L'oeuvre Ariste, ou De la cour de Jean-Louis GUEZ de BALZAC

Ecrit par Jean-Louis GUEZ de BALZAC

Date : 1658

Citations de "Ariste, ou De la cour"

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Utilisé pour le motCitation
ACHEMINERJe n'ai point trouvé étrange de les voir arrivés où je les avais vus s'acheminer
AGUETSElles sont souvent aux aguets et aux embûches
AJUSTEMENTIls ne connaissent point ces relâchements, ces ajustements, comme on parle aujourd'hui en Italie
ALAMBICIls mettent leurs avis à l'alambic et les réduisent à néant à force de les subtiliser
ANTIPOLITIQUEAvec ces belles maximes et cette antipolitique.... ils ont gouverné le monde
ARTIFICIEL, ELLEJe ne fais point des hommes artificiels ; j'en connais
ASSIGNATIONLe roi s'étant rendu à l'assignation qu'elle lui donna
AVENIRPrésupposant pour certains tous les accidents qui sont douteux, ils règlent leurs délibérations comme s'ils devaient avenir
AVENUES'étant une fois emparés de son esprit, ils en saisissent toutes les avenues
BÉATIFIÉ, ÉELeur ennemi ne pouvait être béatifié que leur cause ne fût condamnée
BÉNÉFICIAL, ALECe fut lui qui crut que Sénèque dans ses livres des bénéfices avait traité à plein fond des matières bénéficiales
BÉVUECette fausse lumière est une bévue de ses yeux et une illusion de son esprit
BONAinsi en bouffonnant et en alléguant les fables ils persuadent tout de bon au prince qu'il n'est point obligé à sa parole
BOUILLONEt il ne faut qu'un commencement de passion, qu'un faible bouillon de colère
CESSIONOn met dans les finances un vieux prodigue, qui en sa jeunesse a fait cession de biens
CHATOUILLEMENTIl n'y a que de la joie et du chatouillement pour l'esprit
CHEMINDe là, ils vont plus avant, et ne le laissent pas en si beau chemin
CIVILEMENTEn cet état-là il est mort civilement, et s'est comme déposé soi-même
CONFIDEMMENTCicéron.... parlant confidemment à Pomponius Atticus, avoue que la vertu de Caton était inutile à la patrie
CONSIDÉRÉ, ÉELa subtilité de l'intelligence, la solidité du jugement, la hardiesse considérée ne sont pas des choses volontaires
CONSOMMATEURJésus-Christ.... l'auteur et le consommateur de la vertu aussi bien que de la foi
DATAIREJ'ai lu une lettre de Jean-Mathieu Giberti, évêque de Vérone, et dataire du pape Clément VII
DATEIl me dit que de fraîche date.... il avait été tout droit au bien de l'État
DÉBITL'homme est si proche de soi-même qu'il ne peut trouver d'entre deux ni d'espace libre pour le débit du conseil qu'il se veut donner
DÉFAVEURLa défaveur et la pauvreté ne lui sont point fâcheuses, quand il les souffre
DÉFÉRERIl défère son ennemi en évitant le nom odieux d'accusateur
DELÀCe qui s'appelle delà les monts la furie française, a plus d'une fois réussi
DÉPRENDREIls y tiennent et s'y attachent si fort qu'il n'y a point de moyen de les en déprendre
DESSERVIRIls ne desservent point, mais ils veulent servir à leur mode
DESSUSIls estiment que c'est bien davantage d'emporter le dessus au conseil sur leurs compagnons, que de battre à la campagne leurs ennemis
DÉVOTIONEn la place de tous tant qu'ils sont, le courtisan ambitieux met des personnes à sa dévotion
DILATERLe bien n'est qu'un bien commencé, s'il ne s'achève en se dilatant
DISSIPATIONIls bâtissent leur maison du débris et de la dissipation de tout un royaume
DIVERTI, IEJe l'écoutais avec une attention si peu divertie, qu'il ne m'échappait pas un seul mot de ce qu'il disait
