Définition de BONNET

DÉFINITIONS - PROVERBES - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : bo-nè ; le t ne se lie pas dans le parler ordinaire ; au pluriel l's se lie : des bonnets élégants,

DÉFINITIONS

1
Coiffure d'homme sans rebords. Bonnet de laine, de soie ; bonnet de coton.
Tous les valets en bonnet de nuit
Sitôt qu'il fait un peu de bruit, Je lui mets son bonnet de nuit
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Le 3e mari.
Bonnet de police, coiffure des militaires quand ils sont en petite tenue.
Bonnet à poil, coiffure très élevée, arrondie, en poil noir, et qui est portée par quelques troupes d'élite d'infanterie et de cavalerie. Les grenadiers à cheval, dans l'ancienne armée impériale, portaient des bonnets à poil.
Sémantique : Fig. et familièrement. Je jetai mon bonnet par-dessus les moulins, phrase par laquelle on terminait les contes que l'on faisait aux enfants, et qui signifie je ne sais comment finir le conte.
Voilà ce que Moreuil m'a dit, espérant que je le vous manderais ; je jette mon bonnet par-dessus les moulins, et je ne sais rien du reste
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 47 (voyez aussi la lettre 379
Prendre une chose sous son bonnet, imaginer un fait sans fondement.
Ce sont deux têtes dans un bonnet, c'est-à-dire ils sont toujours de la même opinion, du même sentiment.
Voilà trois bonnes têtes dans un bonnet, la vôtre, celle de l'empereur des Romains et celle du roi de Prusse
Sémantique : Familièrement. Mettre la main au bonnet, saluer. Avoir toujours la main au bonnet, avoir des manières extrêmement civiles et révérencieuses.
C'est un personnage dont il ne faut parler que le bonnet à la main, c'est un homme très respectable.
Coup de bonnet, salutation faite en ôtant son bonnet.
Être triste comme un bonnet de nuit, être chagrin, d'une mélancolie extrême.
C'est bonnet blanc et blanc bonnet, il n'y a point de différence entre ces choses, l'une vaut l'autre.
Parler à son bonnet, se parler à soi-même, parler sans adresser la parole à personne.
Mettre son bonnet de travers, entrer en mauvaise humeur.
Avoir la tête près du bonnet, être vif, emporté, colère.
Où sont donc ces têtes si près du bonnet ?
Prendre le bonnet vert, porter le bonnet vert, locution employée autrefois pour signifier faire cession de biens afin d'éviter d'être poursuivi comme banqueroutier : cela se disait ainsi parce que celui qui faisait cette cession était obligé de porter un bonnet vert.
Les voilà sans crédit, sans argent, sans ressources, Prêts à porter le bonnet vert
Et que d'un bonnet vert le salutaire affront....
Les bonnets ou le parti des bonnets, parti politique en Suède au XVIIIe siècle, opposé au parti des chapeaux.
2
Coiffure des docteurs, des avocats, des juges, des professeurs.
Un avocat en soutane et le bonnet en tête
de Blaise PASCAL dans Imag. 2
Prendre le bonnet de docteur, ou simplement, le bonnet, se faire recevoir docteur.
Faut-il avoir reçu le bonnet doctoral....
Quitte là le bonnet, la Sorbonne et les bancs
Antigone disputait le bonnet de grand prêtre et même le vain titre de roi des Juifs
Bonnet carré, coiffure des docteurs en théologie.
Et que les docteurs n'eussent de bonnets carrés....
de Blaise PASCAL dans Imag. 2
Sémantique : Fig. Un gros bonnet, un personnage important dans son corps.
Les supérieurs [des Jésuites] consultèrent les gros bonnets à quatre voeux, et le résultat fut qu'il fallait céder à l'orage
Il [le cardinal de Bouillon] ne voulut voir que quelques gros bonnets des Jésuites
Le P. de la Chaise et les principaux bonnets ne demandèrent pas mieux que de servir son fils [de Mme de Soubise]
Opiner du bonnet, ne faire qu'ôter son bonnet en signe d'assentiment, accéder, sans aucune modification, à l'avis des autres.
Il opine du bonnet comme un moine en Sorbonne
M. le marquis sera dispensé de parler, et peut opiner du bonnet
Cette affaire a passé du bonnet, au bonnet, elle a passé tout d'une voix, sans discussion.
Y jeter son bonnet, ne pouvoir résoudre la difficulté proposée.
L'affaire est consultée, et tous les avocats, Après avoir tourné le cas, Y jettent leur bonnet, se confessant vaincus
3
Coiffure de gaze, de mousseline, de tulle, de dentelle, etc. à l'usage des femmes. Monter un bonnet. Garniture de bonnet.
4
Bonnet phrygien, sorte de coiffure que l'antiquité donnait aux Phrygiens. Pâris est représenté avec le bonnet phrygien.
Aujourd'hui, bonnet phrygien, coiffure assez semblable à cette coiffure antique et qu'on donne ordinairement aux images de la Liberté, de la République.
Bonnet rouge, coiffure adoptée par les sans-culottes en 1793, et depuis lors symbole de l'esprit révolutionnaire. C'est un bonnet rouge, c'est un homme qui appartient au parti révolutionnaire.
L'homme rouge venait En sabots, en bonnet
de Pierre Jean de BÉRANGER dans Homme rouge.
5
Bonnet chinois, dit aussi chapeau chinois, instrument de musique militaire garni de sonnettes, qui sert avec la grosse caisse à marquer les temps forts de la mesure.
6
Sémantique : Terme d'anatomie. Le bonnet, le second estomac des animaux ruminants.
7
Bonnet turc, sorte de potiron.
Bonnet-de-prêtre ou d'électeur, bonnet-à-prêtre, nom vulgaire d'une espèce de courge.
Bonnet carré, nom vulgaire du fusain.
8
Sémantique : Terme de vénerie. Bonnet carré, la tête du cerf quand il a du refait aussi haut que les oreilles.
9
Sémantique : Terme de fortification. Bonnet à prêtre, pièce détachée, dont la tête forme deux angles rentrants et trois angles saillants.
10
Partie supérieure d'un encensoir.
Sorte d'écrou dont le trou ne perce pas d'outre en outre.
Genouillère des bottes des courriers.
Bonnet carré, espèce de foret à quatre ailes.

