Définition de CLORE

DÉFINITIONS - REMARQUE - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE - SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE -

Prononciation : klo-r'

DÉFINITIONS

1
Boucher ce qui est ouvert. Clore les passages.
Je sais qu'il fit trancher et clore ce conduit Par où ce grand secours devait être introduit
Dans la vannerie, clore une corbeille, serrer l'osier avec un fer.
Clore l'oeil, la paupière, dormir.
Ne pouvant clore l'1oil, se plaignait en pleurant
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Dial.
Il ne connaissait plus le sommeil, et la froide main de la mort pouvait seule lui clore les yeux
Sémantique : Fig. Clore la bouche à quelqu'un, l'empêcher de parler, le réduire à ne pouvoir répondre.
Mais la naïveté.... Clôt-elle pas la bouche à leur impiété ?
de François de MALHERBE dans I, 1
2
Enclore. Clore une ville, un jardin.
3
Sémantique : Fig. Terminer. Clore un marché.
Quand j'aurai clos mon dernier jour
de François de MALHERBE dans V, 20
Oui, seigneur, cette heure infortunée Par mes derniers soupirs clora ma destinée
J'écris quelques pages sur votre compte ; vous clorez, s'il vous plaît, le siècle de Louis XIV ; car vous êtes né sous lui
Qui empêche, quand on s'aperçoit de la fuite du bonheur, de clore la vie ?
Déclarer terminé. Clore une discussion dans une assemblée.
4
Dans les exercices de la chevalerie, clore le pas, terminer le tournoi, par opposition à ouvrir le pas, commencer le tournoi.
5
Nature : V. n. Cette porte, cette fenêtre ne clôt pas.
Lorsque le jour allait clore
6
Se clore, Nature : v. réfl. Être clos. Un oeil qui se clôt.

REMARQUE

1
Des grammairiens se sont plaints qu'on laissât sans raison tomber en désuétude plusieurs formes du verbe clore. Pourquoi en effet ne dirait-on pas : nous closons, vous closez ; l'imparfait, je closais ; le prétérit défini, je closis, et l'imparfait du subjonctif, je closisse ? Ces formes n'ont rien de rude ni d'étrange, et il serait bon que l'usage ne les abandonnât pas.

