L'oeuvre De la sagesse de Pierre CHARRON
Ecrit par Pierre CHARRON
Date : 1601
Citations de "De la sagesse"
Pages 1
Utilisé pour le mot | Citation |
ABRUTIR | Elle abestit et abrutit toute la sagesse, resolution, prudence, et toute operation de l'ame |
ABSOLUMENT | Or le patron et la regle pour estre homme de bien, c'est ceste nature mesme qui requiert absolument que le soyons |
ACCIDENT | L'accident, et très leger, foule aux pieds la substance, et le vent emporte le corps, tant l'on est esclave de la vanité |
ACCOUTREMENT | Comme les accoutremens nous eschaufent, non de leur chaleur, mais de la nostre qu'ils conservent |
ACCUSABLE | Les troisiemes sont accusables et punissables |
ACÉRER | Il faut roidir son courage, affermir son ame, l'endurcir et acerer à jouir, sçavoir, entendre, juger toutes choses |
ACQUIS | Il est certain qu'en chose pareille le naturel vaut mieux que l'acquis |
ACQUIT | Personne n'estudie à vivre ; l'on s'occupe plus tost à toute autre chose ; l'on ne sauroit rien faire par acquit, sans soin et sans attention |
AFFINEMENT | L'affinement des esprits n'est pas l'assagissement |
AFFLIGER | Nous souspirons avec les affligés, compatissons à leur mal |
AFFUBLER | Generalement toutes les opinions superstitieuses dont sont affublés les enfans, femmes et esprits foibles |
AGENT | Celui qui hayt est patient ; le hay est agent, au rebours du son des mots |
AGILITÉ | Qui jette les hommes à la folie, à la manie, que la poincte, l'agilité et la force propre de l'esprit ? |
AGITATION | L'agitation est vrayement la vie de l'esprit et sa grace |
AGRANDISSEMENT | Jamais les plaisirs amoureux ne lui [César] firent perdre une heure du temps qu'il pouvait employer à son agrandissement |
ALIMENT | Les poursuites de l'esprit humain sont sans terme ; son aliment est doubte, ambiguité |
ALLÉGATION | Et qu'ils ne pensent me battre d'authorité, de multitude d'allegations d'autrui.... |
ALLÈGRE | La facilité subtile et alegre promptitude à faire toutes ces choses.... |
ALLUMETTE | Mais c'est au contraire : la honte sert d'aiguillon et d'allumette |
ALLUVION | L'on n'estime pas la grandeur d'une riviere de l'eau qui lui est advenue par une subite alluvion et desbordement des prochains torrents et ruisseaux |
AMADOUEMENT | L'autre plus ordinaire est par flatterie et amadouement ; car il ne lui faut pas resister tout ouvertement |
AMBIGUITÉ | Les poursuites de l'esprit humain sont sans terme ; son aliment est doubte, ambiguïté |
AMBITIEUSEMENT | Il se porte trop ambitieusement et chaudement en tout ce qu'il faict, à louer, s'offrir et servir |
AMBITIEUX, EUSE | Les serpens ne perdent pas leur venin pour estre engourdis par le froid ; ni l'ambitieux ses vices pour les couvrir par une froide dissimulation |
AMBITION | L'ambition, qui est une faim d'honneurs, est une bien douce passion qui se coule aisement es esprits plus genereux et ne s'en tire qu'à peine |
ANCIENNEMENT | Anciennement et auparavant Aristote, on mettoit difference entre le sens de la veue et les autres sens |
ANIMAL | De toutes les manieres de disposer des corps morts qui reviennent à cinq, sçavoir les donner aux quatre elements et aux ventres des animaux.... |
ANSE | Que toutes choses ont deux anses et deux visages, qu'il y a raison partout |
ANTICIPATION | Par anticipation, crainte et apprehension de l'advenir |
ANTICIPER | Le monde avec ses opinions anticipées et suppositions |
ANTINOMIE | Souldre et sortir d'une ambiguité, difficulté, antinomie |
APATHIE | Une apathie bestiale des ames basses et plattes du tout |
APHORISME | Les propositions et verités y sont espesses, mais souvent toutes seches et crues, comme aphorismes, ouvertures et semences de discours |
ARDEMMENT | C'est, au contraire du dire de Bias, entreprendre froidement, mais poursuivre ardemment |
ARMOIRIES | Comme les criminels poursuivis ont recours aux autels et sepulchres des morts, ainsi ceux-cy, destitués de tout merite, ont recours à la memoire et armoiries de leurs majeurs |
ARRÊTER | Les meridionaux sont melancholiques, et, par ainsi, arrestés, constans, contemplatifs, ingenieux |
ASSAGIR | Vieillir n'est pas assagir ny quitter les vices, mais seulement les changer en pires |
ASSAGISSEMENT | L'assagissement ou amendement qui vient par le chagrin, le desgoust et foiblesse, n'est pas vray ni consciencieux |
AUSTÈRE | Ils proposent des images de vie relevés ou bien si difficiles et austeres, que la praticque en est impossible |
AVIRON | Semblables aux tireurs d'aviron qui tirent et tendent au port luy tournant le dos |
