Définition de POUSSER

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : pou-sé

DÉFINITIONS

1
Ôter quelqu'un ou quelque chose de sa place, avec une idée d'effort ou de violence. Pousser quelqu'un dans un précipice. Poussez-lui un fauteuil.
Laissez-moi ce discours [Mme de Grignan avait dit que sa jeunesse était chose perdue] ; quand vous le faites, il me pousse trop loin
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 17 juin 1685
Il y a bien du monde ; on nous pousse ; que j'aie l'honneur de vous donnez la main pour plus de sûreté, madame
de Pierre de MARIVAUX dans Pays. parv. 5e part.
le moine ne poussa dehors, ferma la porte....
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Lett. pers. 133
Qu'il m'eût poussé un peu plus fort, et il m'eût jeté à terre
de COLLÉ dans Part. de chasse de Henri IV, III, 3
Sémantique : Fig.
De cette sorte, sans faire de hautes exclamations, il [un courtisan calomniateur] persuade une âme timide, et pousse la crainte dans la cruauté
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans De la cour, 5e disc.
Une pensée, une affaire, une occupation pousse ce qui est devant elle ; ce sont des vagues, la comparaison du fleuve est juste
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 13 juin 1685
Quand il [le temps] me déplaît... je le pousse à l'épaule... puis quand je pense à ce que je pousse... et sur quoi cela roule, et où cela me pousse moi-même... je n'ose plus rien pousser
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 28 mars 1689
Cette recrue continuelle du genre humain, je veux dire les enfants qui naissent, à mesure qu'ils croissent et qu'ils s'avancent, semblent nous pousser de l'épaule, et nous dire : retirez-vous, c'est maintenant notre tour
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Sermons, Mort, I
Famille auguste mais malheureuse que la piété et la religion avaient poussée jusqu'aux dernières épreuves de l'adversité
de Jean de LA BRUYÈRE dans Disc. à l'Académie française.
fig. Il va comme on le pousse, se dit d'un homme qui obéit aux suggestions d'autrui.
Sémantique : Fig. Va comme je te pousse, se dit d'une affaire qui va de soi et s'en qu'on s'en mêle.
C'est maintenant qu'il faut dire : Va comme je te pousse ; vive l'amour, mon cher maître
de Pierre de MARIVAUX dans Surpr. de l'amour, III, 5
Sémantique : Fig. Pousser le temps avec l'épaule, Voy. ÉPAULE.
Pousser le temps, s'en débarrasser, se hâter le plus qu'on peut.
Quand vous étiez à l'hôtel de Carnavalet..., je ménageais les heures, j'en étais avare ; dans l'absence, ce n'est plus cela, on ne s'en soucie point ; on les pousse même quelquefois
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 10 janvier 1689
Sémantique : Terme de marine. Pousser la planche, faire glisser du navire à terre la planche au moyen de laquelle on pourra descendre du bâtiment sur le quai ou sur le rivage.
2
Pousser quelqu'un du coude, du genou, le toucher doucement avec le coude, le genou, pour l'avertir, lui faire prendre garde.
On dit, dans le même sens, pousser, sans adjonction d'un mot.
M. le Prince, quoique animé par le prince de Conti, qui le poussa, ce qui fut remarqué de tout le monde, comme pour le presser de s'en ressentir, ne s'emporta point
de Jean-François Paul de Gondi, cardinal de RETZ dans mém. t. III, liv. IV, p. 16, dans POUGENS
Je vois Mme de Gêvres qui dégante sa main maigre ; je pousse Mme d'Arpajon, elle m'entend et se dégante
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 27
3
Pousser, faire reculer, quand celui qui pousse est en face.
Croyant qu'après que les ennemis auraient poussé ce régiment, quelque autre des nôtres voudrait les pousser eux-mêmes
de Paul PELLISSON dans Lett. hist. t. II, p.203
Ce vaillant homme, poussant enfin, avec un courage invincible, les ennemis qu'il avait réduits à une fuite honteuse
de Esprit FLÉCHIER dans Turenne.
Mentor, ayant achevé de mettre les ennemis en désordre, les tailla en pièces, et poussa les fuyards jusque dans les forêts
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. I
faire avancer, quand celui qui pousse est par derrière.
J'allais de tous côtés encourager les nôtres, faire avancer les uns, et soutenir les autres, Ranger ceux qui venaient, les pousser à leur tour
de Pierre CORNEILLE dans Cid, IV, 3
Dès l'âge de vingt-six ans aussi capable de ménager ses troupes, que de les pousser dans les hasards, et de céder à la fortune que de la faire servir à ses desseins
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Louis de Bourbon.
