine l'observateur S'en va griller sous l'équateur |
GRINCER | Et sa muse [de J. B. Rousseau] qui toujours grince, Et qui fuit les jeux et les ris |
GRUE | Que ferez-vous d'un pauvre acteur Dont la taille et le cou de grue Et la mine très peu joufflue Feront rire le connaisseur ? |
HANTER | Peu hanter nos seigneurs les sots |
HIPPOCRÈNE | Je sais que Charles XII, et Gustave et Turenne N'ont point bu dans les eaux qu'épanche hippocrène ; Mais enfin ces guerriers, illustres ignorants, En étant moins polis, n'en étaient pas plus grands |
HONNÊTE | Une femme sensible et que l'amour engage, Quand elle est honnête homme, à mes yeux est un sage |
HURLER | Lui [le publie], qui dix ans proscrivit Athalie, Qui, protecteur d'une scène avilie, Frappant des mains, bat à tort à travers Au mauvais sens qui hurle en mauvais vers |
IGNOMINIE | Ce vieux rimeur couvert d'ignominies, Organe impur de tant de calomnies |
ITALIQUE | Que le chantre flatteur du tyran des Romains, L'auteur harmonieux des douces Géorgiques, Ne vante plus ses lacs et leurs bords magnifiques, Ces lacs que la nature a creusés de ses mains Dans les campagnes italiques |
JARDIN | Ô maison d'Aristippe, ô jardins d'Épicure, Vous qui me présentez, dans vos enclos divers, Ce qui souvent manque à mes vers, Le mérite de l'art soumis à la nature |
JEU | Je quitte Melpomène et les jeux du théâtre, Ces combats, ces lauriers, dont je fus idolâtre ; De ces triomphes vains mon coeur n'est plus touché |
JOUR | Du biribi la déesse infidèle Sur mon esprit n'aura plus de pouvoir, J'aime encor mieux vous aimer sans espoir Que d'espérer jour et nuit avec elle |
LAC | Que le chantre flatteur du tyran des Romains, L'auteur harmonieux des douces Géorgiques, Ne vante plus ces lacs et leurs bords magnifiques, Ces lacs que la nature a creusés de ses mains Dans les campagnes italiques ; Mon lac est le premier.... |
LAIT | Ce beau réduit par préférence est fait Pour les vieillards dont l'humeur gaie et tendre Paraît encore avoir ses dents de lait |
LAMA | Plus loin, du grand lama les reliques musquées |
LE, LA, LES | Mais qu'on me nomme enfin dans l'histoire sacrée Le roi dont la mémoire est le plus révérée ; C'est ce bon Salomon.... |
LIBERTÉ | Mon lac [le lac de Genève] est le premier ; c'est sur ses bords heureux Qu'habite des humains la déesse éternelle, L'âme des grands travaux, l'objet des nobles voeux, Que tout mortel embrasse ou désire ou rappelle, Qui vit dans tous les coeurs et dont le nom sacré Dans les cours des tyrans est tout bas adoré, La Liberté.... |
LIBREMENT | Sifflez-moi librement, je vous le rends, mes frères |
LIEU | Les lieux, les temps, l'occasion, Font votre gloire ou votre chute ; Hier on aimait votre nom, Aujourd'hui l'on vous persécute |
LISIÈRE | Nous sommes de vieux enfants ; Nos erreurs sont nos lisières, Et les vanités légères Nous bercent en cheveux blancs |
LOIN | Trajan, non loin du Gange, enchaîna trente rois ; à peine a-t-il un nom fameux par la victoire |
LOYER | Très peu de gré, mille traits de satire Sont le loyer de quiconque ose écrire |
LUMINEUX, EUSE | Du vrai savant [Maupertuis] que je chéris La raison ferme et lumineuse Vous montrera les cieux décrits |
MALÉVOLE | Montaigne.... Loin de tout frondeur malévole Doutait de tout impunément |
MAROTIQUE | ....Ces ramas de larcins marotiques, Moitié français et moitié germaniques |
MÉDIOCRITÉ | Le sublime en tout genre est le don le plus rare.... La médiocrité couvre la terre entière |
MENTON | Je vois, malgré tes soins, Que ton triple menton, l'honneur de ton chapitre, Aura bientôt deux étages de moins |
MESURE | Elle [la rime] flatte l'oreille, et souvent la césure Plaît, je ne sais comment, en rompant la mesure |
MEUBLER | Quelque personne honnête Des bons écrits ayant meublé sa tête |
MIJAURÉE | Là sont en foule antiques mijaurées, Jeunes oisons et bégueules titrées |
MINE | Je leur fais encor [aux Grâces et aux neuf soeurs] quelques mines, Mais vous possédez leurs faveurs |
