L'oeuvre Poèmes et épîtres de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE

Ecrit par François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE

Date : 1777

Citations de "Poèmes et épîtres"

Pages 1

Utilisé pour le motCitation
ABOYERJean-Jacques.... En nouveau Diogène aboie à nos beautés
ABOYEURQuelque Fréron.... Vient l'entamer de sa dent mercenaire ; à l'aboyeur il reste abandonné
ACCOINTANCEJe suis bien aise, en vérité, De cette honorable accointance
AFFADIRDe Molière oublié le sel s'est affadi
AFFAIREVous trouverez un statuaire ; Mais vous n'en avez plus affaire
AFFÉTÉ, ÉEL'Ésope des Français.... A de la Champmeslé vanté la voix aimable, Ses accents amoureux et ses sons affétés
AFFOLERVoyez-vous pas de tous côtés De très décrépites beautés.... S'affoler de dévotion ?
ALBÂTREIl [Dieu] se plut à pétrir d'incarnat et d'albâtre Les charmes arrondis du sein de Pompadour
APANAGELe présent seul est de notre apanage, Et l'avenir peut consoler le sage, Mais ne saurait altérer son repos
ASSOMMERLa formalité dont on assomme une ambassade
ATTIQUEAu sel attique, au riant badinage, Il faut mêler la force et le courage
AUBADEHubert me faisait rire avec ses pasquinades, Et j'entrais dans la tombe au son de ses aubades
AUDIENCEIl est très vraisemblable que Cléopatre parlait souvent dans ce goût, mais ce n'est point cette indécence qu'il faut représenter devant une audience respectable
AUTANTSongez bien seulement à vivre s'il se peut heureuse autant que belle
BAGUIERGens tout nourris de flatteries Sont un bijou qui n'entre pas Dans son baguier de pierreries
BARBET, ETTECircé.... changeait en chiens barbets les compagnons d'Ulysse
BARBOTERAvant qu'un Allemand trouvât l'imprimerie, Dans quel cloaque affreux barbotait ma patrie !
BARBOUILLEURUn bavard en robe.... de papiers timbrés barbouilleur mercenaire
BÉMOLOn me soutient que leur musique [des rossignols] Cède aux bémols des Monsignis
BILLETL'un dans la main vous glisse un billet doux, L'autre à Passy vous propose une fête
BONLa critique a du bon, je l'aime et je l'honore
BORDMon lac est le premier ; c'est sur ses bords heureux Qu'habite des humains la déesse éternelle, L'âme des grands travaux, l'objet des nobles voeux, Que tout mortel embrasse ou désire ou rappelle, La liberté....
BOUCHÉ, ÉEQue ne puis-je aller à mon gré Dans l'Olympe.... Mais le chemin m'en est bouché
BOUQUETEt nous assemblons pour lui plaire, Dans ses vallons et dans ses bois, Les fleurs dont Horace autrefois Faisait des bouquets pour Glycère
BOURBIERAu fond de son bourbier je fais rentrer Fréron
BOURSOUFLÉ, ÉEQuels seront les heureux poëtes, Les chantres boursouflés des rois ?
BRODERQu'un autre.... Brode encor des fables antiques, Je veux de neuves vérités
CACOCHYMECroyez qu'un vieillard cacochyme Doit mettre, s'il a quelque sens, Son âme et son corps au régime
CARCANCes riches carcans, ces colliers Et cette pompe enchanteresse Ne valent pas un des baisers Que tu donnais dans ta jeunesse
CARREROn l'a mille fois fustigé, Il se carre encor dans la boue
CARTOUCHECes noms que la gloire a tracés Dans un cartouche de lumière
CASSERSongez que les boulets ne vous respectent guère, Et qu'un plomb, dans un tube entassé par des sots, Peut casser d'un seul coup la tête d'un héros
CATARRHEUX, EUSELa fièvre au minois catarrheux
CATINCette liberté mitigée N'étant ni prude, ni catin
CHAMAILLISCe chamaillis de cent propos croisés Ressemble aux vents l'un à l'autre opposés
CHANSONLes dieux de l'amoureux délire Avec toi dansent aux chansons
CHANSONNIER, IÈREJe voulais.... Réveiller l'enjouement badin De Votre Altesse chansonnière
CHANTERLorsque les chantres du printemps Réjouissent de leurs accents Mes jardins et mon toit rustique, Lorsque mes sens en sont ravis, On me soutient que leur musique Cède aux bémols des Monsignis Qu'on chante à l'Opéra-Comique
CHANTREQue le chantre flatteur du tyran des Romains, L'auteur harmonieux des douces Géorgiques....