ÉCONOMIEOn met dans les finances un vieux prodigue qui, en sa jeunesse, a fait cession de biens, mais qui parle admirablement de l'économie
EFFETEn apparence, il rend témoignage au grand mérite, et en effet il donne du soupçon de la grande réputation
ÉLECTIONLe désir que nous avons que le monde croie que toutes nos élections sont bonnes, apporte de la nécessité à une action qui était volontaire auparavant
ENDURANT, ANTEContre les moins endurants et les plus difficiles au joug, on emploie les armes
ENFONCERAu moins n'enfoncent-ils guère leurs affaires, et ne les conduisent que rarement à leur dernier point
ENTRE-DEUXPar cette brèche, ils rompent l'entre-deux qui le sépare du peuple
ENTREMISEIls se maintiennent par le commun besoin qu'on a de leur entremise
ÉPAISSIRÉpaississez-vous un peu le sang ; tempérez votre feu par votre flegme
ÉPINEDans les affaires aisées, ils sèment des épines pour les cueillir
ESTIMATION.... Mettre le prix et l'estimation à chaque chose
ÉTONNEREncore voyons-nous des gens qui attendent pour s'étonner que la mauvaise fortune soit venue
EXAGÉRATEUR, TRICEJe ne suis point exagérateur comme celui qui ne racontait que des prodiges de votre altesse
EXTRÉMITÉElle [la prudence] nous avertit qu'elle ne se mêle point de régler les extrémités ni de conduire le désespoir
FÂCHERIl me fâche, et j'ai dépit que notre Démosthène ait été de ces gens-là
FAÇONIl peut y ajouter [à une matière] des couleurs et de la façon par le dessus, mais non pas lui donner aucune bonté intérieure
FAILLIRIl leur tint un discours qui faillit à les faire tomber de leur haut
FAIREAinsi la cruauté fait la douce, et paraît officieuse et bienfaisante
FAIREIls reçoivent à bras ouverts un banni qui leur fait aisée la conquête de son pays
FAIRELa mauvaise subtilité est moins dangereuse quand on raconte des choses faites que quand on délibère des choses à faire ; ici, pour ne rien dire de pis, elle est cause que les choses ne se font point
FAISEUR, EUSECe n'est plus le marchand au port.... qui se propose des gains sans danger.... c'est un faiseur de voeux au milieu de la tempête, qui se repent d'être parti du logis
FAIT, AITELes princes à faire ne peuvent se passer de ces gens-là [les bons conseillers], et les princes faits en ont grand besoin
FAMILIER, IÈRECe sont [les hommes de talents éminents] les anges tutélaires des royaumes et les esprits familiers des rois
FAMILLELes philosophes de la famille de Platon et de celle d'Aristote
FARDEAUCe [d'indignes favoris] sont des fardeaux et des empêchements des royaumes, qui pèsent à toutes les parties de l'État
FAROUCHENos farouches vertueux ne veulent point de tempérament et de milieu
FAROUCHELa vertu n'a garde d'être austère et farouche ; elle ne détruit pas la nature, elle en corrige seulement l'imperfection
FAUTEPour autoriser les grandes fautes, ils ne manquent pas de grands exemples
FAUTEIls n'ont pas faute de bon sens et d'expérience
FAUX, FAUSSEJ'ai vu de ces faux justes deçà et delà les monts ; j'en ai vu qui, pour faire admirer leur intégrité, prenaient l'intérêt d'un étranger contre celui d'un parent ou d'un ami, encore que la raison fût du côté du parent ou de l'ami
FAVEUROn quitte la royauté pour courir après la faveur, de laquelle les Arabes disent que c'est une fille qui tue bien souvent sa propre mère
FAVORI, ITEQue ce soit votre peuple qui soit votre favori ; cet avis fut donné autrefois à un grand prince
