Définition de APPROPRIER

DÉFINITIONS - SYNONYME - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : a-pro-pri-é

DÉFINITIONS

1
Rendre propre à, convenable à.
Il sera difficile d'approprier ce que j'ai à dire au tribunal où je comparais
de Jean-Jacques ROUSSEAU dans Sciences.
2
Mettre en état de propreté, disposer convenablement. Approprier une maison, une chambre, un cabinet.
Mettez ordre à tout [Nausicaa], dépêchez-vous de les laver [vos vêtements], de les approprier
de François de Salignac de La Mothe FÉNELON dans XXI, 348
L'instinct d'approprier son domicile et d'y faire un plancher, pour n'être pas incommodée de l'humidité
de Georges Louis Leclerc, comte de BUFFON dans Loutre
3
Sémantique : Fig. Faire qu'une chose devienne comme la propriété d'un autre.
Et son intérêt lui doit conseiller de faire cesser les misères que sa compassion lui appropria
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans Disc. à la Régente
4
S'approprier, approprier à soi, usurper la propriété.
Ils se sont approprié un dépôt.... Vous êtes fort plaisante De vouloir m'enlever un coeur comme le sien, Et vous approprier si hardiment mon bien
de Jean-François REGNARD dans Ménech. V, 2
Sémantique : Fig.
Il y a apparence que Dieu s'est approprié cette affaire
de Blaise PASCAL dans dans COUS
Il s'approprie une nature étrangère
de Jacques-Bénigne BOSSUET dans Hist. II, 11
S'appropriant toujours le sort des malheureux, De ses concitoyens mon époux fut le père
de ROYOU dans Phocion, II, 2
Je m'approprie de telle sorte vos joies et vos déplaisirs, que ce sont les bonnes et les mauvaises nouvelles que je reçois de vous, qui font mes bons et mes mauvais jours
de Jean-Louis GUEZ de BALZAC dans Lett. à Conrard, I, 1, dans RICHELET
5
S'approprier, Nature : v. réfl. Se conformer à, se mettre à la portée de. Cet auteur songe peu à s'approprier à ses lecteurs. Les maîtres se sont appropriés à leurs élèves.

SYNONYME

1
S'APPROPRIER, S'ARROGER, S'ATTRIBUER. Se donner une chose de son chef. S'approprier indique la prise de propriété ; la chose ne nous appartient pas ; nous la prenons, et nous la faisons nôtre. S'arroger n'implique aucune idée de propriété ; aussi s'applique-t-il à toutes choses : priviléges, autorité, droits, etc. seulement il emporte arrogance, hauteur, prétention à la supériorité. S'attribuer exprime que celui qui s'attribue s'adjuge une chose qui est contestée et à laquelle d'autres prétendent : Les deux partis s'attribuèrent la victoire.

HISTORIQUE

1
XIIIe s.
Quant Renart ot en sa reson Bien definée s'oroison Et aproprié son chapitre
dans Ren. 29617
Que ce qui commun ert devant, Comme le soleil et le vent, Par convoitise approprierent, Quant as richeces se lierent
dans la Rose, 9693
Ainsinc Barat a tout honni, Par qui li biens jadis ouni [unis, communs] Furent as gens approprié
dans ib. 5173
Coses sacrées, si sont celes qui sont benoites et apropriées à fere le service nostre Segneur
de Philippe de BEAUMANOIR dans XI, 15
Et tel damace doit il bien recevoir, parce qu'il voloit le gaige malvesement aproprier à soi
de Philippe de BEAUMANOIR dans LXVIII, 10
Et c'est grant faute de language, quant l'en approprie au dyable l'omme ou la femme qui est donné à Dieu dès que il fu baptiziés
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 293
2
XIVe s.
Nom approprié
de Nicolas ORESME dans Eth. 48
Chescune delettacion est appropriée à l'operacion que elle parfait, et a à elle une affinité
de Nicolas ORESME dans ib. 306
3
XVIe s.
Les apostres approprient à Jesus Christ ce qui est dit au psaume huitieme
de Jean CALVIN dans Instit. 363
Il n'est point licite de transferer à l'homme mortel ce que Dieu s'approprie à soy
de Jean CALVIN dans ib. 949
Il ne faut point attendre aage d'homme pour sanctifier les enfans à Dieu ; mais ils lui doivent estre reservez et appropriez des leur naissance
de Jean CALVIN dans ib. 1091
Qu'il oublie, s'il veult, d'où il tient ces preceptes ; mais qu'il se les sache approprier
de Michel de MONTAIGNE dans I, 162
Comme un soulier ne convient pas à tous pieds, aussi un fait ne se peut aproprier à tous païs
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 90
Plusieurs d'eux s'aproprieront des choses dont ils n'estoient auparavant qu'usufructiers
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 102
Si on regarde l'infinité de belles maisons qu'elle possede, si bien apropriées et pourveuës de tout ce qui fait besoing
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 148
Beaucoup de gentilshommes furent contraints de vendre leurs fiefs aux ignobles, qui eurent permission du Roy de les pouvoir acheter ; car auparavant ils ne pouvoyent s'en approprier
de Francois LANOUE, dit Lanoue Bras de Fer dans 229
Comme celuy qui se vouloit approprier la gloire d'Achilles, plus par imitation de sa vertu que pour estre issu de son sang....
de Jacques AMYOT dans Pyrrh. 14
Affin d'en approprier [rendre propriétaire] un de ses neveux
de Vincent CARLOIX dans II, 10
Il me rendra bon compte de toutes les richesses qui sont là dedans, et ne se appropriera de pas une
de Vincent CARLOIX dans IV, 29
Des remedes appropriés aux qualités des corps
de Ambroise PARÉ dans Au lect.
Tenir les lins arrousés, aiant la commodité de l'eau, à ce appropriant le plan pour la donner à propos à la ligneraie
de Olivier DE SERRES dans 733

ÉTYMOLOGIE

1
Berry, appropzir ; provenç. apropriar ; espagn. apropiar ; ital. appropriare ; du latin appropriare, de ad, à, et proprius (voy. PROPRE). Approprier veut dire faire sien, de là ensuite, rendre propre à soi, puis rendre propre, convenable en général, disposer, arranger, de là enfin, dans un sens plus étroit, nettoyer.

Synonymes de APPROPRIER

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