Définition de PENCHER

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : pan-ché

DÉFINITIONS

1
Faire que quelque chose ne soit pas droit, perpendiculaire.
Si Alexandre penche la tête, ses courtisans penchent la tête
Les arbres fruitiers, en penchant leurs rameaux vers la terre, semblent offrir leurs fruits à l'homme
Sémantique : Fig.
(Un juge) Penche la balance inégale, Et tire d'une urne vénale Des arrêts dictés par Cypris
2
Sémantique : Fig. Produire dans l'âme un mouvement comparé à un penchement.
Non qu'une folle ardeur de son côté me penche
Dieu répand dans l'âme quelque chose qui la penche vers la chose commandée
Pour sentir évidemment notre liberté, il en faut faire l'épreuve dans les choses où il n'y a aucune raison qui nous penche d'un côté plutôt que d'un autre
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Lib. arb. 2
3
Nature : V. n. Être hors de son aplomb, de la ligne perpendiculaire.
Indépendamment des collines calcaires.... il y en a grand nombre d'autres qui ont penché par différents accidents, et dont toutes les couches sont fort inclinées
Cette balance, chargée de cinquante livres de chaque côté, penchait assez sensiblement par l'addition de vingt-quatre grains, et chargée de vingt-cinq livres, elle penchait par l'addition de huit grains seulement
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Hist. min. Introd. part. exp. Oeuv. t. VI, p. 14
Ton front bientôt flétri penchera vers la terre
Sémantique : Fig.
C'est de son côté [du P. Bouhours, dans une querelle avec Ménage] que le ridicule penche
Faire pencher une balance, ajouter dans un des plateaux quelque chose qui le fait descendre.
Sémantique : Fig.
Vous vous êtes persuadés que celui qui peut jeter des masses d'or dans la balance de la justice, la fait pencher à son gré
4
Sémantique : Fig. S'incliner, s'affaisser comme fait ce qui penche.
Quoiqu'elle penche sur son déclin, il faut avouer qu'elle a encore des attraits
Ils [certains favoris] aiguisent ce qui coupe, ils précipitent ce qui penche, ils encouragent les violents
....La fragilité [du pécheur]... n'a jamais, de soi, que le néant pour terme ; Elle y penche, elle y glisse, elle y tombe aisément
Elle [la synagogue] penchait visiblement à sa ruine
Cependant Claudius penchait vers son déclin
La démocratie qui penche à l'anarchie
5
Sémantique : Fig. Être porté à.
Songez que dans ma main j'ai le pouvoir suprême, Qu'entre Othon et Pison mon suffrage incertain, Suivant qu'il penchera, va faire un souverain
À l'exception d'un petit nombre de sénateurs qui... n'étaient pas vendus à l'injustice, tout le reste pencha du côté de Jugurtha
Ce bon naturel qui vous fait pencher du côté de la vertu
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Impén.
Quel est le poids qui fait encore pencher le coeur ?
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Avent, Disp.
Pencher vers quelqu'un ou vers quelque chose.
Car enfin c'est vers toi que penche la nature
C'est toi dont l'ambassade, à tous les deux fatale, L'a fait pour son malheur pencher vers ma rivale
Et toujours tous les coeurs penchent vers Bajazet
Pencher pour.
Osmin a vu l'armée, elle penche pour vous
Vous penchiez pour quelqu'un ; j'en suis fâché pour vous ; Pourquoi tardiez-vous tant à me le venir dire ?
Pencher à, être porté vers quelque chose.
Le respect qui pourrait m'empêcher De combattre un avis où vous semblez pencher
Agis donc fortement, et fais-toi violence, Pour te soustraire au mal où tu te vois pencher
Cette princesse penchait au judaïsme
Mon naturel penchait à la mollesse
Pencher a, avec un verbe à l'infinitif.
Et [je] penche d'autant plus à lui vouloir du bien, Que, s'en voyant indigne, il ne demande rien
Ils penchent à aimer le vice
6
Se pencher, Nature : v. réfl. S'incliner.
Dès qu'il fut entré, Maxime, se levant de son trône, se pencha vers lui pour lui donner le baiser
Les fleurs croissent à nos pieds, et il faut au moins se pencher pour les cueillir

REMARQUE

1
1. L'Académie, dans ses Sentiments sur le Cid, remarque : De son côté me penche ; il fallait dire me fasse pencher. Ce verbe n'est point actif, mais neutre. L'Académie se trompait ; les meilleurs écrivains emploient pencher à l'actif, en parlant des actes moraux.
2
2. Pencher, v. n. se construit avec l'auxiliaire avoir : il avait penché pour un tel. Il se construit rarement avec l'auxiliaire être, et alors il se confond avec le passif de pencher, v. a.

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Si que li cors ne penge de nule part
de ALEBRANT dans f. 29
Li enquesteur, ne li auditeur, ne li juge, ne li arbitre ne sunt pas loial, qui se penchent plus d'une partie que d'autre
de Philippe de BEAUMANOIR dans XL, 22
2
XVIe s.
Vice vers lequel je penche evidemment de ma complexion
de Michel de MONTAIGNE dans II, 42
Cette aysée, doulce et penchante voye, n'est pas celle de la vraye vertu
de Michel de MONTAIGNE dans II, 117
Ils leur enseignent à ne se pancher pas en avant quand ils cheminent
de Jacques AMYOT dans Que la vertu se peut apprendre, 7

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. pengar, penjar ; catal. penjar ; d'une forme non latine pendicare, dérivée de pendere (2ème e long), être suspendu.

Synonymes de PENCHER

Termes proches de PENCHER

Phonétiquement proche de PENCHER