Définition de RESPECTER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : rè-spè-kté

DÉFINITIONS

1
Porter respect, honneur.
Ils n'ont point appréhendé de tomber dans la haine pour éviter le mépris ; ils se sont fait craindre, ne pouvant se faire respecter
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans De la cour, 2e disc.
Le pape saint Léon, plus puissant qu'Aétius et que les armées romaines, se fit respecter par ce roi barbare et païen [Attila], et sauva Rome du pillage
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. I, 11
Respectez, leur disait-il [saint Grégoire de Nazianze, aux princes], votre pourpre, respectez votre puissance qui vient de Dieu, et ne l'employez que pour le bien
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Mar.-Thér.
M. de Montausier fut respecté parce qu'il était juste, aimé parce qu'il était bienfaisant, et quelquefois craint parce qu'il était sincère et irréprochable
de Esprit FLÉCHIER dans Duc de Mont.
Notre joie insulterait au peuple, qu'il faut respecter sans le craindre
de Françoise d'Aubigné, marquise de MAINTENON dans Lett. au duc de Noail. 13 juin 1710
Pourquoi donc voulez-vous que par un sot abus Chacun respecte en vous un honneur qui n'est plus ?
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. V
Le latin dans les mots brave l'honnêteté ; Mais le lecteur français veut être respecté
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. II
Sur d'éclatants succès ma puissance établie A fait jusqu'aux deux mers respecter Athalie
de Jean RACINE dans Ath. II, 5
Non, non : d'un ennemi respecter la misère, Sauver des malheureux, rendre un fils à sa mère.... Seigneur, voilà des soins dignes du fils d'Achille
de Jean RACINE dans Andr. I, 4
Quoi, l'histoire ne doit-elle pas respecter les rois ? - Commines : Les rois ne doivent-ils pas respecter l'histoire et la postérité ?
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Dial. des morts mod. (Louis XI, Commines).
Nous respectons les décisions du monde
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Panégyr. St Étienne.
Encore M. Delisle avait-il jugé à propos de respecter jusqu'à un certain point les préjugés établis, et de n'user pas, à toute rigueur, du droit que lui donnaient ses découvertes
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Delisle.
Si César n'avait point eu le gouvernement de la Gaule transalpine, il n'aurait point corrompu ses soldats, ni fait respecter son nom par tant de victoires
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Rom. 11
Opinion publique ! Des actions des rois maîtresse tyrannique ! Idole méprisable, et qu'il faut respecter
de P. LEBRUN dans Marie St. IV, 8
2
Sémantique : Fig. Ne point toucher à, ménager, ne point interrompre.
Respectez ces fatales maladies qui sont envoyées d'en haut, et où il se remarque quelque chose d'étranger et d'inconnu
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans De la cour, 6e disc.
Adieu, ma très chère.... respectez votre côté, respectez votre tête, on ne sait où courir
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 19 avr. 1689
Moi-même, résistant à mon impatience, Et respectant de loin leur secret entretien, J'ai longtemps, immobile, observé leur maintien
de Jean RACINE dans Bajaz. III, 2
Cet arbre.... que la hache du laboureur a toujours respecté
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. XXIII
Il comptait tranquillement combien il lui restait encore de jours à vivre, et enfin, au dernier jour, combien d'heures ; car cette raison qu'il avait tant cultivée fut respectée par la maladie
de Bernard le Bouyer de FONTENELLE dans Carré.
Il se dit aussi des personnes en un sens analogue.
Jadis Priam soumis fut respecté d'Achille
de Jean RACINE dans Andr. III, 6
3
Se respecter, Nature : v. réfl. Agir de manière à conserver l'estime de soi-même.
Sa plus grande fierté [de Mme de Grancey] consistait à se respecter soi-même, à ne rien faire dont elle pût rougir en secret
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Facét. Femm. soy. soum.
Le premier des devoirs est de se respecter
de Casimir DELAVIGNE dans la Pop. IV, 2

HISTORIQUE

1
XIe s.
Rois à corone ne doit estre loié [lié] ; Mès por avoir [argent] iert [sera] mes cors respeitié
dans li Coron. Looys, V. 1314
2
XVIe s.
Respectant et craignant sa raison et sa conscience, si qu'il ne puisse sans honte bruncher en leur presence
de Michel de MONTAIGNE dans I, 279

ÉTYMOLOGIE

1
Respect. L'ancienne langue avait respiter, mais qui voulait dire : donner répit.

Synonymes de RESPECTER

Termes proches de RESPECTER