MITIGÉ, ÉE | C'est que ma maîtresse chez vous, La liberté, se voit logée ; Cette liberté mitigée, à l'oeil ouvert, au front serein, à la démarche dégagée, N'étant ni prude ni catin |
MODE | Vous dont l'esprit formé par la lecture Ne parle pas toujours mode et coiffure |
MOKA | Il mûrit à Moka, dans le sable arabique, Ce café nécessaire au pays des frimas |
MONARQUE | Quoi ! vous êtes monarque, et vous m'aimez encore ! |
MONDE | Frédéric a plus d'art et connaît mieux son monde |
MONTER | L'amour en sa faveur avait monté ma lyre |
MORDRE | Très sots enfants de Dieu.... Ne vous mordez donc plus pour d'absurdes chimères |
MORTIER | C'est là leur diadème [des fleurs] ; ils en font plus de compte Que d'un cercle à fleurons de marquis ou de comte, Et des larges mortiers à grands bords abattus |
NATURE | Ô maison d'Aristippe, ô jardins d'Épicure, Vous qui me présentez, dans vos enclos divers, Ce qui souvent manque à mes vers, Le mérite de l'art soumis à la nature |
NOCE | Vous faites noce et vous chantez Sur votre lyre enchanteresse |
NOCHER | Le vieux nocher des morts à sa voix accourut |
NONANTE | Il [Fleury] porta le sceptre des rois, Et le garda jusqu'à nonante [ans] |
NUIT | Voyez la consolation Que vous auriez dans la nuit noire, Lorsque vous saurez la façon Dont vous aurait traité l'histoire |
OCTOGÉNAIRE | Vous me direz qu'Anacréon, Que Chaulieu même et Saint-Aulaire Tiraient encor quelque chanson De leur cervelle octogénaire |
OMOPLATE | Avant que sur sa joue ou sur son omoplate Des rois et des héros les grands noms soient vengés |
ORMEAU | Et les Alpes de loin, s'élevant dans la nue, D'un long amphithéâtre enferment ces coteaux Où le pampre en festons rit parmi les ormeaux |
OUBLI | Dont l'écrit froid et long, déjà mis en oubli, Ne fut jamais connu que de l'abbé Mably |
OUI | Un prêtre, un oui, trois mots latins à jamais fixent vos destins |
OURDIR | Tous ces tapis Qu'a tissus la Savonnerie, Ceux que les Persans ont ourdis |
OUVRAGE | Jeune Gaussin, reçois mon tendre hommage ; Reçois mes vers au théâtre applaudis ; Protége-les ; Zaïre est ton ouvrage, Il est à toi puisque tu l'embellis |
PANIER | Son corps pressé gémit sous les barrières D'un lourd panier qui flotte aux deux portières |
PARTANT | Peu courtisan, partant homme de foi |
PASSAGE | Sur le trône heureux des amours, Tous les plaisirs sont de passage |
PASSER | Je sais qu'il faut se passer Des bagatelles dans la vie |
PAYÉ, ÉE | Bellone va réduire en cendres Les courtines de Philipsbourg Par cinquante mille Alexandres Payés à quatre sous par jour |
PELÉ, ÉE | Et tandis qu'un troupeau zélé De pèlerins, au front pelé |
PESANT, ANTE | Il méprise Racine, il insulte à Corneille, Lulli n'a point de sons pour sa pesante oreille |
PETIT, ITE | Le pauvre auteur est tapi dans un coin, Se fait petit, tient à peine une place |
PHILIPPIQUE | Chacun les lit, ces archives d'horreur, Ces vers impurs, appelés philippiques, De l'imposture effroyables chroniques |
PHRASE | Dans Paris quelquefois un commis à la phrase Me dit... |
PINCE | Jean Rousseau.... Vit émousser dans ce pays Le tranchant aigu de sa pince |
PINCER | Virgile a-t-il bien fait de pincer Mévius ? |
PIPE | Qu'une pipe à la main, sur un large sopha Mollement étendu, le pesant Moustapha.... |
PLAT | Et ces plats si chers que Germain A gravés de sa main divine |
POLIMENT | Je l'ai vu [le cardinal de Fleury] refuser, poliment inhumain, Une place à Racine [le fils], à Crébillon du pain |
POMPON | Ce dangereux et beau talent [des vers] Est pour vous un simple ornement, Un pompon de plus à votre âge |
PORTER | Devant elle [la Liberté] on portait ces piques et ces dards, On traînait ces canons, ces échelles fatales Qu'elle-même brisa, quand ses mains triomphales De Genève en danger défendaient les remparts |
PORTER | On ne voit point ici la grandeur insultante Portant de l'épaule au côté Un ruban que la vanité A tissu de sa main brillante |
PORTEUR, EUSE | Le duc et le prélat, le guerrier, le docteur, Lisaient pour tous écrits des billets au porteur |