4
Communiquer un mouvement à un corps, en le jetant ou en le frappant. Pousser une balle avec la raquette.
Troie en a vu la flamme [de Lesbos conquise], et jusque dans ses ports Les vents en ont poussé les débris et les morts
de Jean RACINE dans Iphig. I, 2
Les Zaporaviens, selon les lois se jetèrent les uns aux autres ce pauvre homme, comme on pousse un ballon
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Russie, I, 17
Vous qui en savez tant, dites-moi pourquoi un corps en pousse un autre
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict. phil. Mouvement.
Ses pieds ont de larges rames, et ses grandes ailes, demi-ouvertes au vent, sont les voiles qui poussent le vaisseau, navire et pilote à la fois
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Ois. t. XVII, p. 8
Pousser un clou dans une muraille, dans du bois, l'y faire entrer en frappant dessus avec le marteau.
Pousser la porte au nez de quelqu'un, la fermer au moment où il va entrer.
Pousser la porte, signifie aussi la mettre près du montant, sans la fermer tout à fait.
5
Sémantique : Terme d'arts. Pousser des moulures, les former sur le bois, le plâtre.
Sémantique : Terme de charpentier. Pousser les marches, faire des moulures sur le devant des marches.
Sémantique : Terme de menuiserie. Pousser à la main, travailler des moulures à la main.
Sémantique : Terme de relieur. Prendre l'or avec le fer à dorer et l'appliquer sur la couverture du livre. Pousser des fers, des filets.
Alors que vous poussez quelques riches dentelles, Laissez régner autour un filet privé d'or
de LESNÉ dans la Reliure, p.96
6
Sémantique : Terme d'escrime. Pousser une botte à quelqu'un, lui porter un coup de pointe.
Nature : Absolument.
Quand on pousse en quarte, on n'a qu'à faire cela ; et, quand on pousse une tierce, on n'a qu'à faire cela
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Bourg. gent. III, 3
Tu me pousses en tierce avant que de pousser en quarte, et tu n'as pas la patience que je pare
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans ib.
Sémantique : Fig.
Poussez à Marcassus, poussez à Marcellus la métaphore, l'antithèse, l'hypotypose
de Paul Louis COURIER dans Lettres au Censeur, X
Sémantique : Fig. et absolument. Pousser, lancer des arguments, des attaques.
Beaumont pousse à Jean-Jacque, et Jean-Jacque à Beaumont
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Épît. 101
Sémantique : Fig. Pousser une botte à quelqu'un, l'attaquer de paroles, le presser vivement.
Sémantique : Par analogie.
Les rieurs sont pour vous, madame, c'est tout dire ; Et vous pouvez pousser contre moi la satire
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. II, 5
Ah ! vous m'allez pousser un argument
de BOISSY dans Français à Lond. sc. 16
7
Faire sortir de la poitrine ou de la bouche.
Après les avoir vus [les martyrs] d'un visage serein Pousser des chants aux cieux dans des taureaux d'airain
de Jean de ROTROU dans Saint-Genest, III, 5
Et, parmi les soupirs qu'il pousse vers les cieux
de Pierre CORNEILLE dans Hor. I, 1
Dans un tel entretien il [un amant] suit sa passion, Et ne pousse qu'injure et qu'imprécation
de Pierre CORNEILLE dans Poly. II, 1
Je pousserai des hurlements comme les dragons, et des sons lugubres comme les autruches
de Isaac Louis Lemaistre de SACY dans Bible, Michée, I, 8
Il pousse du fond de sa tristesse des paroles entrecoupées de sanglots, qu'on n'entend qu'à demi
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Avent, Mort du péch.
Sémantique : Fig. Pousser des soupirs pour une femme, lui témoigner l'amour qu'on a pour elle.
Que dit-on des soupirs que je pousse pour elle ?
de Jean RACINE dans Bérén. II, 2
Pousser se dit aussi des instruments qui rendent un son.
Des flûtes au troisième [bateau], au dernier des hautbois, Qui tour à tour dans l'air poussaient des harmonies Dont on pouvait nommer les douceurs infinies
de Pierre CORNEILLE dans le Menteur, I, 5
Pousser la voix, pousser la voix davantage (locutions vieillies), parler plus haut.
La pythie poussait une voix plus qu'humaine
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Oracles, I, 12
8
Manifester avec force, avec ardeur.
