Définition de COURONNER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : kou-ro-né

DÉFINITIONS

1
Orner d'une couronne. Les anciens couronnaient les victimes. Alexandre couronna le tombeau d'Achille.
Leurs fronts sont couronnés de ces fleurs que la Grèce Aux champs de Marathon prodiguait aux vainqueurs
Sémantique : Fig.
Ô Dieu que la gloire couronne, Dieu que la lumière environne, Qui voles sur l'aile des vents
2
Mettre solennellement la couronne sur la tête d'un souverain. Couronner un pape, un roi.
Charlemagne se fit couronner roi d'Italie
Donner le titre de roi, de reine. Ce monarque avant de mourir voulut couronner son fils.
Qu'il règne avec éclat sur sa propre conquête, Et que de sa victoire il couronne sa tête
Mais vous voyez, seigneur, le prince son aîné Dont le bras généreux trois fois m'a couronné [m'a conquis trois royaumes]
de Pierre CORNEILLE dans ib.
Maintenant que je puis couronner tant d'attraits
Il va sur tant d'États couronner Bérénice
de Jean RACINE dans ib. I, 4
Pour couronner ma tête et ma flamme en ce jour
Quelque horreur que d'abord un attentat nous donne, L'horreur en diminue alors qu'il nous couronne
Être couronné, recevoir ou avoir le titre de roi, de reine.
Jamais tant de vertu fut-elle couronnée ?
Nature : Absolument. Faire roi.
Achève.... C'est le dieu qui règne et qui couronne ; C'est le dieu qui punit, c'est le dieu qui pardonne
3
Décerner une couronne, un prix soit dans les jeux gymnastiques, soit dans un concours littéraire. Couronner le vainqueur à la course, à la lutte, au ceste. Couronner l'auteur du meilleur ouvrage. Ce discours a été couronné par l'Académie.
4
Honorer, récompenser.
Le ciel va couronner aussi votre vertu
Oui, je veux couronner une flamme si belle
Digne de venger les crimes et de couronner la vertu
L'Église vit couronner une infinité de martyrs
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans ib. I, 11
Ils l'avaient mis sur le trône pour couronner ses vertus et mettre fin aux désordres que l'anarchie causait parmi eux
Je louerais en vain des vertus que Dieu n'aurait pas couronnées
C'est ainsi que le roi Honore le mérite et couronne la foi
Quand il veut couronner l'innocence
de Jean-Baptiste MASSILLON dans Panég. St J. Bapt.
Pourquoi du saint bonheur sitôt me couronner ?
5
Sémantique : Terme d'architecture. Former le couronnement. Un entablement couronne l'édifice.
6
Dominer, surmonter.
La ville de Rhodes est couronnée de divers petits coteaux
de BOUHOURS dans Hist. d'Aubusson, liv. III
Ces bois semblaient couronner ces belles prairies
L'immortelle forêt qui couronne l'Ida
7
Terme militaire. Garnir de troupes quelque point élevé. Le régiment, chassant devant lui l'ennemi, couronna la hauteur.
Les généraux d'artillerie, qui s'étonnaient aussi de leur stagnation, profitèrent promptement de la permission de combattre qu'on venait de leur donner ; ils couronnèrent bientôt les crêtes
8
Sémantique : Terme d'horticulture. Couronner un arbre, en tailler les branches à une même hauteur, de manière à former une surface plane.
9
Sémantique : Terme de vétérinaire. Couronner un cheval, le laisser tomber de façon qu'il se couronne.
10
Sémantique : Fig. Combler, accomplir.
La victoire s'avançait à grands pas pour couronner ses triomphes
de Claude Favre de VAUGELAS dans Q. C. liv. III, ch. 6
Lorsque après de longues années il se vit élevé à cette grande charge.... le modeste ministre disait que le roi, pour couronner plutôt la longueur que l'utilité de ses services, voulait donner un titre à son tombeau et un ornement à sa famille
Et par un beau trépas couronne un beau dessein
Loin de t'excuser tu couronnes ton crime
de Pierre CORNEILLE dans ib. V, 1
Et que demain l'hymen couronne leur amour
de Pierre CORNEILLE dans ib. V, 3
Il faut ou condamner ou couronner sa haine
Et ce qui couronne tout cela est la prédiction
de Blaise PASCAL dans Proph. 16
Il a voulu couronner son entreprise
Ces morts précieuses qui couronnent une belle vie
Ce qui couronne la vie de cette princesse, c'est qu'elle fut toujours égale
Mais ce même Amurat ne me promit jamais Que l'hymen dût un jour couronner ses bienfaits
Et Pâris, couronnant son insolente flamme, Retiendra sans péril la soeur de votre femme !
Quoi ! de mes ennemis couronnant l'insolence J'irais attendre ailleurs une lente vengeance
Jamais aucun succès n'a couronné mes voeux
Ceux dont une honorable vieillesse couronne une vie sans reproche
De toutes les opérations que nous avons décrites, il en résulte une qui, pour ainsi dire, couronne l'entendement, c'est la raison
de Etienne Bonnot de CONDILLAC dans Conn. hum. sect. II, ch. 11
11
Se couronner, Nature : v. réfl. Se mettre une couronne. Se couronner de fleurs.
Se faire roi.
Voilà par quels exploits il sut se couronner
Par d'illustres exploits couronnez-vous vous-même
12
Sémantique : Terme d'horticulture. Cet arbre se couronne, il vieillit et la tête s'en dessèche.
Sémantique : Terme de vétérinaire. Ce cheval s'est couronné, en s'abattant, il s'est fait la lésion dite couronnement.
La fin couronne l'oeuvre, se dit pour exprimer que l'on doit persévérer jusqu'à la fin, que la vertu ne doit pas se décourager, etc. ou simplement pour exprimer qu'une oeuvre est enfin achevée.

