Définition de GOUFFRE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : gou-fr'

DÉFINITIONS

1
Cavité profonde, vide ou remplie d'eau, de feu, de flammes, etc.
Dans un gouffre allumé, Suzon, oui, je m'y jetterais plutôt que de lui nuire
Tu péris, et si jeune ! ah ! nos sables peut-être, Ou les gouffres des mers t'auront vu disparaître
Un gouffre de feu fait [dans une décoration] avec du satin jaune et du papier doré ; ce qui lui donnait beaucoup plus l'apparence d'un surtout de table que d'un abîme
L'enfer mugit d'un effroyable rire, Quand, dégoûté de l'orgueil des méchants, L'ange, qui pleure en accordant sa lyre, Fait éclater ses remords et ses chants ; Dieu d'un regard l'arrache au gouffre immonde
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Ange exilé.
Sémantique : Fig.
Ce gouffre infini ne peut être rempli que par un objet infini
de Blaise PASCAL dans dans COUSIN
2
En particulier, tournoiement d'eau.
Le plus grand gouffre que l'on connaisse est celui de la mer de Norvége, on assure qu'il a plus de vingt lieues de circuit ; il absorbe pendant six heures tout ce qui est dans son voisinage, l'eau, les baleines, les vaisseaux, et rend ensuite pendant autant de temps tout ce qu'il a absorbé
L'Euripe, si fameux par la mort d'Aristote, absorbe et rejette alternativement les eaux sept fois en vingt-quatre heures
Les gouffres de la mer sont produits par le mouvement de deux ou de plusieurs courants contraires
3
Sémantique : Fig. Ce qui, comparé à un gouffre, engloutit comme lui.
Ils [les hommes] vont tous se confondre dans ce gouffre infini du néant, où l'on ne trouve plus ni rois, ni princes, ni capitaines, ni tous ces autres augustes noms qui nous séparent les uns des autres, mais la corruption et les vers, la cendre et la pourriture qui nous égalent
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Gornay.
Telle est votre convoitise ; c'est un gouffre toujours ouvert, qui ne dit jamais : c'est assez
[Agamemnon] Qui, perçant du tombeau les gouffres éternels, Revenait en ces lieux commander aux mortels
Dût ce sacré tombeau profané par mes pas, Ouvrir, pour me punir, les gouffres du trépas
4
Sémantique : Fig. Il se dit de malheurs, de misères, de dangers dans lesquels on tombe comme dans un gouffre.
C'est un gouffre où la pudeur ne peut éviter un triste naufrage
de PATRU dans Plaidoyer 11, dans RICHELET
En quel gouffre d'horreur m'as-tu précipité ?
Dans ce gouffre de maux c'est lui qui m'a plongée
Trahi de toutes parts, accablé d'injustices, Je vais sortir d'un gouffre où triomphent les vices, Et chercher sur la terre un endroit écarté Où d'être homme d'honneur on ait la liberté
Dans un gouffre profond Sion est descendue
Quels sont les crimes affreux qui ont creusé à cet infortuné ce gouffre de tourments où il est enseveli ?
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Carême, Mauv. riche.
Le genre humain s'est trouvé souvent dans la religion comme dans le gouvernement entre la tyrannie et l'anarchie, prêt à tomber dans l'un de ces deux gouffres
5
Sémantique : Fig. Il se dit de toutes les choses où l'on fait des frais, des sacrifices, des pertes immenses. Ce procès est un gouffre. Les maisons de jeu sont des gouffres pour les jeunes gens.
Les villes sont le gouffre de l'espèce humaine
C'est un gouffre d'argent, se dit d'une affaire où il faut toujours employer une grande quantité d'argent.
C'est un gouffre que cet homme-là, c'est un grand dissipateur.

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Et chevauchierent à une cité que l'en apele Nicomie, et siet seur un goufre [golfe] de mer
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans CXXVIII
Il est cheüs aval au gouffre Où il toutes les dolors souffre
dans Unicorne et serpent
2
XVe s.
Ô faulse convoitise, gouffre d'enfer insatiable, comment as tu puissance de tellement aveugler le coeur de l'homme ?
dans Boucic. III, 19
Fuy le gouffre de villaine lubricité
de J. LEMAIRE dans dans PALSGRAVE, p. 63
3
XVIe s.
Je traversay le gouffre [golfe] de la mer Adriatique depuis Brindes jusques à Corfou en un seul jour
de Jacques AMYOT dans P. Aem. 58
Il s'esmerveilla fort quand il veit en la province d'Ecbatane le gouffre dont il sort continuellement de gros bouillons de feu comme d'une fonteine
de Jacques AMYOT dans Alex. 65
Voilà les trois goulphes et precipices d'où peu de gens se sauvent

ÉTYMOLOGIE

1
Le même que golfe, comme le montre l'historique. Le Berry dit gorge, Nature : s. m. qui vient du latin gurges, gouffre.

Synonymes de GOUFFRE

Termes proches de GOUFFRE