Définition de TENDRESSE
Prononciation : tan-drè-s'
DÉFINITIONS
1
Qualité de ce qui est tendre ; il se dit du jeune âge.Une jeune reine, dans laquelle se rencontrent ensemble l'avantage de l'expérience avec la tendresse de l'âge, le loisir de l'étude avec l'occupation d'une royale naissance....
2
Délicatesse des formes.Nul ciseau, nul tour, nul pinceau ne peut approcher de la tendresse avec laquelle la nature tourne et arrondit ses sujets
Sémantique : Terme de beaux-arts. S'est dit autrefois de la douceur, de la délicatesse et de la légèreté du pinceau, du ciseau.
S. f. pl. Sémantique : Terme de gravure. Endroits légers et qui doivent paraître éloignés.
3
Sémantique : Fig. Sensibilité exquise pour les choses morales.Cette première tendresse d'une conscience innocente, ah ! que vous l'avez endurcie ! la pénitence, la communion, vous avez appris à les profaner
À mesure que l'esprit religieux s'en va, une certaine crainte de Dieu s'efface, une certaine tendresse de conscience diminue
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. II, p. 387
4
Sentiment tendre d'amitié, d'affection.Il me déplaît seulement de penser qu'avec toute cette tendresse que vous me témoignez, il y a quelque occasion pour laquelle vous voudriez que je fusse pendu
de Vincent VOITURE dans Lett. 46
J'ai une tendresse de coeur pour ceux que Dieu m'a unis plus étroitement
La tendresse que j'ai pour vous, ma chère bonne, me semble mêlée avec mon sang, et confondue dans la moelle de mes os ; elle est devenue moi-même, je le sens comme je le dis
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 8 nov. 1680
Madame ne veut plus sentir de tendresse que pour le Dieu crucifié qui lui tend les bras
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Duch. d'Orl.
Sensible jusqu'à la fin à la tendresse des siens, il [Condé mourant] ne s'y laisse jamais vaincre
Contez.... Que plus d'un grand m'aima jusques à la tendresse
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Épît. X
Pour le sang de ses rois vous voyez sa tendresse
de Jean RACINE dans Athal. v, 2
La tendresse a sa source dans le coeur ; la sensibilité tient aux sens et à l'imagination
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Synon. Oeuv. t. III, p. 329
La tendresse ne se manifeste pas toujours au dehors ; la sensibilité se déclare par des signes extérieurs
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans ib.
Nature : Au plur.
Peut-être que nous la verrons un jour rentrer d'elle-même dans les voies de la nature, et reprendre ces tendresses, ces affections autrefois si violentes, et qu'un zèle ou un dépit inconsidéré a, ce semble, comme étouffées
de PATRU dans Plaidoy. II
Je vous vois accabler un homme de caresses, Et témoigner pour lui les dernières tendresses
Il n'y a que vous qui ayez la bonté d'entrer dans mes extrêmes tendresses [pour ma fille]
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à d'Hacqueville, 17 juin 1671
Je n'ai pas tout à fait oublié le monde ; j'en connais les tendresses et les bontés, pour entrer dans les sentiments des autres
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 30 oct. 1673
L'heureux vieillard jouit jusqu'à la fin des tendresses de sa famille
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans le Tellier.
5
Particulièrement, l'amour.Et même pour Alceste elle a tendresse d'âme
Parmi tant de beautés qui briguent leur tendresse, Ils [les sultans] daignent quelquefois choisir une maîtresse
de Jean RACINE dans Bajaz. I, 3
Ma bouche a fait l'aveu qu'un autre a ma tendresse
L'homme passionné.... Donne aux fleurs la gaîté donne aux mers leur courroux, La mémoire aux rochers, aux myrtes la tendresse
de Jacques DELILLE dans Imag. IV
Nature : Au plur.
Les tendresses de l'amour humain y font [dans Polyeucte] un si agréable mélange avec la fermeté du divin, que sa représentation a satisfait tout ensemble les dévots et les gens du monde
de Pierre CORNEILLE dans Poly. examen.
Tu sais combien de fois ses jalouses tendresses [de Mithridate] Ont pris soin d'assurer la mort de ses maîtresses
de Jean RACINE dans Mithr. I, 1
6
Attendrissement.On me fit là [chez les Pompone] des réponses si tendres, que je ne pus les soutenir sans une extrême tendresse
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 8 déc. 1679
7
Tendre et pieux penchant.Vous lui avez donné [à Mlle de Grignan qui voulait entrer en religion] de la tendresse pour de plus grands desseins et de plus hautes vues
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 11 sept. 1680
8
Objet d'un tendre attachement.Vous êtes la véritable et la sensible tendresse de mon coeur
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Mme de Grignan, 10 août 1680
9
Nature : Au plur. Paroles tendres, témoignages d'affection.Ils [M. et Mme de Grignan].... me dirent adieu avec des tendresses et des remercîments infinis
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 1er août 1685
J'ai reçu et baisé votre lettre, et lu vos tendresses avec des sentiments qui ne s'expliquent point
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans à Mme de Grignan, t. III, p. 187, édit. RÉGNIER.
Vingt siècles de vie ne me suffiraient pas pour répondre aux tendresses des grands
Vous savez sa coutume, et sous quelles tendresses Sa haine sait cacher ses trompeuses adresses
de Jean RACINE dans Mithr. I, 5
REMARQUE
1
Vaugelas voulait qu'on dît tendresse, en parlant des viandes tendres : " Tendreté ne vaut rien, tendreur encore moins ; il faut dire tendresse ", Nouv. rem. p. 470, dans POUGENS. Artichauts, mes beaux artichauts, toute la tendresse, toute la verduresse, cri qu'on entendait autrefois dans les rues de Paris ; cela était conforme à Vaugelas.HISTORIQUE
1
XIVe s.Ouquel temps de nostre tendresse [enfance]
de Victor Henri-Joseph Brahain, dit DU CANGE dans teneritudo.
2
XVIe s.Dureté, mollesse, douleur, tendresse, renitence
de Ambroise PARÉ dans v, 3
Les jeunes gens, pour la tendresse et mollesse de leur aage, sont aisement trompés, facilement croient et reçoivent impression
ÉTYMOLOGIE
1
Provenç. tendreza, tenreza ; espagn terneza ; ital tenerezza ; de tener (voy. TENDRE 1).L'ancienne langue disait tendror, au XVIe siècle tendreur : Il nous fault fortifier l'ouie, et la durcir contre cette tendreur du son cerimonieux des paroles
de Michel de MONTAIGNE dans IV, 37