FAVORISERIls [Doria et Barberousse] s'aidaient et se favorisaient dans la continuation de la guerre, qui était leur métier et leur affaire
FÉLICITÉS'ils sont arrivés au port, tenant une route qui apparemment les en éloignait, il ne faut pas se fier pourtant à cette félicité aveugle qui les a guidés
FERTILITÉCette fertilité [de l'imagination] et cette étendue ne faisaient que fournir matière à l'extravagance et donner plus d'espace à des pensées folles
FEUÀ mesure qu'Hercule coupe les têtes de l'hydre, Iolas y applique le feu, afin de les empêcher de renaître
FEUILLELes stoïques, qui n'ont pas voulu qu'une feuille d'arbre se remuât sans ordre particulier de la Providence, ni que le sage levât le doigt sans congé de la philosophie
FIERIl y a d'autres esprits d'une plus haute élévation, à qui il [le prince] peut se fier de plus importants emplois et donner une plus noble part en ses desseins
FIGURELeur utilité particulière [des égoïstes] se présente partout à eux, comme à cet ancien malade sa propre figure, qu'il voyait perpétuellement devant lui
FOIE.... C'étaient.... des fièvres du temps.... des jeunesses de nos princes et des chaleurs de foie de leurs conseillers
FURIECe qui s'appelle deçà les monts la furie française a plus d'une fois réussi très utilement delà les monts
GÂTERLes affaires publiques sont souvent sales et pleines d'ordure ; on se gâte pour peu qu'on les touche
GAUCHIRDonner à travers les écueils, pour avoir l'honneur de ne point gauchir
GIROUETTEQu'on emporte quelques tableaux et quelques girouettes, pourvu qu'on nous laisse les murailles et le toit
GLADIATEURLes Romains ont voulu le dire [la nécessité de consulter les circonstances], quand ils ont dit qu'on devait délibérer avec l'occasion et en présence des affaires.... que le gladiateur prenait conseil dans l'amphithéâtre....
GRÂCEEn ce mauvais monde où nous vivons, quand on nous fait justice, imaginons-nous qu'on nous fait grâce
GUENUCHEIl y a toujours des guenuches [d'indignes favoris] caressées dans le cabinet des rois et vêtues de toile d'or
GUERRECela [saisir l'occasion] s'entend principalement à la guerre et des actions militaires ; mais il y a de la guerre, qui le croira ? même dans les actions paisibles et désarmées ; il faut combattre partout de façon ou d'autre
HASARDEUX, EUSEIls se gouvernent par le discours de la raison qui conclut à l'utile et au certain, et ne vivent pas selon l'institution morale qui se propose l'honnête et le hasardeux
HÉRITIER, IÈREQuoiqu'étant sortis de la boue, ils [certains favoris] ne soient, à bien dire, parents de personne, ils croient être héritiers de tout le monde
HÉROSC'est un sujet de consolation pour notre pauvre humanité, de voir qu'il y a eu de l'homme dans les héros
HEUREUX, EUSEIl se voit de ces idoles [indignes favoris] en pays même de chrétienté ; il y a toujours eu d'indignes heureux
HOMMELeur innocence n'a guère plus duré à la cour que celle du premier homme dans le paradis terrestre
HONNÊTENe vous attachez pas de telle sorte à cet honnête sauvage, rigoureux et philosophique, que vous ne le quittiez, si la nécessité l'exige, pour un autre honnête plus humain, plus doux et plus populaire
HYPOCONDRIAQUEVous avez bien ouï parler de quelques reines hypocondriaques qui ont eu de l'amour pour un nain et pour un maure
IDOLÂTRELe voilà donc [le prince] engagé dans l'agrandissement du sujet qu'il aime [un favori].... le voilà idolâtre sans y penser ; il adore ce qu'il a fait...
