Définition de ROGNER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : ro-gné

DÉFINITIONS

1
Retrancher sur la longueur, sur la largeur, sur les extrémités. Rogner du papier. Rogner la marge d'un livre, ou rogner un livre.
Permettez donc [vous, lion] qu'à chaque patte On vous les rogne [les ongles] ; et pour les dents Qu'on vous les lime en même temps
Il [le chantre] saisit, en pleurant, ce rochet qu'autrefois Le prélat trop jaloux lui rogna de trois doigts
Ne pourrait-il pas me dire, comme Diogène à celui qui lui reprochait d'avoir rogné les espèces : il est vrai ; ce que tu es à présent, je le fus autrefois, mais tu ne deviendras jamais ce que je suis
Sémantique : Fig. Rogner les ongles à quelqu'un, les lui rogner de près, lui diminuer, lui retrancher son pouvoir, son profit, sa fortune.
Les opérations de finances .... m'ont rogné les ongles
de Mme DU DEFFANT dans Lett. à H. Walpole, t. IV, p. 307, dans POUGENS
On a rogné jusqu'au vif les griffes de l'inquisition ; elle n'est plus qu'un fantôme
Si Balthazar Beker s'en était tenu à rogner les ongles au diable
Sémantique : Fig. Rogner les ailes, empêcher d'agir, de s'élever.
Si je ne vous fais pas aussi bonne chère que je voudrais, c'est la faute de monsieur votre intendant qui m'a rogné les ailes avec les ciseaux de son économie
Puisque vous êtes, monsieur, à portée de rendre service aux belles-lettres, ne rognez pas de si près les ailes à nos écrivains
de François-Marie Arouet, dit VOLTAIRE dans Mél. litt. à un premier commis.
Platon dit que les âmes avaient autrefois des ailes ; je crois qu'elles en ont encore aujourd'hui, mais on nous les rogne
Sémantique : Fig. et absolument. Taillez et rognez comme il vous plaira, je vous laisse le maître absolu.
Que chacun taille, rogne et glose sur mes vers
Je me mis à tailler et à rogner à ma fantaisie ; et tout ce que je fis fut trouvé fort bien
Lui seul dans la maison taille, rogne, gouverne
de Jean-Baptiste ROUSSEAU dans Flatteur, I, 1
2
Sémantique : Terme rural. Couper des branches, des racines.
3
Rogner le pied d'un cheval, abattre la mauvaise corne.
4
Sémantique : Fig. et familièrement. Ôter, retrancher à quelqu'un une partie de ce qui lui est dévolu.
M. de Louvois, à la mort du duc du Lude, voulut rogner l'office du grand maître de l'artillerie en faveur de sa charge de secrétaire d'État
Le lansquenet défendu va rogner ses rentes et son équipage
de Florent Carton, sieur d'Ancourt, dit DANCOURT dans Désol. des joueuses, sc. 1
Il se dit aussi pour dépenser, entamer.
Mon fils par vous accoutumé à rogner ce grand héritage

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Toi ne autrui ne prisent un denier ; Ainz te manascent la teste à rooignier, Se il te puent [peuvent] ne tenir ne baillier
dans Raoul de C. 57
2
XIIIe s.
Donques me faites rooignier [tonsurer]
dans Ren. 1082
Les chevaliers qui se combatent por murtre ou por homecide se deivent combatre à pié et sans coifes, les testes roigniées à la reonde
dans Ass. de Jér. I, 165
La quarte maniere de fax monniers [monnayeurs], si est quant aucun rongnent monnoie, car le [la] monnoie en pert son pois
de Philippe de BEAUMANOIR dans XXX, 12
Ses ongles [il] roongnoit aus denz
de RUTEBEUF dans II, 122
3
XIVe s.
Quelconque personne qui sire soit de ce chastel [Montereau] se peut bien vanter que ces villains de Paris sont en son dangier [sous son autorité], et que bien près leur peut rongnier les ongles
dans Lett. de Marcel, dans Hist. de Flandre, t. II, p. 390
4
XVIe s.
Le premier Scipion, qui leur osta et rongna [aux Carthaginois] pour l'amende une bonne partie de leur empire
de Jacques AMYOT dans Caton, 53
Ressembler la monnoye rongnée
de Randle COTGRAVE dans
Qui fief rongne fief pert
de Randle COTGRAVE dans

ÉTYMOLOGIE

1
Wallon, rognî ; Berry, reugner, rougner ; prov. redonhar, rezonar, rezoynar, rogner, tondre, couper ; du lat. rotundus, rond : proprement couper en rond. Rotundus avait donné dans le provençal redon, et dans le vieux français reon, roon ; le vieux français dit rooignier, en trois syllabes.

Synonymes de ROGNER

Termes proches de ROGNER