AZURÉ, ÉE | Ce ciel azuré, tant richement contre-pointé d'estoilles, et ces flambeaux roulants sans cesse sur nos testes |
BAGUETTE | Un tas de gens glorieux, resolus, affirmatifs, qui veulent regenter le monde et le mener à la baguette |
BALANCIER | [La raison] Qui est en l'ame, comme le ressort et balancier en l'horloge |
BARBARIE | Chascun appelle barbarie ce qui n'est de son goust ni usage |
BÉGAYER | Ainsi qu'un pere begaye et faict le petit avec ses petits |
BÊTE | Nous allons les uns après les autres comme les bestes de compagnie |
BONASSE | Sotte, bonasse et vicieuse facilité, qui fait qu'on veut plaire à tous et ne desplaire ni offenser personne |
BOND | Les passions ne sont que bonds et volées, accès et recès fievreux de folie, saillies et mouvemens violens et temeraires |
BONNET | J'osteray humblement mon bonnet, et tiendray la teste nue devant mon superieur, car ainsi le porte la coustume de mon pays |
BONTÉ | Cette telle preud'hommie naturelle et aysée et comme née avec nous, s'appelle proprement bonté, qualité d'ame bien née et reglée |
BORDEL | L'on envoye la conscience au bordel, et l'on tient sa contenance en regle ; tout cela est monstrueux, et ne se trouve rien de semblable aux bestes |
BOTTE | L'homme veut avoir toutes ses pieces bonnes et saines, son corps, sa teste, ses yeux, son jugement, sa memoire, voire ses chausses et ses bottes |
BOUCHE | Ils parlent bas et à demy bouche |
BOUFFÉE | Comme le bateau poussé par le vent et les avirons, qui bransle et marche inegalement, par secousses, boutées et bouffées |
BOUFFIR | Et d'autre part on le [l'homme] trouvera tout enflé et bouffi de vent |
BOUTE-FEU | La vertu, la santé, le merite, la reputation sont les bouttefeus de cette rage |
BROUILLON, ONNE | ....[L'esprit humain] un petit brouillon et troublefeste.... |
BUREAU | Or sus donc, le sage jugera de tout, rien ne luy eschappera qu'il ne mette sur le bureau et en la balance |
BUT | La seconde est des fondemens de sagesse, qui sont aussi deux, vraye et essentielle preud'hommie, et avoir un certain but et train de vie |
CABINET | Et y a chez lui tant de cabinets et d'arriere boutiques, dont il sort tantost homme, tantost satyre |
CACHOT | .... Fouillant et furettant par tous les trous, coings, recoings, destours, cachots et secrets, et non sans cause |
CADUC, CADUQUE | Voylà une preudhommie caduque, occasionnée, accidentale et certes bien chetive |
CALAMITEUX, EUSE | [L'homme] bref la plus calamiteuse et miserable chose du monde |
CALME | Et c'est sans compter cette bonté et felicité de nature, si bien attrempée et assaisonnée, qui nous rend calmes, sereins, exempts et nets de passions fortes et mouvements violens |
CALOMNIEUX, EUSE | L'homme, la plus calomnieuse et miserable chose du monde |
CANDIDEMENT | Pourquoy ne sera-t-il permis de candidement confesser que l'on ignore ? |
CANONISABLE | Louable, meritoire et canonizable |
CAPTIVER | Il faut ouyr, considerer et faire compte des anciens, non s'y captiver qu'avec la raison |
CAQUETEUR, EUSE | La science est caqueteresse, envieuse de se monstrer |
CARTE | Affin de se rendre vuide et net, comme une carte blanche, pour estre subject propre à y recevoir la teincture et les impressions de la sagesse |
CHANDELLE | Nous preferons l'art à la nature, nous fermons en plein midy les fenestres, et allumons les chandelles |
CHARITÉ | Comme disent les Hebreux, il faut commencer la charité par soy mesme |
CHEVAL | Et comme l'on dict, nous vendons nostre cheval pour avoir du foin |
CHIEN, CHIENNE | Car, dict un ancien, l'on est mieux en la compagnie d'un chien cognu, qu'en celle d'un homme duquel le langage est incognu |
CIMENT | L'Estat, c'est à dire la domination, ou bien l'ordre certain en commandant et obeissant, est l'appuy, le ciment et l'ame des choses humaines |
CIRCONVENIR | Pouvant frauder les loix, circonvenir les juges.... |
CLABAUDEUR | Les pedans clabaudeurs, après avoir questé avec grande estude et science par les livres, en font monstre et.... |
CLANDESTIN, INE | [La honte et la crainte] sorties du maudit et clandestin mariage de l'esprit humain avec la persuasion diabolique |
CLOAQUE | Il est ici bas logé au dernier et pire estage de ce monde, plus esloigné de la voute celeste en la cloaque et sentine de l'univers |
COCHE | Aucuns philosophes, empeschés à bien joindre et unir l'ame avec le corps, la font demeurer et resider en iceluy comme un maistre en sa maison, le pilote en son navire, le cocher en son coche |
COEUR | Ils sont toujours après pour lui [à la jeunesse] faire apprendre par cueur (ainsi parlent-ils) ce que les livres disent.... |