On ne demande plus parmi eux si on est honnête homme, on demande si on pousse les beaux sentiments
de Paul SCARRON dans Lett. Oeuvr. t. I, p. 170, dans POUGENS
Il faut qu'un amant, pour être agréable, sache débiter les beaux sentiments, pousser le doux, le tendre et le passionné, et que sa recherche soit dans les formes
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Préc. 5
Il attirait les yeux de l'assemblée entière Par l'ardeur dont au ciel il poussait sa prière
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Tart. I, 6
Il faut pousser ce désir avec toute la pureté de la nouveauté chrétienne
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 4e serm. pour le jour de Pâques, I
Pareil à ces éclairs qui, dans le fort des ombres, Poussent un jour qui fuit et rend les nuits plus sombres
de Pierre CORNEILLE dans Hor. III, 1
Parti des murailles du ciel, un rayon pousse au loin dans le sein des ombres une douteuse et tremblante aurore
de François René CHATEAUBRIAND dans Génie, II, IV, 12
9
Faire naître.
Un moment pousse et rompt un transport violent ; Mais l'indignation qu'on prend avec étude, Augmente avec le temps, et porte un coup plus rude
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. IV, 1
10
Faire aller.
Rome.... Va jusqu'en l'Orient pousser tes bataillons
de Pierre CORNEILLE dans Hor. I, 1
Enfin il a poussé nos armes fortunées Jusques à vous réduire au pied des Pyrénées
de Pierre CORNEILLE dans Sert. V, 1
11
Porter plus loin, étendre. Il faut pousser cette allée jusque dans les champs. On a poussé la tranchée, la sape jusqu'à cent pas de la contrescarpe.
Mme de la Fayette fait encore une augmentation à son appartement, qu'elle pousse jusque sur son jardin
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 19 avr. 1680
Il [Alexandre] entra dans les Indes, où il poussa ses conquêtes plus loin que le célèbre vainqueur [Bacchus]
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. III, 5
Étant allé voir un jour avec Mme d'Épinay ces ouvrages, nous poussâmes notre promenade un quart de lieu plus loin
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Confess. VIII
Mlle du Châtelet m'apprit qu'en effet son amie avait passé à Lyon, mais qu'elle ignorait si elle avait poussé sa route jusqu'en Piémont
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans ib. IV
Sémantique : Terme de marine. Pousser une bordée, la prolonger plus qu'à l'ordinaire.
12
Prolonger, faire durer.
Amphitryon, c'est trop pousser l'amusement ; Finissons cette raillerie
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Amph. II, 2
Je ne pousserai point ce séjour-ci plus loin que le beau temps....
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 21 septembre 1676
Le pauvre M. de Montausier est encore à l'extrémité, poussant son bon esprit au-delà de l'agonie
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans mai 1690, t. IX, p. 504, éd. RÉGNIER.
Il vint chez elle du monde qui y demeura jusqu'au soir, selon l'ennuyeuse coutume de la campagne ; encore leur fut-on bien obligé, car la campagne leur donné aussi le droit de pousser leur visite jusqu'au lendemain, s'ils eussent voulu
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Mondes, 2e soir.
Dans un langage rude et familier. Prolonger la vie d'un agonisant.
Il s'adresse au père infirmier ; celui-ci lui dit... " Il y a un grand garçon qui n'a plus que deux heures à aller... " on tâchera de vous le pousser "
de Denis DIDEROT dans Lett. à Mlle Voland, 1er déc. 1765
Étendre plus loin, en parlant d'un récit, d'annales. Pousser l'histoire de France jusqu'à la Révolution.
Mais pour toute nouvelle on dit qu'il est vivant ; Aucun n'ose pousser l'histoire plus avant
de Pierre CORNEILLE dans Héracl. II, 1
Si l'oracle de Delphe a été plus loin, du moins nous ne pouvons pas pousser plus loin son histoire
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Oracl. II, 3
13
Sémantique : Fig. Porter, étendre, en parlant de choses intellectuelles, morales, abstraites. Il a bien poussé sa fortune.
C'est ce que vous répétez dans tous vos écrits, et que vous poussez jusqu'à dire : que j'ai tourné les choses saintes en raillerie
de Blaise PASCAL dans Prov. X
Ma fille vous écrit, et vous parlera sans doute de l'inquiétude qu'elle a de son fils ; et, comme elle pousse toujours ses pensées au delà de la vérité...
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Guitaut, 26 mai 1681
Sans doute on pousse trop loin l'aversion de votre religion [le protestantisme] ; mais ne poussez-vous pas trop loin aussi les préventions de votre enfance ?
de Françoise d'Aubigné, marquise de MAINTENON dans Lett. à M. de Villette , 16 juill. 1684
Il ne faut pas pousser cette crainte trop loin
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. VIII
Il paraît... que les anciens avaient poussé la partie du dessin, du clair-obscur, de l'expression et de la composition, aussi loin que les modernes les plus habiles peuvent l'avoir fait
de Charles ROLLIN dans Hist. anc. Oeuv. t. I, 1ere part. p. 197, dans POUGENS
Pousserons-nous assez loin la sincérité que nous nous sommes toujours prescrite, pour oser dire ici qu'il lisait jusqu'à des romans et y prenait beaucoup de plaisir ?