PROVERBES

1
Exemple : Janvier a trois bonnets, c'est-à-dire, en ce mois il se faut bien couvrir la tête.
2
Exemple : Je m'en moque comme un âne d'un coup de bonnet, c'est-à-dire cela m'est bien égal.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Un chapel [il] ot de bonet en sa teste
dans Li charois de Nymes, 1047
2
XVe s.
Quant n'ont assez fait dodo Ces petis enfanchonnès [enfants], Ilz portent soubz leurs bonnès visaiges pleins de bobo
de Charles D'ORLÉANS dans Chanson 5
Afin de pouvoir trouver et recouvrer ses diz chaperon et bonnet
dans Bibl. des Chartes, 1re série, t. V, p. 489
3
XVIe s.
Un Picard a la teste près du bonnet
La pudicque modestie requise et ordonnée à ceulx de son bonnet [il s'agit d'un cardinal]
de Vincent CARLOIX dans VI, 35
Le roy luy dist qu'il avoit merité le pendre, et que jamais plus il ne se trouvast à la cour. Mon valet de chambre s'en alla avec ce bonnet de nuict
de Ambroise PARÉ dans t. III, p. 699
J'osteray humblement mon bonnet, et tiendray la teste nue devant mon superieur, car ainsi le porte la coustume de mon pays

ÉTYMOLOGIE

1
Berry, bounet, bonnette, coiffure de femme ; bourguig. bonô ; provenç. boneta ; anc. catal. bonet ; espagn. et portug. bonete ; bas-lat. boneta, bonetus. bonetum, sorte d'étoffe, comme on le voit par ce passage de Guillaume de Nangis, en la vie de saint Louis : " Ab illo tempore numquam indutus est squarleta vel panno viridi seu bonneta. " De bon, à cause de quelque qualité ? chapel de bonet, puis bonet, comme chapeau de castor, puis castor.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
BONNET. Ajoutez : - REM. Avoir la tête près du bonnet est une locution fort singulière ; car, toutes les fois qu'on a un bonnet sur la tête, la tête en est près. La première fois qu'on la rencontre est au XVIe siècle ; les Picards sont dits avoir la teste près du bonnet ; et un autre dicton assure qu'ils sont mauvaises têtes. Mais cela ne nous apprend rien sur l'origine de la locution. On ne peut faire que des conjectures. En voici une : le bonnet dont il s'agit est un bonnet fâcheux, par exemple le bonnet vert des banqueroutiers, ou le bonnet des maris trompés, comme dans ces vers du Candaule de la Fontaine : La sottise du prince était de tel mérite, Qu'il fut fait in petto confrère de Vulcan ; De là jusqu'au bonnet la distance est petite. En ce sens, avoir la tête près du bonnet, serait être tout près de faire banqueroute, ou d'être trompé par sa femme. Pareille situation met un homme de mauvaise humeur, et on fera bien de ne pas l'agacer. Mais peut-être est-il plus simple d'expliquer cette locution ainsi : son bonnet est enfoncé, il lui échauffe les oreilles et lui rend la tête chaude ; de là colère et emportement. En concordance avec cette explication est le passage suivant : XVIe s.
Il n'y a ni bonnet quarré, ni bourlet [au parlement, à l'Université] que je ne fasse voler, s'ils m'eschauffent trop les oreilles
dans Sat. Mén. p. 100
2
Ajoutez :
3
XIIIe s.
Il vit en cette vision le benoict saint Loys en tel abit come il l'avoit mainte foiz veu, c'est à dire en une chape à manches, un chapel de bonnet sus son chief
dans Miracles st. Loys, p. 174
4
Ajoutez : Dans le haut-normand, c'est le diminutif de bon : ce cidre est bonnet.

Synonymes de BONNET

Termes proches de BONNET

Phonétiquement proche de BONNET