COIFFER | Dirai-je encore de tel qui est coiffé et meurt pour une qu'il sçait estre laide, vieille, souillée.... |
COMMANDEUR | Joinct qu'il semble requis que celuy qui commande soit meilleur que ceux à qui il commande, ce disoit un grand commandeur, Cyrus |
COMPAGNON | Le petit et inferieur fait du compagnon avec le grand |
COMPASSER | L'un, se promenant en une salle, regarde à compasser ses pas d'une certaine façon sur les carreaux ou tables du plancher |
COMPLEXION | On prefere l'art à la nature, l'acquis au naturel, le difficile et estudié à l'aisé, les bouttées et secousses à la complexion et habitude |
CONFINS | Beau et bon sont confins, et s'expriment par mesmes mots en grec et en l'Escriture sainte |
CONGRATULATION | Il y a de la congratulation, de la complaisance et satisfaction à bien faire |
CONSENTEMENT | Le plus grand argument de la verité, c'est le general consentement du monde |
CONTAGION | La contagion universelle des opinions populaires et erronées |
CONTRASTE | Notre volonté s'esguise par le contraste [lutte], se despite contre le desny |
CONTRE-POINTER | La face de ce grand ciel azuré, paré et contre-pointé de tant de beaux et reluisans diamants |
CONTUMACE | Loy de Moyse qui veut que la seule plainte du pere faite devant le juge, sans autre cognoissance de cause, le fils rebelle et contumax soit lapidé |
COQ | Qui sçait si c'est quelque sens particulier qui descouvre aux coqs l'heure de minuit et du matin ? |
COQUINER | Coquiner envers toutes sortes de gens |
CORDIAL, ALE | La modestie, la recognoissance cordiale et serieuse de son peu est un bon tesmoignage de bon et sain jugement |
CORNER | Deliberer avant que corner la guerre |
COSMOGRAPHIE | Tous les anciens se sont mescontés, pensans avoir trouvé la mesure de la terre habitable, et comprins toute la cosmographie |
COUARDISE | Tant se tourmenter de la mort, c'est grande foiblesse et couardise |
COURT, COURTE | Tesmoignage de la foiblesse et insuffisance humaine, qui, à faute de bonne monnoye, employe la courte et la fausse |
COUSINAGE | Or ces deux, l'ouye et la parole, se respondent et rapportent l'une à l'autre, ont un grand cousinage ensemble, l'un n'est rien sans l'autre |
COUTUME | Qui croiroit combien est grande et imperieuse l'authorité de la coustume, qui la dit estre une autre nature, ne l'a pas assez exprimé ; car elle fait plus que nature, elle combat nature |
COUVERT | Ô combien de biens faits obmis, et de mechancetez se commettent sous le couvert des formes, lesquelles l'on ne sent pas |
CRÉDIT | Nous croyons, jugeons, agissons, vivons, et mourons à credit, selon que l'usage public nous apprend |
CROCHETER | Ne faut fureter ni crocheter les secrets des princes |
CULBUTER | Et d'où vient que l'yvrognerie, la morsure du chien enragé, une fievre ardente, un coup en la teste, une fumée montant de l'estomach, et autres accidens, feront culbuter et renverseront entierement le jugement.... |
CUPIDITÉ | Les autres [désirs] sont outre nature, procedans de nostre opinion et fantaisie, artificiels, superflus, que nous pouvons, pour les distinguer par nom des autres, appeler cupidités |
DÉ | Que n'entreprendroit-il [l'homme], puis que la brefveté qui luy coupe le chemin et luy rompt le dé, comme l'on dict, et l'incertitude d'icelle [la vie] qui oste tout courage, ne le peust arrester, vivant comme s'il avoit tousjours à vivre ? |
DÉBANDER | Ainsi l'esprit : si l'on ne l'occupe à certain subject, il se desbande et se jette dedans le vague des imaginations.... |
DÉBATTRE | Personne ne debat que le vice soit à eviter et à haïr sur toutes choses |
DÉBAUCHE | Parquoy s'oppose à la sagesse, non seulement la folie, qui est un desreglement et desbauche.... |
DÉBAUCHER | .... Les organes et instrumens, lesquels estant detraqués et desbauchés, l'ame ne peut bien et reiglement agir.... |
DÉCRI | Ce qui n'est pas au deshonneur ny descry de la science, comme l'on pourroit penser, mais plustot à son honneur |
DÉFALQUER | Le temps de l'enfance, vieillesse, dormir, maladies d'esprit ou de corps, et tant d'autre inutile et impuissant à faire chose qui vaille, estant defalqué [de la vie humaine] et rabattu, le reste est peu |
DÉGOUT | L'esprit humain, un degoust de l'immortelle substance |
DÉLICAT, ATE | Ces delicats ne sont capables de l'un ny de l'autre, foibles en tous les deux |
DÉLICATESSE | D'ailleurs je me plains d'eux et leur reproche cette foiblesse populaire et delicatesse feminine, comme indigne et trop tendre pour entendre chose qui vaille, et du tout incapable de sagesse |
