Définition de SATIRE

DÉFINITIONS - REMARQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : sa-ti-r'

DÉFINITIONS

1
Primitivement, à Rome, sorte de pièce dramatique, où il y avait un mélange de musique, de paroles et de danse, d'où le nom de satira ou satura, proprement farcissure ; cette satire ne se développa pas ; mais le nom resta et passa à la satire proprement dite, qui fut inaugurée par Lucilius.
2
À Rome, et, par suite, chez les modernes, ouvrage en vers, fait pour censurer, pour tourner en ridicule, les vices, les passions déréglées, les sottises des hommes.
C'est ce qui m'a contraint de librement écrire, Et, sans piquer au vif, me mettre à la satire
de Abbé Mathurin RÉGNIER dans Sat. I
Regarde cet homme négligemment habillé et assez malpropre ; il se nommera Régnier, sera neveu de Desportes, et méritera beaucoup de gloire ; il sera le premier qui fera des satires en français
de Madeleine de SCUDÉRY, dite Mademoiselle de Scudéry dans Clélie, t. VIII, suite de la 4e partie, liv. II, p. 587
Je vais composer contre eux une satire en style de Juvénal, qui les déchirera de la belle façon
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Bourg. gent. II, 6
L'ardeur de se montrer, et non pas de médire, Arma la vérité du vers de la satire
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. II
Je veux dans la satire un esprit de candeur, Et fuis un effronté qui prêche la pudeur
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans ib.
Muse, changeons de style, et quittons la satire ; C'est un méchant métier que celui de médire
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Sat. VII
La satire en leçons, en nouveautés fertile, Sait seule assaisonner le plaisant et l'utile ....Elle seule, bravant l'orgueil et l'injustice, Va jusque sous le dais faire pâlir le vice, Et souvent, sans rien craindre, à l'aide d'un bon mot, Va venger la raison des attentats d'un sot
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans ib. IX
Boileau a-t-il appris à quelqu'un que la Pucelle est un mauvais ouvrage ? non, sans doute ; à quoi donc ont servi ses satires ? à faire rire aux dépens de dix ou douze gens de lettres, à faire mourir de chagrin deux hommes qui ne l'avaient jamais offensé....
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Mél. litt. Mém. sur la sat. Despréaux. Racine, Corneille, Molière, etc.
ont été accablés de leurs temps par des volumes de satires ; qui est-ce qui en connaît aujourd'hui une seule ?
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Éloges, Despréaux, Note 40
La satire, arme dont il semble qu'il ne doit être permis de se servir que contre ceux qui par leur rang ou leur pouvoir sont à l'abri de tout autre châtiment
de Marie-Jean Antoine Caritat, marquis de CONDORCET dans Haller.
Distinguons deux espèces de satire : l'une politique, et l'autre morale ; l'une et l'autre ou générale, ou personnelle
de Jean-François MARMONTEL dans Oeuv. t. X, p. 124
Sémantique : Fig. Sa conduite fait la satire de la vôtre, en voyant sa bonne conduite on remarque davantage les torts de la vôtre.
Sa conduite [du père de Boileau] dans le palais.... Mieux que leur plume [de ses fils] si vantée Fit la satire des Rollets
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Poés. div. X
J'ose agir sans rien craindre, ainsi que j'ose écrire ; Je fais le bien que j'aime, et voilà ma satire
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Ép. 95
3
Il se dit aussi de certains ouvrages mêlés de vers et de prose qui sont faits dans la même intention. Les Satires de Varron. La Satire de Pétrone.
La Satire Ménippée, satire que Varron avait inventée en mêlant agréablement la prose avec les vers, le sérieux avec l'enjoué, et qu'il avait nommée Ménippée, parce que Ménippe le cynique avait traité avant lui des matières graves d'un style plaisant et moqueur
de Charles ROLLIN dans Hist. anc. liv. XXV, ch. I, II, 3
Sémantique : Par antonomase, la Satire Ménippée, recueil de pièces mordantes ou railleuses faites en faveur d'Henri IV et contre les ligueurs.
4
Tout discours, tout écrit qui reprend, qui raille.
Ces sortes de satires [les comédies] tombent directement sur les moeurs, et ne frappent les personnes que par réflexion
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Critique, 7
Les rieurs sont pour vous, madame, c'est tout dire ; Et vous pouvez pousser contre moi la satire
de Jean-Baptiste POQUELIN, dit MOLIÈRE dans Mis. II, 5
Je voudrais bien savoir où il prend ces sortes de pensées, et ces tours nobles et galants, qui font d'une satire la chose du monde la plus obligeante
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 398
La satire est sans yeux pour tout ce qui est bon ; qu'arrive-t-il ? les satires passent, comme dit le grand Racine, et les bons écrits qu'elles attaquent demeurent
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Lett. Marmontel, 16 juin 1749
Si ses armes sont la satire, Mon bouclier c'est le mépris
de DESMAHIS dans Poés. p. 23, dans POUGENS

REMARQUE

1
On ne confondra pas orthographiquement satire, de satira, et satyre venant du grec, l'un un poëme, l'autre une divinité.

ÉTYMOLOGIE

1
Lat. satira ou satura, satire, proprement plat de différents mets, de satur, farci, rassasié. Comparez la racine sat, qui est dans satur et dans satis, avec le goth. sath, allem. satt, rassasié, et l'homérique grec, assez.

Synonymes de SATIRE

Termes proches de SATIRE

Phonétiquement proche de SATIRE