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Saurin.
Il [Platon] poussa son roman jusqu'à dire qu'autrefois les âmes humaines avaient des ailes, que les corps des hommes avaient été doubles
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Philos. Établ. christ. III
Ils [Catherine II et le roi de Pologne] poussent l'un et l'autre la bonté jusqu'à me dire que mes faibles écrits n'ont pas peu contribué à leur inspirer ces sentiments [de tolérance]
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Christin, 14 mars 1767
Strafford poussa la vertu jusqu'à supplier lui-même le roi de consentir à sa mort, et le roi poussa la faiblesse jusqu'à signer cet acte fatal, qui apprit aux Anglais à répandre un sang plus précieux
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Moeurs, 179
L'archevêque Péréfixe pousse jusqu'à cent mille le nombre des victimes frappées dans la proscription de Charles IX
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Fragm. sur l'hist. X
Pousser ses succès, les continuer, les rendre plus décisifs.
Pousser son travail, s'en occuper avec activité et continuité.
Pousser des travaux, les faire avancer vers leur fin.
Ils [les Samaritains] en obtinrent [du roi de Perse] un ordre qui portait défense aux juifs de pousser plus loin la construction de leur ville et de leur temple
de Charles ROLLIN dans Hist. anc. Oeuv. t. II, p. 336, dans POUGENS
Absolument et familièrement. Poussez, continuez.
Pousse, mon cher marquis, pousse
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Critique, 7
Allons, ferme ! poussez, mes bons amis de cour, Vous n'en épargnez point, et chacun a son tour
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. II, 5
Pousser les études, y donner plus d'extension que d'habitude.
M. l'abbé de Gouvon était un cadet destiné par sa famille à l'épiscopat, et dont par cette raison l'on avait poussé les études plus qu'il n'est ordinaire aux enfants de qualité
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Confess. III
Poursuivre avec activité.
Quoique tous les parents consentent à ce mariage [de Mlle de Mazarin avec le marquis de Richelieu qui l'avait enlevée], le Mazarin ne laisse pas de pousser les informations [judiciaires]
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 23 déc. 1682
Pousser jusqu'au bout l'aventure, suivre jusqu'à sa conclusion quelque tentative, quelque affaire où on est engagé.
On dit de même : pousser plus loin.
L'Époux ne voulut point pousser plus loin la chose
de Jean de LA FONTAINE dans Coupe.
Pousser sa pointe, poursuivre avec vigueur ce qu'on a commencé.
Quoi qu'il en soit, poussons notre pointe, faisons demander la dame en mariage...
de Alain René LESAGE dans Guzm. d'Alf. IV, 2
Pousser sa chance, sa fortune, tenter tout ce que la chance, la fortune offre actuellement.
J'avais beau m'en défendre, il a poussé sa chance
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Fâch. I, 1
Elle se rend à sa poursuite ; il pousse sa fortune ; le voilà surpris avec elle par ses parents
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Scapin, I, 6
Pousser les affaires, aller en quelque chose jusqu'aux extrémités.
Je crains que le pendard, dans ses voeux téméraires, Un peu plus fort que jeu n'ait poussé les affaires
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans École des f. II, 6
Pousser une affaire, se dit des affaires d'honneur dans lesquelles on ne fait aucun compromis.
Et l'on m'a vu pousser dans le monde une affaire D'une assez vigoureuse et gaillarde manière
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. III, 1
On dit de même : pousser les choses.
Voilà, mon gendre, comme il faut pousser les choses
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans G. Dand. I, 8
Pousser la chose ou les choses, les ramener à une extrémité.
Je connaissais le parlement pour un corps qui pousserait tout sans mesure
de Jean-François Paul de Gondi, cardinal de RETZ dans Mém. t. I, liv. II, p. 23, dans POUGENS
N'allez point pousser les choses dans les dernières violences du pouvoir paternel
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Av. V, 4
J'ai reçu votre plainte, et je sais tout cela ; Ne poussez point la chose, et tenez-vous-en là
de BOURSAULT dans Mots à la mode, sc. 1
Voilà jusqu'où M. Jurieu pousse les choses par ses séditieux raisonnements
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans 5e avert. 32
Pousser les choses plus loin, renchérir sur ce qu'on avait fait ou dit jusqu'alors.
Celles-ci [consciences] poussent encore les choses plus loin [que les consciences qui se glorifient de leurs défauts]
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Ét. d'orais. IV, 8
14
Appuyer sur, examiner au fond.