POSTICHE | Vieux enfants que l'on nomme Amours, Allez remplir les hémistiches De ces vers pillés et postiches Des rimailleurs suivant les cours |
POUDRE | Après ce jour de Fontenoi, Où couvert de sang et de poudre.... |
POULS | ....Lorsque mon pouls, inégal et pressé, Faisait peur à Tronchin près de mon lit placé |
POUSSER | Beaumont pousse à Jean-Jacque, et Jean-Jacque à Beaumont |
POUVOIR | Il rit de cette perfidie [enlever une maîtresse à un autre], Et j'aurais pu m'en courroucer ; Mais je sais qu'il faut se passer Des bagatelles dans la vie |
PRÉFÉRENCE | Et donnez-moi la préférence, Quand il faudra vous ennuyer |
PRÉSAGER | Voilà ce que de toi mon esprit se présage |
PUCELLE | Si les neuf Muses sont pucelles, Les trois Grâces ne le sont pas |
QUI | Qui n'est que juste est dur ; qui n'est que sage est triste |
RACAILLE | Puis-je en mes vers.... Des Cotins de mon temps poursuivre la racaille ? |
RACCOURCI, IE | De mes ans passagers la trame est raccourcie |
RAFFINER | Cet art [l'imprimerie], disait Boyer, a troublé les familles ; Il a trop raffiné les garçons et les filles |
RAISONNEUR, EUSE | Vainement sur votre menton La main de l'aimable jeunesse N'a mis encor que son coton ; Toute la raisonneuse espèce Croit voir en vous un vrai barbon |
RAT | Chassons loin de chez moi tous ces rats du Parnasse |
RAYON | Plutus est dans Paris.... Tous viennent à genoux environner son char ; Les uns montent dessus ; les autres dans la boue Baisent en soupirant les rayons de la roue |
REBÉQUER (SE) | Son oeil [de Mlle Gaussin qui jouait Zaïre] noir, tendre et bien fendu, Sa voix et sa grâce intrinsèque Ont mon ouvrage défendu Contre l'auditeur qui rebèque |
RECETTE | Je vous envoie un manuscrit.... C'est la recette d'un potage |
RÉDUIRE | Bellone va réduire en cendres Les courtines de Philisbourg Par cinquante mille Alexandres Payés à quatre sous par jour |
REMERCIER | Vous [Mlle Clairon] exercez un magique pouvoir, Qui fait aimer ce qu'on ne saurait lire : On bat des mains, et l'auteur ébaudi Se remercie et pense être applaudi |
REMPLI, IE | Loin de nous à jamais ces mortels endurcis.... Ou toujours remplis d'eux, ou toujours hors d'eux-mêmes.... Et qui n'ont point connu la douceur de pleurer ! |
RÉPANDRE | L'illusion, cette reine des coeurs, Marche à ta suite, inspire les alarmes, Le sentiment, les regrets, les douleurs, Et le plaisir de répandre des larmes |
REPLI | Et d'une main audacieuse [un savant] Vous dévoilera les replis De la nature ténébreuse |
REPOUSSER | Ni la fortune insolente, Repoussant avec fierté La prière humble et tremblante De la triste pauvreté |
REPRÉSAILLE | L'archidiacre Trublet prétend que je l'ennuie ; La représaille est juste.... |
RETRAITE | Dieu fit la douce illusion Pour les heureux fous du bel âge, Pour les vieux fous l'ambition, Et la retraite pour le sage |
REVENU | Un astrologue, un moine, un chimiste effronté Se font un revenu de sa crédulité du public] |
RINCER | Apollon la tête me rince, Il s'aperçoit que je vieillis |
RIPAILLE | Lorsque deux rois s'entendent bien, Quand chacun d'eux défend son bien, Et du bien d'autrui fait ripaille |
RIRE | Et les Alpes de loin, s'élevant dans la nue, D'un long amphithéâtre enferment ces coteaux, Où le pampre en festons rit parmi les ormeaux |
ROGNER | Mon fils par vous accoutumé à rogner ce grand héritage |
RONFLER | Vingt poëtes épris Sur de sublimes tons font ronfler Melpomène |
SABLER | Ce vieux Crésus, en sablant du champagne, Gémit des maux que souffre la campagne |
SATIRE | J'ose agir sans rien craindre, ainsi que j'ose écrire ; Je fais le bien que j'aime, et voilà ma satire |
SAVONNERIE | Non, madame, tous ces tapis Qu'a tissus la Savonnerie.... |
SEC, SÈCHE | Notre langue un peu sèche et sans inversions |
SECOND, ONDE | Mon coeur vous trouve en vérité Femme à peu de femmes seconde |
SECRET | Je te dis, mais tout bas. heureux un peuple libre ! Je le suis en secret dans mon obscurité |