CHARMERL'heureux talent dont vous charmez la France
CHATTEMITELes renards, autres chattemites, Se glissant dans nos basses-cours
CHENU, UECe vieillard chenu qui s'avance, Le temps dont je subis les lois
CHÉRIRTrès sots enfants de Dieu, chérissez-vous en frères
CHEVILLERCe beau nom de machine ronde, Que nos flasques auteurs, en chevillant leurs vers, Donnaient à l'aventure à ce plat univers
CHICANEUR, EUSE.... Un bavard en robe, apprenti chicaneur
CHIEN, CHIENNEQuiconque veut vivre sans boire Fera très bien de voyager Dans votre chien de territoire
CIRCONCIS, ISEFaites mordre la poussière Aux circoncis insolents [Turcs]
CLABAUDERUn peuple aimable et vain [les Parisiens].... Qui vole au moindre bruit, et qui tourne à tout vent, Y juge les guerriers, les ministres, les princes, Rit des calamités dont pleurent les provinces, Clabaude le matin contre un édit du roi, Le soir s'en va siffler quelque moderne ou moi
CLAQUÉ, ÉEDe tous les yeux vous êtes remarquée ; De mille mains on vous verrait claquée
COLORISDe sa main triomphante il [le roi de Prusse] me trace une épître, Une épître où son coeur a paru tout entier ; Je vois le bel esprit, et l'homme et le guerrier ; C'est le vrai coloris de son âme intrépide
COMPILATEURPour l'achever [l'écrivain], quelque compilateur, Froid gazetier, jaloux d'un froid auteur, Vient l'entamer de sa dent mercenaire
COMPTELeurs fronts sont couronnés de ces fleurs que la Grèce Aux champs de Marathon prodiguait aux vainqueurs ; C'est là leur diadème ; ils en font plus de compte Que d'un cercle à fleurons de marquis ou de comte
CONFINERJe plains tout être faible, aveugle en sa manie. Qui dans un seul objet confina son génie
CONSUMERNous autres hommes c'est souvent par vanité, quelquefois par intérêt, que nous consumons notre vie dans la culture des arts
COQSi mes paons de leur beau plumage Me font admirer les couleurs, Je crois voir nos jeunes seigneurs Avec leur brillant étalage ; Et mes coqs d'Inde sont l'image De leurs pesants imitateurs
CORNU, UEDu fond de cet antre pierreux, Entre deux montagnes cornues
CORRECT, ECTEBoileau, correct auteur de quelques bons écrits
COTONVraiment sur votre menton La main de l'aimable jeunesse N'a mis encor que son coton
COURONNERLeurs fronts sont couronnés de ces fleurs que la Grèce Aux champs de Marathon prodiguait aux vainqueurs
COURTINEBellone va réduire en cendres Les courtines de Philipsbourg
COUSU, UECe vieux Crésus, en sablant du champagne, Gémit des maux que souffre la campagne Et, cousu d'or, dans le luxe plongé, Plaint le pays de tailles surchargé
CRAYONNERInsipide écrivain, qui crois à tes lecteurs Crayonner les portraits de tes trois Imposteurs, D'où vient que, sans esprit, tu fais le quatrième ?
CRÉPUSCULEJe jouis peu, mais j'aime encore ; Je verrai du moins vos amours ; Le crépuscule de mes jours S'embellira de votre aurore
CREVER[ô Boileau] J'embrasserai Quinault, en dusses-tu crever
CROASSERVainement de Dijon l'impudent écolier Croassa contre lui [Delille] du fond de son bourbier
DÉCLINQu'il est doux d'employer le déclin de son âge Comme le grand Virgile occupa son printemps !
DÉCRÉPIT, ITEVoyez-vous pas de tous côtés De très décrépites beautés ?
DÉDAIGNEUX, EUSETout monarque indolent, dédaigneux de s'instruire, Est le jouet honteux de qui veut le séduire
DESCENDU, UEVingt siècles descendus dans l'éternelle nuit T'ont dit comme tout change....