Nous sommes ici sur une matière que je serai bien aise que nous poussions
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Critique, 7
Mais, mon père, qui voudrait pousser cela, vous embarrasserait
de Blaise PASCAL dans Prov. IX
Assez instruit de vos maximes et bien résolu de les pousser autant que je croirai que Dieu m'y engagera
de Blaise PASCAL dans ib. XVII
Développer.
Si vous trouvez que je pousse un peu trop loin ce chapitre, c'est qu'il me tient au coeur par dessus toutes choses
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 537
Plus je donne de force à mes raisons, et plus il pousse les siennes [de quitter le service] avec une volonté si déterminée...
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 29 mars 1680
Là-dessus M. de Louvois entra sur ce même ton dans la plaisanterie ; cela fut poussé un quart d'heure fort agréablement
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 30 juill. 1677
Poussez le parallèle, et vous verrez que vous êtes plus encore votre idole et votre divinité, que le Seigneur n'est le Dieu de ceux qui l'aiment et qui l'invoquent
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Prosp. tempor.
15
Faire avancer quelqu'un, lui faciliter les moyens de faire fortune.
Métellus, si bon juge de valeur, le poussa [Marius] depuis aux premières charges de l'armée
de Abbé de René Aubert de VERTOT dans Révol. rom. IX, 390
Voici un jeune homme qui vous convient, qui est fort honnête garçon, que je pousserai
de Pierre de MARIVAUX dans Marianne, 6° part.
Tu as de l'esprit, de la littérature ; je te prônerai, je te servirai, je te pousserai
de Louis-Benoît PICARD dans Marionnettes, IV, 4
Faire entrer dans une carrière.
Le monde est plein d'artisans et surtout d'artistes qui n'ont point le talent naturel de l'art qu'ils exercent, et dans lequel on les a poussés dès leur bas âge
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Ém. III
Pousser un élève, un écolier, lui faire faire des progrès. Il l'a poussé assez loin dans les mathématiques.
16
Presser, en parlant d'animaux qu'on excite à courir.
Cela dit, il poussa son cheval à travers les champs, et son camarade le suivit
de Paul SCARRON dans Rom. com. I, 7
Lorsqu'il [Hippolyte] poussait son char dans la carrière
de Auguste Marseille BARTHÉLEMY, dit L'ABBÉ BARTHÉLEMY dans Anach. ch. 53
Sémantique : Fig. et familièrement. Pousser son bidet, aller rapidement à son but.
Moquez-vous des sermons d'un vieux barbon de père ; Poussez votre bidet, vous dis-je, et laissez faire
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans l'Ét. I, 2
Le roi sait quels motifs ont poussé l'un et l'autre
de Pierre CORNEILLE dans Rodog. V, 4
La faim, l'occasion, l'herbe tendre et, je pense, Quelque diable aussi me poussant
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. VII, 1
Quel besoin si pressant avez-vous de rimer, Et qui diable vous pousse à vous faire imprimer ?
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. I, 2
Les excès où le mépris de la religion ancienne et celui de l'autorité de l'Église ont été capables de pousser les hommes
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Reine d'Angl.
dans le temple des juifs un instinct m'a poussée
de Jean RACINE dans Ath. II, 5
Jugez comme je serai une personne dangereuse, si je voulais les pousser à mal
de Louis-Benoît PICARD dans Vieille tante, I, 8
Nature : Absolument.
Jaloux des bons desseins qu'il tâche d'ébranler, Quand il ne les peut rompre, il pousse à reculer
de Pierre CORNEILLE dans Poly. I, 1
Faites achat d'un vin qui pousse à vivre
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Mon tomb.
Faire agir.
Je sais par quels ressorts on le pousse, on l'arrête
de Jean RACINE dans Esth. III, 5
Conduire.
Il y a été poussé par sa destinée
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Scapin, I, 6
17
Presser quelqu'un, ne pas lui laisser de retraite, d'échappatoire.
J'étonnai un peu ma petite huguenote... je ne la poussai point sur le saint sacrement
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 435
Et M. Fouquet, quoiqu'il ait trop appuyé sur cet endroit où on le pouvait pousser, il se trouve pourtant que par l'événement il aura bien dit
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Pompone, 24 nov. 1664
On ne sait point le véritable état de son affaire [ de M. de Luxembourg, sur les empoisonnements], ni sur quoi on le pousse
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 14 févr. 1680
Puisque vous me poussez, je vous dirai que le désintéressement et la modération valent mieux qu'un peu de naissance
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Dial. des morts mod. 17
Pousser à bout, ne pas laisser d'échappatoire.