ILLUMINATIONS'il [l'intellect] pâtit [en recevant conseil], c'est de la plus belle espèce de passion, qui ne gâte et ne corrompt pas, mais qui achève et qui perfectionne, comme celle de l'illumination en l'air et de la réception des images dans les yeux
ILLUMINATIONIls se persuadaient qu'immédiatement après leur promotion, Dieu était obligé de leur envoyer de l'esprit pour bien gouverner, et de faire valoir l'élection du prince par la subite illumination de ses ministres
IMPOSSIBLETout ce qui n'est pas aisé, ils [les lâches conseillers] le nomment impossible
IMPROPREMENTSans parler improprement, sans faire tort à de si beaux noms, sans offenser la véritable sagesse
INDÉVOTIONPassant de l'indévotion à l'impiété
INFRUCTUEUX, EUSECes grands me font souvenir de certaines montagnes infructueuses que j'ai vues autrefois, allant par le monde ; elles ne produisent ni herbe ni plante
INOUÏ, ïEQue, lorsqu'il n'y avait point d'exemple de quelque chose, il en fallait faire ; que ce qui était inouï ne le serait plus quand il serait fait
INQUISITIONEn Espagne ils [les ministres ignorants] voudraient donner liberté de conscience ; en France ils voudraient introduire l'inquisition
INSTRUMENTAvouons-le à la honte de la raison humaine et de la subtilité des sophistes : un grand esprit tout seul est un grand instrument à faire des fautes
INTELLECTL'intellect.... ne souffre pas néanmoins de telle sorte, que de son chef aussi il n'agisse
INTERCESSEURTous les yeux, dit-il au prince, sont tour nés sur lui [un homme en réputation] ; des soldats l'appellent leur père, et le peuple pense que c'est son intercesseur envers Votre Majesté
INTÉRÊTIl est certain qu'ayant commencé d'aimer quelque chose pour l'amour d'elle-même, le temps ajoute incontinent notre propre intérêt au mérite de la chose
INVECTIVEUn homme de cette sorte est un savant artisan de calomnies... il blâme avec des éloges et non pas avec des invectives
JEUNESSEQue c'étaient [les croisades] des jeunesses de vos princes et des chaleurs de foie de leurs conseillers
JOUERSi on lui baillait des poupées pour se jouer, il ne s'en offenserait pas
JOURLe prince met ces esprits [ceux d'une médiocre capacité] à tous les jours, et se décharge sur eux des plus grossières fonctions de la royauté
JUSTICEIl vaut mieux n'avoir pas la vue si bonne et si pénétrante dans la discussion de ses droits, de peur d'y découvrir trop de justice
LÉTHARGIECes dispositions et ces humeurs dont nous venons de parler, cette fièvre chaude de rébellion, cette léthargie de servitude viennent de plus haut qu'on ne s'imagine
LEURAvec leur froide et leur pesante sagesse
LICENCIEREt les politiques qui se sont le plus licenciés.... ont estimé toute sorte de sujétion.... peu compatible avec la royauté
LIEUIls [les lâches conseillers] étalent de grands lieux communs sur les louanges de la paix et du repos
MAINQuand le doigt de Dieu paraît, il faut qu'il fasse peur à la main des hommes
MALADENous sommes dans la corruption des siècles et dans la caducité de la nature ; tout est faible, tout est malade dans les assemblées des hommes
MALSAGELa fortune est à peu près de l'humeur de ces princesses malsages [qui ont de l'amour pour un nain ou un Maure] ; elle choisit d'ordinaire le plus laid et le plus mal fait
MANGERLorsqu'un roi mange son peuple jusques aux os et qu'il vit en son État comme en terre d'ennemi
MAXIMELeurs maximes de feu et de sang assurent et fortifient la malice, quand elle est encore craintive et douteuse
MÊMEEt le désordre qu'il endure lui est imputé devant Dieu tout de même que s'il le faisait
MESSÉANT, ANTEIl n'est pas messéant de craindre la perte d'une chose précieuse
MONDEIl fait voir que la vertu de Caton était de l'autre monde et non pas de celui-ci
MONTREVoilà une petite montre de ce grand commerce de friperie que l'on exerce à la cour
MOQUEUR, EUSEIl y a encore des vers moqueurs que fit le poëte Claudien contre l'eunuque Eutropius, consul et patrice de l'empire
MORDRELeurs louanges mordent, leurs caresses égratignent
MORE ou MAUREUn plaisant de ce temps-là lui fit accroire [à un chancelier ignorant] que la Morée était le pays des Mores
MORTQuand il [le livre de l'Apocalypse] les condamne tous [les timides] à la seconde mort, à cette mort si terrible et si étrange, à ce lac ardent de feu et de soufre
MURAILLEIls [des gens opiniâtres] sont faits tout d'une pièce ; et, s'il est question de passer par quelque ouverture difficile, au lieu qu'ils doivent baisser la tête, il leur faudrait hausser la muraille
NÉGATIF, IVECette humeur aduste imprime sur leur front une négative perpétuelle, avec laquelle ils vont étouffer les prières jusque dans le coeur des suppliants
