Définition de FIER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : fi-é

DÉFINITIONS

1
Commettre à la foi de quelqu'un. Je lui fierais tout ce que j'ai au monde.
Ciel ! à qui voulez-vous désormais que je fie Les secrets de mon âme et le soin de ma vie ?
Je vous fie son salut en toute assurance
Sémantique : Fig.
Cher prince, dont je n'ose en mes plus doux souhaits Fier encor le nom aux murs de ce palais
2
Se fier, Nature : v. réfl. Mettre sa confiance.
Souvent qui trop se fie aussi trop se hasarde
Se fier à quelqu'un ou à quelque chose, s'assurer sur quelqu'un ou sur quelque chose.
Le plus sûr est, ma foi, de se fier à nous
Il me semble qu'on peut se fier à vos paroles
Je jurai de ne me plus fier aux physionomies
Osée, roi d'Israël, s'était fié au secours de Sabacon
Quoi ! Narcisse, tandis qu'il n'est point de Romaine.... Qui, dès qu'à ses regards elle ose se fier, Sur le coeur de César ne les vienne essayer
Vous fiez-vous encore à de si faibles armes ?
Ne pas se fier à ses oreilles, ne pas croire ce qu'on entend.
À peine je me fie encore à mes oreilles
Ne pas se fier à ses yeux, ne pas croire ce qu'on voit.
Se fier à quelqu'un de quelque chose, avoir confiance en quelqu'un pour cette chose.
Il y a d'autres esprits d'une plus haute élévation, à qui il [le prince] peut se fier de plus importants emplois et donner une plus noble part en ses desseins
Personne À qui de mon secret je m'osasse fier
Harpalus à qui le roi s'était fié de la garde des trésors
de Claude Favre de VAUGELAS dans Q. C. 554
Seigneur, voulez-vous bien vous en fier à moi ?
S'ils voulaient se fier à la compagnie [au sénat de Rome] de la réparation
Fiez-vous aux Romains du soin de son supplice
Ce n'eût pas été au comte de Melford qu'on se fût fié d'un dessein de cette importance
Se fier en, mettre sa confiance.
Ma volonté ne se fie pas en ma mémoire des choses de cette importance-là, et elle me représente à toute heure que j'ai cela à faire, jusqu'à ce qu'il soit fait
Qu'ils [les lecteurs] repassent si longtemps et si souvent cette considération [l'incertitude des sens] en leur esprit, qu'enfin ils acquièrent l'habitude de ne plus se fier si fort en leurs sens
de René DESCARTES dans Rép. aux secondes object. 67
Je vous manderai toujours sincèrement comme je suis ; fiez-vous en moi
Se fier sur, compter sur.
Il se fiait assez sur la modération de ce prince et sur sa propre grandeur pour ne rien craindre de sa part
de PERROT D'ABLANCOURT dans Tacite, 174
Ma foi, sur l'avenir bien fou qui se fiera
Et lorsque avec frayeur je parais à vos yeux, Que sur mon innocence à peine je me fie
Sur l'avenir insensé qui se fie
Je sais vous estimer autant que je vous aime, Et sur votre vertu me fier à vous-même
Se fier de quelqu'un, compter sur lui (tournure qui a vieilli).
Aspathine et Gobrias, les premiers des Perses et de qui plus il se fiait [Otanès]
On ne dit plus aujourd'hui celui dont ou duquel je me fie, ni la personne de laquelle je me fie, il faut dire : celui en qui ou à qui je me fie
dans Acad. Observ. sur Vaugelas, p. 556, dans POUGENS
Fiez-vous-y, se dit par antiphrase pour avertir quelqu'un de ne pas se fier à une personne ou à une chose.
Oui, fiez-vous-y, à cette physionomie si prévenante, qui disparaît un quart d'heure après, pour faire place à un visage sombre
Sémantique : Fig. Nage toujours et ne t'y fie pas, se dit pour faire entendre qu'il faut s'aider soi-même, sans trop compter sur autrui.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Et Olivier en qui il tant se fiet
dans Ch. de Rol. XLIII
2
XIIe s.
Fiez la moi
dans ronc. p. 31
Dame, fait-il, ce vous puet moult grever, Que [vous] vous fiés en vostre seigneurage
de QUESNES dans Romancero, p. 109
3
XIIIe s.
Tant je me fie à sa grant loiauté, Jà pour autre [elle] ne me devra guerpir
de LE COMTE D'ANJOU dans Romanc. p. 124
Car trop en sa biauté se fie Qui atent que fame le prie
dans la Rose, 7689
4
XVe s.
Les compaignons de qui il se fioit le plus
Mais jà pour ce trop ne vous y fiez ; C'est tout neant des choses de ce monde
de Eustache DESCHAMPS dans Néant du monde
... tel court est ; foulz s'i fie ; ... C'est la destruction D'ame et de corps ; adieu, court, je te lesse
de ID. dans De l'intérieur des cours
Je laisse faire à mon conseil, je me fie en eulx
de Philippe de COMMINES dans II, 6
Pour ce que de tous points ne se fyoit point de ses gens d'armes
de Philippe de COMMINES dans IV, 4
5
XVIe s.
Je me fie ayséement à la foy d'aultruy
de Michel de MONTAIGNE dans I, 26
Fier une chose à quelqu'un
de Michel de MONTAIGNE dans I, 27
Je me feusse plus volontiers fié à luy de moy, qu'à moy
de Michel de MONTAIGNE dans I, 214
Le duc se fiant [comptant] qu'on n'auroit pas touché à sa bouteille
de Michel de MONTAIGNE dans I, 253
Et duquel il s'estoit toujours fié
de Michel de MONTAIGNE dans III, 304
En trop se fier a danger
de GÉNIN dans Récréat. t. II, p. 238
Qui ne se fie n'est pas trompé
de Antoine LE ROUX DE LINCY dans Prov. t. II, p. 399
De qui je me fie, Dieu me garde
de Randle COTGRAVE dans
Souvent femme varie, Est bien fou qui s'y fie
de FRANÇOIS I dans
La nef qui disjoint nos amours N'aura de moi que la moitié ; Une part te reste, elle est tienne ; Je la fie à ton amitié, Pour que de l'autre il te souvienne
de MARIE STUART dans Adieux à la France.

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. fiar, fizar ; espagn. et portug fiar ; ital. fidare ; verbe roman formé du latin fidus, qui se fie (voy. FOI).

Synonymes de FIER