DÉMEMBRER | Les filles riches et heritieres sont mariées avec les riches, d'où sont desmembrées et aneanties aucunes maisons, et les autres relevées et enrichies |
DÉNIAISER | Enfin le Fils de Dieu, docteur de verité, estant venu pour sevrer et desniaiser le monde, les a du tout abolis |
DÉROGER | Or, tout cecy ne deroge aucunement à la doctrine commune, que le monde est faict pour l'homme, et l'homme pour Dieu |
DÉSACCOUTUMANCE | Ç'a esté plus par desaccoustumance que par loy expresse |
DÉSAVANTAGER | Car, comme a esté dict, les plus avantagés aux sens sont souvent les plus desavantagés en science |
DISGRACIER | Et ce sera contre ceux qui se plaignent, disans que l'homme est le seul animal disgracié de la nature.... |
DISLOQUER | Tesmoin Gallus Vibius, qui, pour avoir trop bandé son esprit à comprendre l'essence et les mouvements de la folie, disloca et desnoua son jugement si qu'il ne le peust remettre |
DISPARITÉ | La disparité si grande les met hors du commerce des hommes |
DISPUTABLE | Les advantages, que l'homme pretend sur les bestes, mais qui sont disputables, et qui peust-estre sont au rebours pour les bestes contre les hommes.... |
DOMMAGEABLE | .... Qu'elles sont bonnes ou mauvaises, utiles ou dommageables, à suyvre ou fuyr |
ÉCHAUDER | .... Qui l'empesche de se resouldre, craignant de s'eschauder en son jugement |
ÉCLAIR | L'esblouit de sa splendeur et de son esclair |
ÉCLAIRCIR | Elle engendre une curiosité pernicieuse de se vouloir esclaircir de son mal |
ÉCLAT | Mais, à bien parler, [l'honneur] c'est l'es clat d'une belle et vertueuse action.... |
EFFAROUCHER | S'effaroucher ou s'offenser des paroles, est preuve de grande foiblesse ou d'estre touché de la maladie |
ÉLABORER | Le cerveau est le siege de l'ame raisonnable, la source de sentiment et mouvement, et des très nobles esprits animaux faits des esprits vitaux, lesquels, montés du coeur par les arteres du cerveau, sont cuits, recuits, elabourés et subtilisés par le moyen d'une multiplicité de petites et subtiles arteres |
EMBABOUINER | Dont a dict l'Apostre, que ceux qui se laissent embabouiner à cette passion et cupidité, fontnaufrage et s'esgarent de la foy, et s'embarrassent en diverses peines |
EMBROUILLER | Elle [notre âme] s'embrouille et se trouble de cholere, despit, tristesse, joye, faisant des chasteaux en Espagne |
ENFANTILLAGE | Avec le corps l'esprit s'use et s'empire, et vient enfin en enfantillage |
ENFERRER | Aussi estant enyvré de cette intention violente, on s'embarrasse, on s'enferre.... |
ENGEANCE | De la deffiance vient la dissimulation, son engeance |
ENJÔLEUR, EUSE | Quatre engeoleurs qui ont grand creditaux esprits populaires |
ENTENDRE | On peut faire l'habile, l'empesché et l'entendu, c'est-à-dire le sot et miserable |
ENTHOUSIASME | ....Et qui sera plus tost un coup de fortune, ou une saillie de quelque extraordinaire enthousiasme, qu'une production vrayement nostre |
ENTRE-DÉFAIRE (S') | On peut dire que l'art et l'experience de nous entredesfaire, entre-tuer, de ruiner et perdre nostre propre espece semble venir d'alienation de sens |
ESPRIT | L'esprit foible ne sait pas posseder la science, s'en escrimer, et s'en servir comme il faut |
ESSENCE | Ainsi les actions de vertu ne sont souvent que masques, elles en portent le visage, mais elles n'en ont pas l'essence |
ESSENTIEL, ELLE | Et ainsi sa preud'hommie luy sera propre, intime, essentielle, comme luy est son estre, et comme il est à soy-mesme |
ESTIMATIF, IVE | En l'homme l'entendement est le souverain, qui a soubs soy une puissance estimative et imaginative comme un magistrat |
ÉTHER | Ceux du plus haut estage ressemblent à l'ether et plus haute region voisine du ciel, sereine, claire, nette et paisible |
ÉTIRER | Estirant la peau avec des cordons |
ÉTRILLER | En Espagne, la beauté est vuidée et estrillée [grêle, mince, réduite comme par une étrille], en Italie grosse et massive |
EXAMINABLE | Qui est celuy au monde qui aye droict de commander et donner la loy au monde, s'assujettir les esprits, et donner des principes qui ne soyent plus examinables, que l'on ne puisse plus nier ou douter, que Dieu seul ? |
EXAMINATION | Une serieuse et attentifve examination non seulement de ses paroles et actions, mais de ses pensées plus secrettes.... |
EXCUSABLEMENT | Personne ne debat que le vice soit à eviter et à haïr sur toutes choses : mais c'est une question, s'il se pouvoit presenter tel proffit, ou tel plaisir, pour lequel tel vice fust excusablement faisable |
EXTORQUER | Pour accroistre la foule, on loue des gens pour venir pleurer et jetter des cris et des plaintes qui sont, au sceu de tous, toutes feinctes et extorquées avec argent |