NÉGATIF, IVE.. par une ferme et constante négative, brisera tous leurs filets et toutes leurs ruses
NOIR, OIREUne paix sanglante et cruelle, noire de deuil et de funérailles
NONLe mérite n'y a point de part, non pas même le mérite de la race
OBJETIls n'assurent quoi que ce soit, n'oseraient jurer qu'il soit jour en plein midi, ne sont point certains si les choses qu'ils voient sont objets ou illusions
OBLIGEREt comme il y a certains maladroits qui choquent les visages qu'ils veulent baiser, eux de même ne sauraient obliger qu'en désobligeant
OFFENSERS'étant saisis de la puissance souveraine.... ils en usent comme les enfants se servent de leurs couteaux, qui s'en blessent le plus souvent, et en offensent leurs mères et leurs nourrices
OFFICELe plus qu'il [un prince] pouvait, c'était de recommander ses serviteurs à son favori, et de faire office pour ceux qu'il aimait
OFFICIEUX, EUSEAinsi la cruauté [chez le courtisan calomniateur] fait la douce, et paraît officieuse et bienfaisante
ORAISONEt afin qu'il [un calomniateur] soit cru charitable, dans le moment même qu'il assassine, il ne tue personne dont premièrement il ne fasse l'oraison funèbre
PAIR, AIREElle tirera particulièrement hors du pair et mettra au-dessus de toutes choses la personne de monseigneur le duc d'Orléans
PARFUMÉ, ÉEEnvoyez-lui son aveu [un écrit où le prince avoue en général tout ce qu'il a fait] aussi avantageux qu'il le pourra désirer.... qu'il soit écrit en papier doré, qu'il soit tout peint et tout parfumé de ses louanges
PASSIONIls ne peuvent tirer de leur âme leur raison toute simple et toute pure, sans la mêler dans leurs passions
PATIENCEIl [le prince qui se laisse dominer par un favori] ne saurait exercer une plus lâche patience, ni être malheureux plus honteusement
PEIGNERElle [l'histoire de l'empire d'Orient] nous montre de misérables eunuques qui n'avaient appris qu'à peigner des femmes et à filer, érigés tout d'un coup en chefs de conseil et en capitaines généraux
PENCHERIls [certains favoris] aiguisent ce qui coupe, ils précipitent ce qui penche, ils encouragent les violents
PÉNÉTRATIONLa connaissance des choses passées, la pénétration dans celles de l'avenir
PÉNITENT, ENTENe pouvant parvenir à la première gloire de la vertu, qui serait de ne point faillir, ils négligent la seconde, qui est de savoir rhabiller ses fautes ; ne pouvant être parfaits, ils ne veulent point être pénitents
PÉRILCe vieux oracle rapporté par Aristote, qu'il faut appeler le péril au secours du péril, et sortir d'un mal par un autre mal
PHAÉTHON[Gouverner sans avoir appris à gouverner] c'est bien faire le Phaéthon en ce monde, et dispenser inégalement la lumière et la chaleur sur la face de la terre ; c'est courir fortune d'en brûler une partie et de laisser geler l'autre
PIÈCEAu moins peut-on dire que, ayant pris la place, ils défont les travaux pièce à pièce
PIPERIEVoilà une petite montre de ce grand commerce de piperie que l'on exerce à la cour
PIQUERIl est impossible de s'approcher d'eux [des gens mal gracieux] sans se piquer
PISAu pis aller, on se justifie en accusant la fortune
PLÂTREUn homme de cette sorte est un savant artisan de calomnies, il ne manque jamais de plâtre ni de couleurs
PLUSVoici quatre paroles sans plus, pour opposer à tout le babil de cette insolente politique
POÉTIQUEMENTPlaton philosophe poétiquement, et mêle la fable dans la théologie
POLIRUn homme de cette sorte est un savant artisan de calomnies.... il sait préparer et polir admirablement les mauvais offices
POMMEAULe pommeau de son épée lui servait de sceau et de cachet
PORTIER, IÈREtant qu'il vous plaira ; mais bons ministres et bons courtisans, je ne l'accorde pas de la même sorte
POSTUREJe conclus que les affaires ont des jours, des biais et des postures qui ne se voient et ne se remarquent que dans les affaires
POUSSERDe cette sorte, sans faire de hautes exclamations, il [un courtisan calomniateur] persuade une âme timide, et pousse la crainte dans la cruauté
PRÉVALOIRSi la mollesse de leurs conseils ne prévaut pas toujours à la vigueur et aux bonnes inclinations de leur maître
PRISENe décernez point de prise de corps contre ce coupable qui a une armée pour se défendre de vos sergents
PROBITÉUne probité passionnée, indocile, impétueuse, qui suit plutôt la fougue de la nature que la discipline de la raison, qui a plus de courage que d'adresse
PROCHERegardez, Sire, lequel des deux vous est le plus proche, ou votre État ou votre personne
PRODUIREQu'il y a loin des paroles à la chose, et que ce n'est pas tout un de produire que de concevoir, d'exécuter que de discourir !
