Définition de SOUMETTRE

DÉFINITIONS - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : sou-mè-tr'

DÉFINITIONS

1
Mettre sous la puissance, sous l'autorité ; mettre dans un état de dépendance.
Ta main qui nous soumet sous le pouvoir suprême De ceux que la naissance orne du diadème
de RACAN dans Ode à la reine.
Je suis le Seigneur.... et maintenant j'ai voulu soumettre ces terres à Nabuchodonosor, roi de Babylone, mon serviteur
Les guerres continuent, et les Romains soumettent après cinq cents ans les Gaulois cisalpins leurs principaux ennemis, et toute l'Italie
La fortune, qui voulait leur faire éprouver toute sa rigueur, soumit don Fadrique au corsaire de Tunis et don Juan à celui d'Alger
Il ne faut pas croire que ce fut par modération qu'Attila laissa subsister les Romains ; il suivait les moeurs de sa nation, qui le portaient à soumettre les peuples, et non pas à les conquérir
Cortez soumet le puissant empire du Mexique
Se soumettre quelque chose ou quelqu'un, le soumettre à soi.
Soumettez-vous les lieux que dore le Pactole
2
Il se dit des femelles mises sous le mâle.
Pourquoi donc le cerf et le chevreuil d'Angleterre usent-ils de violence pour se soumettre leurs femelles ?
3
Sémantique : Fig. Faire obéir, en parlant de choses abstraites.
Il [le livre de l'Écriture] veut obliger les hommes à soumettre leur esprit à Dieu
Jules, qui le premier la soumit [la liberté] à ses armes, Qui fit taire les lois dans le bruit des alarmes....
Soit qu'à tant de bienfaits ma mémoire fidèle Lui soumette [à Agrippine] en secret tout ce que je tiens d'elle
Le christianisme nous donne l'habitude de soumettre cet orgueil ; le monde nous donne l'habitude de le cacher
de Charles-Louis de Secondat MONTESQUIEU dans Déf. Espr. lois, part. 3
Pour vous soumettre la fortune et les choses, commencez par vous en rendre indépendant
Ils ont beau me crier : soumets ta raison, autant m'en peut dire celui qui me trompe ; il me faut des raisons pour soumettre ma raison
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans ib. IV
4
Soumettre à, suivi d'un infinitif, dans le sens de contraindre à.
Il est question de soumettre les professeurs [de l'université de Paris] à profiter des bons livres écrits sur cette matière
de BACHAUM. dans Mém. secr. 27 déc. 1762
5
Sémantique : Fig. Il se dit de l'acte de déférence à la décision de quelqu'un. Soumettre une chose au jugement, à la censure, à la critique de quelqu'un.
Je soumets tout ce que j'ai fait et ferai à l'avenir à la censure des puissances tant ecclésiastiques que séculières, sous lesquelles Dieu me fait vivre
Si on soumet tout à la raison, notre religion n'aura rien de mystérieux et de surnaturel ; si on choque les principes de la raison, notre religion sera absurde et ridicule
Soumettre ses idées à celles d'un autre, les subordonner à celles d'un autre.
Je sais combien je dois soumettre mes vues aux vôtres
On dit dans le même sens : soumettre ses lumières, ses opinions, ses sentiments à ceux d'autrui.
Soumettre une chose à quelqu'un, à l'attention, à l'examen de quelqu'un, appeler l'attention de quelqu'un sur une chose, la lui faire examiner. Permettez-moi de vous soumettre une observation.
Je pourrai bien me repentir de mon oeuvre [Tancrède] comme Dieu ; mais je ne me repentirai pas de l'avoir soumise à vos lumières et à vos bontés
J'ai voulu vous soumettre un doute qui m'arrête
6
Sémantique : Fig. Il se dit des moyens logiques qu'on emploie pour juger quelque chose. Soumettre une question à l'examen.
Soumettre une chose au calcul, la déterminer à l'aide du calcul.
Soumettre une chose à l'analyse, l'analyser, la décomposer, pour connaître de quels éléments elle est formée.
7
Faire subir une opération, pour analyser, disséquer.
Nous avons nourri l'un de ces animaux pendant quelques mois pour l'observer, et ensuite on l'a soumis à la dissection....
Quand on soumet le peroxyde à l'action de la pile, comme on y soumet l'eau
de THENARD dans Instit. Mém. acad. scienc. t. III, p. 411
8
Se soumettre, Nature : v. réfl. Se ranger sous l'autorité. Se soumettre à la raison.
La raison ne se soumettrait jamais, si elle ne jugeait qu'il y a des occasions où elle se doit soumettre ; il est donc juste qu'elle se soumette, quand elle juge qu'elle se doit soumettre
La reine se soumit plus que jamais à cette main souveraine qui tient du haut des cieux les rênes de tous les empires
Dieu même a mis en nous quelque chose qui peut se soumettre à sa souveraine puissance
Il faut se soumettre à l'autorité de l'Église, parce qu'elle ne peut jamais se tromper ; mais il ne faut pas se soumettre aveuglément à l'autorité des hommes, parce qu'ils peuvent toujours se tromper
M. de Voltaire, à mesure qu'il avance l'ouvrage [Commentaire sur Corneille], en envoie les cahiers à l'Académie française ; il se soumet au jugement de cette compagnie, qui trouve jusqu'à présent plus à admirer qu'à critiquer
de BACHAUM. dans Mém. secr. 8 mai 1762
Se soumettre aux ordres, à la volonté de quelqu'un, y conformer ses actions, ses sentiments.
Nature : Absolument. Se soumettre, reconnaître l'autorité, accepter la dépendance.
Bérenger se soumit ; et le premier qui fit une secte de l'hérésie des sacramentaires fut aussi le premier qui la condamna
Demandez à ceux qui ont dans le coeur quelque passion violente, s'ils conservent quelque fierté en présence de ce qu'ils aiment ; on ne se soumet que trop, on n'est que trop humble
Tu as eu longtemps l'avantage de croire qu'un coeur comme le mien s'était soumis
Aimons la vérité qui gêne ; adorons-la, et soumettons-nous
de Etienne Bonnot de CONDILLAC dans Hist. anc. X
Vous n'avez payé ma tendresse d'aucun retour, vous vous êtes soumise, et ne vous êtes jamais donnée
de RICCOBONI dans Oeuvr. t. III, p. 207, dans POUGENS
Se soumettre à une chose, à souffrir une chose, consentir à la subir. Je me soumets à payer ce que l'on voudra, si cela est.
Valens : L'impérieuse humeur ! vois comme elle me brave, Comme son fier orgueil m'ose traiter d'esclave ! - Paulin : Seigneur, j'en suis confus, et vous le méritez ; Au lieu d'y résister, vous vous y soumettez
La princesse Anne renonça à tous les jeux même les plus innocents, se soumettant aux sévères lois de la pénitence chrétienne
Se soumettre à un jugement, l'accepter, en reconnaître la validité.

