Définition de APAISER
Prononciation : a-pè-zé
DÉFINITIONS
1
Mettre la paix, faire cesser l'émotion, la colère, en parlant des personnes ou des choses personnifiées. Apaiser un père irrité contre son fils. Apaiser le peuple. Apaiser un chien en lui jetant à manger. Apaiser les mânes, la terre, par des sacrifices.Pour apaiser mon sang et mon ombre plaintive
de Jean RACINE dans Phèd. V, 6
Je m'apaiserais Rome avec votre supplice
de Pierre CORNEILLE dans Pomp. III, 2
2
Faire cesser ; rendre moins violent, moins agité, en parlant des choses. Comment on pourrait apaiser la colère des Dieux. Apaiser une sédition. Apaiser des querelles. Apaiser les souffrances, la douleur, les chagrins, les regrets. Apaiser la faim, la soif. Apaiser les flots, la mer, la tempête, le vent.Apaisez donc sa crainte
de Pierre CORNEILLE dans Polyeucte, I, 1
Apaise, ma Chimène, apaise ta douleur
de Pierre CORNEILLE dans Cid, II, 3
Apaisez son courroux
de Pierre CORNEILLE dans ib. 2
Daignez d'un roi terrible apaiser le courroux
de Jean RACINE dans Esth. III, 5
S'APAISER, v. réfl.
3
Être en paix, n'être plus en colère ; en parlant des personnes ou des choses personnifiées. Il s'apaisera bientôt. Cette grande colère s'apaisera bientôt. Apaise-toi.Il ne s'apaise que pour....
de Jean de LA BRUYÈRE dans 5
Je ne m'apaise point
Les dieux vont s'apaiser...
de Jean RACINE dans Iph. III, 3
Mon coeur court après elle et cherche à s'apaiser
de Jean RACINE dans Andr. II, 5
4
Devenir moins violent. La douleur physique s'apaise. La douleur morale s'apaise avec le temps. La sédition venant à s'apaiser. Le vent, la tempête s'apaise. L'incendie s'apaisa peu à peu.Cela s'apaise en vingt-quatre heures
REMARQUE
1
L'Académie écrit apaiser par un seul p et appauvrir par deux. Il faudrait établir la conséquence, et mettre partout ou un seul p pour simplifier l'orthographe, ou deux p pour témoignage de l'étymologie.SYNONYME
1
APAISER, CALMER. Apaiser, c'est rendre la paix ; calmer, c'est rendre le calme. Comme calme est d'une signification plus étendue que paix, calmer est plus compréhensif que apaiser. On apaise un homme, quand on fait disparaître sa colère ; on le calme non-seulement dans ce cas, mais aussi quand il est livré à la peur, à l'inquiétude, à l'impatience, à la curiosité. Cette distinction indique la signification de ces deux verbes dans les emplois divers qu'ils reçoivent.HISTORIQUE
1
XIIe s.Pour ce voulons qu'elle soit apasée
dans Ronc. p. 23
Il et Rolant me firent apaier [faire paix]
dans ib. p. 165
Por la destroite guerre finer et apaier
dans Sax. IV
2
XIIIe s.Quand Constance le voit, tous li cuers l'[lui] en apaie [en devient apaisé, satisfait]
dans Berte, LVIII
Ne vous chaut, dit li rois, bien m'en tien apaiés
dans ib. CXX
Il en eust esté mal baillis, se la roine Blance ne fust, qui fist tant qu'il fu apaisiés à son filz
dans Chr. de Rains, 191
Avoi, dist il, por le cors dé ; Dangier aviés apaisié, S'aviés le bouton baisié
dans la Rose, 7285
La mer n'iert ja si apaisie, Qu'el ne soit troble à poi de vent
dans ib. 3504
Ton cuer ne porras apaier, Ains iras encor essaier Se tu verras par aventure Ce dont tu ies en si grant cure
dans ib. 1345
Mais certes qui le voir [vrai] en conte, Moult font fames à Dieu grant honte, Comme foles et desvoiées, Quant ne se tiennent apoiées De la biauté que Diex lor donne
dans ib. 9080
Se li premiers procureres rent conte au deerrain, tel qu'il se tiengne apaiés, li sires.... ne l'en pot riens demander
de Philippe de BEAUMANOIR dans 85
Et ne soies mie apeisiez, sire Dieux, à ceux qui ne se repentent de leur malice
dans Psautier, n° 258, f° 101
De ces gens estranges que le roy avoit apaisié [reconcilié], li disoient aucuns de son conseil que il ne fesoit pas bien, quant il ne les laissoit guerroier
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 292
Dont mainte gent se tindrent mal apayé [mal satisfaits] de ce que le roy deffit les bones coustumes anciennes
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 217
Alez, dit le roy, si vous apaisiés au conte de Bretaingne, et puis si ferons nostre mariage
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 289
Sitost comme le soudanc de Damas fu apaisiés à ceulz d'Egypte, il manda sa gent qui estoient à Gadres
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 272
Je ne sais pas comment le serement fu atiré [fait], mez li amiral se tindrent bien apaié du serement le roy et des autres riches homes qui là estoient
de Jean, PRINCE DE JOINVILLE dans 247
Que cil, en tour que li vallés se soit aloués, se tiegne apaié du vallet et de son service
dans Liv. des mét. 172
3
XVe s.Et ledit messire Hervey devoit pourchasser d'autre part que ceux de dedans seroient apaisés envers messire Charles, quittes et delivres, et ne perdroient rien de leur avoir
de Jean FROISSART dans I, I, 176
Force et povoir puist [qu'il puisse] avoir à son chois, Tant qu'apaisier puist son païs et terre
de Eustache DESCHAMPS dans Du nom du roi Charles.
4
XVIe s.Par oraisons et sacrifices apaiser l'ire des dieux
de Michel de MONTAIGNE dans I, 64
Et combien que la commune mutinée menast un fort grand bruit, toutefois quand elle le veit, elle s'appaisa, et luy donna paisible audience
de Jacques AMYOT dans Cor. 61
La tourmente, comme par miracle, s'estoit tout expressement appaisée, et estoit demourée la mer fort calme et tranquille
de Jacques AMYOT dans Timol. 28
ÉTYMOLOGIE
1
Bourguig. époisai ; provenç. apagar, apaguar, apaiar, apaziar ; espagn. apagar ; ital. appagare ; de ad (voy. à), et pacare, faire paix (voy. PAYER).Synonymes de APAISER
- ABRUTIR
- ACCLIMATER
- ACCOUTUMER
- ADAPTER
- ADOUCIR
- ALLÉGER
- AMADOUER
- APPRIVOISER
- ATTENDRIR
- ATTÉNUER
- CALMER
- CHLOROFORMER
- DÉCHARGER
- DÉLESTER
- DIMINUER
- ENDORMIR
- ÉTOURDIR
- FAMILIARISER
- HABITUER
- INSENSIBILISER
- MODÉRER
- RASSÉRÉNER
- SOULAGER
- TRANQUILLISER