PROFUSIONElle [la fortune] fait des profusions et ne paye pas ses dettes
PROPOSITIONEn cet état-là [de lâches conseillers], on n'est pas seulement capable de la proposition du bien difficile
PROPRIÉTAIREComme ils [nos ancêtres] n'ont pas fait la couronne élective en faveur d'eux-mêmes, ils ne l'ont pas voulu rendre propriétaire en faveur du roi, ni la lui commettre si absolument qu'il fût en sa puissance d'instituer un héritier
PYRAMIDE....Cet artisan si fameux dans l'histoire d'Alexandre... il trouva les colosses petits et les pyramides basses : il voulut tailler une statue qui dans une de ses mains porterait une ville et verserait une rivière de l'autre
QUIIls cherchèrent la source du mal, qui d'un côté, qui d'un autre, et pas un ne la trouva
RAFFINERLes favoris ignorants sont en perpétuel danger de se perdre et de perdre leur pays, lors même qu'ils ont raffiné leur ignorance par l'usage de la cour
RAFFINEURLes raffineurs présument avantageusement d'un homme qui est souvent moins que médiocre
RAMEDes gens de néant s'emparer de la conduite des grands États, et s'asseoir au timon, bien qu'ils ne dussent être qu'à la rame
RÉCOMPENSEIl n'est pas possible de leur faire prendre récompense d'une chose, quand elle est perdue ; ils veulent le même, non le semblable
RÉFLEXIONQue le prince envoie tant qu'il lui plaira une réflexion de sa grandeur sur les sujets qui ont trouvé grâce devant ses yeux, qu'il leur communique des rayons de sa puissance
REGARDERDes lieux obscurs où les mauvais exemples, n'étant pas si regardés, ne sont pas si dangereux
RÉGIONTel est le procédé de ces sages dans l'administration de l'État et dans la haute région du ministère
RÉGULARITÉQuelle malheureuse régularité, pour vouloir aller tout droit, de ne se détourner pas d'un abîme ?
RELÂCHEMENTIls ne connaissent point ces relâchements, ces ajustements comme on parle aujourd'hui en Italie, ce nécessaire milieu dont on a besoin pour conclure les marchés avec les particuliers, à plus forte raison les traités de paix entre les princes
REMÈDENe touchez pas à des maux qui découvriront l'impuissance des remèdes
REMPARER (SE)Voyez comme ils se remparent d'une sévérité affreuse et inaccessible
REMUERIl [un politique] avait trop de ce qui élève et qui remue, et trop peu de ce qui fonde et qui affermit
RENDREJe ne pus m'empêcher de lui répondre [à un seigneur qui hésitait à se lancer dans un hasard] : vous devez tant à la fortune, vous avez tant reçu d'elle ; ce ne sera pas lui donner beaucoup, ce ne sera que lui rendre quelque chose
RENDRELes péchés véniels où ils ont trouvé cette jeune âme rendant du combat et faisant de la résistance....
RENFERMÉ, ÉEIl peut venir des malheurs du ciel et de dessous terre : un éclat de foudre peut ruiner les matériaux ; un vent renfermé peut faire sauter le travail en l'air
RENONCEMENTIl n'est point d'exemple d'une volonté plus soumise et d'un plus parfait renoncement de soi-même
RENTES'il [le prince] ne veut plus que sa bonté soit une rente et un revenu certain aux rebelles, s'il se lasse d'épuiser ses coffres pour soudoyer les armées de ses ennemis....
