Définition de AFFAIBLIR

DÉFINITIONS - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : a-fè-blir

DÉFINITIONS

1
Rendre faible, au propre et au figuré. Affaiblir le corps. L'âge affaiblissait son esprit. Affaiblir un malade par la saignée et par la diète. On avait affaibli la garnison par des détachements. L'usage des lunettes affaiblit quelquefois la vue. Affaiblir la puissance d'un État. Pour ne pas affaiblir sa gloire. Affaiblir l'autorité d'un témoignage.
La vieillesse languissante et ennemie viendra rider ton visage, courber ton corps, affaiblir tes membres, faire tarir dans ton coeur la source de la joie....
Peut-être croirait-on, en se soumettant, affaiblir l'autorité dont on est maître ; c'est au contraire ce qui l'affermirait
de Louis BOURDALOUE dans Pensées, t. II, p. 359
Comme les aliments dans un corps malade, bien loin de le fortifier et de le nourrir, l'affaiblissent et se tournent en corruption jusqu'à détruire le principe de la vie....
de Louis BOURDALOUE dans Carême, t. I, p. 106
La première maxime en matière de guerre est d'affaiblir son ennemi et de le fatiguer
de Louis BOURDALOUE dans Carême, t. I, p. 228
Quelques jeunes personnes ne connaissent point assez les avantages d'une heureuse nature ; elles affaiblissent les dons du ciel, si rares et si fragiles, par des manières affectées et par une mauvaise imitation
La loi de l'histoire ne nous a permis ni de rien déguiser ni de rien affaiblir dans le récit de cette tragique aventure
Je vous ai montré l'art d'affaiblir son empire
Sa perte m'affaiblit, et son trépas m'afflige
Pourquoi nous déchirer par des guerres civiles, Où la mort des vaincus affaiblit les vainqueurs ?
Tant de précautions affaiblit votre règne
Un traître, en nous quittant, pour complaire à sa soeur, Nous affaiblit bien moins qu'un lâche défenseur
.... Mes maux m'ont affaibli plus encor que mes ans
Vous qui du poids des ans n'êtes point affaiblis
2
Affaiblir se prend aussi absolument. Trop retoucher un ouvrage, c'est moins retoucher qu'affaiblir.
Je me sens affaiblir, quand je vous encourage
Je sens affaiblir ma force et mes esprits
3
Affaiblir les monnaies, les espèces, en diminuer le poids ou le titre.
4
S'affaiblir, Nature : v. réfl. Devenir faible, au propre et au figuré. Ses forces s'affaiblissent. Sa douleur s'affaiblit. J'ai vu nos espérances s'affaiblir. La raison de son père s'était affaiblie. Nous laissons s'affaiblir l'autorité.
Quoi ! déjà votre foi s'affaiblit et s'étonne !
Ma vue s'affaiblit, dit Irène. Prenez des lunettes, dit Esculape. Je m'affaiblis moi-même, continue-t-elle ; je ne suis ni si saine ni si forte que j'ai été. C'est, dit le dieu, que vous vieillissez
de Jean de LA BRUYÈRE dans 11
5
En peinture et gravure, affaiblir marque l'abus ou l'exagération de l'adoucissement ; en architecture, c'est diminuer l'épaisseur d'un mur ou la grosseur d'une pièce de charpente.

SYNONYME

1
AFFAIBLIR, ÉNERVER. Diminuer la puissance. On affaiblit ce qui est fort ; on énerve ce qui est nerveux. Toutes les fois que fort et nerveux ne pourraient être confondus, affaiblir et énerver ne doivent pas l'être. Puis affaiblir est beaucoup plus général : L'âge affaiblit naturellement ; Une diète sévère affaiblit, mais pour procurer la santé. Au lieu que énerver indique quelque chose d'accidentel et de malfaisant : Se laisser énerver par les délices, par l'oisiveté.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Mult sunt li bon et li hardi Amenuisé et afiebli
dans Rou, 6750
Li remananz est mout afebliez
dans Roncisv. p. 70
Vous i mourrez, France en ert [sera] afeblie
dans ib. p. 82
Lors sa parole prist à afebloier
dans ib. p. 99
En la cause veïmes l'apostolie afeblir, Qu'il ne pout l'arcevesque contre tuz maintenir
dans Th. le Mart. 101
Car j'en sui si meüz et afoibliz
dans Couci, V
2
XIIIe s.
Et bien furent mort en cele voie quarante chevalier ; dont li os [armée] fu durement afebloiés et apovris
Esclas couroit souvent sour lui, et l'afoibloioit mout de gent et d'amis et de chastiaus
de H. DE VAL. dans 10
Ce vont li trois portier disant : Mais, que qu'il aillent devisant, Forment en sunt afebloié
dans la Rose, 14805
Or te voil dire et conseillier Que l'amors metes en obli, Dont je te voi si afoibli, Et si conquis et tormenté
dans ib. 3033
Lor dru [elles] ne vont pas oubliant ; Molt aloient afoibloiant
dans Lai d'Ignaurès
Dont commencent li prince forment à empirier ; Li cors lor affebloient, et lor corant destrier
dans Ch. d'Ant. VII, 258
3
XVe s.
Nous sommes affoibliz de toute foi et loyauté les uns envers les autres
de Philippe de COMMINES dans II, 6
Ha ! le sacrement de l'autel, Je suis affoibli [j'ai peur], qu'est ceci ?
de François de Montcorbier, dit VILLON dans Arch. de Bagnol.
4
XVIe s.
Toutes fois, monseigneur, je la vois sans cesse affoiblir ; en sorte que, si je le vous celois, je ne vous serois telle que je suis

ÉTYMOLOGIE

1
À et faiblir ; picard, affleboyer ; bourguig. éfoibli ; provenç. afeblir, aflebir, afflebleiar. Il y avait deux formes en vieux français et en provençal : afeblir ou afoiblir, suivant les dialectes, et afebloier ou afoibloier. La première seule a survécu, sauf dans le picard, où la seconde est conservée.

Synonymes de AFFAIBLIR

Termes proches de AFFAIBLIR