DÉTENDRELe temps, la triste adversité Détend les cordes de ma lyre
DEVERSLorsqu'à Berlin vous commençâtes à prendre ce vol immortel Devers la gloire où vous volâtes
DISPENSATEUR, TRICEPrince, ne croyez pas que ces hommes vulgaires Soient les dispensateurs de l'immortalité
DISPUTANTJe distinguai toujours de la religion Les malheurs qu'apporta la superstition.... J'ai dit aux disputants, l'un sur l'autre acharnés : Assez, impertinents, assez, infortunés, Très sots enfants de Dieu, chérissez-vous en frères, Et ne vous mordez point pour d'absurdes chimères
DOGUEDu faubourg Saint-Médard les dogues aboyèrent, Et les renards d'Ignace avec eux se glissèrent
DOUCEURLe voilà [le roi de Prusse] ce savant que la gloire environne, Qui préside aux combats, qui commande à Bellone, Qui, du fier Charles Douze égalant le grand coeur, Le surpasse en prudence, en esprit, en douceur
ÉBAUDI, IEOn bat des mains, et l'auteur ébaudi Se remercie et pense être applaudi
ÉCONOMELe ciel nous envoya, dans ces temps corrompus, Le sage et doux pasteur des brebis de Fréjus [le cardinal Fleuri], Économe sensé, renfermé dans lui-même, Et qui n'affecta rien que le pouvoir suprême
ÉCRASERUn livre est-il mauvais, rien ne peut l'excuser ; Est-il bon, tous les rois ne peuvent l'écraser
ÉGAYERBoileau, correct auteur de quelques bons écrits, Zoïle de Quinault et flatteur de Louis, Mais oracle du goût dans cet art difficile Où s'égayait Horace, où travaillait Virgile
ÉLEVEREt les Alpes de loin, s'élevant dans la nue, D'un long amphithéâtre enferment les coteaux
EMBOURSERNos héros de finance Emboursent l'argent de la France
ÉMOUSSERJean Rousseau, banni de Paris, Vit émousser dans ce pays [Bruxelles] Le tranchant aigu de sa pince
EMPAQUETÉ, ÉEPrès d'un bain chaud [Plombières] toujours crotté, Plein d'une eau qui fume et bouillonne, Où tout malade empaqueté Se baigne, s'enfume et se donne La question pour la santé
ENUn cuistre en son taudis compose une satire
ENEn habit d'amazone, au fond de mes déserts Je te vois arriver plus belle et plus brillante Que la divinité qui naquit sur les mers
ENTu ne veux pas, grand roi, dans ta juste indulgence, Que cette liberté dégénère en licence
ENDe nos cailloux frottés il sort des étincelles, La lumière en peut naître ; et nos grands érudits Ne nous ont éclairés qu'en étant contredits
ENCREMais je vois venir sur le soir Notre astronomique Émilie, Avec un vieux tablier noir, Et la main d'encre encor salie
ÉPICUREÔ maison d'Aristippe, ô jardins d'Épicure, Vous qui me présentez dans vos enclos divers Ce qui souvent manque à mes vers, Le mérite de l'art soumis à la nature
ÉPRIS, ISEUn esprit vrai doit être épris Pour des vérités éternelles
ÉTAGEEt ton menton, l'honneur de ton chapitre, Aura bientôt deux étages de moins
ÉTALAGESi mes paons de leur beau plumage Me font admirer les couleurs, Je crois voir nos jeunes seigneurs Avec leur brillant étalage
ÉTÉJ'étais encor dans mon été, Quand cette noire déité Me fit du fleuve de Léthé Passer la rive malheureuse
ÉTEIGNOIR.... Messieurs les pédants De qui la science chagrine Est l'éteignoir du sentiment
ÉTEINDRESi vous brillez à votre aurore, Quand je m'éteins à mon couchant
ÉTEINT, EINTEGrand prince [le prince Eugène], qui, dans cette cour [de Louis XIV] Où la justice était éteinte, Sûtes inspirer de l'amour, Même en nous donnant de la crainte
ÉTRENNEPourrez-vous souffrir que ma veine Ose vous donner une étrenne, Vous qui n'en recevez que de la main des dieux ?
