Définition de APPRIVOISER

DÉFINITIONS - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : a-pri-voi-zé

DÉFINITIONS

1
Rendre privé. Apprivoiser un lion. Apprivoiser des oiseaux.
Avec une lyre il apprivoisait les bêtes farouches
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans Tél. VIII
2
Sémantique : Fig.
Si les tigres les plus sauvages Enfin apprivoisent leurs rages
de François de MALHERBE dans V, 23
C'est un mérite que j'ai apprivoisé
de Marie de Rabutin-Chantal, marquise de SÉVIGNÉ dans 308
Le temps sait apprivoiser la bienséance
de Antoine HAMILTON dans Gramm. 11
Que faire pour apprivoiser une impertinente vertu ?
de Antoine HAMILTON dans ib. 9
Et pour apprivoiser ce respect ennemi, Il faut qu'en dépit d'elle elle s'offre à demi
de Pierre CORNEILLE dans Othon, III, 1
Il s'éloigne et reprend sa morne rêverie ; Mais la chanson du pâtre assis dans la prairie Apprivoisa du moins sa farouche douleur
de LAHARPE dans Épît. à M. le comte de Schowaloff
Il parle, il adoucit la superbe Carthage, De sa puissante reine apprivoise l'orgueil
de Jacques DELILLE dans Én. I
Au lieu d'apprivoiser ses moeurs, L'âge n'a fait qu'aigrir ses farouches humeurs
de Jacques DELILLE dans Conversation, 2
Sémantique : Familièrement, apprivoiser une femme, l'accoutumer à entendre qu'on lui parle d'amour.
Tout doucement il vous l'apprivoisa
de Jean de LA FONTAINE dans Herm.
3
S'apprivoiser, Nature : v. réfl. Devenir apprivoisé. L'ours s'apprivoise aisément.
4
S'accoutumer, se familiariser avec. S'apprivoiser avec le danger.
La raillerie a été le premier métier des sages, qui par là se sont apprivoisés avec le peuple
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans liv. VI, lett. 5
Ce qui nous paraissait terrible et singulier S'apprivoise avec notre vue, Quand ce vient à la continue
de Jean de LA FONTAINE dans Fab. IV, 10
Les grandes choses étonnent, et les petites rebutent ; mais nous nous apprivoisons avec les unes et les autres par l'habitude
de Jean de LA BRUYÈRE dans 12

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Les [bêtes d'] Evain assauvagissoient, Et les [celles d'] Adam aprivoisoient
dans Ren. 99
C'est cil qui por aprivoisier Bat son chat et puis le rapele Por le lier à sa cordele
dans la Rose, 9770
Li leus garous le fil le roi Acole de ses quatre piés ; Si est de lui aprivoisés
de GUILL. dans DE PALERME.
2
XIVe s.
Icelles bestes aprivoise l'en et attrait l'en par faire leurs plaisirs
dans Ménagier, I, 6
3
XVe s.
Ne le laissiez reposer ne dormir Ne nuit, ne jour, s'il ne me fait hommaige, Aprivoisiez ce compaignon sauvaige
de Charles D'ORLÉANS dans 10
De ce faulx vilain aveugler, Dieu scet si j'en suis desireux ; Nul ne le peut aprivoiser
de Charles D'ORLÉANS dans Bal. 69
4
XVIe s.
J'envie ceulx qui sçavent s'apprivoiser au moindre de leur suitte
de Michel de MONTAIGNE dans III, 278
Ils s'apprivoisent de luy obeïr
de Étienne de LA BOÉTIE dans 13
Nous appastons le cheval, dès lors qu'il est nay, pour l'apprivoiser à servir
de Étienne de LA BOÉTIE dans 29
Qui ne s'apprivoisent jamais de la subjection
de Étienne de LA BOÉTIE dans 43

ÉTYMOLOGIE

1
À et un adjectif fictif privois, qui suppose un bas-latin privensis, dérivé de privus (voy. PRIVÉ) ; provenç. aprivadar ; Berry. appriver.

Synonymes de APPRIVOISER

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