Ils n'ont rien épargné pour me pousser à bout ; Permettez qu'à mon tour, seigneur, je les y pousse
de BOURSAULT dans ésope à la cour, V, 7
Poussons à bout l'ingrat, et tentons la fortune
de Jean RACINE dans Bajaz. IV, 4
Pousser à bout quelqu'un, se dit dans une discussion, quand on réduit quelqu'un à ne pouvoir répondre.
Pousser à bout quelqu'un, l'irriter, à force d'abuser de sa patience.
La reine, après tout, sachant ce que je puis, me pousse trop à bout
de Pierre CORNEILLE dans Nicom. II, 3
Madame, en vérité, c'est le pousser à bout, Il pourra faire éclat
de Noël LEBRETON, sieur de HAUTEROCHE dans les Appar. tromp. I, 13
On dit de même : pousser à bout la patience de quelqu'un.
Je voudrais vous parler de tout ; Mais je fais mal et vers et prose, Et ne pousserais autre chose Que votre patience à bout
de Roger de RABUTIN, Comte de Bussy, dit BUSSY-RABUTIN dans Lett. t. V, p. 21, dans POUGENS
Mais puisque vous poussiez ma patience à bout, Une fois en ma vie il faut vous dire tout
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. IX
Le roi... poussa à bout la patience des peuples, de sorte que tous ses sujets se trouvèrent disposés à une révolte générale
de Charles ROLLIN dans Hist. anc. Oeuv. t. IX, p. 325, dans POUGENS
Pousser à bout une chose, la pousser à toute extrémité.
Vous croyez apparemment que les fautes ne sont plus fautes, pourvu qu'on les pousse à bout avec une pleine autorité
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Dans BOSSUET Passages éclaircis, avert.
Pousser quelqu'un à la dernière extrémité, le réduire à l'état le plus fâcheux.
Je ne suis pas la première qui ait su recourir à de pareilles vengeances, qui n'ait pas fait difficulté de se donner la mort pour perdre ceux qui ont la cruauté de nous pousser à la dernière extrémité
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans G. Dand. III,8
Pousser quelqu'un de questions, de plaisanteries, l'interroger beaucoup, le plaisanter beaucoup.
18
Pousser quelqu'un, entrer en lutte avec lui, l'offenser.
Il fait mauvais pousser tant de gens en colère
de Pierre CORNEILLE dans Othon, V, 2
Et je ne sais pourquoi votre âme ainsi s'emporte, Madame, à me pousser de cette étrange sorte
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. III, 5
Je vous le dis encore, armé de ce qu'il a, Vous ne deviez jamais le pousser jusque-là
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Tart. V, 3
Chicaneau : Vous me poussez. - La comtesse : Bon homme, allez garder vos foins
de Jean RACINE dans Plaid. I, 7
Ce n'est que mon éloquence [de moi, Cicéron] qui a causé ma mort ; et, si j'avais moins poussé Antoine, je serais encore en vie
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Dial. des morts anc. 31
Perdre, écraser.
Je ne sais si on voudra m'en croire ; mais il est vrai pourtant qu'au milieu de la joie que j'eus de me voir appuyé par de si puissants protecteurs, je ressentis une espèce de douleur de reconnaître qu'un homme à qui j'avais tant d'obligation, prince du sang, neveu du premier ministre, n'eût pas le pouvoir de pousser un domestique [lui, Cosnac, poursuivi par le prince de Conti, son maître, mais protégé par la reine mère, le roi et Mazarin]
de COSNAC dans Mémoires, t. I ; p. 242
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Sémantique : Terme de nourrisseur. On pousse les vaches au lait, lorsqu'on prolonge activement la lactation pendant un an environ, au lieu de six à sept mois, terme moyen de sa durée dans les pays où l'on fait des élèves.
familièrement. Pousser quelqu'un de nourriture, le faire trop manger. Il est poussé de nourriture, il a trop mangé.
20
Pousser le feu, le rendre plus vif, activer la combustion.
M. Needham vous avez objecté qu'en poussant trop le feu, vous aviez altéré l'air des vases....
de Charles BONNET dans Lett. div. t. XII, p. 6, dans POUGENS
21
Faire monter le prix d'un objet par des enchères.
C'est M*** qui a si extravagamment poussé ce bijou
de Mme DU DEFFANT dans Lett. à H. Walpole, t. III, p. 228, dans POUGENS
22
Produire, en parlant d'êtres vivants ou de parties d'êtres vivants. La vigne pousse beaucoup de bois. Cet arbre pousse des rejetons nouveaux.
Quand on dit que la terre pousse beaucoup d'herbe ou qu'une branche a poussé un grand rejeton....
