Définition de CORNER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : kor-né

DÉFINITIONS

1
Sonner du cornet, d'une corne ou d'une trompe. Le vacher a corné dès le matin.
2
Parler dans un cornet pour se faire entendre au loin ou pour se faire entendre à un sourd.
Il continue et corne à toute outrance : Réveillez-vous....
de Jean de LA FONTAINE dans Herm.
3
Bourdonner, en parlant des oreilles percevant un bruit qui n'a rien de réel. Les oreilles me cornent.
Sémantique : Fig. Les oreilles vous cornent, se dit à quelqu'un qui croit entendre ce qu'on ne lui dit pas ou un bruit qui n'est pas réel.
Il faut que les oreilles m'aient corné
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Malade im. III, 12
Les oreilles me cornent
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Éc. des maris, I, 5
Les oreilles ont bien dû vous corner, on a bien souvent parlé de vous.
4
Nature : V. a. Sémantique : Fig. Publier partout.
En la quittant, Gulphar alla tout droit Conter ce cas, le corner par la ville
de Jean de LA FONTAINE dans F. av.
Quelqu'un qui bientôt En mille endroits cornera le mystère
de Jean de LA FONTAINE dans Mandr.
Vendôme crie, écrit, corne bataille et victoire, et prépare à Mgr de Bourgogne tout l'affront d'avoir manqué le secours
de Louis de Rouvroy, duc de SAINT-SIMON dans 208, 54
Rebattre sans cesse la même chose.
J'entends sans cesse corner à mes oreilles : L'homme est un animal raisonnable
de Jean de LA BRUYÈRE dans XII
5
Sémantique : Terme de vénerie. Corner les chiens, sonner du cor pour les exciter ou pour les rappeler. Corner requête, sonner du cor pour qu'ils quêtent de nouveau, lorsqu'ils sont en défaut.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Ce dist Rolanz : cornerai l'olifant
dans Ch. de Rol. CXXVII
Jà li corners ne nous aureit mestier
dans ib. CXXX
2
XIIe s.
Je cornerai se vous le me louez [conseillez]
dans Ronc. p. 81
Tel venjance frai sur Juda e sur Jerusalem que à ces ki l'orrunt, tut les orilles lur en cornerunt
dans Rois, 420
Lores cornad Saül une buisine par la terre, e dist : iço voil que oient li Hebreu
dans Rois, 42
3
XIIIe s.
Quant il oï la gaite corner le jour, si se leva et ala à l'eglise proier Dieu qu'il li aidast
dans Chron. de Rains, p. 54
Ne ne pourront ouvrer que de la guete cornant au matin jusques à la nuit, sanz candele tant seulement
dans Liv. des mét. 92
Li veneor lor cors cornant, Lesqex vont durement sonant, Tot le païs vont estonant De lor huier, de lor corner
dans Ren. 5497
Si cornent li silvain et huient Que tuit li champ entor en bruient
dans ib. 8676
Humilitez est tant creüe Qu'orguex corne la recreüe ; Orguex s'en va, Diex le cravant, Et Humilitez vient avant
de RUTEBEUF dans II, 59
Quant il encommençoient à corner, vous deissiez que ce sont les voiz des cynes qui se partent de l'estanc
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 269
Chetifs pecheours que feront, Quant tous les angels trembleront Et les archangels precieux, Et les buisines corneront Qui la venue annonceront Du très doulx fils Dieu glorieux ?
de Jean Chopinel, dit Jean DE MEUNG dans Tr. 1384
4
XVe s.
La gaite commence à corner et recorner et à mener grand friente
de Jean FROISSART dans II, II, 213
Puis corna le dit messire Guillaume de Douglas un cor
de Jean FROISSART dans I, I, 131
On peut bien, pour vous, corner prise ; Prins estes, point ne m'eschapperez
de Charles D'ORLÉANS dans Rondeau.
5
XVIe s.
Le quel [un joueur de tambourin], apres que il eut soufflé en la fluste, se meit en corner en gobelet [boire], et nettoyer la vaisselle [manger]
de JEAN D'AUTON dans Annales de Louis XII, p. 222, dans LACURNE
Cornons icy, à son de flaccons, que quiconques aura perdu la soif ne ayt à la chercher ceans
de François RABELAIS dans Garg. I, 5
Il n'y a veneur qui ne prend plaisir à corner sa prise, ni amoureux d'avoir la gloire de sa victoire
de Marguerite de Navarre, dite aussi de Valois, ou d'Angoulême, reine de Navarre dans Nouv. XLIX.
Les plainctes qui me cornent aux oreilles
de Michel de MONTAIGNE dans I, 197
L'esperance ne cesse de corner aux oreilles....
de Michel de MONTAIGNE dans II, 380
Il ne faisoit autre chose que corner la guerre ordinairement et prescher les armes au peuple
de Jacques AMYOT dans Phocion, 14
Quelques uns de Blois donneront le premier avis ; mais par la responce ils furent appellez corne-guerre et turbulents
de Théodore Agrippa D'AUBIGNÉ dans Hist. II, 282
Deliberer avant que corner la guerre
de Pierre CHARRON dans Sagesse, p. 434, dans LACURNE
On dit en ce païs que le poisson corne, quand il est gasté, puant et corrompu
de BOUCHET dans Serées, p. 231, liv. I, dans LACURNE
Ils ne trouvoient bon le gibier sinon qu'il cornast un peu, c'est à dire, sans deguiser les matieres, qu'il ne fut un peu puant
de Henri ESTIENNE dans Apol. d'Hérod. p. 432, dans LACURNE

ÉTYMOLOGIE

1
Wallon, coirner ; provenç. cornar ; ital. cornare ; de corne, dans le sens de cor.

Synonymes de CORNER

Termes proches de CORNER