HISTORIQUE

1
XIe s.
Tel coronet [tel prêtre couronné, tonsuré, l'archevêque Turpin] ne chantat onques messe
dans Ch. de Rol. CXIX
2
XIIe s.
De Tortolose estoit rois coronez
dans Ronc. p. 41
Sur toute joie est cele couronnée Que j'ai d'amor : Dieu ! i faudrai-je donc ?
dans Couci, VI
Le premier roi de France fist Diex par son commant Coroner à ses anges dignement en chantant
dans Sax. I
En cel contemple ad fait li reis Henris jurer Henri sun fil à rei, e sil fist coruner
dans Th. le mart. 68
Li clers est corunez : Deus deit en lui seeir ; Aprendre deit tuz dis ; mult li covient saveir
dans ib. 30
E tuit le firent coronier après sa mort
dans Machabées, I, 1
Il et ele [Thibaut et la reine Blanche] lez à lez La [France] tiennent de compagnie ; Cil n'en est fors rois clamés [que roi de nom] Qui pieça est coronés
de HUES DE LA FERTÉ dans Romancero, p. 189
3
XIIIe s.
Sire, que la vostre ame soit de Dieu couronnée
dans Berte, XLVI
Dont pristrent li baron conseil de s'aler en Constantinoble, pour coroner le bailli à empereour
Dist Renart : se Diex bien me face, Se je puis un rasoir trover, Je vos vodré bien coroner [tonsurer]
dans Ren. 3240
Li fust li roiaumes donnés, Dont il fu puis reis couronnés, Et vicaires de tout l'empire
dans la Rose, 6760
Quand le patriarche corone le roi, la procession lui vient à l'encontre à la porte du mostier
dans Ass. de J. I, 29
4
XIVe s.
Es olimpiades les tres bons et les tres fors ne sont pas coronnés, mes ceulx qui bien besoignent
Et doit l'en aviser que le cheval ait maigres jambes, larges et plates, qu'il n'ait pas les genoulx couronnés
dans Ménagier, II, 3
5
XVe s.
[Rob. Bruce recommande en mourant, aux barons, que quand son fils] seroit venu en aage, qu'ils luy obeyssent, et qu'ils le couronnassent à roy
Liberalité est es cueurs des hommes effacée et estaincte, et en lieu de ceste couronnée vertu regne avarice et convoytise
dans Hist. de la Toison d'Or, t. II, f° 200
6
XVIe s.
L'on vous donnera la louange d'avoir glorieusement couronné et achevé l'oeuvre, que vostre feu pere avoit heureusement fondé
de Jacques AMYOT dans Ép.
Ilz le voulurent couronner de chappeaux de fleurs, pour leur avoir apporté de si bonnes nouvelles
de Jacques AMYOT dans Thésée, 26
D'un tel logis le seigneur redouté Va couronné d'honneur et de jeunesse
de Pierre de RONSARD dans 705
Caril est, quant au reste, aussi noble qu'un ange, Tant je l'ay couronné de gloire et de louange
de Pierre de RONSARD dans 87

ÉTYMOLOGIE

1
Voy. COURONNE ; provenç. et espagn. coronar ; ital. coronare ; du latin coronare.

Synonymes de COURONNER

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