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lib. arb. 9
Je vis le même individu [polype] laissé dans l'eau pure pousser successivement douze têtes, après avoir été mutilé onze fois dans sa partie antérieure
de Charles BONNET dans Consid. corps org. Oeuv. t. V, p.330, dans POUGENS
Pousser les dents, se dit du travail de la dentition.
Quand les enfants n'ont pas la force de les pousser [les dents] dans le temps, ils n'ont pas celle de soutenir le mouvement qui les veut faire percer toutes à la fois
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 16 juill. 1677
Pousser ses dents, se dit d'un cheval dont les dents qui succèdent aux dents de lait commencent à paraître.
Pousser le rouge, voy. ROUGE.
23
V. n. faire effort pour déplacer. Vous poussez bien rudement.
Sémantique : Fig. Pousser à la roue, aider.
24
Sémantique : Terme d'architecture. Faire effort, par le poids, contre des constructions. La voûte a poussé sur les murs. Les terres poussent contre le mur de la terrasse.
Le mur pousse en dehors, il se jette en dehors et menace ruine. Il pousse au vide, il fait ventre.
25
Pousser, se porter, s'avancer sur, contre.
Il pousse dans nos rangs, il les perce et fait voir Ce que peut la vertu qu'arme le désespoir
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. V,3
Hippolyte lui seul,... saisit ses javelots, Pousse au monstre, et d'un dard lancé d'une main sûre Il lui fait dans le flanc une large blessure
de Jean RACINE dans Phèdre, V, 6
Il ne part pas un lièvre que vous ne poussiez après
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 4
Pousser aux ennemis, aller aux ennemis pour les charger ( locution vieillie et qui ne se disait que de la cavalerie).
Pousser jusqu'à un lieu, aller jusqu'à ce lieu.
Si absolument vous voulez pousser jusqu'à Essonne, épargnez-vous au moins de faire quatorze lieues en un jour
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 9 oct. 1687
J'avais envie de pousser jusque à la vedette
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 5
J'ai poussé jusqu'au bout de la grande avenue
de Jean-François COLLIN D'HARLEVILLE dans Optimiste, I,2
Sémantique : Terme de marine. Pousser au large, s'écarter d'un quai, d'un bâtiment, etc. étant dans une embarcation.
Pousse au large, commandement fait à une embarcation qu'on veut faire déborder, qu'on veut repousser loin du navire qu'elle se prépare à accoster.
Pousser de fond, faire effort contre le fond avec des avirons, gaffes ou perches.
La mer pousse du fond, lorsque, par son agitation, elle remue un fond mobile, rapproché, et qu'elle se charge de ses parties les plus légères.
26
En parlant des chevaux poussifs, battre des flancs. Ce cheval pousse beaucoup.
27
Croître, se développer, en parlant de ce qui végète. Ces fleurs poussent déjà. Il ne pousse que des ronces dans son champ. Les blés ont bien poussé cette année.
Sémantique : Par analogie. Sa barbe, ses cheveux, ses ongles ont beaucoup poussé pendant sa maladie.
Il se dit aussi d'enfants qui grandissent.
Pauvres enfants ! chacun d'eux pousse Frais comme un bouton printanier
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Jeanne la Rousse.
28
Paraître, être produit, en parlant des dents des enfants. Ses dents commencent à pousser. Il lui a poussé une dent.
29
Sémantique : Terme de peinture. Se dit des couleurs qui ternissent l'éclat et la fraîcheur de celles avec lesquelles elles sont rompues ou que l'on a couchées par-dessus. La terre d'ombre et les noirs poussent beaucoup.
Ce tableau pousse au noir, les couleurs en noircissent. Les tableaux de Géricault poussent au noir.
30
Devenir malade de la pousse, en parlant du vin. Ce vin pousse, a poussé.
31
Se pousser. V. réfl. Être poussé.
Leurs années [des mortels] se poussent successivement comme des flots
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Duch. d'Orl.
Avancer, en poussant les autres.
Je saute vingt ruisseaux, j'esquive, je me pousse
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. VI
Tout en chancelant, je me pousse jusqu'au chalet de monseigneur
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Hab. de cour.
Chacun se lance ; non, à la cour on se glisse, on s'insinue, on se pousse
de Paul Louis COURIER dans Lett. VIII
32
Être continué avec activité.
Le siège de Trèves se pousse vivement
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 210
Être porté à un certain point, en parlant de choses.
Cela [une discussion] se pousse fort loin et fort agréablement
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 15 sept. 1680
Cela se pousse si avant, que par cette légère faute l'âme périrait...
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Ét. d'orais. V
Je prendrai un grand intérêt à la brouillerie que vous m'apprenez être survenue entre Saurin et Lamotte, si elle se poussait assez avant pour obliger ce dernier à démasquer son très digne ami, ce père spirituel en Lucifer
de Jean-Baptiste ROUSSEAU dans Lett. à Boutet, 15 juillet 1715
33
Avancer, faire fortune.