SYNONYME

1
CLORE, FERMER. Fermer, qui vient de firmare, rendre ferme, assurer, fortifier, s'est substitué peu à peu à tous les emplois de clore qui, venant de claudere, était, à l'origine, le mot propre. Aussi, malgré l'étymologie, n'y a-t-il guère de différence qu'en ce que le premier est d'un usage général, tandis que le second est d'un emploi restreint. Qu'on prenne toutes les locutions, et l'on verra que les nuances sont insaisissables. On ferme ou on clôt un jardin de murs ; le sommeil nous ferme ou nous clôt les yeux ; le président ferme ou clôt la discussion ; cette porte ne ferme pas bien ou ne clôt pas bien (pourtant on dira, avec une nuance : cette porte ferme bien, mais elle ne clôt pas ; c'est-à-dire les verrous en sont solides, mais elle laisse des jours). En un mot, fermer, prenant le sens de clore, s'est partout substitué à lui, excepté dans quelques locutions toutes faites : à huis clos, et non à huis fermé ; nuit close, et non nuit fermée ; le propriétaire de la maison est obligé de tenir le locataire clos et couvert, et non fermé (ici fermé ferait presque un contre-sens). En revanche, ce serait un autre contre-sens que de dire à quelqu'un de clore la porte, au lieu de fermer la porte, parce qu'on veut dire l'arrêter par le pêne ou par un loquet, non pas la clore. En somme, c'est l'effet naturel d'un mot impropre qui se substitue à un mot propre, d'en prendre la plupart des significations et pourtant de ne pas le chasser des locutions traditionnelles.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Sire [il] fu de Illande, une terie où mers clot
dans Sax. XVII
Plus a fierté Herupe et Bretaigne et Touraine Que tous li remenanz que mers cloe et açaine
dans ib. XX
De ci que il out parfait sun palais e le temple nostre seignur, e clos le mur envirun Jerusalem
dans Rois, 233
2
XIIIe s.
Ces haus murs et ces riches tours dont la vile estoit close
Lors se clostrent li nostre de lices par defors
Et si ot molt bele maison, Close de haut mur environ
dans Lai du trot
Por la destrece de mort cloudrent [se fermèrent] mi oeil
dans Psautier, f° 106
Ançois doivent li auditeur clorre et seeler ce qui est fet et aporter en jugement
de Philippe de BEAUMANOIR dans VI, 15
Et nous n'avons point de demain, Quar li termes vient et aprouche Que la mort nous clorra la bouche
de RUTEBEUF dans 97
Li roys fist clorre tout l'ost de grans fossés
Et commanda le roy que l'en clousist nostre ost de fossés
Et jà parole ne fust née, Se bouche fust close tous jours
dans Denier et brebis, dans JUBINAL, t. II, 264
3
XIVe s.
Son sanc est ou cuer et es euls [yeux] qui sont gros, et ne les clot onques
4
XVe s.
Pour eux tollir et clorre le pas de la mer [aux assiégés de Calais]
Où ils cloyoient la plus part de l'ost
de Philippe de COMMINES dans I, 2
Commanderent qu'on amenast le charroy là où nous estions et que on nous cloyst, et ainsi fut fait
de Philippe de COMMINES dans I, 4
Avant que le roy prist Arras, la ville cloyoit contre la cité, et y avoit grans fossez et grandes murailles entre deux, ainsi la cité estoit bien close
de Philippe de COMMINES dans VI, 6
Je vous supplie que vous cloyez les fenestres, afin que nous soyons plus secretement
de LOUIS XI dans Nouv. XCVIII
5
XVIe s.
.... Car crainte et doubte alors Luy cloent le bec, contemplant les richesses
Mais mieux me vaut rendre ma lettre close
de Clément MAROT dans II, 23
Clouez tout court, rentrez de bonne sorte : Maistre passé serez certainement En un rondeau
de Clément MAROT dans II, 373
En liberté maintenant me pourmaine, Mais en prison pourtant je fus cloué
de Clément MAROT dans II, 425
Cela n'eust pu sembler autre chose que battre l'air à clos yeux
de Jean CALVIN dans 26
Juppiter s'excusoyt, remonstrant que tous ses benefices estoyent distribuez, et que son estat estoyt clouz
Le soleil levant, il s'espanouit ; soy cachant, il se cloust
de François RABELAIS dans ib. III, 50
Clore et plier une lettre
de Michel de MONTAIGNE dans I, 293
Il ne m'est onques advenu de trouver la bourse de mes amis close
de Michel de MONTAIGNE dans I, 312
Je m'en vais clore ce pas par un verset ancien que....
de Michel de MONTAIGNE dans I, 336
Tel en camp clos, qu'en une battaille
de Michel de MONTAIGNE dans II, 7
Elle appelle ses filles pour luy clorre les yeulx
de Michel de MONTAIGNE dans II, 41
Le gardans de pouvoir clorre l'oeil, en le contraignant par toute voye et tout moyen de veiller et demourer sans dormir
de Jacques AMYOT dans P. Aem. 59
Ilz avoient conspiré entre eulx, que le premier jour que les Romains sortiroient, ilz leur clorroient la porte à la cueue
de Jacques AMYOT dans Marcel. 14
Pour clorre le chemin à ses ennemis...
de Jacques AMYOT dans Sylla, 46
Il se jettoit à clos yeux au danger
de Jacques AMYOT dans Phocion, 8
Quand se vint à la nuict close, que l'on ne voyoit desjà plus goutte
de Jacques AMYOT dans César, 41
Jusques à ce que les ennemis vindrent à monter sur les remparts qui clouoient son camp
de Jacques AMYOT dans ib. 60
Fermant la bouche à la raison, et clouant les yeux à l'imagination du peril
de Jacques AMYOT dans Pomp. 85
Qu'elle tienne son halaine par intervale, en clouant le nez et la bouche
de Ambroise PARÉ dans t. II, p. 629
Nous fismes un contract ensemble l'autre jour, Que tu me donnerois mille baisers d'amour, à levres demi-closes
de Pierre de RONSARD dans 810

ÉTYMOLOGIE

1
Berry, clouer ; picard, cloer, cloure ; provenç. claure, clauzer, clure ; anc. catal. cloir ; ital. chiudere ; du latin claudere. L'ancien français disait il clot et il cloe, nous cloons, il clooit ; d'où la confusion qui s'est faite, pour le son, avec clouer.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

1
CLORE. - HIST. XVIe s. Ajoutez :
Vray est que la rigueur de l'inquisition les fait tenir [les Espagnols] clos et couverts [peu communicatifs]
de GUY COQUILLE dans Dialogue sur les causes des misères de la France, Oeuvres, éd. de 1666, t. I, p. 259

Synonymes de CLORE

Termes proches de CLORE