FANTASQUE | .... Et tenus pour fantasques et philosophes |
FAUTE | De la faulte de prudence ils retombent en faulte de cueur |
FAVEUR | Il semble que celuy qui porte sur le visage les faveurs de la nature imprimées en une rare et excellente beauté, ayt quelque legitime puissance sur nous.... |
FIANCE | S'il [le mariage] est bien façonné, c'est une douce societé de vie, pleine de constance, de fiance et d'un nombre infini d'utiles et solides offices |
FILIAL, ALE | Plusieurs vertus ne peuvent demeurer ensemble, comme la continence filiale et viduale [de fille et de veuve], qui sont entierement differentes |
FONDIC | L'homme se plaint de son cerveau, de ce qu'il lui envoie tant de fluxions, fondique de toutes les maladies plus dangereuses |
FORMALISTE | Ô chetive prud'hommie des formalistes, qui se tient aux mots de la loy, et en pense estre quitte ! |
FURET | ....[L'esprit humain] un furet qui est à craindre... |
GANGRÈNE | [Amour de soi] Peste de l'homme, ennemy capital de sagesse, vraye gangrene et corruption de l'ame |
GARDOIR | Le gardoir et le magazin où demoure et se garde ceste grande provision, l'estuy de la science et des biens acquis est la memoire |
GARROTTER | On le [l'esprit] bride et le garotte de religions, loix, coustumes, sciences, preceptes, menaces, promesses mortelles et immortelles |
GAUCHE | Si vous leur dictes qu'ils excedent et prennent les choses à gauche, pour ne les entendre pas bien, ils n'en croiront rien |
GOUFFRE | Voilà les trois goulphes et precipices d'où peu de gens se sauvent |
GOURMANDER | Car l'avare est aux richesses, non elles à luy ; et il est dict avoir des biens comme la fievre, laquelle tient et gourmande l'homme, non luy elle |
GUENON | C'est comme la guenon qui monte de branche en branche jusqu'au sommet de l'arbre, et puis montre le cul |
GUETTER | Il faut prevoir l'occasion, la guetter, l'attendre, la voir venir |
HAINE | Nous ne hayssons rien de ce que nous debvons ; car, s'il y a quelque chose à hayr en ce monde, c'est la hayne mesme |
HANTISE | Experience et hantise du monde |
HAPPELOURDE | Parquoy, pour descouvrir et sçavoir quelle est la vraye preud'hommie, il ne se faut arrester aux actions, ce n'est que le marc et le plus grossier, et souvent une happelourde et un masque |
HARAS | Les meridionaux meurent de jalousie, à cause de quoy ils ont les eunuques gardiens de leurs femmes, que les grands seigneurs ont en grand nombre comme des haras |
HARMONIE | ....Cette courageuse harmonie de la musique guerriere, qui nous entretient et nous eschauffe et les oreilles et l'ame |
HÉTÉROCLITE | ....C'est à dire en leur jargon, fantasques, bizarres, heteroclites |
HUMANITÉ | Or je veux en mon sage une preud'hommie essentielle et invincible, qui tienne de soy-mesme, et par sa propre racine, et qui aussi peu s'en puisse arracher et separer que l'humanité de l'homme |
IMMODÉRÉ, ÉE | De là viennent l'orgueil, l'ambition, les desirs immoderés |
IMPERFECTION | La vieillesse est une maladie necessaire et puissante, qui nous charge imperceptiblement de plusieurs imperfections |
IMPLIQUER | Il implique contradiction de desirer et accepter une chose et ne se soucier qu'elle vaille rien |
IMPOSTURE | ....Sçachant qu'il y a plusieurs bourdes, faulsetés et impostures reçues au monde avec approbation et applaudissement |
IMPROBITÉ | Il est donc très dangereux de juger de la probité ou improbité d'un homme par les actions |
INANITÉ | Quelle vanité et sotte inanité en nos desirs et souhaits ! |
INCAPABLE | Les incapables de sagesse |
INCIVILITÉ | Chose estrange, que l'injustice se plaigne de l'incivilité, et la malice de l'indiscretion |
INCONNAISSABLE | ....C'est le plus fin et feinct, le plus couvert et fardé de tous, et presque incognoissable |
INDIVIDU | Et puis il ne suffit pas de reconnaistre sa faute en destail et en individu, et tacher de la reparer... |
INEPTE | Aussi voyons-nous que les plus sçavants qui ont tout Aristote et Ciceron en la teste, sont les plus sots et les plus ineptes aux affaires |
INFÉRER | Il y a trois principaux offices et differences d'entendement, inferer, distinguer, eslire |
INFIME | Comme entre les bestes les poissons sont infimes.... |
INFLEXIBLE | ....Le plus heureux estat de l'esprit [la solitude] qui par ce moyen se tient ferme, droit, rassis, inflexible, toujours libre et à soy |
INHUMANITÉ | C'est un vilain et detestable vice que la cruauté, et contre nature, dont aussi est-il appellé inhumanité |
INSOCIABLE | Les legers [défauts] sont une vaine et caduque fierté, babil ennuyeux, humeurs espineuses et insociables |