On sait que ce pied-plat... par de sales emplois s'est poussé dans le monde
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. I, 1
L'ambitieux fait consister toute sa sagesse à ne pas manquer une occasion de se pousser aux honneurs du monde
de Louis BOURDALOUE dans Instruct. Prudence du salut, Exhort. t. II, p.425
L'âge viril, plus mûr, inspire un air plus sage, Se pousse auprès des grands, s'intrigue, se ménage
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. III
Te voilà devenu habile garçon ; il faut songer à te pousser
de Alain René LESAGE dans Gil Bl. I, 1
Je serais privé de la protection... de MM. les comédiens ordinaires du roi, et je serais obligé d'aller travailler au feuilles de M. Fréron, pour me pousser dans le monde
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. d'Argental, 19 janv. 1772
34
Se pousser de nourriture, manger beaucoup.
35
S'élever en haut (emploi vieilli).
Autant que ce grand arbre s'était poussé en haut, autant semblait-il avoir jeté en bas de fortes et profondes racines
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Sermons, ambition, 2

REMARQUE

1
On disait au XVIIe siècle : " Pousser est nouveau dans une certaine signification : pousser les gens à bout ; ne me poussez pas ; pousser une matière ; cela est trop poussé, " BOUHOURS, Entr. d'Ariste et d'Eug. II.

HISTORIQUE

1
XVe s.
Dura le grand estour [combat] et le poulsis plus de trois heures.... lançant et gettant dardes, et poulsans l'un sur l'autre
de Jean FROISSART dans dans DU CANGE, pulsatus.
2
XVIe s.
Pyrrhus, se confiant plus à la faveur de fortune qu'au discours de la raison, poulsa oultre contre le bataillon des Macedoniens
de Jacques AMYOT dans Pyrrh. 57
Il s'en alla en diligence la part où il gisoit, et le trouva qu'il poulsoit encore [respirait], et n'avoit pas perdu toute cognoissance
de Jacques AMYOT dans Eumènes, 14
En touchant et tastant l'umbilic dudict enfant, lequel sentiras poulser et battre l'artere umbilicale, s'il a vie
de Ambroise PARÉ dans t. II, p. 632
Avec les dents naissent les aigneaux, lesquelles ils poulsent à mesure de leur aage
de Olivier DE SERRES dans 317
Le vin.... jusques à s'enaigrir et pousser
de Olivier DE SERRES dans 215
[La terre] Et, en lieu de donner des moissons abondantes, Ne poussoit que chardons et qu'espines mordantes
de Pierre de RONSARD dans 721
La mer se poulse si fort vers eux, qu'ils ont perdu quatre lieues de....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 232
Poulser le mespris de la mort jusques à....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 250
Les mauvais moyens pai où on s'y poulse [aux emplois] en nostre siecle
de Michel de MONTAIGNE dans I, 273
Il n'y a que mal qui coule, que mal qui se prepare, et le mal pousse le mal, comme la vague pousse l'autre
de Pierre CHARRON dans Sagesse, I, 36
Desquels vins bien scuvent la pluspart se gaste, tourne et aigrist... lesdits marchands pourroient convertir en vinaigres tant leurs dits vins amers poulsez et estonnez, que les lies qu'ils auront, Ordonn déc. 1585. Bien poulsé longuement chancelle
de Randle COTGRAVE dans
Un clou sert à poulser l'autre
de Randle COTGRAVE dans

ÉTYMOLOGIE

1
Prov. pulsar : ital. pulsare ; du lat. pulsare, frapper fréquemment, dérivé de pulsum, supin de pellere, choquer, battre, rattaché par Corssen (Beitr. 308) à la racine sanscrite sphar pour spar, agiter, secouer.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Ajoutez :
Pousser d'orge un cheval, lui faire manger beaucoup d'orge.
On retirait les chevaux de la charrue et on les poussait d'orge ; on réparait les armes, on achetait des armes, de la poudre
dans Journ. offic. 23 avril 1875, p. 2938, 3e col.
2
Ajoutez : XIIe s.
Bernart saisirent li premier ; Mais trop fu grefs lor acointier ; Si li ostent le chaperon, Que la gole soz le menton Li unt estreinte e si enpeint Que par un poi nel unt estaint ; Poussent, fierent, grant mal li funt
de Benoît de Sainte-Maure dans Chronique, t. II, p. 477, V. 29133

Synonymes de POUSSER

Termes proches de POUSSER

Phonétiquement proche de POUSSER