Définition de SOUSTRAIRE

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : sou-strê-r' ; la prononciation est irrégulière : elle devrait être sou-trê-r' ; au XVIe siècle, on é

DÉFINITIONS

1
Enlever quelque chose par adresse ou par fraude. Il a soustrait du dossier les pièces les plus importantes.
Soustraire les aliments à un malade, lui retrancher quelque chose de la nourriture ordinaire.
Soustraire des sujets de l'obéissance du prince, ou, plus ordinairement aujourd'hui, à l'obéissance du prince, les pousser à la révolte contre leur prince.
Aucune possession, ni aucune jouissance ne peut en aucun temps être soustraite à l'autorité de la loi
2
Préserver de.
J'ai l'ordre d'Amurat, et je puis t'y soustraire
Il [Joly de Fleury] a soustrait au châtiment des juges coupables, pour ne pas décrier la magistrature
de Charles Pinot, sieur DUCLOS dans Oeuvr. t. v, p. 275
Le parlement veut mettre Palissot au pilori ; et les protecteurs de Palissot le font exiler pour le soustraire au parlement
de Jean Le Rond D'ALEMBERT dans Lett. à Voltaire, 6 avril 1764
3
Sémantique : Terme d'arithmétique. Ôter un nombre d'un autre nombre.
Soustraire une soustraction, c'est ajouter, comme nier une négation, c'est affirmer
de Etienne Bonnot de CONDILLAC dans Lang. calc. II, 6
4
Se soustraire, Nature : v. réfl. S'affranchir de, se dérober à.
Aux grands périls tel a pu se soustraire, Qui périt pour la moindre affaire
Les Phocéens, lorsqu'ils abandonnèrent leur patrie pour se soustraire à la domination de Cyrus
de Etienne Bonnot de CONDILLAC dans Hist. anc. III, 16
Chaque cultivateur.... pour se soustraire à la rigueur des impositions
On peut écarter les réflexions ; mais on ne peut se soustraire au sentiment de ses maux
de Stéphanie Félicité Ducrest de St-Albin, comtesse de GENLIS dans Ad. et Th. t. III, p. 371, dans POUGENS
Se soustraire de, même sens (plus usité anciennement, aujourd'hui moins usité).
Ces philosophes [les stoïciens] qui ont pu autrefois se soustraire de l'empire de la fortune, et, malgré les douleurs et la pauvreté, disputer de la félicité avec leurs dieux
Il [l'homme] s'est soustrait de ma domination, et, s'égalant à moi par le désir de trouver sa félicité en lui-même, je l'ai abandonné à lui
de Blaise PASCAL dans Caract. de la relig. 17, édit. FAUGÈRE.
Voulant commencer à me soustraire de sa domination
5
Se soustraire aux yeux, aux regards, se retirer, s'éloigner.
Et, m'ayant aperçue, Il a voulu d'abord se soustraire à ma vue
de Thomas CORNEILLE dans l'Inconnu, IV, 5
César pour quelque temps s'est soustrait à nos yeux

HISTORIQUE

1
XIIe s.
Certes jai [déjà] estoit avespreiz, et jai estoit li jors encligneiz ; car li solos [le soleil] de justice s'estoit jai petit à petit sostrait
de ST BERN. dans p. 527
2
XIIIe s.
Porce que la lune est graindre [plus grande] de la terre, avient il qu'ele puet soustraire la clartà du solel partot le monde
dans Comput, f° 14
Cil estoient soustrait de l'obedience de Rome
de Geoffroi de VILLEHARDOUIN dans XCVIII
... et por ce que li uns ovriers ne soustraie l'aprentiz à l'autre
dans Liv. des mét. 236
Volentiers [ils] l'eüssent soustraite, Et menée en aucun manoir
de RUTEBEUF dans Ste Élisab. p. 166
Honneure et aime toutes les personnes de sainte esglise, et garde que en ne leur soustraie ne apetise leur dons et leur aumosnes que tes devanciers leur auront donné
Car ce qui est sien propre à tort li soustraions
Soustrere c'est tolir
dans Liv. de jost. 86
3
XIVe s.
Il convient celui qui veult estre gardé des ulcerations, que il se subtraie et esloigne de toutes les causes aidantes à ceste maladie
de Henri DE MONDEVILLE dans f° 72, verso
Se [je] ajouste aucune fois jouste les ordonances des devant dis nos maistres, ou soustrai, id. f° 4, verso. L'en en garist par le contraire, c'est assavoir par poines en substrahant delettations et donnant tristesce
Que lesdites letres ne feussent perdues ne soustraites
de Pierre BERCHEURE dans f° 28, verso.
Dame.... De grises nonnains à vous plaindre Nous venons, qui passer nous vuelent, Et se painent, quank'eles puelent, De nos amis de nous soustraire
de J. DE CONDÉ dans t. III, p. 21
4
XVIe s.
J'essaye de soustraire ce coing à la tempeste publicque
de Michel de MONTAIGNE dans III, 9
Ils soubtraient et desguisent leur vice à leur propre conscience
de Michel de MONTAIGNE dans III, 112
Si s'en alla premierement contre les villes qui s'estoient soubstraictes de l'obeïssance des Romains
de Jacques AMYOT dans Marcell. 39
Cleopatra cognoissant que Antonia lui en vouloit, et s'efforçoit de lui substraire Antonius
de Jacques AMYOT dans Ant. 69
Soustraire c'est lever ou oster ung nombre mineur d'ung aultre majeur, pour sçavoir de combien le mineur est surmonté de majeur
de DE LAROCHE dans Arismetique, f° 8

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. sostraire, substraire ; espagn. substraer ; ital. sottrarre ; du lat. subtrahere, de sub, sous, et trahere, tirer (voy. TRAIRE).

Synonymes de SOUSTRAIRE

Termes proches de SOUSTRAIRE