SECRÉTAIRE | Au rigoureux Boileau j'écrivis l'an passé ; Je ne sais si ma lettre avait pu lui déplaire, Mais il me répondit par un plat secrétaire [Clément, auteur d'une réponse de Boileau] |
SÉQUELLE | Je vois avec componction Que, dans l'infernale séquelle, Il [Frédéric II] sera près de Cicéron Et d'Aristide et de Platon, Ou vis-à-vis de Marc-Aurèle |
SERRER | Et qu'un heureux sultan, dans le sein du loisir, Ait le droit de serrer le cou de son vizir |
SINGE | Un petit singe à face de Thersite, Au sourcil noir, à l'oeil noir, au teint gris, Bel esprit faux qui hait les bons esprits |
SORTIR | Après dîner, l'indolente Glycère Sort pour sortir, sans avoir rien à faire |
SOURCILLEUX, EUSE | Leur insensible pente [des Alpes] Vous conduit par degrés à ces monts sourcilleux Qui pressent les enfers et qui fendent les cieux |
SOURDINE | Et je prévis bien des ce temps Que votre muse libertine Serait philosophe à trente ans ; Alcibiade en son printemps Était Socrate à la sourdine |
SUCCÉDER | On dit qu'aujourd'hui la jeunesse A fait à la délicatesse Succéder la grossièreté |
SUISSE | Ce large suisse à cheveux blancs, Qui ment sans cesse à votre porte |
SÛR, ÛRE | Quiconque en France avec éclat attire L'oeil du public, est sûr de la satire |
TABLIER | ...je vois venir sur le soir, Du plus haut de son aphélie, Notre astronomique Émilie [Mme du Châtelet], Avec un vieux tablier noir Et la main d'encre encor salie |
TALION | Vous sentez bien qu'ils ont raison, Et qu'il faut punir le coupable ; L'heureuse loi du talion Est des lois la plus équitable |
TANIÈRE | Vivre seule dans sa tanière Est un assez méchant parti ; Et ce n'est qu'avec un ami Que la solitude doit plaire |
TANT | La maîtresse tant jolie Dont j'étais si fort entêté |
TEINT, EINTE | La liberté ! j'ai vu cette déesse altière, Avec égalité répandant tous les biens, Descendre de Morat en habit de guerrière, Les mains teintes du sang des fiers Autrichiens Et de Charles le Téméraire |
TEMPÉRAMENT | Les neuf bégueules savantes Avec leurs têtes de pédantes Avaient peu de tempérament |
TERRITOIRE | Le voilà ce théâtre et de neige et de gloire [les Alpes], Éternel boulevard qui n'a point garanti Des Lombards le beau territoire |
TIMBRÉ, ÉE | ....un bavard en robe, apprenti chicaneur, Qui, de papiers timbrés barbouilleur téméraire.... |
TOLÉRANTISME | Et dans l'Europe enfin l'heureux tolérantisme De tout esprit bien fait devient le catéchisme |
TONDRE | Monsieur l'évêque de Munster, Vous tondez donc votre province ? |
TONDU, UE | J'aime assez saint Benoît ; il prétendit du moins Que ses enfants tondus, chargés d'utiles soins, Méritassent de vivre en guidant la charrue |
TOUCHE | La touche noble et sûre De Raphaël et du Poussin |
TOUR | Les plaisirs ont leur temps, la sagesse a son tour |
TRICHER | Jeunes oisons et bégueules titrées, Lorgnant des sots et trichant au piquet |
TRISTEMENT | Mais ne va pas, tristement vertueux, Sous le beau nom de la philosophie, Sacrifier à la mélancolie |
TROUSSER | Dieu se joue à son gré de la race mortelle ; Il fait vivre cent ans le Normand Fontenelle, Et trousse à trente-neuf mon dévot de Pascal |
UN, UNE | Nous avons plus d'une ancienne pièce, qui, étant corrigée, pourrait passer à la postérité |
UNIVERS | Cet univers si vaste à notre faible vue, Et qui n'est qu'un atome, un point dans l'étendue |
VASSAL, ALE | Tes vassaux languissants qui pleuraient d'être nés |
VERS | Qui n'aime point le vers a l'esprit sec et lourd ; Je ne veux point chanter aux oreilles d'un sourd ; Les vers sont, en effet, la musique de l'âme |
VÉTILLER | Plus d'un éplucheur intraitable M'a vétillé, m'a critiqué |
VICE-DIEU | Un prêtre, roi de Rome, un pape, un vice-dieu |
VISÉ, ÉE | Discours en vers, épîtres héroïques, Enregistrés, visés par Crébillon |
VITAL, ALE | Vous buvez la liqueur vitale D'un vin brillant et savoureux |
VOLER | Que notre âme épurée Vole à ces vérités dont elle est éclairée |
X | Des xx redoublés admirant la puissance, Il croit que Varignon est seul utile en France |
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