Définition de COIFFER
Prononciation : koi-fé
DÉFINITIONS
1
Couvrir la tête d'une coiffe.Couvrir la tête d'une coiffure quelconque. Coiffer les grenadiers d'un bonnet à poil.
Friser, natter les cheveux. Coiffer une femme en cheveux.
Coiffer sainte Catherine, rester fille. Ste Catherine étant la patronne des demoiselles, on dit que la demoiselle qui ne se marie pas lui met la première épingle à vingt-cinq ans, la seconde à trente ; et à trente-cinq la coiffure est finie.
Nature : Absolument. Ce perruquier coiffe bien.
2
Orner, parer la tête. Cette couronne de bluets la coiffe à merveille.3
Mettre, jeter sur la tête. On le coiffa d'un seau d'eau.On renversa la table, on coiffa d'un potage le pauvre Vine-ville qui n'en pouvait pas davantage
de Jean-François Paul de Gondi, cardinal de RETZ dans III, 6
4
Coiffer une bouteille, mettre une enveloppe par-dessus le bouchon.5
Sémantique : En termes de mécanique, coiffer la chèvre, fixer sur la coiffe de cette machine le câble qui sert à soulever les objets.6
Coiffer un livre, en arranger le cuir à chaque extrémité du dos.7
Sémantique : Terme de vénerie. Happer le sanglier aux oreilles en parlant d'un chien.Sémantique : Par extension. Le tigre ne peut coiffer le rhinocéros sans risquer d'être éventré.
8
Infatuer.Les beautés qu'une prévention aveugle avait coiffées du mérite de Germain
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 6
Il s'était laissé coiffer de chimères et de visions
de Antoine HAMILTON dans ib. 10
9
Sémantique : Familièrement, enivrer. Il est aisé à coiffer.Quel est le cabaret honnête Où tu t'es coiffé le cerveau ?
10
Coiffer son mari, en parlant d'une femme, lui être infidèle.[Perruquier] prétendant n'avoir point coiffé de jolies femmes dont il n'eût coiffé les maris
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Conf. III
11
Nature : V. n. Sémantique : Terme de marine. On dit qu'un navire coiffe, lorsque le vent vient frapper les voiles par l'avant.12
Se coiffer, Nature : v. réfl. Porter comme coiffure. Les Turcs se coiffent d'un turban.Se coiffer en cheveux, ou avec ses cheveux, n'avoir aucun ornement dans les cheveux arrangés en coiffure.
Se couvrir la tête, en parlant d'un homme. Coiffez-vous.
Arranger sa coiffure. Elle met un temps infini à se coiffer.
13
Sémantique : Terme de marine. Les voiles se coiffent, quand elles se collent aux mâts.14
S'enivrer. Cet homme se coiffe souvent.15
S'infatuer.Fille se coiffe volontiers D'amoureux à longue crinière
de Jean de LA FONTAINE dans Fabl. IV, 1
Faut-il de ses appas m'être si fort coiffé ?
C'est un bonheur de n'être point sujette à se coiffer d'un de ces oisons-là
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 239
Comment ce garçon s'était coiffé d'un visage à faire peur
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 10
Si on y songe trop, on s'entête et on s'en coiffe
de Blaise PASCAL dans Disp. 3
L'inquiétude Dont Damon s'est coiffé si malheureusement
de Jean de LA FONTAINE dans Coupe.
Elle se coiffait de toute sa force en faveur de Matta
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 4
Il est difficile de comprendre comment M. de Turenne s'en coiffa [de M. Boucherat]
HISTORIQUE
1
XIIIe s.[La femme] Or est lavée, or est peigniée, Or est coifée, or est tressiée
dans Contenance des femmes
2
XVIe s.[Vénus] Le transmit [un chapeau de roses] à son cher enfant, Qui de bon coeur le va coiffant
de Clément MAROT dans I, 74
Toutes choses qui sont coiffées, Ont moult de lunes en la teste
de Clément MAROT dans II, 128
Je crois que vous eussiez pris une chevre coiffée pour une belle fille
Qui fut oncques plus coiffé de femmes que lui de Messaline ?
de Étienne de LA BOÉTIE dans 71
Alors les matrones presagent que l'enfant est heureux, par ce (disent-elles) qu'il est né coiffé
de Ambroise PARÉ dans XVIII, 16
Dirai-je encore de tel qui est coiffé et meurt pour une qu'il sçait estre laide, vieille, souillée....
de Pierre CHARRON dans Sagesse, I, 38
Nous nous suyvons à la piste, voire nous nous pressons, eschauffons, nous nous coiffons et investissons les vices et passions les uns aux autres
de Pierre CHARRON dans ib. II, Préface
La table est desjà coiffée [servie]
dans Contes de CHOLIÈRES, f° 66, dans LACURNE
ÉTYMOLOGIE
1
Coiffe ; bourguig. couiffay, coiffé.SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE
1
Prendre pour coiffure, mettre sur sa tête.À peine Proterius avait-il reçu l'imposition des mains et coiffé cette tiare adoptée depuis Cyrille....
de AM. THIERRY dans Rev. des Deux-Mondes, 1er avr. 1872, p. 522