ÉTRENNERLa nature en vous faisant naître Vous étrenna de ses plus doux attraits
EXTRAITCe siècle ridicule est celui des brochures, Des chansons, des extraits, et surtout des injures
FAIT, AITELes ennuyeux et les pervers Composent ce vaste univers ; Le monde est fait comme la France
FALOT, OTEUn bon couplet chez ce peuple falot [le Français] De tout mérite est l'infaillible lot
FAUXEt qu'on ne doit pas moins, pour le soutien du trône, à la faux de Cérès qu'au sabre de Bellone
FENDREJe laissai mon vaisseau fendre le sein de l'onde, Et je restai dans ma maison
FESSERNos Zoïles honteux.... Des serpents d'Alecton nous les verrons fesser
FEU, FEUEVous étiez, madame, aussi bien que feu madame la princesse de Conti, à la tête de ceux qui se flattaient de cette espérance
FEUILLE[La sibylle] Qui, possédant pour tout trésor Des recettes d'énergumène, Prend du Troyen le rameau d'or, Et lui rend des feuilles de chêne
FIACREPhilis, qu'est devenu ce temps Où dans un fiacre promenée ...
FLASQUEQuel style flasque ! Ce beau nom de machine ronde Que nos flasques auteurs.... Donnaient à l'aventure à ce plat univers
FLEURÔ vous surtout, infortuné Bavière, Jeune Froulai, si digne de nos pleurs, Qui chantera votre vertu guerrière ? Sur vos tombeaux qui répandra des fleurs ?
FLEURETTEEt craignez plus les jeunes saints Que les florettes d'un vieux sage
FOISONNERDe ces lieux où l'ennui foisonne, J'ose encore écrire à Paris
FOURRÉ, ÉEEt se moquait très librement Des bavards fourrés de l'école
FRACASCe tourbillon qu'on appelle le monde Est si frivole, en tant d'erreurs abonde, Qu'il n'est permis d'en aimer le fracas Qu'à l'étourdi qui ne le connaît pas
FRIPON, ONNEAvec tant d'attraits précieux, Hélas ! qui n'eût été friponne ?
FRONDELes romans de Scarron n'ont point troublé le monde ; Chapelain ne fit point la guerre de la Fronde
GALAMMENTToi [Mlle Clairon] qui ressuscitas sous mes rustiques toits L'Électre de Sophocle aux accents de ta voix, Non l'Électre française à la mode soumise, Pour le galant Itys si galamment éprise
GAZOUILLISD'autres oiseaux.... En sautillant font entendre à la fois Le gazouillis de leurs confuses voix
GÉORGIQUESQue le chantre flatteur du tyran des Romains, L'auteur harmonieux des douces Géorgiques Ne vante plus ces lacs et leurs bords magnifiques, Ces lacs que la nature a creusés de ses mains Dans les campagnes italiques
GLAÇONLe bon vieillard très inutile Que vous nommez Anacréon.... Achève sa pénible vie Auprès d'un poêle et d'un glaçon Sur les montagnes d'Helvétie
GLAPIR....Cette statue Contre laquelle a tant glapi Des méchants l'énorme cohue
GOURMANDERAinsi cette Circé, qui savait dans son temps Disposer de la lune et des quatre éléments, Gourmandant la nature au gré de son caprice, Changeait en chiens barbets les compagnons d'Ulysse
GRÉTrès peu de gré, mille traits de satire Sont le loyer de quiconque ose écrire
GRELUCHONOn pourrait bien à l'aventure Choisir un autre greluchon, Plus Alcide pour la figure, Et pour le coeur plus Céladon, Mais quelqu'un plus aimable ? non
GRILLERCondamine l'observateur S'en va griller sous l'équateur
GRINCEREt sa muse [de J. B. Rousseau] qui toujours grince, Et qui fuit les jeux et les ris
GRUEQue ferez-vous d'un pauvre acteur Dont la taille et le cou de grue Et la mine très peu joufflue Feront rire le connaisseur ?