RÉPARATIONCe sentiment si subtil et si délicat des injures qu'on a reçues n'est pas une chose bien commode quand il s'agit de la réparation qu'on en veut avoir
REPRÉSENTATIONPour de telles pièces [certains plans chimériques de politique] il n'y a point d'acteurs en toute l'Europe ; la représentation en serait difficile au roi de Perse, et ils prennent pour cela le prince de la Mirande
RÉPUTATIONIl [un calomniateur] blâme avec des éloges, et non pas avec des invectives ; en apparence il rend témoignage au grand mérite, et en effet il donne [au prince] des soupçons de la grande réputation
RÉSERVERIl ne se peut pas dire qu'ils [les égoïstes] aient de mauvais desseins contre l'État, et qu'ils en désirent la ruine ; ils se réservent seulement leurs premières et leurs plus tendres affections
RESPECTERIls n'ont point appréhendé de tomber dans la haine pour éviter le mépris ; ils se sont fait craindre, ne pouvant se faire respecter
RESPECTERRespectez ces fatales maladies qui sont envoyées d'en haut, et où il se remarque quelque chose d'étranger et d'inconnu
RESPIRATIONLa multitude des soins qui leur viennent de toutes parts [aux rois] ne leur laisserait pas la respiration libre ; la foule des affaires les étoufferait....
RESSORTLes grands événements ne sont pas toujours produits par les grandes causes ; les ressorts sont cachés, et les machines paraissent ; et, quand on vient à découvrir ces ressorts, on s'étonne de les voir si faibles et si petits
RESSOUVENIRSur quoi, me ressouvenant que la croix de Jésus-Christ avait pris la place des aigles romaines, et qu'alors les empereurs étaient devenus domestiques de la foi et membres de l'Église
RESTES'il est arrivé que la république soit demeurée ferme sous telles puissances faibles, elle était peut-être obligée de son repos aux bons et solides fondements qui avaient été posés de longue main ; ce n'était pas tant un fruit du gouvernement présent que les restes de l'heureuse conduite du passé
RESTITUTIONSi le roi [Philippe de Macédoine] vous [à vous Athéniens] veut rendre l'île [de Samothrace] et que le mot de rendre soit porté par le traité, je vous conseille de la recevoir ; mais non pas, s'il prétend de vous la donner, et s'il appelle bienfait la restitution de ce qui a été usurpé sur vous
RÉVÉLATIONQuoique ce ne soit pas la coutume de savoir les affaires par révélation et qu'il faille les apprendre par expérience
RHABILLERIls négligent la seconde gloire de la vertu, qui est de savoir rhabiller ses fautes
RHÉTORICIENIls [les lâches conseillers] emploient tout l'art des rhétoriciens à lui exagérer [au prince] les misères de la guerre
RODOMONTADEElle [une favorite] répondit avec une fierté digne de sa nation [espagnole] et du pays d'où nous sont venues les rodomontades....
ROMANLes spéculatifs composent des romans dans les conseils, et font des propositions à peu près semblables à celles de cet artisan....
ROUTECes spéculatifs qui visent d'ordinaire au delà du but, qui quittent les chemins pour prendre les routes, qui s'égarent pour arriver plus tôt où ils vont
SACREMENTContentons-nous quelquefois du sens littéral ; ne cherchons pas un sacrement sous chaque syllabe et sous chaque point
SARABANDETelles gens s'introduisent ordinairement à la cour par des moyens bas et quelquefois peu honnêtes ; ils doivent quelquefois le commencement de leur fortune à une sarabande bien dansée, à l'agilité de leur corps et à la beauté de leur visage
SARBACANEIls [les favoris] lui font entendre [au prince], par diverses sarbatanes, que ses prédécesseurs, qui n'étaient pas plus puissants que lui, ont bien fait de plus grandes créatures
SÉANT, ANTEIls ont pensé que l'orgueil était bien séant à la dignité
SEC, SÈCHEAinsi la cruauté.... paraît officieuse [dire du mal de quelqu'un en paraissant le louer, s'intéresser à lui].... pire mille fois que la médisance toute sèche
SECOND, ONDECe sont [les esprits de premier ordre] les seconds des Alexandres et des Césars ; ils soulagent le prince dans ses grands travaux....
