Définition de SOMBRE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : son-br'

DÉFINITIONS

1
Qui reçoit peu de lumière, peu éclairé. Une chambre sombre.
Oh ! qui m'arrêtera sous vos sombres asiles !
Et le temps aujourd'hui Est sombre tout cela me donne un peu d'ennui
J'aimais le beffroi des alarmes.... Les vitraux éclatants ou sombres
Il fait sombre, le temps est sombre.
Sémantique : Fig.
Dites le vrai, monseigneur, ne fait-il pas plus sombre à Munster, depuis que Mme de Longueville n'y est plus ?
Il fait sombre dans cet appartement, cet appartement est peu éclairé.
Sémantique : Fig.
Que son intelligence est épaisse, et qu'il fait sombre dans son âme !
Sémantique : Terme d'eaux et forêts. Coupe sombre, voy. COUPE 1, n° 2.
Nature : Substantivement.
Ne faire qu'apparoir dans sa maison, s'évanouir et se perdre comme un fantôme dans le sombre de son cabinet
de Jean de LA BRUYÈRE dans VII
Les Juifs avaient le goût du sombre et du grand dans leurs édifices
2
Qui est d'une teinte plus ou moins brune ou noirâtre. Cet oiseau a un plumage sombre.
La gorge et tout le dessous du corps jusqu'aux jambes, d'un roux sombre moucheté de brun
Les airs étaient sereins ; des soleils radieux Semaient de leurs traits d'or le bleu sombre des cieux
de ST-LAMB. dans Sais. IV
Couleur sombre, couleur peu éclatante et qui tire sur le brun.
Lumière sombre, lumière qui éclaire mal.
Quand de sombres clartés qu'on ne discerne pas Attirent dans le bois et ses yeux et ses pas
de BRÉBEUF dans Phars. VI
Déjà le jour plus sombre, Dans les eaux s'éteignant, va faire place à l'ombre
Sémantique : Fig.
Du chagrin le plus noir elle [Esther] écarte les ombres, Et fait des jours sereins de mes jours les plus sombres
3
Obscur, ténébreux.
Impitoyables soeurs, Parques dont les ciseaux S'acquièrent chaque jour des triomphes nouveaux, Fleuves toujours brûlants, demeures toujours sombres
de BRÉBEUF dans Phars. VI
Dès que la nuit plus sombre Aux crimes des mortels viendra prêter son ombre
La sombre éternité, sans terme dans son cours, Enveloppait le temps qui mesure nos jours
de BERNIS dans Relig. veng. I
Sémantique : Par extension.
Leurs jours les plus brillants [des riches] ont les plus sombres nuits ; Souvent mille terreurs y jettent mille alarmes
Sémantique : Fig. Obscur, difficile à comprendre.
Il est certains esprits dont les sombres pensées Sont d'un nuage épais toujours embarrassées
Si elle [l'étude de l'histoire ancienne] se bornait à la stérile connaissance des faits de l'antiquité et à la sombre recherche des dates et des années où chaque événement s'est passé
Sémantique : Poétiquement. Les sombres bords, les royaumes sombres, les rivages sombres, les enfers, le séjour des morts, suivant la croyance des anciens.
Il a vu le Cocyte et les rivages sombres
Puisque Thésée a vu les sombres bords, En vain vous espérez qu'un dieu vous le renvoie
de Jean RACINE dans ib. II, 5
4
Sémantique : Fig. Sur qui il ne luit aucun rayon de joie, de vivacité, de satisfaction.
Et Sextus devenu tout sombre et tout confus
de BRÉBEUF dans Phars. VI
Et nous avons passé tout ce temps en récits Capables d'affliger les plus sombres esprits
de Jean de LA FONTAINE dans Fill. de Minée.
[L'envie] Du mérite éclatant cette sombre rivale
Philippe II n'avait jamais combattu ; il n'était après tout qu'un tyran laborieux, sombre et dissimulé
Il [Leibnitz] était sombre, et passait souvent les nuits dans un fauteuil
Le reste du jour il fut silencieux et sombre
Il se dit des choses.
Que son visage est sombre et plein d'émotion !
Zoon plaisait aux yeux.... Son peu d'esprit, son humeur sombre Rendaient ces talents mal placés
de Jean de LA FONTAINE dans Filles de Minée.
Voilà les vraies réflexions d'une personne qui passe une partie de sa vie seule dans de grands bois, où les réflexions ne peuvent être que sombres et solides
Le vice toujours sombre aime l'obscurité
Quel est ce sombre accueil et ce discours glacé ?
Enfin, depuis deux jours, la superbe Athalie Dans un sombre chagrin paraît ensevelie
Quelques philosophes en Angleterre, sous la sombre administration de Cromwell, s'assemblèrent pour chercher en paix des vérités
La fureur de la guerre civile [en Angleterre] était nourrie par cette austérité sombre et atroce que les puritains affectaient
Il y a dans ce sujet [le Paradis perdu] je ne sais quelle horreur ténébreuse, un sublime sombre et triste qui ne convient pas mal à l'imagination anglaise
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Ess. poés. ép. 9
Son silence n'avait rien de sombre ni de désobligeant
de Mme RICCOBONI dans Oeuv. t. III, p. 354, dans POUGENS
Honte à toi, femme à l'oeil sombre, Dont les funestes amours Ont enseveli dans l'ombre Mon printemps et mes beaux jours !
de Alfred DE MUSSET dans la Nuit d'oct. J.
te bannis de ma mémoire, Reste d'un amour insensé, Mystérieuse et sombre histoire
de Alfred DE MUSSET dans ib.
Nature : Substantivement. Le sombre, tristesse, mécontentement.
Dès que le roi fut assis, il remarqua promptement le sombre qui y régnait [dans le conseil]
5
Sémantique : Terme de musique. Voix sombre, voy SOMBRÉE.
6
Nature : S. m. Sombre à deux raies, espèce de couleuvre.