HANTERPeu hanter nos seigneurs les sots
HIPPOCRÈNEJe sais que Charles XII, et Gustave et Turenne N'ont point bu dans les eaux qu'épanche hippocrène ; Mais enfin ces guerriers, illustres ignorants, En étant moins polis, n'en étaient pas plus grands
HONNÊTEUne femme sensible et que l'amour engage, Quand elle est honnête homme, à mes yeux est un sage
HURLERLui [le publie], qui dix ans proscrivit Athalie, Qui, protecteur d'une scène avilie, Frappant des mains, bat à tort à travers Au mauvais sens qui hurle en mauvais vers
IGNOMINIECe vieux rimeur couvert d'ignominies, Organe impur de tant de calomnies
ITALIQUEQue le chantre flatteur du tyran des Romains, L'auteur harmonieux des douces Géorgiques, Ne vante plus ses lacs et leurs bords magnifiques, Ces lacs que la nature a creusés de ses mains Dans les campagnes italiques
JARDINÔ maison d'Aristippe, ô jardins d'Épicure, Vous qui me présentez, dans vos enclos divers, Ce qui souvent manque à mes vers, Le mérite de l'art soumis à la nature
JEUJe quitte Melpomène et les jeux du théâtre, Ces combats, ces lauriers, dont je fus idolâtre ; De ces triomphes vains mon coeur n'est plus touché
JOURDu biribi la déesse infidèle Sur mon esprit n'aura plus de pouvoir, J'aime encor mieux vous aimer sans espoir Que d'espérer jour et nuit avec elle
LACQue le chantre flatteur du tyran des Romains, L'auteur harmonieux des douces Géorgiques, Ne vante plus ces lacs et leurs bords magnifiques, Ces lacs que la nature a creusés de ses mains Dans les campagnes italiques ; Mon lac est le premier....
LAITCe beau réduit par préférence est fait Pour les vieillards dont l'humeur gaie et tendre Paraît encore avoir ses dents de lait
LAMAPlus loin, du grand lama les reliques musquées
LE, LA, LESMais qu'on me nomme enfin dans l'histoire sacrée Le roi dont la mémoire est le plus révérée ; C'est ce bon Salomon....
LIBERTÉMon lac [le lac de Genève] est le premier ; c'est sur ses bords heureux Qu'habite des humains la déesse éternelle, L'âme des grands travaux, l'objet des nobles voeux, Que tout mortel embrasse ou désire ou rappelle, Qui vit dans tous les coeurs et dont le nom sacré Dans les cours des tyrans est tout bas adoré, La Liberté....
LIBREMENTSifflez-moi librement, je vous le rends, mes frères
LIEULes lieux, les temps, l'occasion, Font votre gloire ou votre chute ; Hier on aimait votre nom, Aujourd'hui l'on vous persécute
LISIÈRENous sommes de vieux enfants ; Nos erreurs sont nos lisières, Et les vanités légères Nous bercent en cheveux blancs
LOINTrajan, non loin du Gange, enchaîna trente rois ; à peine a-t-il un nom fameux par la victoire
LOYERTrès peu de gré, mille traits de satire Sont le loyer de quiconque ose écrire
LUMINEUX, EUSEDu vrai savant [Maupertuis] que je chéris La raison ferme et lumineuse Vous montrera les cieux décrits
MALÉVOLEMontaigne.... Loin de tout frondeur malévole Doutait de tout impunément
MAROTIQUE....Ces ramas de larcins marotiques, Moitié français et moitié germaniques
MÉDIOCRITÉLe sublime en tout genre est le don le plus rare.... La médiocrité couvre la terre entière
MENTONJe vois, malgré tes soins, Que ton triple menton, l'honneur de ton chapitre, Aura bientôt deux étages de moins
MESUREElle [la rime] flatte l'oreille, et souvent la césure Plaît, je ne sais comment, en rompant la mesure
MEUBLERQuelque personne honnête Des bons écrits ayant meublé sa tête
MIJAURÉELà sont en foule antiques mijaurées, Jeunes oisons et bégueules titrées
MINEJe leur fais encor [aux Grâces et aux neuf soeurs] quelques mines, Mais vous possédez leurs faveurs
MITIGÉ, ÉEC'est que ma maîtresse chez vous, La liberté, se voit logée ; Cette liberté mitigée, à l'oeil ouvert, au front serein, à la démarche dégagée, N'étant ni prude ni catin
MODEVous dont l'esprit formé par la lecture Ne parle pas toujours mode et coiffure
MOKAIl mûrit à Moka, dans le sable arabique, Ce café nécessaire au pays des frimas
MONARQUEQuoi ! vous êtes monarque, et vous m'aimez encore !