SYNONYME

1
SOUMETTRE, SUBJUGUER. Il y a dans subjuguer le mot joug qui donne à subjuguer une idée plus dure qu'à soumettre.

HISTORIQUE

1
XIIe s.
E en lui medesme esperai, chi suzmet mun pople suz mei
dans Liber psalm. p. 222
Tutes choses tu suzmisis suz ses piez
dans ib. p. 8
Jà puisqu'il [le clerc] est sacrez, n'est à vos leis suzmis
dans Th. le mart. 33
2
XIIIe s.
Li autre, par lor orgoil, sozmetoient les plus foibles au joug de servage
Soies souzmis à nostre Seigneur en simplece
dans Psautier, f° 44
3
XVe s.
Le jeune duc de Savoye mourut en celui an assez merveilleusement ; dont depuis il fut grand question, et en vouloit on sousmettre [accuser] messire Othe de Grantson
Afin que les Liegeois dessus dits et leur evesque se voulsissent soumettre du discord qu'ils avoient l'un contre l'autre sur le roi et sur son grand conseil
de Enguerrand de MONSTRELET dans II, 50
4
XVIe s.
Je soubmets ces questions au jugement de ceux à qui...
de Michel de MONTAIGNE dans I, 394

ÉTYMOLOGIE

1
Provenç. sobmetre, sotzmetre ; catal. sometrer ; espagn. someter ; portug. sometter ; ital. sottomettere ; du lat. submittere, de sub, sous, et mittere, mettre.

Synonymes de SOUMETTRE

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