SEMBLERCe qui vous semble ne les persuade pas, et ils n'ont pas d'oreilles pour nos remontrances
SÉPARERIls ne se peuvent séparer des affaires, pour les regarder avec quelque liberté de jugement
SEPTENTRIONEn certaines occasions, prenons une âme du septentrion, où il entre plus de terre que de feu, et quittons cet esprit d'orient dont le feu est si subtil qu'il semble plutôt être illusion que vérité
SIFFLERUn docteur politique qui les a sifflés, et qui leur a mis dans la tête cinq ou six mots de notre Tacite.... leur a recommandé le secret ou la dissimulation
SINGULARITÉIls ne se rendent ni à la raison évidente, ni à la coutume établie, ni à l'usage reçu ; ils opposent la singularité de leur opinion au consentement des peuples et à la foule des exemples
SOBREIls eussent appelé Jules César ivrogne une heure après avoir dit de lui qu'un sobre était venu ruiner la république
SOLIDITÉVous voyez que de grands personnages se sont amusés à des vétilles, et que celui-ci [Démosthènes, conseillant de refuser une île, si le traité portait : donner et non rendre] faisait plus de cas de la vanité du mot que de la solidité de la chose
SOLITUDEIl n'y a que lui [Dieu] qui, étant riche de sa propre essence, jouisse d'une solitude bienheureuse et abondante en toutes sortes de biens
SOT, OTTEParce que Junius Brutus contrefit le sot, ils ont eu de la défiance de tous les sots ; ils se sont figuré que tous les niais imitaient Brutus
SOTTISEQue cela me fait de bien, me disait autrefois un excellent homme, de voir que les héros ont fui, que les sages ont fait des sottises !
SOUFFLEUR, EUSEIl y a toujours eu des alchimistes et des souffleurs qui ont distillé les choses humaines ; qui ont donné plus de liberté qu'ils ne devaient à leurs conjectures et à leurs soupçons
SOÛL, OÛLEBon dieu ! combien sont-ils [certains favoris] ingénieux à inventer de nouveaux plaisirs à une âme soûle et dégoutée !
STÉRILETemps aveugles et pleins de ténèbres, malheureux en princes et stériles d'hommes
SUBALTERNEUne fois en notre vie servons-nous de la liberté de notre jugement, qui ne doit pas toujours être subalterne de celui des Grecs et des Romains
SUBTILEMENTParlons moins subtilement et d'une manière plus populaire
TALONFaites difficulté après cela [des exemples pris à l'histoire] d'ôter de votre chemin un homme qui vous presse dans le monde et qui vous marche sur les talons
TIREUR, EUSEAppelons-les, s'il vous plaît, des tireurs d'essences ; ils mettent leurs avis à l'alambic...
TOUT, TOUTEN'usez pas de toute votre raison, ne soyez pas tout intelligence et tout lumière
TRANCHÉEC'est alors que l'âme est dans le travail et dans les tranchées de l'enfantement
TRIOMPHATEURQue dirons-nous de ces lâches courtisans qui sont les triomphateurs et n'ont pas été les victorieux, qui jouissent, dans l'oisiveté, des peines et des sueurs des grands capitaines ?
TROMPERIEN'est-ce pas une erreur sérieuse et délibérée, une tromperie de bonne foi faite à soi-même par soi-même ?
TROUVERLe malheur est qu'ils ne sont jamais absents de leur intérêt non plus que d'eux-mêmes ; ils se trouvent en quelque lieu qu'ils jettent la vue
UN, UNEChaque particulier n'est pas assez de n'être qu'un, s'il n'essaye de se multiplier en quelque sorte par le secours de plusieurs
VÉTILLEVous voyez par là que les grands personnages se sont amusés à des vétilles
VIOLEMENTElles ont pris leur plaisir et leur passe-temps du violement de la justice
VITEIl ne se pouvait voir de raisonnement plus vite, ni qui courût plus de pays, ni qui revînt plus difficilement au logis

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