MONDEFrédéric a plus d'art et connaît mieux son monde
MONTERL'amour en sa faveur avait monté ma lyre
MORDRETrès sots enfants de Dieu.... Ne vous mordez donc plus pour d'absurdes chimères
MORTIERC'est là leur diadème [des fleurs] ; ils en font plus de compte Que d'un cercle à fleurons de marquis ou de comte, Et des larges mortiers à grands bords abattus
NATUREÔ maison d'Aristippe, ô jardins d'Épicure, Vous qui me présentez, dans vos enclos divers, Ce qui souvent manque à mes vers, Le mérite de l'art soumis à la nature
NOCEVous faites noce et vous chantez Sur votre lyre enchanteresse
NOCHERLe vieux nocher des morts à sa voix accourut
NONANTEIl [Fleury] porta le sceptre des rois, Et le garda jusqu'à nonante [ans]
NUITVoyez la consolation Que vous auriez dans la nuit noire, Lorsque vous saurez la façon Dont vous aurait traité l'histoire
OCTOGÉNAIREVous me direz qu'Anacréon, Que Chaulieu même et Saint-Aulaire Tiraient encor quelque chanson De leur cervelle octogénaire
OMOPLATEAvant que sur sa joue ou sur son omoplate Des rois et des héros les grands noms soient vengés
ORMEAUEt les Alpes de loin, s'élevant dans la nue, D'un long amphithéâtre enferment ces coteaux Où le pampre en festons rit parmi les ormeaux
OUBLIDont l'écrit froid et long, déjà mis en oubli, Ne fut jamais connu que de l'abbé Mably
OUIUn prêtre, un oui, trois mots latins à jamais fixent vos destins
OURDIRTous ces tapis Qu'a tissus la Savonnerie, Ceux que les Persans ont ourdis
OUVRAGEJeune Gaussin, reçois mon tendre hommage ; Reçois mes vers au théâtre applaudis ; Protége-les ; Zaïre est ton ouvrage, Il est à toi puisque tu l'embellis
PANIERSon corps pressé gémit sous les barrières D'un lourd panier qui flotte aux deux portières
PARTANTPeu courtisan, partant homme de foi
PASSAGESur le trône heureux des amours, Tous les plaisirs sont de passage
PASSERJe sais qu'il faut se passer Des bagatelles dans la vie
PAYÉ, ÉEBellone va réduire en cendres Les courtines de Philipsbourg Par cinquante mille Alexandres Payés à quatre sous par jour
PELÉ, ÉEEt tandis qu'un troupeau zélé De pèlerins, au front pelé
PESANT, ANTEIl méprise Racine, il insulte à Corneille, Lulli n'a point de sons pour sa pesante oreille
PETIT, ITELe pauvre auteur est tapi dans un coin, Se fait petit, tient à peine une place
PHILIPPIQUEChacun les lit, ces archives d'horreur, Ces vers impurs, appelés philippiques, De l'imposture effroyables chroniques
PHRASEDans Paris quelquefois un commis à la phrase Me dit...
PINCEJean Rousseau.... Vit émousser dans ce pays Le tranchant aigu de sa pince
PINCERVirgile a-t-il bien fait de pincer Mévius ?
PIPEQu'une pipe à la main, sur un large sopha Mollement étendu, le pesant Moustapha....
PLATEt ces plats si chers que Germain A gravés de sa main divine
POLIMENTJe l'ai vu [le cardinal de Fleury] refuser, poliment inhumain, Une place à Racine [le fils], à Crébillon du pain
POMPONCe dangereux et beau talent [des vers] Est pour vous un simple ornement, Un pompon de plus à votre âge
PORTERDevant elle [la Liberté] on portait ces piques et ces dards, On traînait ces canons, ces échelles fatales Qu'elle-même brisa, quand ses mains triomphales De Genève en danger défendaient les remparts
PORTEROn ne voit point ici la grandeur insultante Portant de l'épaule au côté Un ruban que la vanité A tissu de sa main brillante
PORTEUR, EUSELe duc et le prélat, le guerrier, le docteur, Lisaient pour tous écrits des billets au porteur
POSTICHEVieux enfants que l'on nomme Amours, Allez remplir les hémistiches De ces vers pillés et postiches Des rimailleurs suivant les cours
POUDREAprès ce jour de Fontenoi, Où couvert de sang et de poudre....