INSTABILITÉ | L'irresolution d'une part, puis l'inconstance et l'instabilité est le plus commun et apparent vice de la nature humaine |
INTERMINABLE | De là est venue la question interminable du souverain bien |
INVIOLABLE | Cette loy d'equité et raison naturelle est perpetuelle en nous, edictum perpetuum, inviolable, qui ne peust jamais estre esteinte ny effacée |
JACTANCE | Combien de vanteries et de vaines jactances ! |
LE, LA, LES | Presque toutes les choses que nous estimons icy tant, et les tenons nousavoir esté premierement revelées et envoyées du ciel, estoient en creance |
LÉGER, ÈRE | Leger à croire, recueillir et ramasser toutes nouvelles, surtout les fascheuses, tenant tous rapports pour veritables et asseurés |
LIBERTIN, INE | Tant d'epicuriens libertins et moqueurs |
LIBRE | Aucuns trouvent ce livre trop hardy et trop libre à heurter les opinions communes, et s'en offensent |
LOUAGE | Comme l'on peust voir en ceux qui mordent à tout, se donnent à louage et s'asservissent à autruy |
MARÉCHAL | C'est avec un peu d'eau allumer plus de feu, comme faict le mareschal |
MESSÉANCE | Liberté trop franche et hardie leur est messeance et gauchit à l'impudence |
MÉTEMPSYCOSE | La metempsycose et transanimation de Pythagoras a esté aucunement embrassée par les academiciens, stoïciens, egyptiens et autres |
MÉTIER | Ces gens-cy font de science mestier et marchandise |
MÉTIS, ISSE | Il y a des formes d'hommes, en certains endroits, qui ont fort peu de ressemblance avec la nostre, et y en a de metisses et ambigues entre l'humaine et la brutale |
MEUBLER | Il faut premierement que l'esprit se meuble et se garnisse par l'ouye... |
MEURTRIER, IÈRE | La langue mesdisante, meurtriere de l'honneur d'autruy .... |
MINE | C'est une faible et dangereuse caution que la mine |
MONDE | Que s'il y a aucune loy qui s'escarte le moins du monde de cette premiere et originelle matrice, c'est un monstre, une fausseté, une erreur |
MOQUER (SE) | Elle [la vieillesse] se faict mocquer d'elle |
MORALITÉ | Formellement la moralité bonne ou mauvaise, vertu et vice (qui ne peust estre sans le franc arbitre et est matiere de merite et demerite) ne peut estre en la beste |
MOURIR | Et un bon mourir vaut mieux qu'un mal vivre |
MOUVEMENT | Car changeans les ressorts, il faut bien que les mouvemens aussi changent |
MYSTÉRIEUSEMENT | C'est donner goust et apporter estime aux choses que les traitter mysterieusement, retenuement, avec respect et pudeur |
MYSTIQUE | La theologie, mesme la mystique, nous enseigne que, pour bien preparer notre ame à Dieu et à l'impression du Saint Esprit, il faut la vuider, nettoyer.... |
NEUTRALITÉ | C'est à peu près et en quelque sens l'ataraxie des pyrrhoniens, la neutralité et indifference des academiciens |
OCÉAN | Comme l'Ocean n'entre tout entier en la mer Mediterranée |
OEIL | ....Car l'oeil parle et frappe, sert de langue et de main |
OISIF, IVE | Comme les terres oisives foisonnent en mille sortes d'herbes sauvages.... |
ORIGINEL, ELLE | La conformation originelle et trempe premiere |
OS | S'il advient d'avoir mal rencontré.... et que l'on aye prins plus d'os que de chair, l'on demoure miserable toute sa vie |
OUÏR | Qui bien oyt bien parle, et qui mal oyt mal parle |
OUTIL | Puis qu'entre mille mensonges n'y a qu'une verité, mille opinions de mesme chose, une seule veritable, pourquoy n'examinerai-je avec l'outil de la raison, quelle est la meilleure, plus vraye, raisonnable, honneste, utile, commode ? |
PALATIN | La noblesse palatine des officiers du prince |
PALPABLE | Les bestes ne se contentent, ni ne se paissent d'opinions et de fantasies, mais de ce qui est present, palpable et en verité |
PARFAIRE | Les lettres gastent les cerveaux et esprits foibles, parfont les forts et bons naturels |
PARLIER, IÈRE | Les sciences parlieres qui enseignent les langues |
PÊCHER | Les despens montent plus que le principal ; c'est pescher, comme l'on dict, en filets d'or et de pourpre |
PÉDANTESQUEMENT | Je traitte et agis icy non scholastiquement ou pedantesquement, ny avec estendue de discours et appareil d'eloquence, ou aucun artifice |
PENSER | Ce sont les sots et maladvisés qui disent : je n'y pensois pas |
PERCEPTIBLE | Un desir d'honneur sensible et perceptible |
PÉTULANCE | Les indiscretions et petulances des fols ne heurtent point les grandes et hautes ames |
PHILAUTIE | Philautie, presomption et fol amour de soy mesme |
PIAFFER | Les depenses superflues et vaines sont odieuses aux subjects, qui murmurent qu'on en depouille mille pour en vestir un, que l'on piaffe de leur substance |
