Définition de COURTINE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : kour-ti-n'

DÉFINITIONS

1
Rideau de lit. Vieux, ou du moins il ne se dit guère qu'en vers ou par archaïsme.
Vous dormez dessous les courtines Des trois Grâces et des neuf soeurs
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans dans le Dict. de DOCHEZ.
Que me veux-tu, femme infidèle ? ne m'as-tu pas contraint de te punir ? Qu'elle est pâle et hideuse ! Elle déroule son suaire et me montre sa blessure, elle arrose de sang mes courtines
de DUSILLET dans Yseult de Dôle, ch. 13
Sémantique : Fig.
Du haut de la montagne pendaient des lianes qui formaient sur les flancs des rochers de grandes courtines de verdure
de Jacques Henri BERNARDIN DE SAINT-PIERRE dans Paul et Virg.
Nature : S. f. plur. Sémantique : Terme de blason. Partie du pavillon qui forme le manteau.
2
Sémantique : Terme de fortification. Front de la muraille d'une place, entre deux bastions.
Bellone va réduire en cendres Les courtines de Philipsbourg
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Ép. XXX
3
Sémantique : Terme d'architecture. Façade de bâtiment comprise entre deux pavillons.
4
Sémantique : Terme de pêche. Sorte de petit parc formé par des filets tendus sur des piquets.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Qui le tenroit [tiendrait] tot nu sor la cortine....
dans Raoul de C. 219
2
XIIIe s.
Tant furent bonnement, bras à bras, souz courtine....
de AUDEFR. LE BAST. dans Romancero, p. 21
[Il] Amenoient une charete Qui enclose ert d'une cortine
dans Ren. 9977
Cil arbre vert par ces gaudines Lor paveillons et lor cortines De lor rains [rameaux] sor eus estendoient, Qui du soleil les deffendoient
dans la Rose, 8474
Trais en sus ung poi la cortine, Qui les reliques encortine
dans ib. 21865
3
XVe s.
Et avoient le duc et le roi leurs chambres tendues de draps, de courtines et de tapis
de Jean FROISSART dans II, III, 41
[Diane sur prise au bain par Actéon] Ne sot de quoi faire courtine, En la fontaine se retire
de Jean FROISSART dans Poésies mss p. 373, dans LACURNE
Lors mist la main à la courtine pour la tirer arriere
dans Perceforest, t. II, f° 42
Car je sçay qu'entre deux courtines Est tout le bien, toute la joie D'amours, de soulas et la voie
de Eustache DESCHAMPS dans Poésies mss. f° 563, dans LACURNE
De grasses soupes jacobines Et flans leur faire oblation, Et puis après sous les courtines Parler de contemplation
de François de Montcorbier, dit VILLON dans G. Testam. Legs aux frères mendians et beguines
4
XVIe s.
Pour pavillon, qui d'un tel roy soit digne, Tu tends le ciel, ainsi qu'une courtine
de Clément MAROT dans IV, 311
Et, approchant de la courtine, lui demanderent comme il avoit reposé celle nuit
de Bonaventure DESPÉRIERS dans Contes, CXXVIII
La seconde chose que l'experience a fait approuver à beaucoup de gens, c'est de destacher les bastions des courtines, mesmes les porter outre le fossé.... ils ne laissent d'estre très bien defendus de [par] l'harquebuserie des courtines
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 337
Ils firent tous merveilleux devoir, combien que l'artillerie [des assiégeants] qui battoit en courtine, les endommageoit fort
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 581
Une longue terrasse pratiquée sur les flancs d'un rocher.... à petites tourelles tournées et massonnées à cul de lampe, avancées hors de la courtine de la terrasse
de R. BELLEAU dans Bergeries, p. 1, dans LACURNE

ÉTYMOLOGIE

1
Berry et norm. cortine, rideau de lit ; wallon, gordène ; provenç. esp. et ital. cortina ; bas-latin, cortina, petite cour, mur entre bastions, rideau autour d'un autre, en somme quelque chose qui protége ; cortina, dans Isidore, tapisserie, tenture en peaux ; latin classique, cortina, chose ronde, espace circulaire, chaudron.

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