POULS....Lorsque mon pouls, inégal et pressé, Faisait peur à Tronchin près de mon lit placé
POUSSERBeaumont pousse à Jean-Jacque, et Jean-Jacque à Beaumont
POUVOIRIl rit de cette perfidie [enlever une maîtresse à un autre], Et j'aurais pu m'en courroucer ; Mais je sais qu'il faut se passer Des bagatelles dans la vie
PRÉFÉRENCEEt donnez-moi la préférence, Quand il faudra vous ennuyer
PRÉSAGERVoilà ce que de toi mon esprit se présage
PUCELLESi les neuf Muses sont pucelles, Les trois Grâces ne le sont pas
QUIQui n'est que juste est dur ; qui n'est que sage est triste
RACAILLEPuis-je en mes vers.... Des Cotins de mon temps poursuivre la racaille ?
RACCOURCI, IEDe mes ans passagers la trame est raccourcie
RAFFINERCet art [l'imprimerie], disait Boyer, a troublé les familles ; Il a trop raffiné les garçons et les filles
RAISONNEUR, EUSEVainement sur votre menton La main de l'aimable jeunesse N'a mis encor que son coton ; Toute la raisonneuse espèce Croit voir en vous un vrai barbon
RATChassons loin de chez moi tous ces rats du Parnasse
RAYONPlutus est dans Paris.... Tous viennent à genoux environner son char ; Les uns montent dessus ; les autres dans la boue Baisent en soupirant les rayons de la roue
REBÉQUER (SE)Son oeil [de Mlle Gaussin qui jouait Zaïre] noir, tendre et bien fendu, Sa voix et sa grâce intrinsèque Ont mon ouvrage défendu Contre l'auditeur qui rebèque
RECETTEJe vous envoie un manuscrit.... C'est la recette d'un potage
RÉDUIREBellone va réduire en cendres Les courtines de Philisbourg Par cinquante mille Alexandres Payés à quatre sous par jour
REMERCIERVous [Mlle Clairon] exercez un magique pouvoir, Qui fait aimer ce qu'on ne saurait lire : On bat des mains, et l'auteur ébaudi Se remercie et pense être applaudi
REMPLI, IELoin de nous à jamais ces mortels endurcis.... Ou toujours remplis d'eux, ou toujours hors d'eux-mêmes.... Et qui n'ont point connu la douceur de pleurer !
RÉPANDREL'illusion, cette reine des coeurs, Marche à ta suite, inspire les alarmes, Le sentiment, les regrets, les douleurs, Et le plaisir de répandre des larmes
REPLIEt d'une main audacieuse [un savant] Vous dévoilera les replis De la nature ténébreuse
REPOUSSERNi la fortune insolente, Repoussant avec fierté La prière humble et tremblante De la triste pauvreté
REPRÉSAILLEL'archidiacre Trublet prétend que je l'ennuie ; La représaille est juste....
RETRAITEDieu fit la douce illusion Pour les heureux fous du bel âge, Pour les vieux fous l'ambition, Et la retraite pour le sage
REVENUUn astrologue, un moine, un chimiste effronté Se font un revenu de sa crédulité du public]
RINCERApollon la tête me rince, Il s'aperçoit que je vieillis
RIPAILLELorsque deux rois s'entendent bien, Quand chacun d'eux défend son bien, Et du bien d'autrui fait ripaille
RIREEt les Alpes de loin, s'élevant dans la nue, D'un long amphithéâtre enferment ces coteaux, Où le pampre en festons rit parmi les ormeaux
ROGNERMon fils par vous accoutumé à rogner ce grand héritage
RONFLERVingt poëtes épris Sur de sublimes tons font ronfler Melpomène
SABLERCe vieux Crésus, en sablant du champagne, Gémit des maux que souffre la campagne
SATIREJ'ose agir sans rien craindre, ainsi que j'ose écrire ; Je fais le bien que j'aime, et voilà ma satire
SAVONNERIENon, madame, tous ces tapis Qu'a tissus la Savonnerie....