PINCER | ....En se tastant souvent et à toute heure, pressant et pinssant jusques au vif |
PIPER | Les sens sont pipez par l'entendement |
PLAUSIBLEMENT | L'immortalité de l'ame est la chose la plus universellement, religieusement et plausiblement retenue par tout le monde |
PLI | Les mouvemens et plis du visage qui servent aussi au pleurer, comme les peinctres nous apprennent |
PLOYABLE | La raison a tant de formes, est tant ployable, ondoyante |
POISON | Colere, envie, despit, haine, avarice, cupidité, et toute affection particuliere, la poison mortelle du jugement et tout bon sentiment |
POLTRON, ONNE | Les cruels, aspres et malicieux sont lasches et poultrons |
POPULAIREMENT | S'il [le livre de la Sagesse] estoit populairement receu et accepté, il se trouveroit bien descheu de ses pretentions |
POUSSER | Il n'y a que mal qui coule, que mal qui se prepare, et le mal pousse le mal, comme la vague pousse l'autre |
PRÉALABLE | C'estoit un prealable que d'appeller l'homme à soy, à se taster, sonder, estudier |
PRÉFACE | Suyvant la methode de ce livre mise au preface |
PRÉOCCUPATION | Toute passion et preoccupation ostée |
PRÉPARATIF | Préparatif était aussi adjectif : Cognoissance de soy preparative à la sagesse |
PRESTATION | Prestations iniques, comme sont les usures et interests |
PROFANE | Je dedaigne et laisse icy tout ce qu'en peut dire le commun, comme prophane, et trop indigne pour estre ouy en telle chose |
PROVIDENT, ENTE | Provident et bien advisé |
PUCEAU | Garder soigneusement son ame pucelle et nette de la contagion et corruption du monde |
PUDIQUE | La philosophie se mesle et parle librement de toutes choses pour en trouver les causes, les juger et reigler ; si faict bien la theologie, qui est encore plus pudique et retenue |
QUART | Toute ma liberté et hardiesse n'est qu'aux pensées, jugemens, opinions, esquelles personne n'a part ny quart que celuy qui les a chascun on droit soy |
RABAT-JOIE | L'esprit humain n'est pas seulement rabbatjoye, trouble-feste, ennemy de ses appetits, naturels et justes plaisirs |
RASSEOIR | ....Et Platon [dit] qu'en vain un esprit rassis et sain frappe aux portes de la poësie |
RAVALEMENT | L'on ne sent pas quel mal et prejudice il est advenu au monde du ravallement et extinction de la puissance paternelle |
RAVALER | .... Dont l'esprit demeure sot, faible, peu capable, plat, ravallé, obscur, tel qu'est la plupart du commun |
RECETTE | Le mot plaist bien à aucuns, mais c'est tout ; la chose n'est de mise ny de recette en ce siecle d'une si universelle corruption et contagion |
RECULEMENT | Que les hommes ne peuvent bien s'accommoder et faire leur proffit sans le dommage et reculement les uns des autres |
REGARDANT, ANTE | Où il n'y a point de juge, de contreroolleur, de regardant, et où nous n'imaginons poinct de peine ou recompense, nous nous portons bien plus laschement et nonchalamment |
RÈGLE | Il faict bon prendre des reigles, mais non s'y asservir |
REGORGER | Nous la [la vie] perdons, dissipons, et en faisons marché comme de chose de neant et qui regorge |
RELIQUE | Brutus et Cassius, qui, se tuans, avec le temps et l'occasion perdirent les reliques de la liberté romiane, de laquelle ils estoient protecteurs |
RÉMINISCENCE | Selon l'opinion de Platon, par reminiscence de ce qu'elle [l'âme] sçavoit avant entrer au corps |
REMUANT, ANTE | L'imagination, faculté remuante, inquiette |
RICHARD | Voila un richard qui a ruiné et mis au desespoir des pauvres familles |
RIDE | Elle [la vieillesse] nous attache encore plus de rides en l'esprit qu'au visage |
ROGNON | Demourant au monde sans estre du monde, comme le roignon couvert et fermé de gresse et n'en tient rien |
ROITELET | Comme un petit roytelet est aussi bien souverain en son petit destroict, que le grand en un grand Estat |
RONDEUR | Combien que la liberté, rondeur et fidelité heurte et offense pour l'heure ceux auxquels elle s'oppose, après elle est reverée et estimée |
ROUILLE | Et certes qui verroit aussi bien la rouille des ennuis qu'engendrent les richesses dedans les coeurs comme leur esclat et splendeur, elles seroient autant haïes comme elles sont aymées |
SALACE | Les Meridionaux sont paillards à cause de la melancholie spumeuse et salace |
SALARIER | Voicy entre autres un grand deffaut en la justice distributive de punir seulement et non salarier |
SEC, SÈCHE | Ils ne parlent pas sec [nettement] |
SECRÉTAIRE | Qui le prend en garde [un secret] le doibt tenir religieusement ; et, pour ce faire, estre bon secretaire |