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Des maus qu'el [la luxure] fet ne sai le nombre ; La somme en est en une essombre, En une reculée obscure
de RUTEBEUF dans II, 40
2
XVIe s.
Nous aurons de la pluye tantost, car le temps devient sombre soudaynement
de PALSGRAVE dans p. 648
La sagesse qui a les siens [ses effets et ses fruits] doux, sombres, internes et peu visibles
Celuy qui frappe autruy de sombre coup, sans sang....
dans Coust. gén. t. II, p. 933

ÉTYMOLOGIE

1
Catal. espagn. et portug. sombra, ombre. On tire ce mot de sub-umbrare, supposant une forme so-ombrar ; le fait est que le provençal a sotz-umbrar, ombrager ; il a aussi solombrar, dans le même sens, et l'anc. espagn. offre solombra, ombre, qu'on a interprété par le latin solis umbra, interprétation que Diez rejette, préférant y voir une altération de sotz-ombrar. Mais la forme française essombre donne un autre indice : elle représente ex-umbra, où ex a un sens de renforcement, comme dans exoine, dans esseuler, et signifie lieu obscur. Il se peut que sombre, qui est aussi substantif, n'en soit que la contraction.
On trouve au XVe siècle un adjectif sombreuse qui signifie triste, lugubre : Les menestriers encommencerent à bondir en sombreuse, en signifiance de desconfiture
dans Perceforest, t. IV, f° 57

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
Terme forestier. Coupe sombre, voy. COUPE 1, n° 2.
Il ne faut pas confondre la coupe sombre, qui a pour but le réensemencement, avec les nettoiements et les éclaircies.
La coupe de réensemencement est dite sombre, parce que les étalons ligneux qui produiront la semence doivent être nombreux et former un couvert suffisant, suivant les essences de peuplement
de CH. BECQUET dans Mém. d'agricult. 1870-71, p. 82

Synonymes de SOMBRE

Termes proches de SOMBRE