SEC, SÈCHENotre langue un peu sèche et sans inversions
SECOND, ONDEMon coeur vous trouve en vérité Femme à peu de femmes seconde
SECRETJe te dis, mais tout bas. heureux un peuple libre ! Je le suis en secret dans mon obscurité
SECRÉTAIREAu rigoureux Boileau j'écrivis l'an passé ; Je ne sais si ma lettre avait pu lui déplaire, Mais il me répondit par un plat secrétaire [Clément, auteur d'une réponse de Boileau]
SÉQUELLEJe vois avec componction Que, dans l'infernale séquelle, Il [Frédéric II] sera près de Cicéron Et d'Aristide et de Platon, Ou vis-à-vis de Marc-Aurèle
SERREREt qu'un heureux sultan, dans le sein du loisir, Ait le droit de serrer le cou de son vizir
SINGEUn petit singe à face de Thersite, Au sourcil noir, à l'oeil noir, au teint gris, Bel esprit faux qui hait les bons esprits
SORTIRAprès dîner, l'indolente Glycère Sort pour sortir, sans avoir rien à faire
SOURCILLEUX, EUSELeur insensible pente [des Alpes] Vous conduit par degrés à ces monts sourcilleux Qui pressent les enfers et qui fendent les cieux
SOURDINEEt je prévis bien des ce temps Que votre muse libertine Serait philosophe à trente ans ; Alcibiade en son printemps Était Socrate à la sourdine
SUCCÉDEROn dit qu'aujourd'hui la jeunesse A fait à la délicatesse Succéder la grossièreté
SUISSECe large suisse à cheveux blancs, Qui ment sans cesse à votre porte
SÛR, ÛREQuiconque en France avec éclat attire L'oeil du public, est sûr de la satire
TABLIER...je vois venir sur le soir, Du plus haut de son aphélie, Notre astronomique Émilie [Mme du Châtelet], Avec un vieux tablier noir Et la main d'encre encor salie
TALIONVous sentez bien qu'ils ont raison, Et qu'il faut punir le coupable ; L'heureuse loi du talion Est des lois la plus équitable
TANIÈREVivre seule dans sa tanière Est un assez méchant parti ; Et ce n'est qu'avec un ami Que la solitude doit plaire
TANTLa maîtresse tant jolie Dont j'étais si fort entêté
TEINT, EINTELa liberté ! j'ai vu cette déesse altière, Avec égalité répandant tous les biens, Descendre de Morat en habit de guerrière, Les mains teintes du sang des fiers Autrichiens Et de Charles le Téméraire
TEMPÉRAMENTLes neuf bégueules savantes Avec leurs têtes de pédantes Avaient peu de tempérament
TERRITOIRELe voilà ce théâtre et de neige et de gloire [les Alpes], Éternel boulevard qui n'a point garanti Des Lombards le beau territoire
TIMBRÉ, ÉE....un bavard en robe, apprenti chicaneur, Qui, de papiers timbrés barbouilleur téméraire....
TOLÉRANTISMEEt dans l'Europe enfin l'heureux tolérantisme De tout esprit bien fait devient le catéchisme
TONDREMonsieur l'évêque de Munster, Vous tondez donc votre province ?
TONDU, UEJ'aime assez saint Benoît ; il prétendit du moins Que ses enfants tondus, chargés d'utiles soins, Méritassent de vivre en guidant la charrue
TOUCHELa touche noble et sûre De Raphaël et du Poussin
TOURLes plaisirs ont leur temps, la sagesse a son tour
TRICHERJeunes oisons et bégueules titrées, Lorgnant des sots et trichant au piquet
TRISTEMENTMais ne va pas, tristement vertueux, Sous le beau nom de la philosophie, Sacrifier à la mélancolie
TROUSSERDieu se joue à son gré de la race mortelle ; Il fait vivre cent ans le Normand Fontenelle, Et trousse à trente-neuf mon dévot de Pascal
UN, UNENous avons plus d'une ancienne pièce, qui, étant corrigée, pourrait passer à la postérité
UNIVERSCet univers si vaste à notre faible vue, Et qui n'est qu'un atome, un point dans l'étendue
VASSAL, ALETes vassaux languissants qui pleuraient d'être nés
VERSQui n'aime point le vers a l'esprit sec et lourd ; Je ne veux point chanter aux oreilles d'un sourd ; Les vers sont, en effet, la musique de l'âme
VÉTILLERPlus d'un éplucheur intraitable M'a vétillé, m'a critiqué
VICE-DIEUUn prêtre, roi de Rome, un pape, un vice-dieu
VISÉ, ÉEDiscours en vers, épîtres héroïques, Enregistrés, visés par Crébillon
VITAL, ALEVous buvez la liqueur vitale D'un vin brillant et savoureux
VOLERQue notre âme épurée Vole à ces vérités dont elle est éclairée
XDes xx redoublés admirant la puissance, Il croit que Varignon est seul utile en France

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