Définition de POLIR

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : po-lir

DÉFINITIONS

1
Rendre uni et luisant à force de frotter.
On polit l'émeraude, on tailla le rubis
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Ép. IX
C'est en polissant les plâtres à l'huile, qu'on leur donne un lustre presque aussi brillant que celui d'un beau marbre
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Min. t. II, p. 55
De temps immémorial, les Chinois et surtout les Japonais savent travailler et polir l'acier en grand et petit volume
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Hist. min. Introd. part. expos. Oeuv. t. VII, p. 259
Sémantique : Fig.
Artistes ou plutôt artisans malheureux, dont le sort est de refroidir tout ce qu'ils touchent, et d'user tout ce qu'ils polissent
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Élog. Despréaux
2
Sémantique : Fig. Orner l'esprit, adoucir les moeurs.
Il y a toujours dans cette nation de barbares [les Français] deux ou trois mille personnes très aimables, d'un goût délicat et de très bonne compagnie, qui à la fin poliront les autres
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Dict. phil. Supplices
Il se dit aussi de la langue.
Il se peut que les Arabes aient poli leur langue
de Denis DIDEROT dans Opin. des anc. phil. (Arabes)
3
Rendre civil, donner les manières de la politesse.
On polit un homme de robe, on apprend à vivre à un abbé, on met un jeune homme dans le monde
de Florent Carton, sieur d'Ancourt, dit DANCOURT dans Été des coq. SC. 1
Sémantique : Fig.
Un homme de cette sorte est un savant artisan de calomnies.... il sait préparer et polir admirablement les mauvais offices
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans De la cour, 5e disc.
4
Sémantique : Fig. Mettre la dernière main à un ouvrage d'esprit.
Vous me dites fort plaisamment que vous croiriez m'ôter quelque chose en polissant vos lettres ; gardez-vous bien d'y toucher, vous en feriez des pièces d'éloquence
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 145
Si, deux jours seulement libre du jardinage, Devenu tout à coup poëte et bel esprit, Tu t'allais engager à polir un écrit
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Ép. X
L'autre en vain se lassant à polir une rime
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Disc. au roi
5
Se polir, Nature : v. réfl. Devenir uni, luisant. Un corps qui se polit par le frottement.
6
Se rendre à soi-même le poil luisant.
Les écureuils se peignent et se polissent avec les mains et les dents
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Écureuils.
7
Se dit des moeurs qui s'adoucissent et des esprits qui s'ornent.
On voit les lois s'établir, les moeurs se polir, et les empires se former
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. I, 2
Il en repartit quelque temps après pour voyager, selon la coutume de sa nation, qui croit avoir besoin du commerce des autres pour se polir, et qui en doit parvenir d'autant plus aisément à se rendre plus polie qu'elles
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Tschirnhaus.
On voit, lettre LVII [de Sénèque], que la langue latine s'était appauvrie, comme la nôtre, en se polissant
de Denis DIDEROT dans Claude et Nér. II, 20

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Atant i vint une [dame] jolie, Qui biele estoit et bien polie
dans Lai d'Ignaurès
Le front poli et clair, les oils vairs et rians
dans Sax. V
2
XIIIe s.
Mais li felon plein de rage Sevent [savent] si biau leur langage Et leur mos polir, Qu'on ne sait choisir [discerner] Li quels a loial corage
de MÄTZNER dans p. 53
En son miroer perdurable, Que nus [nul], fors li, ne set polir
dans la Rose, 17673
3
XVe s.
Lors le roy.... print son escu que portoit l'un de ses escuyers et son glaive, et après se polit et acoustra de ses armes
dans Perceforest, t. I, f° 27
4
XVIe s.
Au dedans c'estoit l'ame la plus polie du monde
de Michel de MONTAIGNE dans I, 147
Par une pente doulce et polie
de Michel de MONTAIGNE dans I, 176
Tharrytas, ayant le premier poly les villes de son païs, et orné de lettres grecques, loix et coustumes civiles
de Jacques AMYOT dans Pyrrh. 2

ÉTYMOLOGIE

1
Prov. polir ; espagn. pulir ; ital. pulire ; du lat. polire.

Synonymes de POLIR

Termes proches de POLIR