Définition de OURDIR

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : our-dir

DÉFINITIONS

1
Disposer, arranger les fils de la chaîne pour faire un tissu.
Tous ces tapis Qu'a tissus la Savonnerie, Ceux que les Persans ont ourdis
Sémantique : Terme de corderie. Étendre, élonger tous les fils de caret qui doivent composer un cordage.
Entrelacer des cordons de paille pour faire une natte.
Tourner l'osier autour du moule, le tortiller pour en faire des paniers ou d'autres ouvrages.
Sémantique : Terme de pêche. Ourdir les cannes, faire des espèces de claies semblables aux paillassons des jardiniers.
Poétiquement et fig.
Et vous, fatales soeurs, reines des destinées, Vous dont les noires mains ourdissent nos années
La Parque à filets d'or n'ourdira point ma vie, Je ne dormirai point sous de riches lambris ; Mais voit-on que le somme en perde de son prix ?
2
Sémantique : Fig. Disposer comme le tisserand dispose ses fils.
Cependant, son Dauphin.... De faits si renommés ourdira son histoire Que ceux qui dedans l'ombre éternellement noire Ignorent le soleil, ne l'ignoreront pas
de François de MALHERBE dans II, 1
De leur mollesse léthargique Le discord sortant des enfers, Des maux que nous avons soufferts Nous ourdit la toile tragique
de François de MALHERBE dans VI, 29
C'est elle [notre âme] qui forme la liaison de nos sensations, et qui ourdit la trame de nos existences par un fil continu d'idées
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Disc. nat. anim. Oeuv. t. V, p. 317
3
Sémantique : Fig. Tramer, machiner.
Que ne sait point ourdir une langue traîtresse Par sa pernicieuse adresse !
Quand on est à cent lieues de Paris, il est difficile de prévoir et de parer les effets des petites cabales, des petites intrigues, des petites méchancetés qu'on y ourdit sans cesse pour s'amuser
En voyant ourdir autour de moi mille trames, je ne savais me plaindre que de la tyrannie de ceux que j'appelais mes amis
Vous y verrez avec quel artifice il a ourdi sa calomnie
4
Sémantique : Fig. Il se dit de la contexture des ouvrages d'esprit.
Son talent [de Virgile] était de faire des tableaux plutôt que d'ourdir avec art la trame d'une fable intéressante
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Ess. poés. ép. ch. 3
5
S'ourdir, Nature : v. réfl. Être ourdi. La toile s'ourdissait.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Trenchede est ensement cum de teissant [tissant] la meie vie ; dementres uncore que ordisseie, suztrenchad mei [me trancha par dessous]
dans Liber psalm. p. 233
2
XIIIe s.
Nules mestresses du mestier ne pueent ne ne doivent ourdir fil aveques soie ne flourin [espèce de bourre de soie] aveques soie, parce que l'uevre est fause et mauvese
dans Liv. des mét. 88
3
XVe s.
Sans ourdir on ne peut tiltre [tisser]
de COQUILLART dans p. 15, dans LACURNE
4
XVIe s.
Tarquinius faisoit soubs main tenter le peuple, et ourdissoit une trahison
de Jacques AMYOT dans Publ. 5
Pendant que ceste trame s'ourdissoit
de Jacques AMYOT dans Fab. 44
Ourdir, pour s'empestrer, mille nouveaux liens, Estre serf d'un tyran qui rit du mal des siens....

ÉTYMOLOGIE

1
Berry, ordir ; prov. ordir ; esp. urdir ; ital. ordire ; du bas-lat. ordire (dans Isidore), ourdir ; du lat. ordiri, commencer.

Synonymes de OURDIR

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