SÉMINAIRE | L'envie et jalousie des egaux est le seminaire des troubles, seditions et guerres civiles |
SERRE | [Ils] mettent leur corps aux champs, et tiennent leur esprit en serre |
SERVAGE | La liberté est estimée d'aucuns un souverain bien, et le servage un mal extreme |
SIEN, SIENNE | C'est le cours du monde, c'est nature qui faict des siennes |
SOCIAL, ALE | Les uns suyvent la vie civile et sociale |
SOLEIL | Le soleil esclaire sur les fumiers, sans en rien tenir ou sentir |
SOMBRE | La sagesse qui a les siens [ses effets et ses fruits] doux, sombres, internes et peu visibles |
SOMBREMENT | Selon l'ordre et la police universelle du monde, quietement, doucement et ainsi sombrement et obscurement, sans bruit, comme le batteau qui n'est poussé que du fil et du cours naturel et ordinaire de l'eau |
SORDIDEMENT | ....Que l'on employast leur nom si vilement et sordidement |
SORDIDITÉ | Le prince doibt eviter deux choses : l'injustice et la sordidité, en conservant le droict envers tous et l'honneur pour soy |
SORTABLE | Il faut.... sçavoir, entendre, juger toutes choses, tant estranges semblent-elles ; tout est sortable et du gibier de l'esprit |
SOUPIRAIL | Tant de souspiraux, dont il souffle tantost le chaud, tantost le froid, et dont il sort tant de fumée |
SPIRITUALISER | Quant à cette faculté de l'esprit dont l'homme se glorifie tant, qui est de spiritualiser les choses corporelles et absentes.... |
STYLE | Platon permet, et le style est tel en plusieurs endroits, d'attirer par fraudes et fausses esperances de faveur ou pardon le criminel à descouvrir son fait |
SUBTIL, ILE | De quoy se faict la subtile folie, que de la plus subtile sagesse ? |
SURGIR | Le bon marinier, avant surgir du port, fait provision de ce qu'il faut pour resister à la tempeste |
SURHUMAIN, AINE | L'on ne doit croire d'un homme que ce qui est humain, s'il n'est authorisé par approbation surnaturelle et surhumaine, qui est de Dieu seul |
SURPRENDRE | On dit que l'homme surpris est à demi battu |
SYNDIC | Et ainsi, en voulant faire l'habile et le syndic de nature, tu [homme] demeures le seul sot au monde |
TABLIER | Je presente seulement les choses et les estalle comme sur le tablier |
TARE | Enfance, jeunesse, virilité, vieillesse, chacune a ses propres et particulieres tares |
TENDRE | C'est mollesse poltronne et delicatesse indigne d'un honneste homme qui nous rend incommodes et desagreables en conversation, et tendres au mal, au cas qu'il faille changer de maniere de faire |
TENDRESSE | Les jeunes gens, pour la tendresse et mollesse de leur aage, sont aisement trompés, facilement croient et reçoivent impression |
TIÈDEMENT | Comme les rayons du soleil qui, vaguant à leur naturelle liberté, eschaufent doucement et tiedement |
TIMON | [L'esprit humain] un esclair celeste auquel Dieu a donné la raison comme un timon animé pour le mouvoir avec reigle et mesure |
TOMBER | .... [Larmes] qui peuvent tomber des yeux sans que la vertu tombe du coeur |
TONNEAU | C'est ressembler aux tonneaux qu'on perce : l'on n'en peut rien tirer qu'on ne leur donne du vent |
TOUCHE | Et pensent que ce que l'on croit en leur village est la vraye touche de verité |
TOURBE | Le peuple, nous entendons icy le vulgaire, la tourbe et lie populaire |
TOUT, TOUTE | Qui voudroit bien juger de quelqu'un, il le faudroit voir à son tous les jours |
TRAÎNERIE | Longueurs, traineries de propos |
TRANSCENDANT, ANTE | Qui l'a [l'esprit] tant eslevé et transcendant |
TROP | Partout, voire à estre bon et sage, il y peut avoir du trop |
TROTTOIR | Qui se met sur le trottouer et l'eschaffaut de ce monde |
TROUBLE-FÊTE | Trouble-feste |
UNIVERSALITÉ | L'universalité d'esprit, par laquelle le sage jette sa veue et consideration sur tout l'univers |
UNIVERSEL, ELLE | Les plus beaux et plus grands esprits sont les plus universels |
VACUITÉ | Voylà comment cette innocente et candide surseance et vacuité de resolution est un grand moyen à la vraye pieté |
VAILLANCE | La [prouesse] militaire a l'advantage.... aussi a-t-elle emporté chez nous, comme par preciput, le titre honorable de vaillance |
VICISSITUDE | Aucuns ont dit que le monde est de toute eternité, mortel et renaissant à plusieurs vicissitudes |
VIDE | L'ambition n'a point de borne ; c'est un gouffre qui n'a ni fond ni rive ; c'est le vuide que les philosophes n'ont encores pu trouver en la nature |
VINDICATIF, IVE | Les plus foibles ames sont les plus vindicatives et malicieuses |
VOIRIE | L'ordure et la voirie du monde |
VOLUPTÉ | Passion violente et volupté, qui attire à soy l'entendement mesme |
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